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MEXIQUE
27 octobre 2015 - 1er fevrier 2016
27 octobre 2015

J´ai passe tout le trajet jusqu´a la frontiere a me demander si j´allais etre refoulee au motif que je n´avais pas de billet retour, puisqu´il est indique sur le site du gouvernement que l´entree au Mexique necessite un passeport valide et un billet aller/retour indiquant la date a laquelle on est cense quitter le pays.
Quand je vois la fcilite avec lqauelle je uis passee, accueillie avec de grands sourires, je realise qu´une fois de plus j´ai angoisse par anticipation alors qu´il n´y avait pas de quoi en faire un plat. J´avais tout prevu. J´ai cherche hier soir un trajet en train ou en bus de Cancun a Belize pour voir ce qu´il m´en couterait si jamais je devais au dernier moment prendre un billet et montrer un justificatif. Aucun billet ne s´achete en ligne, mais je comptais le dire au cas ou on me demanderait de presenter mon billet. Je m´angoissais sans plus d´exces tout de meme, car au cas ou j´aurais ete refoulee il n´y avait pas mort d´homme, je savais pouvoir trouver un logement et une solution. D´autre part je venais de lire les blogs de personnes recemment passees a la frontiere, en velo ou en voiture, et n´ayant rencontre aucun probleme.
Et tout est super bien passe. Me voici a Tijuana, au Mexique ! Et comme toujours, jéxulte interieurement d´avoir franchi une nouvelle frontiere, et d´etre ici.
Tijuana pour moi c´etait avant tout un nom exotique appelant tout de suite la jolie balade de Manu Chao, donc ca devait etre joli, colore, accueillant. Bon alors c´est une ville frontiere, qui plus est une plaque tournante du trafic de drogue, un melange de ruelles habillees pour les touristes et de recoins poussiereux et bordeliques sans charme.
Avant de m´arreter dans cet internet cafe, je suis passee inoppinement par la rue des prostituees, juste apres etre sortie d´un petit quartier regorgeant de boutiques pour touristes, debutant devant la cathedrale et raisonnant dans toutes ses ramifications des chansons jouees en live par des mexicains se trimballant guitare a la main pour le plus grand plaisir du touriste.
Des le passage de la frontiere le depaysement est garanti !
Je me suis mise en route a 8h30. Mon chemin commencait par la balade sur le port que nous avons faite avec Eric la veille. J´ai donc droit a une nouvelle vue au petit matin sur la tranquille promenade le long des vieux grements, puis du porte avion et de ses statues en hommage aux militaires tout autour. Le village recompose semblait bien calme et peu de gens etaient installes en terrasse pour un cafe. J´ai bien espere apercevoir une otarie, mais aucune ne pointe le bout de son nez cette fois'ci. Bon. Je me contenterai de les avoir entendues hier soir.
Comme hier soir, de nombreux sans-abris dorment un peu partout sur le port...
Je me trompe bien sur deux ou trois fois pour trouver la sortie de la promenade et tomber sur la grande rue qui me conduira vers la frontiere. D´apres ce que j´ai lu sur differents blogs je m´attends a un trafic intense mais non, c´est tres calme et loin d´etre stressant. La route fera grosso modo deux immenses lignes droites bondissantes selon des courbes assez douces, mais le trajet me prend tout de meme deux bonnes heures. Entre temps je me suis arretee dans un Seven Eleven pour acheter une bouteille d´eau supplementaire et prendre un cafe, puis dans un Mac Do pour me connecter sur internet histoire de verifier une enieme fois le trajet, inquiete de voir approcher le moment ou je me retrouverai dans la foule des voitures.
Tijuana apparait enfin devant moi, du moins je devine que cette foret de batiments colles les uns aux autres avec ces deux ou trois moches tours qui dominent, c´est Tijuana. Un grand drapeau Mexicain se dresse au'dessus, non loin d´une sorte de grand demi'cercle en metal, qvec des rayons en son centre comme une genre de roue de velo immense. Le Mexique !
Si la route a d´abord suivi le port industriel et la base navale, elle a ensuite traverse la ville de City National et les commerces s´etirent presque jusqu´a la frontiere. Sur une large portion de route, les concessionnaires de voitures se suivent des deux cotes. A moins d´un kilometre de la frontiere, les bas-cotes deviennent plus desertiques (mais ou est donc la 8 voies dont j´ai entendu parler sur le net et les files de voitures qui vont avec...). Sur ma gauche, un train rouge passe de temps en temps, sur l´aplomb d´une petite colline rocailleuse.
J´apercois un panneau Mexico, ca y est ! Bigre, j´y suis....
Je traverse un pont et me trouve face a une bretelle d´entree sur la freeway avec cette indication : defense de circuler a velo. Bon. Demi tour, j´ai du rater l´entree pietonne vers la frontiere. En effet un gars m´indique 1er a droite puis 2eme a gauche. D´accord et thank you ou gracias - ici les gens parlent deja plus souvent espagnol qu´anglais.




En suivant ses indications, je debouche sur le terminus du train rouge. La place est tres coloree et surtout frequentee par des mexicains. En fait je repere tres peu d´occidentaux ou de blancs, tout simplement. On est deja un peu ailleurs. C´est anime et colore, ca me plait. Je prends une petite pause avant de pousser resolument le velo dans le passage pietonnier qui conduit aux services de l´immigration - en resume je fume une cigarette, a la maniere dont un condamne fume sa derniere cigarette. Allez c´est parti, advienne que pourra.
J´empreinte le passage, entouree de mexicains mains dans les poches ou sac a la main, et entre 500 metres plus loin dans le hall des services de l´immigration. Un des policiers m´interpelle gentiment et m´indique ou me presenter, en m´ouvrant le passage avec un grand sourire. Cool, voila qui me detend tout de suite ! Le moustachu rondouillard qui m´accueille derriere son bureau est super gentil. Il m´explique comment rempolir le formulaire et me donne d´office une entree pour 180 jours. Un passage a la caisse - 28 dollars a payer - et je n´ai plus qu´a passer par les scanners de securite. Alors que j´attends a la caisse, un jeune homme blond et grand, d´une petite vingtaine d´annees pas plus, m´aborde et me demande ou je vais. Tom vient de retrouver ses parents. Il voyage en sac a dos depuis le Canada et va maintenant passer 15 jours avec ses parents et sa copine qui arrive. Il descendra lui aussi vers La Paz et me demande si on peut echanger nos coordonnees au cas ou on puisse se retrouver quelque part. Cool ! Oui bien sur ! Je lui souhaite un bon sejour avec ses parents.
Aux scanners de securite, le personnel est exclusivement femimin. Je m´attends a devoir decharger toutes les sacoches pour les faire passer sur le tapis mais non, la fille me regarde a peine et me dit de passer a cote. Zou ! Et voila, je resors et.... Excellent ! Incroyable ! Je suis au Mexique !
Je marche lentement. Je reflechis. Il est 12h30. Le premier hebergement valable se trouve a plus de 60 kms. Il fait chaud et je ne connais pas la topographie. Je n´ai pas envie de courir, j´ai envie de savourer le plaisir de me sentir depaysee. Je decide de rester a Tijuana cet apres-midi et de prendre trqnauillement la route demain. J´ai toujours l´adresse de l´hotel dans lequel je pensais m´arreter en arrivant de Minneapolis. Et puis je me sens bien. Ma premiere vision et mes premieres minutes dans Tijuana ont ote toute apprehension. J´ao envie de voir a quoi ca ressemble.
En fait, je suis meme contente de retrouver des rues bordeliques et des parfums dans les rues. Tout ca m´est familier et j´ai envie d´y gouter cet apres-midi avant de partir sur une route assez solitaire d´apres ce que j´en ai lu.
Je mets un petit moment pour trouver la bonne voie pour traverser la nationale, et me retrouve directement dans le centre ville. La musique est partout, quel plaisir ! Je suis passee dans une autre ambiance, une autre culture, il n´y a pas de doute ! Depuis le pont qui me fait traverser la voie rapide je n´apercois pas grand chose de joli qui se detache au-dessus des batiments gris. Mais le centre est amenage pour les touristes de passage - vraiment de passage car a vrai dire je n´en vois pas beaucoup dans les rues. Je me sens la seule touriste, en plus avec un velo, en plus je depasse beaucoup de monde d´une tete car le mexicain est petit. Ca pourrait me gener mais non, en fait je me sens curieusement a l´aise et j´´en suis contente. En passant devant une agence de change je troc mes dollars contre des pesos.
Je me repere avec le GPS pour retrouver l´hotel. Je vais disposer d´une chambre pour moi toute seule, avec tele et salle de bain privative ! Ca fait longtemps que je n´ai pas connu ce luxe ! Bon la chambre n´est `pas specialement jolie mais le batiment si, bleu et orange avec un joli patio fleuri, et puis j´ai herite d´une grande chambre car la propretaire a fait monter mon velo dans la chambre par securite. Parfait tout ca !
Je m´installe et savoure en regardant la tele un petit moment tout en regardant la carte routiere du Mexique.
Enfin je chausse les tongs et sors me promener dans une chaleur moite qui m´inquiete toute de meme un peu pour demain.




Mes pas me ramenent dans un premier temps vers la cathedrale. Les rues sont bruyantes, une foule de gens va et vient dans tous les sens, sagement mais dans un flot continu. Les voitures y vont aussi de leur bruit de moteur, mais pas de klaxon. Je me sens a láise au milieu de tous ces gens. Cette agitation m´est familiere et tout en etant vigilante je me rejouis de decouvrir que rien n´allume mes warnings jusqu´ici. Au contraire, retrouver ce desordre, ces senteurs dans les rues, cette vitalite si differente de celle de New York, cette chaleur aussi, me font le plus grand bien au moral. C´est comme si j´etais en train de secouer l´espece de nuage gris qui commencait a devenir pesant au-dessus de ma tete depuis que j´ai mis le pied sur le continent nord americain. Le depaysement me donne un regain d´energie, je le sens. Ou tout simplement, je me sens plus en phase avec le but de mon voyage dans ce depaysement.
Un homme me salue devant son stand de vente de babioles (bracelets plus barioles les uns que les autres, chapeaux de paille multicolores, bagues). Je reponds a son bonjour et m´apprete a poursuivre ma route lorsqu´il me demande deux minutes d´attention. Je m´arrete, il me tend la main et me demande mon prenom. Je reponds et serre sa main, mais le petit joufflu et moustachu m´attire vers lui en ouvrant les bras genre ¨"allez on a garde les cochons ensemble on se fait la bise !" Oui mais non. Je recule et lui dis allez au revoir, gentiment. En m´eloignant, je me felicite interieurement. Ahhhhh, bah ca y est tu sais dire non, tu ne te sens plus obligee de te laisser faire parce que le pauvre tu pourais le vexer, cet abruti ! On progresse, on progresse.
J´arrive devant la cathedrale et entre. J´entends de la musique. Un groupe de trois musiciens joue apparemment a l´occasion du bapteme d´un enfant. La musique est tres joyeuse et ressemble etrangement aux airs que les musiciens jouent partout dans les rues en accompagnant les touristes. C´est entrainant, impossible de ne pas avoir le sourire en entrant et en sortant de cette eglise ! Je reste le temps de la ceremonie qui est assez courte (elle dure deux chansons). Puis les musiciens s´en vont, leurs instruments sous le bras. Je sors avec eux et les regarde retourner vers les rues touristiques.
La musique est partout, j´en suis enchantee ! Elle sort des bars qui poussent le volume a fond pour montrer que c´est trop sympa de venir chez eux. Elle sort des fenetres des taxis, histoire de donner envie aux passants de monter dans leur voiture faire un tour. Elle sort de toutes les boutiques, car le mexicain aime la musique et ne peut visiblement pas s´en passer. Ce n´est pas moi qui m´en plaindrait !




Je me dirige vers le centre et ses rues pleines de boutiques pour touristes et restaurants. Ici on peut se balader sans se faire harponer toutes les deux minutes par les vendeurs, c´est appreciable. Je retrouve les cireurxs de chaussures, qui disposent de grands fauteuils en cuir confortables, les stands de vendeurs de paquets de cigarettes a l´unite sur le trottoir, et je crois sans arret des mexicains en habits traditionnels, instruments de musique sous le bras, a la recherche de touristes a qui jouer la serenade. Les maisons sont colorees. Ici aussi beaucoup de mendiants sont installes sur les trottoirs, dans un etat parfois vraiment pitoyable...
Je m´arrete un moment dans un cybercafe, puis vais tester mes premiers tacos, delicieux, dans un bouiboui avec terrasse. Je regarde passer les gens et tout me semble paisible, comme ca fait du bien ! Je suis trop contente d´etre ici !
Puis je rentre a l´hotel avec le soleil couchant. Les couleurs dans le ciel sont magnifiques mais ca ne dure pas longtemps, tres vite la nuit tombe. Avec l´arrivee de la nuit, les petits stands illumines prennent le relais des magasins qui ont ferme. Que d´agitation ! Il est presque aussi difficile de se mouvoir sur le trottoir au milieu de la foule qu¨a Times Square ! Et gare a la descente des trottoirs. Ceux-ci sont tres hauts, et mieux vaut me pas descendre car a tout moment des minibus se garent pour faire descendre ou monter des passagers.
En cherchant mon hotel, je tombe sur un gars en chemise et pantalon de costume, bien propre sur lui, qui. Micro a la main au carrefour, il exhorte les gens a croire en dieu. Je me perds un peu, ne reconnaissant pas les devantures dans la nuit, et tourne en rond a la recherche de l´hotel. Je repasse pres du precheur, qui - d´apres le peu d´espagnol que je peux comprendre - en est au chapitre "Jesus peut aider les homosexuels a changer". Ah bon. Alors que j´attends le feu vert pour traverser, son accolyte s´approche de moi et me tend un papier en fixant sur moi des yeux intenses : Jesus loves you ! - Yes I know - lui dis-je, mais j´ignore son papier alors il se detourne. Je finis par retrouver mon hotel et m´installe dans ma chambre devant la tele, allongee sur mon lit confortable. Ca fait longtemps que je n´avais pas passe une soiree patachon devant la tele !

J´ai super bien dormi, pourtant je me reveille a 5h18 du matin ! En pleine forme. Bon. Je me leve, allume la tele, et decide de reparer le velo. Depuis sa sortie du bus a San Diego, je n´arrive plus a passer la 3eme. Je m´asseois par terre avec mes outils et regarde le derailleur. Mais je me sens toujours aussi nulle pour ca. J´ai peur de devisser ou serrer trop les cables, Je ne sais pas quoi faire et ca m´enerve. En desespoir de cause, je nettoie la chaine la ou elle passe dans le derrailleur. Elle est pleine de graisse et de terre. Bon. Ca, c´est fait. Je range mes affaires, prends ma douche et bouquine jusqu´a ce qu´il fasse suffisamment jour pour partir. A 7h30 je suis en route. Le soleil est vif, je peux demarrer en tshirt. Je remonte les rues vers le nord puis vers l´est pour rattraper la route 1.
J´apprehende un peu la route et le gros traffic. Les taxis et minibus s´arretent sans arret sur le bas cote, m´obligeant a zigzaguer prudemment regulierement. Parfois j´entends un petit cop de klaxon derriere moi. Je n´ai toujours pas compris si ca veut dire attention j´arrive ou pousse-toi de la.Je ne bouge pas de ma route, et ils m´evitent sans jamais avoir un geste de nervosite. Tout va bien. Je prends la route tranquillement, contente de respirer les parfums du matin.
Avant de rejoindre la route 1, je m´arrete pour prendre un cafe. Un homme me salue en espagnol et tente d´entamer une discussion avant de comprendre que je ne comprends pas grand chose. Neanmoins il est content de me dire qu´il s´appelle Huizar, et que ce nom vient de la France. Ah bon ?.... Bon. N´empeche, il est tres gentil. Je regrette de ne pas reussir a aligner trois mots. Il s´en va. Cinq minutes plus tard, trois hommes en costumes arrivent a ma hauteur. Cette fois un des gars s´adresse a moi directement en anglais. Where you from ? Where are you going ? Welcome to Mexico ! Merci les gars ! Bonne journee a vous aussi.
Allez, tout ca est plutot energisant, hop on se met en route !
Je trouve un trafic assez consequent mais tres supportable. La route est souvent bosselee, je fais attention aux voitures derriere moi lorsque je devie un peu pour ne pas sursauter sur un gros trou. Sur les cotes j´observe le changement de decor par rapport aux Etats-Unis. Les petites maisons sont collees les unes aux autres, souvent delabrees, les trottoirs sont poussiereux (ca n´est pas faute de passer son temps a balayer !), les murs, amas de barres de fer et grillages donnent a l´ensemble un aspect peu... "touristique". Bon, je suis sur un grand axe menant a la sortie d´une grande ville de frontiere sans charme particulier. Parfois une odeur de vache ou de chevaux me surprend les narines. Ah oui, ici entre deux maisons on a installe un parc a bestiaux. Pourquoi pas... Enfin drole d´endroit quand meme.
Sur cette sortie de Tijuana, voila que ca grimpe doucement mais surement. La pente s´etale en longueur. Rien d´extenuans a 8h30 je sue deja a grosses gouttes des pieds a la tete. Super. Pas de relachement dans l´effort. Et ca dure comme ca sur une quinzaine de kilometres. Je m´arrete dans une station essence pour boire un coca rafraichissant a 9h30 du matin ! Ca promet...
Je guette les premices des paysages desertiques annonces mais pour l´instant c´est tres frequente.
Non loin de Rosarito, je debouche sur le haut d´une colline et decouvre l´ocean au bout la-bas. Wouahhhh.... Bon, il est encore loin mais wouahhh quand meme. Sur ma droite, un drole de lotissement avec des maisons toutes pareilles fait un peu tache dans le decor. Quoi que. C´est tout aussi moche que le reste, en fait.
De temps en temps, des deux cotes de la nationale, des ateliers exposent leurs meubles, poteries, porcelaine, cactus.
J´entame enfin la descente et mon moral remonte (il n´etait pas tres bas). Je m´arrete au Mac Do de Rosarito pour consulter mes mails, et alors que je m´apprete a repartir voila que Pascal me contacte sur Facebook. Trop cool ! Ca faisait longtemps. Je reste un peu a papoter avec lui. Ca fait un bail que je n´ai plus de nouvelles ou si peu de la fede, des anciens collegues, et meme de ceux qui sont desormais des amis pour moi. Je suis contente de parler avec Pascal mais je realise que j´adorerais encore plus lui parler en vrai, la tout de suite, et le serrer dans mes bras et voir son sourire. Les amis me manquent de plus en plus...
Je repars a 11h. A partir de Rosarito, je longe l´ocean. Enfin, facon de parler. La route longe l´ocean sur la carte et en vrai, mais en fait je n´ai que de brefs apercus ici et la. Les hotels et les petits villages bouchent la vue. Parfois on a meme bati des murs, mais des murs super moches qui sont apparemment la pour empecher le quidam de s´approcher de la plage. La route est surelevee par rapport a la plage et a ces villages. Je vois donc souvent le bleu de l´ocean et de temps en temps je vois aussi des gerbes s´elever dans le ciel lorsque des vagues viennent s´ecraser furieusement contre les rochers, mais c´est a peu pres tout.




