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MEXIQUE (fin) - Yucatan

 

26 fevrier 2016 - 4 avril 2016

28 fevrier 2016

Une digression a laquelle je ne peux pas resister... Jeanne et Serge a 30 ans cette annee ! Qu aurait ete ma vie sans ce dessin anime ? Le sport, la vie associative, la vie collective, les responsabilites, la passion, l amitie, l effort, l amour, la decouverte de moi-meme tout simplement... Tellement de choses ont commence ou se sont revelees grace au volley, auquel je ne m interessais pas du tout avant ce dessin anime. 30 ans... Ca ne me rajeunit pas, et pourtant quand j y pense j ai l impression d avoir encore 13 ans....

Comme d habitude, juste a la sortie du poste frontiere, je descends du velo et prends le temps de realiser que ca y est, je suis au Yucatan, la region des ruines mayas, de Chichen Itza, de Merida, des iles et des plages de reve. Un nom qui me fait rever depuis longtemps. Un endroit ou Julie est passee avant moi, et je tente d imaginer Julie en vadrouille, sac au dos, a la decouverte de cette partie du Mexique. 

 

Les petites charettes tirees ou poussees par des velos proposent, dans la rue, des jus d orange presses ou des sachets de fruits frais (prepares a l avance mais conserves dans des glacons). Ca y est je sens a nouveau l odeur de la tortilla ! Beurk... Ce petit village frontiere est poussiereux et anime, mais on sent deja la difference avec le Belize ! Je retrouve des constructions en dur, des grands batiments, et une circulation pietonne et routiere bien plus importante que dans les villages du Belize. Et, juste a la sortie du village, la route qui file droit vers Cancun est impeccablement asphaltee, avec de vrais panneaux de signalisation et des marquages au sol. 

Ca fait tout drole de revenir a un univers bien plus moderne. Il reste encore, tout de meme, sur le long de la route, quelques maisons en bois, et les paillottes ne manqueront pas tout le long de la plage, mais malgre tout je suis de retour au Mexique. Je ne retrouve pas les maisons colorees du nord, mais pour l instant ca ne me surprend pas plus que ca. La zone frontaliere n est pas reputee pour sa beaute. Je sais que Chetumal, ou je compte m arreter ce soir, n a aucun interet touristique particulier. En tout cas la route est plate,  je roule allegrement sur de grandes lignes droites, sur le bas-cote qui est largement assez large pour que je pedale en toute securite. Je n ai que 10 kilometres a faire a peine pour arriver dans le centre de Chetumal. Au croisement avec la route de Bacalar, j ai une petite hesitation. Et si je faisais 30 kms plutot que 10, ce soir, pour arriver directement a Bacalar ? 

Mais non, j ai la flemme, et puis je ne suis pas pressee par le temps. Je bifurque donc vers la droite, nouvelle ligne droite sur 5 kms pour parvenir au centre de Chetumal, premiere ville au bord de la mer a pres la frontiere. 

 

Arrivee sur la grande avenue centrale, je decide de pousser jusqu au bord de mer, qui s etend, tres bleue, calme et plate, a perte de vue.

Je passe un long moment a faire le tour des petites rues pour trouver un hotel pas cher et ouvert (plusieurs sont fermes ou delabres). Finalement on m en indique un a tarif tres raisonnable. Avec ses murs vert bouteille et ses 80 chambres reparties sur deux etages, la posada ressemble plus a une prison qu a un hotel, mais ca fera tres bien l affaire. A la reception, pendant que l employe, un homme de petite taille qui ne sourit pas beaucoup, s occupe du check-in, un jeune homme au strabisme assez prononce me pose a son tour beaucoup de questions sur mon voyage. Il aimerait lui aussi partir un jour de cette maniere. Lui, c est remonter jusquau Canada qui lui plairait.

L escalier est super raide pour monter le velo et les sacoches jusqu a ma chambre. Je dois m accrocher a la rambarde pour ne pas basculer en arriere. Une fois douchee et installee, je pars faire un tour en ville. Ca me fait un drole d effet de retrouver une certaine opulence dans les magasins. En tout cas comparativement au Belize. Les rues sont grandes, les gens font du shopping. La ville n est pas bien grande - le centre, du moins - mais c est tres anime. 

Je passe une petite soiree tranquille, a verifier mon itineraire pour etre a Cancun le 7 mars (je relance Etienne car je ne suis toujours pas sure de sa date d arrivee), et a avancer sur le blog. L atmosphere est suffisamment tranquille pour que je rentre de nuit en flanant encore un peu pour le plaisir. 

Le lendemain, je repars en arriere jusqu a l embranchement avec la route 307 qui monte vers Bacalar puis Cancun. On ne peut pas dire que je trouve la route belle. Disons que c est tres agreable de pedaler si vite et si tranquillement puisque ca deroule tout droit ou presque, mais les paysages deviennent vite monotone. Je ne le sais pas encore, mais je vais eprouver cette sensation jusqu a Cancun, c est a dire sur 300 kilometres. Ce passage jusqu a Bacalar est tout de meme tres verdoyant et moins charge en trafic que ce qui m attend a l arrivee sur Cancun. Il fait une chaleur de plomb, et je pedale de facon un peu automatique en ecoutant de la musique pour casser la monotonie et eviter de compter les kilometres un par un (mais je les compterai quand meme....).

 

Je n ai que 40 kilometres a faire pour rejoindre Bacalar.  J ai beau etre pres du bord de mer, on ne voit rien de puis la route. Et ce sera comme ca jusqu a Cancun.... Tout est inaccessible, soit parce que la nature et la mangrove sont trop denses sur les cotes, soit parce que tous les acces sont privatises et la vue idyllique tenue a l abri des indiscrets.

Cependant, lorsque j arrive a la hauteur du Cenote Azul, puis, trois kilometres plus loin, de la ville de Bacalar, j apercois enfin de superbes couleurs sur la lagune qui s etend sur des kilometres. Oulala, mais c est vrai que c est joli ! On m en avait parle, mais je confirme. Et encore, cette fois-ci je n en profiterai pas vraiment, j en decouvrirai beaucoup plus avec Etienne quand nous reviendrons tous les deux plus tard. En tout cas pour l instant j entre dans Bacalar sous une chaleur assommante, dans des rues absolument desertes car je crois que tout le monde fait la sieste a cete heure-ci, et j ai la sensation de penetrer dans un petit havre de paix ou la vie coule tranquillement au bord de l eau. Les murailles d une petite forteresse se dressent entre le zocalo ombrage et la lagune. Je me pose a cote de la forteresse, a l ombre des arbres du parc, pour manger mon sandwich en contemplant les couleurs de  l eau qui changent sans cesse avec le passage des nuages dans le ciel. Le vent s est leve, c est agreable. Je trouverai ca nettement moins plaisant lorsque je l aurai une fois de plus contre moi pour pedaler jusqu a Cancun, mais la je savoure un peu d air frais sur ma transpiration degoulinante qui colle mes vetements sur ma peau moite.

 

Je descends ensuite dans la rue qui longe la lagune, et trouve le Green Monkey, auberge de jeunesse qui permet de camper au bord de l eau. Le site est assez idyllique, deroulant une pelouse confortable pour la tente ou pour le farniente allonge sur sa serviette, face a la lagune, avec un ponton prive surmonte d une petite paillotte. Sans parler des hamacs, de l espace convivial dans le jardin avec canapés defonces et petite musique d ambiance, ainsi que la cuisine ouverte sur la lagune et le bus scolaire jaune americain transforme en dortoir. L endroit est vraiment chouette, par contre il y a du monde et je ne me sens pas d humeur ultra sociable. Tous ces jeunes m intimident, ca parle beaucoup allemands et anglais, il y a des groupes et je me faufile entre tout le monde en essayant de passer inapercue. Je plante ma tente au bord de l eau, prends une douche, puis me cuisine des pates en pensant avoir choisi un bon moment pour faire ca tranquillement puisqu il est 15h. Mais visiblement je lance le mouvement, car d un seul coup la cuisine se remplit et ca se bouscule dans tous les sens pour preparer la popote. Suis-je parano ce jour-la ? Je me sens come une boule dans un jeu de quille, j ai le sentiment de deranger tous ces braves gens qui viennent se faire la cuisine en groupe et ne se soucient pas trop de me gener ou non. Bref, decidemment je ne suis pas sociable. D ailleurs, aussitot mon dejeuner avale, je pars en ville me promener puis passer du temps sur le blog. Non mais. Y a des jours comme ca... J abandonne l ordinateur pour aller faire encore un tour, sous une chaleur torride. Je degouline de sueur seulement en marchant dans la rue ! Finalement je retourne ecrire sur le blog encore un peu. Alors que je m approche du cyber, je vois un drole de couple arriver en face de moi. Lui en salopette, chemise a carreaux, et chapeau de fermier, elle en robe a epaulettes verte et chapeau a rubans tout droit issu d un episode de la petite Maison dans la prairie. Des mnemonites ! Le guide me prevenait que je opuvais en croiser au Belize. Et bien je n en ai vu aucun au Belize, mais ici a Bacalar j en verrai plusieurs ! Et ca fait super bizarre, d autant que souvent les hommes que j ai croises etaient grands et blonds, tout aussi blonds que leurs bambins habilles a l identique en salopette, chemises a carreaux et chapeaux de cow boy. Une charrette tiree par un cheval conduisait un autre couple en ville, demenageant des meubles en bois. Alors que j etais en train d ecrire dans le cyber, un troisieme couple est entre pour faire une photocopie, leurs trois garcons derriere eux, cheveux dores comme les bles. Ca fait un effet tres etrange de croiser ces gens qui semblent avoir ete soudainement teletransportes depuis un autre monde...

 

Avant de rentrer au camping, je passe par la place principale, ou les micros et de la musique annoncent un evenement. Ce soir, le president de la municipalite remet aux artisans des prix pour recompenser les talents qui font de Bacalar un Pueblo Magico ! 

Au Green Monkey, les jeunes chantent a la guitare sur le ponton. Je reste dans mon coin, snobant resolument mes voisins, et bouquine pour le reste de la soiree, consciente de mon malaise et de ma trouille ridicule de me lancer a la rencontre de ces jeunes que je juge "differents de moi" (ben oui, les nanas se la jouent sexy, les mecs parlent forts et fument des joints en buvant de la biere, les musiciens grattent la guitare avec des poses inspirees, les gens rient, parlent forts, se racontent leurs periples reciproques avec des accents que j estime un peu trop auto-satisfaits...). Je suis parfaitement consciente que derriere mon jugement puerile, c est la peur que j eprouve regulierement en societe qui s exprime. Je constate donc que tous ces mois de voyage ne changent decidemment rien a mes reflexes, j ai toujours les memes complexes et les memes reactions d isolement. Bon.

La nuit est pluvieuse, j entendrai les gouttes tomber sur le toit de ma tente toutes les fois ou je me reveillerai. Le lendemain, le ciel est gris et le vent s est leve. Il souffle meme par grandes rafales. Je decide d aller en velo au Cenote Azul, qui ne se trouve qu a trois kilometres. La route longe la lagune mais la aussi on n a que de brefs apercus sur les couleurs de l eau, puisque la vegetation ou les espaces prives bouchent la vue. C est tout de meme un sacre plaisir de rouler un peu sans les bagages ! Je me sens super legere ! J arrive au cenote et paie heureusement une entree symbolique de 10 pesos, pour voir un grand lac rond a l air libre, et d une couleur hesitant entre le vert et le noir. Evidemment avec ces nuages il lui est difficile de se parer d une belle couleur azul ! Bon mais le coin est sympa pour boire un cafe en lisant tranquillement, pendant que quelques rares personnes barbotent dans ce trou qu on voit bien descendre de facon tres abrupte des la rive. Ca me fiche les jetons rien que d y jeter un coup d oeil, d ailleurs., Je suis sure qu il doit y avoir pleins de cadavres au fond du gouffre ! 

 

L apres-midi ressemble a celui de la veille, je me partage entre lecture et blog, avancant vite dans le telechargement des photos. 

Je fais mon programme pour la suite, toujours sans nouvelle de la date d arrivee d Etienne. Je compte partir le lendemain pour Tulum. Mais il faut compter environ 230 kilometres. Je mettrai probablement trois jours, or sur la carte il n y a pas beaucoup de villages entre ici et Tulum. Je repere un camping a 40 kms de Bacalar. C est tres peu pour une journee de velo. Mais je ne suis pas pressee par le temps alors je peux aussi y aller doucement... Bon on verra bien.

 

Et  c est encore a la fraicheur d un matin humide et venteux que j entame la route, le lendemain, pour Tulum. Je rejoins la voie rapide, qui traverse quelques villages sur une trentaine de kilometres avant de s enfoncer en ligne droite a travers une jungle basse mais dense et tres marecageuse. Je n ai aucun probleme pour avancer a un bon rythme, la route etant plate. Mais du coup j arrive a 11h au camping que j avais repere. Il a beau faire super chaud, j ai beau etre en nage et ne badigeonner de creme solaire, je ne me vois pas m arreter maintenant, si tot dans la journee, dans ce camping au milieu de rien. Du coup j opte pour le plan B : rouler jusqu a Felipe Carillo Puerto, donc pedaler 80 kilometres de plus.

J appuie sur les pedales, et mes pensees s envolent dans tous les sens, libres de toute preoccupation puisque la route est droite et que  je n ai pas grand chose pour me distraire de la monotonie du paysage. Mes ecouteurs sont abimes donc je n ecoute pas trop de musique. Je pense a un tas de choses, me sentant tres en forme jusqu au 90eme kilometres environ. Je prends des pauses de cinq minutes tous les vingt kilometres environ. Il fait une chaleur de dingue. J ai a nouveau un cramage (plus qu un bronzage) cycliste tres ridicule, c est a dire  s arretant au dessus du genou et au niveau des epaules. Ce sera du plus bel effet lorsque j irai me baigner ! Lorsque je m arete, je sens la chaleur de la fournaise encore plus forte. Au moins lorsque je pedale ca fait du vent, ca me rafraichit un temps soit peu.    

Je me mets evidemment a rever d une boisson fraiche, qui n arrivera pas tout de suite ! Je compte tous les kilometres un par un. Plus que 67... plus que 66... plus que 65... Je les fais tous. Pas un ne m echappe, je n ai que ca a faire de l apres-midi ! Ca devient obsedant. Lorsqu enfin je sors du desert vert pour tomber sur une petite bicoque ou je peux m asseoir et boire un coca frais, il ne me reste plus que 19 kms a faire. J allume mon telephone et decouvre un texto de maman me proposant un skype dans la journee. Je lui demande de patienter encore une heure.  

Et il ne me faudra efectivement qu une heure pour parcourir les vingt derniers kilometres. Ca fait longtemps que je n avais pas atteint les 115 kms dans une journee. Je les sens dans mes jambes, bien que je ne sois pas morte de fatigue pour autant. Je constante que je suis a la fois contente d avoir bien roule, mais que je n ai pas specialement envie de reiterer ce genre de journee. Passer ma journe a pedaler n est pas ce que je prefere. Enfin ma journee, c est un bien grand mot puisque je suis installee a 17h et qu il fait encore grand beau. Le soleil tape encore pour un moment. Je cours allumer la tablette et branche skype pour parler a mes parents depuis la terrasse de l hotel ou je me suis posee, pres du petit centre et de la place principale de Felipe Carillo. Frustration ! On ne reussira pas a se voir pendant toute la conversation ! mais au moins on s entendra, et ca fait toujous autant plaisir. 

Un mail d Annabelle m a fait plaisir egalement tout recemment. Je n y pensais plus, mais la fede fait ses assises de printemps une semaine plus tard. Et j ai eu la bonne surprise de recevoir les fameuses chroniques d Annabelle a ce sujet, chroniques qui me font toujours beaucoup rire ! 

Je regrette parfois que notre collaboration n ait pas durer plus longtemps, avec Annabelle : nous etions faites pour nous entendre ! Mais bon, c est comme ca. En tout cas une fois le skype termine, je savoure ma bonne douche relaxante et vais me promener. Je suis surprise de trouver de grands magasins, et des grandes chaines comme Dominos Pizza. Je m attendais a un village plus petit. La petite place est bien sympa en tout cas, familiale et paisible. Je m achete de nouveaux ecouteurs pour me booster un peu demain car je compte enchainer avec une deuxieme etape a 115 kms et dormnir a Tulum. Le soleil decline gentiment, je me contente d un sandwich ce soir et vais regarder la tele dans mon lit douillet.

 

La journee du lendemain est assez semblable. Grande et longue journee tres chaude, avec peut-etre trois ou quatre virages pour me distraire des lignes droites. La aussi les trois quarts de la journee se passent dans la solitude de la jungle (enfin solitude toute relative, car les voitures passent sur cette route). J aurai deux distractions lorsque, en traversant des villages, je pourrai m arreter pour boire un coca a l ombre d un arbre en regardant la vie autour de moi. Enfin la vie...  Il n y a pas grand  chose a regarder, a vrai dire. La patronne de la boutique dort derriere son comptoir, les rues sont vides, ou bien une maman passe avec son enfant pour aller je ne sais ou, sous le soleil, et puis plus rien. En fait, comme les vaches, je regarde les voitures passer et j observe les arbres que je ne connais pas. La route est interminable, mais perdue dans mes pensees les kilometres passent et j avance...

Alors que je ne suis plus qu a 10 kilometres de Tulum, je vois arriver de loin, sur la voie d en face, trois cyclistes.. Ah, ca fait toujours plaisir de rencontrer des copains ! Bon, ils vont dans le sens inverse mais c est chouette quand meme de les rencontrer. Je traverse, car eux aussi ont leve la tete et me sourient.

Ils arrivent donc de Tulum, et il parait que j ai un autre copain devant, ils l ont croise deux heures plus tot alors que ce dernier arrivait sur la plage - qui parait-il est tres belle. Mes trois comperes sont europeens. Un irlandais et un couple de suisses allemands, si j ai bonne memoire. C est encore plus sympa pour moi de voir une fille sur un velo ! C est rare ! Elle me fait un grand sourire, parce qu elle aussi eprouve la meme chose que moi, n ayant pas rencontre beaucoup de filles dans son cas. Je les previens qu ils sappretent a traverser quasi 100 kms sans rien autour de la route. Ils me disent que jusqu a Cancun c est la meme chose. Super... Au moins, de Chetumal a Tulum, la route est un peu plus nature que celle, hyper frequentee et entierement privatisee par les hotels de luxe,  qui va de Tulum a Cancun.

Nous discutons un bon quart d heure, avant de nous souhaiter mutuellement bonne chance et de nous separer.

Je suis bien contente d arriver, en nage et assoifee, a Tulum ! Sachant que nous reviendrons probablement avec Titi, je decide de ne pas aller camper a la plage. 

Je prefere rester en centre ville, car la plage est a 3 kms et je sens que si je vais me poser la-bas je n aurai pas envie de refaire la route vers le centre pour aller me promener. Or j ai envie de voir du monde aujourd hui. Je me dirige donc vers l auberge de jeunesse. La ville s etale le long de la voie rapide, et me parait d emblee bien tranquille, quoique touristique. Des touristes me saluent d ailleurs au passage par des welcome chaleureux. Sympa.  L auberge ayant change d adresse, je tourne un peu sous le soleil de plomb avant de trouver enfin. L endroit est chouette, avec une grande cuisine et une grande table de bois dehors, ainsi que des hamacs a cote de la piscine, et puis on m apprend tout de suite que le soir on peut participer a des cours de salsa gratuits. Ah tiens...peut-etre l occasion de tester mon complexe vis a vis de corps pas tres souple ?

Bon il faudra aussi vaincre ma timidite... on verra bien ! Pour l instant, je nage dans le bonheur sours la douche rafraichissante ! Dans le dortoir, Rachel, que je ne connais pas encore, dort, malade depuis hier. 

Une fois propre, je pars faire une lessive et m aventure dans les rues de Tulum. La rue principale est une suite de boutiques pour touristes, de restos et de bars de tous les genres. Des qu on tourne et qu on parcourt les rues parallelles, on est dans la vraie vie des vrais gens d ici. C est calme, tranquille, parfois une statue ou une image de la vierge Marie ou d une autre sainte Marie quelque chose trone dans le jardin ou dans la cour, avec des fleurs autour. Des chiens se prelassent a l ombre, avant de partir dans la premiere fraicheur de la soiree a la recherche de nourriture. Beaucoup de touristes et de mexicains se deplacent en velo. Je ne vois pas de marche - j ai mal cherche, je le trouverai avec Titi plus tard -, alors je rentre et me prepare une omelette de pommes de terre. L auberge est pleine ou quasiment, Une colo d enfants du personnel d Air France squatte une bonne partie des chambres et dortoirs. C a fait drole d etre dans un endroit colonise par des francais ! Ah les colonies de vacances.... De  bons souvenirs, ca aussi. Quelque part, je les envie. 

Sur la grande table en bois, en debut de soiree, je fais connaissance avec Rachel. Cette jeune anglaise est partie depuis six mois. D abord avec une amie, puis seule depuis un mois. Et dans une semaine elle retrouve une autre amie au Belize. On sympathise tres vite, partageant un peu les memes ressentis sur le voyage solitaire en tant que femmes. La conversation est a batons rompus. Une autre anglaise, plus agee, tres grande, tatouee de partout, cigarette et biere a la main, nous rejoint bientot toute contente de sa premiere journee de bapteme de plongee. Au fur et a mesure que les hotes viennent s installer a table pour manger, les discussions s engagent. La grande anglaise a un style qui me fait rire. Assez virile, en fait. Elle est encore dans les merveilleuses sensatuions que lui a donne la plongee. Elle redoutait son angoisse, et se sent fiere d avoir passe ce cap. Elle a hate de poursuivre demain. Dans cette initiation, il est prevu une vireee dans un cenote qui comporte des caves. Voila bien le genre d activites que je ne pourrai jamais faire ! Pour moi, cave egale obscurite. Et eau plus obscurite, c est un cocktail beaucoup trop anxiogene pour moi ! Mais je veux bien croire que l experience doit etre excitante et meme emouvante.  Il n y a qu a voir comme je m extasie et pouffe de rire d excitation nerveuse, toute seule dans mon tuba, quand je snorkel pour savoir qu en plongee je serais certainement euphorique ! Morte de trouille et heureuse en meme temps. 

