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GUATEMALA
1er fevrier 2016 - 17 fevrier 2016

Il fait chaud, les paysages sont montagneux, je guette l'arrivée de la frontière. Nous croisons encore un check point militaire. Et puis nous arrivons à Ciudad Cauhtemoc. Terminus. J'ai un peu l'impression qu'on arrive au milieu de nulle part. La route se termine dans la poussière. Un bâtiment gris se dresse sur la gauche. Ca doit être ça, la douane mexicaine ? Je récupère mes affaires, recharge le vélo, et vais me garer à côté de l'entrée. Deux employés sont derrière le comptoir. Je donne mon passeport au moustachu rondouillard tandis que la femme, debout en retrait, regarde en l'air. Le fonctionnaire m'annonce le montant des droits de sortie : 390 pesos. Allons bon, à Comitan on m'avait dit de m'attendre à quelque chose comme 250. Le type me montre un papier affiché sur le mur. "C'est écrit là, madame, 390 pesos". Je jette un coup d'oeil à mon porte monnaie. J'avais gardé 320 pesos sur moi. "Mais je n'ai plus que 300 pesos, monsieur"... Il fait signe que ça ira. Ah bon ?... Pfff... Je lui donne mes 300 pesos et récupère mon passeport tamponné.
Je remonte sur mon vélo et me tourne dans la direction de la frontière. Et bien voilà, j'y suis ! Y a plus qu'à pédaler 5 kilomètres.
Les 5 kilomètres les plus longs de mon voyage !
Je me découvre épuisée par le moindre effort ! Ohlala que c'est dur ! Bon ok il fait une chaleur torride - et je n'ai qu'une petite bouteille d'eau aux 3/4 remplie, super intelligent ça ! Et ça fait deux mois que je n'ai pas fait d'exercice. Et puis, c'est vrai, il y a aussi l'altitude. Et la route ne cesse de grimper jusqu'à La Mesilla. Mais n'empêche ! Je me sens pire qu une limace. Ca crame sous mes cheveux. Je cherche ma respiration, mes jambes me font mal après dix coups de pédale ! Je ne suis pas arrivée à ce rythme-là ! C'est pathétique, j'ai honte de moi. Heureusement la route est peu fréquentée.
Un cycliste arrive à ma hauteur alors que je bois déja. J'ai à peine fait 500 mètres ou un kilomètre. "Se compra la bicicleta ?" Ah bah non, désolée mais j'en ai encore un peu besoin, là, tu vois... Il insiste, visiblement très intéressé. Vraiment désolée mais non. Il m'encourage alors en me disant que ca grimpe tout du long mais qu'il n'y a "que" 5 kilomètres. Ah super, merci.... Et il file, élégant avec son casque sur la tête, son tshirt rose et son coup de pédale chaloupé.

Combien de temps me faudra-t-il pour les faire, ces fichus 5 kilomètres ? Une heure ? A peine moins, je crois. Je m'arrête X fois, contemple le paysage longuement pour retrouver mon souffle. Le coeur n'y est pas. Me voilà bien mal partie dans ce pays si c'est si difficile pour moi de pédaler par cette chaleur à cette altitude. J'ai l'air maligne, avec mon vélo, tiens ! Mais qu'est-ce que je fous là ? Enfin oui je suis contente d'être là, mais en cet instant précis mon vélo m'encombre plus qu'autre chose. Ou bien est-ce que je vois les choses en noir parce que je me sens tres stressée par cette histoire de carte bancaire, parce que je m'en veux encore de n'avoir pas su gérer la situation avec Gladys, et que mes derniers échanges avec Paris, bien qu'apaisés, m aient fichu le bourdon ?
Sans doute est-ce un concentré de tout ca. Mais où est passé mon enthousiasme du début de voyage ? Cette allégresse de chaque seconde, cette capacité à être heureuse pour rien, cette impression de savourer comme jamais chaque minute qui passe. Allez Pat, secoue toi les puces, et cesse de faire triste mine. Je remonte sur le vélo et fais deux cents mètres de plus, avant de reprendre mon souffle... Dur dur. Il fait si chaud.
La route s'élève et je regarde la vallée s'etendre en bas. La lumière intense du soleil rend le paysage très pâle, c'est éblouissant. Devant moi, de la fumée grise s'élève. On fait brûler quelque chose, visiblement. Des rapaces volent par dizaines dans les airs. En m'approchant, je m'apercois que c'est en fait dans une immense déchetterie au bord de la route qu'un feu a été allumé. Charmant. Le no man's land offre le spectacle d'un dépotoire a mi chemin entre les deux pays. Perchés sur une carcasse d'arbre calciné, les rapaces couleur de suie semblent attendre leur prochaine proie. Qu'on se le dise, ce ne sera pas moi ! Je ferme la bouche et plisse les yeux pour traverser l'épais nuage de fumée et m'éloigner au plus vite de cette puanteur glauque.




Je croise des paysans au visage brûlé par le soleil. Il leur manque souvent des dents, et leur front est tout plissé de rides. Ils me saluent d'un sourire bienveillant, une lueur intriguée dans les yeux.
Enfin, après bien des langues tirées en si peu de temps, j'arrive en vue d'un autre portique gris béton, précédé de boutiques colorées. C'est un charmant bazarre qui m'accueille, en fait, à l'entrée de La Mesilla. Beaucoup de piétons, marchands, habitants, changeurs de monnaie, traversent dans tous les sens et passent allègrement les barrières qui visiblement ne servent a rien. Je regarde autour de moi, cherchant avant tout de quoi m'alimenter car j'ai l'impression d'être vide à l'intérieur. Je dois avoir la figure rougie par l'effort et le soleil. Je trouve un étal de fruits et légumes et me jette sur des bananes. A trois pesos les trois bananes. J'en engloutis une aussitôt, et garde les deux autres pour plus tard.
Et puis j'essaie de repérer par où je suis censée passer pour faire tamponner mon passeport.




Ah, visiblement c'est à droite. Mais un officier assis - non, affalé sur sa chaise, les bras croisés derrière la nuque - m'appelle et me montre de la main le circuit à respecter. Bon ok. Je contourne les barrières et gare le vélo à l'entrée du bureau de douane guatemaltèque. Un couple de français est au comptoir, attendant anxieusement que l'officier rende le passeport du jeune homme. Ils sortent du Guatémala et retournemt au Mexique. Quand vient mon tour, à peine deux petites questions poliment posées et hop, je vois le tampon s'écraser sur mon passeport. Cool ! Merci monsieur. Je sors. Un homme me demande si j'ai besoin de changer de la monnaie. Non car je n'ai plus de pesos ou quasiment, et j'ai déjà sur moi les 108 quetzals achetés à Freddy lorsqu'il est passé à la posada de Gladys. Par contre je lui demande où je peux trouver une posada économique, car je sens que je n'irai pas plus loin pour ce soir. Il est déjà 17h. Il me donne le nom d'une posada qui me coûtera 50 quetzal. soit entre 6 et 7 euros. Bon ok. Et à quelle distance se trouve la prochaine grosse ville ? 80 kms. Je vois. Et la route est aussi pentue que celle qui vient du Mexique ? Oui. Mon dieu... Ok ma décision est prise, demain je pars en bus.
Reste à savoir pour quelle destination...
Je dois pousser le vélo car la rue continue à grimper après la douane. Cette rue grouille de monde, et de tuk-tuks ! Et oui, je retrouve des tuk-tuks, rouges ou jaunes, ici. C'est drole ! La circulation n'arrête pas. Des vendeurs de tout et rien se promènent devant la frontière. Les boutiques occupent tout le long de la rue qui grimpe pendant dix à quinze minutes de marche jusqu'au centre, enfin jusqu'au croisement de plusieurs rues qui partent dans la montagne. De tous côtés, des chemins très pentus descendent de la montagne pour atterrir sur cette voie principale. Des femmes aux cheveux enturbannés, portant souvent des paquets ou des panniers sur la tête, montent et descendent ces chemins de terre.
J'avise le panneau du Marisol, la posada qu'on m a indiquée. Ah. Coincé entre deux stands de vêtements, un escalier raide descend vers l'entrée de l'hôtel. Je mets l'antivol sur le vélo et dévale les marches.
Deux jeunes garcons sont en train de jouer dans le hall sur des machines de jeux électroniques. Des ouvriers construisent une dépendance sur le côté. Un des jeunes va me chercher le responsable. Enfin, disons qu'un autre adolescent arrive, et m'accueille en me montrant deux chambres. Une avec juste le lit et une chaise, salle de bain commune. Et une autre avec salle de bain à l'interieur, mais le prix est le double. Ok je prends la petite. Mais mon dieu que c'est glauque ! J ai l'impression d'être en prison, en fait... Mais j'ai un lit, et ca me suffit. J'ai la place d'entrer le vélo dans la chambre, je le cadenasse même au cas où. J'entends bien sûr tous les bruits du dehors car le haut de la porte est ouvert.

C'est pas grave, ca ne m'empêche pas de chanter dans ma tête "je suis au Guatémala !"
Je ne veux pas voir la tête des douches, tant pis je reste avec ma sueur et pars faire un tour, excitée comme une puce et ravie par toutes les couleurs qui me sautent aux yeux.

Comme tout est animé ! Les lumières de la ville s'allument tandis que le soleil se couche derrière les montagnes. Je grimpe vers le croisement des routes qui quittent le village, et m'arrête devant un stand de tacos où un homme s'apprête à manger et discute avec le vendeur. En espagnol, que je maîtrise suffisamment pour discuter à présent, je demande où se trouve le terminal des bus. L'homme me montre un croisement à moins de cent mètres. Une rue descend brutalement en épingle à cheveux sur la gauche. Des tuk-tuks montent et descendent sans arrêt par cette rue. C'est par ici. Bon d'accord, merci. De donde eres ? Je me rappelle avoir lu dans le guide que si au Mexique on tutoie facilement, au Guatémala il est plus fréquent de vouvoyer. Le gars a beau m'avoir tutoyée, je préfère lui répondre par la politesse. Et puis ça me force à maîtriser un peu plus les conjugaisons. Nous discutons un peu, et ce premier contact, après le revendeur de quetzals, me plait bien. Ils m'ont l'air vraiment très sympas, ces guatémaltèques ! Gentils, bienveillants. Chouette ! Je le salue et monte jusqu'au croisement. Un jeune homme annonce toutes les vingt secondes "Huehue, Huehue !" Un camion (un bus, ici), s'apprête à partir pour Huehuetenango. Freddy (ou Michel, je ne sais plus) m'avait prévenue que les bus, ici, sont les anciens bus scolaires américains recyclés en Amerique centrale pour le transport des personnes sur les longues distances. D'ailleurs au Guatémala on appelle ca les... chicken bus !
Petite entracte musicale.
Parce que je ne cesse d entendre ces deux chansons a la radio et dans les bars depuis le Mexique et ici aussi au Guatemala, je ne veux pas les oublier...

Je comprends vite qu'ici le transport en bus est folklo ! Ca crie dans tous les sens, pendant que le chauffeur est au volant et fait mine d'appuyer toutes les deux secondes sur la pédale d'accélérateur, son comparse chargé d'aider au chargement, et rabatteur, interpelle le moindre passant, annonce sans arrêt la destination et presse les gens de monter - avec le sourire, cependant. J'aurai l'occasion de le voir par la suite, c'est un peu comme un jeu. Il apercoit les gens de loin, marchant ou courant en portant leurs affaires, et les encourage à accélérer. Il les attrape gentiment par le bras et les aide à sauter dans le bus. Car sauf au terminal, au Guatémala on ne monte pas dans le bus : on saute dans le bus ! On court à côté car il s'arrête à peine, et on saute, aidé par le comparse bienveillant. On va s'asseoir si on a de la chance et qu'il reste encore des places assises, et on paie après. Car le comparse est physionnomiste et n'oublie jamais, même un quart d'heure après, de revenir vous voir pour demander le paiement du trajet. Entre temps il a annoncé par la porte ouverte la destination au cas où un retardataire se ferait voir au bout du chemin, il est monté sur le toit du bus par l'echelle qui se trouve à côté de la porte ou par celle qui est à l'arrière du bus (la porte arrière s'ouvre à tout moment, soit pour qu'un passager grimpe, soit pour que le comparse du chauffeur puisse accéder au toit), et il a arrimé les sacs, et il est redescendu pour faire le compte des paiements manquants, prévenant au passage les passagers qui descendent à la prochaine - car, décidemment, il retient tout et n'oublie jamais qui doit descendre où et quels sont ses bagages sur le toit. Tout ca, bien sûr, alors que le bus roule et ne s'arrête pas.
Le chauffeur a son rôle à jouer aussi, en prévenant par de grands coups de klaxon, qu'il est à l'approche. Il commence ainsi à klaxonner bien avant d'arriver à un arrêt (en rase campagne ou à l'entrée d'un village). Les gens l'entendent de loin et se pressent d'arriver en courant à l'arrêt, car ils savent que le bus ne s'arrêtera pas !
Toute une aventure, les chicken bus !
Mais je ne sais pas encore tout ca, ce soir-là. Pour l'instant je me rends juste compte qu'il règne une sacrée effervescence à la station et autour des bus hyper colorés et à la décoration tres personnalisée. J'avise un homme d'une cinquantaine d'années, moustachu, au bon sourire, qui me regarde avec bienveillance. Il semble travailler au terminal. Je m'approche et lui explique que je souhaiterais partir demain pour entrer plus à l'intérieur du pays, sachant que je voudrais me rendre au Lac Atitlan puis à Antigua. J'ai besoin de connaiîre les tarifs, la durée du trajet en fonction de mon premier arrêt, et puis si je peux voyager avec mon vélo. Pas de souci pour le vélo, me dit-il, il voyagera sur le toit. D'accord ! Je lui montre ma carte du Guatemala et lui demande conseil sur la route a prendre. Apres avoir discute, j opte pour un arret demain a Huehuetenango, et un changement a ce terminal pour attraper une correspondance pour Quetzaltenango, que j'apprends à appeler Sheila comme tout le monde. C'est d'ailleurs comme ca que les rabatteurs annoncent la destination.
Je remercie le gars chaleureusement. Décidemment j'aime bien ces gens, qui prennent le temps de discuter avec vous. Je remonte au croisement puis redescends vers le centre. Au passage, je salue et remercie le monsieur à la taccheria qui m'avait indiqué la station de bus. Je me balade dans les petites rues peu nombreuses du village. La nuit tombe. Je commence à avoir faim, au fait, je n'ai mangé qu'une banane aujourd'hui. Je constate avec bonheur qu'ici on trouve du poulet frit et des frites à pas cher, ca me changera des tacos que je ne peux plus sentir. Je m'apercois que je vais pouvoir manger du riz plus souvent, également. Et il est quasiment toujours servi avec des légumes cuits. Chouette ! En plus j'observerai également que les restaurateurs demandent toujours avant de mettre de la sauce piquante. Ca tombe bien, je ne la supporte vraiment pas.
Bref, tout va bien ce soir ! J'en oublie presque mes soucis bancaires. En fait, je les oublie d'autant plus que je crois réellement que ca va se solutionner. Demain je vais regarder mes mails et j'aurai une réponse de la banque, c'est sûr, ils ne vont pas rester trois ou quatre jours sans me répondre. Ca va s'arranger. Donc je m'asseois dans un resto et dévore une cuisse de poulet et des frites pour moins de 4 euros. Le jeune serveur, un garconnet d une dizaine d années, me fait de grands sourires. Cool ! Je suis détendue, ca fait du bien.




Après avoir dîné, je descends doucement vers mon hôtel miteux. Alors que je m'attarde devant une boutique pour regarder je ne sais plus quoi, un jeune homme en moto s'arrête à ma hauteur et me salue. Il avait l'impression, me dit-il, que je cherchais quelque chose et se proposait de me renseigner. Ah non merci mais c'est gentil. Et nous voilà partis a discuter. Il est mexicain, venu voir un ami. Il parle en anglais, et j'ai beau lui répondre en espagnol je m'apercois qu il est content de pratiquer son anglais. Alors j'enchaine dans la même langue. J'en verrai plein d'autres, super contents de pouvoir parler anglais et saisir l'occasion alors que je tente de pratiquer moi-même mon espagnol.
Nous discutons un bon quart d'heure, je m'apprête à dire que bon ben c'était sympa mais je vais aller me reposer, lorsqu'il me dit qu'il ne veut pas me déranger et que je suis libre de dire non bien sûr, mais visiblement son ami lui a posé un lapin et puis euh, il aurait besoin que je lui "prête" 20 quetzals pour qu'il remette de l'essence dans sa moto et puisse rentrer chez lui. Ah... Oui ben alors non, désolée, mais c'était sympa de discuter quand même. Et je m'en vais, un peu décue et décidemment toujours aussi naïve.
Et me revoilà dans ma cellule de prison bien glauque ! Bon c'est décidé je ne prendrai pas de douche ce soir, tant pis ! Je suis sûre que les douches sont crades et qu'il n y aura pas un porte-manteau pour suspendre mes affaires. Je vais une minute m'asseoir sur les marches dehors pour fumer une dernière cigarette, ma carte du Guatemala et du Mexique déployée sur mes genoux. Un des deux jeunes garcons qui jouaient sur les jeux vidéos plus tôt dans la soirée quitte sa chaise où il regardait la télé pour s'approcher de moi. Et tout à coup il me demande "eres un esplorador ?" Cette question me prend au dépourvu. Euh... no, estoy turista, réponds-je, consciente de dégringoler dans le degré de fascination, d'un seul coup. Mais je ne vois pas quoi dire d'autre ! "Ah." Et il s'éloigne pour retourner devant la télé. Bon... Ca, c'est fait.
Dans ma chambre, je sors les lingettes que j'ai encore sur moi, et fais une toilette de chat avant de me glisser dans mon duvet car je n'ai sur le lit qu'un simple drap et une couverture a la propreté douteuse. Alors que je commence à lire "Paris", de Zola, j'entends les jeunes jouer au foot dans la cour à côté. Et visiblement j'ai des familles guatemaltèques ou mexicaines tout autour de moi, dans les chambres voisines. Ca discute, et fort. A un moment, j'entends "cette chambre est louée ? - Apparemment, regarde, il y a de la lumiere". Bien bien, on parle de moi, visiblement... Des gamines discutent, se chamaillent, rigolent. Je ne fais pas attention, toute à mon plaisir retrouvé de lire Zola. Ah, mais comment ai-je pu me priver de ce plaisir depuis si longtemps ? Balzac et Zola ont été mes maîtres de littérature, jeune ado. Et je suis stupéfaite de constater que dès la première page je replonge corps et âme dans ce style qui recrée toutes les sensations, les odeurs, les images, les sons, tout un univers, avec l'art de la nuance et du mot juste. J'adore ! Il faudra que je relise tout Zola et tout Balzac, c'est dit ! J'avais aussi téléchargé Proust, me disant que j'aurai certainement l'occasion pendant ce voyage de m'attaquer enfin à cet auteur classique que je n'ai jamais pu lire. Mais j'ai tenté, et j'ai encore trébuché sur la première phrase d un kilomètre des jeunes filles en fleurs. C'est pas possible ce style ! En une phrase on est perdu, on a mal a la tête. Bon il faudra que je retente, mais tout de même un voyage d'un an et demi risque de ne pas suffire finalement, si je dois relire chaque phrase quatre fois pour être sûre de l'avoir comprise !