A de rares endroits, on peut enfin sortir de la route et s approcher du bord de l apic pour voir un peu mieux les plages. Quelques petites villes descendent a partir de la route jusqu a la plage. De grandes portes decorees sont l unique acces au village. J hesite une fois ou deux a descendre, anticipant la fatigue que representera la remontee sur la route. Puis, frustree par cette route qui cache la vue, je tente ma chance a Puerto Nuevo. Je passe sous l arche peinte en rouge et blanc et descend la rue principale qui croise deux rues perpendiculaires avant d acceder aux plages. Des que je penetre dans le village je sens que je vais etre decue. A droite et a gauche se dressent uniquement des restaurants et boutiques a touristes. Je descends la pente raide et tourne dans la derniere rue perpendiculaire, et la deception se confirme : c est une ville - restaurant. Decidemment, je n aurais d acces a la plage que si je me decide a aller poser mes fesses dans un de ces restos avec vue. Et je n ai pas envie. Je prends un coca dans une petite boutique, histoire de boire frais avant de repartir. Je me pose sur un banc pour savourer ma boison fraiche, et le proprietaire de l etal d a cote cherche a attirer mon attention sur les superbes objets qu il vend (bracelets, poteries diverses et tres colorees, porte-bouteille d eau en cuir, etc.
J explique que je voyage selon un mode qui ne me permet pas de faire des emplettes pour les souvenirs. Un de ses copains arrivent a son tour et croit me reconnaitre. Tu es venue l annee derniere ! AH non, c est ma prima vez au Mexique. Mais dans leurs regards je devine que la Basse Californie en voit passer souvent, des cyclo voyageurs. Et a ce moment-la je ne crois pqs si bien penser, d ailleurs !
Je ne m attarde pas, et repars pour un enchainement de dos d anes (montees - descentes a n en plus finir). Les vues qui s offrent a moi sur l ocean sont superbes, bien que toujours gachees par les fils electriques qui pendouillent dans les airs ou les murs moches.
Sur ma gauche s elevent des montagnes tres arides. Je redoute la chaleur et le desert. Je sens que mes levres crament et que je suis en train de reprendre toutes les couleurs perdues pendant l arrivee de l automne au Canada et aux Etats-Unis. Il faut que je me rachete de la creme solaire, la mienne s est perdue dans le trajet entre Marrakech et Saint Julienne. Et ici je sens qu on ne rigole pas avec le soleil...
J arrive tot a La Fonda. J avais repere un hotel pour surfeurs, budget economique, cuisine a disposition. Je decide de ne pas pousser plus loin pour aujourd hui. Je ne connais pas encore bien les paysages ni ma resistance aux grimpettes au soleil, pas plus que les possibilites de trouver des ressources d une ville a l autre. Petite etape, donc, aujourd hui. Je descends vers l hotel. Un homme grisonnant en tshirt bleu et short se tient devant l entree. Je le prends pour le proprio mais Bruce vient d arriver en velo lui aussi, 15 minutes avant moi, de Tijuana. Il est australien, retraite, et - me dit-il - a decide de commencer a vivre reellement.




Nous sommes les deux seuls clients. Bruce vient du Canada et des Etats-Unis comme moi. Lui voyage le plus souvent en sac a dos, mais il a achete un celo pour 25 dollars aux Etats-Unis et a commence a descendre la Basse Californie avec. Ceci dit, il vient de courir un peu trop ces derniers dix jours et visiblement il se sent epuise, au point de vouloir rester ici une semaine. Ce qui me surprend un peu car ok le coin est agreable mais alors c est desert de chez desert. Il n y a rien a faire a part se detendre en vue de reprendre un peu de forces pour repartir le lendemain. Pas de quoi passer une semaine. Pour ma part, puisqu il est tot, j ai bien envie de me trouver un coiffeur, s il y en a un dans ce tout petit village. Avec la chaleur ecrasante je ne supporte pas la longueur de mes cheveux dans le cou ni sur le front.




Le pror}prietaire des lieux, un blanc africain du sud qui parle d une voix tres grave et avec un humour un peu ethere, m indique une roulotte a trois minutes a pieds. La patronne y fait aussi bien de la manucure que des massages et des coupes de cheveux, pour rien du tout en plus. Ok. Je decide d y aller.
Je trouve la roulotte a l entree de la rue suivante. En face d un hotel, dont le rez de chaussee est un magasin. Je regarde dans la roulotte : personne. J entre dans le magasin au moment ou un homme blond avec un chapeau et un sac en bandouliere en cuir, visiblement touriste lui aussi, s approche de la caisse. Pendant qu il cherche de la monnaie pour payer, je m informe de l horaire d ouverture de la coiffeuse. La dame me repond a 15h30, et precise quelque chose en espagnole a propos de la Mision. Comme c est le nom de la ville suivante, l homme attend une dizaine de secondes puis vient me voir et me demande si j ai besoin d etre deposee a La Mision, car c est sur sa route. Je le remercie mais je doute que la dame m ait dit d etre a 15h30 dans une autre ville. Du coup je verifie et effectivement c est bien ici que je dois attendre. L homme m a demande si j etais a pieds ou en voiture, du coup je lui ai dit que je voyageais en velo, et nous entamons une petite conversation tous les deux.
Patrick, lui, est americain et en vadrouille avec femme et enfants pour une semaine au Mexique, en caravane. Apres avoir echange quelques mots tres sympas, nous nous disons au revoir et je m apprete a acheter une biere et des chips pour les savourer sur la plage en attendant, lorsque Patrick revient. Ils vont dejeuner dans un petit resto juste a cote avec sa femme et ses filles, et je suis invitee a les rejoindre si ca me dit. Je pose biere et chips et me rend a pied 500 metres plus loin, ravie de cete rencontre. Le resto est charmant et la vue sur l ocean imprenable. La femme de Patrick est tout aussi gentille et sociable que lui. Les trois enfants ont tous les cheveux blonds tresses avec des perles au bout des meches. Nous passons le dejeuner a discuter de la region (ils ont tres envie de venir vivre ici), de religion, d education, de voyage. Eux, ils ont decide de ne pas envoyer leurs enfants a l ecole mais de les eduquer eux-memes en leur faisant experimenter un maximum de choses differentes. J ai beaucoup aime ce couple. Je me suis fait la reflexion en les quittant qu ils sont le visage et les expressions memes de la bienveillance et de l ouverture d esprit.
Apres le dejeuner, ils reprennent leur route. Ils ont vu le lever du soleil ce matin sur la cote est, les voila qui partent chercher un lieu de campement au bord de la mer pour contempler ce soir le coucher du soleil sur la cote ouest.
Moi je retourne voir si je peux me faire couper les cheveux mais il est 17h.... la caravane est fermee. Je descends sur la plage avec une biere fraiche et admire les couleurs et la danse des vagues sur le sable. Je suis frappee par la violence de celles-ci. Ca fait un vacarme du diable. Cet ocean me stresse, il a l air puissant, dangereux... Je m approche tout de meme vaillamment avec mon appareil photo en main pour prendre des photos de plus pres. Je m arrete a une bonne quinzaine de metres de l eau et zoom sur une vague au loin. Mais le courant apporte tout a coup une vague plus puissante que les precedentes, et alors que tout etait sec autour de moi deux secondes avant voila que la vagues arrive jusqu a mes pieds et monte jusqu aux genoux ! Moi qui suis archi trouillarde dans l eau, voila que j ai un coup de stress. Evidemment l eau enfonce mes tongs dans le sable et je dois lutter pour arracher mes pieds de la, reculer sans perdre mes chaussures, le tout en essayant de garder un maximum de dignite en me disant que j ai de la chance qu il n y ait personne pour entendre mes lamentations ridicules "mon dieu j ai peur"... Ah lala, je ne risquais evidemment absolument rien, mais qu elle est tenace mon angoisse de l eau ! Je vais sagement m asseoir un peu plus loin et observe le spectacle calmement depuis les rochers, avant de remonter retrouver Bruce a l hotel.




Nous passons une soiree trqnquille et sympa tous les deux, mais aussi avec Taka. Taka vient lui aussi d Afrique du Sud. Il est aussi noir que son ami / patroinn est blanc. Je n ai pas tout compris du travail que Taka est cense faire ici. Lorsque je lui ai demande s il bossait pour l hotel il m a dit que son ami, dont j ai oublie le nom, lui avait propose de venir le rejoindre au Mexiuque pour donner des cours de je ne sais pas trop quoi et faire de cette maison plus qu un simple hotel pour surfeur. Mais d apres ce que j ai vu pendant les moments ou j etais presente, Taka est surtout charge, visiblement, de la gestion de la maison (menage, demandes des clients, etc). Et puis plusieurs fois Taka est laisse entendre qu il aimerait bien partir, pourquoi pas en France, d ailleurs, mais il lui est complique d obtenir les papiers pour cela.
Dans la maison, il y a aussi une jeune fille, peut-etre 15 ou 15 ans, a la peau mat que je soupconne etre la fille du patron sud-africain. Il lui prepare a manger et elle l envoie balader comme une fille enverrait balader son pere dans ces familes ou les enfants peuvent se montrer irrespecteux avec leurs parents.
Tout cela cree une petite ambiance un peu etrange dans la maison. Pendant que Bruce et Taka parlent politique, j ecris dans mon bloc note. Nous irons avec Bruce nous asseoir sur la terrasse pour voir le coucher de soleil, mais a peine avons-nous le temps d installer les chaises que le soleil a disparu. Je n ai jamais vu un coucher de soleil aussi rapide de ma vie ! Bon. On redescend, on discute encore un moment puis chacun vaque a ses affaires et monte se coucher dans le dortoire.
Le lendemain, Bruce me confirme qu il va rester une semaine ici. Moi je prepare mes affaires, savoure mon cafe une dernier fois sur la terrasse, puis mets les voiles. Et aujourd hui, je sais que ca va monter !
Direction La Mision, d abord. La route se met a monter lentement mais surement. C est une pente ascendante sans fin, mais suffisamment douce pour que ca ne m epuise pas. Le paysage devient de plus en plus desertique. Au bout d une heure je m arrete a La Mision pour prendre un coca, car il fait deja tres chaud. Je me sens deja dans un autre monde. Plus rien a voir avec la route qui longeait le bord de mer. Ici tout est sec et poussiereux. La toute petite ville est calme et pauvre.




Plus j avance et plus la circulation se rarefie. Tant mieux, je ne suis pas genee par les voitures. Et lorsque les vehicules sont vraiment tres espaces, je suis alors plongee dans le silence absolu. Que c est bon ! Entre La Mision et El Sauzal, c est a dire pendant 35 kms, je ne croiserai plus de villes ni de village. Uniquement un ranch ou deux perdus sur les hauteurs. La route a bien grimpe pour deboucher sur un plateau vallonne et tres desertique. Je suis ravie par les perspectives que je decouvre devant et derriere moi. De maniere tres eparse egalement, j apercois, mais loin du bord de la route, des vaches ou des chevaux. Ils ont tendance a chercher vraiment les hauteurs et s ecartent un maximum de la piste pour monter aux pieds des rochers pour les chevaux, dans la prairie couleur terre pour les vaches. Je me sens super sereine dans ce paysage desole. Pour la premiere fois depuis longtemps je branche mes ecouteurs, et je me fais le plaisir d ecouter enfin La Yegros dans un decor qui va avec. Depuis le temps que j attendais ca ! Je roule longtemps sur ce grand plateau qui m offre de temps en temps une vue sur l ocean tout la-bas au loin. La lumiere vive du soleil rend ces apercus tres pales. Je distingue ce qui doit etre la plage et les vagues remontant sur le sable sur une large distance, le tout enveloppe d un halo blanc.
La route descend tout a coup dans une cuvette avant de reprendre son elan vers une derniere longue montee. Dans le creux, j apercois un ranch sur le bord de la route et au moment ou je passe devant une musique sudamericaine joyeuse sort des enceintes du bar installe sous une veranda. Je decide que c est l endroit ideal pour savourer une boisson fraiche et reprendre mon courage a deux mains pour la future grimpette. Je suis la seule cliente, les notes de musique entrainantes me sont entierement dediees dans le silence absolu qui regnent autour de nous.
Je repars le sourire aux levres pour affronter ce qui sera la derniere grande montee de la journee. En effet, au bout de la grimpette la route tourne sur la droite et debouche sur une vue panoramique qui devoile une grande descente sur plusieurs kilometres avant d entrer dans El Sauzal. Je prends le temps d admirer la vue avant de me lancer dans la descente, mains sur les freins.
Quelques kilometres plus bas, je retrouve la civilisation et la circulation intense qui precede l entree dans Ensenada. Des bateaux de croisiere mouillent dans le port de la tres touristique Ensenada. Je trouve l office du tourisme, garde par deux militaires armes, a l entree de la ville qui parait tres animee. Je l ai oublie mais nous sommes a la veille du week-end d Halloween. A l office du tourisme la dame ne semble pas connaitre l auberge de jeunesse dont je n ai note ni le nom ni l adresse. On m indique un hostel pas cher a cote de la plage, et un autre en centre ville. Pensantq que celui que j avais trouve sur internet se trouve pres de la plage, je prends cette option au depart. La route s eloigne du centre ville et longe dans un trafic intense les bases navales et les magasins de bric et de broc sur plusieurs kilometres. Ca me plait moyen d etre aussi loin du centre. Je poursuis tout de meme jusqu a la plage, qui n a pas beaucoup d interet, coincee entre l ocean et la route tres passante.

Les hotels alentours ne me disent rien qui vaillent, je decide de faire demi-tour. Sur la route, je m arrete dans un restaurant de rue et mange un delicieux taco de camaron (crevettes). L assaisonnement est juste divin ! Avant de m apporter le taco commande, la serveuse m apporte des petites salades a grignoter en attendant. Je n y touche pas, car je sais que si je les mange elles me seront facturees. Alors que j ai fini de manger et qu un couple s installe non loin de moi, la serveuse prend les salades laissees sur ma table et les apporte sur la table des nouveaux venus. Super, on nous sert des plats vraiment frais... J ai bien fait de ne pas y toucher.
Je suis de retour vers le centre et je zigzag dans les rues a la recherche d un hostel, lorsque je tombe par hasard sur celui que j avais repere sur internet. L endroit est mignon, repeint en jaune et bleu recemment. Je suis logee dans un dortoir qui dispose d un acces a un petit balcon avec hamac (bon, avec vue sur la rue mais c est chouette quand meme). Edgar, le patron, est tres sympa. Il se degage une ambiance familiale et super detendue dans cet hotel. Je suis seule dans le dortoir pour cette nuit. A la reception, je rencontre Jeremy, un jeune homme originaire de Bayonne. Jeremy fait ses etudes a Ensenada. Son universite dispose d un partenariat avec celle d Ensenada pour son cursus en management du sport. Nous parlons un bon moment etudes, perspectives d emploi dans le secteur sportif, reseau, etc. Curieusement, ca fait du bien de parler de tout ca. Dans le meme temps, j ai percute recemment que pour la fede le congres approche. Ca m a fait tout drole de m en rappeler. Il y a belle lurette que je ne suis plus connectee avec mon ancien boulot, et les news me parviennent de plus en plus rarement. Par curiosite je vais voir sur le site a quoi ressemble le programme du congres cette annee pour tenter d imaginer a quel genre de difficultes d organisation mes ex collegues sont confrontes cette fois-ci. J ai une grosse pensee pour les benevoles du Rhone et pour Annabelle, Helene, Pascal, ...Je me sens a nouveau proche de mes anciens collegues en pensees, je me sens nostalgique et voudrais etre avec eux dans la preparation de cet evenement.
J ai une lettre pour Helene dans mon sac, depuis plusieurs semaines. Je l ai ecrite alors que j etais encore aux Etats-Unis, Je decide de la poster d Ensenada. J apprendrai le surlendemain que la lettre que Jeremy a envoyee a sa petite amie il y a un mois et demi n est toujours pas arrivee en France.. Super...
Alors que je mn apprete a sortir, je fais la connaissance de Carlos, un mexicain d une petite trentaine d annees. Il fait le tour du Mexique en sac a dos. J apprendrai le lendemain qu il est separe depuis 7 mois de son epouse americaine, qui est repartie vivre aux Etats-Unis avec leur bebe. Ils sont restes bons amis. Mais le jour ou Carlos a accompagne son ex epouse a la frontiere, il a demarre ce voyage de plusieurs mois autour du Mexique.
Je sors me promener. Je trouve un coiffeur et me debarrasse enfin de ces cheveux qui me donnent chaud dans le cou et autour des oreilles !