Au bout d un moment, les jeunes francais sont partis et la grande anglaise se retire dans sa chambre pour se reposer. Rachel et moi restons discuter. En bout de table, deux mexicains se levent et viennent ostensiblement s asseoir a cote de nous avec leurs bieres a la main. Bon. Je m attends a une drague lourde. Mais j en suis pour mes frais, avec mes prejuges, car Rachel repond tout simplement a leurs questions et nous voila partis tous les quatre dans une grande conversation sur les cultures mexicaines et europeennes, les bienfaits et les mefaits du tourisme, etc. Un bon moment, tout compte fait. Je lacherai en premier, cependant, fatiguee, et monterai me coucher en laissant Rachel poursuivre jusqu a pas d heure. Et bien sur je n ai pas ete a la lecon de salsa gratuite.  En fait, nous avons entendu la musique a un moment donne. Mais ni Rachel ni moi n avions eu envie d y aller. Resultat, sans avoir danse, nous avons subi par contre la musique pendant toute la soiree. Et je confirme : moi, la salsa, ca va cinq minutes mais pas plus. Au bout d un moment ca me tape sur les nerfs.

 

Le lendemain, je suis sur pieds de bonne heure pour mon rendez-vous avec les ruines de Tulum ! N ayant pas de nouvelles d Etienne, redoutant une annulation de derniere minute, je decide de visiter le site maintenant, quitte a le refaire avec lui plus tard. Je prends mon maillot de bain car j ai lu q il y a une plage sur le site. La classe ! J espere donc me baigner la-bas. Je pars avec mon velo, pedalant pour sortir de la ville et parcourir les trois kilometres qui me separent de l entree du site. Il fait deja super chaud. J ai discute au petit dejeuner avec Rachel, du coup je me suis mise en rettard. J arrive a l entree du site en meme temps que les gros cars qui deversent des vagues de touristes accompagnes par leurs guides. Oulala, armons-nous de courage...

 

A peine ai-je parcouru le premier sentier qui conduit au site, je tombe sur un iguane ! Puis un deuxieme un peu plus loin. Et un troisieme, puis un quatrieme... Bienvenue a Iguane land ! Tulum regorge d iguanes qui se dorent la pilule au soleil sur les ruines et dans l herbe qui entoure les structures. 

Ils bougent a peine a noter passage, se contentant de secouer la tete en l air, faisant vibrer la peau tendre de leur cou souple, pour nous signifier que nous sommes sur leur territoire. Nous trouverons ces infos avec Etienne : je secoue la tete plusieurs fois en arriere, museau tendu vers le ciel a m en decrocher le cou = attention tu es sur mon territoire. Meme position mais bouche ouverte = je t avais prevenu, ca va barder !

 

Suivant le flot de visiteurs, ecoutant par-ci et par-la les commentaires des guides, je penetre sur la vaste plaine sur laquelle s etendent les differentes structures qui composent le site, palais, maison du cenote, plateformes diverses. Le soleil est cote mer et si brillant qu il noie le paysage d une paleur brillante qui ecrase les couleurs du site. Mais cela n empeche que je m extasie devant les vieilles pierres et decouvre avec bonheur cette nouvelle cite. Et lorsque je vois la mer bleue turquoise en fond de decor, c est le must ! Que c est beau ! D accord, il y a beaucoup trop de monde a mon gout, mais tout de meme, c est super beau !

Je m approche d une petite plage fermee au public, et lis sur un panneau que des tortues viennent pondre ici ! Ah que c est dommage de ne pas en voir la tout de suite... Un peu plus loin, le petit castillo dresse ses tours face a la mer. Ah zut, on ne peut pas grimper ses marches, il faut se contenter de tourner autour du petit chateau, voisin du temple du dieu a la tete renversee - nom qui lui vient de la scultpure du dieu qui nous regarde, la tete a l envers. Peu apres le castillo, en suivant un petit sentier le long de la toute petite falaise qui surplombe la mer, on arrive a l escalier qui descend sur la plage ou les cars de touristes se baignent. Je continue alors ma balade a la recherche des iguanes et des oiseaux, prenant le temps de m allonger dans l herbe a l ombre d un arbre fleuri, esperant que la foule se disperse. Et elle se disperse en effet, la chaleur aidant. En effet le soleil est particulierment agressif aujourd hui. Raison de plus póur aller piquer une tete ! Des que la plage me parait moins bondee, je descends le scalier et gagne l extremite droite de la plage ou je me trouve un coin a moi toute seule. La je laisse mes affaires et saute dans l eau en riant de joie comme une gamine, tant je suis eblouie par la beaute du paysage. Je n en reviens pas de me baigner dans cet endroit splendide !

Je passe une bonne partie de la journee sur le site, entre baignade et lecture sur l herbe, avec les ruines en toile de fond. Un gros nuage arrive au loin, charge de pluie. Je replie bagages et repars en velo vers le centre. Quelques gouttes de pluie me rafraichissent au passage, mais cela dure juste le temps que je retrouve mon velo la ou je l avais laisse gare.

En repartant vers le pueblo, je decide de prendre le chemin qui longe la plage. A une vingtaine de metres de la sortie du site par ce cote-la, j apercois un tapir qui cherche tranquillement sa nourriture dans les fourres et ne semble pas preoccupes par les regards des touristes qui s arretent comme moi. Il finit tout de meme par se carapater un peu plus loin dans la foret. Tout le long du chemin, j entends et j apercois la mer. Je decouvre une premiere plage publique, ou je pousse le velo sur le sable pour aller voir le castillo depuis la mer. Sympa aussi cette vue imprenable sur les ruines, depuis la plage la plus proche du site. Et puis ici on est bien plus tranquille pour profiter de la plage. Le soleil ayant chasse vite fait les quelques nuages gris passagers darde a nouveau tous ses rayons sur la mer. Par contre le vent souffle, comme chaque fin d apres-midi depuis quelques jours. C est inhabituel a cette epoque de l annee.  Jusqu a l arrivee d Etienne je vais passer toutes mes soirees balayee par les bourrasques violentes qui courbent les cocotiers. 

En remontant de la plage publique vers le chemin principal, je vois des gens en arret devant moi, visiblement en train d observer quelque animal. Je m approche, et decouvre cinq ou six oiseaux bleus. Mais d un bleu roi tres joli, tres prononce. Ils ont le bec jaune et le ventre noir, mais les ailes sont incroyablement bleues ! Ouahhh... je n ai pas fini de m extasier devant les especes d oiseaux et de poissons nmulticolores qu on peut voir dans ces pays !

 

Quelques centaines de metres plus loin, je tombe en arret devant la vision d une nouvelle superbe plage ou l eau vient frapper quelques rochers. Je quitte la route et m approche pour mieux voir. Alors que je regarde le paysage, une forme attire mon attention a cinq metres de moi et a peu pres a la meme distance de deux filles assises dans l herbe, sur un montiocule qui domine la plage : un serpent couleur rouille et d a peu pres un metre et demi de long se faufile dans l herbe en zigzagant ! Beurk ! Et puis il m a semble que son corps etait visqueux... Quoi qu il en soit, je ne traine pas ici. 

Tranquillement, je reviens dans le centre de Tulum.

 

Je gare le velo puis vais me mettre un peu a jour sur le blog. En sortant du cyber, je retrouve Rachel dans la rue. Nous allons ensemble boire une biere avons de revenir a l auberge. ce soir les boss mettent a la disposition des guests des pates, du riz ou de la semoule. On peut se servir et acheter ce qu il faut pour agrementer comme on veut. On se prepaer donc des petits plats et on poursuit la soiree a table en discutant avec les autres. La grande anglaise a encore plein de choses a nous raconter sur cette deuxieme journee de plongee qui a tenue toutes ses promesses. Notre ami mexicain de la veille revient et se montre toujours aussi prolixe. 

En ouvrant mes mails, je suis toute contente de recevoir des nouvelles d Etienne ! Il arrive le 11 mars finalement. Cette date enleve tous mes doutes sur sa venue ou non. Ca y est c est concret, Etienne vient ! Et tout bientot ! Je suis super excitee ! Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours, ou en tout cas depuis notre adolescence, je sentais ou je souhaitais qu Etienne et moi devions un jour voyager ensemble. On n a jamais eu l ocasion de faire quelque chose uniquement tous les deux. Jusqu a present nos freres et soeurs ont toujours ete de la partie. C est donc une premiere, cette viree a deux.  

 

Bon il arrive donc a Cancun le 11. Je prevois du coup de m arreter sur la route deux ou trois fois. J envisage Akumal, ou l on peut admirer les tortues geantes, Playa del Carmen, meme si a priori ce sera hyper touristique, et puis peut-etre la Isla des mujeres et/ou Isla Cozumel. On verra. En tout cas je peux prendre mon temps. 

En attendant, je passe une journee de plus a Tulum. J ai mieux dormi cette nuit. Les deux francais sans gene qui etaient dans le meme dortoir que nous sont partis. Ces deux abrutis debarquaient apers minuit en allumant les lumieres et parlant sans meme chercher a murmurer pour ne pas reveiller les gens. Et tout ca pour se dire des choses passionnantes sur leur niveaux respoectifs dans des jeux videos ou pour commenter leurs soirees et conquetes potentielles ou reelles, Ou s engueuler sur la lessive qui n a pas ete faite par paresse de l un ou de l autre. De vrais malotrus. Et je boue dans mon lit mais bien sur je ne moufte pas. Pourquoi ai-je peur de leur demander de parler moins fort ou d eteindre la lumiere ? Pourquoi ai-je peur de me faire envoyer sur les roses ?... mystere... 

Bon, en tout cas ils sont partis, et je dors mieux. Il pleut une bonne partie de la journee suivante. Je bouquine, ecris sur le blog et me marre toute seule en continuant a regarder toutes les videos disponibles sur youtube avec Florence Foresti.

Rachel aussi a passe une journee tranquille. Elle partira aussi demain, vers Chetumal puis le Belize. Nous petit dejeunons ensemble avant de nious souhaiter le meilleur pour la suite de nos voyages respectifs. Je charge le velo pour une petite journee. J ai decide de m arreter a moins de 40 kilometres, a Akumal. Les guides annoncent que les hebergements ne sont pas franchement abordables mais j ai l espoir de trouver un endroit ou camper. Il fait gris et lourd quand je pousse le premier coup de pedale. Mais tres vite j ai trop chaud. Je roule doucement, j ai tout mon temps. La route est monotonme et pas tres interessante. Bordee de la meme vegetation, interrompue de temps en temps par un enorme hotel ou un resort - parc d attraction. Les affiches publicitaires annoncent qu ici on peut nager avec les dauphins, la faire de la tyrolienne avant de plonger dans une eau turquoise. J approche de Akumal. Au carrefour de la voie rapide et de la route qui mene au pueblo d un cote et a la plage de l autre, je tourne a droite et pedale les 500 metres jusqu a la porte d acces a la plage.

Les colectivos et les taxis se garent ou se mettent en route pour Tulum ou Playa del Carmen. Je m approche des boutiques qui bordent le chemin. Je suis au royaume du snorkeling. Partout on peut acheter ou louer gilets de sauvetage, palmes, masques et tubas. Des groupes de quinze ou vingt personnes partent derriere un guide pour aller a la rencontre des tortues. Je vais trouver les chauffeurs de taxi et leur demande ou je pourrais trouver un coin pour camper. Mais ils m indiquent soit le village dix kilometres avant Akumal ou bien celui qui se trouve vingt kilometres plus loin. Aie.... Je fais demi tour et passe le pont qui enjambe la route pour aller faire un tour dans le pueblo. Mais je ne trouve qu un hotel cher. Pas de posadas economiques. Mon GPS m indique que le prochain village, Paamul, se trouve a vingt kilometres et le Routard precise que j y trouverai un camping squatte par les canadiens et americains migrants au Mexique pour l hiver. Go, c est parti !

Vingt kilometres plus loin une piste de terre part tout droit vers la plage. A 500 metres un barrage m oblige a mettre pied a terre et garer le velo a cote, pour penetrer dans le village a pied. Enfin le village... Le Routard me prevenait, il n y a rien ici. Juste des cabanes a louer et un restaurant face a la plage. Le camping n est pas genial. Sur un loin de terre dure on peut planter sa tente aux pieds des cocotiers mais entoures par des camping cars. Je m installe et pars me promener sur la plage. Ici aussi, des panneaux recommandent de e pas deranger les tortues. Alors portee par un espoir fou je pars sur les rochers aiguises avec mes tongs trouees pour apercevoir les tortues qui viennent pondre. Bon, en fait elles ne pondent qu en mai donc je ne les verrai pas, evidemment.  Mais j ai dans l idee de revenir a Akumal avec Etienne si lui aussi est interesse a l idee d aller voir ces tortues d un peu plus pres. Je fais tout de meme une longue balade, remarquant au passage un iguane douillet qui prefere le confort d un transat aux rochers plus durs, pour bronzer. 

Cette plage a du charme, bien plus tranquille que la plupart de celles que j ai pu voir jusqu ici. Peu de touristes  s arretent ici. Du coup ce sont plutot de vieux migrants americains du nord qui occupent les lieux, en effet, et quelques famiilles en vacances. 

Je m apercois qu il n y a vraiment rien dans le coin a part le restaurant, et les prix du resto sont chers. Je demande a mon voisin americain s il y a un magasin pres d ici en retournant sur la route. Il m indique le grand supermarche qui j ai vu trois  kilometres avant Paamul. Il me conseille de prendre un colectivo. Merci mais j ai mon velo. - Mais c est la voie rapide, vous savez ? me dit-il comme si j allais metter ma vie en danger. Bof, j ai bien vu que j etais tres en securite sur le bas cote, je ne vois pas ce qu il y a de dangereux. Je monte donc en selle et vais au supermarche acheter de quoi agrementer mes pates pour ce soir.

Je reviens juste a temps pour ne pas cuisiner a la frontale - que je n ai plus, d ailleurs, puisqu elle m a ete volee au Belize. Sous la tente, ce soir-la, avec l accompagnement musical du groupe qui chante pour le restaurant, c est la Reine Marot qui me tient compagnie. Une fois termine, je me precipiterai sur le film avec Adjani et Vincent Perez, pour etre en fait super decue par toutes les omissions et les libertes que prend le producteur avec la version originale de Dumas. Je n aime pas du tout le film, alors que le suspens et le style de Dumas m ont tenue en haleine pendant tout le roman. 

 

Au reveil, je demonte la tente en faisant bouillir de l eau pour un petit cafe, puis me mets en route pour Playa des Carmen.

Je sens que j arrive dans un autre monde a l approche de la ville. Les grandes ensegnes poussent des deux cotes de la route. Et, signe infaillible qu on arrive dans un haut lieu touristique, le premier resto qui m accueille a l entree est un Mac Do.

Je roule jusqu a la rue 50 nord, trouve le croisement avec la rue 10, et apres avoir fait deux fois le tour du pate de maison je trouve mon auberge de jeunesse. Tres impersonnelle, ressemblement plus a un  hohtel de basse categorie mais correct au niveu proprete... si ce n est que lorsque j ouvre la porte du dortoir mixte mon egard se pose tout de suite sur un enorme cafard mort, sur le dos, au milieu de la chambre. Amis des betes, bonjour ! Je partage le dortoir de quatre lits avec un gars qui travaille ici pour la saison, mexicain. Il bosse dans un restaurant le soir, et passe du coup une bonne prtie de la journee a dormir. Gentil mais fatigue, il fait la conversation en pyjama - enfin torse nu sous ses draps, quoi - depuis son lit. Je m installe, attache le velo avec l antivol aux barreaux de la fenetre, prends une douche et pars a la decouverte de Playa del Camen, paradis du touriste. 

Mais rendons justice a cette petite ville. Il est tout a fait possible et meme tres facile de trouver en PLaya l ame mexicaine qu on retrouve un peu partout - ou celle du Yucatan, puisque nous apprendrons avec Etienne que les Yucateques sont un peu les tetes brules, ceux qui ne font jamais comme tout le monde. Il est tres facile de s echapper de la planete Tourisme, a Playa. Comme a Campeche, ou toute l activite touristique est concentree en une zone finalement assez reduite. Par contre les rues 5 et 3 dont totalement dediees aux boutiques a souvenirs et restos et bars en tous genres. C est la premiere fois que je vois carrement des magasins immenses a prix casses specialement pour le touriste. C est aussi la que je vois le plus de choix de modeles de bagues et colliers en argent, par contre les prix sont... americains ! Alors qu ailleurs on trouve des bijoux tres corrects a 250 pesos, ici le moindre petti objet coute plus de 4000 pesos. Bon ben je n acheterai pas de bague en argent a Playa del Carmen. La rue 5 doit bien faire 3 ou 4 kilometres de long. J imagine l ambiance la nuit... En tout cas c est le royaume de l achat. D ailleurs je me laisserais bien tentee par les tshirts a tete de mort super rigolos, d autant plus que mon tshirt beige de Thailande est en train de rendre l ame. Je me suis apercue qu a force de frottements dans le dos il ne reste plus beaucoup de tissu. Il est quasi transparent dans le dos, heureusement le motif du dragon fait illusion. Mais les trous guettent... Il ne finira pas le voyage, c est sur. Mais je n acheterai pas de tshirt ici, car les mexicains ne connaissent pas le tshirt a col V pour les femmes. C est col rond ou marcel, allors non merci. Je continuerai a porter mes trous en attendant ! Je suis deja en pantacourt a coupe masculine faute d avoir trouve chez les femmes autre chose que des collants, il ne manquerait plus que le marcel pour ameliorer la panoplie, tiens !

Playa del Carmen, c est le depart pour l ile de Cozumel Les bateaux mouillent pres du centre. Autour  de l embarcadere, les agences apatent le visiteur pour louer excursions et scooters pour snorkeler et faire le tour de l ile. Je prends quelques infos, pour le cas ou nous reviendrions avec Titi. Mais depuis la plage de Playa - superbe, je dois dire - j apercois le beton des constructions qui ont pousse autour de l embarcadere de l ile, et ca ne me donne pas super envie... Il faudrait vraiment louer un scooter pour pouvoir s eloigner sur les plages un peu plus sauvages, car il parait qu il n y a pas de bus.  sur l ile. Uniquement des taxis, et chers, bien sur.

 

Pres de l embaracadere, une petite place est construite a l entree de la plage. Tous les soirs, aux pieds des statues qui tronent sur ce monument,des artistes deguises jouent un spectacle representant un rituel maya. Les tambours raisonnent et l appel de la conque porte loin, tandis que les femmes repandent l encens un peu partout. Apres avoir longuement prie et sollicite les dieux, les artistes dansent et je trouve toujours cela elegant, decidement.

Je vais marcher et m asseoir sur le sable blanc de la plage en regardant les changements de couleur de l eau en fonction du passage des nuages, Que c est beau... Je disais a Titi hier - nous etions alors le 1er avril - qu il me serait desormais difficile de trouver une mer belle en France quand on voit les couleurs incroyables qu elle a ici ! Par contre les nuages s accumulent rapidement, et la pluie menace bientot. Decidemment nous sommes en pleine perturbation. Le vent se leve comme chaque fin d apres-midi, et rabat touts les touristes vers les magasins et les restaurants. Je vais me chercher une part de pizza et rentre a l hotel pour regarder un film sur la terrasse. 

En face de l hotel, sur une petite place, les stands de tacos attirent les badauds mexicains et ca bavarde gaiement autour d un musicien qui tente de gagner un peu d argent en chantant dans  la rue avec sa guitare.

 

Quand je sors le lendemain matin, tot, je tombe sur une course d un genre tres particulier ! Apparemment tout le monde peut participer, et toutes les populations se  melngent sur la route pour courir plus ou moins serieusemen. A certains relais, des personnes de l organisation attendent les coureurs avec de la poudre de couleur a la main. Et lorsque les concurrents arrivent ils balancent la peinture  en nuages bleu, orange, jaune ou vert. Les coureurs recoivent la peinture sur les cheveux, en pleine figure, sur tout le corps. Le trottoir garde evidemment la trace de toute cette peinture repandue un peu partout. Tout le monde crie, rigole. La course remonte la 5e rue. Je regarde un peu, avant d aller prendre un cafe. 

Alors que je me balade dans la ville et que mes pas me reconduisent sur l avenue 5, en cherchant des toilettes publiques je tombe en arret devant un immense centre commercial. Toutes les grandes enseignes sont la. J entre en me disant qu il y aura forcement des toilettes a l interieur.   

Et en effet j en trouve. Mais ca me fait un drole d effet de mettre les pieds dans un centre commercial ! Et je me surprends... a avoir envie d etre chez moi, enfin en France, et d aller faire des courses pour la maison, ou pour des fringues. De faire du magazinage, en somme, comme diraient les quebecois ! Et je me fustige interieurement ! Ah elle est belle l aventuriere qui soi-disant reve d une vie plus proche de la nature et loin de la societe de consommation ! Tu parles ! La j aurais bien envie de faire du shopping et de claquer plein de sous pour me fair plaisir en achats futiles ou utiles. Vivement le retour, tiens ! Je m amuse donc a deambuler dans les allees. Pas trop longtemps tout de meme, etant donne que je n ai pas de sous a depenser et pas de place dans les sacoches pour m encombrer. Mais ca n est pas desagreable de revenir pendant cinq minutes a un monde de tentations...

Par contre j ai l idee utile d aller me renseigner pour savoir si je peux trouver un nouveau filtre pour mon appareil photo. En effet le mien est sale et raye, du coup je constate que la mise au point est souvent difficile et je ne suis pas surprise qu une bonne partie de mes photos soient floues lorsque je crois les voir nettes dans l objectif... Mais je fais chou blanc. Je peux acheter un nouvel appareil ou un nouvel objectif, mais pas de filtre. Zut ! Il faudra que je pense a  chercher a Cancun.

Je laisse le centre commercial pour aller me promener sur la plage et lire sur le sable blanc un bon moment. Dumas me tient en haleine. Entre lecture, blog et farniente sur la plage, la journee passe vite et agreablement. Je cherche vaguement un coiffeur mais sans conviction. Ca aussi, ca attendra Cancun. 

 

Le lendemain je pars a Puerto Morelos.Petite journee a nouveau, et derniere etape avant Cancun ou j arriverai le 9 mars, deux jours avant l arrivee de Titi. Je fais egalement les demarches pour obtenir mon visa pour la Russie. Complique d avoir a donner un programme precis et des noms d hotels, lorsqu on ne sait pas trop ce qu on va faire ni combien de temps on mettra pour rallier les differentes villes du parcours. Je cherche des infos sur les forums pour verifier si on passe sans probleme la frontiere entre la Lettonie et la Russie par la M9. Comme d habitude sur les forums je trouve toutes les reponses possibles. Bon, ca devrait aller. Et puis en cas de probleme il serait toujours facile de remonter vers le nord ou de prendre un train. Enfin si on peut mettre des velos dans les trains...