Bref, je suis donc plongée dans Paris. Lorsque j'apercois dans mon champs de vision deux kleenex froissés, à moins que ce soit du PQ, tomber par l'ouverture du haut de ma porte, à l'intérieur de ma cellule. Pffff, ah les sales gosses ! Je les entends détaler. Je me lève, ouvre la porte et balaie du pied les papiers. Zou ! Je referme la porte et me remets au lit. Je ne serai plus dérangée, et finis pas éteindre la lumière et chercher le sommeil malgré le bruit. Un bébé pleure, on dirait qu'il est juste à côté de moi. Ahhhh, charmante nuit. Je finis tout de même par m'endormir.
Le lendemain matin je porte mon lourd vélo en haut des marches de l'entrée de l'hôtel. Ouf ! Et je pousse le vélo jusqu'en haut de la pente qui mène au croisement où je dois bifurquer sur la gauche pour aller a la station de bus.
Le chicken bus est déjà là. Il ne part pas avant vingt minutes. En général, on ne part pas tant que le bus n'est pas plein ou en tout cas bien chargé.
Le comparse de mon chauffeur charge sur le toit les paquets de boissons et de grignotages d'un commercant. Je le vois charger sur ses épaules, à la base de son cou, des sacs énormes et qui doivent peser une tonne ! Il met le sac en équilibre contre son cou, avec ses mains il attrape les côtés de l'echelle à l'arrière du camion et hop le voilà qui grimpe les marches jusqu'en haut comme s'il avait du coton sur le dos ! Impressionnant. J'ai mal au dos pour lui... Et bien sur il fait déjà très chaud.
Il se tourne vers moi et m'appelle. Ah ca y est on charge mes affaires ? Ok ! Je détache les sacoches et approche le vélo. Il monte les premières marches de l'échelle et attrape le vélo par le cadre. Et hop ! Je n'ai même pas le temps de l'aider, il est déjà en haut et mon vélo passe par-dessus la rambarde de sécurité. Mes deux grosses sacoches montent aussi, je garde les deux petites, mon sac a dos et la sacoche - guidon. Me voilà installée dans le bus. Le chauffeur klaxonne, l'accolyte lance ses appels d'une voix de canard "Huehue !", "Huehue !". Ca court autour du bus. Les bagages encombrants sont envoyés en haut. Bientôt le bus est complet, on est trois par banquette. Je suis assise à côté de la fenêtre. Les fois suivantes je choisirai d'être plus près du couloir, au cas où il faille se mettre à courrir après un voleur de vélo ! Enfin c'est un peu dérisoire comme tactique car lorsque le bus est bondé, le couloir lui-même est bouché et il serait impossible de courrir !
On est prêts. Le chauffeur allume la radio à fond, et c'est parti ! Bon, j'aime bien voyager en musique et celle qui passe me va (latino avec flûtes de pan et percussions en tous genres), mais quelle habitude étrange de toujours mettre le volume à fond !
Et nous nous echappons de La Mesilla par cette petite route qui grimpe en lacet dans la montagne. Que c est beau ! Le bus ralentit souvent pour laisser des passagers sauter a l interieur au passage. Nous avons deux heures de route pour arriver a Huehuetenango. A ma gauche, une femme est prise en sandwich entre moi et un vieux monsieur qui s endort sur elle ! "Huehue, Huehue !" crie l accolyte par l ouverture de la porte des qu il apercoit quelqu un sur la route.
Tres vite, la vegetation n a vraiment plus rien de la jungle et parfois je pourrais me croire en Suisse ! Nous traversons des villages, parfois en passant en plein milieu du marche. Le ballet des montees et descentes n en finit pas. Toute a ma decouverte des paysages et de cette vie sur la route, je trouve que le voyage passe vite. Nous voila a Huehue ! Le bus traverse le marche et s arrete au terminal, se garant a cote d une bonne trentaine d autres bus barioles. Toujours aussi innocente, je descends avec mes sacoches a la main et les pose par terre pour receptionner mon velo que l accolyte tient deja a bout de bras, debout sur le toit du bus. Trois hommes attendent a cote du bus. Alors que l un d eux me demande ou je vais, l accolyte repond a ma place "Sheila !" Et hop, alors que je tends les bras pour recevoir mon velo, j apercois deux des gars qui embarquent mes deux petites sacoches posees a mes pieds. Euh les gars, une minute ! Mais j ai le velo dans les mains, en equilibre, il faut que je le pose par terre. Les gars ont disparu de mon champs de vision. Et voila, en deux secondes j aurai pu me faire voler mes affaires, car dans cette cohue contine autour de tous les bus il me serait impossible de leur courir apres et meme de les reperer. Mais l accolyte m a rassuree, prevenant "ok ok", et je vois que le troisieme compere attend et recupere mes deux grandes sacoches. Il m invite a le suivre. Bon, allons-y. une vingtaine de metres plus loin, il tend mes deux grandes sacoches au gars qui est sur le toit d un bus dont le parechoc annonce "Sheila". "Y las dos otras borsas chiquitas ?" - m informe-je, inquiete. Si si ! me repond le type sur le toit, m assurant que tout est la-haut. Mouais euh... Je porte le velo pour qu il l attrape. Ah mais le bus demarre ! Je cours a la porte et monte. L accolyte me rapporte mes deux petites sacoches, pensant que c est mieux que je les garde pres de moi. Bien bien bien... Bon ben tout se passe bien jusqu ici.
Et ca se passera bien jusqu au bout du voyage. Deux heures plus tard, j arrive sans probleme a Quetzaltenango. Je ne m attends pas a une ville jolie. En fait, je voulais me rapprocher du lac Atitlan (j en suis a deux heures de route, maitnenant), m avancer un peu plus dans le centre du pays pour me sentir plus loin encore du Mexique, et je compte rester ici le temps de resoudre mes problemes bancaires. Le volcan Santa Maria se dresse a cote de la ville, cachant a nos yeux le Santiaguito, qui lui est toujours en activite et crache regulierement du souffre et de la lave.




Un des passagers du bus m a gentiment tapote l epaule pour me dire que je devais descendre ici, donc avant le terminal, et tourner a droite pour aller directement vers le centre. Il est sympa car si je comprends bien le chauffeur et l accolyte comptaient me deposer au terminal, bien plus loin. Quand ils me voient me lever, conseillee par les passagers, ils ne peuvent s opposer. Je descends avec mes sacoches et recupere le velo et les deux grosses sacoches qu on me balance d en haut. Bon. Et bien voila, je suis arrivee.
Je fixe les sacoches sous un soleil de plomb en ce milieu d apres-midi. J ai une adresse d auberge de jeunesse. Je demande mon chemin pour aller jusqu au parc central, puisque mon hotel est a cote. Tres gentiment, comme toujours, un homme m indique 5 cuadras apres le theatre. Merci monsieur. Et j enfourche le velo pour 10 minutes de pedalage en descente. Ca m inquiete, car ca veut certainement dire que pour repartir il faudra que je re-grimpe tout ca.
Les rues sont horribles. Des paves sur lesquels je rebondis et vibre de tout mon corps. L asphalte n est pas franchement mieux, en fait, vu le nombre de trous ! On m avait prevenue de ca aussi... Et en effet je remarque, comme me l avait dit Michel, que les trottoirs ont des deniveles et des trous pires qu qu Mexique. C est tout casse de partout.
Je descends vite sur le parc central et decouvre avec un sourire une belle place aeree, ornee d un monument central a cote duquel flotte un grand drapeau du Guatemala et un autre que je n ai pas encore reconnu. Comme au Mexique, la place principale accueille la basilique et le palais municipal. Et puis les grandes banques, bien sur, gardees la aussi par des hommes en armes. Le soleil brille, le ciel est bleu, quelques touristes prennent des photos sur la place pendant que des guatemalteques se prelassent ou bien font gouter les enfants. Je m arrete un moment pour m asseoir sur un banc. J ai besoin de savourer cette minute. Je suis au Guatemala... au milieu des montagnes, pres d un volcan que je compte d ailleurs gravir. Incroyable.... Ah si cette histoire de code etait regle, je serais parfaitement heureuse et detendue ! Mon qngoisse est bien presente, la tout au fond, bien que j arrive a sourire en realisant ou je me trouve et le caractere decidemment exceptionnel de ce voyage pour moi. Ce voyage, que j apprecie de plus en plus pour ce qu il est, avant tout une aventure humaine.
Je repere la rue de l hotel Black Cat et me presente a la reception. 50 quetzal en dortoir avec petit dejeuner compris, internet, possibilite de laver mon linge moi-meme si je le souhaite. Il manque juste l acces a la cuisine mais je trouverai a manger super bien pour vraiment pas cher. Et, cerise sur le gateau, le personnel est extremement gentil. Ce sont presque toutes des femmes (sauf le veilleur de nuit), et je suis tout de suite baptisee Paty. Je me renseigne pour grimper sur le santa Maria demain matin. Ca ne coute pas beaucoup de quetzals, mais tout de meme je n oublie pas que tout l argent que j ai sur moi est ma seule ressource a present. Car a force de vivre sur l argent du compte au Credit Agricole, qui devait etre mon compte d urgence et n etait donc pas specialement tres approvisionne, je suis arrivee au bout de ce que j avais depose.
Est-ce de l inconscience ? Est-ce que mon esprit refusait de croire que ca pouvait aller encore plus mal et que la Banque postale pouvait m emmener sur une pente encore plus glissante que je ne le pensais ? Je reserve l ascencion du Santa Maria, persuadee que tout va s arranger demain.
Je m installe dans le dortoir. L hotel est bien sur occupe par des touristes europeens et americains. J aime et a la fois j aime pas. Mais en tout cas on y est vraiment bien, dans cette auberge de jeunesse. L ambiance est decontractee et tranquille. J allume l ordinateur de l auberge et envoie un appel au secours a mon conseiller financier apres avoir constate que ni lui ni les services de la LBP en ligne ne m ont repondu depuis trois jours.
Et puis je pars faire un tour avant que le soleil se couche. Dans la chaleur de l apres-midi je retourne voir le zocalo. Il y a plein de pubs et de cafes vraiment sympas tout autour, mais n ayant que peu d argent sur moi je vais les eviter ! J entends de la musique de l autre cote de la place et m approche. Un groupe joue de la marimba. C est trop mignon comme musique, et les hommes semblent prendre un grand plaisir a jouer meme si ca ne se voit pas sur la photo. Je reste un bon moment a les ecouter, car c est apaisant et plein de bonne humeur. Et puis je repars explorer. J entre dans l eglise aux etranges tentures vertes qui pendent de la toiture et que je reverrai dans les eglises des villages du lac Atitlan. Des chicken bus traversent la ville, creant toujours le meme tintamarre autour d eux a leur passage.

J entre dans l eglise. Comme a toute heure du jour et de la nuit, comme au Mexique, il y a une messe en ce moment. Quand les eglises sont-elles fermees, en fait ?... Je sors et fais le tour, pour atterrir aux pieds du marche. Les tacos me semblent, de vue, bien plus appetissants qu au Mexique. Msi l odeur me decourage toujours autant. Les vetements et objets en vente me paraissent encore plus colores qu au Mexique, qui etait deja folklo !
La nuit tombe. Je passe devant un cyber. J entre et m installe devant un ordinateur pendant que la receptionniste tricotte tout en faisant reciter a sa fille de 8 ou 9 ans sa lecon de biologie. Pendant que je m endors devant l ecran, tellement internet est lent, je repete mentalement la lecon que la petite recite sans arret."La cellule est la structure la plus petite qui existe, elle contient toutes les caracteristiques de l etre humain, etc...". La petite bute souvent et repete inlassablement la meme phrase, aidee par sa mere qui, patiemment et sans decrocher les yeux de ses mailles, la reprend.
Je quitte le cyber tot et vais diner dans un petit resto mignon et pas cher du tout. Je vais vite me rendre compte qu au Guatemala on est toujours servi pour deux ! C est toujours ultra copieux, et on a tout dans un plat. Viande, legumes, frites ou puree, ruz, salade, guacamole, et un morceau de fruit. Je mange beaucoup trop, d un seul coup ! Et la serveur, toute mimi, me demande si "c est tout ?". Et comment que c est tout ! Je ne peux rien avaler de plus ! Je passe un agreable moment dans ce petit resto tranquille tenu par une femme qui fait la cuisine en plein milieu du restaurant, coupant ses legumes sur la grande table, comme si on etait a la maison.
Bon mais c est pas tout ca, demain je me leve a 4h40 du matin car on passe me chercher a 5h pour l ascension ! Au lit et vite fait ! Je mets un temps fou a m endormir... Comme j ai ecrit sur le blog que le code de ma carte bancaire ne fonctionnait pas, j ai envoye un message a mes parents pour leur dire de ne pas s inquieter, que je faisais le necessaire et que ca allait s arranger... Mais evidemment ils vont s inquieter, et moi aussi d ailleurs. Et j enrage de savoir qu ils vont s inquieter.
En meme temps, quel besoin avais-je de l ecrire sur le blog ? Le besoin que j ai de confier sur ce blog les details que j aurais ecrit dans mon journal de voyage si j en avais tenu un sur un bloc note.
J ai vraiment cru que j allais solutionner le probleme, que la banque finirait par repondre avant qu il soit trop tard.








Le reveil me tire du lit en sursaut a 4h40. Je m habille et sors du dortoir avec mon sac a dos. Un couple d americains descendent de l etage. Ah, on va donc faire la meme chose tous les trois. Le veilleur de nuit nous apporte des sandwiches, car nous n avons pas le temps de petit dejeuner. A 5h precises,nos guides sont devant la porte. En fait nous avons reserve par deux agences differentes donc nous ne partons pas ensemble. Dans ma voiture, un couple de quebecois est deja assis a l arriere. Le patron americain de l agence conduit et discute avec le guide guatemalteque qui doit avoir une petite vingtaine d annees. Nous roulons jusqu au village ou demarre le sentier. Evidemment je ne vois rien des paysages alentours. Je sens juste que la route est toute cabossee. Nous partons sac au dos, sous un ciel d encre tres etoile. Le temps que nous nous habituions a la penombre, nous marchons a la lumiere de la torche de Jose, notre guide. On ne voit qu a un metre tout autour de nous, tout le reste est noir. Le couple d americains est a cent metres devant avec son guide. J entends l homme parler et rire de sa grosse voix.
Avantage de voyager seule, on est bien plus ouvert a la communication. Pendant que le couple de quebecois discute en francais a l arriere, j entame la conversation avec Jose. Enfin pas tres longtemps, car je vais vite fatiguer.
Si au debut je marche d un bon pas, je me rends vite compte qu il va falloir que je choisisse entre respirer et papoter ! Je suis bien contente qu on fasse deja une pause au bout d une demi heure a peine. Contente, mais... surprise ! Oula, mais c est que je n ai vraiment pas la forme moi ! D abord un vrai cloporte en velo pour faire les malheureux 5 kms de la frontiere, maintenant deja crevee apres une demi heure de marche ! Bon ok ca fait deux mois que je n ai pas bouge mes fesses, mais tout de meme, je n ai janais ete fragile, physiquement ! Voila une sensation tres nouvelle, pour moi. Et qui va s accuentuer de minute en minute.
Le jour se leve, Je decouvre de plus pres le sommet du volcan que nous allons grimper. Nous parvenons d abord sur le haut d une colline qui vient sallonger aux pieds du volcan. Nous faisons une autre pause. A chaque pause, nous ne pouvons pas rester assis ou debout bien longtemps car il fait vite tres froid. Ca donne mal a la tete, au debut. Et puis le corps se rechauffe, et ca va mieux. On repart a l assaut du Santa Maria et decidemment je n en reviens pas d etre a ce point fatiguee. Je cherche mon souffle, mes jambes pesent une tonne. Le chemin est tres raide et n arrete jamais de monter, il est vrai. Visiblement les quebecois sont dans le meme etat, un peu plus en forme tout de meme car ils n en sont pas a leur premier volcan ici.
Je me retourne et decouvre un parterre de nuages a nos pieds. Sheila disparait sous cette mer de nuages blancs, tandis que le ciel bleu eclate au-dessus de ces nuages. Si l atmosphere etait plus nette, nous verrions le Pacifique. Que c est beau, tout de meme ! Et comme c est inspirant de se sentir aussi haut !
Nous mettrons trois heures pour arriver au sommet.

Je n attends plus que Jose nous propose des pauses. Lorsque je n en peux plus, je m arrete deux minutes. Juste deux minutes, mais ces deux minutes sont necessaires. Mes jambes pesent une tonne et Jose me demoralise lorsque, alors que je crois voir le sommet, il nous annonce qu on a fait une bonne moitie de l ascension et qu il nous reste environ une heure et demi de marche. Gloups... Mais je vais mourir, moi !!
Et puis finalement non, je ne suis pas morte. J ai porte mes jambes un peu plus loin a chaque pas, et le sommet a fini par se degager. Le soleil nous a trouve a travers les branches des arbres, nous rechauffant par la meme occasion, et puis les branches des arbres ont disparu pour ne laisser la place qu a une colline rase et caillouteuse. Enfin !!
Et j avoue que ca valait la peine. Comem c etait beau d etre au-dessus des nuages et de voir, la-bas, le Fuego et d autres volcans sortir eux-aussi du coton blanc, formes bleues-grises suspendues dans l air. Quelle recompense, quel calme et quelle zenitude tout a coup !
Lorsque nous arrivons au sommet, la couverture de nuages ne s est pas encore dissipee et nous cache la vue du Santiagito. Nous contemplons longuement la vue, lorsque tout a coup le Fuego laisse echapper, au loin la-bas, un nuage de souffre.Nous ne pouvons pas voir s il y a aussi de la lave. Mes compagnons quebecois sont ecoeures et excites tout a la fois. Ils etaient aux pieds du Fuego pendant une semaine, et n ont vu aucune eruption. Ils y retournent demain pour prendre l avion, et esperent voir d auters erruptions de plus pres.
Moi je suis toute excitee tout court, car c est la premiere fois que je vois un volcan en activite s agiter sous mes yeux, pour de vrai. Alors meme si on ne distingue pas de lave car nous sommes trop loin, je suis heureuse et me sens la reine du monde.
Jose nous annonce qu avec un peu de chance le Santiagito va se reveiller, car il est relie au Fuego. Allons bon ! Nous regardons le voile de nuages se dissiper autour du cratere du Santiagito, et la fumee s en echapper. Mais nous aurons bon le scrupter attentivement en faisant secretement des invocations pour qu il se reveille, il ne se passera rien.
Jose nous raconte qu il y a quinze jours il a campe ici avec trois amis, Et ils ont vu la plus grosse erruption du Santiagito qu ils avaient jamais eu l occasion de voir. Il nous rappelle d ailleurs que ce volcan a detruit un village dans les annees 90. Le village d ou il est issu, d ailleurs. Mais la maison familiale a ete epargnee car elel est construite sur la partie nouvelle, et c est la vieille ville que le volcan a rasee.
Nous restons une heure la-haut, baignes par le soleil. Je mange nes deux bananes en gardant les yeux fixes sur les volcans et les montagnes alentours. Je ne veux rien manquer de ce spectacle. Qu est-ce que j aime me sentir en hauteur ! Ca m inspire...
Au bout d une heure, nous entamons la descente. Et elle sera tout aussi penible que la montee. J aurais besoin de beaucoup de pauses, mais quelle douleur dans les jambes ! Par contre je papote quasiment tout le long du chemin avec Jose, qui est decidemment un bien gentil garcon. Je benis ma capacite a apprendre assez rapidement les langues. Ca aurait ete bien dommage, et un voyage tout a fait different, si je n avais pas eu cette possibilite de creer des liens avec les locaux croises en route.
Jose a fait des etudes de tourisme. Il est guide depuis trois ans. Il a rencontre l americain avec qui il bosse pendant ses etudes de tourisme. Il vient de la region, et monte plusieurs fois par semaine sur les volcans. Il emmene aussi les touristes sur des treks de trois jours reliant Sheila au lac Atitlan. Il me montre un enorme ecureuil, au moins quatre fois plus gros que ceux que nous voyons en France. Et il parait que celui-ci etait petit ! Nous parlons faune, flore, differences de culture entre nos deux pays, et puis aussi de nos aspirations dans la vie. Deux heures passent ainsi dans la douceur de nos conversations entrecoupees de glissades car le sol, un peu gele ce matin, est humide ou sablonneux maintenant.
Arrives un peu plus bas que la base du Santa Maria, nous decouvrons les champs et les cultures que nous avons traversees ce mation sans les voir, puisqu il faisait nuit. Les paysans viennent jusqu ici pour cultiver la pomme de terre sur des terrains tres pentus, ou couper du bois pour le ramener au village en bas, sur le dos de vieux chevaux debonnaires.