Je croise beaucoup de touristes. Dans les rues, les marriachis passent de resto en resto, leurs instruments de musique a la main, pour tenter de gagner de l argent en jouant la serenade aux personnes installees en terrasse. Je croise plusieurs personnes deguisees ou portant simplement des cornes rouges sur la tete. Il me faut un moment pour percuter et me rappeler que nous sommes a la veille d Halloween ! Les mexicains s y preparent et ont decore eux aussi leurs rues avec des squelettes et des toiles d araignees. La fete a lieu demain, mais deja aujourd hui des personnes se baladent avec des capes noires ou les oreilles et la queue de Lucifer.
Le centre regorge de bars qui s animent et remplissent les rues de musique. A la nuit tombee, je retourne vers l hotel et passe du temps sur le blop. A mon arrivee, Ernesto, un monsieur d une soixantaine d annees m a accueillie avec bienveillance. Je n ai pas compris s il avait uin lien de parente avec Edgar, mais il semble un peu chez lui ici. Il est tres bavard mais il se degage un charme touchant chez ce monsieur age passionne par lesmonnaies anciennes. J apercois dans la cuisine un nouveau venu qui discute avec Edgar. Bronze, type, semblant visiblement tres a l aise avec Edgar, je crois a ce moment-la qu il s agit d un ami du patron. Mais pas du tout. Je ferai la connaissance de Carlos, espagnol, le lendemain. Carlos est tres a l aise avec tout le monde et aime discuter avec les locaux, comme je le verrai dans les jours qui suivent.
Pour l heure, je vais me coucher en preparant mes affaires pour quitter Ensenada le lendemain.
Je suis prete a 7h30, et descends attendre le petit dejeuner sur la terrasse du bas. Edgar m a vue et se depeche de me servir un cafe alors que le petit dej est normalement a 8h. Je lui dis de ne pas se presser, mais decidemment les gens sont adorables ici. Ernesto est leve, il vient prendre un cafe avec moi. J ai l impression de prendre le petit dej en famille, c est chouette. Carlos le mexicain nous rejoint. Alors que je croque dans un toast, il me demande si ca me dirait d aller avec lui a la Bufadora aujourd hui, et de feter Halloween ensemble ce soir. La Bufadora est le deuxieme endroit dans le monde ou on peut voir un geiser d eau, c est a dire que l eau s infiltre dans les rochers et s echappe soudainement en gerbes d eau sur plusieurs metres de hauteur. Le site se trouve sur ma route mais necessite un detour de 40 kms aller et retour. Je n avais donc pas l intention d y aller. cependant la perspective de rester une nout de plus et de m y rendre en bus en compagnie des deux Carlos (puisque j apprends que l autre Carlos, l espagnol, compte y aller aussi), me tente. Allez, je decide de rester !
Le temps aue Carlos (l espagnol) se reveille, je remonte mes affaires dans le dortoir. Lorsque je redescends, Rosalda est arrivee. Rosalda travaille ici et prend la place d Edgar jusqu a demain. Tres gentille et maternelle, Rosalda adore avoir de la compagnie et particulierement celle des voyageurs qui lui racontent a quoi ressemble leur pays. Elle fait des papouilles a Jeremy qu elle a pris en affection (il est arrive en septembre et repartira en decembre). Nous discutons dehors un bon moment. Il fait deja super chaud. Rosalda me raconte son voyage a Paris, ou elle a ete invitee il y a un an ou deux par une des voyageuses venues poser ses valises quelques jours a Ensenada. Apparemment cette personne etait issue d une famille possedant du bien, comme on dit, car Rosalda a ete accueillie dans un genre de petit chateau avec trois assiettes differentes par repas et des couverts et des verres a ne plus savoir quoi en faire, obligee d observer quel couteau ou quel cuillere utilisaient les autres pour faire de meme. Pour elle, Paris et la France representent le raffinement et l elegance...




Je vais poster ma lettre pour Helene et pour Mag. J ignore encore a ce moment-la que le courrier risque de mettre plus d un mois pour arriver...
En fin de matinee, Carlos et Carlos sont prets a partir. Nous voila tous les trois en route sous un soleil de plomb pourprendre un bus puis un deuxieme, jusqu a la Bufadora. Le parcours du premier bus longe la plage et traverse la ville chargee de trafic et de petits magasins. Nous devons attendre une petite demi heure le deuxieme bus, qui file dans la montagne. Par la fenetre je decouvre un paysage splendide et regrette de ne pas pouvoir prendre de photos. La couleur de l eau est incroyable, l ocean est parseme de petites iles rases qui me font un peu penser a la Croatie. Quel dommage de ne pas s arreter. Je me rejouis a l avance en esperant trouver les memes beautes a la Bufadora.
La deception nous attend a l arrivee. La vue n est pas aussi epoustoufflante, et nous nous rendons vite compte que c est un piege a touristes. A la descente du bus, pas d autre choix que de s engager dans une unique rue bordee de magasins de souvenirs et de restaurants. Les magasins identiques se suivent sur 40 metres tout au plus. En deux ou trois endroits, on a droit a la demonstration pour la galerie de danses indiennes costumees. Hyper authentique... Au bout de cette rue, les touristes s agglutinent autour du puit par lequel sortent les gerbes d eau du geiser. A chaque fois que la deferlante projette une grande gerbe de 5 ou 6 metres de haut, des ohhh et des ahhh accompagnent le mouvement et les asiatiques applaudissent... C est joli a voir, et nous restons un petit moment a contempler le spectacle et l ocean, mais bon, ce n est pas non plus "amazing" comme disent les americains.
Nous tentons en vain de nous renseigner sur une balade a faire sur la cote, mais tout le monde et unanime : il n y a rien d autre ici. D ailleurs on le constate par nous memes. Nous hesitons a manger sur place les delicieux tacos qui nous sont proposes (avec le verre de tequila qui va avec, bien sur), mais optons pour un retour a Ensenada ou les tacos sont moins chers. Pourtant ca sent super bon. Tout de meme, je suis un peu surprise de voir un des cuisiniers sortirent un seche cheveux pour rechauffer les tacos pourtant deja exposes au soleil...
Dans la rue commercante, on peut se faire prendre en photo avec un lionceau. Je ne vois pas trop ce que fiche ce pauvre bebe lion ici. Vraiment n importe quoi ce coin. Je ne supporte pas les endroits ou les locaux s imaginent que tout ce qui interesse le touriste est de faire le tour des magasins et de claquer des sous dans tout et n importe quoi. Une quoi ? Une promenade ? Ah non, on n a pas ca. Par contre regardez nos magnifiques tshirts made in Taiwan...
Bon. Nous revoila partis pour une heure de bus retour vers Ensenada.
A la descente du bus, je quitte les garcons qui partent s acheter a manger. De mon cote, je me balade un bon moment dans les petites rues proprettes et le long du port, avant de revenir a l hotel. Je ne suis plus seule dans le dortoir, Dominik est arrive. Il est australien et a achete une Land Rover aux Etats-Unis pour un road trip en voiture aux USA, Mexique, Cuba, et Amerique centrale jusqu a Panama ou il compte revendre la voiture. Dans la discussion, il me glisse une proposition qui sur le moment ne me tente pas. Pourquoi ne pas mettre le velo dans la Land Rover et faire la route ensemble vers La Paz ?
Je descends ecrire sur le blog et discuter avec Ernesto et Rosalda. J ai ecrit a mes parents que cette traversee du desert de la Basse Californie sera mon premier vrai test car jusqu ici je n ai pas rencontre de difficultes speciales en velo. J ai envie de me lancer et en meme temps je me demande comment je vais resister a la chaleur, a la solitude et aux montees. Pourtant sur le moment la proposition de Dominik me sort vite de la tete.




Je passe le debut de soiree avec Ernesto et Rosalda. Rosalda cuisine des enchilladas et m en propose ainsi qu a Ernesto. Nous nous installons tous les trois dans la cuisine et discutons gaiment tout en mangeant. Rosalda me verse un peu de sauce piquante. Il parait qu elle est legere... Moi ca me met tout de suite la bouche en feu ! La cuisine epicee n est vraiment pas faite pour moi. Je me sens un peu en famille avec ces deux personnages attachants. Ernesto est encore occupe avec sa collection de monnaie. Il m en montre certaines. Vers 21h30, Carlos l espagnol et Dominik descendent. Dominik sort avec nous. Quelques enfants passent devant la maison et nous interpellent par un sonore "Kriki - kriki Halloween". Malheureusement nous n avons pas de bonbons a leur donner. A 22h, Carlos le mexicain nous rejoint. Nous partons tous ensemble. Les rues du centre ville sont a la fete. De tous les bars sortent des musiques de differents styles. C est une vraie cacophonie. Il parait que dans un des bars, le plus beau costume remporte 1500 dollars ce soir. Nous croisons des personnes deguisees et maquillees, certains sont vraiment effrayants. C est tout de meme assez etrange de se balader avec des tetes aussi affreuses !
Nous entrons dans un night club. Les garcons aiment la musique electronique. Moi pas. En plus, des mon entree dans le night club je prends un coup de vieux. La moyenne d age est de 20 ans ! Ca va, je suis avec des gars un peu plus jeunes mais qui accusent une bonne trentaine proche de la quarantaine. On trinque a la biere et j observe le spectacle des jeunes deja bien alcoolises faisant la fete. Nous allons sur laterrasse, d ou nous pouvons aussi voir l ambiance dans la rue. Je commence a faire connaissance avec Dominik. Si j ai bien tout compris, il travaille dans l informatique, mais pour une universite - j imagine celle de Melbourne, ou il habite. En Australie, un programme permet de demander un conge de 3 mois de conges payes pour voyager, a partir de 10 ans d anciennete. Dominik profite de ce systeme et a negocie d etre paye pendant six mois la moitie de son salaire, pour prolonger la duree de son voyage. Il a deja fait une bonne boucle aux Etats-Unis, ou il a passe plus de temps que prevu. Il est en retard sur son planning, et lui aussi a depense beaucoup plus que prevu aux Etats-Unis... Il ne sait pas encore exactement par ou il va descendre vers le Panama, on verra.
Nous changeons de bar et entrons dans un enorme pub a l anglaise. Les deux Carlos partent en expedition je ne sais ou, pendant que Dominik et moi continuons a faire connaissance. J ai prevenu que je rentrerai a minuit. A minuit, donc, je dis bonne nuit a tout le monde. En veritable gentleman, Dominik me demande si je me sens suffisamment en confiance pour rentrer seule. Pas de souci merci ! Il me demande encore une fois si je veux partir avec lui demain, sachant que Carlos l espagnol est du voyage. Ok let´s go ! - lui dis-je. Ca me plait, ce road trip a trois. Voila encore une experience que je n avais pas vecu jusqu ici et ce sera sympa d avoir de la compagnie. On se dit donc a demain et je rentre a l hotel.
Le lendemain je ne suis pas surprise d etre la premiere levee. Je retrouve Rosalda et Ernesto en bas. La rue est toute calme. Rosalda est deja tres bavarde des le matin. Je lui dis que je pars avec les deux garcons. Nous sortons toutes les deux acheter des petits gateaux et le gateaux des morts. Elle m explique que dans le passe les gens dressaient de veritables petits autels en souvenir de leur disparus. Autour de la photo du defunt, on disposait toutes lsortes de choses appreciee de la personne. Mais, me dit Rosalda, plus les temps sont durs, moins les gens ont de l argent, moins cette tradition se perpetue. Souvent on se contente d une photo, aujourd hui. Dans la petite maison a cote de l hotel, nous voyons cependant un petit hotel avec, autour de la photo d un homme, un cigare, une biere, des lunettes, des fruits.

Nous prenons le cafe avec Ernesto et degustons les gateaux. Puis je resors avec Rosalda pour aller acheter du beurre et du lait pour l hotel. La matinee s ecoule doucement en discussions avec mes deux comperes. Carlos se reveille et vient se joindre a nous. Puis Dominik, bien plus tard, descend a 11h. Il est pret rapidement, et nous chargeons la voiture. Je trouve ca trop cool ! Il faut pousser un peu les sacs pour que ca rentre, le velo se glisse tout juste a l interieur et pendant tout le voyage j aurai la selle a 10 cm de mon visage mais c est bon tout le monde est assis. Pendant que nous chargeons, Rosalda est partie, remplacee par un autre collegue. Je la cherche pour lui dire au revoir mais apparemment on s est mal compris, elle pensait qu on partait dans l apres-midi et avait prevu de repasser. Dommage, je ne peux pas lui faire un bisou avant de partir.
Dominik met le contact, et nous roulons d abord vers une roulotte de tacos. Puis nous repassons a l hotel car Dominik a oublie sa gourde. Enfin c est parti, direction Bahi de Los Angeles !
Au depart nous ne sommes pas tres bavards, et la radio ne capte rien (elle ne captera rien du tout pendant tout le trajet en Basse Californie). La route reprend le trajet du sud, le meme que nous avons emprunte pour aller a la Bufadora. Pendant une heure le paysage poussiereux, citadin et encombre defile sous nos yeux. Mais au bout d un moment, les habitations disparaissent et le paysage devient plus desertique. ON roule toutes fenetres ouvertes et j ai du vent plein les cheveux et les yeux, mais je ne veux rien louper du paysage. Tres vite, je suis frustree de voir les montagnes defiler si vite. A partir du moment ou nous quittons la zone urbaine, le panorama est tout simplement magnifique et ne cessera de me fasciner a chaque detour. J aimerais pouvoir m arreter vingt, trente fois pour prendre des photos, mais Dominik a le pied - nu, d ailleurs - sur le plancher. Je passe la journee a guetter un ralentissement mais on ne fera que deux poses rapides pour prendre de l essence et acheter boissons, chips et cigarettes. Je mitraille a travers le pare-brise et les fenetres poussiereuses, sachant d avance que mes photos ne rendront pas justice a la beaute des paysages. J en eprouve une certaine frustration evidemment. Que de photos magnifiques j aurais pu prendre seule sur mon velo.
Et puis ce changement de rythme me fait tout drole. Je dirais trois jours plus tard a Dominik, alors que nous regardions les etoiles filantes striller le ciel de toutes parts en ecoutant de la musique sur ses enceintes, que je me sens coupee en deux, entre le plaisir d etre en leur compagnie et la confusion que cree dans mon esprit le fait d aller si vite tout a coup. Jamais je n ai couru apres le temps pendant ce voyage. Dominik et Carlos ont en commun le fait d avoir beaucoup de trajet a faire en peu de temps. Ils traverseront donc la Baja California comme des fleches. Et moi aussi du coup. Cette vitesse m a frustree le premier jour, et puis je m y suis adaptee, contente de notre trio et de vivre cette traversee ensemble.




Je vois bientot s elever de part et d autre de la route un grand nombre de varietes de cactus. C est magnifique et en ce premier jour de voiture je peste interieurement de ne pas pouvoir les observer de plus pres. Mais n empeche, je prends une sacree avance sur mon trajet par rapport aux trois semaines qu il m aurait fallu pour traverser la peninsule du nord au sud. Lorsqu il a achete la voiture, Dominik decouvert dans le lecteur CD 6 disques laisses par l ancien proprietaire. Comme nous n avons pas d autre musique
nous voila partis a ecouter de la pop asiatique, de la country, de la mnusique electronique et un genre de pop - funk wech wech. A fond les ballons... Mieux que rien. Carlos carbure a la biere, Dominik conduit a fond mais prudemment. A aucun moment je n aurais peur. La Land Rover a les reins solides. Nous constatons que sur cette premiere partie de route il n y a pas de bas cote. En observant la route, je constate qu il fait chaud mais j ai le sentiment que finalement c est a ma portee. Neanmoins je ne suis pas mecontente de m economiser cet effort et la solitude des grandes distances desertes entre deux patelins paumes.
Dans ce decor desertique, nous apercevrons sur le bord de la route ce qui ressembleun renard en train de s occuper des restes d un autre animal que je n identifie pas. Curieux comme le renard n a pas eu peur en voyant la voiture..Un grand nombre de rapaces tournoient egalement dans le ciel.
A l approche de Catavinia les paysage devient magique. Drapes dans une jolie lumiere rosedue au coucher de soleil, les cactus immenses se detachent sur le relief d enormes rochers arrondis. C est sublime, et plus qu en aucun autre endroit les photos que je prends sont loin de refleter la beaute du site. Nous regretterons tous de ne pas avoir pris plus de temps a cet endroit pour immortaliser la magie des lieux. Mais la nuit tombe, et nous avons encore de la route a faire jusqu a Bahia de Los Angeles.
Nous arrivons de nuit. On ne voit donc pas du tout a quoi ressemble les paysages ni la ville. Nous commencons par nous arreter dans le premier restaurant de tacos pour manger, puis nous renseignons sur les hotels. Les tarifs indiques nous paraissent chers. Nous voulons tous economiser le plus possible sur cette partie de la route. Finalement nous trouvons la possibilite de camper sur la plage a cote d un hotel. Il nous en coute 70 pesos chacun (4 euros), pour planter la tente a 20 metres de l eau sur le sable, et acceder aux sanitaires qui ne sont guerre reluisants menfin bon, au moins on a des toilettes qui puent et une douche froide.