Le trajet entre Playa del Carmen et Puerto Morelos a beau etre court, la chaleur rend la route fatiguante. Je suis bien contente d arriver au croisement et m engage sur la longue route qui conduit a la plage. De chaque cote d chemin la mangrove m entoure. De temps en temps une ouverture dans la vegetation permet de voir la lagune qui se deploie sur des kilometres, et un panneau nous previent que la zone est frequentee par les crocodiles.

La vue est magnifique quand on debouche sur la mer. Par contre, quel vent ! Les rafales balaient la plage sans arret et secouent les lanchas amarees pres du phare.. 

Mais la force de la nature regenere tout de meme les neurones, apres les heures passees sur une route chargee de plus en plus de camions roulant a plus de 100 km/h. Ce trafic s intensifiera jusqu a Cancun, il faut donc s y habituer. C est d ailleurs etonnant qu a peine sortie de cette voie rapide, les petites routes s enfoncent dans la mangrove pour rejoindre, un kilometre plus loin a peine, des havres de paix comme Puerto Morelos.

A ma grande surprise, je ne trouve pas de camping a Puerto Morelos. L auberge de jeunesse est full... Je me rabats sur l une des deux posadas qu il reste, un peu chere a mon gout, meme si evidemment le confort n est pas desagreable. Je m installe et pars longer la plage et decouvrir un peu le centre ville. La mer est belle, mais le vent me giffle et les nuages gris s approchent vite. Je reviens vers le centre et me promene dans les boutiques a touristes. Un orage finit par eclater au dessus du village. Comem d autres touristes et mexicains, je me refugie sous le toit du kiosque qui trone sur le zocalo, le temps que l averse soit passe. Puis je reprends ma balade, avant de retourner faire une sieste a l hotel. 

Lorsque je resors le soir vers la plage, un nouvel orage s abat sur la ville et les bourrasques de vent sont plus violentes que jamais. Je lutte pour rester debout, comme les cocotiers qui tanguent dangereusement. Ca me permet d observer que les noix de coco sont super bien fixees, puisqu elles ne tombent pas !

Cette fois je n y echappe pas : je suis trempee de la tete aux pieds en moins de temps qu il n en faut pour le dire ! Mais il fait chaud, alors ca reste agreable. C est plus le vent qui me fait peur, en fait. Je me surprends a verifier qu il n y a rien dans la rue ou dans les airs qui pourrait venir me percuter, porte par le vent. 

Je ne traine pas trop et rentre a l hotel pour me secher a nouveau et regarder un film americain avec Julia Roberts a la tele avant de m endormir. Film sympa que je ne connaissais pas, version feminine du prof du Cercle des Poetes disparus. 

Je me reveille pour le grand jour, l arrivee a Cancun, derniere etape en velo au Mexique. J ai decourage Etienne de venir avec un velo ou  d en acheter un ici, car j ai pense qu on perdrait trop de temps a pedaler et qu on ne verrait pas grand chose en trois semaines. Je m inquiete un peu de savoir si je l ai frustre dans ses envies de vivre une certaine aventure. On verra. Si on avait eu trois mois je ne me serais pas pose la question. Mais sur trois semaines le velo me parait plus un inconvenient qu un avantage. Enfin ce n est pas le meme voyage en tout cas.

 

J ai entendu beaucoup de voyageurs, ici et la, dire que Cancun, ce n est pas le Mexique. Alors oui, Cancun est une ville batie pour le tourisme et on a du mal a lui sentir une ame, si ce n est sur une place ou dans les petits marches. Mais dire que Cancun n est pas "le Mexique" me parait aussi incongru que de dire que Saint Tropez, ce n est pas la France. C est un autre visage du Mexique, et rien que pour cela je ne suis pas mecontente d y avoir ete. 

Mais le fait est qu a l approche de la ville, je suis prise dans un trafic intense sur une route bordee de grandes entreprises et de grandes enseignes. C est certain, j arrive dans une megapole, tres europeanisee. Le depaysement n est pas au rendez-vous, ou alors c est du depaysement par rapport au reste du Mexique - mais ca je dois dire que je le ressens depuis mon entree dans le Yucatan, tout au long de cette cote caraibe. J apercois bientot les sommets des hotels et resorts immenses construits sur le front de mer, la Zona Hotelera, mais aussi en centre ville. Je suis le flot des voitures jusqu au centre ville, attentive aux feux et aux priorites dont je ne comprends pas toujours le fonctionnement ni les principes.J ai l adresse d une auberge economique, mais je me perds avec l affichage des directions et prends une bonne demi heure pour trouver mon chemin. Enfin je trouve l hostal San Patricio, le bien nomme ! Il ne comporte que deux dortoirs, dont un pour les femmes, qui ferme par un.. rideau. C est rudimentaire, mais il y a une cuisine et l eau est chaude. On s en contentera ! Je m installe comme je peux vu qu il n y a pas de casier et que je suis tres encombrante avec mes sacoches (l andouille de la reception ne m a pas dit qu il y avait un local a cote des salles de bain ou l on peut garder sous clefs les affaires de valeur.) Fraiche et pimpante pendant deux minutes apres la douche, je sors curieuse de voir a quoi ressemble Cancun. Il ne me faudra pas cinq minutes de marche pour etre en sueur a nouveau !

Il est deja le milieu de l apres-midi. Je remets a demain la decouverte de la plage et de la zone hoteliere. Je pars d abord me renseigner sur les tarifs et les horaires des bus pour l aeroport. La station ADO est a dix minutes a pieds de l hotel, c est parfait. Je pense proposer a Etienne de dormir dans cet hotel, apres tout c est pratique et ca lui donnera tout de suite une idee du tourisme a la mexicaine. Etant donne qu il arrive a 20h30, le temps de rentrer il sera tard et au moins on pourra retrouver l hotel a pieds en dix minutes. J ai vraiment hate de voir comment Etienne va vivre on premier depaysement hors de France et d Europe depuis de longues annees (il dit qu il n est jamais sorti de la France mais il a fait quelques virees a l etranger, enfant et ado, en Europe). Comme pour Florence qui etait venue avec moi au Vietnam pour des vacances loin de la culture occidentale pour la premiere fois, ca m amuse de voir leur feeling a l arrivee. Je me souviens tres precisement de la grande aventure qu a ete mon premier voyage aux antipodes de l Europe, en Inde.

Quelle difference ! Depuis l aeroport et jusqu au centre de New Dehli, dans le taxi qui nous emmenait en ville, j ouvrais des yeux ebahis, tant j ai eu la sensation d avoir bascule dans un autre monde. Je me souviens particulierement des odeurs sur la route et dans les rues. Ca ne sentait pas comme "chez nous". Mais tout, tout etait different... quel plaisir de decouvrir ce nouvel univers, tout m enchantait ! Mais je me rappelle aussi qu il m a fallu quatre - cinq jours pour me faire a l idee de la negociation des prix, de l incertitude sur les horaires et les temps de transport, sur la veracite de ce que les uns et les autres, qui semblent de prime abord bien sympas, nous racontent pour nous emmener la ou ils veulent. Je suis donc curieuse de voir comment va reagir Etienne.

 

Ma balade me conduit sur une  grande place familiale, avec une grande scene sur un cote. Il doit se produire des spectacles ici de temps en temps, j imagine, etant donne qu il est rare qu une palce mexicaine ne soit pas animee. Je repere des petits restos de rue et des stands de vente de morceaux de pizza, churros et autres nourriture frite. Je reviendrai ce soir manger un morceau ici. En attendant, et compte tenu de la chaleur infernale malgre les nuages, je retourne faire un somme a l hotel. J avais visiblement besoin de dormir car lorsque je me reveille la nuit tombe ! Avant de retourner vers la place, je repasse par la station de bus pour avoir une idee des tarifs et horaires pour aller vers Valladolid. Dans mon imagination, je suppose que nous partirons d abord vers Chichen Itza. ou pas. Mais ca me donnera une idee des pour nos deplacements.

 

Et puis ensuite je retourne vers la place que j avais reperee, car les autres rues de Cancun ne m inspirent pas des masses. Entre longer les boulevards avec le trafic, les bars et les restos, ou bien m infiltrer dans les petites rues resserrees et mal eclairees, j aime autant aller regarder les enfants rouler dans de petites autos sous le regard de leurs parents, pendant que des artistes de differents genres chantent qui a la guitare, qui au tambourin, qui avec son micro et sa baffe mobile, pour divertir les clients des restos de rue. La musique n est pas d une grande qualite, je dois dire... beaucoup chantent mal, sans conviction ou faux, mais ca n a l air de deranger personne. Au moins les gens ne sont-ils pas trop genes dans leurs conversations !

Assise sur un banc, je regarde le spectacle vivant qui se deroule sous mes yeux, tout en mangeant mon bout de pizza. Un enfant qui s eclacte sur sur mini 4 X 4 m amuse tout particulierement. Un peu plus loin, un autre petit jardin accueille des stands de bijoux et d ecriture caligraphique. C est le coin des artistes decales, ou alternatifs, visiblement. Nous en aurons un exemple a l arrivee d Etienne avec un petit concert rock.

Pour ma derniere journee toute seule, je decide d aller voir a quoi ressemble la zone hoteliere et les plages de Cancun. Je pars avec un pique-nique et pense d abord aller a pieds jusqu a la plage. Mais celle que j ai vue ne se situe pas dans la zone hoteliere, en fait. Je l ai mal situee sur la carte, et pars d abord pour une longue marche dans des avenues larges et plombees par le soleil. Je passe devant une ecole et me demande comment ces jeunes font pour jouere au basket ou au foot en survet alors que je ne supporte deja pas mon tshirt et mon pantacourt ! Mes tongs commencent a me faire mal, j en ai deja une trouee, la deuxieme commence a s user aussi. Je marche sur des cailloux depuis quelques jours deja, je sens que cette fois il va falloir que je change de chaussures !

Au bout de pres d une heure de marche, j arrive sur la fameuse plage... dont les acces sont fermes a peu pres partout. Enfin je trouve une plage publique. Frequentee uniquement par des mexicains, puisque tous les touristes sont sur la zone hoteliere, bien plus loin. La mer est magnifique, les couleurs sont decidemment superbes ! Tellement plus claires, plus variees que chez nous. Toutes ces nuances de vert, bleu fonce, bleu clair, turquoise, sont tout simplement splendides, on ne se lasse pas de les regarder changer selon le passage des nuages.

Je bois un verre a la terrasse d un petit resto, mais ne m attarde pas tellement plus longtemps car le vient me fouette trop le visage, ca en devient desagreable ! Je n arrive meme pas a lire tranquillement car en plus de me gifler sans arret, le vent projette du sable sans arret aussi bien sur la liseuse que dans ma figure.

Je repars donc, pour une nouvelle trotte qui me conduira jusqu au bus a prendre pour aller jusqu a la zone hoteliere. Non sans passer devant le bateau pirate du fameux pirate des Caraibes ! Il y en a quelques uns tout le long des plages. Evidemment il font bars et restos.

A l arret du collectivo qui doit me ramener en centre ville, un homme qui attend aussi, sa malette a la main, entame la conversation. Nous parlons des conquetes espagnoles, mais aussi de la politique du Mexique. Ici le gouvernement fait des efforts - me dira-t-il. Cette belle route, nous l avons depuis deux ans, elle est toute neuve, ils essaient d ameliorer les infrastructures (et non pas de garder tout l argent pour se le mettre dans la poche !) Et moi qui croyais que le tourisme etait responsable du fait que le Yucatan soit si bien pourvu en belles routes bien lisses, et bien non. Meme si l argent des touristes apporte une manne indispensable, si l argent n est pas utilise comme il devrait l etre, au final ca ne change pas grand chose avec les autres etats mexicains.

La pluie se met a tomber brusquement, nous nous mettons a l abri. Un collectivo est deja passe, mais sans s arreter car il etait plein. C est comme ca que ca marche ici. Si tu as de la chance, tu montes. Sinon, tu attends. Enfin un autre arrive, et nous grimpons tous les deux dedans, ainsi que deux touristes du San Salvador. Mon compagnon de voyage me quitte pres de la station ADO, et moi je vais changer de bus pour aller vers la zone hoteliere.  Pour dix pesos., le bus m emmene vers les belles plages a touristes. Je descends au 7eme kilometre, car toute la zone en fait 25 et je n ai pas l intention d aller si loin. Ici, c est simple, on passe d un grand hotel a un autre grand hotel. Et tant qu on longe les hotel, on n a quasiment aucune vue sur la mer. Les bords de route et la promenade tout le long de la lagune est tres belle, mais completement privatisee et ne reservant que quelques acces publics sur des plages de taille tres reduite. Je trouve une de ces entrees et... wouaouhh, c est vrai que c est beau ! La plage, est evidemment encore plus belle lorsqu elle est nettoyee. Les couleurs sont toujours aussi magnifiques. Mes tongs a la main, j entame une longue promenade le long de la mer. Le sable est tout doux et l eau est chaude, c est un vrai bonheur.  Je finis par aller piquer une petite tete, c est trop tentant ! Je masseois un long moment contre des rochers, a l abri de la foule qui s etend sur les plages privees sur lesquelles on peut tout de mem passer. Je bouquine au soleil avant de retourner dans l eau. Puis je me remets a marcher. Les hotels sont tous plus luxueux les uns que les autres. Certains ont une piscine aux pieds des batiments. Des bars sont installes dans la piscine, les gens nagent et viennent se servir, ou bien discutent a moitie dans l eau, le cocktail a la main. So fancy ! D autres jouent au beach volley. D autres sont installes aux rterrasses des restaurants, ou se prelassent dans des transats, en attendant que les serveurs passent leur apporter du champagne.... Fatiguee, je repere sur le cote d un hotel des transats libres. Je m installe, sachant que je finirai par me faire virer. Mais j ai tout de m,eme le temps de piquer un petit somme, de me reveiller et de bouquiner un peu avant qu un employe vienne innocemment me demander si j ai oublie mon bracelet...

Je dis ""oups"", je me leve et reprends ma balade jusqu a ce que j en aie plein les pattes. Tres tranquillement, je traverse le hall d un hotel de luxe comme si j etais cliente, pour pouvoir sortir et retrouver la route ou passent les bus. Ca m evite de marcher encore une bonne demi heure pour retrouver l acces a une plage publique pour quitter le bord de mer.

 

Je suis claquee lorsque je reviens en centre ville. Je vais passer un peu de temps sur le blog, puis rentre vite me coucher, crevee et toute contente car demain, Titi arrive !! Ca me parait encore incroyable....

 

 

Je me doute que j aurai peu de temps a consacrer au blog une fois que Titi sera la, du coup le lendemain matin je commence par aller encore sur le site. Puis je vais me promener du cote du marche, decouvrant au passage que les magasins de Cancun pratiquent les memes tarifs exhorbitants que ceux de Playa pour les bijoux en argent. Par contre je m achete un sac qui me fera office de sac a dos, meme si ca n en est pas un.  Pour voyager avec Titi il va falloir que je laisse le velo en garde a l auberge de jeunesse, et je n ai pas de sac a dos sur moi. Donc il me faut quelque chose de pas cher et de suffisamment grand et resistant pour trasnsporter mes affaires pour trois semaines. Je trouve mon bonheur avec un grand sac de plage aux bretelles assez solides, superbes en rouge, blanc et bleu et CANCUN marque en grandes lettres dessus. Me voila paree, je n ai plus qu a aller a l aeroport. Bon ok, il est 15h et Titi n arrive qu a 20h30, mais je compte en profiter pour me renseigner au comptoir de la compagnie Condor sur les conditions d emballage de mon velo, et j ai peur que les bureaux ferment tot. Je me rends donc au terminal 2, car j ai lu que c est la qu arrivent les vols internationaux. Manque de bol, on me dit que Titi arrivera au terminal 3. Bon, donc j y vais a pieds et me marre au passage en decouvrant que la tour de controle de l aeroport de Cancun est sponsorisee par Corona ! Pas tres serieux tout ca, les gars...

 

Au terminal 3, on me confirme que Titi arrivera bien ici. Je ne repere pas tres bien le couloir de sortie, mais je ne m en fais pas trop. Mais lorsque je demande ou se trouve le comptoir de Condor, on me repond qu il est au terminal 2.... Et bien puisque j ai beaucoup de temps devant moi, j y retourne. Sur place, le gars du bureau des informations m explique que non, Condor n a pas de comptoir. Par contre un enregistrement va commencer dans deux heures, je pourrai alors parler a l un des employes. Je vais bouquiner dehors en attendant que passent les deux heures. Lorsqu il est temps, je vais donc voir les employes Condor. Unhomme m explique que je dois enregistrer en ligne mon velo 48h avant le vol. Sinon c est plus cher, si je le fais sur place. Bien bien. Je me fais confirmer les conditions d emballage du velo, tout va bien. Je vais donc devoir trouver des cartons, comme a Casablanca, et ca devrait aller. 

 

Bien, il ne me reste plus qu a retourner au terminal 3 et a patienter jusqu a... 21h30, et non pas 20h30, car Titi m envoie un message pour m avertir qu ils ont embarque a Madrid avec une heure de retard. youpi. Et le temps passe lentement. N ayant pas prevu mon sandwich et etant incapable de ne pas manger quand j ai faim, je craque et achete le sandwich le moins cher, a 120 pesos tout de meme. Bande de voleurs ! 

11 mars 2016 :

Arrivee de Titi !

Je bouquine, sors fumer, essaie de comprendre par ou les gens sortent. Lorsque l heure approche, je commence a comprendre comment ca se passe et ca me parait super bizarre. Avec d autres personnes qui attendent comme moi, nous sommes cantonnes derriere une barriere qui se trouve a cent metres a gauche de ;la porte par laquelle les gens sortent. Or, en face de ces gens qui sortent, un groupe de chauffeurs de taxis ou de personnels d agence attendent eux aussi, pancartes en main ou pour rabattre le client. Et derriere eux, les bus retournant en ville s alignent sur le parking. Il me parait donc logique qu en sortant, le voyageur regarde devant lui et se dirige soit vers les taxis soit vers les bus, mais je ne vois pas pourquoi ils auraient l idee de tourner la tete a gauche. Et quand bien meme ils tourneraient la tete, je vois encore moins comment ils pourraient reconnaitre qui que ce soit dans le tas informe que sommes, derriere la barriere, moitie masques par des colonnes. Je commence a stresser. C est la premiere fois que Titi prend l avion et voyage aussi loin, je me dis bnetement qu il va se sentir perdu. Moi et mes reflexes de surprotection ! Pire que si j etais sa mere...

Quoi qu il en soit, je demande a passer la barriere mais j essuie un refus. Pourtant, lorsque le vol de Titi arrive, et alors que ca fait un moment que je guette toutes les tetes qui apparaissent a la porte, je vois que des petits malins trouvent l astuce. Un gars s approche de l employe qui garde la barriere et lui dit qu il a vu son ami. L employe le laisse passer. Bien. J attends dix minutes pour faire le meme coup. Mais il se trouve que je crois reellement apercevoir Titi a un moment donne. Alors je suis super credible quand je dis : il est la, je l ai vu ! L employe m ouvre et je cours le cent metres... Mais je me suis trompee, ce n est pas Etienne. Decue, inquiete, je reste pres des chauffeurs de taxis et me mets petit a petit bien en face de la porte. Ah quel suspens, mes ailleuls ! Le temps me parait interminable, lorsqu enfin cette fois c est sur, c est lui que je vois arriver avec son sac a dos sur les epaules. Un grand sourire idiot s allonge sur mon visage, et s agrandit encore lorsque je vois qu il m a reperee et qu e le meme sourire illumine son visage. On se tombe dans les bras en riant, ayant autant de mal a le croire l un que l autre !

Ah c est vraiment genial qu il soit la !

Une fois qu on s est remis de nos emotions, on s ecarte un peu pour que Titi fume - et evidemment je l accompagne. Il ne realise pas encore qu il est la, ce que je comprends completement. Nous trouvons un collectivo pour rentrer vers ,le centre ville. Titi installe ses affaires a l hotel, pas effraye par l aspect rudimentaire du dortoir. Je m inquiete tout de suite de le voir laisser son petit sac a dos contenant ses papiers importants sur son lit pour sortir fumer ou aller prendre une douche ! Ohlala, mais il faut se mefier ici, tu ne t en rends pas compte ? Visiblement pas... et comment le pourrait-il, d ailleurs ? 

 

Nous allons nous installer dehors pour discuter un peu, Je sais que Titi traverse une periode difficile, ravie qu il ait decide de venir et j espere que ce voyage lui apportera de l energie. Titi me raconte ou il en est, et quand je lui demande ce qu il a envie de faire pendant ces trois semaines il exprime son envie de randonner dans la jungle, tout particulierement,

Ce pour quoi je suis super partante, evidemment, Par contre il aimerait trouver une carte IGN et trouver son chemin sans avoir recours a un guide, Et oui, c est comme ca qu il fonctionne et c est ce qui lui plait, a moi aussi d ailleurs, sauf que je ne pense pas qu il soit possible ici de trouver des cartes IGN et encore moins de se balader seuls dans la jungle. Les chemins ne sont pas baliser, d abord parce que ce n est pas dans les moeurs de randonner dans la region, ensuite parce que le tourisme fonctionne beaucoup autour du metier de guide. Dur dur de faire les choses independemment, tout est fait pour qu on ait besoin de guides. Lorsqu on ne connait pas le coin et qu il est impossible de trouver des cartes, a moins de les avoir acheter avant.... le projet devient utopique, Bon. On verra ce qu on peut faire, Apres tout, je n ai pas essaye de trouver ces fameuses cartes, alors on va tenter quand meme de se renseigner, 

Je realise subitement que, aimant sa liberte d action, surtout lorsqu il  s agit de randonner en pleine nature, Titi  risque de ne pas specialement apprecier la demarche ""excursion en groupe"",  Mince, j aurais du y penser, et le preparer a cette idee... Bon, wait and see, pas de panique... 

Nous croisons un guest francais, un jeune homme aussi souriant que mou. Adrien - que nous reverrons quelques jours plus tard - a toujours l air un peu shoote. Tres gentil, il est ravi de faire un peu la conversation ! 

 

Creves tous les deux, Titi et moi ne tardons cependant pas trop a aller nous coucher, Je retrouve mon lit dans le dortoir des filles, C est drole, ca change tout d etre accompagnee ! Je ne suis plus toute seule et je le ressens immediatement. C est bien aussi de ne pas etre centree sur mon nombril,,, Ca va etre chouette de decouvrir les choses et de vivre les aventures a deux !