Je suis super contente d apercevori enfin notre taxi, je n ai plus de jambes ! Je suis persuadee qu apres ma douche, une fois de retour a l hotel, je vais dormir ! Mais en fait non. Je devrais le savoir, la douche me reveille, au contraire. Je me douche donc, puis mon premier reflexe est d aller voir si la banque postale m a repondu. Mais je n ai aucune nouvelle... Le stress monte. Bon. Pas le choix, je vais chercher une agence dou je pourrai passer demain matin un appel longue distance. Ca me parait le moyen le plus rapide pour avoir des nouvelles. J espere juste que ce sera utile et que je ne vais pas depenser mes quetzals pour rien.
Avec un regain de forme, je pars me balader en ville et bouquiner Zola sur le zocalo. Je m apercois que je n ai rien mange, et vais m acheter deux avocats pour rentrer les manger a l auberge. Et ca me cale pour la journee, compte tenu de l effort du matin mon coprs absorbe tout de suite et se sent vite rassasie.




Alors que je range mes ustensiles de cuisine, une jeune anglaise arrive et s installe dans le dortoir. Asha vient de suivre pendant deux semaines des cours d espagnol dans la ville: Par l intermediaire de l ecole, elle a beneficie d un hebergement dans une famille guatemalteque. Elle a beaucoup apprecie cette famille, mais retrouve son independance avec tout autant de plaisir. Un peu plus tard dans la soiree je la verrai sympathiser avec une autre anglaise du dortoir. Alors que je prends part a la conversation, nous decouvrons toutes les deux que nous partons dans la meme direction demain. Asha me propose que nous partions ensemble. Elle n est pas tres a l aise avec les transports guatemalteques et me rappelle que les vols sont frequents. Je me dis moi aussi que ca pourra etre utile d avoir une paire d yeux en plus pour surveiller le velo et les sacoches. C est donc decide, nous voyagerons ensemble demain. Je l avertis que je compte d abord, demain matin, aller passer un coup de fil. Ca tombe bien, elle doit de son cote s acheter un nouveau cadenas. Nous convenons de nous retrouver a la station de bus a 11h.
Le lendemain matin, Asha dort encore lorsque je me leve pour aller passer mon coup de fil a la Banque postale. J ai repere une agence pour passer des appels longue distance, a dix minutes a pieds de l hotel. J arrive un peu avant l ouverture. Depuis le trottoir d en face ou je me suis assises sur un muret pour lire, j apercois le proprietaire qui arrive. Visiblement pas guatemalteque. Europeen ou americain. J attends un peu pour lui laisser le temps de s installer, puis je viens frapper a la porte. Tres aimable, il me propose gentiment de patienter un moment car ion lui a change son modem la veille et ce matin ca ne fonctionne deja plus.. Il n a pas de connexion internet.
Au bout de dix minutes, ne trouvant pas la solution, il appelle son prestataire et se fait depanner. Je vois les minutes defiler et j espere qu il ne sera pas trop tard en France pour essayer d appeler.
Enfin ca marche. A ma surprise, au lieu de m envoyer passer mon appel d une cabine fermee, le brave homme compose le numero de ma banque sur un telephone portable et me passe la communication. Je peux, si je le souhaite, aller m isoler dans la piece a cote. Mais apres tout il n y a que moi ici et je n ai rien de confidentiel a raconter au telephone alors je m asseois et attends la tonalite.
Voila la pub. Ensuite la musique. Je commence a taper du pied en attendant que quelqu un decroche. Ah voila. Une femme, et je crois reconnaitre la voix lente et nonchalante de l andouille qui m avait deja repondu quand j ai appele du Mexique pour faire opposition. Celle qui avait cherche a me placer une pub alors que je tentais de lui faire comprendre que je devais raccrocher le plus vite possible. Super... Bon allons-y.
Madame au secours je vous appelel du Guatemala, je dois faire tres vite. J ai recu ma carte bancaire au Mexique, ou vous me l avez envoyee apres ma declaration de vol. J avais demande que mon code personnel ne soit pas change, on m avait dit qu il ne le serait pas, et mon conseiller financier m a confirme qu il ne l etait pas. Mais lorsque j ai voulu faire un retrait au Mexique avant de passer la frontiere avec le Guatemala, mon code n a pas ete reconnu. Je ne peux pas retirer d argent madame au secours.
L andouille note, verifie avec ses questions pieges que je suis bien celle que je pretends etre. Et m annonce, maternelle, qu elle va me faire patienter le temps de regarder de quoi il retourne. Faites, faites... Et revoila la musique. Et je retape du pied, avec tout de meme un espoir que la situation se debloque a l issue de cet appel, qui, malgre tout, na pas l air trop mal parti.

5 minutes payantes de musique plus tard, revoila Nunuche 1ere. "Alors madame Rossetti, le probleme c est que vous ne nous avez pas dit que vous etiez au Guatemala"...
Mais qu est-ce que tu ma racontes, triple buse ??? Qu est-ce que ca vient faire dans l histoire ? "Bien alors je reprends. Apres avoir recu ma carte au Mexique, vous savez, a l adresse ou vous me l avez envoyee, c est au Mexique que j ai tente mon retrait. C est au Mexique que mon code n a pas ete reconnu. Peu importe qu entre temps j ai passe la frontiere, ca n a rien a voir avec le schmilblick. "Ah mais moi, hein, voila je vous dis qu il fallait nous prevenir que vous etiez au Guatemala, parce que maintenant forcement hein..." Je l interromps et hausse le ton sans m en apercevoir. "Non non non, attendez une minute. Mon code doit fonctionner partout dans le monde. Ensuite, je vous ai ecrit via la banque en ligne, que j etais actuellement passee au Guatemala. Je vous ai meme envoye les dates approximatives de mes prochaines etapes jusqu a mon retour..."
"Ecoutez moi j ai revu vos mails de janvier, et je vous dis que bon, voila, pour nous votre carte elle devrait fonctionner". Euh, attends une seconde la. Moi te dire que ma carte pas fonctionner... Et puis c est quoi ce bordel, encore ? Mes mails des 1er et 2 fevrier, ceux par lesquels j appelle au secours en avertissant que mon code n est pas reconnu, ces mails-la, tu ne les vois pas sur ton ecran ?? Non, Nunuche 1ere ne les voit pas. Et bien je comprends mieux pourquoi on ne me repond pas ! "Bon ecoutez attendez je vais encore me renseigner". Oui c est ca, et depeche-toi...
Musique. Je trepigne. Le proprio de l agence, gentiment, s inquiete. Vous avez un probleme avec votre banque. Ohlala si vous saviez.... Je lui explique de quoi il retourne. Ah, revoila Nunuche 1ere. "Alors madame Rossetti il vaut appeler le 3639". Comment ? Appeler un autre numero ? Je vous dis que je n ai plus de sous, j utilise mes dernieres especes pour vous appeler, et vous voulez que je raccroche pour appeler un autre numero ?? "Ah ecoutez moi je vous dis la marche a suivre, si vous mne voulez pas le faire ca vous regarde" C est qu elle commence a s agacer un chouia, Nunuche. Ok merci, je vais appeler. Mais t es sure que je dois faire le 3639 depuis l etranger ?? "Euh, attendez je vais voir"... Une minute apres elle reivent et me communique le numero d appel d urgence depuis l etranger. Je raccroche, sachant que je n ai rien d autre a attendre d elle.

Tres implique, le gerant compose vite le nouveau numero. Et allez ! Pour la enieme fois, "suite a un probleme technique nous ne pouvons donner suite a votre appel, merci de renouveler ulterieurement". Je perds pied... Je peux reesayer une fois ? Oui oui, le gerant recompose le numero. Encore indisponible. Une troisieme tentative. Ouf, cette fois ca marche. Ah mais il faut s identifier avec le clavier et le clavier du telephone mobile fonctionne mal. Hop on me raccroche au nez une fois de plus. Nouvel essai en passant par un clavier de l ordinateur relie au telephone. Toujours pas reconnue. Ok je suis cuite.... Ou non. Il me reste la possibilite de tenter d appeler via mon telephone portable, en grillant donc mon forfait. Mais je ne vois pas d autres solutions.
Par contre si ca ne marche pas c est quitte ou double, car je risque d etre coincee pour les appels et textos a l etranger tant que je n aurai pas pu recharger mon compte free avec de l argent... que pour l instant je n ai pas !
Allez c est parti. Coup de chance, je reussis a m identifier et a avoir quelqu un en ligne en moins de dix minutes ! J explique mon cas, et il semblerait que j aie enfin en ligne quelqu un d un peu moins mou que les autres. La dame va a la peche aux infos a son tour. Et me reprend en ligne. Ok il faut activer ma carte. Elle va le faire. Je ne perds meme pas mon temps a demander pourquoi on m a envoye une nouvelle carte sans m avertir qu elle ne fonctionnerait qu a la condition que j appelle ce numero pour la faire activer.
Apres m avoir a son tour pose les questions pieges pour s assurer de mon identite, elle me fait a nouveau patienter, puis revient en ligne. Voila c est fait ! Je la remercie comme si elle me sauvait la vie ! C est vrai c est bon ? Oui c est actif. Mon dieu je n en reviens pas... Ca y est , ca va s arranger. Je raccroche, le sourire aux levres, presque aussi heureuse que le jour ou j ai recu ma carte a San Cristobal ! Le gerant a le meme sourire que moi. Ce brave homme me dit qu avec 20 quetzals on est quittes, alors que ces appels multiples auraient du me couter le double. J aurais envie de l embrasser. Il suffit d un peu de gentillesse et de compassion, parfois, pour vous rendre heureux !
Je rentre d un pas leger et dansant a l hotel, offrant un sourire radieux au soleil, aux murs colores des maisons, aux fleurs et aux oiseaux ! Je previens via internet mes parents, et vais prendre le petit dejeune extremement copieux de l hotel. Je note que tout le personnel me surnomme Paty et se montre vraiment chaleureux. Vraiment une adresse sympa ! Je les remercie pour le petit dej royal. J attends en lisant qu Asha ait fini elle aussi son petit dejeuner. Elle est en retard, il faut encore qu elle aille chercher son cadenas. Bah, prends donc ton temps, aujourd hui la vie est belle ! Par trouille, je decide de ne pas tenter de retrait tout de suite, des fois que le systeme ait besoin de temps póur se mettre en route. J essaierai demain. Plus rien ne presse, n est-ce pas ?
Ah, vais-je enfin quitter ce stress qui ne me lache pas depuis deux mois ? Il serait temps ! Je voudrais pouvoir acheter mon billet d avion Cancun - Riga le plus rapidement possible.
Etienne m a ecrit, il arriverait le 7 mars a Cancun ! Trop contente de voir confirmee sa venue ! Il faut qu on s organise maintenant. Et finalement je n ai qu un mois pour remonter du Guatemala jusqu a Cancun par le Belize. Je sens que je ne vais vraiment pas faire beaucoup de velo d ici a ce que je retrouve Etienne. Je n en ferais probablement plus avant Riga, en realite. Mais ca me va. Je sens que je n ai pas l energie morale pour ca, en ce moment. J aurais pu l avoir si j avais fait le Yucatan seule. Mais la venue d Etienne me fait tout autant plaisir que de parcourir la region en solitaire a velo.Non vraiment, si mes problemes d argent se resolvent, alors je sens que je suis sur la bonne route pour retrouver ma zenitude et ma jouissance de chaque instant, qui subit de nombreuses interferences depuis quelques temps.




Asha finit par revenir. Il est 11h30. Nous nous donnons rendez-vous a la station de bus. Je n ai pas whattsap, elle ne peut pas envoyer ni recevoir de texto. Comment va-t-on se retrouver ? On se rejoint a l entree principale, reponds-je betement. Et elle me repond d accord, sans probleme....
Comme s il y avait une entree principale, ou une entree tout court, d ailleurs... Mais on le comprendra plus tard. Je pars en velo, tandis qu elle va chercher un taxi. Oulala, que ca monte pour revenir au terminal Minerva ! Je transpire comme un boeuf en trois minutes. Et puis les paves de la chaussee me secouent, que c est desagreable ! Bon enfin en moins d un quart d heure j y suis. Pardon monsieur, c est bien le terminal Minerva ? Oui madame. Parfait, merci. Je constate qu il n y a aucun batiment. Donc pas d entree. Juste beaucoup de bus gares, et enormement de trafic pietons et vehicules autour. Je me poste de la facon que j estime la plus visible possible, dans la direction d ou je pense qu Asha va arriver. Et puis j attends.
Mais au bout de dix minutes, j ai un doute. J avise un gars qui a l air de travailler pour la station, et lui demande si c est bien d ici que partent les bus pour Panajachel et San Pedro. Non c est de l autre cote, me dit-il. Et merde...Je decouvre que je vais devoir traverser le marche, hyper frequente ce matin ! Voila qui est genial. Je vais mettre une plombe a traverser cette foule dense ! Je vais etre en retard, c est sur... Bon. Pas le choix. C est parti, a coup de "lo siento, disculpe, con permiso", je tente de zigzaguer entre les salades, les zapote, les bottes d ail, les noix de coco, les chapeaux de paille, les ceintures brodees multicolores, les vendeurs mobiles, les femmes qui portent leurs courses sur la tete tout en tenant la main de leurs enfants... Un vrai bonheur, cette traversee d une mer humaine multicolore et qui me devisage interloquee.
En plein milieu du marche, je tombe sur une rangee triple de chicken bus colores, attendant, prets au depart. Oulala, mais alors cette fois c est sur on ne se retrouvera pas ! Les bus sont colles les uns aux autres et la foule est bien trop importante a fluer et refluer tout autour, comment pourrions-nous nous reperer dans cette fourmiliere ? Bon. Je vais la jouer perso. Je trouve le bus qui va a Panajachel,. Il part dans dix minutes car il n est pas encore plein. Mon velo est hisse sur le toit, et les 4 sacoches vont a l interieur. Mais quelle effervescence ici ! Evidemment chaque chauffeur annonce a grands cris sa destination. "Pana !" "Chichi !" (pour Chichitenango ou un truc du genre), "Huehue !", "Sheila !" Partout ou se pose mon regard les couleurs eclatent au soleil. Les gens finissent leurs achats sur le marche et se hatent vers les bus pour y disposer leurs grands sacs et leurs cartons. Sur le trajet, une vieille indienne montera dans le bus en tenant un poulet recalcitrant a la main...
Alors que nous attendons, les vendeurs de grignotages, de fruits frais et de boissons montent a tour de role dans le bus et annoncent "refrescos, frutas, coco". Ils vont jusqu au fond du bus puis reviennent sur leurs pas, ou bien poussent la porte arriere pour sortir. Ils montent parfois dans le bus a l occasion d un arret dans la ville, font leurs ventes et redescendent deux kilometres plus loin pour repartir en arriere soit en montant dans un autre bus soit a pieds.
Tout a coup, une main se pose sur mon epaule. "Ah ouf finalement !" Je me retourne et decouvre Asha avec son sac a dos. Waouhh on s est quand meme retrouvees dans ce bazard ! Enfin elle m a retrouvee, car je n ai pas beaucoup cherche, a vrai dire. Toute contente, elle m explique que le taxi l a baladee et deposee elle aussi de l autre cote. Elle avait peur d arriver trop tard ou de ne pas trouver les bus.




Elle s installe dans le bus. Et nous partons peu de temps apres. Entre temps j ai remarque que mon velo et son sac a dos ont ete attaches avec une corde sur le toit. Parfait.
Le voyage debute. Asha a l intention de se rendre directement a San Pedro, un des villages au bord du lac. Moi je prefere dormir a Panajachel, car c est de la que je repartirai pour Antigua. J irai en bateau visiter les villages. Nous papotons une bonnne partie du voyage. A mi chemin, l accolyte vient prevenir que pour San Pedro Asha doit descendre au prochain arret. Ah. Elle se prepare, et lorsque le bus s arrete elle descend. Vigilante, je m apercois que l accolyte est monte sur le toit et est en train de descendre mon velo. Non non non non non ! J ai saute de mon siege et commence a tenter de me frayer un passage vers l avant du bus. Heureusement Asha est deja en bas et a fait signe au chauffeur que le velo continuait le voyage ! Ouf ! On se fait coucou par la vitre, et le bus repart a l assaut des routes tortueuses pour poursuivre sa course jusqu a Panajachel.