Dominik et moi avons chacun notre tente. Carlos n en a pas, il dormira dans la voiture. A la lumiere des phares de la Land Rover nous dechargeons tout ce dont nous avons besoin et dressons les tentes sur le sable apres avoir inspecte le terrain a la lampe frontale. Dominik sort deux chaises de camping, la glaciere fera le troisieme siege. Nous sortons des bieres de la glaciere et savourons le plaisir d etre la. De retour vers son coffre, Dominik nous envoie tout a coup un freesbee lumineux. Excellent ! C est super joli dans la nuit. On joue un moment, puis on s installe a nouveau sur les chaises et on leve les yeux vers le ciel. Celui-ci nous devoile une voie lactee que je n ai jamais vue aussi grande. Nous essayons de reconnaitre des constellations. Une otarie nous fait l honneur de son chant du soir. Comme a San Diego, nous l entendons mais ne la verrons pas.
Alors qu on discute tranquillement, j apercois une etoile filante. Puis une deuxieme. Me rappelant qu il faut faire un voeu, je decide de faire a chaque fois le meme voeu pour lui donner encore plus de chances de se realiser... On ne sait jamais. Cette nuit-la, je verrai plus d etoiles filantes que jamais avant ! Il en pleut de partout. Toutes les nuits nous en verrons et aurons un petit concours avec Dominik a celui qui en voit le plus.
Cette premiere nuit-la, je realise que d accord, ca va un peu trop vite pour moi et je n aurai pas d images inoubliables du desert mexicain, par contre la compagnie des garcons est vraiment agreable et je ne serais certainement pas en train de regarder les etoiles filantes au bord de l eau apres avoir fait du freesbee lumineux tout en sirotant une biere si je n avais pas ete avec eux...Alors je savoure ce moment. Nous ecoutons encore un peu de musique. Vers 23h, nous apercevons tout a coup une lumiere orangee droit devant, semblant sortir de l ocean. Au bout de quelques secondes nous comprenons qu il s agit de la lune. Elle s eleve bientot dans le ciel etoile, projetant un halo orange sur l eau noire. C est un moment magique. Nous la regardons s elever encore un peu, puis je vais me coucher. Carlos s installe dans la voiture avec couvertures et oreillers. Nous prevoyons de profiter de la journee ici demain, Dominik voudrait faire du kayak et se rendre sur les iles en face si c est possible. Moi je n y tiens pas, c est trop loin pour que je puisse gerer mon angoisse de l eau, mais la perspective d une journee tranquilou a la plage me va parfaitement.
Alors que je m installe dans mon duvet, je sens quelque chose se jeter sur mes pieds a travers la porte de la tente. Les deux chatons de l hotel sont venus jouer un peu... De peur que leurs griffes abiment la toile de tente, je tape un grand coup sur la toile et ne les entends plus revenir.
Reveillee par le soleil a 7h, je trouve Carlos deja leve. Nous allons prendre un cafe sur la terrasse de l hotel a cote. Dominik dormira jusqu a 11h. Sa tente est un peu protegee du soleil par l ombre d un arbre. En attendant qu il se leve, chacun de nous se detend. Je pars faire un tour dans la toute petite ville aux rues de sable. Je repere un cafe internet - qui n ouvrira pas de la journee, un magasin dans lequel je compte acheter de quoi faire une grsse salade pour nous tris ce soir, un coiffeur, une station essence, un tout petit musee sur la culture locale, et une ecole dans laquelle les enfants en uniforme sont en train de s amuser. A part ca, les maisons semblent desertes. Regulierement sur la plage nous verrons de petites embarcations arriver sur la remorque d une voiture, et mises a l eau pour partir pecher. Je retourne vers la tente, et vais me baigner dans l eau dont la chaleur est super agreable. Carlos est en train de discuter avec un couple de mexicain un peu plus loin. En revenant, il m explique qu il essaie de trouver un plan pour aider a la peche le soir ou le lendemain matin.
Je retourne a la terrasse de l hotel pour ecrire au soleil. C est pas mal aussi une journee tranquille ! Dominik finit par se lever. Le temps qu il prenne son petit dejeuner et aille faire un tour dans l eau, nous partons a la recherche de kayaks relativement tard. Nous finissons par en trouver un a louer a l hotel, et un autre dans une boutique en face. Nous apportons le materiel au bord de l eau, et pendant que Dominik prepare ses affaires Carlos monte dans un des kayaks et se fait des frayeus. Avec des gestes precipites, il cherche son equilibre et ca gite dans tous les sens. Il resort comme il peut du klayak et revient vers moi en reprenant sa respiration,. On dirait qu il vient de piquer un 100 metres. J apprends que c est la premiere fois qu il fait du kayak ! D un seul cup d un seul, il a l air moins sur de vouloir essayer... Il a peur de tomber. Cependant, le temps de retrouver un peu ses esprits, il y retourne. Je l aide en tenant le bateau et en poussant l embarcation vers le large. Dominik se lance a son tour, et voila les deux garcons partis pour quelques heures de pagaie. Je ne pense pas qu ils arriveront sur les iles. Elles sont vraiment loin, le vent vient de se lever et le courant ramene les bateaux vers la plage. Il leur faudra donc lutter et cette balade s averera tres physique. Dominik a craint un moment pour Carlos, mais celui-ci a tenu jusqu au bout.
Pour rentrer, ils ne beneficieront pas du vent qui s est essouffle et les laissera pagayer jusqu au bout pour toucher terre. Ils reviendront fatigues mais contents, bien que Dominik, qui a ses lunettes de snorkelling, aurait aime plonger un peu pour admirer les poissons et Carlos apercevoir des requins baleines. .
Moi pendant ce temps-la je suis partie a nouveau me promener puis lire sur la plage, profitant des degrades de couleurs sur la mer au fur et a mesure du coucher du soleil. J ai egalement ete acheter tomates, concombre, avocats et mais pour faire une salade. Je les apercois pagayant pour revenir aux tentes et les retrouve a leur descente de bateau. Les garcons me racontent leurs aventures autour d une biere. Carlos a apercu un dauphin.
Les garcons ont faim et veulent manger des tacos. Nous allons rendre le kayak loue a la boutique et retournons dans le petit bouiboui de la veille ou nous discutons avec les mexicaines installees au bord de la route. Moi je ne mange pas de tacos, juste envie de ma grosse salade ce soir. La nuit approchant, j installe au retour le materiel pour cuisiner sur une des tables de la terrasse du restaurant. Dominik partagera la salade avec moi.








Apres diner, nous installons nos chaises de camping pres des tentes face a la mer pour observer les etoiles filantes en ecoutant de la musique. Epuise par l effort de l apres-midi, les emotions et la nuit dans la voiture, Carlos nous quitte assez vite pour aller se coucher. Nous restons un bon moment a discuter les yeux en l air. A un moment, nous voyons la plus belle etoile filante qu il m ait ete donne d observer. Dans son sillage elle trainait une boule de feu qui se distinguait tres nettement. J aime bien ces soirees tranquilles a discuter avec Dominik. Franchement je me suis trouve des compagnons de voyage super chouettes ! Extremement gentils, arrangeants, simples.
Ce soir-la, alors que je vais me coucher, Dominik reste encore un peu seul sous les etoiles et choisit de finir la soiree avec What a wonderfull world. Je me glisse dans mon duvet avec un grand sourire, c est trop bon d etre ici...
Le lendemain matin, nous sommes a nouveau reveilles tot avec Carlos. Nous prenons un cafe et j ai le temps d aller me baigner et de ranger toutes mes affaires avant de reveiller Dominik a 10h comme il me l a demande.
Nous nous mettons en route vers 12h, apres que Dominik ait a son tour dejeuner et pique une tete dans l eau.
Notre destination de la journee est Muleje. Encore une longue journee de voiture en perspective. Et c est reparti pour les paysages defilant par la fenetre. La route vtraverser la peninsule dans sa largeur pour passer par Guerrero Negro sur la cote ouest, avant de bifurquer pour repartir vers la cote est.





Nous quittons le parc naturel de la Valle de los Cirios pour entrer dans la reserve de la biosfera El Vizcaino. Le paysage est a couper le souffle, partout les montagnes nous encerlent. J ai un pincement au coeur en pensant aux superbes photos que j aurais pu faire, au lieu de saisir a la volee des instantanes par la fenetre de la voiture.
Tout a coup Dominik m interpelle : cyclist ! Je me penche en avant. En effet. la devant j apercois un cycliste sur un velo portant des sacoches. Dominik depasse l homme et s arrete un peu plus loin. On ne fait pas attention sur le moment, mais nous nous sommes arretes en plein milieu d une petite descente, juste avant que la route remonte. Le pire endroit pour ce pauvre cycliste ! Nous sortons de la voiture, et le voila qui arrive et s arrete derriere nous. Mike est australien. Il en est a sa troisieme annee de voyage, dont une annee et demi rien que pour l Australie. Il doit avoir une cinquantaine d annees.


Comme moi, Mike n a pas rencontre beaucoup de cyclo voyageurs dans le nord de l Amerique. Mais depuis qu il est entre au Mexique apparemmtn ca change. Il nous parle de cyclistes mexicains et nous demandent de les saluer de sa part si nous les voyons. Nous lui parlons de Bruce (que Dominik a aussi rencontre, d ailleurs. Ils se sont retrouves a l hotel de La Fonda. Dominik a d ailleurs conduit Bruce et son velo a Ensenada, le jour ou je l ai recontre a l auberge de jeunesse. Bruce est ensuite reparti vers La Fonda en velo - du moins il est reparti, s est vu interdire le passage par les policiers et a du faire demi tour jusqu a une station d essence ou il a trouve quelqu un pour le prendre en stop jusqu a La Fonda !). Mais Mike nous parle d un autre australien. Decidemment, les australiens aiment voyager en velo ! Ahhh c est dur de remonter en voiture alors que Mike repart en velo. Il nous dit beaucoup de bien des mexicains. Me voila decidemment vraiment rassuree sur le Mexique !
Nous repartons apres avoir souhaite bon voyage a Mike.
De temps en temps, un barrage militaire nous oblige a freiner et nous arreter. Dominik demande systematiquement a Carlos de faire passer les bieres ouvertes a l arriere et d enlever ses lunettes de soleil). Carlos se fait un peu prier. On est des gringos, on ne nous embetera pas, selon lui. La plupart du temps on nous laisse passer apres un tres rapide coup d oeil aux passagers. Une fois, nous devrons sortir de la voiture pour laisser les militaires inspecter le chargement vite fait (tres vite fait).

La route suit son court, entrecoupees de breves pauses taco - cigarettes - boissons fraiches et chips. Dans l apres-midi, nous depassons un autre cycliste - je l apercois au dernier moment et croit voir qu il s agit d une fille ! Mais je n en suis pas sure. Comme j aimerais rencontrer une autre fille en velo et faire un bout de route ensemble !
Nous roulons en musique, absorbes dans la contemplation du paysage.
Un volcan s eleve, a l ouest. Nous nous arretons dans un petit cafe sur le bord de la route pour prendre des photos et boire un coca. La patronne nous explique que le desert est plus vert que les annees precedentes car il a beaucoup plu cette annee. Un mois pus tot, les cactus etaient en fleur. Le desert, dit-elle, se couvre alors a un manteau blanc pendant quelques courtes semaines.
Nous arrivons a la tombee de la nuit a Santa Rosalia. Dommage qu on ne la voit que de nuit et que nous ne nous arretions pas, car la ville offre un visage tres different de tout ce que j ai vu jusqu ici. C est tres vivant et apparemment tres colore. Ca fait bizarre de debarquer dans une grande ville en fete apres ces trois jours de desert tranquille ! Nous nous arretons le temps de retirer de l argent et d acheter des bieres pour ce soir, puis reprenons la route vers Muleje.
Nous arrivons tout pres de la ville de Muleje dans la nuit noire. Carlos se renseigne, et des mexicains nous conseillent d aller vers le phare pour camper tranquillement et gratuitement. Grace a son GPS en vision satellite, Dominik repere des chemins qui conduisent au bord de la mer. La Land Rover est secouee dans tous les sens, Dominik utilise les quatre routes motrices pour grimper sur un chemin plutot fait pour la randonnee que pour une voiture... mais ca passe. Le chemin est si etroit que je me demande comment on va faire si on tombe sur un cul de sac. Mais on debouche bien sur la plage. Du moins on l entend et on la devine, la ou le chemin s arrete.




Dominik inspecte le sol. Sa lampe de poche revele pas mal de morceaux de verre. On nettoie le plus possible le sol, puis nous montons les tentes et installons la voiture pour Carlos. Nouvelle soiree sous les etoiles (ce soir-la, je n en vois que tres peu, Dominik remporte le concours haut la main !). Une fois de plus nous devrons attendre l aube pour decouvrir le paysage qui nous entoure. Le vent frais me pousse une fois de plus a aller me coucher avant Dominik. Il ne fait pas froid, mais j ai envie d etre bien au chaud dans ma tente.
Le lendemain j ouvre la porte de ma tente avec curiosite. La mer est bien la, juste a quelques metres devant moi. A gauche et a droite, la montagne s eleve.




Je sors en pyjama et decouvre un promontoire derriere nos tentes. Je monte au milieu des cactus. En haut, j ai vu sur la croix que forme l avancee rocheuse a cet endroit de la cote, sur les pelicans, aigles et vautours qui nichent dans les rochers, et sur les bateaux de pecheurs qui sortent en mer un peu plus loin sur la droite, non loin du phare.
Je redescends et sors le rechaud pour me faire un the. Les garcons se levent et vont a leur tour grimper admirer la vue. Pendant ce temps je fais trempette dans l eau et demonte ma tente. A leur retour, je repars vers la pointe en forme de croix. En bas, Dominik met ses lunettes de snorkelling et cherche les poissons...
Nous decidons de monter sur le phare. Il nous faut donc reprendre la voiture et retrouver la route. De l autre cote de notr eplage, nous decouvrons un superbe paysage qui me fait beaucoup penser a l Asie, avec ses palmiers et ses petis bateaux de pecheurs reposant sur le sable.
Nous prenons tout notre temps, tellement la beaute du site nous ravit. Carlos descend le plus possible pour essayer de voir comment s y prennent les pecheurs. Mais il ne pourra pas les rejoindre, le chemin ne descend pas si bas.
Nous reprenons la voiture, et decidons de descendre vers Loreto mais de nous arreter chaque fois que nous verrons un endroit sympa. Journee tranquille en perspective.
Auparavant, Carlos voudrait pouvoir se connecter a internet et nous cherchons un lieu dans la petite ville de Muleje qui a l air tres sage. Nous trouvons un petit resto de tacos qui fait des cafes et dispose de la connexion wifi.
A l interieur, trois jeunes francais sont deja attables en attendant le petit dejeuner qu ils ont commande. Il y a le frere et la soeur, et le meilleur ami du frere. Ils sont charmants tous les trois et ravis de leur voyage (les deux garcons se font un trip en voiture pendant trois mois, la soeur les a rejoint pour deux semaines). Ils arrivent de La Paz et du continent et nous donnent leurs impressions sur ce qu ils ont vu.




Nous restons un bon moment a discuter. Puis il nous faut attendre une bonne demi heure que Carlos ait fini de passer ses coups de fil et de consulter internet... Dominik et moi trepignons un peu, mais c est vite oublie une fois que nous sommes dans la voiture.
Et nous n irons pas bien loin pour trouver notre premier coin super sympa ! A quelques kilometres, un detour d un virage, la route nous offre une vue plingeante sur une superbe plage. Nous y allons et garons la voiture a 5 metres de l eau. La couleur de la mer est sublime, et la temperature de l eau ideale ! Nous nous contentons de tremper les pieds, car un panneau affiche a l entree de la plage un tarif payant a la journee. Cependant, trop tentes, nous allons sur l autre bout de la plage et mettons les maillots pour nous baigner. Elle est trop bonne ! Un vrai bonheur ! Nous avons tous les trois un immense sourire de gamins sur les levres. Dominik part faire un petit tour avec ses lunettes vers les rochers. Nous discutons avec un canadien installe ici avec son mobil home. On verra beaucoup de canadiens d ailleurs sur ces plages ! Ils viennent passer ici les mois d hiver, et on les comprend !




L heure est deja bien avancee lorsque nous repartons. Un peu plus loin, une autre petite plage nous donne encore envie de nous y arreter. Un passage permet de passer de la plage a l ile en face, par maree basse. Dominik tente le passage. Il va jusqu au milieu et s amuse a prendre des photos originales avec les differents modes de son iphone.
La route s enfonce a nouveau dans la montagne. En arrivant a San Juan ou Sauz, je ne sais plus, nous faisons un stop dans un supermarche. Alors que nous sortons avec nos courses, une troupe de cyclo voyageurs arrivent ! D abord deux, puis deux autres, enfin un cinquieme. Ils sont quatre francais et un suisse. Un couple, deux potes et un voyageur (le suisse) au long cours - 3 ans qu il est sur les routes, et il a envie de prolonger encore cinq ans... Ils se sont tous rencontres sur la route. Cette route numero 1 de la Baja California est decidemment le boulevard des cyclo routards.C est la seule qui traverse du nord au sud, du coup tout le monde s y retrouve.

Leurs chemins vont se separer demain. Le couple aime les pistes, les deux amis preferent la route. Quant au suisse, il est plus rapide que tout le monde et le lendemain nous le depasserons en tete, les deux autres francais etant qulques kilometres plus loin dans la montee. Apres avoir discute un long moment tous ensemble, nous nous souhaitons bon voyage et reprenons la voiture pour filer jusqu a Loreto ou nous arrivons encore une fois a la tombee de la nuit. Nous allons au camping et savourons la douche chaude. Enfin propres ! Nous lancons aussi une machine a laver, et partons nous balader le long de la mer. Mauvaise idee, il fait si noir qu on ne voit strictement rien, et en plus c est mort de chez mort. Nous tournons alors pour aller dans le centre, a peine plus anime. Au final, nous prendrons un truc a grignoter dans le supermarche ouvert et retournerons vers le camping sans trainer. Ce que j ai vu du centre ville me donne envie de me lever suffisamment tot pour aller faire un tour en velo demain matin avant de repartir pour La Paz. Nous recuperons notre linge sec et allons nous coucher creves.
Le lendemain matin je demonte vite la tente et pars faire un tour apres avoir reveille Dominik a 9h. Je retourne vers la plage, qui n a decidemment rien d extraordinaire, puis file dans les petites rues. Bon, c est mignon mais on a fait le tour en 10 minutes.En prenant des petits sentiers pour retourner au camping je me fais courser par un gros chien ! J ai peur pour mes chevilles ! (je suis en tongs), Mais ce foutu animal ne s approchera pas a plus d un metre. N empeche, il m a fichu une sacree trouille !
Retour au camping, et c est parti pour une nouvelle etape. Comme d hab, nous nous arretons d abord pour un petit dej de tacos.




Nous n irons pas bien loin. Dominik a envie d une journee tranquille, et propose que nous trouvions une plage sympa pour y passer la journee et camper ce soir, avant de faire une longue etpe demain pour arriver a La Paz. Nous sommes d accord, et ne tardons pas a trouver un endroit ou les petites plages se succedent. Plus exactement, tout le long de la plage chacun peut se trouver son petit coin tranquille. Derriere nous, les montagnes, face a nous la mer. Nous trouvons des petits chemins de terre et nous arretons tout au bout, la ou on ne peut aller plus loin. Un canadien (encore) nous a averti que la nuit derniere des banditos ont devalise les gens qui avaient campe ici. Nous misons sur le fait que les banditos ne frapperont pas deux fois de suite au meme endroit, et enfermerons tout dans la voiture avec Carlos a l interieur, ce soir...
l fait tres chaud, Carlos s installe a l ombre de la voiture. Apres avoir installe le campement, Dominik va faire un tour dans l eau et moi une balade sur la plage
Puis je rejoins les garcons et avec Dominik nous chaussons les chaussures de marche et partons grimper sur le sommet d une petite montagne couverte de cactus.








Parvenus au pied de la montagne, nous ne trouvons pas franchement de chemin. C est super broussailleux. Nous decidons de monter quand meme et de tracer notre propre chemin, Dominik en galant homme ouvre la marche. Il nous faudra un long moment pour arriver le plus haut possible. On transpire tres vite, les cailloux glissent sous nos chaussures et nous devons eviter les branches dans la figure et les chutes sur les cactus. Les vues sont superbes ! Le soleil est en train de se coucher. J adore la sensation d etre sur un chemin sauvage et de passer si pres des cactus. Je ne sais pas trop sur quoi je mets les pieds et je pense que plus d une fois nous avons echappe a l entorse, mais comme Dominik est devant ca me rassure. S il a pose les pieds ici avant moi sans danger, alors ca devrait bien se passer pour moi. Je suis contente car cette grimpette etait mon idee mais j avoue que je n aurais pas ete au bout sans lui ! Je serais redescendu assez vite.