 

Le lendemain, nous prenons le petit dejeuner puis nous commencons par demenager d hotel, En effet, chez Patricio ils ne veulent pas prendre la responsabilite de garder mon velo pendant vingt jours. Avant l arrivee de Titi j ai ete me renseigner a l auberge de jeunesse Mundo Joven. Ils me garderons mon velo moyennant 30 pesos par jour. Nous transbordons donc nos affaires dans la matinee, le Mundo Joven se trouvant a 10 minutes a pied du Patricio, et encore plus pres de la station de bus, Le Mundo Joven a une ambiance plus jeune et decontractee que le Patricio, L endroit est plus attrayant egalement, Par contre il est un peu plus cher. Nous posons nos affaires dans le dortoir, puis decidons de partir voir la plage. Je refais avec Titi le trajet en bus jusqu a la zone hoteliere. Nous descendons un peu plus loin que lorsque je suis venue toute seule. Je n ai pas reconnu l arret et suis un peu perdue ! Nous sommes plus loin que je ne le pensais de la plage publique. Nous marchons un bon moment avant de trouver l acces. Et voila la mer bleue turquoise et le sable blanc qui s etalent devant nous, et Titi apprecie ! C est qu il est vraiment difficile de ne pas trouver ces paysages vraiment splendides ! On enleve les chaussures et on se balade sur la plage, cherchant un endroit un peu tranquille pour poser nos affaires et aller gouter la temperature de l eau,

Impressionne par la taille et le standing des hotels, notamment le Riu, Titi decouvre un autre monde, Nous longeons la mer un bon moment avant de ne plus y tenir et de laisser les sacs sur le sable pour aller nager. L eau est super bonne, meme si pour Titi comme pour moi le passage du ventre est toujorus un peu difficile. Mais une fois que ce cap est franchi, Titi lui-meme n en revient pas de la chaleur et de la beaute de la mer, ""Tu realises que tu es en train de nager dans la mer des Caraibes ? Elle est pas belle, la vie ?"" Visiblement, il apprecie ! D ailleurs il restera un long moment dans l eau, contrairement a moi qui patauge dix minutes avant de me lasser et de revenir sur le sable.  

 

Le soleil tape deja tres fort, entre deux discussions su rle sable nous retournons nous rafraichir dans l eau, puis sentons une petite faim arriver et ramassons nos affaires pour aller a la recherche d un resto. Bon, le probleme c est que nous sommes loin de la plage publique. Nous decidons de tenter de sortir par l entree de l hotel Riu. Sauf que cette fois-ci, contrairement a hier lorsque j etais seule, des gardiens se trouvent postes regulierement aux endroits strategiques,

Nous tentons un passage l air de rien, mais sommes stoppes dans notre elan. Le gardien nous indique les deux plages publiques les plus proches : une a 10 minutes a pieds, l autre a vingt minutes. Et zut... C est parti pour refaire tout le chemin que nous avons parcouru pour venir jusqu ici, sous un soleil de plomb. 

Quand enfin nous quittons la plage, nous avons vraiment faim ! Nous sommes sortis au niveau du centre de la zone hoteliere, veritable zone attrape touristes, Apres avoir depasse les grands centres commerciaux outlet, nous partons a la recherche d un resto pas cher. Mission difficile dans ce quartier ! Nous tournons et tournons dans les rues qui accueillent principalement des restos chers et des bars ou doit regner une ambiance de folie la nuit. Nous pensons trouver notre bonheur sur un petit marche mais c est rate, il n y a que des boutiques a touristes. Dans une des rues principales, Spiderman accroupi semble vouloir s envoler de facon imminente pour aller defendre la veuve et l orphelin, devant la facade du bar ou resto Coco Bongo, Mon dieu c est le dysneyland des touristes, ici, on se sent un peu decales avec Titi ! Enfin on finit par trouver un resto rapide vendant un genre de paninis ou sandwiches ultras copieux et pas trop chers. C est pas mexicain mais ca fera l affaire. Et il etait temps qu on se pose sous un parasol car le soleil est en train de nous chauffer a blanc. Or Titi doit faire attention, car les brulures sur ses bras - suite a un accident de travail il y a a peine quelques mois - ne sont pas encore tout a fait cicatrisees. En tout cas il sent la morsure du soleil ! Et le fait est qu il s apercevra dans la soiree qu il a deja pris un joli coup de soleil ! Moi aussi d ailleurs, mais etant deja exposee depuis un moment j ai moins souffert que lui ce jour-la.

 

Nous regardons le guide du Routard et discutons de notre programme pour les jours a venir. Nous allons tenter de trouver une carte, mais sans garantie d y parvenir. Titi suggere de louer une voiture pour filer d abord sur Tulum et Bacalar, avant de revenir sur Cancun et de planifier ensuite le reste du voyage vers l interieur des terres, avec Chichen Itza, Merida, la Ruta Puuc, etc. Peu habituee a la voiture, je me laisse seduire par l idee. Apres tout ce moyen de locomotion donne une plus grande liberte de manoeuvre, on peut aller a son rythme et s arreter ou on veut. En tout cas Titi prefere se sentir plus independant, et je decide de suivre le mouvement, j y trouverai largement mon compte aussi ! 

Nous reprenons le bus pour rentrer. Titi chauffe de partout, son corps est devenu un veritable radiateur. Apres nous etre douches, nous montons sur la terrasse et reflechissons a la suite du programme. Bon, nous decidons de partir demain matin nous renseigner pour louer une voiture. Si c est jouable, nous quitterons Cancun tout de suite et filerons directement sur Tulum,

Nous sortons sur la place familiale sur laquelle on est surs de trouver de quoi grignoter a toute heure et pour pas cher. Croyant savoir me reperer sans probleme dans les petites rues de Cancun, je me trompe evidemment de direction et nous errons un petit moment dans les quartiers residentiels et calmes, avant de nous rediriger par l oreille vers la place. En effet nous entendons de la musique ou quelque chose qui y ressemble.  Nous debouchons sur la petite place des artisans, celle qui se trouve un peu en retrait dans le prolongement de la grande. Il y a de l animation ce soir, pour notre plus grand bonheur. Le groupe Quetzal Roots se produit en concert dans un style rock inattendu. En tout cas c est bien plus moderne que tout ce que j ai entendu jusqu ici au Mexique !

Pour une fois que ce n est pas de la salsa ou un rythme latino quelconque. Ca fait du bien ! En fait, ils melangent quelques styles et je ne saurais pas donenr un nom a ce que ca donne, mais nous trouvons tout de suite les chansons et l energie du groupe tres sympa,

 

Etienne adore ecouter de la musique en live. C est drole, je decouvre mon cousin ! Du moins je le decouvre sous un autre jour, car nous ne sommes pas de grands communicatifs tous les deux et pas franchement doues pour entretenir les contacts, du coup ca fait quelques annees que nous nous croisons sans trop savoir quels adultes et quelles personnes nous sommes aujourd hui, Les nombreuses discussions tres personnelles que nous allons avoir pendant trois semaines vont nous apprendre a mieux nous connaitre et je suis super contente de cette opportunite. 

Je decouvre donc qu Etienne adore la musique, que c est meme une des rares choses qui le fasse vraiment vibrer, et je souris en le regardant bouger au son des notes jouees par le groupe, En regardant autour de nous, je ne vois que des mexicains, jeunes et un peu moins jeunes. Un couple de jeunes femmes, egalement, se tient enlace devant nous, Deja contente d etre ici pour ecouter de la musique live, mon plaisir est decuple par la sensation de partager un moment de vie quotidienne banal de jeunes mexicains avec lesquels il est difficile de ne pas se sentir proches, Car a ce moment-la, qu est-ce qui nous separe a part la langue ? Nous prenons visiblement tous autant de plaisir a savourer ce concert. J aime ces moments ou je realise qu ici ou ailleurs, au fond, nous sommes tous les memes,,, Les musiciens sont tres jeunes et je les trouve emouvants, a fond dans leur passion, prenant autant de plaisir a jouer que nous a les ecouter.

Dix metres plus loin, deux artistes jonglent avec des boules de feu. Le groupe acheve sa derniere chanson et cede la place a un autre. Une des chansons nous a particulierement emballes avec Titi. Comme les musiciens restent sur la place pour discuter avec leurs amis et ecouter le prochain groupe, je vais demander a l un d eux (pas le chanteur, ma timidite m en a empechee ! Je me suis tournee vers le batteur - c etait strategique, je me suis dit qu il serait flatte que ce soit a lui qu on adresse la parole !... ce que je suis bete, parfois... une vraie gosse) quel est le titre de la chanson en question. Le batteur se tourne vers moi, ouvrant le cercle pour me montrer le chanteur. C est une chanson qui s appelle Cumbiancherona, C est lui qui l a ecrite - precise-t-il en montrant du doigt le chanteur, qui me regarde a son tour. Ah oui ? Et bien elle est super, elle nous a beaucoup plue ! - dis-je comme une midinette. Et je lui tends mon telephone portable pour qu il m ecrive le titre de la chanson et le nom du groupe, afind e pouvoir la reecouter sur youtube. Les gars me font de grands sourires flattes ! Ils sont trop chous ! On se repassera la chanson plus tard avec Etienne, contents de pouvoir la reecouter et de pouvoir graver ce souvenir dans nos memoires !

Le groupe suivant ne nous inspire pas plus que ca, le chanteur est mou, Nous allons manger un morceau dans un des petits restos pres de la grande place. Contrairement a moi, Titi y va gaiement avec la sauce piquante ! Je ne sais pas comment il fait, moi le simple fait de toucher un piment avec le bout de ma langue me met la bouche en feu ! 

Fatigue par son coup de soleil, Etienne va se coucher pendant que je reste encore un moment dans un hamac sur la terrasse pour lire, tout en ecoutant le guitariste qui se produit au Mundo Joven ce soir, jouant en sourdine des balades tres agreables, juste pour creer une ambiance.

 

 

Le lendemain nous partons donc de bonne heure (de toute facon nous partirons toujours de bonne heure, car Titi se levera toujours entre 5 et 6h du matin, et moi vers 7h-7h30) a la recherche d une location de voiture. Nous en trouvons rapidement une, dans la rue de l hotel, pres de la station ADO. Nous expliquons ce que nous voulons et attendons le prix. Parce que nous sommes sympas, surement, le gars au bon visage brave et avenant nous annonce qu il peut nous faire une promotion speciale aujour d hui. Mais faites donc, mon brave ! Le prix qu il nous indique nous parait correct, nous signons, La voiture arrive, on nous remet les clefs. Trop bien ! Le fait d avoir une voiture donne un sentiment de liberte vraiment appreciable ! 

Tout contents, nous partons chercher les bagages. je laisse le velo a l auberge, et roule chauffeur ! Titi se met au volant. Nous decidons d aller d abord faire quelques courses car nous comptons camper ce soir sur la plage et faire notre popotte au rechaud.

Prudemment, Titi se met en route et tente de trouver son chemin dans les rues de Cancun. Je tente de mon cote de nous guider avec mon GPS. Nous reperons le grand supermarche Chedraoui, de l autre cote de la route. Il nous faut faire demi tour. Sur un grand carrefour, Titi tourne a gauche et s arrete a un feu 20 metres plus loin. C est alors qu un motard de la police arrive a notre hauteur...

Derriere ses lunettes de soleil, il ne sourit pas mais n a pas l air mechant non plus. Ne soupconnant pas la moindre infraction de notre part, je le regarde tranquillement. Mais il se penche et nous fait remarquer que nous avons tourne a un endroit ou il est interdit de le faire. Plait-il ?? Il nous fait signe d avancer une fois que le feu passera au vert et de nous arreter sur le cote. Sans rien comprendre a ce qui nous arrive, persuades de n avoir commis aucune infraction, Titi et moi sommes aussi eberlues l un que l autre et soupconnons tout de suite une arnaque. Titi ne parlant pas espagnol, ma nature autoritaire maternante me fait prendre l initiative de sortir pour discuter avec le policier. Je suis persuadee qu il nous raconte des aneries. Je joue d abord l imbecile - mais convaincue, en meme temps. Ah bon on n a pas le droit de tourner ici ?? Mais on n a pas vu de panneau d interdiction pourtant,, monsieur l agent ! Ou est-il ?? Si si, il y a un panneau, venez voir. Il dessine avec un stylo le panneau sur sa main. ca va, je ne suis pas debile - ai-je envie de lui dire... Puis il me conduit au carrefour et... je decouvre le panneau a moitie cache par les arbres ! Arghh !

Nous revenons vers la voiture. Je me confonds en excuses (ah vraiment je vous assure, aucun de nous deux n a vu le panneau, on vient de prendre la voiture, on conduit depuis a peine cinq minutes, desolee, on fera plus attention la prochaine fois...) Mais le policier m annonce qu il va devoir faire un boleto, bref, une amende. Oh vraiment ? S il vou plait, vraiment on n a pas vu le panneau ! Le voila qui sort son appareil electronique sur lequel il commence a faire mine de noter quelque chose tout en m expliquant que l amende est de 900 pesos dans un cas ou 700 pesos dans un autre cas (je ne comprends pas bien, car mon cerveau cherche un moyen d eviter la contravention). Avec le permis de conduire de Titi dans la main, le type fait semblant d ecrire un truc sur son appareil. Je ne tilte pas tout de suite mais en fait il n ecrit rien du tout ! Il donne juste le change... Et continue a m expliquer : il faudra aller payer la contravention au commissariat. Ah bon en plus ? Mais on quitte Cancun, la ! Ah vous partez ? Et vous reviendrez quand ? Ben dans cinq jours, mais vraiment on ne peut pas eviter la contravention, monsieur ? Et tout a coup il prononce ces mots : Et bien ca depend, qu est-ce que vous proposez ? 

Ah d accord...on y est ! Et comme le rackettage des policiers mexicains est bien connu, ca ne me choque qu a moitie, car j ai deja la main dans ma poche pour estimer combien j ai sur moi et ce que je pourrais lui donner. Ce qui me choque, a vrai dire,  c est que le policier l assume a ce point et le verbalise... Je jette un oeil a ce que j ai dans la poche. Et bien je ne sais pas, moi, 50 pesos ? J ai peur que ce ne soit pas asse et qu il trouve ca ridicule, alors je sors un billet de 100 pesos et le lui montre. Si je vous donne 100 pesos, on peut en rester la ? Et il a de nouveau cette reponse formidable en regardant brievement autour de lui : rangez ca, on peut nous voir. Remontez dans la voiture. 

Je retourne m asseoir dans la voiture et explique en deux mots a Titi ce qu il se passe. On est tous les deux abasourdis ! J ai le billet en main, sous la hauteur de la portiere. Le policier revient vers nous. Il a tire de sa pochette un papier blanc. Ca aussi, c est pour la galerie. Il se penche a la fenetre et fais mine de nous montrer quelque chose sur le papier. Je lui tends le billet sous la feuille, il le prend et l enrobe dans la feuille en nous parlant, genre : faites attention sur la route, et bon voyage ! Et moi je dis... merci monsieur. Lui ai-je souhaite une bonne journee ? Je ne sais plus, mais j en aurais bien ete capable ! 

Titi et moi repartons, sideres de l attitude du policier, et decontenances par la notre. On s est laisses rackettes sans aucune resistance, et en disant merci en plus ! Titi repart a deux a l heure, pas tres a l aise. Evidemment il culpabilise sur ce panneau mais je ne l aurais pas vu non plus. Presque toute la journee nous ferons super gaffe a la signalisation, guettant les flics, bref : paranos ! Et puis nous ruminerons de concert notre attitude a chacun, partageant le meme sentiment d etre des andouilles qui nous laissons constamment marcher dessus sans protester et meme en remerciant ! 

 

Dans un premier temps, hyper crispes, nous trouvons la bonne deviation pour nous rendre au Chedraoui ou nous achetons de quoi manger en prevision du camping. Titi decouvre que le pique nique jambon - fromage ne sera pas aussi bon ici qu en France ! Le fromage pas cher n a pas de gout, et le jambon n est pas bon. Le pain de mie finira egalement par m ecoeurer. Mais bon, on achete ce qu il nous faut et Titi me passe le volant. C est parti pour la descente vers Tulum ! Mis a part notre stress sur la route (les limitations de vitesse sont super bizarres, on passe sans arret - a chaque croisement, en fait -  a des limitations ridicules et il faut souvent faire attention aux topes qui ebranlent toute la voiture), c est agreable de rouler et de se sentir autonomes. La route n est pas hyper interessante, je la connais deja et Titi decouvre avec des yeux etonnes les immenses entrees betonnees des resorts grand luxe. Nous passons egalement devant la propriete du Cirque du Soleil. Ah si j avais des sous j irais bien les voir !   

Nous arrivons a Tulum dans l apres-midi. On s arrete a une station essence pour que je charge la bouteille de gaz du rechaud. Nous voila pares pour survivre, nous prenons la route qui file vers la plage. L idee etant de camper sur la plage, sur un site qui se trouve a quinze minutes a pieds a peine de l enrtee des ruines. 

Nous trouvons le camping Santa Fe, payons les 100 pesos par personne et sortons notre equipement de la voiture. Derriere une grosse dune, nous decouvrons les emplacements pour les tentes. Idyllique. Sur un sable blanc tout doux sous les pieds, abrite par quelques cocotiers, face a la mer qui se trouve a 50 metres a peine devant nous... Deux tentes sont deja installees, mais nous trouvons notre bonheur - ou presque, car nous nous installerons tous les deux un peu en pente et le regretterons dans la nuit !

Tit apercoit son premier iguane sur cette plage. De nombreux autres nous attendent sur les ruines de Tulum. Titi installe sa tente et me montre une petite surprise : il a apporte deux hamacs ! Trop bien ! Nous mettons un peu de temps a trouver un endroit sympa pour les suspendre. 

Il nous faudra aussi plusieurs tentatives avant de trouver la tension et les noeuds ideaux pour resister a nos poids respectifs ! Mais une fois installes, j avoue que c est super chouette de pouvoir se prelasser sous les cocotiers face a la mer. Il y a si peu de monde sur cette plage, en plus, qu on a un peu l impression d avoir la plage pour nous tout seuls. Les chants des oiseaux nous accompagnent. Je guette les fameux oiseaux noirs au plumage bleu et bec jaune que j avais deja apercus dans le coin, mais cette fois-ci je n en vois pas la trace. Pas signe non plus des tapirs.

 

Depuis la plage on apercoit le castillo de Tulum. Titi commence a rever de trouver le moyen d aller dormir dans les ruines, tout seuls. peut-etre demain ? J en doute, vu l afflux touristique quotidien. Nous poserons quand meme la question plus tard, et saurons que si autrefois ca se faisait, maintenant que le Mexique est mieux organise pour accueillir les masses de touristes qui viennent tous les jours il est deve impossible de dormir sur les sites les plus frequentes. Peut-etre sur les sites plus petits, moins connus...

 

Ce soir-la, on goute au plaisir de cuisiner sur le rechaud. Il faut batailler un peu avec le vent mais on trouve un endroit un peu abrite et nous reussirons a faire cuire nos pates sans probleme. Le camping dispose de chaises et tables en plastique, on est vraiment bien installes et on fete ca avec deux bieres ! On les savoure, d ailleurs, ces bieres honteusement vendues 50 pesos chacune au bar du camping ! Les plus cheres du Mexique, sans doute ! 

Le bar ferme relativement tot, mais on peut disposer ensuite des tables du resto et des chaises balancoires face a la mer. Les prochaines fois on viendra sur ces tables pour cuisiner et manger. 

Ce soir-la, Titi se plonge dans la lecture du livre que Bogdan m a offert, l Audace de vivre, pendant que je termine la Reine Margot.

 

Le lendemain, nous sommes leves tot. Titi entre 5h et 6h (il gardera ce rythme tous les jours !), moi a 7h ou 7h30. Je trouve Titi en pleine lecture dans son hamac. Apres un petit dejeuner sur le sable, nous partons a pieds vers le site de Tulum.

La horde des touristes nous y retrouve. Il faut attendre d avoir depasse le petit chemin d acces aux premieres ruines pour pouvoir ensuite nous balader a notre convenance. 

Nous passons un long moment a faire le tour du site. Nous nous posons meme une petite demi heure pour pique niquer sous un cocotier, cherchant l ombre pour nous proteger de la chaleur infernale qui brule sur les coups de soleil. Puis, plutot que d aller nous baigner sur le plage du site, nous decidons de retourner nous poser un peu au camping et de prendre ensuite la voiture pour aller voir la route qui entre dans la reserve de Sian Khan.

En quittant le site des ruines, nous nous arretons pour acheter une mnangue et une noix de coco dont Titi goute le jus directement a la paille pour la premiere fois. Alors qu on savoure, Titi remarque les fameux oiseaux bleus et noirs que je cherchais ! Il y en a pleins ! Le vendeur nous donne leur nom mais bien sur je l ai oublie entre temps. Apparemment ces oiseaux adorent la noix de coco, raison pour laquelle ils sont tous derriere son stand ! Ah je suis bien contente de les avoir revus, et contente aussi que Titi les ai decouverts, car je vois qu il aime les oiseaux. Et le fait est qu on verra pleins d oiseaux de toutes les couleurs, ici.

 

Apres avoir un peu profite des hamacs au camping, nous partons donc vers la reserve. Nous passons le poste de controle, payons les droits d entree - quelque chose comme 20 ou 30 pesos par personne - et entamons une longue piste de sable pleine de trous et parsemee de topes. Enfin avant d emprunter cette piste, la route traverse d abord toute une petite partie de civilisation qui a l air bien sympa, avec pleins de bars, campings, restos de chaque cote. Certains ont des ambiances vraiment sympas, ca donne envie de revenir par ici prendre un vers ou diner un de ces soirs. Puis on longe des plages, toutes aussi belles, et au bout d un moment on sort donc de cette zone pour s enfoncer dans la reserve. La piste s inflitre entre la lagune a droite et la mer a gauche. On est censes arriver a Punta Allen, d ou nous pensons pouvoir prendre une lancha pour faire un tour dans la reserve. 

La piste nous ravit, meme si nous craignons d abimer la voiture qui vibre de tout son metal sur chaque cailloux, dans chaque trou et en passant sur chaque topes ! Tres vite nous sommes au milieu de rien, avec de la foret a droite, de la foret a gauche, et de l eau jamais bien loin. En effet cote lagune on apercoit l eau qui entoure la mangrove et si Titi imagine des balades dans cette jungle dense moi je me demande ou sont les chemins securises qui nous permettraient de savoir ou on met les pieds et comment on trouve son chemin la-dedans...