Des paysans travaillent avec leurs betes dans les champs. Tel Charles Ingalls mais en plus bronze et en vetements plus colores, un homme pousse le foc tire par ses deux vaches (Charles, lui, il travaillait avec un cheval). Un autre marche le long de la route, sa machette a la main, portant sur son epaule les bottes d ail qu il vient de recolter. Des femmes traversent les rues tres droites, des ballots ou des bassines chargees sur la tete. Par la fenetre ouverte, je sens tout a coup l air embaumer d une tres forte odeur de mimosas. La montagne est couverte d arbustes florissant, le bord de la route est tout jaune ! Ca sent trop bon... En observant les gens, je remarque que je trouve les guatemalteques - hommes et femmes confondus - bien plus beaux qu les mexicains. Leurs traits sont plus fins, leurs visages revetent une certaine noblesse qui ne m a pas frappee au Mexique, ou je trouvais les visages ronds et plats, les carrures trapues et rondes. Les guatemalteques sont vraiment petits eux aussi, mais ils sont beaux. Ils portent des vetements, costumes traditionnels, tres colores et finement travailles. Brodes, avec des motifs tres varies et precis. J apprendrais a reconnaitre le village d origine en fonction de la couleur ou des types de vetements.
Par la fenetre, j apercois souvent des inscriptions qui attirent mon attention. Il y a les logos des partis politiques. Rouges, verts. Le point leve, ou les mains jointes formant la silouhette d une colombe. Et puis il y a ces noms, sur les murs, les boutiques, les eglises, aux sonorites juives. Bethel,. Jerusalem, Ebenezer, Bethanie... Que c est curieux de trouver ces noms ici ! Ma sensation d etre dans un paysage suisse se confirme. Pourtant ici et la j apercois des fleurs que ej n avais jamais vue jusqu ici, des arbres exotiques. A un arret, un vendeur de medicament monte dans le bus. Pour se faire entendre malgre la musique et le vrombissement du moteur, il hurle les bienfaits de telle ou telle lotion ou herbe pour soigner tel et tel symptome. Je ne sais pas s il a vendu quoi que ce soit, il a perdu mon attention dans le brouhaha general... Et ca klaxonne encore de plus belle, car nous traversons plusieurs villages et ce sont les eleves sortant de l ecole qui courent maintenant pour attraper le bus et rentrer chez eux. Ici aussi les jeunes portent l uniforme. Un uniforme etrangement british, d ailleurs, avec la petite jupe plissee, le corsage blanc et le pull coll V, les chaussures noires et les sockettes blanches. Meme tenue mais pantalon pour les garcons.
Nous sommes hauts dans la montagne. Les pentes se sont accentuees. Oh que je ne regrette pas d etre dans le bus ! Je n aurai jamais pu grimper tout ca en velo ! Et j aurais bousille mes freins dans les descentes ultra pentues. A Solola, j apercois le lac tout la bas en bas. Il a l air vraiment grand, et trois volcans se dressent a ses pieds.Vais-je grimper sur le San Pedro ? Non je ne pense pas, je vais m economiser pour monter plutot sur un volcan pres d Antigua. A Solola aussi nous traversons un marche, puis le bus lache les freins et nous nous engageons dans la succession de lacets qui descendent jusqu a Panajachel. Je compte remonter a Solola demain ou apres-demain, pour profiter de la vue en hauteur sur le lac en redescendant a pied a Panajachel. Mais je vois que la route est bien raide. Ca va tirer sur les mollets !
Le bus s arrete a l entree de la ville, a 100 metres de la rue principale qui file tout droit vers le lac. Attendant de savoir si c est la que je dois descendre ou pas, je me reveille lorsque mon voisin se tourne vers moi et en anglais, gentiment, me previent que c est maintenant ! Oula vite, car on ne s arttarde pas ici ! Je me leve, ouvre la porte arriere du bus et balance mes quatre sacoches directement sur le bitume, en esperant que ma bouteille de gaz le supporte sans broncher. Je saute a mon tour par terre et tends les bras pour receptionner le velo. Deux hommes sont deja en train de m aider, derriere moi. Argh, merci les gars mais j ai rien demande... Bon mais ils sont plutot sympas. Ils chantonnent en ouvrant la bequille du velo pour le stabiliser. Et se renseigne sur mon hotel. Est-ce que je sais deja ou je vais dormir ? Non parce que la juste en face de moi il y a une tres bonne adresse a pas cher. Je discute avec eux, le temps de fixer les sacoches. 50 quetzales la chambre privee (pas de dortoir). Bon, je decide d aller jeter un coup d oeil puisque c est en face. Le proprietaire m ouvre le passage en enfourchant lui-meme son velo. Nous roulons 50 metres, puis il m ouvre le portail. La petite maison est toute simple, montant sur trios etages autour d un patio amenage avec un hamac et une table en bois. Mais c est tres calme et j ai l impression d aller dormir chez des particuliers. La chambre n a rien de trop cote decoration, mais elle est grande et propre. Ok c est bon, je paie pour deux nuits et range mes affaires dans la chambre avant de sortir avec mon petit sac a dos pour decouvrir le lac.
En ce debut de deuxieme partie d apres-midi, la petite ville aux couleurs vives s eveille doucement apres la sieste. C est qu il fait une chaleur ecrasante ici, en plein midi. Un peu avant 16h, je verrai souvent les vendeurs somnolant a l ombre, affales sur leurs marchandises. L air est cependant leger, paisible, et je retrouve ici la meme douceur de vivre qu a Comitan. Avec le charme du lac en plus. Je remonte la longue, tres longue et tres coloree rue Santander - suite de boutiques et restaurants - pour ariver jusqu au bord du lac qui s etale tout a coup devant moi, pale et brillant dans la lumiere intense que le soleil darde sur lui et les volcans alentours. Comme c est bon d etre ici... L eau apaise... Ca fait une eternite que je n ai pas ete au bord de l eau. De petits nuages s accrochent au somment du San Pedro et du volcan Atitlan. Un voile couvre l ensemble du paysage et rendra mes photos toutes pales. Cette lumiere est vraiment bizarre. Je me battrai pendant une semaine avec mon appareil photo pour tenter de capter le bleu du ciel et du lac, mais je ne suis pas assez douee pour passer outre cette espece de lumiere vive qui rend tout blafard.
Les gens se promenent, touristes et guatemalteques. Hippies jeunes et vieux, aux longs cheveux et nombreux tatouages.
Qu est-ce qu ils sont nombreux, ici ! Et encore ce n est rien par rapport a ce que je decouvrirai a San Pedro, ne regrettant vraiment pas de ne pas y avoir elu domicile. Beaucoup de vieux americains trainent leur guetres par ici. Le dos courbe, la demarche mal assuree, le chapeau visse sur le crane ou les cheveux longs debordants des casquettes, ils portent des lunettes de soleil et se retrouvent dans les memes cafes. Certains arborent de longues barbes. Comme a San Cristobal, des jeunes s installent ici pour creer et vendre leurs bijoux en argent, cuivre, avec des pierres de jade, obsidienne, etc. Je longe le lac. Comme cest paisible. Les restaurants sont vides, les rabatteurs au chomage tentent quand meme de m inviter q manger sur leurs terrasses avec vue imprenable mais je n ai pas encore faim. Au bord de l eau, les familles se rafraichissent en faisant trempette. Les chiens de rue dorment a l ombre des arbres. Je me fais la reflexion que decidemment les chiens abandonnes sont legion, parc contre on ne voit jamais de chats. Tout l inverse du Maroc.
Je trouve qu il y a pas mal de touristes ici, mais je me rendrais compte deux jours plus tard que c est bien plus paisible ici qu a San Pedro ou tout le monde se retrouve dans les bars branches bobo-hippies ultra touristiques, San Pedro est le meilleur endroit pour se faire des copains europeens ou de toutes nationalites sauf guatemalteque. Sur les rives du lac, je me pose un long moment seule sur un ponton, pour regrader les volcans enveloppes de nuages. Je compte rester au moins trois jours, si ce n est un peu plus, on verra. Il y a de quoi faire, avec les villages alentours. Ceci dit, il faut que je regarde si enfin ma carte bancaire fonctionne. J ai suffisamment attendu, plus de 24h sont passees depuis mon appel. Depuis qu on m a dit que tout etait resolu. D ailleurs le vent se leve d un seul coup, et balaie le lac de grandes bourrasques violentes qui me feraient presque craindre de me retrouver balancee dans l eau ! Un groupe de copains installes pour prendre l apero sur un autre ponton leve le camp par prudence. Deux jeunes guatemalteques viennent sur mon ponton et ouvre un petit sac en cuir pour en sortir un fil et des harpons. Ils vont pecher. Je quitte le ponton et remonte vers la rue Santander. A l entree de la rue, je prends enfin mon courage a deux mains. C est marrant comme je n etais pas tranquille, comme si je savais que ca n allait pas marcher... je rentre dans un distributeur (ici ils sont enfermes dans de toutes petites pieces ou une seule personne a la fois peut entrer). Je mets ma carte, et tape mon code tres attentivement. J attends...
Et le couperet tombe. Refus. Mon code n est pas reconnu, pour la deuxieme fois !
La je me sens vraiment tres mal. Une vague de froid descend dans ma gorge. J ai l impression d avoir epuise tous les recours avec la LBP. Que puis-je faire de plus ? Rappeler avec l argent qu il me reste sur moi, et leur redire que ca ne marche pas ? Je n ai plus aucune confiance en eux. Tout ce que je fais aupres d eux est vain. Mon conseiller financier ne m a pas repondu au bout de trois jours. Cette fois-ci je passe un sale moment de decouragement. J en ai marre. J en ai ras le bol de tous ces problemes, de cette angoisse permanente depuis deux mois. Le moral dans les chaussettes, je retourne au cafe ou je sais pouvoir avoir une connexion gratuite. Je me connecte. Je reflechis.
Et je fais la chose la plus stupide qui soit. Enfin pas si stupide que ca, mais bon. J envoie sur facebook un appel a l aide, demandant a mes contacts si quelqu un connait quelqu un qui travaillerait aux services financiers de la LBP. Et j ai une reponse presque aussitot. Meme plusieurs. Si tout de suite apres je regretterai d avoir eu une reaction aussi infantile, malgre tout je ne regrette pas le sentiment de reconfort que ca m a procure.
Ca me calme. Enfin un peu.
Je vais manger deux avocats que j ai dans mon sac. Je suis dans un endroit qui est superbe, mais je suis focalisee sur ces soucis, et l enchainement de reponses strupides et absurdes qui ont conduit a cette situation qui me prend a la gorge. Vraiment j ai envie de prendre un billet retour pour la France et d en finir la. J oublie ces pensees pesantes avec les pages de mon livre de Zola, impressionnee par la transposition possible des reflexions sur la vie politique parisienne du 19eme siecle et celle d aujourd hui. Rien n a change, on pourrait depeindre avec les memes mots la vanite et l hypocrisie de ce milieu.


Une certaine idee de l amenagement urbain...


Le lendemain, je prepare mon sac a dos et me leve tot pour aller a Solola en bus et en redescendre a pieds. Dans la nuit, le vent a vraiment souffle tres fort. Des bourrasques impressionnantes. Ici, les toits sont souvent constitues de toles arrimees aux murs. Parfois on sent les toles vibrer ou lutter pour s arracher du mur, mais ca tient. Visiblement ici les gens ont l habitude et savent comment fixer les choses pour eviter les drames car la force du vent est telle qu une tole larguee pourrait cuoper un membre ou tuer quelqu un.
Je vais d abord prendre un bon petit cafe au meme endroit qu hier, pour lire mes mails car a l hotel le vent a apparemment fait sauter internet.
Et je decouvre un mail de mes parents. Anticipant la banqueroute, ils ont agi et fait ce qu il fallait pour me permettre de poursuivre sereinement le voyage jusqu au retour.
C est evidemment une excellente nouvelle pour moi. La fin de mon angoisse. Et pourtant je suis mortifiee. Je n ai pas ete capable de me debrouiller toute seule avec ma banque (qui n a dailleurs toujours pas repondu a mes appels au secours). A 41 balais, ce sont encore mes parents qui me sortent de la galere. Je sais a quel point ils ont du stresser et ca me desole.
Je les remercie par mail, mets mon sac sur mon dos et pars prendre le bus, pensive et triste, un peu sonnee par tout ca. Le soleil brille, et le vent souffle toujours dans les rues, J espere qu il ne va pas me gener dans ma descente a pieds sur la route etroite. Je regarde tout comem si j etais derriere une vitre, perdue dans ma reverie. Entr el aide de mes parents et l appel au secours aux copains sur FB, franchement tout ca ne me donne pas une haute idee de ma maturite. Et je suis certaine que d autres que moi auraient gere autrement cette situation.
Bon.
Je monte dans le bus avec les autres guatemalteques qui se rendent tout la haut sur la montagne. Le bus peine a monter les pentes super raides et laisse une trainee de fumee noire derriere lui ! Nous arrivons a deux a l heure a Solola. Je descends pres de la place centrale et pars a la decouverte de ce village.
Le vent me pousse vers l eglise. Je vais jeter un oeil a l interieur. Les tentures vertes tombant du plafond m accueillent. L eglise est aux trois-quart vide, mais dans l allee centrale des persones sont en train de realiser un rituel, observes par leurs compagnons assis sur le cote et qui chantent doucement quelque chose qui ne ressemble pas a de l espagnol. Les penitents avancent dans l allee centrale a genoux. Et puis de temps en temps ils reculent, toujours a genoux. Levant les mains vers le ciel, comme souvent lorsque les latinos prient dieu. Je regarde un moment, avant de m eclipser alors que d autres personnes, visiblement du meme village etant donne qu ils portent tous les memes vetements bleu-vert sombres, s approchent de l eglise et s appretent a y entrer.
Autour de la place, les gens sont attables devant des roulottes en bois, juches sur des tabourets hauts, et mangent une nourriture qui n a pas du tout l odeur ecoeurante des tacos. Je m eloigne du centre que je trouve relativement tranquille de ce cote-la (le marche est un peu plus loin), et entre dans de petites rues calmes aux trottoirs cabosses. J apercois par une porte ouverte des jeunes gens en train de taper a la machine sur des machines a ecrire qui datent de l age de nos grands-parents. Je regardesur le mur... et decouvre que ceci est une "academie et centre d apprentissage de la technologie de la communication et de l information"... Bien... J en verrai pleins, des comme ca, au Guatemala ! La moindre petite piece ou on apprend quelque chose est d ailleurs vite baptisee academie. En tout cas une chose est sure, ca fait tout drole de constater ce decalage. J ai presque eu l impression d assister a une scene anachronique.







entree de l eglise adventiste de Santiago

J entame ma descente vers Panajachel, ayant surtout envie de marcher et de m eloigner de la foule. Je suis toujours dans un etat second,pas vraiment ici et maintenant, la, pour le coup. Mon esprit cogite et se remet de ses contrarietes, loin de mon corps qui escalade les trottoirs, decline les propositions de vente de babioles ou noix de macadamia et cocos. Juste a la sortie du village, je tombe sr l eglise adventiste. Encore une fois, l entree est peu engageante. Un grand mur de beton.... De l autre cote de la route, le cimetiere brille de toutes ses couleurs sur le sommet de la colline. Ils sont funs leurs cimetieres !
Il me faudra une heure pour redescendre. Ca tire sur les jambes car il faut rester flechi pour ne pas rouler-bouler jusqu en bas en dix minutes ! Le calme n est pas absolu car des voitures montent et descendent sans arret, mais tout de meme le trafic me donne quelque repit et j apprecie de marcher au soleil avec vue sur le lac tout en bas et les volcans de l autre cote. Demain je prevois d aller en bateau a San Pedro et Santiago. J ai aussi entendu parler de San Marcos. Ca me tente mais il parait que c est frequente surtout par des gens friques qui viennent la pour mediter. On verra. Les volcans sont bien plus nets qu hier lorsque je suis arrivee. Mais tout de meme, il est difficile de faire une photo qui ne soit pas trop claire. C est fou cette luminosite !
Avant d arriver a Panajachel, je croise des loueurs de lancha qui attendent un groupe de touristes. On discute un petit moment avec l un d eux. Il me recommande des chemins dans la montagnes pour aller voir les villages alentours. Oui... Je vais tout de meme y reflechir car c est sacrement escarpe !
De retour a Pana, je vais me poser pres du lac pour lire et reposer mes jambes. En remontant la rue Santander en milieu d apres-midi, je m aventure dans le marche artisanal et me regale des couleurs qui flamboient sur toutes les pateres. Je sais que je ne vais rien acheter, comme quasiment depuis le debut de mon voyage. Mais c est trop joli pour que je n aille pas voir d un peu plus pres les details de ces vetements, sacs, peluches, descentes de table, ceintures, etc. Dans chaque boutique on m invite a entrer, mais je decline avec un sourire. Sauf dans l une des boutiques, ou une dame est agenouillee par terre et brode un haut pour femme. Je m arrete pour regarder. Sa fille, Sophie Eunice, se leve et m accueille avec gentillesse. Elle doit avoir 14 ou 15 ans. Je m extasie sur la beauteet la precision du travail. Alors bien sur elles m invitent a acheter. Mais sans etre trop pressante. Moi je reponds que non, je ne peux pas, car sur mon velo je ne peux m encombrer plus que je ne le suis. Et puis je dis a la femme que de toute facon j ai des soucis avec ma banque et suis obligee de faire tres attention. "Mais tu as besoin de quelque chose ? Tu n as plus dargent ?" me demande-t-elle avec prevenance. Et cette seimple question, cette bienveillance non feinte, me touche beaucoup. Je la rassure, et nous voila parties toutes les trois a discuter pendant pres d une heure. De la vie au Guatemala, de la vie en France, de nos vies respectives.
Cette brave femme m explique que les gens de son village, Santiago, lui parlent avec un regain de respect quand elle y retourne (frequemment dans la semaine), parce que compare a eux c est un femme qui franchi le lac et va travailler dans la grande ville qu est pour eux Panajachel. Elle est donc aureolee d une aura particuliere, qu elle ne comprend pas car elle ne se sent pas differente des autres. Je sens en tout cas a quel point le tourisme lui parait important pour ce qu il apporte comme ressources au village.
Nous passons un moment asbolument charmant toutes les trois .La jeune Sophie Eunice est curieuse d un tas de choses, et tres douce.
Je les laisse finalement, heureuse de ce petit moment de bonheur tout simple entre filles !
L apres-midi est doux. La chaleur endort generalement un peu tout le monde, et c est vraiment plaisant de se promener dans cette beate tranquilite embaumee des parfums de fleurs aux couleurs eclatantes. Les chiens se baladent sans trop savoir ou ils vont. Je me rends en fin d apres-midi dans le cyber qui fonctionne pas trop mal. Mais en pleine ecriture, l electricite saute. Puis revient... pour sauter a nouveau. Le vent probablement, qui n a pas arrete de souffler de la journee, a provoque des degats. Toute la ville est plongee dans le noir. Du coup on voit super bien les etoiles !
Je navigue q la lumiere des phares des tuk-tuks, motos et voitures, dans la rue Santander et vais diner a la bougie dans un petit resto. Le vent souffle regulierement la bougie, que je rallume sans cesse...
De retour a l hotel, je bouquine a la lampe frontale avant de m endormir, decidee a me lever tot demain matin pour partir en bateau a Santiago.




En esperant que le vent se soit calme demain, car je ne suis pas sure de vouloir tenter le bateau dans ces conditions...
Mais le lendemain matin, le vent s est calme. Je suis prete a partir a 7h30. Je commence par aller prendre mon petit cafe, puis je descends tranquillement lire au bord de l embarcadere - les lanchas poùr Santiago ne partent qu a 8h30. Un quart d heure avant le depart du bateau, un groupe de francais retraites, voyageant entre copains, arrive et monte dans le bateau. Je les rejoins, et nous faisons connaissance. Je trouve ca genial, ces bandes de vieux copains qui partent au bout du monde ensemble. Ils sont deja partis trois fois au Mexique. Cette fois ils ne font que 15 jours au Guatemala. Ils prennent un guide pour les 15 jours, pour eux seuls. Et restent independants pendant tout leur voyage. Alors qu ils me questionnent sur le velo un des hommes me vante les qualites de son fils qui participe a toutes les courses ironman. Et je pense alors a Arthur, qui a fait sa grande premiere cette annee...
Nous partons. Si le bateau glisse d abord tranquillement sur l eau, bientot il se lance avec une grande vitesse sur les vagues et voila que nos faisons du tape-cul ! La vache, ca secoue !! Et ca va durer une bonne demi-heure comme ca. Gerard, qui s etait assis a la proue pour mieux voir le paysage quand nous avons demarre, ne peut plus revenir a sa place initiale, tellement ca bouge. S il se leve, il risque de taper la tete violemment contre la barre du toit.