16 novembre 2015
Le retour est nettement plus complique. Surtout qu il faut se rappeler par ou on est passe.... On tatonne, et on essaye de ne pas se casser la figure. A un metre devant moi j apercois tout a coup, juste la ou est passe Dominik, une enorme araignee noire et velue, avec un dessin jaune sur le dos. Elle a bien la taille de ma main ! Je regrette de ne pas avoir l appareil photo a la main a ce moment-la !!
Au bout de bien des efforts et de sueur, nous arrivons enfin en bas, rassures de nous en etre sortis. Le soleil se couche, il va nous falloir cuisiner a la lampe frontale. Nous avons decide de faire des pates aux poivrons, tomates, courgettes et parmesan ce soir.

Ces derniers jours ont ete tres particuliers. Arrives a Guadalajara avec Dominik et Carlos le 11 novembre, nos chemins se sont separes car nous n allions plus dans la meme direction. les garcons sont repartis des le 13 pour filer sur Acapulco et Oaxaca. Moi j ai decide de rester trois jours. Apres 10 jours de compagnie, j avais besoin de me remettre en mode organisation de la suite du trip en solo. Et puis tout a ete si vite pendant ces dix jours que j avais aussi envie de prendre mon temps, de ralentir l allure d un seul coup.
Et puis le vendredi 13 novembre est arrive. Alors que je rentrais a l hotel le soir, vers 19h30, j ai connecte mon telephone en wifi et decouvert l horreur. Je suis tout de suite monte a l etage, j ai allume la television et cherche la chaine des informations (uniquement en espagnol, une chaine d info mexicaine), et me suis branchee sur facebook pour prendre des nouvelles de la famille et des copains. Mes premieres pensees ont ete pour ma soeur, mon cousin David, Pierre et Renaud, et bien sur pour Severine et sa famille. Mais dans la foulee venaient tous mes ex collegues de la rue Oberkampf, si pres du Bataclan. Pour avoir vecu la tension et l ambiance anxiogene apres les evenements de janvier, j imagine tres bien l horreur que doivent vivre tous les parisiens. Je pense aussi aux copines du volley, notamment celles qui habitent juste a cote du Petit Cambodge. Je pense a beaucoup de monde en fait, car les cibles choisies, Stade de France mis a part, sont des lieux tres frequentes par mes amis et connaissances. Rapidement je decouvre grace a Facebook que les gens que je connais sont en securite. Je m inquiete pour ceux qui ne donnent pas de nouvelles, mais le lendemain matin je serai tout a fait rassuree sur tout le monde. Je suis peinee pour Francois, dont la soeur et le copain ont echappe a la mort au Bataclan. Ok ils sont en vie, mais tous sont sous le choc et je pense qu il faudra du temps pour chasser l horreur de la mort passee si pres, et des images que le cerveau n oubliera pas.
Tres bizarre de vivre ca de loin. Je suis partagee entre le soulagement de ne pas etre la-bas (j ai appris aujourd hui lundi que mes collegues n ont pas pu travailler, l acces aux locaux de la federation etant boucle par la police), et l envie d etre avec ceux que j aime, car j imagine le choc qu ils sont en train d encaisser.
J ai quitte Guadalajara le samedi 14. Depuis, des que je peux je me branche sur les nouvelles. Le fait que les cibles choisies soient, cette fois. de simples personnes lambda en train de savourer les petits plaisirs de la vie parisienne, m inquiete. On n est pas a l abri que ca recommence. C est etrange de regarder les nouvelles le soir et de partager a distance l angoisse de tous, et puis de remonter sur le velo le lendemain matin et de n avoir en tete, pendant la journee, que ma resistance a la chaleur et l approche interminable de l etape du jour.

Nous vidons le coffre de la Land Rover et installons mon rechaud a l interieur. Je ne suis pas certaine que ce soit une tres bonne idee mais Dominik me dit qu il cuisine toujours a l arriere de la voiture, alors...Il nous faudra bien 45 minutes pour eplucher les legumes, les couper et faire cuire oignons, ail, puis legumes et enfin pates. Dominik a l air de croire que je vais gerer comme un chef la cuisine. Il ne me connait pas ! Moi je suis bien contente que Carlos, plus mefiant, reste colle a moi pour me donner des conseils sur la maniere de s y prendre ! Enfin nous repartissons les pates dans les assiettes et savourons ce vrai repas fait maison.
Encore une belle petite soiree sous les etoiles. On en profite au maximum ! Surtout que nous arrivons demain a La Paz, ce qui signifie la fin prochaine de notre periple ensemble et surtout de ces quelques jours de tranquilite dans le desert, en compagnie des etoiles filantes, sur la plage.
Le lendemain, nous mettons les voiles relativement tot et partons pour une longue journee de voiture.




Cette partie sera la plus monotone du voyage. Nous montons sur un plateau, et a partir de la, la route file tout droit au milieu d un paysage plat et sans grand charme. Nous nous arretons pour dejeuner d un poulet a trois, avec une saladede pates et des frites.
Nous arrivons deux bonnes heures avant la nuit. Nous commencons par taper a la porte de l auberge de jeunesse, pour finir par trouver une chambre pour 3 dans un hostel a 300 metres tout de bleu et de jaune decore, avec une grande cour. L endroit est agreable. Apres avoir pose nos affaires, nous partons nous informer sur les tarifs et horaires de departs en bateau pour Mazatlan. Il nous faudra presque une heure pour arriver au bureau de vente, situe en centre ville alors que nous sommes cote bord de mer. Nous optons pour un depart dimanche. Les garcons veulent alller voir a quoi ressemble Cabo San Lucas et San Jose des Cabos. Moi je n y tenais pas specialement car apparemment Cab est ultra touristique, et San Jose doit etre une enieme petite ville tranquille de bord de mer. Mais je ne suis pas prete a me separer des garcons, alors je decide de faire la viree avec eux.
de retour a l hotel, nous avons tous envie de nous poser un peu tranquillement. Chacun de son cote. Je bouquine et tente d aller sur le blog mais l ordinateur est extremement lent.
Lorsque nous decidons de sortir, Carlos prenant pas mal de temps sous la douche, nous allons faire une premiere viree avec Dominik le long du bord de mer. Nous revenons une heure apres, et repartons avec Carlos, pour entrer dans un bar qui diffuse de la musique electronique. Le public est jeune, et a 80% feminin - le genre de nanas habillees pour repartir avec un type a la fin de la soiree. Pas du tout mon genre d endroit. Carlos, lui, a l air tres a l aise et se met a danser tres rapidement. Avec Dominik nous parlons beaucoup. Je lui ai glisse a un moment que pour danser sur ce genre de "bruit" il me faudrait bien 5 tequila ! Finalement, trois suffiront... Je commence a me sentir plus detendue, a faire abstraction de notre entourage, et nous finissons par danser tous les trois apres que Dominik m ait convaincue d un "Fuck off, we are in Mexico !"

Tres chouette soiree... Nous laissons Carlos a 3h du matin. Avant de rentrer a l hostel, nous passons devant un autre bar et Dominik propose un dernier verre.
Le reveil sera plus dur que d habitude, la tete plus lourde. Je ne sais pas a quelle heure Carlos est rentre. Dominik m avait dit de les reveiller a 9h. Je les laisse dormir jusqu a 10 !
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Nous partons sans retourner visiter le centre ville qui ne nous a pas paru d une beaute extraordinaire. Encore 2h30 de route environ, pas tant que ca mais tout de meme ca fait beaucoup de voiture en deux jours et une soiree arrosee. Nous sommes contents d arriver a Cabo relativement tot dans l apres-midi (15h). Alors que Carlos discute une heure avec deux coiffeuses pour trouver l hotel le plus economique ainsi que des recommandations pour des bons plans dans le coin, nous finissons par le sortir du salon de coiffure pour aller poser nos valises dans l auberge de jeunesse a 300 metres car nous voulons nous poser rapidement et profiter encore de la lumiere du soleil. La chambre double comporte deux grands lits. Etant donne que Dominik conduit et que Carlos dort dans la voiture depuis plusieurs jours (sauf la nuit derniere), je decide de gonfler mon matelas autogonflant et de laisser les lits aux garcons.




Dominik part en voiture faire un tour a san Jose. Carlos le suit, mais j apprendrai le soir que finalement ils ne sont pas partis ensemble, Carlos etant restes se promener un peu puis se reposer. Moi je decide d aller sur le port et de prendre un petit bateau pour aller voir l Arco, c est a dire l arche rocheuse a la pointe de la peninsule. Je trouve une petite embarcation dans laquelle monte aussi un couple de mexicains. Ce voyage sera super agreable, mais quelque peu frustrant car le bateau va vite et j ai du mal a prendre des photos sous un bon angle et avec la bonne lumiere. Nous commencons par faire une halte pres de pelicans se dorant au soleil, puis un peu plus loin tout pres d une zone reservee a la plongee. Notre "chauffeur" jette quelques morceaux de pain dans l eau, et une nuee de gros poissons remontent d un coup a la surface pour tout manger. Ils sont enormes, la plupart gris, mais beaucoup sont d un joli bleu avec des rayures jaunes. Je tends un bout de pain a mon tour, et un gros poisson gris vientme l arracher avec force en sautant hors de l eau.
Puis nous repartons vers la plage de l Amour. La pointe de la peninsule comporte deux plages. La plage des amoureux se trouve du cote de la calme Mer de Cortes. La plage du Divorce est de l autre cote, du cote de l ocean impetueux qui vient projeter de grosses vagues sur les rochers et le sable blond. Avant de contourner la pointe, nous apercevons un petit passage creuse dans la roche : la porte de l ocean. Ici, les eaux du Pacifique et de la Mer de Cortes se rejoignent. A cote de la plage de l Amour, un groupe d otaries est affale sur un gros rocher. Elles sont si amorphes qu on dirait qu on les a posees la et droguees pour etre sur que les touristes aient leur photo d otaries. Par contre un autre spectacle nous ravit tous : dans le fond du petit bateau, le capitaine decouvre une vitre par laquelle nous pouvons regarder la beaute du sable et les poissons qui se glissent sous notr embarcation. Alors que je penche la tete pour nieux voir, une otarie passe lentement dans l encadrement de la vitre. Quelle elegance ! Dommage, nous n en verrons pas d autres, par contre beaucoup de poissons aux couleurs multicolores.
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Une heure plus tard le bateau rejoint le port. Sur la jetee, le personnel d un restaurant dresse les couverts pour la soiree festive d une croisiere qui fait escale ici ce soir. Le port est mignon, mais la succession de bars et nightclubs m ennuie. Pas envie de sortir, ce soir. Pour l instant c est encore relativement calme, mais j imagine que tous ces bars seront bondes cette nuit. Je rejoins les garcons a l hotel. Dominik discute avec deux anglaises. Nous sortons diner de tacos juste a cote, puis Carlos rentre se reposer pendant que Dominik et moi allons chercher des infos sur les possibilites de louer un bateau pour faire du snorkelling demain matin. Dominik aimerait voir des poissons. Nous passerons une heure et demi a tourner pour recueillir les infos. Dominik se laisse la nuit pour reflechir. Nous retournons prendre une derniere biere avant de rentrer. Notre hotel cotoie des nightclubs, lorsque je remonte dans la chambre j entends la musique a fond comme si j y etais. Finalement Carlos sort, et finalement Dominik l accompagne. Je reste donc a bouquiner un long moment avant de m endormir. Je n entendrai pas les garcons se coucher.
le lendemain je suis la premiere levee sans grande surprise. Lorsque je suis partie me coucher, Dominik avait en tete de retourner le matin au port pour trouver un bateau. Je profite donc d etre debout de bonne heure pour aller dans un cyber cafe. Lorsque je reviens 2h plus tard, je trouve Dominik sur le point de partir trouver son bateau. Bon, on ne va donc pas etre en avance... Carlos commence a stresser pour le bateau. Il a peur que nous le rations - puisque le plan de la journee est de remonter sur La Paz et d y prendre le bateau de 17h. On nous a prevenus d etre sur place 2h avant le depart. Par securite, Carlos aimerait que nous y soyons 3h avant. .
Pendant que Carlos trepigne interieurement, je bouquine... Dominik revient en se depechant vers 12h30. Nous avons deja descendu toutes les affaires de la chambre et nous depechons de tour charger dans la voiture. Sur la route, il fait si chaud que le soleil joue avec l asphalte : qudn on regarde de loin on a l impression qu il y a de l eau sur la route... Finalement nous arriverons bien 2h avant le depart. ceci dit, il n aurait pas fallu etre plus longs car le passage des controles prend un temps fou. Nous prenons nos billets et embarquons une heure avant le depart du bateau. Je monte sur le pont. On est super haut ! Nous avons des places attribuees dans la cabine principale, mais finalement nous squatterons le pont pendant les 17h de traversee. Nous y dormirons meme, avec Carlos, car la clim est beaucoup trop froide a l interieur.
Nous sommes plusieurs globetrotters en tous genres a nous retrouver la-haut, d ailleurs. Deux suisses backpackers voyageant en stop, un cycliste americain, un cycliste suisse, une suedoise installee au Bresil, en vacances, et d autres encore dont je ne me souviens plus les nationalites ni les trajets. Tout ce petit monde sympathise vite. A 19h30 nous descendons diner (le repas est compris dans le tarif). Il faut faire la queue. Ce n est pas excellent et on doit payer nos boissons. Idem le lendemain matin avec le petit dejeuner : cafe payant !
Rapidement je prends un peu de recul et laisse tout le monde discuter pour simplement regarder la nuit tomber sur la mer. Je devrais avoir la trouille, mais non, tout me parait si paisible... Et puis des enceintes diffusent des musiques tout a fait de mon gout, c est a dire plutot retro, et je trouve que ca va merveilleusement bien a cette traversee.




Les Carpenters, Bonnie Tyler, John Lennon, Abba et des chanteurs country enchantent ma soiree ! Meme Les Platters avec The Great Pretender ! J adore... Totalement decale, ici !
La soiree se passe en discussions diverses avec les uns et les autres. Au bout d un moment, Carlos - qui est transi de froid - et moi allons chercher une couverture a la reception. Nous nous installons chacun sur un banc. Carlos essaye de s endormir des que possible. Moi je bouquine, enveloppe dans ma couverture. Il fait bon, et j adore l idee de passer la nuit sur le pont, sous les etoiles...
Je dormirai tout de meme assez mal, me reveillant toutes les demi heures pour changer de position sur le banc dur comme du bois. Au petit matin, je me leve pour regarder le lever du so. La-bas au loin on apercoit la cote. Je reste couchee encore un moment, tandis que j entends monter les passagers reveilles petit a petit.
Apres le petit dejeuner, pour lequel il faut encore faire une queue interminable, nous remontons sur le pont. Alors que je suis accoudee au bastingage, j apercois tout a coup quatre ou cinq dauphins dans l eau. Ils sont petits, et nagent a la limite de la surface de la mer, mais comme l eau est tres claire on les voit tres bien. Le temps de sortir l appareil photo il est trop tard. En zoomant je vois leur forme dans l eau mais bon, je les ai manques. Je decide alors de guetter les prochains.
Mais ce n est pas un dauphin qui apparaitra bientot sous nos yeux ebahis, a Carlos et moi. C est une enorme tortue ! C est la premiere fois que j en vois une aussi grosse, en milieu naturel. Je suis trop contente ! Un peu plus tard j en verrai une deuxieme, un peu plus enfoncee dans l eau.


Puis, au fur et a mesure que nosu approchons de Mazatlan, le ballet des oiseaux pecheurs commence. Je ne sais pas comment s appellent ces oiseaux, mais ils sont assez fascinants a regarder. Rasant le niveau de la mer, ils s elevent tout a coup a 4 ou 5 metres de hauteur, virent a droite ou a gauche brusquement et plongent comme des fusees dans l eau, pour en ressortir quelques secondes plus tard avec un petit poisson dans le bec. Leur plongeon est tres elegant, et comme l eau est claire on voit bien le sillon qu ils laissent derriere eux, decrivant un jolie courbe dans l eau. Avec Patrick, un des deux auto stoppeurs suisses, nous essayons de capturer cette elegance avec nos appareils photos.








Sur le pont je repere une famille francaise. Un couple et leurs trois jeunes enfants. Alors que le jeune Oscar essaie de reperer la cote la-bas au loin, je lui dis que je viens de voir des tortues dans l eau. Je reverrai cette famille par hasard le lendemain soir, nous aurons l occasion de faire plus ample connaissance.
Notre bateau fait son entree dans le pórt de Mazatlan. Il est temps de dire au revoir a tout le monde. Nous emmenons Alexia avec nous, pour la deposer a une demi heure de route du port. Elle y retrouvera le cycliste suisse. Pendant que nous chargeons mon velo sur le toit de la Land Rover, le voila justement qui vient voir Alexia sur son velo pour verifier l adresse. Pour quelqu un qui va voyager trois ans, je suis surprise de ne voir que deux grosses sacoches a l arriere. Il voyage vraiment leger !
Et il est grand et sans doute en grande forme, il ne mettra qu un tout petit quart d heure de plus que nous pour arriver a l hotel !
Nous laissons Alexia devant l entree et filons vers Guadalajara. Encore une longue journee de voiture ! Il est 13h lorsque nous partons.
Alors que nous roulons, j apercois la lagune sur ma droite. Mince, en velo j avais prevu de la traverser par une route qui passe vraiment au milieu... Bon, tant pis.. J apercois quelques grands oiseaux, par la fenetre... Les telephones de Dominik et Carlos ont automatiquement change d heure. Pas le mien, une fois de plus. Je suis completement larguee avec ces changements d heure ! Depuis San Diego, ca n arrete pas ! Du coup j ai limpression qu il fait nuit plus tot.. mais en fait c est l heure de mon telephone qui est mal reglee. Un bouchon nous attend a l entree de Guadalajara. Enfin, 30 kms avant le centre ville. Nous Nous arretons pour manger des tacos en esperant que la circulation devienne plus fluide entre temps mais non, rien ne bouge. Le visage de Dominik ne peut masquer sa lassitude de conduire et son envie de se teletransporter dans le centre ville, directement dans sa chambre d hotel... La patronne du resto nous dit qu il doit se passer quelque chose car d habitude il n y a pas tant de trafic a cette heure-ci. Chouette...
Nous arrivons vers 21h a l auberge de jeunesse. Mais il nous faudra encore trouver un parking surveille puisqu on ne peut pas laisser la voiture dans la rue. Bref, nous en avons tous bien marre quand enfin nous nous posons a l hotel !
Cette arrivee a Guadalajara marque la fin de nos tribulations communes, a Dominik, Carlos et moi. Ils prevoient de rester le lendemain pour visiter, puis de repartir le surlendemain vers Acapulco. Moi je decide tres vite de rester trois jours et de reprendre le velo en direction de Guanajuato puis Mexico City.
Nous faisons connaissance avec Thomas, un americain jeune retraite venu passer quelques jours de vacances au Mexique. Lorsque les garcons seront partis et que je passerai une journee seule avec Tom, j apprendrai que celui-ci a eu une crise d appoplexie il y a quelques annees, moins de quatre ans si je me rappelle bien. Il est reste plusieurs mois paralyses et a retrouve ses facultes avec beaucoup de reeducation et de soins, mais il en garde des sequelles et ne peut plus travailler. Je crois comprendre qu il s ennuie un peu chez lui, meme s il adore la lecture et ses deux chats...
Ce soir-la personne ne fera long feu. Nous nous retrouvons le lendemain matin pour aller faire le tour du centre ville ensemble. Tom se joint a nous.