Nous roulons longtemps. De temps en temps le paysage se degage. D abord, nous passons sur un pont. Un panneau nous avertit que nous sommes dans une zone a crocodiles. Chouette ! Et en effet un croco flotte juste en bas ! Nous n en verrons pas d autre. Mais celui-ci a une bonne tete et se prete de bonne volonte aux poses pour les touristes. 

Un peu plus loin j aime beaucoyup moins la route, car elle se retrecit et si on devie d un metre de chaque cote on plonge directement dans l eau. 

Mais ca ne dure pas trop longtemps, et bientot nous debouchons sur une superbe plage avec des rochers coupants. On stoppe pour aller prendre des photos et voir de plus pres ces coraux. Les couleurs sont magnifiques, c est un regal pour les yeux. On est tout seuls, et a quelques centaines de metres de ces rochers les vagues se cassent sur la barriere de corail dans un grondement constant. 

Encore plus loin, une immense plage de sable blanc nous tend les bras, face a la mer. Non seulement le coin est magnifique mais en plus il est a l abri des masses de touristes. Nous sommes aux anges ! 

ALors que nous continuons a rouler ans trop savoir combien d heures il nous faudra pour arriver enfin a Punta Allen, nous hesitons : il est deja plus de 16h, nous ne trouverons plus de lancha a present pour faire une excursion, c est trop tard. Et nous ne savons pas franchement ou nous allons, la. Une voiture nous suit. Nous decidons de demander leur avis aux mexicains qui visitent comme nous. 

Eux non plus ne savent pas trop ou ils vont, en tout cas ils ne pensaient pas la route si longue et si peu pratiquable, eux non plus. Nous decidons de faire demi tour et de prendre une autre route demain matin. La jeune femme nous indique au passage que les voitures louees sont reperables a leur plaque d immatriculation ecrite en lettres rouges. Les locaux sont en noir. Nous sommes encore dans nos recriminations contre ce flic qui s est paye un coup a notre sante, et comprenons que les touristes sont tres facilement reperables avec ce systeme. Gare, donc...

 

Nous repartons donc vers le camping, mais decidonc de nous baigner d abord sur la plage idyllique !

Entre deux baignades, Titi tente de decrocher une noix de coco avec un baton. Mais elles sont sacrement bien fixees et ne tombent pas facilement ! De toute facon nous n avons que le canif de Etienne pour les ouvrir, autant dire que si une noix etait tombee on n aurait jamais pu en gouter ni le jus ni la chair...

Deux mexicains et un touriste peche sur la plage, a dix metres du sable. Ca m intrigue. u est-ce qu on peut donc bien attraper si pres de la terre et avec si peu de profondeur ? Apparemment ce sont de petits poissons blancs et jaunes tres longs, au nez un peu en trompette. Mais ca me parait toujours curieux, car ils sont si plats et maigres que je ne vois pas ce qu on peut bien trouver a manger sur ces poissons...

Le soleil se couche alors que nous reprenons la voiture pour rentrer. Nous n avions pas pris nos serviettes, du coup nous avons attendu de secher au soleil. Mais l eau est si bonne et le vent si doux que c est agreable de secher comme ca...

Nous en avons polur une bonne demi heure pour revenir sur la route asphaltee. La balade etait vraiment chouette. Nous nous mettons d accord pour tenter demain une autre route qui part plus loin sur la federale et s enfonce dans la reserve jusqu au bord de la lagune. La nous devrions prendre une lancha pour rejoindre Punta Allen, d ou partent des bateaux pour des excursions dans la reserve. Avant de rentrer au camping, nous allons boire un verre dans un bar a paillotte a Tulum pueblo. Titi teste le mezcal. Tant qu a faire d etre en centre ville, nous nous mettons a la recherche de quelque chose a grignoter. Mais nous nous confrontons a un petit probleme que j avais deja remarque : la restauration ferme super tot au Mexique ! Passe 21h on ne trouve plus rien a manger. Les trois quarts du temps, en tout cas. Nous finirons par trouver une petite pizzeria toute simple, ou nous mangerons des pizzas enormes dans une ambiance 100% mexicaine qui ravit Titi. 

La soiree est douce. Nous rentrons au camping dans la nuit, le clair de lune est superbe et decidemment nous aimons notre bout de plage. Le vent s est leve, nos voisins sont partis, c est vraiment paisible et beau... Tout comme le reveil avec le lever de soleil sur la mer. Apres le petit cafe du matin, nous demontons les tentes et partons chercher la fameuse piste qui demarre un peu plus loin, sur la federale en direction du sud. Etatn donne que nous sommes partis toute la journee hier, nous n avons pas regle pour la nuit que nous venons de passer au camping. Lorsque nous sommes rentres la veille, le bureau etait deja ferme. Ce matin, il n est pas plus ouvert... La tentation est grande de partir en catimini. Alors que nous sommes sur le point de partir, nous croisons le seul employe sympa, celui qui nous avait dit ou nous garer le jour de notre arrivee. Par acquis de conscience, nous le prevenons que nous n avons pas paye la veille. L employe nous dit que le bureau ouvrira plus tard. De toute facon vous revenez ce soir ? nous demande -t-il. Oui oui - repondons-nous honteusement, alors que nou sn en avons pas l intention. Bah, vous pouvez payer ce soir ! D accord, pas de probleme ! Bonne journee ! Et hop, nous voila partis sans payer et contents d economiser des sous...

Nous prenons la federale sur une bonne vingtaine de kilometres, et manquons l entree de la piste ! Evidemment, elle demarre au milieu de rien, pile a l endroit ou le panneau indique que c est la qu il faut tourner ! Il nous faut donc faire demi tour car il etait impossible d anticiper.

 

Et nous sommes tout de suite plonges dans le coeur du sujet ! Ca demarre directement par de la terre et des nids de poule enormes ! Je consulte la carte... ah bah c est ca, on en a pour 60 kms sur cette piste...

Il est tot, mais il nous faudra bien 1h30 pour arriver a destination au milieu de ce noman s land ou nous ne rencontrons quasiment personne. De chaque cote de la piste s etend la reserve. Le feuillage est dense, les arbres pas bien hauts mais on a l impression qu il est difficile de se frayer un pasage la-dedans. Titi se met a rever, tout heureux d etre dans la jungle. Je suis heureuse aussi, mais j angoisse un chouilla a l idee de suivre Titi dans ses envies d exploration de la jungle.

Quels chemins peut-on emprunter ? Y a-t-il la moindre signalisation ? On na pa de carte, on ne connait ni la flore ni la faune de cette foret, et le sol mou et spongieux ne m inspire pas du tout. De panneaux nous indiquent regulierement des limitations de vitesse (bah de toute facon on ne peut pas rouler a plus de 30) pour proteger les animaux. Et ces panneaux montrent des images de singes, de felins, d oiseaux, etc. Super rassurant, quoi ! Titi, lui, guette l occasion. Moi je me motive pour ne pas le refreiner dans son envie, sachant que je suis aussi contente de sa presence pour ca : pour ces envies dingues que je n oserais pas avoir si j etais toute seule.

En tout cas pour l instant nous n en sommes pas la, nous sommes en train de rouler vers le ponton.  Et c est long ! C est super chouette d etre la tous les deux et tout seuls, mais la route est vraiment affreuse. Si nous nous arretons, nous n entendons presque que le silence autour de nous. Etrange, nous aurions pense que la jungle etait plus bruyante. On entend bien quelques oiseaux mais sans plus. Enfin, la route se degage sur les cotes. Nous aovns la aussi roule un moment entre les eaux de la lagune. C est super assurant de se sentir seule au milieu de rien, avec de l eau de part et d autre de la voiture, et dans l impossibilite immediate de faire demi tour en cas de probleme vu l etroitesse de la route... Mais apres ce passage, nous arrivons sur de la terre plus dure et apercevons la-bas au bout un ponton ! Hourra !

..... Mais sur ce terre-plein de 10 metres sur 10, nous dechantons illico... Il n y a pas un chat ! Pas ame qui vive. Tout juste deux voitures garees, une paillotte defoncee et vide et un panneau informant le passant que nous sommes dans la reserve de Sian Khan et que l Etat preserve cette nature...  Bien bien bien... Super... Nous commencons a nous demander s il ne fallait pas arriver plus tot, et si nous n avons pas loupe les navettes du matin. En face de nous, de l autre cote de la lagune, doit se trouver Punta Allen, c est sur. Nous apercevons des lanchas a mopteur qui longent la cote, mais aucune ne semble vouloir tourner pour venir de notre cote. On peut toujours tenter de heler quelqu un ou de faire de grands signes, personne ne nous verra ni ne nous entendra. 

 

Titi a un petit creux. Il retourne a la voiture chercher du pain, du fromage et du jambon. En pique niquant sur le ponton, nous faisons le point : bon et bien voila, nous n aurons pas de bateau, l expedition de la journee s arrete la pour ce qui est de la grande aventure en lancha dans la reserve... Allonge sur le ponton, Titi observe les poissons qui tournent autour des pieds du ponton. Il fait bien sur une chaleur torride. Nous apprendrons plus tard qu il fallait arriver avant 10h pour prendre un bateau. 

Au bout d un moment, nous remballons et faisons demi tour. C est reparti pour 60 kms de piste. Entre temps, Titi lance l idee de s arreter au bord d un des chemins que nous avons apercus parmi ceux qui partent dans la jungle. Pourquoi pas laisser la voiture et s aventurer dans la foret ? Hein ? Elle est pas belle mon idee ?  Gloups, "je dis oui pourquoi pas, allons-y" en pensant "au secours mon dieu on va se perdre et se faire devorer par des araignees et des jaguars !" 

Nous roulons sur la piste, lorsque nous entendons un bruit, un cri d oiseau. Je stoppe, Titi sort. Il tente de s approcher de l oiseau, mais celui-ci s enfuit. Je n ai rien vu. Emmerveille par la nature, Titi commence a marcher dans la foret. Je le suis des yeux, reperant son sweat noi a travers les branchages. Ici les arbres sont moyennement hauts, et suffisamment espaces pour qu il puisse s aventurer un peu sans etre trop gene par la vegetation. Par contre il est difficile de ne pas faire de bruit car le sol est recouvert de feuilles qui et de bois qui craquent sous ses pieds, comme sous les miens quand je decide de faire deux ou trois metres a sa suite. 

Une voiture arrive dans le sens oppose. Je dois vite remonter dans la voiture et m avancer pour que nous puissions nous croiser a un endroit suffisamment large pour ca. 

J attends du coup dans la voiture que Titi revienne. Lorsqu il revient, ses yeux sont illumines et il a un petit sourire. Il n a pas vu d animaux mais il est heureux, ca se voit, et il creve d envie de dormir ici ou dy passer des heures en silence a observer la nature ou la parcourir a pied. 

Nous allons un peu plus loin, et je me gare a un autre endroit. 

Cette fois je coupe le moteur et descends avec Titi. Avec ma peur sous le bras et mon appareil photo a la main, je le suis a dix metres de distance. Le sol est mou sous mes pieds, beurk j aime pas ca. Je ne vois pas sur quoi je marche car il y a des feuilles partout. Mais il aut avouer que tout est bien calme et qu apres tout, ce n est que la foret et ca n a pas l air bien dangereux. Titi contemple les arbres, avance lentement, s accroupit, cherche au loin la trace d une vie animale, photographie des plantes, des arbres. J avance en me raisonnant. On ne voit plus la voiture et je me demande comment on va retrouver notre chemin. Nous faisons quelques virages avant que Titi s arrete pres d un point d eau. Pour moi point d eau rime avec croco. Je n aime pas ca. On s en va, on s en va - je lance des incantations muettes, qui n arrivent pas jusqu a Etienne, et heureusement car je ne veux pas le brider dans son envie. Je ne suis pas une compagne d aventure tres encourageante pour lui, il doit sentir que j attends qu on fasse demi tour. Tout de meme moi aussi j aimerais bien voir un animal. A defaut de voir un animal en chair et en os, tandis que Titi s apprete a contourner le point d eau, je remarque une trace sur le sol boueux au bord de l eau. Dis donc c est quoi ca ?? Je regarde bien, Titi s approche... Mais oui, c est bien une trace de patte de felin ! Bien nette, dans la boue. La vache, elle fait plus de la moitie de la longeur de mes pieds ! C est qu il parait que les jaguars peuvent atteindre 3 metres de long en moyenne, ici. Et quand on voit la taille de la patte, on imagine la taille du reste !

Je suppose qu on va faire demi tour, mais non. Titi reprend sa direction de contournement du point d eau. Moi je ne bouge pas. je sais que ma trouille est irrationnelle, mais c est comme ca. Ce qui m inquiete le plus, en fait, c est de ne pas savoir dans quelle direction aller pour retrouver la voiture.algre tout, la presence de Titi me rassure tout de meme. J ai peut-etre du mal a le suivre dans la foret, mais j ai totalement confiance en lui pour me sauver de situations galeres si on y etait confrontes.

 

Cependant, lorsque Titi finit par faire demi tour et me rejoindre, je le laisse passer devant, persuadee qu il sait tres bien par ou il faut passer pour revenir sur nos pas. Bon, il aura une petite hesitation qui m angoissera deux secondes et demi, mais on n etait tout de meme pas si loin et on retrouvera la voiture sans probleme, a mon grand soulagement. Titi en veut encore. On va essayer d aller trouver un autre chemin. Je fais gloups dans mon coin car moi j ai toujours du mal a avoir envie de m aventurer dans une foret dont nous ne connaissons pas les regles de survie, mais on se remet en route. 

Un mexicain contrariera les projets de Titi ! Alors que nous roulons sur cette piste impraticable, voila que nous arrivons a nouveau en face d une camionnette. Il va falloir manoeuvrer pour se croiser. Le gars est a l arret. Nous attendons, et entendons tout a coup son moteur tourner a vide avant de caler. Ah. Que se passe-t-il ? Le gars tente de demarrer, ca ne fonctionne pas. Une deuxieme fois.. toujours rien. Mince. Nous descendons de la voiture et allons le voir. Il ne sait pas quel est le probleme, mais la camionnette ne demarre plus. Ah bah c est vraiment pas le bon endroit pour tomber en panne, ca ! On est encore super loin de la route en plus !

Le mexicain parle peu espagnol, il doit parler surtout son dialecte. Nous nous comprenons tout de meme a demi mot pour pousser la camionnette sur le cote de la route afin de laisser de l espace pour passer a noter petite voiture. Il faut pouser de toutes nos forces, notamment pour sortir les pneus des nids de poule. Mamma mia c est lourd !! Ouff ! Au bout de cinq bonnes minutes de manoeuvres et de poussees, on arrive a aligner suffisamment la camionnette sur le bas cote pour que notre voiture passe. 

Bon, c est pas tout ca, que peut-on faire pour vous aider, monsieur ? Il nous demande si on peut le deposer chez lui. Mais bien sur, surtout que c est sur notre route. Il prend ce dont il a besoin, ferme la camionnette et embarque avec nous. Pas tres bavard ou a l aise, au choix, il nous dira cependant qu il travaille dans le reseau d apiculteurs de la foret.

Nous faisons bien encore trois quart d heure de route sur cette piste infame avant de retrouver la voie federale. La voiture est couverte de poussiere et a pris quelques coups ! Mais quel bonheur d en finir avec les trente kilometres heure ! Le village de noter passager est a trois kilometres sur la gauche. Emportee par mon elan  au volant, je loupe un dos d ane qui nous fait bien sursauter tous les trois ! 

Arrives chez le monsieur, il nous demande combien il nous doit avant de descendre... Bah, rien du tout voyons ! Il nous salue et rentre chez lui. Nous, morts de soif, on s arrete a l epicerie du village pour acheter la seule bouteille de pepsi qui se trouve dans le frigo ! Ahhh, ca fait du bien.

 

Bon, c est pas tout ca.. Il est encore tot, notre aventure dans la reserve a tourne court, que fait-on maintenant ? On decide de mettre les voiles et d aller vers Bacalar pour y dormir ce soir. Allez zou ! C est parti ! 

Titi prend le volant, j enleve mes chaussures et pose mes pieds nus sur l avant de la voiture, c est franchement sympa d avoir loue une voiture ! La route n est aps hyper interessante, je le sais pour l avoir fait en velo dans le sens inverse. De grandes lignes droites nous attendent, et une longue traversee du desert jusqu a Felipe Carillo Puerto puis de cette ville a Bacalar. Mais ca ne devrait pas nous prendre trop de temps tout de meme.La radio capte des musiques populaires sur une onde identitaire, c est drole, on roule sur des rythmes latinos et la vie est belle ! 

ENfin la vie est belle jusqu a ce que Titi me fasse part de  l odeur de fumee qu il a remarquee depuis un moment. Tu crois ? Je ne sens rien... Mais lui, il sent. Et ca commence a le preoccuper serieusement. Nous depassons Felipe. J avais vaguement dans l idee qu on pourrait aller camper a Mahahual ce soir, mais les choses vont en decider autrement. Alors que nous passons Limones et que le soleil est en train de se coucher, Titi m annonce : il faudrait qu on trouve de l essence.  Ah, on en est ou, la ? - Ben on est sur le rouge. - Pardon ??  La jauge de cette voiture est tres bizarre. Elle est descendue d un seul coup tres vite ! Nous n avons pas vu arriver le rouge, et ca tombe maintenant tres tres mal car nous sommes encore sur la route deserte avant Bacalar. A la sortie de Limones, nous demandons a une dame ou se trouve la station essence la plus proche. Ouf, a 10 kilonetres ! Bon, ca devrait pouvoir le faire... Mais Tit devient vraiment tres preoccupe par l odeur qu il sent toujours. Il s arrete encore un peu plus loin et souleve le capot. En effet, la batterie fume... Titi a deja eu ce probleme la, cette annee justement. Il sait donc ce qui nous attend : la batterie va lacher, nous ne pourrons plus repartir. Avec son canif, il ouvre la batterie. Ca boue a l interieur. On laisse ouvert pour que ca refroidisse un peu. Qu est-ce qu il faut faire dans ces cas-la ? Changer de batterie - me dit Titi. Merdoume... On peut aussi la laisser refroidir, l aider a refroidir avec un peu d eau. Alors qu on discute, un gars s approche. Aux questions d Etienne, il nous indique un copain garagiste pas loin dans le vilage. On peut lui faire confiance, nous dit-il en nous montrant sa carte de flic. Euh bon, merci monsieur. Il s eloigne, on attend toujours que la batterie refroidisse encore un peu car ca boue toujours. Le voisin d en face, qui nous observe depuis une demi heure, s approche alors que la nuit tombe. Il s informe du probleme, et nous recommande aussi le garagiste. Bon bon. En tout cas j apprecie le fait qu ici il est impossible d avoir un pepin sans que quelqu un vienne s interesser a ce qu il vous arrive. 

 

Nous finissons par refermer la batterie et faire demi tour pour trouver le garagiste. Nous trouvons la maison, mais cela semble ferme. Si si, il doit etre la - nous disent deux hommes assis plus loin, en grande conversation. Bon. On y retourne, pour trouver finalement le garagiste en train de manger dans sa cuisine avec sa femme. J arrive, dix minutes - nous previent il. Merci monsieur !

 

Une demi heure plus tard et la nuit etant tombee, l homme arrive et regarde la batterie. Il confirme le diagnostique d Etienne : "Esta batteria esta male". Bon. Selon lui il faudra effectivement la changer. Mais il pense qu elle tiendra jusqu a Bacalar, et verse de l eau dessus pour la rafraichir encore un peu. Et il nous dit qu en utilisant les phares, maintenant que la nuit est tombee, ca va aussi soulager l accumulateur (ou un truc comme ca, parce que moi et la mecanique...)

Super ! On vous doit combien ? Rien du tout ! Titi insiste pourtant pour lui dionner quelque chose, content que ce brave homme nous ait depannes gentiment.  

Nous repartons rassures, prenons de l essence au passage et decidons d aller jusqu a Bacalar ou nous savons ou nous arreter pour camper. Nous retournons en effet la ou je m etais posee en arrivant du Belize, au Green Monkey, sur le bord de la lagune. Et lorsque nous arrivons, nous sommes fatigues de cette journee de voiture, fatigues egalement par nos angoisses des dernieres heures a propos de l essence et de la batterie. Pas forcement dans les meilleures dispositions pour faire face a la petite fete qui nous attend au camping ! En effet, quand nous entrons nous presenter a la reception, qui se trouve dans la piece commune qui fait office de cuisine commune egalement, un joyeux bordel regne dans l auberge. Une foule de jeunes se presse dans tous les coins. Oula, ca fait beaucoup de monde d un coup pour nous ! Il faut passer en mode social en deux secondes trente. Mais ca ne fonctionne pas vraiment, je remarque que ca stresse Titi autant que moi, au contraire ! Ca parle espagnol, anglais, et un peu francais aussi. Le temps que nous nous enregistrions a la reception, la cuisine se remplit. Nous avons faim. Il fait nuit. Nous pensions installer nos tentes d abord, mais comme nous apprenons que l acces a la cuisine est bloque a 22h, nous decidons de manger d abord. Nous allons chercher dans la voiture les pommes de terre et les oeufs pour faire une omelette. Mais quand nous revenons, l espace s est encore remplit, et tout le monde s est mis a cuisiner. C est l horreur ! On se bouscule, on ne sait pas par ou passer pour contourner tous les obstacles humains et materiels, on fait la queue pour utiliser la bonne poele et l econome... Bon, on se detend, on respire un bon coup, on essaie de ne pas se sentir agresse par cette foule joyeuse... Car ces braves gens preparent une fete. Une des employees de l auberge s en va demain, on vient donc d arriver pile poil pour son pot de depart. De nombreux plats sont en preparation pour l occasion, donc il faut essayer de se faufiler jusqu a la gaziniere pour tenter de faire cuire notre omelette. Je decouvre que Titi aime cuisiner pour les autres. Il se charge avec plaisir de nous faire une bonne omelette bien assaisonnee.

Bon gre mal gre, on fait ce qu on peut pour s immiscer dans la foule. Titi me dit qu il a l impression qu on debarque comme des intrus. Je lui rappelle que c est une auberge de jeunesse, et que nous ne sommes absolument pas des intrus mais des guests, comme tout le monde. Moi j ai du mal a supporter le sans gene de certains. Mais en fait, cette situation nous renvoie chacun a nos complexes et nos educations de gens bein eleves et polis, plutot habitues a se taire et se mettre dans un coin pour ne pas deranger et non pas a exprimer ce qu on pense et nous sentir a l aise partout. L epreuve est assez revelatrice, donc... 