La vache ! Heureusement que je n ai pas pris le bateau hier avec le vent encore plus fou ! Moi qui ne suis jamais tres rassuree sur l eau, je me concentre sur les paysages et tente d oublier que ma vie est en danger... C est dommage d ailleurs que ca secoue autant, car mes yeux se regalent mais il est tout bonnement impossible de prendre une photo.
Des que nous passons l endroit ou le lac se retrecit pour offrir une deuxieme anse au bout de laquelle se trouve Santiago, l eau devient tout a coup tres calme. Le tape-cul continue mais il est moins frequent car nous glissons avec moins d obstacles sur l eau. Enfin la lancha s immobilise pres de l embarcadere de Santiago, et nous debarquons sur les planches de bois qui forment un ponton jusqu a la terre ferme. Ahhh que c est joli et comme l air est doux ! Il est encore tres tot, les boutiques s installent a peine tout autour de l embarcadere. Je souhaite une bonne journee a mes copains retraites et pars a l assaut de la rue en pente qui monte au village.
J apercois de bons petits cafes qui donnent envie, joliment decores avec des sieges en bois rembourres de tissus de lin marron clair. Des masques mayas et des plantes exotiques ornent les facades. Ah si je pouvais acheter un de ces masques.. Mais bon, j en ferais quoi, sur le velo ? Parfois je suis vraiment frustree de ne pas pouvoir acheter de souvenirs, des choses que je verrais vraiment bien chez moi. Mais dun autre cote, j apprecie vraiment de ne pas pouvoir avoir le regard du touriste consommateur. Je ne peux pas acheter, c est un fait, alors contentons-nous de regarder les gens, la vie, les jolies choses artisanales, et discutons ! Car ici c est possible. Les vendeurs ne se detournent pas de vous des qu ils comprennent qu ils ne vous refourgueront pas un de leurs articles. Ils sont toujours prets a passer cinq ou dix minutes avec vous pour parler, et repondre a vos questions sur leur culture.
Bon en tout cas pour l instant je remonte la rue qui descend vers l embarcadere. Un petit vieux au chapeau de paille m accompagne et me propose d aller voir le mirador, un endroit ou les femmes du village lavent leur linge, et ensuite la maison ou se trouve Maximon, ce curieux personnage dont j ai appris l existence dans mon guide. Au moment ou ce brave papy me le propose, je viens a peine de descendre du bateau et je jouis de ce sentiment de liberte et de bonheur total que procure l arrivee matinale dans un endroit sympa, berce par la douce chaleur du soleil, et je n ai qu une envie : profiter de cette liberte pour marcher le nez au vent a la faveur des inspirations du moment. Je n aime pas qu on me saute dessus et qu on me prive de ma liberte d errer librement dans les rues. Alors j hesite, car ca pourrait etre drole d aller voir a quoi ressemble ce drole de saint venere par les gens d ici, Maximon, a qui on apporte en offrande du rhum ou de la biere, et des cigares. Un saint pas vraiment reconnu par l eglise catholique, evidemment.... Mais non, tant pis, je n ai pas trop envie, en fait, d etre conduite la ou on emmene tous les troupeaux de touristes pour voir les indiennes typiques en train de laver typiquement leurs vetements typiques dans le typique lavoir du village. Et je ne pense pas que je rate grand chose en n allant pas prendre en photo la poupee Maximon les bras charges de cigares et d alcool. Je remercie mon papy et poursuis ma route vers la place centrale, encore bien calme alors que les stands du marche aux fruits et legumes s installent.
Dans les boutiques pleines de vetements, sacs, portefeuilles, bonnets et ceintures colores ou statuettes en bois, on m interpelle systematiquement. Mais je depasse le marche et poursuis la grimpette jusqu a l eglise. Celle-ci, en plus d avoir des tentures vertes au plafond, contient de chaque cote du choeur une ribambelle de saints groupes par couleur de vetements. Il y a le groupe rouge, le groupe bleu, les verts, les jaunes... Et au fond, dans le transept, d etranges personnages vetus eux aussi de vetements tres colores sont representes a differents etages. Certains portent les chapeaux traditionnels des villages du lac. Une dame est agenouillee en priere devant la chapelle de gauche. Plus ou moins cachee par un pilier, je braque mon appareil photo. Elle recite ses prieres a voix hautes. Je l ecoute. Je ne comprends rien a ce qu elle dit, elle ne parle aps en espagnol. Elle tourne la tete vers moi, et alors je me sens bete avec l appareil a la main. Je baisse mon appareil photo et fais un signe amical avant de regagner la sortie et de la laisser tranquille. Je fais le tour de quelques rues tranquilles. Le style colonial se melange au style tole ondulee et pierre brute... Autour des quatre ou cinq rues du centre, tout ma parait en eternelle construction. Les murs de pierre grise sont surmontes de tole. Il doit faire une de ces chaleurs la-dedans ! Le lendemain avec Sauveur j aurai l occasion d entrer dans une de ces maisons, et decouvrirai avec surprise que le sol est en belle et fraiche ceramique, aux motifs vraiment tres jolis et rappelant l art mauresque. Pour l heure, je constate que la plupart des facades presentent des barres de fer apparentes, sortant du beton et tendant leurs bras vers le ciel, dans l attente de la surelevation d un etage, un jour prochain, sans doute. Je serai curieuse de voir a quoi ressembleront tous ces villlages dans dix ans. Toutes les maisons auront sans doute grandies d un ou deux etages. Et pourtant, malgre cette activite de construction constante dans laquelle on sent un village en developpement, on entend les cris des cochons ou des poules et des dindons derrere les murs. Et dans les petites cours, qu on apercoit par les portes ouvertes ou les grillages, les tas de bois de chauffage montent le long des parois de beton, Dans la rue, des petites vieilles sont installees sur les trottoirs devant d immenses tas de buches, chargees de preparer, a l aide de bouts de cordes, d ballots transportables par les hommes ou les chevaux. Les hommes, quant a eux, montent et descendent les rues hyper pentues en transportant de longues planches de bois ou de longues barres de fer, ou encore de tres lourds sacs de ciment. La charge est sur leurs epaules ou sur leur dos, retenue par un tissu epai et une laniere en cuir passee autour de leur front... Il n y a pas que les hommes d ailleurs. Les jeunes garcons s y collent aussi tres tot !
Mes pas me ramenent a la rue qui descend vers l embarcadere. Cette fois je ne resiste pas a l envie de prendre un vrai bon cafe. Je m installe sur la terrasse de l un de ces jolis petits cafes et regardent la vie dans la rue tout en buvant le cafe chaud. Ce village a beau etre touristique, l afflux des etrangers reste cependant tres soft. Ca ne deferle pas sauvagement a l assaut des boutiques. On voit passer des touristes, oui, mais ils marchent d un pas tranquille, prennent des photos, et sont en petits groupes.
Apres mon cafe je remonte voir le marche, qui s est peuple entre temps ! Je decide de m asseoir sur un banc a l ombre, plus ou moins en face de quelques stands de fruits et legumes. et de pochettes pour telephone portable ! Je suis assises depuis 2 minutes, lorsqu un vieux monsieur en chemise violette a rayures blanches, pantalon de costume blanc, et chapeau de paille blanc, vient s asseoir a l autre bout du banc. Nous nous saluons, puis chacun part dans sa contemplation des negociations et discussions autour des stands.





Moi je suis fascinee par le charme de ces vetements traditionnels, particulierement ceux des hommes que je trouve tres folklo ! Les femmes sont en robe ou jupes, toujours des vetements extremement brodes et charges de motifs dores et fleuris. J apercois la fameuse galette, ruban multicolore mais a forte dominante rouge de 4 metres, enroule autour des cheveux des femmes. Enfin des vieilles femmes, car je ne les verrai pas sur les cheveux des jeunes filles. Mon voisin me le dira bientot : tout se perd ! Les jeunes feñmmes ne portent plus cette coiffure traditionnelle ! Les hommes, par contre, portent tres fierement un costume que je trouve tres etonnant. Ils ont des chemises violettes ou tirant sur le violet, parfois toutes simples, parfois elles-aussi tres brodees, avec dans le dos des motifs qui font penser aux ailes d un oiseaux ou a un aigle. Ca fait assez cow-bay, a vrai dire. Surtout avec leur chapeau blanc au tour de tete marron ou noir. Mais alors ce qui fait franchement deguisement, a mon gout, c est ce pantacourt qui tombe juste au-dessous du genou, et d une couleur blanche ou blanc raye violet. Et maintenu par une large ceinture de tissu dans les violet ou rouge dominant, nouee sous le ventre. C est etrange, on dirait presque des corsaires croises avec des cow-boys. Etonnant... mais ca ne manque pas d elegance ! En tout cas leur demarche est elegante. Tandis que je les observe, mon voisin s est rapproche au milieu du banc. Ah. Serait-ce une tentative d amorcer la communication ? Je le regarde. En fait, il est un peu sourd. Du coup il se rapproche franchement, et en effet nous voila partis a discuter tous les deux !
Il me fait rire. Il connait tout le monde ici. Il n a jamais quitte ce village. Toute sa famille est la, d ailleurs. Nous parlons des paysages, du volcan, des habitudes de vie ici, mais il me pose aussi enormement de questions sur la France ! A un moment donne, un tout petit vieux, qui ne devait deja pas etre bien grand quand le poids de la vie ne le courbait pas encore en deux comme aujourd hui, s approche lentement, tres lentement, de notre banc. En fait ca doit plutot etre son banc... En tout cas c est l impression que ca me donne. Ses pieds glissent a petits pas, et son buste suit le mouvement en sappuyant sur une canne recourbee. Il s arrete a cote du banc, et je me pousse ainsi que mon camarade, pour lui laisser la place a ma gauche. Me voila donc bientot entouree a ma gauche d un centenaire qui va tres vite s endormir assis, suspendu a sa canne, et un papy retraite a ma droite, qui prend plaisir a me taper l epaule a chaque fois qu il va me dire quelque chose, pour s assurer que je l ecoute. Nous parlons bien une bonen demi heure, en regardant les gens passer devant nous. Comme il n entend pas bien, moi aussi je lui tapote l epaule quand il a la tete tournee, pour lui indiquer que j ai un truc a lui dire.
A un moment donne, il a cette question qui me laisse perplexe : Tapotement d epaule. Oui ? "En France, tu as une femme ?" .... Plait-il ? Je ne suis pas sure de comprendre. Alors je fais l andouille. Vous pouvez repeter la question ?... Que se passe-t-il a ce moment-la ? Est-ce qu il ouvre les yeux ? Je vois un doute passer dans son regard. Perdu tout a coup, il me demande : Mais, tu es un homme, non ?Ah c est donc ca ! Je pars d un grand eclat de rire. Parce que c est drole, vraiment, il a vraiment cru que j etais un homme, ce bon vieux papy, depuis une demi heure, et le voici tout desarconne ! Evidemment il s excuse, mais moi je ris et je comprends tres bien. J ai bien vu qu ici toutes les femmes ont les cheveux longs. Ah oui me confirme-t-il. Et je vois bien aussi, qu elles ne portent (dans les villages, du moins car a Antigua ce sera un peu different), que des robes ou des jupes. Les femmes portent parfois des pantalons ? "Ah non, ah non !" me confirme mon voisin. Et oui, donc je sais bien qu avec mon physique et mes vetements je suis un peu un ovni ici.
Et j aurai souvent cette sensation, par la suite. Combien de fois je croise des regards intrigues. Combien de fois on me dira d abord Amigo, ou Chico, ou Gringo, avant de se reprendre... ou pas ! Depuis le temps que je voyage, je suis habituee a faire cet effet-la. Pourtant, tout de meme, ici au Guatemala j ai parfois vraiment l impression de mettre mal a l aise certaines personnes.
Enfin en tout cas ca n etait pas le cas avec mon papy qui lui aussi est parti a rire de sa meprise et me tape dans le bras, cette fois en signe de camaraderie ! Et nous continuerons encore un peu a papoter des us et coutumes de nos pays, jusqu a ce que nous retombions dans la contemplation des guatemalteques faisant leur marche. Avant de partir, je lui demande si je peux faire une photo de nous trois, moi au milieu du centenaire et de lui. Mais je vois dans son regard qu il n y tient pas. Alors je laisse tomber, en regrettant un peu tout de meme.
En repartant par une rue que ej n avais pas encore exploree, j entends, en passant devant une porte en tole fermant l acces a un batiment de beton gris, des chants. Probablement une ceremonie religieuse. Ah mais on est samedi ! A tous les coups c est un culte adventiste. J entre dans la cour et m approche de la porte de "l eglise", si on peut appeler ca comme ca. On dirait plutot un hangar, de l exterieur, mais amenage avec une scene et des fleurs, des tentures et des louanges scotchees aux murs. Un gruope de femme, montees sur l esterade, chante, micros en mains, accompagnees par deux musiciens (guitares electriques et synthe). En face, un public assez clairseme et plutot age. Certains sont assis, d autres sont a genoux,m mais tous levent les mains vers le ciel en chantant. Je reste bien dix minutes, et pendant dix minutes les chansons s enchainent. Est-ce un culte chante exceptionnel ou bien est-ce toujours ainsi ?... Je fais demi tour et m eloigne dans la rue ou leurs chants portent loin.
Je redescends doucement vers l embarcadere. J ai du temps devant moi, environ trois quarts d heure. Depuis ce matin, toutes les boutiques se sont installees et c est un deferlement de couleurs sur la rive du lac ! Je ne resiste pas au plaisir des yeux, je me balade de boutique en boutique. Un homme m entraine dans le fond de la boutique et me montre le vetement sur lequel il travaille en ve moment. Je lui explique que tout ca est vraiment tres beau et impresionnant, mais que je ne vais pas acheter. C est pas grave, ca n empeche pas de discuter. Nous ici on aime bien passer du temps avec les gens, meme si on sait qu ils ne vont pas acheter." Ah bah cool, et en effet je reste a papoter avec lui le temps de patienter pour prendre mon bateau. L heure arrive cependant, je le remercie et monte dans la lancha qui me conduit a San Pedro. Et apres avoir ete sacrement secouee sur les flots, j arrive dans un autre monde ! Je comprends pourquoi tout le monde vient ici (enfin tous les touristes, je veux dire). C est paradisiaque.
Mais je vois tout de suite que c est beaucoup, beaucoup plus frequente par les touristes que Panajachel. Je les vois se dorer la pilule sur les plages un peu retirees, faire du kayak et de la lancha sur l eau d une couleur superbe, et siroter des jus de fruits bio sur les terrasses de bars plus hippies les uns que les autres. En fait cest tres bien, tres chouette, mais je m apercois que je suis bien contente d etre a Panajachel et non pas ici car venir ici c est comme prendre ses vacances au bout du monde dans un hotel ou on ne va retrouver que des francais ou des europeens. Je n ai pas du tout envie d etre au milieu de tous ces jeunes qui forment des bandes de copains du monde entier et chantent avec la guitare et les tambours en contemplant la vue idyllique et sirotant leur kombutcha tellement sain pour le corps ! Donc je zappe vite fait les bars le long de la rive pour monter vers le haut du village, sous un soleil de plomb. Les pentes doivent etre a 40%, c est pas possible ! Je me retourne et decouvre des vues splendides depuis les hauteurs ou se perchent les maisons. Le lac resplendit, le bleu tranche sur le vert des montagnes et les couleurs vives des maisons. Comme a Santiago, les toits sont en toles et ca construit beaucoup. En haut de la colline, le village est bien plus authentique et une vie paisible semble s y mener au milieu des petits marches et des tiendas, tallers en tous genres, ainsi qu autour du parc central ou une statue coloree de Pierre se dresse dans le jardin. On croise parfois des chevaux dans les rues, qui sont vite tres calmes des qu on s eloigne du centre ville. Je fais donc avec plaisir un grand tour dans San Pedro et remarque ses nombreuses fresques murales hippies concurrencant les messages evangeliques sur les parois des maisons. Ici aussi, comme a San Cristobal de las Casas, beaucoup de touristes viennent pour apprendre lespagnol dans une des nombreuses ecoles qui proposent des cours.
Un peu avant 17h, je redescends vers l embarcadere pour ne pas rater la derniere lancha qui part pour Panajachel. Le voyage de retour sera une vraie torture pour moi ! Le lac est tres agite, et je n en vois pas le bout ! A cote de moi, une petite fille indigene de 6 ou 7 ans me jette regulierement des coups d oeil, et j ai la tres nette sensation de beaucoup plus flipper qu elle dans ce bateau que les vagues secouent en tous sens ! J essaie de rester impassible mais tout de meme ca doit se voir que je suis un peu tendue. Fais confiance au conducteur, fais confiance au conducteur - sera ma litanie pendant l heure que durera la traversee. Je regarde les paysages pour m occuper l esprit. Et ce que je vois, depuis le port, de San Marcos de la Laguna, me confirme que j ai bien fait de ne pas m y arreter. Je n apercois quasiment pas de village, uniquement des resorts et hotels luxueux, ou de riches touristes viennent faire des retraites de yoga et de meditation. Pas grave d avoir loupe ca.
Je retrouve la terre ferme avec bonheur et rentre apres avoir dine et passe un peu de temps sur le blog. Je decide de me faire une derniere journee toute cool le lendemain. Balade et lecture au bord du lac. Et effectivement, tot le matin je pars vers le lac, descendant plus bas que d habitude pour m eloigner de la ville et trouver un coin plus calme ou en tout cas plus a l abri des gens.
Je fais totalement fausse route, mais je ne le regretterai pas. Ce matin nous sommes dimanche, je m apercois que sous les bosquets qui bordent la rive du lac, un espece de marche s etend a l ombre des arbres. Il y a donc pas mal de gros bus et de taxis qui atetndent gares la, mais egalement des stands vides pour l instant. Et puis je me rends compte que les nombreuses personnes qui sont la, des familles apparemment, ont l air d attendre quelque chose. Ils sont tous amasses le long des berges du lac. Certains assis ou en train de pique-niquer, d autres debouts, les mains dans les poches de leurs manteaux en raison du vent, papotent et semblent vraiment attendre. Intriguee, je m approche d une dame et lui demande pourquoi tous ces gens sont la. Ce sont des baptistes, me repond-elle. Ahhh, il va donc y avoir des baptemes dans l eau du lac ce matin ?
Il n y en aura pas qu un seul, il y en aura beaucoup ! Je vois au moins trois groupes differents, qui s appretent tous a celebrer des baptemes. Les gens continuent a affluer. Des groupes s installent en cercle pour manger avant que ca demarre. Je m asseois non loin d un des groupes. Le pasteur n est pas encore la. Trois hommes construisent une sorte de vestiaire, en plantant quatre bouts de bois dans le sable et tendant des dros sacs bleus pour faire un rideau opaque. Les baptises n auront que cinq metres a faire depuis l eau pour aller se secher et se rhabiller. Des musiciens deplacent leurs synthes, basses, batteries. Finalement le pasteur arrive et un cercle se forme autour de lui et de six ou sept jeunes filles. Du moins je ne vois que les filles, mais lorsqu on passera aux explications des modalites de passage et des vetements a mettre pour le bapteme, je comprendrai qu il y a aussi des garcons. Mais pour l heure je ne les vois pas.
Tout demarre par un sermon. Au debut, le pasteur s egosille pour se faire entendre. Il lutte contre la concurrence des autres groupes qui sont acvcompágnes de musique. Quelqu un finit par lui apporter un micro branche sur une enceinte. Le culte me rappelle mille autres cultes que j ai pu entendre dans ma jeunesse. Puis on passe a la benediction des futurs baptises. Juste avant de proceder aux baptemes, le pasteur rappelle que tout le moned est convie a se retrouver cet apres-midi pour partager un repas convivial. Enfin, il entre dans l eau avec plusieurs diacres, qui forment une haie d honneur, en queque sorte. Je ne sais pas pourquoi ils font passer une corde autour du cercle qu ils forment dans l eau. La premiere jeune femme entre dans l eau, vetute d une jupe et d un chemisier. Le pasteur la benit, puis la baptise.
Je reste encore un peu, songeant a certaines photos de mon grand-pere baptisant les gens dans des paysages tout aussi naturels. Etait-ce la Loire ? Etait-ce a Perigueux ? Je ne m en souviens plus, et je n ai pas connu cette epoque-la.
Je m eclipse, et passe le reste de la journee comme je l avais prevu, en bouquinant tranquillement et me baladant jusqu a la nuit tombee.
Mes affaires sont pretes pour demain, je pars par le chicken bus de 11h pour Antigua, un peu anxieuse d avoir a prendre encore un bus avec mon velo.
Je me leve suffisamment tot le lendemain matin pour prendre un cafe dans mon petit cafe familier. Mais alors que je suis en train d ecrire un mail, je sens quelqu un paser derriere moi et dans mon champs de viion une main passe et se pose sur mes yeux. Devine qui cest ? Je reconnais la voix, et la main, et me retourne incredule. Sauveur ! Moi qui le croyais sur le point de rentrer chez lui ou en vadrouille bien plus au sud apres Cuba !
Sur le coup, je suis super contente de le revoir ! Il s asseoit et prend un cafe egalement. Et nous nous racontons nos deboires mutuels. Moi avec ma banque, lui avec sa chute a Flores au bord du lac. Il s est probablement fait une dechirure musculaire et marche difficilement depuis une semaine.Nous ne poursuivons pas nos routes dans le nmeme sens. Lui va remonter a priori vers le Mexique. Il me propose de partager sa chambre dans son hotel si ca me tente, et de rester un e journee de plus histoire d avoir le temops de se raconter nos aventures et de profiter du plaisir de se revoir.