Nous allons vers le grand marche couvert. Un marche qui ressemble a tous les grands marches couverts asiatiques. A tous les grands marches des pays en voie de devleoppement. On y trouve de tout, dans une foultitude de pettes boutiques remplies a craquer. Les emballages sont entasses partout, l espace pour circuler est reduit au minimum pour pouvoir exposer le plus de marchandises possible. Il y a le quartier des fruits et legumes, la section du multimedia, les boutiques de vetements, le quartier de la gadgeterie, des sacs en tous genres, de l encens et des statuettes vautives, le coin des bouchers, des poissonniers, etc... Et puis surprise, il y a aussi tous les etals de decorations de Noel ! Et oui, j en verrai dans toutes les villes par la suite, le Mexique prepare Noel. Guirlandes, figurines a suspendre, chocolats de Noel, lumieres clignotantes et musiques lancinantes, tout y est. Il fait 30 degres mais on prepare Noel...
Et il y a bien sur l etage dedie aux restaurants. On s asseoit sur un tabouret fce au cuistot qui fait cuire devant vous les pieces choisies. Ca sent la graille a cet etage-la. Petit a petit, cette odeur de nourriture dans les rues et les magasins commencent a m ecoeurer. J ai deja connu ca. En Inde. Ca m avait coupe l appetit. Entre ca et la tourista, j avais perdu 7 kilos. L air de rien, il est en train de se passer la meme chose au Mexique, tourista en moins. La cuisine mexicaine me fait de moins en moins envie, les odeurs me donnent la nausee.
Pour l heure, nous quittons le marche. J ai vaguement regarde les sacs a dos car mon sac Pekin Express est completement dechire. Je continue a le porter en ville, mais je ne suis pas tranquille. Il suffit de passer la main sous la capite du sac, tout est ouvert, il n y a plus qu a se servir ! Les prix me semblent un peu trop eleves, je laisse tomber pour cette fois.
Nous allons jeter un oeil sur la place des mariachis juste a cote, puis remontons l avenue Juarez pour voir les principaux sites du centre historique. Guadalajara est la deuxieme ville du Mexique, et en son centre au moins, elle me parait tres moderne. Les mexicains que je croise ont l air d avoir la meme vie que moi a Paris, a quelques details pres. On ne s asseoit pas en terrasse ici, on s asseoit sur des tabourets sous le toit des roulottes de tacos. Les etudiants portent des uniformes, pulls bleus bordes de blanc, jupes pour les filles, chemises blanches pour tout le monde. Certaines rues sont consacrees entierement a la connetique et au multimedia. Ca et la, des cireurs de chaussures s activent pour enduire et lustrer pendant que le client lit son journal... Nous tombons sur une dizaine d etals de livres en tous genres sous les arcades pres de la cathedrale. C est la fete du livre en ce moment. D ailleurs lors de mes balades solitaires dans les rues de Guadalajara je verrai de tres nombreuses librairies. C est simple, il y en a partout !




Dominik souhaite prendre le bus touristique qui fait le tour des sites. Moi ca ne m interesse pas, ni Carlos. Nous continuons a nous promener jusqu a ce qu il soit l heure pour Dominik de prendre son bus. Une manif de commercants ambulants trouble l ordre publique... Les commercants protestent contrel e fait que la police les chasse de leurs points de vente et confisque leurs marchandises...
Tom va dejeuner dans un resto qu il affectionne. Carlos et moi retournons au parking regler pour Dominik le stationnement puis nous nous nous separons. Je pars me promener au hasard dans les rues animees. Ca fait dix jours que je ne me suis pas balader seule, c est plutot chouette. Je tombe sur une petite place tres sympa et tres colorees. Sur un des pans de mur, un enorme portrait de Frida Khalo. attire mon attention. Je regrette alors d avoir laisse a la maison le livre sur sa vie, que j avais achete au Musee Georges Pompidou a Paris en sortant d une expo photo, l annee derniere. Cette place sera notre QG pour les trois prochains jours, nous y retournerons tous les soirs avec Tom.
Au retour de ma balade, je retrouve tous les garcons qui sont rentres et nous partons tous sur la fameuse place pour y manger des tacos super bons a 10 pesos piece (sachant qu avec deux tacos j ai la sensation d avoir trop mange...) et des bieres a 20 pesos. C est notre derniere soiree avec Dominik et Carlos... Quelques minutes plus tot, avant de quitter l hotel, Carlos et moi sommes devenus amis sur Facebook. J ai alors vu que Carlos aurait 38 ans le lendemain ! Je lui offre son diner pour l occasion puisque demain nous nous separons.
Nous passons un tres bon moment tous ensemble, la patronne du resto est adorable, un groupe de musiciens met l ambiance et nous partageons avec les garcons des regrets de ne pas pouvoir poursuivre notre aventure a trois plus longtemps. A un moment cependant, mon esprit decroche des conversations et aura toutes les peines du monde a revenir parmi mes camarades. Dans le bar d a cote, une musique vient de me ramener quatre mois en arriere, a Marrakech, les yeux dans les yeux avec MA rencontre inattendue. Oulla... Mon coeur se serre d un seul coup. C est fou l effet que ca me fait, apres tout ce temps. D un seul coup, je ne suis plus la. Je suis la-bas, et je veux une reponse a mon mail... Je suis etonnee de ce que je ressens et de la difficulte que j ai a me forcer a revenir avec les garcons. Allez allez, c est notre derniere soiree ensemble, on revient ici... Etrange. C est a la fois douloureux et agreable....
De retour a l hotel, Dominik n a pas encore sommeil et souhaite aller boire un dernier verre. Nous partons, lui et moi accompagne d un de leur colocataires de dortoir, dans un bar cubain. Je m attends a ce que nous sortions a pieds, mais Dominik a commande un huber et nous mettrons bien vingt minutes pour arriver. Il faut dire que Dominik ne sait pas quelle adresse donner au chauffeur, il a entendu parler d un bar mais ne se souvient pas du nom... Le chauffeur appelle sa femme pour avoir des idees de bars sympas, et nous fionirons par atterrir dans ce gentil bar cubain dont la musique est tout a fait differente de celle que j entends depuis que je suis au Mexique. C est fou comme avec quelques notes de musique on peut se sentir tout a coup dans un autre univers.








Nous finissons par rentrer. Dominik prevoit de partir a 7h le lendemain matin. Devinant qu il ne sera pas debout si tot, je mets mon reveil a 8h. Je le trouve dans la cuisine en train de remplir sa gourde. Ah que c est triste de se dire au revoir... Qui aurait cru que j allais traverser la Baja California avec ces deux chouettes garcons, a camper sur les plages et passer mes nuits a observer les etoiles filantes au son de What a wonderfull world... ?
Je les regarde partir depuis le balcon de l auberge. Ciao les gars, faites attention a vous et profitez bien de vos voyages respectifs...




Tom est debout, et me propose de m accompagner a nouveau au marche puis de dejeuner sur notre petite place Frida Khalo (c est pas le nom de la place mais c est mon repere). Ca marche ! Tom est un type super agreable, avec lui on peut discuter absolument de tout et de facon tres naturel. Je passerai un delicieux moment en sa compagnie les deux jours suivants.
Je trouve un sac a dos qui fera l affaire, et un maillot de foot mexicain pour Artur. Je n ai pas encore d idee pour Estelle, ou du moins j ai des debuts d idee.... En attendant que ca se confirme, nous allons dejeuner sur notre petite place. Puis je vaque a mes affaires. Lessive, blog, preparation de mon itineraire jusqu a Guanajuato. Alors que je suis sur le blog et que la nuit tombe, une petite tete blondinette bondit a cote de moi et j entends la voix d un homme derriere moi : "comme on se retrouve !". Je me retourne, et mets trois secondes a retrouver le contexte.... Le bateau ! La famille francaise qui a pris le meme bateau que nous a La Paz, pour Mazatlan ! Ils sont arrives cet apres-midi et comptent repartir apres-demain.
Nous faisons un peu plus ample connaissance. Lui est architecte, elle avocate. Recemment installes a Carcassonne. Ils ont mis leur grande et belle maison en location pour un an, et sont partis en juillet pour un voyage d un an en Amerique latine et du sud. Je m entendrai super bien avec les enfants, qui m ont tout de suite adoptee ! Je leur montre les photos des tortues et des oiseaux pecheurs. Je m entends d ailleurs si bien avec eux que j ai honte de me rendre compte que je n ai pas demande leurs prenoms aux parents ! Pourtant ils sont sympas comme tout.
La femme me confie cependant le plaisir qu elle ressent a l idee de confier bientot ses enfants a la mere de son beau-frere, qui habite a Mexico City. En effet, ce voyage c est une super idee et elle adore tout ce qu ils font et voient... mais au bout du compte, pour elle c est du 24/24, il n y a jamais un moment de repit, jamais un moment a soi ou juste avec son mari. On sortait beaucoup, mais la c est pas possible de laisser les enfants - me dit-elle. Je pensais que j aurais beaucoup plus de temps pour moi, je n arrive meme pas a finir un livre. Entre les repas, les courses, les siestes, et puis je leur fait la classe, etc... Le temps file trop vite. Je comprends.... Pourtant si j avais eu des enfants j aurais adore partir en voyage comme ca avec eux. Mais evidemment oui, il y a un rythme et une organisation a trouver...
Les deux jours ou nous cohabiterons a l auberge, j aurai un super contact avec les deux aines (la toute petite est avec sa maman ou son papa en general). Pendant que je suis sur le blog, ils construisent des tours avec des kaplan et viennent me montrer le fruit de leur imagination, prisen photo avec le smartphone de papa.

Ce soir-la j ai une nouvelle colocataire de dortoir egalement. Alma, qui vient de Taiwan. D habitude les asiatiques sont plutot discrets et parlent peu. Elle, toute jeune, est tres bavarde et dynamique, et tres souriante. Cool ! Nous dinons ensemble dans la cuisine. Elle me fait presque eternuer dans ma soupe lorsqu elle s ebahit sur le fait que je sois francaise : you are exactly the french woman that I have imagined : elegant ! Allons bon.... Il parait que le francais est super sexy a ecouter, pour des etrangers. Difficile de s en rendre compte soi-meme... En tout cas, Alma me fera beaucoup rire.
Le lendemain, nous avons prevu avec Tom d aller nous balader au Canyon dont tout le monde nous a vante les beautes. Apres le petit dejeuner, nous chaussons donc les chaussures de marche, remplissons les gourdes et partons prendre le bus qui nous conduira au bon endroit.




La balade commence par une descente qui n en finit pas. Raide, sur pres de 4 kms. Nous voyons passer les sportifs qui remontent, mains sur les hanches, le souffle court, le front plisse.. Ca promet d etre sympa, le retour.
Le paysage est joli mais pas a couper le souffle. Je suis tout de meme bien contente de cette journee en nature et de la compagnie de Tom. On rigole beaucoup, ca fait du bien. Sur la moitie du chemin, un garde nous accompagne et on fait la causette ensemble. Il nous explique que les mentalites sont en train de changer mais que la proprete en nature, c est pas encore gagne au Mexique ! D ailleurs il ramasse toutes les bouteilles vides abandonnees par les randonneurs au passage. Il nous decrit avec passion le site, et j aimerais m extasier mais bon c est pas non plus le grand Canyon...
Arrives en bas, nous allons nous asseoir au bord de l eau... marron. La couleur et l odeur de l eau poluee par les entreprises du coin ne donnent meme pas envie d y tremper les pieds. Par contre ca n empeche pas des pecheurs de jeter leurs filets dans l eau...
Il nous faudra une heure pour remonter, avec des pauses tous les quarts d heure. C est super raide, et pour Tom cela represente un sacre exercice (de son accident, il a garde une jambe un peu raide, entre autre). Au detour d un des trente virages du chemin, nous apercevons un iguane du ne trentaine de centimetres de long, sur un rocher. Nous restons interloques une demi seconde, pas surs de voir ce que nous voyons, car l animal a la couleur du rocher et ne bouge pas Je porte la main a mon sac a dos pour en sortir l appareil photo et pfuit ! Il s eclispe aussitot dans les feuillages.
20 novembre 2015
Alea jacta est. Il etait temps d echanger quelques mails avec Bogdan, pour savoir comment envisager la suite. Je suis partie depuis 9 mois, et nous etions convenus que Bogdan habiterait chez moi pendant un an. On savait que ca pouvait etre plus court, ou plus long, il fallait juste qu on en parle. Alors voila, on en parle.
J ai exprime mon souhait de pouvoir prolonger un peu ce voyage. Si je peux faire ce que je souhaite vraiment, alors j aimerais rester en Amerique latine et du sud jusqu au mois d avril, puis atterrir a Moscou et rentrer en France par les pays scandinaves.
Mais il n est pas dit que Bogdan veuille rester chez moi jusqu a l ete prochain, septembre au plus tard. Alors je suis preparee aux deux options. Si je dois rentrer comme prevu en fevrier, et bien ma foi, j aurai voyage pendant un an, ce qui n est deja pas si mal. Evidemment je suis loin d avoir fait le tour du monde, ni d avoir vu tout ce que je voulais voir. Mais tout de meme, prendre un an pour vivre sur les routes et decouvrir autant d experiences differentes, c est pas si mal et ca me va. J espere que la vie me donnera le temps de poursuivre cette decouverte plus tard sous d autres modes de voyage.
J attends donc le resultat des reflexions de Bogdan.
Je constate en tout cas avec plaisir que l idee d un retour ne me deprime pas. Mon coeur penche pour un voyage prolonge jusqu a septembre 2016, car la j aurais vraiment ete a peu pres au bout de ce que je voulais faire. Et je n en serai que plus disposee a m investir a 100% dans une autre vie, d autres projets. Si je rentre avant, il est clair que j aurai un gout d inacheve. Pour autant je me sens fataliste par rapport a cette idee. N est-il pas fatal d avoir un gout d inacheve quand on commence a peine a decouvrir le monde et qu il y a encore tant de choses a voir ? A quel moment cette soif pourrait-elle etre rassasiee ?
Je me suis rendu compte que la gestion de l appartement agit veritablement comme un garde fou pour moi. Elle m oblige a penser au retour, a me rappeler qu il faut une fin a cette premiere aventure. L ado en moi qui revait de partir sur les routes est satisfaite. Si je peux aller jusqu en Russie et au Cap Nord, je serai vraiment comblee. Si je dois reporter cette partie-la pour une autre fois, et bien esperons que ma vie soit assez longue pour que j en ai l occasion...
Entre temps, on s est raconte l histoire de nos vies et on a philosophe sur tout et n importe quoi, constatant au passage que pour des vieux on est tout de meme encore sacrement en forme !
En forme mais affames et assoiffes, lorsqu on revient en ville. On s offre un buffet chinois, tellement on a faim la tout de suite maintenant. Puis nous retournons a l hotel, pour faire une sieste. Enfin c etait l idee, mais finalement je vais sur le blog et lui discute avec ses voisins de dortoire. Les enfants sont la, ils me montrent leurs exploits de la veille ; les nouvelles tours qu ils ont construites.
Nous sortirons une derniere fois avec Tom ce soir-la. Bien que je reste encore la journee du lendemain, Tom va changer d hotel car il dort mal dans celui-ci, et nous ne nous reverrons pas. Je passe ma derniere journee a verifier mes affaires, regarder encore et encore l itineraire pour aller jusqu a Guanajuato, me promener et ecrire sur le blog. Je tente aussi un skype avec Mag, qui m a fait signe il ya quelques jours. Mais je peine a trouver une connexion correcte et je suis super frustree de l entendre mais de ne pas pouvoir lui parler plus de trois secondes !
Le lendemain, je suis debout a 6h30 et prete a partir a 8h apres avoir bu un the. La route prend la direction du quartier de Tonala. J ai choisi l option pieton sur le GPS. Du coup je quitte vite la route principale pour prendre les chemins en terre et les voies en gros paves qui rebondissent dans les petites rues de Tonala. J ai l impression d avoir change de siecle. La vie semble bien moins moderne ici, plus rudimentaire. On me regarde passer avec des yeux curieux, je sens que les gens se demandent ce que je fais ici... Quel contraste avec le centre de Guadalajara ! Les boutiques sont plus petites, plus delabrees, les habitants sont poussiereux... J avance comme un escargot. Je n aime pas etre secouee, alors je roule tres lentement.
Au bout d une longue piste de terre sur laquelle je dois suivre un tracteur encore plus lent que moi et qui degage beaucoup de fumee dans son sillage, je suis contente de retrouver le bitume. Malheureusement, je le quitte assez vite pour emprunter une autre piste qui s enfonce dans les hautes herbes. Pour entrer sur cetet piste, je dois sauter de cailloux en cailloux et faire passer le velo dans d enormes flaques d eau. J ai tout de meme la sensation d avoir trouve un chouette chemin forestier a l abri de la circulation.. jusqu a ce que je m apercoive que le chemin descend de plus en plus, devient de plus en plus rocailleux... et finit par degringoler dans une vallee encaissee. Le chemin a tout juste la largeur de mon velo.
Bon. Ok... ce chemin indique sur mon GPS est un sentier de randonnee. Pas du tout fait pour le velo ! Super, je viens de faire au moins 3kms sur cette piste, et en descente. Je n ai plus qu a faire demi tour et remonter vers la route. J ai perdu presque une heure dans cette affaire...