 

La bonne omelette met un certain temps a cuire. Un ou deux francais nous adressent la parole, mais on a du mal a entrer dans les conversations. Bref, ce soir-la, on est bien contents lorsqu enfin l omelette est prete et qu on peut se pousser un peu pour aller la savourer sur la terrasse, moins au milieu du peloton. Les cuistots de la fete se sont lances dans des aubergines a la parmesane, et entre celui qui prepare les aubergines, celui qui les plonge dans l huile, celui qui s occupe du four, et celle qui commente la cuisson et les gestes des autres, il faut demander la permission toutes les cinq minutes de s approcher de la poelle...    

Le repas est savoureux, je n aurai pas fait une omelette aussi bonne. Ca fait du bien de manger ! Il faut encore faire un peu la queue pour la vaisselle. Puis pour la douche, Ce soir-la, je zappe la douche ! Tant pis, on a pourtant bien transpire aujourd hui mais je n ai qu une envie, retourner dans ma bulle et sortir de cette foule. Les tentes sont montees pres de la lagune, comme la premiere fois ou j ai dormi ici. Sur le ponton, les jeunes vont faire la fete une bonne partie de la nuit mais je ne les entendrai pas longtemps car dieu merci je peux m endormir dans presque n importe quelle situation. 

 

Le reveil est beaucoup plus calme et detendu. Nous avons decide d attendre de voir s il y avait du vent ou pas pour une eventuelle balade en paddle. Mais finalement nous optons pour un tour en lancha sur la lagune, le lac aux sept couleurs. Ca ne demarre qu a 11h, nous avons donc tout le temps de petit dejeuner tranquilou et de nous reposer un peu avant. Pendant cette attente, nous faisons la connaissance de Marie. Francaise du sud, elle commence a discuter avec Titi. Et voila une rencontre qui nous fera bien plaisir, car cette fille est simple, chaleureuse et amicale. Elle voyage seule, et trouve un point d accroche avec Titi autour du livre "Le pouvoir de l instant present." 

Je decouvre que ce livre a tout de meme son impact sur les gens, comme il en a eu un sur moi. Tous les trois, nous sommes tombes sur ce livre a un moment ou nous ramions pas mal dans nos vies, et il a ete d une grande aide pour chacun de nous. Le debut d une prise de conscience. Ca m etonne d autant plus, dans mon cas, que je suis tombee dessus totu a fait par hasard. En deplacement professionnel a Calais, je m etais retrouvee coincee a Lille par suite d une tempete de neige qui avait arrache des catheter. J ai du prendre une chambre d hotel pour la nuit. N ayant que mon ordinateur sur moi, je suis allee chercher une brosse a dent dans un magasin. Et en passant devant le rayon librairie du magasin je me suis dit laissee tenter par l achat d un bouquin, histoire de lire dans ma chambre d hotel. Je ne suis pas du genre a acheter les livres dont la 4eme de couverture annonce que le bouquin que je tiens dans les mains a "deja change la vie de millions de personnes"... En general je les repose tout de suite, ceux-la. Mais quelque chose a retenu mon attention. Le sujet, la facon d ecrire. Allez hop, il a atterri dans mon panier. Et je ne l ai pas regrette, le fait est que je l ai devore et qu il m a aidee a prendre conscience de certaines evidences. Du coup ca me fait sourire d entendre que Titi vient de le devorer aussi, et qu il a ete le livre de chevet de Marie pendant un an. Comme par enchantement, ce livre se trouve d ailleurs, en anglais, sur une petite table de l auberge de jeunesse. Nous voila donc partis dans de grands discours philosophiques avec Marie et la conversation est bien sympa.  

 

L heure de la balade a sonnee. Nous saluons Marie, et embarquons sur la lancha qui nous emmene sur la lagune en compagnie d une jeune mexicaine de Veracruz, une jeune touriste etrangere et une mexicaine plus agee dont j ai oublie l origine. La couleur de l eau est sublime, et nous partons radieux sous le soleil. Le premier arret nous permet de nager dans un cenote qui n est pas dans une grotte. Nous avons un masque, mais comme je ne vois qu un trou noir qui s enfonce sous mes pieds, evidemment ca me rassure moyen et je reste le plus possible proche du bord. Mais il y a un arbre sur la rive, qui etend ses branches au-dessus du cenote. Notre guide nous invite a sauter depuis une branche qui se trouve a 8 ou 10 metres de hauteur. Titi grimpe. Il execute un superbe saut bien droit qui arrache des ohhhh emerveilles de mes compagnes de barbotage.  Alors que la touriste grimpe a sa suite, je decide de me lancer la prochaine. Ca fait trois jours qu on parle de "se lacher" avec Titi, et je sens que ce saut me fiche la trouille. Donc j y vais. Et je ne suis pas fiere une fois la-haut, mais c est tout l interet de l exercice : convaincre mon cerveau que vraiment il n y a aucune raison d avoir peur. Ah si c etait aussi facile de depasser mes peurs plus profondes !  En tout cas la sensation du saut dans le vide est vrraiment chouette ! 

On repart pour un autre arret dans un autre cenote a ciel ouvert et d une eau plus claire. Alors que nous longeons la cote, notre guide nous signale quelques maisons luxueuses puis nous demande si nous savons quel mexicain tres connu dans le monde possede une maison ici (il nous montre laquelle). Tout le monde cherche mais personne ne trouve. Il s agit du "Chapo" ! Notre guide est tout jeune, a peine une vingtaine d annees. Nous ne comprenons pas tout ce qu il dit, mais suffisamment pour sentir l admiration et l estime qu il eprouve pour cet homme qui, comme probablement tous les chefs mafieux, sait acquerir le respect et l attachement du peuple en lui faisant beneficier de son pouvoir et de ses ressources pour l ameliorations de la vie des plus demunis (construction d ecoles, d hopitaux, oeuvres sociales, etc).  

Nous nous eloignons de la rive et passons pres de petites iles de mangroves, avant de nous arreter au canal des pirates, lieu ou l eau est divinement belle et chaude, ou nous avons pied a certains endroits, et ou un etrange bateau de ciment semble echoue. Un promoteur a voulu installer ici un restaurant-bar, mais finalement le projet a ete abandonne en cours de route et tout compte fait l Etat a refuse les permis de construire a cet endroit. Ouf ! On a du mal a imaginer l horrreur qu aurait ete la succession de bars et d hotels venus s implanter ici au beau milieu d un decor de reve.  

Le sable est tout doux sous les pieds. Le guide nous emmene a quelques dizaines de metres, ou la vase est reputee pour ses vertus . Il faut s en recouvrir le corps, laisser secher quelques instants, puis se rincer avec l eau de la lagune. Il parait qu ensuite on ressemble a des appollons - venus a coup sur. Bon, ben moi je vais nager un peu pendant ce temps, et Titi part sonder le sol le plus pres possible de la mangrove. A unmoment donne, il s enfonce franchement jusqu a mi-mollet. Il continue, extirpe ses pieds comme il peut, et s enfonce encore plus. Ca commence limite a m inquieter, car ca n a pas l air simple de sortir de cette vase et moi j ai une trouille monstre des sables mouvants. Mais Titi finit par faire demi tour, non sans quelques efforts. 

 

En tout cas cette balade est vraiment chouette, et si nous sommes decides a remonter sur Tulum ce soir (car on doit rendre la voiture le lendemain), nous aurons tout de meme bien profite de la journee. En tout cas elle demarre bien, et elle n est pas finie.   

De retour a l auberge, nous regrettons de ne pas y retrouver Marie. Elle a du finalement partir se balader. Nous grignotons et flemmardons un peu dans l herbe, jusqu a ce que la jeune filel qui fetait son depart la veille vienne s asseoir pres de nous et nous propose du mate. C est la premiere fois que j en bois. C est tres fort. Par contre j aime bien le petit recipient en bois d ou sort l espece de pipe par laquelle on aspire l eau. C est un joli objet. Titi connait deja le mate. Je ne sais plus de quelle nationalite est cette jeune femme, moitie francaise, moitie quelque chose d autre, elle parle avec un accent et vadrouille depuis quelques temps deja. Elle a visiblement decide de faire sa vie au Mexique. En tout cas c est son projet. On passe un agreable moment a discuter avec elle puis avec une autre francaise qui nous rejoint. On ne voit pas le temps passer, et c est presque a regret qu on se decide a se lever pour faire la route qui nous ramenera a Tulum. C est qu on a encore du trajet a faire et la nuit ne va pas tarder a tomber. 

Entre notre stress de la veille au soir, et le bien-etre de cet apres-midi, on s est beaucoup detendus !!

 

Sur la route du retour vers Tulum, je suggere qu on s arrete a l auberge de jeunesse ou j avais deja dormi quelques jours plus tot. Ces discussions avec Marie et les deux autres filles de l auberge de Bacalar nous ont bien plues, on se sent sociables, je pense donc que ca pourrait etre sympa de continuer notre lancee avec l auberge de Tulum. 

 

Nous y arrivons a la nuit tombee. Et au moment de passer a l enregistrement, voila que Titi m annonce qu il ne trouve plus son passeport... Bon. Pas de panique. On dit q la receptionniste qu on va aller vider les sacs dans la chambre et qu on lui rapporte le passeport quand on l a trouve. Titi ouvre son sac a dos, le grand, le petit, mais pas de trace du passeport... Ca commence a etre angoissant. 

On passe bien dix minutes a tout fouiller. Je le laisse continuer a regarder dans ses affaires et descends a la voiture. 

Entre notre stress de la veille au soir, et le bien-etre de cet apres-midi, on s est beaucoup detendus !!

 

Sur la route du retour vers Tulum, je suggere qu on s arrete a l auberge de jeunesse ou j avais deja dormi quelques jours plus tot. Ces discussions avec Marie et les deux autres filles de l auberge de Bacalar nous ont bien plues, on se sent sociables, je pense donc que ca pourrait etre sympa de continuer notre lancee avec l auberge de Tulum. 

 

Nous y arrivons a la nuit tombee. Et au moment de passer a l enregistrement, voila que Titi m annonce qu il ne trouve plus son passeport... Bon. Pas de panique. On dit q la receptionniste qu on va aller vider les sacs dans la chambre et qu on lui rapporte le passeport quand on l a trouve. Titi ouvre son sac a dos, le grand, le petit, mais pas de trace du passeport... Ca commence a etre angoissant. 

On passe bien dix minutes a tout fouiller. Je le laisse continuer a regarder dans ses affaires et descends a la voiture. 

Et je trouve le passeport, qui avait glisse de la poche de Titi sur le siege passager, pour tomber entre la porte et le siege. Ouf ! Quel soulagement ! Je suis bien contente de lui remonter son passeport et de le voir se detendre un peu car il commencait a bien stresser tout de meme !

 

Un peu plus tot dans la voiture nous avions constate que la batterie de la voiture se comportait bien. On n a donc touche a rien, esperant que tout se passe bien jusqu a Cancun. Finalement tout se passait bien ! Le coup du passeport volatilise nous fait rire, tout comme celui de la batterie. En fait, il eut ete surprenant qu'on ne rencontre pas ce genre de galeres, tous les deux ! Titi a d'autant plus paniqué pour son passeport, qu il avait tout de meme reussi a saute de l'arbre, lors de notre balade dans la lagune, avec les poches de son maillot de bain pleines ! En sortant de l'eau, il a fait "oups..." et sorti de ses poches un paquet de cigarettes mouillé, des sous, son briquet... Du coup il a eu peur que son passeport ne soit resté dans l'eau... Mais tout était bien qui finissait bien.  Enfin Titi s'apercevra tout de même qu il a oublié sa serviette de toilette a Bacalar !... 

Nous redescendons a la reception, et demandons des infos sur les moyens d aller a la reserve de Sian Khan pour y faire une excursion. Titi a toujours une tres forte envie de faire une randonnee de deux - trois jours dans la jungle. Nous rencontrons Frankie, un irlandais installe depuis plus de dix ans au Mexique, marie a une mexicaine et papa d un petit garcon de cinq mois. Frankie organise des excursions. Il va bientot lancer un projet d excursions en velo dans la region. Il nous propose une journee qui demarrerait a 14h, pour nous emmener visiter les ruines de Muyil, puis partir en lancha sur la lagune. Nous prenons dix minutes le temps de la reflexion et le faisons rappeler pour lui confoirmer la balade. On a un gros avantage avec lui : il parle francais. On va donc pouvoir beneficier de toutes les explications et discuter avec lui autant qu on veut puisqu on sera seuls. 

Titi est aux anges, et ca fait plaisir ! Nous allons diner dans le resto a paillotte ou nous avions deja ete boire un verre, car Titi souhaite gouter un plat typiquement mexicain. Apres les emotions de la fin de journee, c est bon de se poser en se disant que demain on peut faire la grasse mat. Pourtant on ne se reveillera tard ni l un ni l autre. On se donne quartier libre pour la matinee. Etienne se plonge dans la suite de L Audace de vivre, et je pars ecrire un peu sur le blog. Lorsqu on se retrouve a midi il fait deja trop chaud ! C est assommant. On crame et a l auberge il est difficile de trouver un peu d ombre. Apres le traditionnel sandwich jambon sans gout - fromage fade, nous attendons Frankie, qui arrive a 14h10. Nous chargeons les victuailles qu il a apportees avec lui et partons pour aller a Muyil. Tout de suite le courant passe avec Frankie, et c est franchement super agreable d avoir affaire a quelqu un qui connait bien la region et le pays, et qui prend plaisir a nous expliquer l histoire, les us et coutumes. 

Des le debut de la balade a Muyil, nous partons dans de grandes discussions. Titi a lu pas mal de coses ou connaissait deja un peu l histoire de ces regions, on peut donc se lacher et poser pleins de questions sur les civilisations, la faune, la flore. Frankie prend autant de plaisir que nous a parler et expliquer, du coup nous passons vraiment un tres bon moment. Je mets grace a lui des noms sur des arbres que je vois depuis un bout de temps, notamment le fameux ceiba, l arbre sacre mdes mayas, dont l ecorce est etonnante : elle comporte des especes de grosses epines sur une bonne longueur du tronc. Ses feuilles aussi sont bizarres, elles ressemblent a celles du canabis ! On voit aussi le sapotier, qui fournit le chicle, gomme qui sert a faire des chewing gum, mais aussi le fruit sapote qui est delicieux. Certains arbres - dont j ai bien sur oublie le nom - ont des branches qui descendent sous forme de lianes, droit vers le sol, pour aller planter de nouvelles racines qui a leur tour vont fortifier, grossir et venir etouffer l arbre-pere. On voit bien comment les jeunes arbrisseaux viennent enrober tout a fait le vieux tronc pour le recouvrir presque entierement. C est beau, ca sculpte de jolies formes naturelles. 

Entre la decouverte de la nature et les mille et une questions sur les mayas, azteques, olmeques, tolteques, etc, nous passons deja presque deux heures sur le site de Muyil !

Bon ben on n est pas en avance ! Mais il faut dire que c est vraiment super sympa de passer l apres-midi comme ca... si ce n est que je me fais devoree par les moustiques ! Je n ai pris aucun vetement couvrant les jambes et les bras, les mosquitos s en donnent a coeur joie. Et les taons aussi.  Heureusement ca gratouille sur le moment mais ca ne me demangera pas plus que ca. 

Nous quittons le site de Muyil par un petit chemin dans la foret qui nous amene a un mirador. D en haut, la vue est vraiment chouette ! On domine la reserve. on apercoit la lagune plus loin. Il y a un peu de vent, mais c est calme. Puis nous rejoignons Frankie un peu plus loin pour filer en lancha sur la lagune. Le conducteur de la lancha, un des rancheros du parc, fait la tronche. On est en retard. Ils ne vont pas tarder a fermer le parc. Il fonce donc sur la lagune.  Nous faisons un stop au niveau d une petite ruine perdue au milieu de la mangrove. Je ne comprends pas comment les mayas ont pu construire du solide sur un sol entoure d eau et qui me parait tres meuble... Je ne comprends pas non plus comment les jaguars peuvent habiter ici, c est plein d eau partout et si j etais un jaguar je prefererais dormir au sec. Mais Frankie nous assure qu ils ont tout ce qu il leur faut pour vivre ici et qu ils s y trouvent bien. Nous laissons la lancha pour un petit moment de serenite totale. Frankie nous passe des gilets de sauvetage que nousmettons entre les jambes comme une couche. Nous descendons dans l eau a l entree d un petit canal, et... nous nous laissons porter par le courant a travers la mangrove. Il n y a pas beaucoup de profondeur ici, parfois on touche le sol en-dessous. Le canal doit faire trois a cinq metres de large, pas plus. La sensation est vraiment agreable, on avance tous seuls, tranquillement, dans le silence. Titi est etonne de ne pas entendre plus de bruits que ca dans la foret et ici. Pour lui, la jungle et la mangrove grouille de vie animale donc il s attendait a ce qu on entende plus de vie. Mais a part un oiseau noir a aigrette rouge qui s envole d un coup, on n entend ni ne voit pas grand chose. 

Nous derivons sur un kilometre, c est super zen et agreable. De retour sur la lancha, le conducteur fait toujours la gueule et il mettra le turbo pour rentrer. Il zigzag avec adresse dans la mangrove, j admire ses talents de pilote ! 

La journee se termine. On a vraiment passe un excellent moment. A la reflexion, je trouverais tout de meme que c etait cher pour passer deux heures sur un site qui doit se faire d habitude en une demi heure et pour voir une petite ruine au milieu de la lagune. Frankie fait son beurre, y a pas de doute ! Mais il est vraiment difficile de regretter la depense quand on rentre aussi contents et rassasies de connaissances, de discussions et de jolies choses entrevues.

 

Ce soir-la, nous retournons nous installer au camping de Santa Fe.  J ai d ailleurs dit des aneries. C est cette nuit-la que nous ne paierons pas. Arrives de nuit, nous ne trouverons personne a qui regler les frais. Nous faisons notre popote, bien contents de retrouver notre petit coin de paradis. C est vraiment chouette de cuisiner au rechaud. Titi est aussi fan que moi. On est contents de notre premiere viree de cinq jours, on a deja vu plein de belles choses et les quelques galeres qui ont voulu pointer le bout de leur nez ne nous ont pas eus au tournant. Le lendemain il faut partir tot car nous devons rendre la voiture a 12h au plus tard.

Et c est en partant tot (enfin a 8h30) le lendemain que nous croisons le gardien a qui nous assurons que nous reviendrons le soir et paierons a ce moment-la pour la nuit que nous venons de passer sous la tente en catimini...

 

Back in Cancun ! Nous posons d abord les affaires chez San Patricio, avant d aller rendre la voiture. Celle-ci etait plein de sable a l interieur comme a l exterieur, nous avons donc cherche une station pour la laver avant de la rendre. Quelle galere ! On a pas mal tourne avant d en trouver une, et pour decouvrir qu il faut payer un service pour ca. On ne lave pas sa voiture soi-meme. Bon, on a patiente en attendant que la voiture nous soit rendue toute propre.

Tout se passe bien au moment de rendre cette voiture dont la batterie s est mise a fumer, et qui brinquebalait a chaque cailloux. Nous voila a nouveau a pieds. Au San Patricio, on a failli ne pas avoir de place. En effet la posada est quasi requisitionnee pour les equipes de basket-ball de Cuba !  

Toujours interesee par les evenements sportifs, je me renseigne. Que se passe-t-il donc a Cancun pour que les equipes feminines et masculines de basket de Cuba soient presentes ? Kenny, un des receptionnistes, nous expliquent qu ils participent a un tournoi international. Super ! Dans ses explications, j entends le mot "olympic".  Et j en deduis tout de suite : bien sur, il doit y avoir un des tournois de qualification olympique ! Et j apprends que le tournoi se joue pas loin d ici, a cote de la maison de la culture. Genial ! Je previens Titi que je suis grandement interessee, ne serait-ce que pour un voir une deni heure de jeu (parce que tout de meme je ne suis pas fan de basket). Toute a mon idee qu il s agit du tournoi de qualification olympique, je ne fais pas vraiment attention au physique des joueurs et joueuses. Pourtant le soir quand ils s affairent autour de la cuisine et qu ils vont se poser pour boire un verre sur les chaises installees dehors, nous remarquons des petits bidons. et des cheveux blancs... Etonnant. Et c est la que jouent les a priori : ne connaissant rien au niveau de Cuba en basket, apres tout ca ne me surprend pas plus que ca, en fait. Je n imaginerais pas une seconde un joueur americain avec ce physique-la, mais un cubain... ca reste credible, pour moi. Ce n est qu un tournoi de qualif, au fond. Je suis bien un peu surprise aussi que l equipe nationale soit logee dans la posada la moins chere de Cancun... mais la aussi, ca reste credible, pour moi... 

 

Le lendemain matin, nous nous donnons comme programme d aller jeter un oeil a la competition, et de trouver un parc pour se poser tranquillement et elaborer la suite de notre parcours yucateque. Une des joueuses nous a dit ou se tenait la competition. Ok, on va passer vous voir ! - dis-je joyeusement. La joueuse a l air un peu surprise mais sourit. Et un peu plus tard, en fin de matinee, nous partons a la recherche du gymnase. Nous mettons une demi heure pour y arriver a pieds. En approchant des portes, je suis etonnee : il n y a pas un panneau, pas une pub, aucune affiche, c est tout de meme curieux. Et a l interieur, c est pas plus reluisant. C est presque aussi classe et rempli que le tournoi de volley municipal de Comitan ! Deux equipes s affrontent sur le terrain, et la vraiment on voit qu il y a un probleme : ok les joueuses ont le maillot de l equipe nationale sur le dos, mais les gros ventres, les courses essoufflees, les gestes tout sauf vifs... tout crie que ce tournoi n a rien d olympique ! Je m approche d un arbotre qui porte l ecusson de la federation internationale de basket-ball et me renseigne.  Et voila la cle de l histoire : oui c est un tournoi officiel, mais un tournoi de veterans. Alors certains des joueurs qui sont ici ont effectivement, dans la passe, joue en professionnel et aux JO, mais c etait il y a bien longtemps. D accord ! Je comprends mieux... On regarde un peu, du moins moi, car ca m amuse toujours. Je trouve l occasion de discuter avec les joueuses du Salvador et de feliciter les mexicaines qui vont en finale. Ce tournoi vient d etre mis en place par la fede internationale de basket, il aura lieu tous les deux ans.  Et je trouve que c est une bonne idee. Les yeux des joueuses du Salvador brillent quand elles evoquent la belle epoque. Elle me prennent pour une joueuse de basket, mais je corrige et redis cependant mon enthousiasme pour n importe quel sport, surtout ceux d equipe, tout de meme.