La nuit me reviendrait a 25 quetzals, soit 3 euros. Ok je dis oui ! Meme si je sais que je vais avoir droit aux allusions a peine voilees et que ca me fatigue d avance, Sauveur est un gars sympa et on a toujours bien discute ensemble alors va pour une journee de plus !
Et finalement nous allons passer deux jours ensemble. Je commence par aller chercher mon velo et transborder mes affaires dans la chambre de Sauveur. Puis nous prenons un pick-up pour aller visiter les villages de San Antonio et Santa Katarina, qui grimpent sur la montagne. Le pick-up est encore un nouveau moyen de transport ! C est donc un pick-up, dote d une barre de fer a l arriere, a l aquelel on s accroche pour rester debout. On s entasse dans la remorque a 10, 15, chacun se tenant comme il peut a la barre, et on roule, cheveux au vent. Et ca monte sec ! San Antonio est vraiment tres haut perche. Cramponnee a la barre centrale, je travaille mes abdos et ma force de traction pour ne pas m affaler sur mes voisins. Le pick-up fait quelques arrets pour faire monter du monde en cours de route. Lorsque quelqu un veut descendre, il suffit de taper sur le metal de la voiture et le chauffeur s arrete, On paie a la descente.
Nous traversons Santa Katarina, qui a l air bien joli, et montons encore jusqu a San Antonio. Nous guettons l endroit ou nous sommes censes descendre. Comme rien n est annonce, on ne sait jamais trop.. mais il y a toujours quelqu un qui repere nos coups d oeil dans tous les sens et nous indique au bon moment que nous sommes arrives. Nous descendons du pick-up devant une eglise. Tout en bas, le lac deploie ses eaux qui paraissent tres calmes, malgre le vent La lumiere nous parait tres blafarde une fois de plus Nous ne sommes pas du bon cote pour prendre des photos du lac, tout est trop brillant, trop clair. Le village s etend dans la montagne et toutes les petites venelles s infiltrent entre les maisons, tres raides, a partir de cette route goudronnee ou deux voitures se croisent difficilement. Tout parait extremement paisible a cette heure de la journee. Nous partons sur la droite. Un homme ivre, deja, tente de nous suivre, sans trop savoir ce qu il fait. Sauveur l ecarte rapidement, lui qui a horreur de tout raccolage sauf quand il peut en profiter pour prendre des photos en metant son Fuji sous le nez de l enfant ou de la femme qui s approche de lui Il fait mine de demander s il peut prendre la photo mais il la prend de toute facon, le doigt toujours pret a appuyer sur le declencheur qui ne s entend pas.
J ai beaucoup de mal avec sa maniere de faire. Un vrai japonais ! Il balance son appareil devant tous les visages qu il veut dans son album souvenir, et ne lache pas prise facilement. Tout le contraire de moi qui ne prend presque jamais les gens en photos de pres car je suis trop timoree, j anticipe sur la gene qu ils vont eprouver a se faire prendre une photo pour la millieme fois par une touriste.
Nous nous engageons dans une des venelles qui grimpent Pour Sauveur, c est dur avec sa patte folle, sans compter que meme sans patte folle il n aurait pas non plus grimpe comme un cabri. Les chevilles en prennent un coup, tellement c est pentu Alors que nous peinons sous le soleil, deux hommes nous depassent, puis un troisieme, et enfin un quatrieme. Les deux premiers portent sur leur dos des sacs de ciment. Le troisieme tient sur son epaule de longues et epaisses planches de bois. Le quatrieme est un papy q qui je donne au moins quatre-vingt dix ans. Et bien sur il porte lui aussi des planches de bois ou des barres de fer, je ne sais plus. Il biffurquent ensuite et descend des escaliers pour entrer dans une maison, avec ses barres sur l epaule.... Ok, vivre dans un endroit pareil ca maintient en forme ! Nous on decide de ne pas monter trop haut, on s estasie devant les paysages, on s etonne que les gens vivent dans des maisons en toles Derriere les murs de certaines d entre elles, on entend le cri d un cochon, ou on apercoit des dindons. et des poules








Nous croisons des femmes et des enfants, portant (enfin pour les filles, pas les garcons) des sacs, des baluchons ou des paniers sur la tete. La couleur des femmes semble etre le bleu, ici. Le ruban enroule dans les cheveux est assorti. Les enfants savent deja aborder les touristes pour leur demander un quetzal ou un gateau. Alors que nous passons devant une maison dans laquelle resonnent les notes d une musique qui me plait beaucoup, je fais diversion aupres d un tout jeune garcon qui espere obtenir des sous, en lui demandant s il connait le titre de la chanson Il finira par me le dire, mais entre temps j ai oublie. Dommage, la reecouter m aurait rappele San Antonio. Alors que nous redescendons pour retrouver la rue principale, mon estomac crie famine. Nous jetterons un coup d oeil a l interieur du marche mais la nourriture ne me tente vraiment pas ! Nous attendrons d etre a Santa Katarina. En passant devant l eglise, une femme nous aborde et nous demande si nous avons deja vu la cooperative et la fabrication de ceramique. Non non, mais c est pas grave, madame, ca ira tres bien comme ca. La dame visiblement me prend pour la femme de Sauveur. Ce ne sera pas la seule, d ailleurs, et je me demande comment les gens peuvent nous trouver assortis, entre le fait qu il pourrait etre mon pere et mon look de garcon manque je trouve vraiment que parfois les gens n ont franchement pas les yeux en face des trous. Mais bref. Lui, flatte, ne dira bien sur jamais rien. Moi je ne raterai pas une occasion de remettre les pendules a l heure. Ceci dit, avec cette petite dame, cette meprise sera l occasion dun bon fou rire. Elle m attrape par la main et m emmene voir, donc, la "cooperative". Enfin la boutique, quoi. Elle fait un metre vingt les bras leves, mais ca ne l empeche pas de prendre les directives et de m attraper par la main ! Amuses, on la suit. Et la voila partie a tenter de vendre des chemises a sauveur. Moi, elle a bien vu que je n acheterai rien. Mais Sauveur a tique sur les chemises.
Le marchandage va durer environ une demi heure D abord dans cette boutique, puis dans une autre La petite dame use de tous les artirfices. Elle me parle plusieurs fois de mon amour, ou quelque chose comme ca. Je lui repete que mon amour n est pas la et je leve les mains de l air de dire que je n ai rien a voir avec ce qu il se passe. Lorsqu elle comprend que je ne suis pas la femme de son acheteur, elle part d un enorme eclat de rire, super amusee de sa bevue Ce qui est amusant, c est qu a ce moment-la, elle est tout a fait a l aise. Or, lorsque Sauveur lui demandera une photo souvenir, apres avoir obtenu ses deux chemises a quetzals alors qu elle demandait pour une au debut, elle se montrera plus reservee. Oui elle veut bien pour la photo, mais sourire la gene car on voit qu il lui manque des dents...Nous retournons pres de l eglise, ou nous attendons le depart du pick-up pour Santa Katarina.
Un peu avant que notre chauffeur demarre, nous voyons arriver pleins de gens, habilles avec les vetements traditionnels. Au milieu d eux, un cercueil Deux femmes pleurent bruyamment. Tous les visages sont tires et graves. Ils sont tres beaux, tous, en costumes
Le groupe monte les marches de l eglise, et notre pick-up entame la descente vers Santa Katarina. A peine arrives, notre idee fixe est de trouver a manger. Nous descendons pres de l embarcadere, ou se trouve un restaurant avec vue sur le lac et les enfants qui jouent sur la rive, les pieds dans l eau. Je goute a la specialite du coin, le pulique, a base de poulet avec une delicieuse sauce agrementant ,les legumes. C est excellent et je me regale surtout avec les legumes et leur sauce. En plus c est pas cher du tout.
Quand nous descendons du restau, un gars moitie fou moitie bourre nous demande une cigarette, puis nous suit. Sauveur e charge de le tenir a distance, bien que les gens lui disent que ce pauvre type est fou.
Nous remontons la rue qui descend vers l embarcadere, pour retourner vers le centre du village. Tout le long, les femmes tissent sur leur metier, devant leur stand. Le centre est tres colore mais aussi tres calme, une fois de plus, Nous ne sommes pourtant pas les seuls touristes. Mais decidemment on n est pas du tout dans la foule, on a presque, au contraire, l impression de deranger les gens en plein milieu de leur vie quotidienne. Ceci dit, ils sont tous bien aimables et nous saluent tres gentiment. Cette fois-ci nous ne ferons qu un petit tour. Je pense que la jambe de Sauveur declare forfait. Il nous entraine bientiot vers le point de stationnement du pick-up, que nous prenons plus rentrer a Panajachel
De retour en ville, je vais faire un tour sur le blog. Ce soir-la nous allons boire un verre epartager une piizza au bar Pana-Rock, qui propose de la musique live tous les soirs. Le groupe est tres chouette, et les mojitos sont pas mal. Sauveur a change ses plans. Il a decide de redescendre sur Antigua. Bon On convient que le lendemain on se prend une journee tranquilou a programmer chacun la suite de nos parcours. Et puis moi je partirai le jour d apres, et lui deux jours plus tard. On se retrouvera une journee a Antigua, a priori, avant de se quitter pour de bon cette fois.
La journee du lendemain sera donc des plus relax. Sauveur ne fera pas le trour qu il prevoyait de faire a San Pedro. Nhous allons nous poser pres du lac et chacun se plonge dans ses guides et son bloc note pour etudier la suite de son parcours. Je planifie grosso modo egalement un parcours a faire avec Etienne, pour voir ce qui est a notre portee en vingt jours dans le Yucatan. \Panajachel n est pas bien grande. Apres avoir pris trois cafes a des heures differentes, grignote un cake a la banane en dejeuner, et parcouru la rue principale en long et en large, la journee nous ramene au Pana-Rock ou nous allons diner et ecouter de la musique une fois de plus.
Et on se leve suffisamment tot le lendemain pour partager un dernier cafe ensemble avant que j attrape le shuttle de comme c etait convenu. A 9h30, nous sommes prets et attendons le shuttle. Mais je ne vois rien venir. Au bout d une heure, toujours rien. Alors que j attends a l angle d une rue ou se trouve u neagence de voyage, la fille de l agence passe un coup de fil pour se renseigner sur mon shuttle.




Il s avere qu il n y avait plus de place dans le shuttle de 9h30 ! Je dois prendre celui de 12h30. Bien. Nus partons faire un tour dans la rue principale, reprenons un cafe tout en discutant. A midi, mon chauffeur est la. Je usis la premiere, du coup in installe mon velo sur le toit et je monte devant, sur le siege passager. Cool ! Bonne place pour pouvoir admirer le paysage. Nous partons faire le tour des hotels pour le ramassage du shuttle. Nous embarquons au passage une famille francaise, un couple et leurs deux filles pre-ado. Et c est parti pour le voyage !
Nous grimpons dans les montagnes. En traversant a nouveau Solola, nous passons devant une ecole Motessori ! C est drole d en trouver une au milieu de nulle part. Devant la porte, les eleves en uniforme (pantalon ou jupe beigne, polo rouge, chaussures noires) discutent ou regardent leur telephone portable.
Nous nous eloignons de la petite ville, et prenons a travers la campagne sur l altiplano. Tout aurout de nous, la montagne deploie ses sommets dans le ciel pale. Les villages laissent la place aux maisons de bois et de tole brinquebalantes, entourees de champs dans lesquels paissent des vaches bossues. Sur le bord de la route, de tous jeunes enfants rentrent de l ecole, leur sac a dos sur les epaules. Chez nous des tout petits de cet age-la ne seraient pas autorises a marcher sur le bord de la grande route, comme ca. Les grands freres ou grandes soeurs, qui doivent avoir 7 ou 8 ans a tout casser, veillent au grain.
Nous depassons des camions et chickens bus qui laissent tous echapper une epaisse fumee noire. On respire tous les pots d echappements encrasses, c est un vrai bonheur ! La route est plutot belle. Les champs s etendent un peu partout. Mais quelle pauvrete, tout de meme ! Des qu on s eloigne des petites villes on est tout de suite dans la campagne profonde. On se chauffe au bois, on coupe les herbes a la machettes, et de toute part des sentiers de terre partent de la route pour monter ou descendre vers les villages.
Nous faisons un stop dans une station service, puis entamons la descente vers Antigua. On m avait dit que Saint Cristobal ressemblait a Antigua. Les guides disent qu Antigua est la plus belle ville d Amerique centrale. Et c est vrai que, comme San Cristobal, Antigua est entouree par les montagnes, et qu elle aligne dans ses rues droites les facades colorees de ses belles maisons coloniales. Les rues sont toutes pavees, c est une hiorreur de rouler et de marcher la-dessus ! Car les paves sont tout petits et irreguliers. A pied on risque de se fouler la cheville, en voiture ca vibre enormement, on est drolement secoues !
Quatre volcans s elevent a la sortie de la ville. Le Pacaya, l Agua, l Acatenango et le Fuego. C est le Fuego que j ai vu en eruption, depuis le sommet du Santa Maria. Aujourd hui untout petit filet de fumee s echapee de son cratere. J apprendrais dans la soiree que la veille, le Fuego a lance dans les airs des gerbes de fumee et de lave. J ai dans l idee de faire l ascencion de l Acatenango. Pour l heure, je m installe dans une jolie petite chambre de l hotel On Visa, dont la deco est hyper catho et maya. Des statuettes et des masques ornent les murs et les etageres. Je me renseigne sur les tarifs pour l Acatenango, et pars me promener.
La chaleur est intense et la lumiere tres vive. Si bien que j ai du mal a prendre des photos des rues, car avec l angle du soleil les murs des maisons sont moitie trop clairs moitie dans l ombre. Et puis de nombreuses voitures sont garees le long des troittoirs, masquant les superbes portes en bois. Bon, tant pis pour les photos. Je me dirige vers la place centrale, ombragee et paisible, sur laquelle se dresse la facade de l imposante cathedrale qui aurait certainement ete superbe auourd hui, si les tremblements de terre successifs n avaient pas reduits a neant l espoir de la voir terminee un jour. Du coup, on en visite.. les ruines ! Et c est etrange de se balader dans un site demolli, de voir ces enormes piliers a terre, ces fractures dans la roche taillee. Vu ses dimensions, c est certain, la cathedrale aurait ete gigantesque ! Ce n est pas la seule eglise en ruine qu on peut voir dans Antigua. A defaut, le palais municipal, lui aussi sur le parc central, est le seul edifice qui ait resiste aux tremblements de terre. Le fait est qu il presente des facades d une vieillesse respectable.
Au sortir de la cathedrale, je me perds dans les petites rues et hume l air et l ambiance de l ancienne capitale, L "antique Guatemala". Je trouve qu en effet cette ville a beaucoup de charme, ses allees sont grandes, ses boutiques clean et pour la plupart tres touristiques et tenues par des etrangers installes ici (beaucoup de francais, d ailleurs). Les facades sont propres et belles, les edifices mieux conserves qu a San Cristobal, Partout on tombe sur des ruines, c est mignon. Mais c est un peu trop clean et touristique a mon gout. Je prefere le cote plus authentique de San Cristobal, plus fouilli, plus concentre. La Merced est magnifique et la vue du volcan sous l arche est vraiment jolie.












Je retourne sur la place le soir, un groupe joue de la musique sous les arcades.Je commence a me sentir patraque. Aurais-je mange un truc qui ne passe pas ? Je ne dine pas ce soir-la, et rentre m allonger. A la tele, je tombe sur un des tous premiers episodes de Candy ! Excellent ! J espere que c est celui ou elle rencontre Terry... Elle est en tenue d infirmiere et soigne un blesse dans un hopital. J aurai envie d envoyer un texto a Isa pour le lui dire ! Le generique de fin arrive tres vite, dommage.
Le lendemain je me reveille vraiment patraque. Je sors et passe la journee a me promener et a lire de parc en parc, mais je ne mange rien et je me vide, retrouvant une ligne d enfer ! Je n ai pas mal, je me sens simpolement nauseeuse toute la journee.
Sur la place centrale, je commence a etre fatiguee par les dames indigenes qui s approchent de moi avec de grands sourires, me parlent comme si j etais leur meilleure amie, jusqu au moment ou elles comprennent que je n acheterai rien de ce qu elles me proposent. Meme si "je n ai rien vendu aujourd hui et il me faut 5 quetzales pour rentrer chez moi". J en ai marre que les gens jouent la comedie, je suis fatiguee que sous des airs sympas ils jouent sur les bons sentiments et l apittoiement. Et je ne parle pas des enfants qui sont habitues depuis tout petits a solliciter un quetzal, un cookie, n importe quoi. Il y a des jours ou c est pesant. Peut-etre que c etait plus simple lorsque je ne parlais pas espagnol ! Bon, ceci dit je me regale a discuter avec les gens. C est juste que, au moment ou j ecris ces lignes - c est a dire peut etre trois semaines plus tard - cette fatigue des sollicitations et des apparences trompeuses s est accentuee.
Je vais faire un tour au marche local. Le grand marche de l artisanat, hyper colore (Ahlala si je pouvais, j en ramenerais des choses ! Des chaussures, surement, une descente de table, des masques...), fait face au marche aux legumes, fruits, viandes, fromages, etc. Au fond, les bus sont gares sur une ligne multicolore et partent regulierement pour "Guate", "Chime", etc. Sur les stands de fruits et legumes je devisage avec mefiance les frijols qui m ecoeurent, Les courgettes sont soit en longuieur soit en espece de fleurs, comme de gros potirons verts rabougris. Les mangues, ananas et melons s offrent a profusion.. Piments, champignons et toutes petites courgettes jaunes et rondes mettent des touches de couleur.
La plupart des stands ouverts sont en bordure du marche couvert. Si on s aventure a l interieur - ce que je fais - on se sent tout de suite un peu perdu. Preque tout est ferme. Les planches de bois et les toles s entremelent, on marche sur des dechets encrasses par la poussiere, on ne croise quasi personne, ca ne donne franchement pas envie. Je me retrouve par erreur au fond du marche et traverse l air de rien le terrain vague ou trainent les clochards et les poivrots a moitie devetus qui me regardent dans le brouillard de leurs vapeurs etherees. Je retrouve vite le marche frequente et repere au passage l endroit ou je dois venir prendre le bus pour monter jusqu au chemin de terre qui grimpe au sommet de l Acatenango.
Dans les allees du marche, des banderoles annoncent qu ici les commercants forment une association qui dit non a la delinquence et se charge de surveiller et denoncer le banditisme. Je continue a me rejouir a la vue de fleurs magnifiques et inconnues. Et teste chaque petite place pour savoir laquelle est la plus agreable pour la lecture. Je finirai Paris, de Zola, dans cette atmosphere doucement animee d Antigua, sous le regard tranquille des volcans.
Sauveur doit arriver le lendemain apres-midi, vers 15h si je me rappelle bien. Je decide de l attendre le lendemain en allant me balader dans d autre endroits inexplores d Antigua, et de monter sur l Acatenango le surlendemain. Je n envisage pas de monter jusqu au sommet car il faudrait alors que j y dorme et je n ai pas de sac a dos suffisamment grand et costaud pour porter ma tente et le materiel dont j ai besoin. Mais j ai envie de marcher un peu sur ce volcan alors j irai quand meme, par mes propres moyens.
Ma journee suivante demarre de la meilleure facon, avec un skype avec Julie et Celine, puis avec mes parents. Je vois enfin la petite Anna, je suis ravie ! Et quel plaisir d avoir des nouvelles des copines !
Cote famille, j apprends que je vais etre tante pour la troisieme fois ! Et cette fois-ci je ne devrais pas manquer la naissance car ca devrait etre juste pour mon retour.