Je recupere donc la grande route, mais il s agit d une de ces routes a grande vitesse, sur lesquelles je ne suis pas censee rouler... Mais hors de question de faire un grand detour, j ai perdu suffisamment de temps comme ca. Je mets mon casque, et je pedale sur la 90D. Je n aurai qucun souci particulier, juste beaucoup de bruit dans les oreilles ! Je tombe sur un peage et fais l andouille qui ne sais pas comment elle a pu se retrouver la, mais l employe s en fiche royalement et me fait signe de passer avec un coucou sympa.
Je me traine, il fait chaud et ca monte et ca descend sans arret. La route n est pas tres agreable, longee par de nombreuses boutiques et petites villes sans ames. ce ne sont pas des villes, en fait, ce sont des boutiques le long de la voie. Bref, ce n est pas une journee de velo tres marrante. Vers 14h, j entre dans Zapotlanejo, et la je bascule dans une atmosphere tres animee. Les petites rues sont pleines de musique et de badauds en train de faire leur shopping dans la multitude de petites boutiques de vetements, chaussures, maquillage, sacs, etc.
Ma premiere journee de velo apres le road trip a trois n est pas un franc succes. J en ai deja marre, et je suis seduite par l atmosphere de fete qui se degage de Zapotlanejo. Des jeunes se baladent, des mexicains deguises traversent les rues pietonnes dans des costumes indiens, accompagnes de tambours. Je repere un hotel, me renseigne sur le tarif et decide de m arreter pour aujourd hui. J ai fait dans les 35 kms, 40 avec les detours pour rien. Mais je decide que ca suffit pour aujourd hui. Je vais profiter des magasins pour me chercher un nouveau pantacourt pour remplacer le bleu qui est dechire a la cuisse, la ou la selle frotte et agrandit le trou chaque jour.
Je pose mes affaires, prends une douche, lutte contre l envie de m endormir, et sors faire le tour des magasins. Dans le centre, une grande eglise se dresse sur une place. Non loin, une autre place presente un carre d arbres verts bien tailles, entourant un kiosque qui me rappelle etonnamment nos kiosques parisiens. Je fais le tour des boutiques, mais constate que la mexicaine ne porte pas de pantacourt... Dans les magasins d articles sportifs, je ne trouve que des bas de survetement. Les seuls pantacourts que je trouve, avec poches sur les pates, sont des modeles pour hommes. J en essaie un ou deux, mais evidemment c est tres moche sur moi. Je finis par en trouver un a peu pres potable, et que je prends pour 6 euros. J achete aussi un tshirt leger pour 1,50 euros. Je vais donc jeter ce soir mon pantacourt bleu troue, ainsi que le tshirt orange epais. que Siham m avait donne pour m eviter d avoir a en acheter. Je suis satisfaite de mon apres-midi efficace. Je me balade encore un bon moment dans la ville et trouve un cyber pour avancer un peu sur le blog. A 21h le cyber ferme, je vais prendre un truc a grignoter et retourne vers l hotel lorsqu en passant devant l eglise j en tends une jolie musique a l interieur. J entre et decouvre une ceremonie de mariage qui va commencer. Sur un air tres enjoue et melodieux, la mariee penetre dans l eglise au bras de son pere. Je suis ravie d etre la ! Je reste une vingtaine de minutes, le temps de constater que tout a l air de se derouler comme chez nous - avec lecture de textes choisis, etc.
Dans ma chambre d hotel sinistre, sans fenetre, je consulte encore et encore l itineraire. Ben dis donc, j ai interet a etre plus rapide demain car au rythme ou je vais, j en aurai pour une semaine a faire 275 kms ! Dire que maman pensait qu en trois jours ce serait boucle... Je tente d oublier ma lenteur en regardant un film sur ma tablette.
Le lendemain je me mets donc en route assez tot en esperant avancer un peu. Je commence par prendre un cafe, puis je reprends la route 80. Bientot, apres avoir depasse la ville, les champs de tequila apparaissent. Le paysage autour de moi n est pas particulierement enthousiasmant. C est la campagne, mais pas de quoi s emerveiller. Je suis contente d etre sur mon velo, mais mon esprit vagabonde. Seuls les plantations d agave me sortent de ma reverie.
Rien a faire, je suis toujours une limace... Et lorsque la ville de Tepatitlan se presente en ligne de mire, je decide que je n irai pas plus loin. En fait, apres Tepatitlan, je sais que plus de 50 kms m attendent sans une ville (du moins sur le plan je n en vois pas). Et je ne me sens pas l envie de rouler dans l inconnu aujourd hui.




A nouveau, je decouvre en entrant dans Tepatitlan une ville tres animee et coloree. Toute la population semble s etre donne rendez-vous dans les rues commercantes. Memes boutiques qu a Zaponatlejo. Memes vetements, memes chaussures. Les gens mangent des glaces, des coupes de fruits frais. Je me trouve un hotel pas cher du tout a 200 metres a pieds de l aplace de l eglise, Encore une fois, je suis suprise de voir autant de monde dans les rues. Beaucoup de gens sont assis sur les marches de la place centrale, face a l eglise. Je ferai encore une longue balade, tout l apres-midi, dans les rues joyeuses de Tepatitlan, qui doit compter au moins 5 ou 6 grandes eglises. Un office est celebre au moment ou je passe devant la plus grande. Il y a tellement de monde que certaines personnes doivent rester debout dehors, dans le prolongement du choeur.
Avec la nuit, les croix qui se dressent sur les clochers s illuminent de rouge, bleu, jaune. C est tres kitch.
Alors que je vais manger des sushi (et oui, j ai craque, ca fait trop longtemps que je n en ai pas mange !!), j entends de la musique sur la place principale. Le serveur m explique que deux fois par semaine les deux grandes places de Tepatitlan accueillent des evenements musicaux. Je sors ecouter ca.
Sosu la coupole du kiosque, une formation classique rejoue les grands tubes du concert du nouvel an. Voila la marche de Radetsky, puis le Beau danube Bleu. Comme c est etrange et joli, d entendre ca ici... Un peu plus loin, sur une grande scene deux animateurs presentent les chanteurs qui vont evoluer dans le cadre d un concours, ce soir. Le premier groupe qui passe est un groupe familial, Une fille et son pere. Bon, sympa mais pas trop mon genre. Mais que c est chouette d ecouter de la musique live dehors, ici !




Ca fait deux jours que je me traine comme un escargot, cependant j aime bien ca. J espere retrouver un peu plus d energie, mais ca n est pas desagreable de prendre mon temps, de m arreter dans ces petites villes inattendues ou je ne croise aucun autre touriste. Parfois le regard etonne des gens me rappelle que ma presence est surprenante, ici. Les touristes vont a Guanajuato directement depuis Guadalajara, ils ne s arretent pas dans ces petites villes qui ont pourtant beaucoup de caractere, avec leur architecture coloniale, leurs couleurs et leur vie quotidienne animee.
Apres une nouvelle soiree a regarder un film sur mon lit douillet, je boucle mes affaires le lendemain matin sans trop savoir jusqu ou je vais aller cette fois. Allez Pat, ce serait bien de depasser les 50 kms aujourd hui tout de meme...
Mon premier objectif est Capilla de Guadalupe. La route 80 presente toujours le meme visage, une rande ligne de bitume traversant une campagne sans charme et poussiereuse, parsemee de cultures de tequila.
A une dizaine de kilometres de Capilla de Guadalupe, une voiture est arretee sur le bas cote, et deux personnes m attendent dehors. Ils sont en tenue de jogging mais portent des tshirts "campeones de Mexico bike mountain". L homme doit avoir la cinquantaine, la femme la trentaine. L homme me dit qu ils se sont arretes parce qu ils m ont vue et veulent me saluer. Il precise qu ils sont cyclistes tous les deux, champions de mountain bike. Il me parle en espagnol. Je suis d abord ravie, mais je m apercois vite que la femme a l air beaucoup moins ravie. Elle a le visage ferme et ne dira quasiment pas un mot pendant que le gars me raconte que l an dernier ils ont accueilli un francais qui est reste trois jours chez eux. Je ne comprends pas tout ce qu il me dit, mais je distingue le mot invitation et Capilla de Guadalupe. Je prends son numero de telephone et on convient de se retrouver a Capilla de Guadalupe. Tandis que je remonte en selle et qu ils diparaissent, je ne suis pas sure d avoir tres envie de m arreter chez eux. La froideur de la femme m intrigue. On dirait qu il y a un probleme, mais je ne sais pas lequel.
J arrive a Capilla et me rends a l eglise, que je visite avant d envoyer un texto a Tostardo (c est le nom qu il m a donne mais ca ne ressemble pas a un prenom...) Pendant que j attends, un couple s approche de moi. Le mari me dit qu avec son epouse ils m ont vue sur la route. On entame une conversation bien plus sympathique qu avec le cycliste. La femme part m acheter une glace au chocolat et au miel, specialite de la region. Trop gentil ! Ils m expliquent qu ils sont de Guadalajara mais que ce lundi est ferie en raison de la fete nationale mexicaine. Le mari me laisse sa carte, au cas ou j ai besoin de quoi que ce soit. Apres avoir papote tous les trois ils s en vont pour rentrer a Guadalajar
Un autre vieux monsieur s approche et me demande ce que je fais la. Je dis que j attends un ami. Il m offre une image de la sainte Guadalupe avec un petit mot derriere. Je suis absolument ravie....
Au bout d une heure sans nouvelle du cycliste, je suis presque contente de repartir sur la route ! Je recevrai plus tard un texto dans lequel il s excuse et m explique qu il a du retourner a Guadalajara pour une urgence. Oui oui oui, ben ecoute en meme temps je prefere ca, en fait.




21 novembre 2015
A partir de Capilla, les kilometres defilent et la ville cedent le pas aux petites fermes, toujours entrecoupees de plantations de tequila. J arrive en milieu d apres-midi a Arandas. Sur le meme modele que les villes precedentes, Arandas a sa grande place avec l eglise principale, et le square ombrage avec son kiosque. J apprecie vraiment d arriver tot et de profiter du soleil de l apres-midi pour me promener, meme si je suis consciente de ne pas avancer assez vite.

Et voila. Ca me tombe dessus sans crier gare. Je sentais bien depuis quelques jours que quelque chose ne tournait pas rond, malgre mon plaisir a poursuivre ce voyage. Mais ca s est precise a Guanajuato, alors meme que j ai succombe au charme de cette tres jolie ville coloniale toute en couleurs chaleureuses. C etait la fete nationale, en plus. Defiles des associations, habits d epoques et choeurs tellement harmonieux que ca donne des frissons de les ecouter...
Aucune raison valable, donc. Et pourtant voila que la lassitude me tombe dessus. Une envie soudaine de rentrer a la maison. Stop, envie d etre chez moi, envie de voir ma famille et mes amis, marre d etre seule sur la route. J ai toujours le desir de voir l Amerique du sud, mais je voudrais etre accompagnee. Alors oui il y a les rencontres, pourtant. Et de belles rencontres. Mais la j ai envie de partager ce que je vis avec des gens qui me sont proches.
C est tout de meme idiot, je suis partie avec l envie de voir surtout l Amerique du sud, mais sans rien prevoir, et en commencant par l Espagne, le Maroc... Et puis il y a eu ce choix d atterrir a New York plutot qu a Buenos Aires. Parce que le billet n etait pas cher, mais aussi parce que je n etais pas prete a debarquer a brule pourpoint dans cet univers inconnu. J ai donc ete vers le familier. Et puis au lieu de rejoindre Willie a Philadelphie pour descendre en voiture avec lui jusqu a Miami, je suis partie vers le nord, vers Montreal puis Quebec. Entre temps, j ai bosse deux semaines en Espagne, trois mois au Maroc, un mois au Quebec. Si bien qu au bout de neuf mois de voyage, je ne suis qu au Mexique, bien loin de l Amerique du Sud. Et pourtant j envisage d arreter la. J ai ecrit a mes parents : je pourrais aller jusqu au Yucatan, et puis rentrer. Je pourais meme etre avec vous pour Noel. Et ce ne sont pas des paroles en l air, je l envisage reellement.
Pourtant il y a deux ou trois jours encore je ecrivais a Bogdan pour lui dire que si c est possible pour lui egalement, je souhaiterais prolonger pour rester sur ce continent jusqu en avril, puis aller a Moscou et revenir en France par les pays scandinaves, vers les mois d aout - septembre 2016. Et je le pensais vraiment. Mais force est de constater que mon esprit est quelque peu confus depuis un moment...
Est-ce que j ai realise ce que je voulais realiser ? Oui et non. Il y a tellement de choses que j aimerais voir, une vie n y suffirait pas. Je n avais pas de parcours defini, j avais certaines idees mais le maitre mot etait : feeling. Je voulais partir et vivre selon mes inspirations du moment. Et c est bien ce que je fais. Je voulais oser partir, et je suis partie. Je ne savais pas ce qui m attendait, et apres avoir reve intensement de ce voyage pendant 20 ans je me demandais comment j allais vivre cette aventure, au final. Entre le reve et la realite il peut y avoir un fosse. Je me suis dit : si ca se trouve, je vais revenir au bout de trois mois parce que ca va bien comme ca... Et puis ca a dure, et j ai meme trouve que le temps passait drolement vite, et j en voulais encore. J ai senti un regain d energie en entrant sur le sol du Mexique. Mais voila que sur les hauteurs de Guanajuato, en contemplant les lumieres de la ville magnifique pendant cette nuit festive, je me suis entendue penser : ca suffit, je rentre...
Je suis a present a Mexico city, je viens d y arriver aujourd hui. On continue a discuter avec Bogdan, je lui ai envoye un message pour lui faire part de ma confusion et lui m a explique le contexte dans lequel il doit faire ses choix. Je me sens en tout cas extremement rassuree de l avoir choisi lui comme locataire. En plus d etre gentil il est tres arrangeant. On se laisse quelques jours de reflexion, et puis il faudra decider.
Mais ce soir, je me vois bien rentrer comme prevu au bout d un an, reprendre une vie "normale" et revenir decouvrir le reste du monde en bonne compagnie...
Qui l eut cru ?.... Pas moi. Mais ca me va. Mon desir de partir est satisfait. Il ne me reste plus qu a esperer que ma vie sera assez longue pour que j aie l occasion de voir tout ce que je voudrais voir encore.
24 novembre 2015
Je viens de lire un message de mes parents qui m a fait monter les larmes aux yeux. Leur amour a toujours ete un soutien. C etait deja le cas avant, et j en sens encore les effets aujourd hui.
Entre leur message et le soutien que j ai recu egalement de Paris, ma foi aujourd hui je me sens extremement chanceuse...

D apres mon rythme des derniers jours, il me faudra encore bien trois jours pour atteindre Guanajuato ! Du moins c est ce que je crois en partant d Arandas. Or, je ne sais pas ce qu il va se passer ce jour-la, mais apres avoir tres mal commence la journee j enfilerai 113 kms sans les sentir passer. Voila bien longtemps que je n avais pas realise une telle etape.
Ca commence mal, pourtant. Je pars avec un cafe chaud dans le ventre, et j achete trois petits pains pour 9 pesos car je prevois de ne rien trouver sur la route aujourd hui pour manger. Il est fort probable que je dorme sous la tente ce soir, puisque le gps m indique que la prochaine ville se trouve a plus de 80 k. Me voila donc partie avec mon sweat bleu (avant 9h30 - ou du moins la premiere grosse montee - le fond de l air est un peu frais pour rouler en tshirt). Et ca demarre par une grande pente, pas trop raide mais longue. Puis des virages et ca continue a monter en douceur. Je sens vite qu un truc ne tourne pas rond. J ai la nausee. Je me sens completement vide a l interieur. Je respire fort, et comme j ai pas mal maigri je sens vraiment mes abdos travailler et j ai l impression d aller chercher ma respiration et mon energie au plus profond de mes entrailles. Mince alors, qu est-ce qu il se passe ?




Je me sens vide. La route continue a grimper, mais il y a tres peu de trafic. J en profite pour basculer sur les vitesses les plus lentes et avancer tres lentement mais surement. Je finis par m arreter sur le bord de la route et par m asseoir a cote des plantations de tequila pour manger un de mes petits pains, impregne d huile d olive.
J attends que ca aille mieux. Lorsque la sensation de nausee est passee, je remonte en selle et reprends la route. Quelques kilometres plus loin, la grimpette cesse et fait place a de grandes lignes droites et quelques virages dans un joli paysage de campagne deserte. C est chouette, petit a petit je me refais une sante tout en admirant les vues.
Et je m apercois que le petit point bleu que je suis sur le gps avance plus vite que je ne l aurais cru. Je passe la serie de virages a l approche de la sierra de penjamo. Comem d habitude, je constate que les paysages les plus deserts et sauvages sont ceux que je preferent, ceux qui me procurent le plus de plaisir. Je contemple la nature avec le sentiment du privilege que j ai de pouvoir observer tout ca seule, comme si ce cadeau m etait dedie, rien qu a moi, a ce moment-la.
De grandes descentes et de longues montees s enchainent dans la sierra. Mais j ai retrouve des jambes et du tonus, j avance cheveux (courts) au vent. San Jose de Los Sauces, la ville que je pensais trop loin pour moi aujourd hui, est en vue. Je decide de pousser jusqu au croisement avec la route 110, voire d aller jusqu a San Jose de la Puerta. Ce sera deja pas mal.
Je fais une longue pause dejeuner au pied d un arbre, a l entree d un champs. Je suis en train de lire au soleil quand je vois un paysan sortir du champs une machette longue comme son bras a la main. Je lui adresse un sourire et un Ola ! Il me repond avec un salut de la main et me demande ce que je suis en train de faire. Euh, je voyage en velo, et la je lis un peu. Bonne journee ! - conclut-il avec un autre salut de la main avant de s engager sur la route.
Apres une heure de detente, je repars tranquillement. Mon objectif est toujours de dormir sous la tente puisque je ne crois toujours pas pouvoir aller bien loin aujourd hui. Pourtant me voici bientot a San Jose de la Puerta. Et il est encore tot. Alors je pousse jusqu au virage a angle droit de la !!= en direction de Guanajuato. Comme ca, psychologiquement je sais qu il me reste une grande ligne droite et hop ! On y est presque.
Mais c est tellement facile aujourd hui, que je suis bientot en vue de La Rosa. Avant d arriver dans cette petite ville, je cherche a droite et a gauche s il y aurait un coin propice a l installation dun bivouac. Il y en aurait eu un, a un moment donne. Au milieu des tequila. Mais il est seulement 16h et je suis en forme, alors je prefere poursuivre car ce sera toujours moins de kilometres a faire demain. Mais du coup j arrive sur La Rosa, c est a dire la banlieue de Silao, donc la ville. Les maisons apparaissent de chaque cote de la route. Je m arrete boire un coca bien frais, consulte le GPS et m apercoit que je ne suis qu a 6 kms de Silao. Incroyable, j aurai fait 113 kms aujourd hui, sans m en rendre compte et en prenant tout mon temps...
La route traverse de part en part Silao, qui est tres animee en ce debut de soiree. Le gars du cae ou je me suis arretee pour prendre un coca m a dit que je pourrais trouver un hotel a la sortie de Silao. Mais dans cet hotel, le patron n est pas la et les gars qui trainent a cote me disent qu il n y a pas de chambre. Je fais demi tour et retourne dans le centre ville. Un passant me conseille d aller pres du templo, et en effet je trouve un petit hotel tres bien situe, en pleins travaux mais avec des chambres a 100 pesos (sanitaires dans le couloir et pas de fenetre mais ca me suffit largement).