Mais bon allez, c est pas tout ca, bonne chance pour demain et moi je pars retrouver Etienne qui cherche sans trouver un coin sympa ou s asseoir a l ombre autour de ce gymnase pourri. 

Nous nous mettons en quete de cartes IGN ou de plans plus detailles de la region. Mais nous faisons chou blanc partout. Impossible de trouver autre chose que de grosses cartes touristiques absolument pas precises. Bon... Ca va etre complique de suivre nos propres routes, encore plus pour partir a l aventure dans la jungle.  

 

Nous retournons vers la place familiale qu on avait bien aime le soir de l arrivee de Titi. Un spectacle a lieu avec des enfants. Deguises en reines et rois, ils recoivent des prix et des applaudissments, tout fiers d etre si beaux. C est mignon. Sur notre petite place du concert des Quetzal roots, tout est calme, en ce debut de soiree. C est la que nous decidons de nous poser, sur un banc, pour lire le routard et elaborer la suite du parcours. L idee germe d une tentative de balade en velo depuis Merida sur la Ruta Puuc. Mais dois-je partir avec mon velo alors qu on ne sait pas si on en trouvera a louer depuis Merida pour plusieurs jours ? Si je ne pars pas avec le velo, il faut que je le laisse encore en garde au Mundo Joven pendant dix jours. 

Bon, on decide de laisser le velo ici, de partir en bus demain pour Valladolid dans un premier temps, et daviser a Merida sur les possibilites de balades en velo. Nous dinons pas cher dans un des petits restos de la place, au son des chanteurs massacrant a peu pres tous les styles. Les musiciens tentent de gagner leur vie et jouant parmi les badauds. Certains devraient choisir une autre filiere que la musique, mais apres tout,... Un peu plus loin, on en trouve un autre que je prends au debut pour un comique, Mais non, il tentait vraiment de chanter du mieux qu il pouvait...

 

Je repasse au Mundo Joven pour laisser d autres affaires sur le velo. Au retour au Patricio, Titi fait lui aussi un tri et decide de laisser un petit sac a dos. Kenny, le receptionniste, se propose alors de le garder gratuitement. Il me demande d abord pourquoi je n ai pas laisse mes affaires chez eux. Je lui rappelle que son boss ne voulait pas prendre la responsabilite de garder mon velo. 

Kenny joue le super pote. Lui il essaie de faire comprendre a son boss que les clients ont besoin de certains services, et que c est en proposant ces services qu il augmentera sa clientele. Il se trouve que visiblement on est super sympas, et Kenny croit tres fort en l amitie, donc il insiste pour garder le sac de Titi gratuitement pendant dix jours. Il nous fait meme signer un papier disant qu on lui a remi sson sac et qu on le reprendra tel jour. Bon. On finit par le lui laisser, en se demandant si on fait bien... Titi n a mis que des vetements dans ce sac, menfin tout de meme... Quoi qu il en soit, c est fait. 

On va se coucher. Il doit etre plus d eminuit, lorsque Kenny me reveille dans le dortoir. Il a bu, il tient compagnie aux joueurs cubains. Excuse-me my friend, mais est-ce que tu pourrais me preter 200 pesos ? Je te les rends demain. Mais demain on s en va tot... Ah, alors je te les rends quand vous revenez, dans dix jours. Pffff..... Je decide de lui donner un billet de 100 pesos, estimant ainsi que la garde du sac n aura pas ete gratuite et qu on en restera la. Et je me rendors.

 

 

Nous voila donc partis cette fois-ci avec le sac sur le dos, direction la station de bus apres le petit dejeuner ! Mon sac n est pas franchement un sac a dos, mais ca fera l affaire. Simplement je l ai boucle trop vite, car dans le bus je m apercevrai que j ai emporte le rechaud et les gamelles... mais pas la bouteille de gaz ! Et ca, c est vraiment nul car on a rate pleins de bons petits repas cuisines par nous-memes pendant dix jours !

 

A la station ADO, nous mettons du temps pour comprendre que finalement c est une autre compagnie qu il faut prendre. Oriente nous emmene donc en trois heures a Valladolid, ou nous arrivons en fin de matinee. C est chouette de changer de decor. La ville est tres differente de la cote caraibe.  

Nous voila dans une ville moins haute, avec ses maisons colorees, ses boutiques qui ne ressemblent pas a grand chose, sa publicite a coup de haut parleur y compris pour les produits de la pharmacie, ses marchands de mais grille et de tacos ambulants. Il fait une chaleur accablante, comme toujours. Nous avons l adresse de l auberge de jeunesse. On ne met pas trop longtemps a la trouver, elle n est pas loin de la station de bus.  Le dortoir est grand et haut de plafond. Dehorts, assis a la table de la terrasse, un allemand nous accueille. Enfin qu a-t-il dit exactement ? S appelait-il Hans ou bien autrement ? J avoue que ma memoire me joue des tours. Titi se souviendrait mieux que moi. Quoi qu il en soit, cet homme d une petite quarantaine d annees probablement est moitie allemand moitie italien ou espagnol, si mes souvenirs sont bons. Oui c est ca, il est moitie espagnol, mais je crois qu il vit plus ou moins en Italie ou... Bref, peu importe. Ce brave homme me perturbe. Il tente de se montrer sympathique, mais d une maniere un peu seche qui a tendance a me braquer.  

Avez-vous vu ceci ou cela ? Euh non, mais d un coup, allez savoir pourquoi, je m en sens coupable ! Me donne-t-il un conseil ou un ordre, la ? Dans le jardin, au fond, il y a des fruits. Et par les trous dans le mur on peut voir les poules et les oiseaux du voisin, allez voir ! Euh, a vos ordres, enfin je veux dire, merci monsieur...  Bon j exagere un peu, mais ce type m a toujours mise mal a l aise. Il est venu faire des recherches, je crois. Il va bouger en Amerique latine. En tout cas il nous fait gouter de tres bons fruits qui ont le gout de citron. Les fruits sont dans une coque, sur les branches coupees d un arbre qui a ete elague. Un peu comme ceux que j avais goutes avec Sauveur au Guatemala, c est a dire avec la meme coque que les feves ou petits pois. Mais cette fois la coque est seche et fine et s ecrase facilement pour laisser sortir les fruits duveteux. La couche qui recouvre le noyau est tres fine elle aussi. Du coup on suce une substance un peu farineuse qui laisse un gout de frais et de citron dans la bouche. Titi en sera tres friand. On decide d en prendre quelques-uns et de les mettre dans le sac a dos pour la balade de cet apres-midi. Nous avons repere deux cenotes a environ 6 kms de Valladolid. Nous avons envie d y aller a pieds. Nous voila donc partis sous la chaleur intense, comme toujours, , charges de bouteilles d eau et de fruits citronnes !

 

Nous sommes contents de partir a pied, ca fait du  bien de sentir son corps vivant, mais force est de constater que la route n est pas des plus exotiques et belles pour la randonnee. On longe la route, en fait, sur quasiment les 6 kilometres. Du coup c est moyennement interessant. Mais n importe, je suis heureuse de me degourdir un peu les jambes ! Meme si evidemment au bout de cinq minutes on est trempes de sueur. 

Nous arrivons aux cenotes de Samula et de Xquequen. Ce sont les premiers que nous voyons. Et c est vrai que ca fait des piscines originales ! Le puit de lumiere donne de jolies couleurs a l eau et a la grotte, ce qui ne se voit pas sur mes photos car je ne m en apercois pas encore mais mon filtre est desormais tellement raye que mon objectif ne sait plus sur quoi faire la mise au point. Autrement dit, sans que j en sois bien consciente, a partir de la toutes mes photos vont etre a peu pres floues. Je m en rendrai compte un peu plus tard et demanderai a mes parents de m acheter un nouveau filtre et de me l apporter a Riga, car je n en trouverai ni a Merida ni a Cancun. 

En tout cas, c est joli un cenote ! Bon, il faut tout de meme avouer que dans le premier que nous visitons nous avons d abord une montee d angoisse. Il y a beaucoup de monde, la-dedans ! Ca casse un peu le charme. Si Titi s imaginait qu on allait partir en balade en nature tout l apres-midi et decouvrir, au detour d un chemin, une grotte ou nous serions les seuls a descendre pour profiter de ce cadre assez magique pour nager et explorer les cavernes... et bien on est loin du compte et je le sens un peu decu. Mais il fait contre mauvaise fortune bon coeur, et nous sautons dans l eau tous les deux - moi pour barboter trois minutes histoire de dire que j ai nage dans un cenote, lui un bon quart d heure, en allant voir les coins obscurs, pour mieux observer les scultpures formees par l erosion et les eventuelles entrees de cavernes subaquatiques. 

Peu a peu les gens s en vont, et plus les minutes secoulent plus je trouve que ce cenote est vraiment sympa. En plus il y fait un peu plus frais que dehors, ce qui n est pas desagreable !

Des especes de petits poissons noirs a moustaches nagent dans le bassin. 

Pour aller voir le deuxieme cenote, il faut traverser un couloir de boutiques a touristes. C est assez deprimant de voir comme ils peuvent saboter un joli coin de nature en nous etouffant avec leurs stands de souvenirs. Mais il faut bien qu ils profitent de l opportunite pour gagner un peu d argent... 

Le deuxieme cenote est egalement joli. AU milieu du bassin se dresse une petite ile sur laquelle nous montons avec Titi, pour nous donner l illusion d etre des Robinsons pendant dix secondes. Mais on se fait rappeler a l ordre par le gardien. On a franchi la corde, il ne fallait pas ! 

 

Apres les baignades, nous remontons et decidons de faire le chemin du retour en bus car la route n a pas suffisamment de charme pour que ca vaille le coup de la refaire a pieds. On s enquiert de la situation de la station de bus. Evidemment a l entree les gars nous ont dit qu il n y avait que des taxis, pas de bus pour retourner en centre ville, mais ca nous parait franchement douteux. Des locaux a qui je m adresse nous montrent la route sur laquelle - disent-ils - passe le bus. On s asseoit donc sur le trottoir pour attendre. Pas trop certains de notre fait, tout de meme, nous demandons a une jeune femme qui semble attendre elle aussi, dans combien de temps passe le fameux collectivo. Ah, elle aussi nous dit qu aucun collectivo ne passe ici, elle nous oriente sur les taxis. Flute ! Qui faut-il croire ? Cependant, nous finissons pas comprendre (en discutant avec d autres personnes), que le coin est effectivement boucle par les taxis. Il doit y avoir un deal pour que les collectivos ne viennent pas ici et que ca permette aux taxis de travailler. Bon, alors nous decidons de retourner sur la route principale et de faire du stop. 

Tandis que nous marchons en direction de la route, un taxi arrive a notre hauteur et tente de nous persuader de monter avec lui. A force de discuter, il accepte de nous prendre au tarif que nous aurait couter le collectivo. Allez, c est parti pour un retour en centre ville en taxi ! 

 

Nous allons nous balllader dans le centre de Valladolid. Et nous nous offrons un apero sur la place centrale, tandis que se prepare un spectacle a quelques dizaines de metres. Valladolid vit ses noches de Vaqueria, comme d autres villes du Yucatant dont Merida. Nous avons d ailleurs prevu avec Titi d etre a Merida pour la soiree du dimanche, car les spectacles musicaux de Merida sont fameux en fin de semaine, notamment pour les joutes verbales qui accompagnent ces danses populaires. Vaquerias, jaragna et charangas sont donc au programme. Ces demonstrations de dexterite dans la danse sont entrecoupees de joutes verbales entre hommes et femmes, illustrant l humour et le sens de la repartie qui entrent dans de l art de la seduction dans cette region. Le temps de finir nos bieres, le spectacle commmence. Nous nous approchons. 

 

Ca demarre d abord par des scenes de ferveur religieuse. Puis les danseurs et danseuses se lancent dans des choregraphies sautillantes ryhtmees par les coups de pieds frappant le sol. En solo ou en couple, les hommes femmes aux femmes, les hommes seuls, les femmes seuls, puis avec une bouteille de biere sur la tete, ensuite avec un plateau portant une bouteille et deux verres sur la tete... les danseurs restent toujours bien droits et elegants ! Bon, uin jeune cassera tout de meme sa bouteille, le pauvre, mais sinon vraiment c est impressionnant. 

 

Lorsque le spectacle se termine, on nous annonce une chanteuse qui va se produire de l autre cote de la place. Alors on bouge, pour continuer la soiree en musique. Mais d abord, la faim nous rattrape ! Nous partons a la recherche de quelque chose a manger. En nous eloignant de la place, nous tombons sur un petit musee gratuit et ouvert a cette heure-ci (la nuit est tombee depuis longtemps). Nous avons apercu par une fenetre une jolie petite cour interieure. Nous entrons pour rasssasier notre curiosite sur cette petite cour. Une fois que c est fait, nous remettons la visite du musee a demain et nous sortons, la faim au ventre. Et la, patatras ! Descendant une demi-marche pour retourner sur le trottoir, je sens mon pied droit se derober sous mon poids. Et hop me voila par terre, etrangement tout en douceur, mais j ai eu le temps d entendre un "crac" inquietant. Mince ! Ce n est pas notre journee, car plus tot dans l apres-midi Titi avait glisse sur les marches humides d un cenote pour remonter a la surface. Il s en est sorti avec un bleu sur le genou.

Je teste ma cheville. Mon passe de volleyeuse me permet de connaitre un peu les symptomes des petites et grandes entorses. Heureusement je les ai souvent observes chez les autres, rarement sur moi ! J ai les articulations solides et suis plus sujettes aux petites blessures pas bien mechantes. Bon, je suis debout et ma cheville bouge, donc c est pas grave. Mais tout de meme ca fait mal sur l extension. Zut. Je rassure Titi tout en lui disant qu il y a quelque chose. Je veux acheter de la glace. On fait cinq pas pour s eloigner, et voila que j ai la nausee et la tete qui tourne. Oula, je m asseois illico sur le trottoir. Quand je me sens mieux, je me releve et fait vingt pas avant de ressentir le meme etourdissement. Et bien alors, qu est-ce qu il se passe ? Je m asseois a nouveau et attends de recouvrer mes esprits. Cette fois c est bon, je me releve et me sens mieux. Par contre ma cheville a gonfle et un joli oeuf de poule a fait son apparition. On trouve facilement des glacons et je les applique sur ma cheville le temps qu on commande des plats a emporter. J ai eu peur d etre handicapee pour notre future balade en velo sur la Ruta Puuc, mais je vois bien que ca va aller. Ca va faire mal quelques jours mais ca ne m empechera pas de continuer le programme, en velo ou a pieds. Evidemment j ai mes pommades et mes bandes dans les sacoches laissees a l auberge de jeunesse de Cancun.... Tres malin, ca aussi. En tout cas nous voila rassures, on peut aller continuer a profiter de la soiree en musique !

 

Bon, le premier groupe est en fait un groupe d hommes, assez mous et eplores en fait. Heureusement une chanteuse vient reveiller tout le monde a la fin. Ils sont du Salvador. Allonges sur l herbe du zocalo, on passe en tout cas une petite soiree bien sympa en musique !

Quand nous rentrons a l auberge de jeunesse, tous les guests ou presque, hommes et femmes, sont assis autour de deux tables et fument un joint qui passe de main en main. C est le patron de l auberge, d ailleurs, qui fait tourner le joint. Nous essaierons vaguement de faire un peu la converation, mais c est un peu complique car il y a beaucoup de monde et puis je ne me sens pas specialement dans l ambiance. Le lit nous appelle assez vite !

 

Nous avons la matinee pour profiter encore un peu de Valladolid le lendemain matin, car nous avons decide de prendre un bus vers midi pour nous rendre sur le site de Chichen Itza et le visiter dans l apres-midi. 

Au reveil, je constate que ma cheville est douloureuse mais mobile, je peux marcher sans probleme.  Nous allons nous promener du cote de l eglise pour voir s il y a des evenements particuliers au programme etant donne que nous sommes a quelques jours a peine de la semaine sainte. 

En plus des processions de la semaine saintre, un autre evenement nous attend. Nous avons realise que nous serons a Chichen Itza au moment de l equinoxe de printemps. Un jour avant, en fait. Et on nous a explique qu a cette date (et d ailleurs deux-trois jours avant, et deux-trois jours apres), on observe chaque annee un phenomene sur la pyramide principale de Chichen : les ombres de l escalier dessinent un serpent qui descend du temple. Formidable ! On va donc pouvoir assister a ce phenomene. Etant donne que de nombreux touristes viennent expres a cette date-la, nous avons choisi d aller sur le site un jour avant l equinoxe, puisque le phenomene devrait etre visible egalement.

 

Bref, en attendant de prendre notre bus, nous allons voir ce qu il se passe a l eglise de Valladolid.  Une foule est assemblee devant les portes de l eglise, qui semble egalement bien remplie a l interieur. Nous ne pourrons pas y entrer, apparemment les gens attendent quelque chose, rameaux a la main. Nous nous eloignons et nous dirigeons vers le cenote qui se trouve en plein ccentre ville. On nous avait dit qu on ne se baignait pas dans celui-ci, qui est quasiment a l air libre, mais des gens barbotent pourtant dans l eau. Nous restons un long moment a discuter autour d un verre, sur une terrasse qui donne sur le cenote. Pendant que nous parlons, un iguane s approche, s arrete, puis vient se faufiler sous une chaise pour se retrouver un moins d un metre de nous. J eloigne mes jambes, craignant je ne sais quoi, alors que Titi, lui, tenterait bien de le toucher ! 

 

Ces moments tous les deux sont aussi pour Titi et moi l occasion de se decouvrir differemment. Jusqu a present, Dadou, Isa ou Flo, voire nos parents, ont toujours ete avec nous. C est la premiere fois que nous nous retrouvons uniquement tous les deux. 

Alors certes, Titi vit en ce moment sa traversee du desert. Mais qui n a pas connu cette periode de descente au fond du trou ? Moi, curieusement, ca me rend optimiste pour lui au contraire. Je trouve cette profonde remise en question, si douloureuse soit-elle, tres salutaire. C est interessant, aussi, de voir quels freins nous mettons a nos instincts spontanes. Nos educations ont pas mal de points communs, meme si nos parents sont des personnalites tout de meme tres differentes.  Ah les tabous dont il a fallu se debarrasser ! La politesse et la negation de soi poussees a l extreme et nous transformant en paillasses sur lesquels tout le monde peut venir s essuyer les pieds ! La peur de vivre, l idealisation de concepts rendus tellement abstraits qu au lieu de croquer la vie a pleines dents on la reve, en passant a cote. L imperatif de purete, absurde. Les jugements derriere lesquels on se cache, par trouille de vivre, tout simplement.  C est plus facile de se mettre dans le role confortable et prudent d observateur, plutot que d oser essayer des choses. 

Titi et moi sommes aussi dans la meme position de second dans la fratrie, suivant de pres un ou une aine(e) forcement plus brillants que nous. Moi j ai la chance d etre au milieu de deux soeurs brillantes, chacune dans son domaine, et d avoir senti que mon domaine a moi etait encore different des leurs. Titi se cherche. Et je trouve ca extremement positif. J ai meme hate de voir ce que donnera cette renaissance, car je ne doute pas une seconde que la transformation est en cours et que Titi va nous revenir en force, serein comme jamais. Bon, pas tout de suite, visiblement, car il est assez amer et je sens tour a tour de l abattement et de la colere en lui. Mais ca viendra. 

Ce qui est bon, vraiment bon, quand on a connu sa propre traversee du desert, c est qu on est conscient qu on en sort, et que tout a une saveur differente, apres. 

 

Il est temps d aller prendre notre bus pour Chichen Itza ! C est pas tout ca, mais cette (moderne) merveille du monde nous attend et on a hate de la decouvrir ! Nous allons donc recuperer nos sacs a l auberge de jeunesse, et partons vers la station de bus. Les nuages commencent a s accumuler au-dessus de nous. La journee s assombrit. Le bus met une bonne heure pour arriver, et plus nous approchons plus nous nous amusons de voir le nombre de policiers presents sur le site ! Sur l avenue qui conduit a l entree, on compte un policier tous les cinquante metres ! Ils font la circulation, ils observent.. quoi ? On ne sait pas. Mais c est un deploiement impressionnant. Efficace ? Ca.... on a plutot l impression qu ils s ennuient, les pauvres. 

L acces a l entree du site est barre. Notre chauffeur negocie ferme avec un policier pour passer, arguant que nous avons tous paye pour etre deposes a l entree et qu il ne peut pas nous lacher plus loin. Allez, on finit par avoir l autorisation de tourner. Mais nous voila pris dans un bouchon qui n en finit plus. L un apres l autre, les bus deversent leurs marees de touristes. On n en voit pas le bout. Sur le bord de la route, les stands de souvenirs demarrent bien deux kilometres avant l entree du site. Ohlala, mais ca va etre l horreur... 

Et c est l horreur. 

Le chauffeur nous invite a descendre avant l arret, on ira plus vite a pieds. Nous descendons et suivons la foule, au milieu des stands de masques, calendriers mayas, tapis, bijoux, etc. Sur le mur du batiment administratif qui fait office d entree, une grande affiche se deploie pour annoncer l equinoxe 2016. On verra d ailleurs des tshirts en vente, du style ""equinoxe 2016 Chichen Itza, j y etais". Une foule se presse aux guichets. Il faut reperer le guichet pour les etrangers, car nous nous trompons d abord en nous presentant au guichet des mexicains. 

Apres avoir fait la queue et obtenu nos billets, il faut s infiltrer dans l autre queue qui s avance vers les tourniquets, ou nos billets seront poinconnes deux fois. A la caisse, nous avons demande a la fille si le ticket comprenait l entree au spectacle son et lumiere. ""C est gratuit" nous a-t-elle repondu. Bien bien, tant mieux, c est ce que nous avions lu. Cette andouille oubliera cependant de nous dire qu il fallait de toute facon s inscrire au prealable sur internet pour voir le spectacle. Nous l apprendrons un peu plus tard. 

Et nous voila autorises a penetrer dans le saint des saints ! Enfin bon... a ma grande consternation, c est plutot le royaume des marchands du temple ! Le cauchemard continue. Tandis que Titi est stresse et oppresse par la foule, moli je suis super decue de voir que le chemin qui conduit a la pyramide est totalement conquis par les marchands de souvenirs. Nous suivons la foule comme des moutons, encadres par les vendeurs de breloques, sur quatre cents metres. Je ne comprends pas qu on ait pu laisser faire ca. D accord, il faut bien que les gens gagnent leur vie, mais la tout de meme... C est juste impossible d essayer de se transporter, en imagination, a cette epoque ou la cite etait en pleine gloire. On a juste envie de faire disparaitre d un coup de baguette magique les touristes et les vendeurs. Et il se met a pleuvoir, pour tout arranger ! Ah les photos vont etre belles, tiens. 