Je me suis fait la reflexion, hier, sur une ile paradisiaque, que dans ma tete j ai du mal a realiser que la vie des autres changent aussi, pendant que je suis la. Dans ma tete, les gens sont tels que je les ai quittes. J ai beau savoir qu entre temps ils vivent ceci et cela, pour moi nos relations vont reprendre la ou on les a laissees en se quittant et je crois que ca va faire bizarre de retrouver les choses changees.
C est vraiment etrange, cette impreesion que le temps est fige, en quelque sorte. Alors que non, il file otujours aussi vite et la vie de tout le monde change... Bref....
Je me balade donc encore le lendemain puis retrouve Sauveur a l hotel. Il a toujours mal a sa jambe et restera tranquille une journee pendant que j irai me promener sur l Acatenango. Je pars donc a 8h du mat le jour d apres, et attrape un bus sur le marche pour 3 quetzales. Deux heures et un autre bus plus tard, on me debarque en pleine pampa au pied du chemin de l ascencion. J ai senti la temperature baisser au fur et a mesure que nous grimpions.
A Paramos, la ou j ai du changer de bus, je suis montee dans un tout petit van, concu normalement pour transporter 9 personnes. Nous avons attendu jusqu a ce que plus aucune personne ne puisse rentrer. La porte arriere a ete fermee, nous etions 20 au total. J etais assis au fond, coincee de telle sorte que je ne pouvais pas bouger les jambes et que ma tete touchait le toit du van. Au bout d une demi heure, une de mes jambes etaiet totalement anquilosee ! Je ne la sentais plus du tout et devait la soulever avec les mains pour tenter de retrouver un peu de circulation et de sensation. Lorsque des personnes sont descendues un peu plus loin j ai demande a la fille devant moi si elle voulait bien changer de place maintenant que nous n etions plus si serres. J ai enfin pu me lever ! Heureusement, le van etait arrete a cause de travaux sur la route, du coup j ai pu rester debout (enfin cassee en deux mais au moins ma jambe etait tendue) le temps de maitriser les fourmillements qui me donnaient envie de rire comme une dingue !
J etais la derniere dans le van lorsqu on m a deposee a La Soledad, un virage en pleine montagne, d ou part un chemin raide et moitie en sable vers le sommet de l Acatenango. Des que la porte du van s est ouverte, une nuee de femmes et de gamins se sont jetes sur moi en me tendant des batons et des gants. Es necesario ! Es necesario ! Me disent-ils tous. Oulala, attendez, d abord je descends, ensuite je vous remercie tous avec un grand sourire mais ca ira je n ai besoin de rien ! Le vent me saisit a la gorge. Il fait super froid et ca souffle ! Mais quelle desolation cet endroit !
Je m engage sur le chemin, qui glisse, comme on me l avait dit. Des deux cotes, le talus monte plus haut que mn epaule. J ai l impresion de m engager dans un couloir ou une sorte de petit canyon. Sur le haut du talus, le sol est ras. Des cultures de mais (deja recolte), de fleurs, et d autres vegetaux que je ne reconnais pas, couvrent les pentes de l Acatenango. La tete du volcan se perd dans les nuages. Il fait moche et gris aujourd hui, un plafond de nuage recouvre tous les sommets. C est ballot, je ne verrai donc rien du tout ni du sommet de l Acatenango ni du Fuego ! Bon c est pas grave, c est chouette de me sentir au milieu de nulle part, et toute seule. Enfin pas seule pour longtemps, car bientot, alors que je monte, je croise les groupes qui descendent (ceux qui sont montes la veille). Oh les tetes ! Marquees par la fatigue et le reveil matinal, la nuit sous la tente et peut-etre aussi la fumee du Fuego. Une fille a le genou bande et s appuie sur deux batons, le visage ferme, concentree sur ses pas. Tout le monde marche precautionnesement avec un ou deux batons car le fait est que ca glisse. Une fille me donne son baton en me croisant : Ca m a sauve la vie deux ou trois fois, tiens ! Euh, merci, mais moi je n irai pas bien loin tu tu sais !
Alors que je monte, les nuages se dechirent en bas dans la plaine, mais restent bien concentres sur le sommet des volcans. L Acatenango ne se decouvrira pas pendant les deux heures de mon ascencion. Je pourrai avoir de jolies vues, depuis ses pentes, sur les autres volcans en face, nais jamais sur lui. Pas grave, c est drole j ai le sentiment de marcher dans les nuages, qui m entourent completement. Je quitte le chemin de temps en temps pour monter sur les talus et regarder les paysans travailler dans leurs champs. Je croise un enfant qui coupe des pieds de mais. "Me regales un dulce ?"... Pfffff, non, mais j ai une banane si tu veux, Il est d accord. Allez hop, tiens ! Un peu plus haut, je m installe dans l herbe et mange ma deuxieme banane en admirant le paysage. Ah, voila maintenant les groupes qui montent au sommet aujourd hui ! J en verrai paser pas mal egalement. Ils portent des sacs a dos de la taille de celui que je porte ;lorsque je fais Compostelle. Ah tout de meme je regrette de ne pas avoir le temps de monter la-haut. La derniere navette qui vient recuperer les gens passent a 15h de la Soledad. Il est midi, c est clair que je n ai pas le temps de monter et de redescendre pour 15h. Dommage. Mais le volcan restera le nez dans les nuages toute la journee, ca me donnera moins de regret.
Apres deux heures de grimpettes a tous petits pas (altitude oblige), je m asseois une bonne heure pour lire, emmitoufflee dans mon poncho car le vent me donne toujours froid. Puis j entame la descente.
Tous les enfants que je croise a l approche de la Soledad me demandent des cookies !
Parvenue sur le bord de la route sans me casser la figure sur les pentes glissantes de l Acatenango, je n attends pas la navette, je descends au village a pied. Marcher me rechauffe, car il fait toujours bien frais ici !
Le village est entierement encercle par une barricade de toles. Un rasemblement de personnes se tient devant une eglise d ou me parvient de la musique. Je passe devant en les saluant. Ils ne me repondent pas, visiblement surpris de me voir ici. D habitude les gens sortent des bus et des shuttles, et ne s arretent pas dans ce village. C est etrange, ils ne sont pas agressifs mais j ai l impression de deranger un peu quand meme.
Ou bien est-ce ma timidite qui m a donne cette impression ?
En tout cas ce que je devine derriere les toles est tres pauvres, un enchevetrements d humains et d animaux partageant le meme espace vital.
Je retrouve mon van, qui decide de partir avec moi sans attendre d autres passagers. Ah bon ok. J ai donc un van pour moi toute seule.




L air de rien j ai pas mal marche. J en sentirai des douleurs dans les jambes pendant les deux jours suivants. Quelle difference de temperature quand je rentre, deux heures plus tard, en fin d apres-midi, a Antigua ! Il fait super chaud.
Je retrouve Sauveur et nous passons une soiree tranquille. Nous avons decide de rester une journee de plus car demain on annonce une procession a Antigua. C est le premier dimanche du careme. La procession commencera dans le village de Santa Katarina et arrivera dans Antigua vers 16h. Nous avons tous les deux envie de voir a quoi ressemble une procession au Guatemala.
Je me rends compte egalement que, si je suis absolument ravie d avoir retrouve par hasard Sauveur, son rythme tres lent commence a m impatienter et je vois lundi s approcher avec plaisir, pour retrouver ma liberte de mouvement. Lundi je prends un shuttle a 4h du matin pour aller a Rio Dulce, d ou je compte rejoindre Livingston en bateau. Mais bon, evidemment Sauveur n a pas de chance avec sa jambe, et outre le fait que j aime decidemment vite retrouver mon idependance, je continue a passer de tres bons moments, notamment grace aux longues discussions que nous pouvons avoir sur tout et rien.
Dimanche, nous nous promenons en attendant la procession. Alors que nous regardons les stands de nourriture installes autour de la Merced, Sauveur repere de loin Guntha, l allemande qu il avait rencontree apres Mexico et que j ai connue a Oaxaca. Et c est bien elle ! Ils sont tres contents de se retrouver et moi ca me permet de faire une pause mentale car je n ai plus l habitude de passer la journee a parler ! En plus ils sont tous les deux fans de photos, donc les voila partis pour le reste de la journee a discuter de la qualite de leurs photos.
Enfin la procession arrive. Nous nous sommes assis depuis un moment sur le bord du trottoir, pour attendre au premier plan. Les gens s amassent autour de nous et tout le long des trottoirs. Les stands de nourriture tournent a plein rendement. On croit entendre arriver la procession toutes les cinq minutes, mais non... On attend. Un peu avant la Merced, nous voyons tout a coup un groupe de soldats romains sortir d une rue perpendiculaire. Tiens, au Guatemala on reconstitue l histoire. On est bien moins folklo qu au Mexique ! Et bien plus solennels aussi. La legion romaine s avancent avec les drapeaux, mines sombres, comme il sied a des soldats. Un enfant portant une croix les suit. Ils sont une quinzaine. Ils passent devant nous, et rien ne semble venir apres.. Bon. Tout ca pour ca ?? Nous patientons un peu, et voila que, du meme carrefour, arrive, entoure d un nuage d encens, une sorte de bateau ivre. Voila un char tres grand ! Il tangue a gauche, puis a droite, puis encore a gauche,... On ne voit pas bien ce que c est, tellement on balance de l encens tout autour ! Ce que je prenais pour un bateau est une sorte de grande scene enveloppee de draps violets, et sur lesquels ont ete fixees des statues de Jesus et de Marie. Porte par des hommes, il doit bien faire huit a dix metres de long et semble tres lourd. De part et d autres, deux rangees de... bedouins ?? bergers ?? drapes eux aussi dans des tissus violet, escortent le char et obligent au passage les spectateurs a rester sur le trottoir pour laisser la rue libre. Certaines maisons se sont elles aussi habillees de violet depuis deux jours, en prevision de la procession. Les tentures se deploient depuis les toits et tombent au-dessus des fenetres
Nous regardons passer le char, je tousse et chasse l encens autour de moi car tout de meme ils nous ashyxient totalement, les porteurs d encens ! Derriere ce char arrive un autre, porte cette fois par des femmes. Que ce soit celui des hommes ou celui des femmes, il semblerait vraiment que les chars soient lourds car les porteurs sont courbes en-dessous. Bien que les spectateurs se pressent, il regne une ambiance sage et solennelle, pas du tout la grosse fiesta mexicane ! Ici aussi un orchestre accompagne chaque char, mais la musique, classique, est tres grave et conduit plutot a la meditation qu a la danse. Je ne m attendais pas du tout a ce que les guatemalteques se deguisent en romains et en plebe hebraique pour ces ceremonies religieuses, c est etonnant.








La procession passe sous l arc jaune de la rue qui conduit a la Merced. Et visiblement tout le monde veut avoir sa photo souvenir a cet endroit. Meme les faux bergers juifs sortent tous les telephones portables pour immortaliser le moment ! Tout de suite, ca fait moins solennel... Devant les boutiques ou elles ont etendu leurs marchandises colorees, les femmes indigenes regardent passer les chars et textotent a je ne sais qui...Scene qui donne l impression d etre quelque peu anachronique... Un des officiels en violet pilote un drone qui doit filmer ou prendre des photos en hauteur ! Je ne suis pas sure que ce soit tres "epoque", ca, y a un truc qui cloche dans la mise en scene, la...
Les chars fait le tour de la place centrale. Je retrouve Sauveur et Guntha Nous allons boire un cafe. J ai encore sur l estomac le dejeuner tardif que nous avons pris avec Sauveur dans un super petit resto avec patio et terrasse, en milieu d apres-midi. Du coup, lorsque mes deux camarades parlent d aller diner je m eclipse car je n ai pas faim. Et bien contente d avoir un peu de temps pour moi








Je rentre a l hotel preparer mes bagages, car je pars a 4h du matin cette nuit ! Lorsque Sauveur revient, il m offre un des cigares qu un cubain lui a prepares et donnes, lorsqu il etait a Cuba. Sauveur voulait me faire gouter. J en ai jamais fume de cigare. Je m attends a un truc enorme et impossible a fumer, et au gout tres fort. Mais pas du tout. Le cigare est d une taille raisonnable, et le gout est fin, tres leger. Donc ca se fume plutot bien. Par contre je suis incapable de fumer tout le cigare en une seule fois, c est beaucoup trop ! Je garde la moitie pour... je ne sais pas quand ! Un moment ou j aurais envie. Sur la plage, tiens.









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Il est temps d aller se coucher. Evidemment je me reveille plus tot que prevu, comme chaque fois que je pars en pleine nuit. Ah, je suis prete mais le bus n arrive pas. Il aura 10 ou 15 minutes de retard. C est un genre de minivan. On hisse le velo en haut, les sacoches sont balances sont les sieges derriere le conducteur car le van ne sera pas plein, et hop en route ! La plupart des gens vont a l aeroport. Une jeune fille doit s arreter a une des stations de bus de Guatemala city, et moi a une autre. Ca vibre dans le van, sur les paves ! C est l enfer ! Super desagreable. Le conducteur semble presse, il fonce et nous on tressaute a chaque seconde. ca dure bien une demi heure avant qu on retrouve une route un peu asphaltee. Bon ben comme ca on est bien reveilles.
Je ne suis pas tranquille a l idee de devoir changer de bus a Guatemala city. J aurais prefere zapper cette ville, mais je n ai pas le choix. A 5h du matin, le chauffeur me depose avec toutes mes affaires devant la gare. qui est entouree de clochards et pochtrons. Bienvenue a la capitale ! Bon il y a tout de meme un gardien avec un badge "securitad", ca me rassure. Je reste dans la penombre de la nuit devant la gare, a cote de mon velo, prenant un air tres decontracte pour fumer une cigarette, genre tout va bien. Et effectivement tout va bien. Deux gars qui travaillent a la gare viennent m inviter a glisser mon velo dans la soute a bagage d une enorme bus avant tout le monde. Tres aimablement. Et je m attendais a payer un supplement pour le velo mais non, on ne me demande rien. Le bus est gigantesque. Un mastodonte. Au moment de monter dedans, un policier fouille tous les passagers guatemalteques. Rassurant... Par contre ca fait bizarre de ne pas etre controlee et fouillee, en tant que touriste.
Allez je grimpe a ma place et soupire d aise. Finalement je redoutais cette correspondance a Guatemala city mais tout s est bien passe. En route pour Rio Dulce ! Changement de decor au programme.
Le soleil se leve, notre bus manoeuvre pour sortir du garage, c est parti pour trois heures de route. Adieu les montagnes, adieu le vent et la fraicheur, je roule vers la moiteur et la chaleur torride, je roule vers la jungle, le lac Izabal et le Rio Dulce qui debouche sur la mer des carraibes.
C est le premier bus que je prends au Guatemala avec tele et sieges confortables ! On a bien sur droit a un film. Misere... c est Max mon heros ! L histoire d amitie entre un ado et le chien qui etait le partenaire au boulot du papa GI, tue en Iraq alors qu il luttait pour apporter la paix et la democratie dans ce pays barbare. Max, brave chien demineur, ne se remet pas de la mort de son maitre. Bon bref, on ne peut pas faire plus soporifique comme film. Heureusement le voyage n est pas long.
Je debarque par une chaleur torride a Rio Dulce, a cinq minutes du centre ville tres frequente et qui ressemble a un grand bazar. Des que je descends, et le temps que je raccroche les sacoches au velo, on me pose trois fois la questions de savoir si j ai un hotel et si je veux prendre la lancha maintenant pour aller a Livingston.

Merci mais non merci. J ai un hotel, au bord du fleuve, de l autre cote du pont. Et je compte aller a Livingston demain, pas aujourd hui. Aujourd hui, je veux savourer ce premier contact avec la jungle guatemalteque, je veux aller me promener sur le bord du lac Izabal, car nous sommes le fevrier... Et il y a un an, jour pour jour, je donnais mon premier coup de pedale depuis la maison de ma soeur Isabelle. Il me semble donc que j ai un rendez-vous avec ce lac...
Je traverse le pont, heureuse de sentir que ces coups de pedale me reconcilient avec moi-meme ! Plus aucune trace de fatigue, de difficulte de respiration, malgre la chaleur je me sens au top ! Nous ne sommes plus en altitude, je sens que je vais faire enfin mon grand retour sur le velo. Je m emerveille de la vue sur le fleuve et sur les palmiers et les arbres en fleurs dont je ne connais pas le nom. Que c est beau !! Comme je suis contente d etre la ! Ca fait combien de mois que je n ai pas vu la mer, moi ? Je suis impatiente de la voir demain ! Je descends de l autre cote du pont et trouve mon hotel, avec terrasse et pontons sur le fleuve. Ahhhh, douce chaleur ! Enfin j enfile les tongs pour aller me poser quelques instants sur le ponton au bord de l eau. Comme c est agreable d avoir les pieds a l air libre ! Le temps de savourer une boisson fraiche tout en bouquinant le Routard, je decide de la suite de mon programme. Je decide de ne pas aller d ici a Tikal. J aurai une autre chance, si vraiment je veux y aller, depuis Belize city. Par contre je reserve mon bateau pour Livingston pour demain, ainsi que mon billet de Livingston a Punta Gorda, au Belize, pour le surlendemain.
Une fois organisee, je chausse a nouveau les baskets et pars a pieds vers le Lac Izabal et le castillo poste a l endroit ou le lac se retrecit avant de s elancer a nouveau vers la mer en formant le Golfete, sorte de deuxieme lac. En meme pas vingt minutes de marche sous ce soleil de plomb, je degouline de partout ! J ai oublie de mettre de la creme solaire. Il y a 4 kilometres a parcourir pour arriver au castillo. J ai l intention de rentrer en bus, mais l aller a pieds dans cette vegetation luxuriante est vraiment sympa. De part et d autre du chemin s elevent les palmiers Izabal. Le centre de Rio Dulce ressemblait a un grand marche s etendant en longueur et ne donnant pas trop envie de s y attarder. Derriere les maisons, cote "quai", des acheteurs venaient voir dans les barques des pecheurs rentres du boulot les resultats de la peche du jour. Ca sentait fort le poisson. Les stands du marche sont un pauvre amas de broc et de broc, et toutes les trois boutiques on peut acheter une portion de poulet-frites.
En revanche le long du chemin qui mene au castillo, les champs et la foret se succedent dans le calme d un desert juste trouble par la circulation des taxis qui emmenent les gens au lac. Quelques maisons en bois font leur apparition ici ou la, entouree de clotures brinquebalantes et a moitie defoncees. Le linge suspendu prouve cependant que des etres humains vivent dans ces habitations insalubres.
Dans ce changement de climat, de paysage et de vegetation, je revis ! Mon enthousiasme veut sortir de ma poitrine et j ai envie de chanter et de danser, trop heureuse d etre la ! Peu avant d arriver sur le bord du lac, un petit village accueille le visiteur. Dans l ecole au jardin super bien entretenu les enfants jouent dehors, dans la tenue de leur ecole (chaque ecole a son uniforme). Curieux cette belle ecole au milieu d un village qui fait franchement tres pauvre, avec des rues qui n en sont pas mais tracent plutot des pistes en terre au milieu des habitations. J arrive a l entree du parc national payant. Je suis le petit chemin le long du lac, accompagnee par un chien qui a decide de faire copain-copain avec moi. Un peu plus loin, une famille se balade apparemment (j ai lu dans le guide que cet endroit est tres prise par les habitants de Rio Dulce, qui pique-niquer et se baigner dans le lac). Les filles se prennent en photo dans des pauses supposemment sexy, a cote du cocotier, accroupie devant l eau du lac... Photos qui seront ensuite, bien sur, postees sur facebook.




Je trouve le castillo a la pointe du parc. Il est tout petit, mais tout mignon - enfin si l on excepte les details sur la salle dediee aux tortures de l inquisition. Ah l etre humain... Ils ont douze metres carres en tout et pour tout dans le castillo (bon j exagere, ils ont un peu plus d espace que ca mais bon c est quand meme tout petit), mais il ne fallait surtout pas se passer d une salle de torture !
Un benevole m emmene avec trois autres touristes faire un tour du chateau et nous expliquer son histoire. En preambule, il nous signale qu il va faire plus que les livres d histoire, qui se contentent de rapporter des faits. Il va, dit-il, retracer le contexte. Et cela commence par une precision. "Le Guatemala n a jamais ete conquis" par les espagnols". Plait-il ? Avec un petit sourire malicieux et fier dans les yeux, il s explique : "Conquerir, c est conduire une autre personne a adherer a vos principes, votre philosophie. Le Guatemala n a pas ete conquis. Le Guatemala a ete envahi. Ceci etant dit, je vous invite a passer dans les appartements du capitaine, par ici s il vous plait..." Pendant toute la visite, notre guide - qui se debrouille en anglais, espagnol et italien - ne cessera de faire de l humour. Chouette visite !
Je quitte le chateau et raverse un cimetierre pour retrouver la sortie. Le village est tout mort, si ce n est une toute petite boutique de gadgeteries colorees et un groupe de quatre hommes discutant a un croisement. Une musique rythmee sort d un poste de radio, melangeant sons latinos et raggae. Euh, messieurs, exusez-moi mais ou est-ce qu on attend le bus pour rentrer au village ? Ici, madame, me repondent-ils bien gentiment. Cool. Je profite donc de la musique en attendant. Je sens que ca va me plaire d etre ici. J ai hate d etre a Livingston et d ecouter la fameuse musique garifuna.
Perdue dans mes pensees sous une chaleur toujours aussi abrutissante, je manque de peu le bus ! Les gars m appellent. Quoi ? Ah, c est le bus ce minivan noir aux portes grandes ouvertes ? En effet le chauffeur a freine quand les gars l ont interpelle pour moi. D ailleurs pour ce bus-la, c est come ca que ca se passe. Il va a deux a l heure, et les gens lui font signe. Attends il y a quelqu un qui arrive par ici ! Attends, j appelle machin qui va descendre ! Et le bus stationne et patiente. Decidemment aucun moyen de transport ne se ressemble ici ! Chacun a son systeme de fonctionnement. Cette fois, il ne faut pas etre presse. Par contre ce qui ne change pas c est que tout ce qui peut entrer entre ! Et allez, on est combien la-dedans maintenant ? Quinze ??
Je descends au terminus, a Rio Dulce, et remonte les boutiques du marche, puis traverse le pont sous les couleurs du soleil couchant. Que c est beau ! Je ne suis pas la seule a le penser. Les habitants de Rio Dulce sont les premiers a profiter du spectacle. Voitures garees le long du pont, enfin je veux dire en plein milieu de la voie (mais avec les warnings, tout de meme), ils sortent de leur voiture et se content fleurette le temps qu il faut sans se soucier de gener la circulation. Personne ne rouspete, d ailleurs. Les voitures pressees contournent, voila tout. Je descends dans mon hotel et retrouve mon ponton pour savourer la fin de la journee au bord de l eau.
Le lendemain je suis prete a 8h pour aller prendre un cafe avant d embarquer. Je dois etre sur le ponton, prete a charger, a 9h. Un allemand d une quarantaine d anneees est allonge sur un transat. Il me voit descendre les sacoches et le velo, et commence a me poser pleins de questions car il est tente par l aventure lui aussi. Mais le capitaine de la lancha me fait signe plus tot que prevu. On part deja ? Ah, mais c est qu il veut faire un detour pour nous montrer d abord le castillo vu du lac. Je quitte donc l allemand et rejoins un couple d italiens rencontres la veille. Italiens qui habitent a Jerusalem, et que j entends constamment parler en hebreu quand ils sont tous les deux. Je constate que j ai toujours autant de difficultes a parler italien, d ailleurs. Je le comprends bien, mais l espagnol a pris le dessus pour l instant et bloque mes neurones italiens., C est vraiment tres bizarre !
Un jeune guatemalteque monte avec nous et s asseoit a cote de moi avec son materiel pour la peche. Il va descendre au niveau des grottes auxquelles nous allons nous arreter une demi heure, et pecher toute la journee la-bas. Pendant tout le trajet nous allons discuter tous les deux. Il a bosse plus de 15 ans dans le tourisme et connait la region par coeur. Il me donne donc tout un tas d explications sur les communautes qui vivent disseminees dans la jungle qui est preservee ici. Les regles sont tres strictes pour la peche. A certains endroits, dans le Golfete, on peut voir des elephants de mer tres tot le matin.
Notre lancha file sur l eau. La mangrove et les oiseaux sont superbes.
Les demeurres en toit de chaume apparaissent sur les rives, ainsi que les lanchas des pecheurs. Nous faisons un stop aux fameuses grottes et source d eau chaude. Nous descendons dans une grotte a laquelle je trouve tres peu d interet, si ce n est l enorme crapaud qui habite en ces lieux obscurs. Le plus gros que j ai jamais vu ! Plus grand que ma main. Mais sinon l endroit est plutot lugubre.












Puis nous allons dans une deuxieme petite grotte dans laquelle on entre accroupis, avant d aller s asseoir sur les rochers au beau milieu d un sauna naturel. Il fait une de ces chaleurs la-dedans ! A quoi est due cette temperature si elevee qui nous fait suer a grosses gouttes ? Oh, on pense qu il doit y avoir un canal relie a de la lave - nous dit tranquillement le guide. Ah oui ? Bon allez on s en va, fini les conneries hein ! Apres une petiote trempette dans un bassin d eau tres chaude, nous remontons dans la lancha pour la derniere demi heure d un voyage qui a dure presque deux heures.
Nous traversons les jardins aquatiques, c est a dire un champs de nenuphars qui ne doivent pas s appeler comme ca mais en tout cas ils sont des myriades tout a coup ! Enfin, au detour d un virage et alors que notre lancha s engageait deans ce qui ressemblait de plus en plus a un petit canyon couvert de foret, j apercois la mer au bout la-bas ! Waouhhh ca y est je suis dans les caraibes ! Me voila en train d accoster a Livingston. Et on est tout de suite mis dans l ambiance avec la musique, tres differente de la musique qu on entend d habitude au Mexique et au Guatemala. On n est plus chez les latinos, on est dans le regaeton des caraibes ! C est lascif et dansant, j aime bien, c est joyeux.
Je debarque le velo et fixe les sacoches sur le sable de la plage a cote de l embarcadere, sous les yeux de trois copains blacks dont j entendfs les messes basses sans le vouloir : "ca s achete des velos super cher mais ici ca ne veut rien depenser !".. Bon. Ambiance... Moi ca m agace, les gens qui attendent de nous qu on achete dans toutes les boutiques parce qu apres tout nous on a de l argent donc c est bien normal qu on soutienne le commerce et l artisanat local.
Je m eloigne et pars vers un petit hostal, tenu par une black. De toute facon c est simple, ici les gens sont noirs, et s il snous parlent en anglais ou en espagnol, entre eux ils se parlent garifuna ou un melange de creole et d un peu tout. Je me sens dans un autre monde, c est drole ! Je croise de grandes filles black elancees. Ouh ca fait bizarre ! Les latinos sont petits, je n ai plus l habitude de croiser des gens aussi grands. Et quelle elegance, quelle fierte aussi dans leur attitude. Je les trouve beaux, tous, meme les grosses mamas et les vieux tout maigres mais avec de belles barbes et des chapeaux penchant sur le cote. C est fou comme les blacks ont une classe naturelle. En tout cas,apres avoir passe plusieurs mois avec des americains puis des latinos, la grace et l elegance du maintien des blacks me frappent. Il y a quelque chose de contradictoire dans le fait que des personnes dont le maintien inspire generalement la dignite et la fierte (qui n a rien a voir avec l orgueil) ait ete un jour traites comme des sous etres humains.
En tongs et les mains dans les poches, je remonte la rue principale et decouvre que le village est tout en grimpettes et rues tres pentues. On s use les mollets pour monter et descendre sans arret ! Les rues sont tres calmes et se perdent vite dans ce qui ressemble a un village de campagne, envahi par la vegetation luxuriante qui ne cache pas tout a fait le delabrement des maisons et des cours en terre dans lesquelles dorment les chiens et jouent les enfants. Ah les enfants... Chez nous on asceptise les maisons. Ici, les gamins jouent pieds nus et en couche dans les caniveaux, et ca ne gene personne... J ai vu le soir une petite fille de quoi... trois ans a peine... assise par terre devant la grille de la maison. Personne en vue.. La gamine s amusait avec un bout de baton, au bord de la rue... Et ca ne gene personne. Je ne vois absolument personne qui la surveille...
Un peu plus loin, on fait secher du poisson sur des tables en bois. Un gars a moitie bourre laisse la ses poissons et s approche pour me proposer de m accompagner a la plage. Non merci, j aime bien me balader toute seule. Salut ! Ouh ca va me gonfler, ces sollicitations perpetuelles des mecs, pour qui les filles sont forcement "my love" ou "Baby".
Il fait une chaleur insoutenable ! Un cochon traverse la rue... normal... Je monte une rue en cherchant a m orienter vers la plage. Je me retrouve sans le vouloir dans le quartier black. Enfin on l appelle le quartier black mais c est bien tout le village qui est typiquement garifuna. Assises sur des chaises au bord de la route, trois femmes attendent les touristes pour leur faire des tresses solorees. J auirais presque envie de m en faire faire, si mes cheveux n etaient pas si courts. Enfin c est pas que mes cheveux sont trop courts, c est qu elles font carrement toute la coiffure et moi je ne voudrais qu une seule tresse. Bon, ce ne sera pas pour cette fois. C est comme pour le tatouage, j attends d avoir fait le dessin pour me lancer.
Ici ils ont une meilleure technique pour la musique : tout le monde est branche sur la meme radio. Si bien qu au lieu d avoir une cacophonie dans les oreilles, partout ou l on se deplace on suit la meme chanson. Beaucoup de bijoux sont faits avec le bois du cocotier. J aime bien ce bois, mais tous les motifs que je vois sont vraiment trop bateau. Je trouverais les memes dans les boutiques a deux euros a Paris !
Je m eloigne du petit centre du village et emprunte des rues de terre. Des bandes de jeunes filles se baladent, des gars en debardeur discutent autour de leurs velo. Un vieux bonhomme en chapeau de paille est en grtande conversation en plein milieu de la rue avec une dame coiffee d un chiffon noue autour de la tete, un tablier autour de sa jupe semblant sortir d un autre siecle. C est vrai que c est etrange de se retrouver plonge au milieu d une communaute black apres tous ces mois en Amerique latine. Les garifunas sont installes dans plusieurs bastions comme celui-ci, le long de la cote. Au Honduras et a Belize, comme au Guatemala. J arrive au bord de l eau. Ah bah si je m attendais a trouver des plages idylliques, j en suis pour mes frais ! C est super sale ! Oui l eau est d une tres jolie couleur et on devine un beau sable sous les dechets et les algues. Mais voila, ces plages sont de vraies poubelles ! J aurai la meme mauvaise surprise au Belize. Pourtant cette plage pourrait etre super belle. Bordee de cocotiers et de maisons de bois, elle a tout pour faire un parfait petit coin de paradis... Seulement il faut bien avouer que j ai croise de nombreux ivrognes en arrivant jusqu ici, et puis le Guatemala tout entier jette ses dechets a terre sans se soucier des degats. Alors pourquoi serait-ce different ici ?
Le bord de mer n est pas franchement amenage. Je commence pouirtant a longer la plage. Mais le chemin semble passer le long des maisons. Je crois meme, a un moment donne, m aventurer dans la cour d une propriete privee - un bien grand mot pour parler d une habitation qui ne ressemble pas a grand chose. Deux femmes et deux hommes, dont un en fauteuil roulant, sont en train de discuter dans une langue que je ne comprends pas.




Reynald, un grand maigre qui ne fait pas du tout ses 70 ans, est debout, une biere a la main. Tres gentiment, il me souhaite la bienvenue et me presente a toute la famille. Puis il me questionne sur mon voyage. Je n y vois que du feu, et lorsqu il me propose de m accompagner pour aller plus loin sur la plage et me montrer un peu mieu le village garifuna je pense au debut que cet homme est bien sympa. Je percuterai un peu plus tard qu il s attend certainement a etre paye pour la "visite" que je n ai pas demandee...
Mais bon, sur le moment, nous voila partis a nous balader le long de la plage et il me raconte l arrivee des ancetres, fuyant Saint Vincent pour trouver un endroit paisible ou s installer a l abri de l esclavage. Et cet endroit c est ici, l endroit le plus merveilleux du monde ! Ah il tient bien son role, mon ami Reynald ! Je rirai sous cape lorsque trois bieres et deux heures plus tard, alors que nous sommes un peu plus francs l un avec l autre et que nous sommes assis dans des transats pour contempler la mer et philosopher, il m apprendra que toute sa famille est partie s installer aux Etats-Unis et que des qu il le pourra il partira lui aussi !
Je vais gouter a la specialite de Livingston, a base de lait de coco, de plantain et de rice and beans, et rentre a l hotel. Alors que je compte fumer une derniere cigarette, le veilleur de nuit vient me tenir compagnie. Nous discutons tranquillement pendant une bonne demi heure. Lui n est pas garifuna. Il est de Rio Dulce. Il doit bien avoir dans les soixante ans. Il est curieux de savoir a quoi ressemble la vie en France. Chouette moment tout tranquille... Avant qu il se leve tout a coup en baillant et me souhaite bonne nuit. Je regarde les etoiles... A Antigua j ai achete mon billet d avion pour Riga. Decollage le 4 avril. Je suis contente d avoir une date fixee pour le retour en Europe. Je realise que debut avril 2015 je quittais l Europe pour le Maroc... Je pense aussi a mes dernieres peripeties avec la Banque postale. Il faut que je trouve une connexion pour verifier ou en est mon affaire. Faute de mieux, la LBP m a propose de faire une demande de nouveau code secret pour ma carte qui refuse toujours de me donner des sous.
Et je veux bien le croire. C est joli ici, mais je vois bien que c est extremement pauvre, malgre la manne du tourisme. Nous longeons la plage et admirons les vols des pelicans. Des pecheurs rentrent et tendent leurs filets sous l oeil aux aguets des pelicans. Les gens te voient avec moi alors y a pas de probleme, tu ne risques rien - me dit Reynald. Et cette manie de chercher a faire peur au touriste pour qu il cherche votre compagnie me sortira peu a peu par les yeux. D abord ici, puis encore plus au Belize. C est un moyen de gagner votre confiance et votre sympathie, et de vous faire sentir redevables. Alors apres on offre une biere, un repas, des cigarettes...
Je finis par le dire a Reynald. Si tu veux etre paye pour le temps que tu passes avec moi il n y a pas de probleme, mais dis-le moi avant. Je pásse un tres bon moment avec toi, reellement, alors je te paierai sans regret, mais je ne supporte pas quon me mette devant le fait accompli. - Oui oui bien sur je comprends !...
Bon, je me fais plaisir en lui expliquant tout ca. Parce que dans le fond ca ne changera rien du tout, il fera la meme chose avec tous les autres. Ils ne connaissent que cette methode. Mais ca ne m empeche pas de passer un tres bon apres-midi avec lui. On discute longuement. Reynald a six enfants, tous aux Etats-Unis. Lui-meme a fait une viree aux USA il y a quelques annees. A Miami et New York. Et il reve de pouvoir retourner a New York et s y installer. En attendant, il essaie de metre des sous de cote pour s acheter une lancha et emmener les touristes a Rio Dulce et Puerto Barrios. S il avait des sous, il aimerait aussi acheter un bnout de terre sur la plage et y construire un resort. Quoi, un resort ? Mais ca denaturerait completement le village ! Il ne m ecoute pas. Il enquille les bieres et reve d une vie meilleure. Il me montre la statue qui trone sur une toute petite ile dans la mer. Statue offerte par un originaire du village qui est devenu chirurgien. Le seul garifuna qui est devenu chirurgien - me dit-il en hochant la tete comme s il me faisait une revelation importante. J aurai le meme etonnement lorsque Kim ou encore mon guide sur le Santa Maria me parleront du seul habitant de Hong King ou du seul guatemalteque qui ont escalade la cime de l Everest.
Des pecheurs rentrent au village et etendent leurs filets dans l eau sous l oeil vigilents des pelicans. Reynalds pourrait passer des heures a observer le vol des pelicans rasant l eau dans une superbe synchronisation des mouvements. C est vrai que c est joli... Le ciel rosit tandis que le soleil va se coucher. Assome par les bieres qu il a bues, Reynald me laisse et part s allonger. Je reste encore un moment a regarder le coucher de soleil. Le ciel palit et je ne distingue plus la mer de l horizon. Je me decide a quitter mon transat avant qu il fasse trop sombre. C est que le village n est pas super bien eclaire la nuit ! Comem tout est calme. J entends du reggae ici et la a travers les murs et les fenetres ouvertes. Je marche en respirant la douceur de l air. Et voila. Demain je pars au Belize... J ai du mal a croire que je vais entrer dans ce petit pays. Je ne sais pas a quoi il ressemble, d ailleurs. J espere que je vais pedaler la-bas... A force de prendre des bateaux, je n ai aucune apprehension a l idee de voguer avec mon velo sur une lancha a double moteur pour arriver au Belize !



joli oiseau jaune a tete noire et cou argente









J ai envoye un message via la banque en ligne pour demander le changement de code, donc... Bogdan surveille mon courrier, prevenu... Je m'attends a recevoir des nouvelles de Bogdan d un jour a l autre. Est-ce qu enfin ca va se résoudre ?...
Mais pour l instant je savoure le plaisir d etre la... Je suis a Livingston... et demain je passe la frontière de Belize...