 

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, nous nous approchons de la pyramide qui apparait bientot au milieu d une plaine. Avec le ciel nuageux, il sera impossible d observer le phenomene attendu avec l equinoxe. Ici ou la, des gens tapent dans leurs mains. On ne comprend pas tout de suite, mais les guides expliquent a leurs groupes que la disposition du site et le mode de construction permettent de donner un formidable echo aux sons, dun bout a l autre de la cite. Et ca tape dans les mains dans tous les sens. 

Je suis tout de meme impressionnee d etre ici. C est vraiment dommage qu on ne puisse pas monter sur la pyramide. Ca doit etre beau de voir le site depuis le temple qui trone au sommet de la pyramide. Nous allons voir le jeu de pelote, enorme par rapport a tous ceux que j ai pu voir avant et ceux que je verrai apres. Puis nous continuons vers le temple aux tetes de mort, protegeant nos appareils photos de la pluie, prenant notre temps pour contempler les details des ruines. Nous avons le temps de voir les structures qui se trouvent a proximite de la pyramide, mais alors que nous nous dirigeons vers le chemin qui conduit a l observatoire et aux autres sites, une femme vigile nous barre l acces et nous montre le panneau : le chemin ferme a 16h30, et il est quasiment cette heure-la. Nous nous decomposons. Quoi, on ne peut pas voir le reste du site ?? Deception... On n en a meme pas vu la moitie. A peine un tiers, et encore. ""Et le spectacle son et lumiere, ca se passe comment ?" Vous vous etes inscrits sur internet ? ... ""Ah bah non"".... Pffff, cette journee tourne bien mal. Titi est super decu. Et si on campait a Piste pour revenir demain matin ? Allez, vendu ! C est tout de meme bete d etre ici et de ne pas pouvoir tout visiter. Avec un peu de chance, le temps sera plus clement et les photos plus jolies. Bon, il faudra juste affronter une foule encore plus dense car l equinoxe attire un grand nombre de touristes venus expres pour ca. Mais apres tout on est contents aussi d etre la pour cette occasion. 

La foule est aussi compacte pour sortir que pour entrer. Titi a l idee de passer par la bagagerie. Il a repere la sortie a cote. Je suis un peu dubitative, comme je le suis toujours face aux personnes qui ne supportent pas de faire la queue et preferent faire des detours qui prennent au final autant de temps que de rester dans la queue. Mais Titi a vu juste ! En moins de cinq minutes nous avons recupere nos sacs et sortons a la barbe et au nez de tous les autres qui pietinent pour sortir. 

 

Le village de Piste est a trois kilometres a pieds, environ. Nous devons refaire en sens inverse la route par laquelle nous sommes arrives avec le bus. D ailleurs, devant l entre du site, le ballet des bus est impressionnant ! L un apres l autre, ils stoppent a la queue leu leu devant l entree et ouvrent leurs portes pour absorber la foule qui repart dans de multiples directions. Vite, nous nous eloignons a pieds, ignorant une fois de plus les vendeurs de souvenirs, avant de retrouver un peu d air et de calme.  

 

D apres le Routard, un hotel nous autorisera a planter la tente. Nous le trouvons d ailleurs assez vite a l entree du village. 

Aussi surprenant que ce soit, l endroit est super chouette et nous pouvons camper pour 50 pesos par personne. C est vraiment trop bete que j aie oublie la bouteille de gaz, car le petit repas au rechaud est vraiment tout ce qu il nous manquera pour etre parfaitement installes ici. On a la piscine a disposition, mais vu le temps, je prefere aller prendre une douche. L hotel est tres grand. Au fur et a mesure d autres tentes viendront pousser sur la pelouse. Nous les verrons surtout a notre retour du village, car apres etre installes nous allons faire un tour et tenter de trouver quelque chose a grignoter. Du moins moi j ai faim, Titi pas trop. Nous allons d abord boire un verre. Le village n est pas bien grand, et des qu on s eloigne de la rue principale il fait nuit noire dans les rues. Nous reperons une scene dressee sur ce qui doit etre la place principale. Ah, on v a avoir droit a un spectacle ce soir, chouette ! En attendant le spectacle, la sono diffuse de la musique plutot mievre et traditionnelle de latin-lovers . A partir de la place demarre une rue ou s alignent des stands de nourriture et des restaurants de rue. Nous nous asseyons dans l un des restaurants pour boire une biere. Le bar diffuse sa propre musique, tendance ""djeuns"". Si bien que nous sommes vite en pleine cacophonie ! Ca nous amuse, surtout qu aucun des styles n est de notre gout. 

A tour de role, le resto ou la place se grillent la priorite sur la puissance du son. Dur dur d avoir une conversation dans ce contexte, mais c est plutot drole ! J ai faim. On finit par se lever et je vais chercher un plat qui semblait tentant... mais se revelera parfaitement infame. Une femme qui se fout royalement de ce que je lui demande me sert une portion de frites froides avec des saucisses sans gout tout aussi froides, et a la couleur bizarre... Je mange, a peu pres convaincue que je vais etre malade apres ca... Finalement ca se passera tres bien, mais quelle deception quand on a faim, tout de meme, de manger un truc aussi fade !

Nous allons nous asseoir sur la place pour voir le spectacle, sur le point de commencer.  Ah, il s agit d un spectacle pour enfants. Une femme deguisee en clown rassemble les spectateurs et demande bientot la participation de jeunes enfants, puis de parents. Pendant que je m emerveille de voir a quel point les mexicains sont bon public pour ce genre de spectacle, Titi est touche par cette ambiance tres familiale et conviviale. Chez nous a cette heure-ci les enfants sont couches. Ici on leur propose un spectacle a 22h et tout le monde est la et participe, et ca parait tout a fait normal. Nous passons un bon moment a regarder les defis que la clown lancent aux enfants et aux adultes. Puis nous nous eclipsons, pour nous apercevoir que nous sommes maintenant une bonne dizaine de tentes sur le site de l hotel. Je remarque aussi deux velos a cote d une tente. Tiens tiens... 

J aurai l occasion de constater le lendemain matin que ces velos sont ceux d un couple qui voyage ensemble, apparemment. Et ils sont asiatiques ! C est rare. Je les apercois de loin, ne les verrai plus en sortant de la douche, et les oublierai ensuite alors que je petit dejeune avec Titi. Donc je n aurai pas l opportunite de discuter avec eux. Nous bouclons nos affaires, laissons les sacs a la reception de l hotel et partons a nouveau vers le site de Chichen Itza. Cette fois encore, Titi m entraine vers la bagagerie et nous gagnons un temps fou sur les autres visiteurs qui font la queue. 

 

Ahhh c est tout de meme beaucoup mieux de revenir par cette matinee encore nuageuse mais plus claire, et avant la foule qui va deferler, a coup sur, dans quelques temps. Bon, le serpent devrait etre visible aux alentours de 16h30, 16h45. On a donc toute une journee devant nous ! Nous allons pouvoir trainer. Nous avons d ailleurs pris un pique-nique avec nous, meme si c est interdit.

Preparee a l idee de voir de nombreux vendeurs, finalement ce matin je supporte mieux toute cette foule et ces breloques. D ailleurs si j avais des sous je pense que j aurais craque pour un tapis et un masque, au moins ! Enfin c est moins une question de sous que de savoir comment je transoprte tout ca apres... Je suis epatee que Titi n ait aucune curiosite pour les souvenirs et pas d envie particuliere d achat. Ah d habitude je suis friande de souvenirs, moi !


Et nous revoila sur le site, face a la pyramide, et c est nettement plus sympa que la veille ! Nous prenons le temps de refaire le tour, et poursuivons tranquillement pour explorer tout le site. On devance souvent la foule, si bien que nous avons des conditions presque ideales pour visiter. Et le site est impressionnant, il faut le reconnaitre ! Par sa grandeur et la qualite de conservation des structures. Nous trouvons des petits chemins a l ecart pour faire des pauses cigarettes en toute tranquilite. C est interdit, mais c est tres plaisant de se sentir un peu seuls et dans le calme sur ce vaste site ou nous devons passer la journee. En plus il y a des flics a tous les coins, c est agacant. 

On est donc tres contents d avoir trouve un endroit non surveille, ou nous pouvons etre un peu dans notre bulle, dans ce coin de foret qui entoure Chichen. On reviendra pique-niquer ici aussi. Titi se marre de voir autant de flics partout, faisant le piquet, avec leurt sac pique-nique au pied d un arbre derriere eux. Certains sortent de la foret. Que cherchent-ils ? Faisaient-ils une sieste ? Tout ce deploiement de poulets nous etonne vraiment et sera source de nombreuses plaisanteries toute la journee, forcement. Les mexicains eux-memes se marrent face a ce genre de demonstration, enfin en riant jaune tout de meme car ils voient leur argent depense pour rien, du moins pour entretenir des fonctionnaires qu ils estiment beaucoup trop nombreux,.. 

 

Le temps passe agreablement dans l exploration des ruines. C est vraiment beau. Une fois que nous avons fait le tour, nous allons nous allonger dans l herbe. Il reste deux heures a patienter pour voir le serpent. Titi a regarde sur une video hier soir comment se presente le phenomene,.  Du coup il sait ou nous devons nous asseoir pour le voir. Et ou nous devrons regarder. C est quand meme mieux quand on sait ce qu on cherche ! Car finalement ca  est pas du tout aussi evident qu on veut nous le faire croire !

Petit apetit les gens viennent se rassembler sur la place sur laquelle se dresse la pyramide. Le ciel est nuageux, mais quelque chose nous pousse a croire que les nuages s entrouvriront un moment entre 16h30 et 17h pour nous laisser voir le serpent...

Nous avons un peu de temps devant nous, que nous occupons a observer les gens autour de nous. Saine occupation, forcement assez drole... En renfort du deploiement des forces de police, voila meme un helicoptere qui se met a tournoyer au-dessus de la foule ! Ca devient epique, cette histoire !Bref, le temps passe finalement vite et l heure approche. Forcement, a partir de 16h20 des mouvements de foule se produisent,. Il suffit que quelqu un leve l appareil photo pour que tout le monde s imagine que ca y est on voit un truc... Tout le monde finit  d ailleurs par se lever, notamment parce qu en effet, les nuages s ecartent enfin a l haure dite - la nature n est-elle pas merveilleuse, sans blague ? 

Comme tout le monde, on penche la tete, on plisse les yeux, perplexes... C est ca, la ? L ombre qu on voit sur les escaliers et qui ondule vaguement petit a petit... C est ca, le serpent ? Mouais... Ben faut l savoir !

Sincerement, ca ne nous parait pas flagrant. On voit bien l ombre ondulante, mais de la a s imaginer que c est un serpent et que tout ca a ete murement reflechi.. mouef, mouef... J avoue que je suis une grande fan des merveilleurses cites d or, mais la le charme n agit pas vraiment. Non, dans les Cites d Or c est bien plus spectaculaire. Le rayon de soleil traverse l ouverture dans le mur, et d un seul coup tout se met a trembler, et le grand Condor apparait, et tout.. La franchement, le serpent.... chacun peut voir ce qu il veut, en fait !

 

Bon, ceci dit on est bien contents d avoir ete la pour l occasion. C etait amusant, y compris de voir la foule se presser pour venir voir l evenement. On attend jusqu a 17h, quasiment. Le ciel se voile a nouveau. C est finit pour cette annee. Il est temps pour nous de quitter le site. Bon, il est temps pour tout le monde de partir, evidemment. Donc nous attendons que le gros des touristes evacue la place, avant de prendre le chemin du retour.

Equinoxe de printemps 2016 : bon ben on y etait et...  c est un peu tire par les cheveux tout de meme, cette histoire de serpent...

Evitant les queues a la sortie et devant les bus, nous retournons chercher nos affaires a l hotel. Notre bus opasse dans une heure. Nous prenons le temps de consulter nos mails, telecharger les plans de Merida, tout en observant la colonie de chatons qui occupe le jardin de l hotel et suit a ;la trace a proprietaire anglaise, installee ici depuis plus de vingt ans, dans cet hotel construit par son pere. A l heure dite, nous marchons jusqu a la station de bus a l entree du village. Il ne tarde pas a arriver, et nous voila partis pour Merida !

 

Nous y arrivons a la nuit tombee. Nous avons l adresse de l auberge de jeunesse mais il y a bien une demi heure de marche pour y parvenir. Un peu fatigues par le voyage - qui suit une journee tranquille, certes, mais de decouverte et de balade -, nous sommes cependant contents de plonger dans cette nouvelle ambiance, dans ce nouveau decor. La station de bus se trouve a proximite du marche, ca grouille de monde par ici. Nous naviguons sur les trottoirs en essayant de trouver le zocalo. Car notre rue est la premiere a gauche du zocalo. 

Nous la trouvons, mais il faut encore la remonter sur une bonne distance. Ce que je vois, de nuit, de Merida, me donne envie de vite dormir pour la decouvrir demain matin. Je devine de beaux batiments, j ai hate de les voir en vrai a la lumiere du jour. 

Notre auberge de jeunesse est franchement tres tres sympa. La maison est mignonne exterieurement, et tres cosy et agreable a l interieur. Le dortoir se trouve au premier etage. Et par l escalier, on peut monter sur le toit, qui n est pas vraiment une terrasse puisqu il n y a rien dessus a part une ou deux briques qui peuvent faire office de sieges. Au rez-de-chaussee, quatre petites tables permettent de prendre le petit dej ou de se faire a manger sur la plaque mise a disposition (avec un micro ondes). Nous allons nous installer dans le dortoir. Nous ne ferons pas long feu cette nuit. C est trop bon d etre poses, tranquilles, dans un endroit calme et chaleureux.  Le programme du lendemain : se lever quand on veut, aller se renseigner pour trouver des velos a louer pour notre fameuse viree sur la Ruta Puuc, et se promener dans la ville. 

Et c est donc tres simplement et tres tranquillement que nous demarrons la journee suivante. Il fait, comme toujours, tres chaud. Nous sortons tout frais pimpants pour cinq minutes, avant d etre ecrases de soleil tres vite. Nous partons d abord vers le Paseo de Montejo, pompeusement rebaptises les Champs Elysees de Merida. Bon certes il y a de jolies maisons a voir dans cette grande avenue. Mais on ne s y attarde pas. On trouve un loueur de velo, nous prenons les infos et remercions, perplexes. Les velos ne sont pas equipes. Il faudrait des portes-bagages et puis des cadenas. Nous avons quand meme les prix, et nous prenons le temps de reflechir. A l accueil de notre auberge de jeunesse, on nous a laisse entendre qu il serait possible de louer les velos directement a Uxmal, le point de depart de la Ruta Puuc - en tout cas du parcours que nous envisagions de faire.

Bon, en attendant de prendre la decision, nous retournons vers le zocalo. Du moins, en virant de bord pour nous y rendre, nous remarquons un musee, que nous decidons d aller visiter. Il faut dire que d apres le Routard, on peut y voir des masques et des steles. Sauf qu en fait nous n aurons acces qu au rez de chaussee. Alors certes, l exposition de huipiles et de coiffes typiques des tribus indigenes est interessante, mais on esperait plus. Nous sortons donc pas tres longtemps apres, direction la cathedrale.

Un peu avant d y arriver, nous tombons sur la place en face du theatre. Cette place est tres jolie, et nos pas nous emment pres d un cafe d un joli standing. Un homme nous aborde tres gentiment, et nous donne quelques infos utiles sur les produits locaux, notamment les hammacs. Titi est interesse, nous notons donc l adresse et partons chercher la boutique des artisans apres avoir savoure une boisson dans ce joli cafe. Enfin d abord nous jetons un oeil a la cathedrale, mais bon je ne lui trouve rien de special. 

Au bout du compte, nous n acheterons rien dans la boutique que nous avons trouvee. C est vrai qu ils ont de tres jolies choses, et de qualite, mais ni Titi ni moi ne sommes la pour depenser (enfin moi pas, en tout cas, et c est pas le truc de Titi), et nous ne sommes pas convaincus de l utilite de tout ce que nous voyons la. Enfin Titi aurait pu craquer pour un vrai hamac, mais le prix est dissuasif. Pour l usage que nous comptons en faire.

Bon, on dit merci et on s en va. Nos peregrinations nous conduiront au marche. Nous commencons par deambuler dans les rangees de chaussures, bric a brac, legumes divers, avant de tomber sur le pavillon de la poissonnerie. La faim se faisant sentir a ce moment-la, nous nous asseyons au comptoir d un restaurateur et commandons Titi un cevice (cocktail de crevettes assaisonnees avec tomates, citron, oignons et herbes) et moi une soupe de poisson. Je ne m attends pas a grand chose, pourtant c est tres bon. Par contre je sors avec la sensation de porter mon ventre !  

 

La fatigue nous tombe alors dessus. La fatigue, la chaleur, et la foule du marche, en fait.

Nous decidons de nous offrir un peu de repos. Nous rentrons doucement a l auberge. On y arrive en milieu d apres-midi, bien contents de se mettre un peu au frais et de s allonger. Titi s absorbe dans l Audace de vivre. Moi je me plonge quelques instants dans Borgia, mais finalement je descends ecrire un peu sur le blog avec l ordi de l auberge de jeunesse. Lorsque je remonte deux heures plus tard, Titi dort profondement. Je descends donc poursuivre sur le blog, et puis je reflechis aussi a la suite de mon parcourt, j envoie des messages a l agence pour ma demande de visa russe. Je m organise avec mes parents, egalement, et m occupe de mes demarches administratives. Le gardien de nuit discute un peu avec moi. Il forme un drole de couple avec le receptionniste. Je les soupconne d etre en couple, d ailleurs. Je ne sais pas pourquoi, et malgre le fait que le veilleur de nuit me dragouillera vaguement (apres s etre assure que Titi n etait pas mon mari, tout de meme), je les trouve bien assortis tous les deux. Je monte encore deux ou trois fois verifier si Titi est debout, mais voyant qu il dort a poings fermes je decide, a 20h30, de me cuisiner des pates. Tres gentiment, le receptionniste me proposera alors de me servir dans le plat de riz qu il a partage avec le veilleur de nuit et dont il reste bien assez pour deux personnes encore. Ah bah c est super gentil, ca, les gars. Je mange donc a ma fin, et sans avoir eu a me fatiguer pour ca. 

Pendant tout le temps ou je suis restee sur l ordi, et pendant le diner, la tele de la reception a diffuse les episodes de la vie de Jesus, particulierement les episondes sur la sainte Cene, l arrestation, la trahison de Judas, etc. L ambiance a l auberge, dans le hall, du moins, est donc assez inspiree. D ailleurs l auberge n est pas une exception. Beaucoup de boutiques, meme des marchands de rue, ront la tele ou la radio branchee pour suivre les films et series sur Paques et la resurrection du Christ.  

 

Je ne suis pas surprise que Titi se soit ecroule cet apres-midi. Entr ela chaleur, les coups de soleil, et le fait qu il se leve tous les matins a 5h, il a du sommeil a rattraper. Et apres totu ce n est pas desagreable d avoir une soiree a moi, tranquille, sans rien faire de special a part m occuper de mes petites affaires. 

 

Le lendemain matin je decouvre un Titi un peu different. Sur le toit de l auberge, nous parlons des chapitres qu il a lus hier. Et je le trouve en colere. Contre lui-meme,

En meme temps chez les Mac Dou on est rarement en colere contre les autres., car on a une idee claire et nette de sa propre responsabilite dans ce qui est et ce qu il se passe. Donc Titi est en colere ce matin. Et ca me fait tout bizarre de le voir comme ca. Nous restons un long moment a discuter sur la terrasse, avant de descendre et de partir en exploration.

Sur le chemin vers le centre ville, nous passons devant une eglise. Nous cherchons le programme des festivites (enfin on ne doit pas appeler ca comme ca) du vendredi saint. Il y a bien une affiche sur la porte, mais duifficile de savoir ou tout ca commence. Par contre nous nous apercevons d une chose etonnante : a l interieur de l eglise, les statues et tableaux sont recouverts de voiles violets. Bizarre, ca. Un vieux bonhomme fait le menage dans le fond de l eglise. J essaie de lui demander pourquoi tout est voile de violet.   

Tout ce que j arrive a comprendre dans sa reponse, c est que la semaine qui precede le vendredi saint, dans toutes les eglises, les images saintes sont masquees (et le violet doit etre la couleur du sacre, ici). Elles seront decouvertes au moment des celebrations de Paques. Et le vieil homme me tourne le dos, il n en dira pas plus. Bon bon, muchas gracias et bonne journee !

Notre programme s est un peu affine. Nous ne louerons pas de velo depuis Merida. Nous allons partir directement sur Uxmal en bus, et tenter de louer des velos la-bas. Le tour en velo devraie nous prendre deux ou trois jours. Nous ne serons donc pas de retour a Merida pour le vendredi saint. Mais nous pourrons essayer d etre a Campeche ou dans un autre endroit ou des processions doivent pouvoir se voir. Ma cheville tient le coup mais la journee de pietinement a Chichen Itza l a fait gonfler a nouveau. Pendant les quinze jours suivants, des que nous passerons une journee a marcher l oeuf de pigeon reviendra et je garderai une sentsation un peu douloureuse. Il faudra attendre la Lettonie pour que j oublie ma cheville. En meme temps en Lettonie le froid la fera degonfler illico ! 

Bref en tout cas pour l instant je suis heureuse de voir que cette petite gene ne nous empeche pas de faire le programme que nous desirons. Et en l occurrence, c est la Ruta Puuc qui nous attend !

 

Nous prenons donc le lendemain matin un bus qui part de la station ou nous sommes arrives. Il nous faut donc refaire une demi heure de marche a pieds depuis l hotel pour retrouver la station.. Nous partons pour visiter Uxmal puis trouver une location de velo dans le coin. 

Mais a l arrivee a Uxmal nous comprenons tout de suite que ce n est pas ici que nous trouverons des velos. Il n y a qu un cafe et une boutique officielle de souvenirs. Uxmal n est pas un village, c est une site archeologique uniquement. Bon ben c est pas grave, on va visiter et puis on se fera deposer au village de Santa Elena, un peu plus loin, et on se renseignera la-bas. 

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