Je me balade dans les rues animees puis trouve un cyber a la nuit tombee. Je remarque que depuis mon depart de Guadalajara je ne croise ps un seul touriste. Dans chaque ville que je traverse, je sens que je suis un peu la curiosite du coin... On me devisage mais pas de maniere insistante, je me sens a l aise. Je constate juste que je ne passe pas inapercue.
A mon retour a l hotel, je discute un bon moment avec le jeune patron. Grace a google traduc on arrive a avoir une vraie conversation ! Il a repris l hotel il y a trois mois et s est lance dans d importants travaux de renovation. Il aime ce job, et je comprends pourquoi : il est super sociable, ce gars-la. Tres gentil. La plupart du temps ce sont des mexicains qui dorment dans son etablissement, il me confirne qu il ne passe pas franchement de touristes etrangers ici. Les gens font la liaison directe entre Guadalajara et Guanajuato.
Je vais me coucher tot, mon corps ressent tout de meme la fatigue d une longue journee de velo.
Le lendemain c est donc presque une balade de routine qui m attend, etant donne qu il ne me reste que 37 kms a parcourir pour arriver a Guanajuato. Mais la route s eleve jusqu a Marfil, a 6 kms. Et ensuite je me compliquerai la tache en choisissant de passer par la route panoramique, qui grimpe severement et dans laquelle je pousserai le velo en m arretant tous les 10 metres en bloquant les roues pour que le velo ne tombe pas et ne reparte pas en arriere !
A Marfil, je passe dans un premier tunnel. Si je m etais un peu mieux renseignee j aurai su quel autre tunnel je devais emprunter ensuite pour atterrir dans le centre ville sans passer par la cote panoramique ! J ai eu tres chaud et j ai beaucoup peine pour arriver la-haut ! Mais la recompense est de taille. Je decouvre le patchwork de milliers de petits cubes colores qui constitue la ville de Guanajuato. Lorsque la route debouche sur cette vue splendide, je ne peux m empecher de penser a ma premiere impression de Tanger, Sauf que Guanajuato est bien plus coloree, bien plus chaude que Tanger.
26 novembre 2015
Je suis sous le choc. Un mail de Lina m annonce que Franck est mort la semaine derniere. Le 19 novembre. J ai relu le mail deux fois, n en croyant pas mes yeux. Je me sens vraiment triste, je le revois, ce grand gaillard affable, peu prolixe en paroles, cherchant a preserver le plus possible son univers de reveur en echappant aux petites obligations de la vie quotidienne, et puis s animer s un seul coup pour parler litterature et aventures. Je suis d autant plus contente qu il m ait permis de lire les histoires qu il a ecrites. Il travaillait sur son premier livre.... Alors ce livre ne paraitra jamais ?....
Je suis vriament peinee, il m a touchee ce brave homme, que j ai du deranger 20 fois dans son travail d ecriture pour lui demander de relancer la tondeuse dont le moteur faisait des siennes...

Cet enchevetrement de petites maisons, avec de temps en temps un clocher qui depasse ou une maison de taille plus importante, me fait penser a Tanger. Seuls quelques quartiers sont colores de fushia, bleu, vert, jaune vifs, violet, rose, rouge, gris, orange, marron. Beaucoup de maisons sont couleur ciment sur le reste de la colline. Je distingue des eglises, des batiments coloniaux importants. Je suis sous le charme. Je dois serrer les freins a mort pour que le velo ne degringole pas tout seul depuis le haut de la rue escarpee que j emprunte pour atteindre le centre ville, a cote de la cathedrale.
La ville me semble tres touristique. Les petites rues pavees disposent d un grand nombre de bancs, places ombragees, fontaines, et regulierement le promeneur tombe sur des oeuvres d art disseminees un peu partout. Je decouvre que Guanajuato est tres liee a Cervantes. L auteur de Don Quichotte a propose, de son vivant, de nombreuses representations d oeuvres courtes. Depuis, Guanajuato a donne son nom a son festival international annuel des arts et de la culture au Mexique.
Je suis pressee de me perdre dans les petites rues, je cherche donc l hostal que j avais repere sur internet. Je dois a nouveau pousser le velo sur des pentes a plus de 20%, dans des rues etroites a sens unique dans lesquels il faut se mettre contre les murs pour laisser passer les voitures. Je trouve l hotel, mais il ne s agit pas d un hostal. Le prix est bien plus eleve ! 400 pesos... J hesite, J ai bien galere pour arriver jusqu ici... Je decide de rester une nuit et de bouger demain. En attendant il faut que je trouveune autre adresse sur internet ou en demandant aux gens s ils connaissent un hotel pas cher.
Je ne suis pas mecontente d avoir une chambre mignonne pour une fois, bien propre et confortable. Apres avoir pose mes affaires et chausse les tongs, je pars avec l appareil photo en bandoulliere.




J arrive vite devant le Temple de la compagnie de Jesus, que je contourne par la gauche. Une petite boutique attire mon attention, avec de belles cartes postales tres colorees. J en achete quelques unes, et demande au vendeur s il connait un hostal dans le coin. Il m en cite deux qui sont a 200 metres d ici, en face du musee du peuple. J y vais et me renseigne sur les disponibilites et les tarifs. 100 pesos le lit en dortoir ! Et bien voila. Demain je demenage ici. En plus c est juste a cote due la superbe universite de Guanajuato. Un gigantesque escalier monte jusqu aux portes de l ancienne universite. Toute la journee et surtout la nuit, les passants viennent se poser la pour admirer la vue sur les coupoles illuminees de la basilique et sur le monumento al Pipila - dedie a un heros de la premiere guerre d independance du Mexique - sur le versant montagneux en face.
Je descends des marches d escalier et m aventure dans des rues etroites. C est vraiment joli. Je retrouve le chemin de la basilique, puis descends vers le Theatre Juarez et le jardin de l Union qui constitue comme un petit poumon vert pour la ville.
Je suis surprise par toutes les petites fontaines et toutes les sculptures sur lesquelles je tombe a chaque coin de rue. Je croise de tres nombreux touristes. Je passerai l apres-midi a me promener et a en prendre plein la vue. Puis je remonterai vers l hotel et tomberai sur un cyber dans lequel je passe le debut de soiree sur le blog. Au passage, je constate que les bouteilles de coca sont deja habillees pour Noel... Puis le confort et la douceur de mon lit m attend, et j avoue qu avoir un bon lit douillet me change !
Le lendemain matin je fais la grasse mat jusqu a 9h ! Je prends mon cafe sur la terrasse qui a une vue imprenable sur la ville. Puis je boucle mes affaires et vais laisser mes bagages dans mon nouvel hostal, qui est bien plus rudimentaire mais ne manque pas de charme.
Je commence par passer un peu de temps dans le cyber d a cote. L ordinateur est rapide, je decide de reprendre toute la partie Canada qui comporte encore de grands vides et n est pas du tout dans l ordre chronologique.


Et puis je pars me balader. Je descends vers l ancienne gare ferroviere. Je me tate pour aller voir les anciennes mines d argent, mais bof, ca ne me passionne pas plus que ca. Idem pour le musee des momies, alors que je me trouve devant la station de bus qui y conduit. Si j ai bien compris, les momies ont ete trouvees telles qu elles dans les cimetierres. Perso je n ai pas specialement envie de payer pour voir des corps momifies. Je poursuis donc vers les petites rues qui retourne vers le centre, et choisis une des petites voies etroites qui grimpent vers le monument au pipila. Je suis morte en arrivant la-haut ! Mais le panorama est vraiment chouette, surtout avec ce beau soleil. Je m asseois un moment, j ai apporte mes cartes postales et je me lance dans la redaction de deux lettres.
Dans ces courriers, je parle de mes projets de poursuivre le voyage, si nous trouvons un accord avec Bogdan. Ca fait en effet quelque temps que j y reflechis. Je vois arriver le mois de fevrier et j ai encore tellement de choses a voir et a faire !
Je me sens partagee, en fait. Une partie de moi est fataliste et totalement en phase avec le projet tel qu il etait prevu le jour de mon depart. A savoir : le date butoir etait fixee au mois de fevrier. Alors certes, je n ai pas ete partout ou j ai envie d aller, mais j ai fait ce que je voulais, c est a dire suivre mon feeling du moment. Evidemment, bosser ici ou la m a pris du temps. C etait mon choix.
Et puis une autre partie de moi se dit que d accord c est deja bien d avoir voyage un an, mais tant qu a faire d etre la, autant aller jusqu en Amerique du sud, et puis si je pouvais je rentrerais bien par les pays scandinaves, a partir de Moscou...
Bogdan devance le mail que j em apprete a lui envoyer. Lui aussi sa vie change, et il a besoin de s organiser et de prendre des decisions pour la suite. Alors la discussion est lancee. Je lui dis que j aimerais prolonger, mais que si ca ne lui convient pas et bien je rentrerai comme prevu.
La fraicheur de la soiree qui s annonce interrompt mon ecriture. Je remballe les cartes et le papier a lettres, et je redescends dans le centre.








Je vais m asseoir sur les marches de l Universite, ou des etudiants viennent chaque debut de soiree avec leur tunique noire et leur chapeau, tenue identique a celles des etudiants americains diplomes. Ils deboulent dans la rue, devant les escaliers, a grands renforts de cris et de rires. Ils montent quelques marches et se prennent en photo, puis font la fete dans le bar d en face, jusque tard dans la nuit. Je regarde, depuis mon promontoire, ces jeunes qui profitent de la vie, ces jeunes pleins d optimisme pour l avenir. De quoi revent-ils, tous ? Ou seront-ils dans dix ans, dans trente ans ? Je souris en pensant a mes espoirs a moi au meme age. Et aux trois ou quatre vies differentes que j ai enchainees depuis....
Pendant que les jeunes etudiants partent faire la fete, je retourne au cyber, et je fais la meme chose qu hier soir : j ecris sur le blog, tout en ecoutant le direct d Itele et de BFM tele. J ai beau detester ces chaines d infos, j ai besoin de me sentir proche de ce qu il se passe a Paris et en France. Je ne m en rends pas bien compte encore mais ce raccordment mental a la France qui traverse une periode de tension et d angoisse va avoir un impact sur mon moral. Je suis quelque part dans un entre deux, un peu dans mon voyage, un peu a la maison. D ailleurs, je pense de plus en plus a la maison. J ai des flashes, je me vois che moi, je commence a penser "retour" et "recherche d emploi". Et tout ca est loin d etre desagreable. Parfois je me dis : tout ca pour ca ? Pour rentrer, faire un CV et repondre a des petites annonces ?... Mais je sais bien que ca ne se resume pas ainsi. C est juste que... Ma conscience veille au grain et me rappelle a la raison autant qu il le faut. Mais je sais aussi que penser a la maison est une facon pour moi de me projeter da sun univers rassurant. Et visiblement je suis dans une periode ou j ai besoin de me sentir rassuree.




Je constate aussi que des que je me pose, mon esprit est moins serein. Ou en tout cas plus dispose a cogiter. Cela aura ete une constante depuis mon depart.
Je decide pourtant de paser une journee de plus a Guanajuato avant de reprendre la route. Je ne sais pas ce qui m attend cote reliefs et je souhaite prendre un bus a un moment donne pour eviter de rentrer dans Mexico city en velo. On m a suffisamment alertee sur la dangerosite de cette ville pour que, comme pour Chicago, je decide de faire mon entree en transports en commun et non en velo.
Ma derniere journee a Guanajuato sera la plus magique. Je ne suis pas trop au courant de l actualite, je n ai donc pas percute que ce weekend le Mexique fete le souvenir de sa revolution Je descends donc me promener sans savoir que je vais a la rencontre d une ville en fete.













Mon attention a d abord ete attiree par des cris. Des cris de filles, reguliers, quelque part a quelques rues d ici. Je me dirige vers ces bruits, et tombe sur la rue dans laquelle le defile a deja commence.
Je vois alors des jeunes filles en tenue de pom pom girls, de jeunes garcons en pantalons de gymnastique, Certaines filles tiennent a la main des ponpons, d autres des foulards, et tous effectuent des choregraphies preparees pour l occasion. Les associations se suivent et scandent des slogans que je ne comprends pas. Des voitures precedent chaque association et diffusent de la musique. Juste apres les voitures, des groupes de garcons et filles executent des figures acrobatiques. D un seul coup j ai l impression de me retrouver dans un univers familier, celui de mon ancien boulot... Arrivent ensuite les groupes representant les anciens mexicains, avec sombreros, chapeaux de cow boy, foulards, grandes robes pour les femmes, ceintures de munitions a la hanche pour les hommes. Quelques groupes sont deguises a la mode du Mexique d avant et apres la revolution, mais la plupart des participants sont les membres des associations sportives : lutte, boxe, foot, gym, basket, volley, arts martiaux, zumba...
La musique, deja tres presente dans le quotidien des mexicains, est encore plus presente aujourd hui. Tout Guanajuato est dans la rue, le long des trottoirs, pour regarder et acclamer le defile. Je passe donc la journee a suivre la fete qui n en finit pas. Je finis tout de meme par aller reposer mes pieds en allant grignoter une torta. Puis je me mets en mode preparation de mon depart le lendemain. Mais le soir j entends a nouveau la fete qui continue. Et c est encore plus beau a entendre : un groupe de musiciens parcourt les rues non eclairees en chantant. Ces choeurs d hommes sont magnifiques, ca vous prend aux tripes...
Alors que je vais me coucher, j entends encore, un peu plus loin, ces choeurs qui poursuivent la celebration de la celebration. Ont ils chanter toute la nuit ? Je ne sais pas, j ai fini par m endormir...
Je suis levee de bonne heure le lendemain matin, comme d habitude. Je me prepare un the dans le batiment silencieux. On est dimanche matin. Je n entends aucun bruit, je ne vois pas la patronne. Je ne peux pas partir sans la voir car elle doit me rendre la caution pour la clef. 9h, personne....Mon humeur, deja pas terrible malgre la fete de la veille, s appesantit encore un peu plus. Qu est ce que j ai ? Je ne sais pas, mais plus les minutes passent, plus j ai l impression que mon envie s effrite. 9h30. J ai une longue route a faire... Et comme je n ai pas repere comment fonctionnent les tunnels dans cette ville, je m imagine que quitter le centre de Guanajuato va etre une sacree galere. Or j ai l impression de ne pas avoir de souffle. Quand je monte l escalier de l hotel je dois m arreter en haut des marches, les mains sur les hanches, pour reprendre ma respiration. Ca m inquiete. Qu est ce que ca va etre si je dois pedaler avec cette difficulte toute la journee !
La patronne arrive a 10 heures... Et dans ma tete, c est decide : je n ai pas envie de pedaler aujourd hui. Je vais aller vers la station de bus et filer droit sur Mexico city. Voila. Tout simplement.
Une fois la clef rendue et mes sous recuperes, je descends donc vers le centre et m apprete a devoir remonter peniblement pour sortir de la ville par l autre versant. Mais je decouvre un tunnel qui me conduit a l arrivee de la route panoramique, celle que j aurais pu eviter a l aller, donc... Je suis donc sortie de la ville bien plus vite que je ne le prevoyais. Malgre tout, ma decision est prise. Je n ai pas envie de pedaler, j ai envie de passer a autre chose, d avancer un peu plus vite.
Il ne me faudra qu une demi heure pour me rendre a la station de bus. Je prends un billet pour l equivalent de 25 euros. Depart a 11h10, arrivee a 15h. Parfait. Et je constate que au Mexique il est tres facile de voyager avec son velo : pas de supplement a payer, et le velo est tout simplement glisse dans la soute, sans plus de formalite.
Je monte dans le bus et prends ma liseuse, pour partir dans mes pensees.
Je ne peux pas dire que je ne suis pas de bonne humeur. Je n ai aucune raison de ne pas me sentir contente d etre la ou je suis et veritablement le Mexique me plait. .




Mais je manque d enthousiasme, je commence a me dire que ces decouvertes seraient tout de meme plus sympas a deux, et peu a peu le mot lassitude se forme dans mon esprit. Par la fenetre, je m apercois que nous prenons de l altitude. A l approche de la capitale, une grande statue de Jesus nous accueille, couleur pierre, pas tres engageante. Et puis je decouvre par la vitre une immense etendue de maisons, d usines, d infrastructures imposantes.... Mon dieu mais c est quoi cette enorme ville ? Je suis un peu surprise, ca fait longtemps que je n ai aps vu une telle densite d habitation au Mexique. Est ce que ca va me plaire, cette masse humaine que je devine grouillante entre ces murs ?.... On verra.
La gare centrale des bus est tres moderne. J ai vraiment l impression de debarquer dans un autre monde. Je suis bien evidemment sur mes gardes, mais je constate tres vite que la station grouille de policiers. Je jette un oeil sur mon gps pour verifier mon orientation, et monte en selle pour aller vers l auberge de jeunesse qui se trouve a quelques centaines de metres de la cathedral. Le trafic est charge. Mais les voitures font attention a moi et j ai tout le loisir d observer les tres nombreux batiments coloniaux qui apparaissent un peu partout dans les rues que j empreinte.
Tout de meme, je realise que je suis a Mexico ! Ca me parait fou... Mon enthousiasme revient a la vue de tous ces magnifiques batiments que j apercois ici et la. Ca promet de longues et belles balades ! Il y a des gens partout, et surtout des flics tous les dix metres ! Ceux ci sont souvent charges de la circulation, mais pas seulement. En totu cas, avec cette presence policiere, je me sentirai en parfaite securite pendant tout mon sejour a Mexico (sauf dans le metreo, ou je me suis montree particulierement vigilante).
Je trouve l auberge de jeunesse dans laquelle j ai reserve. A la reception, la dame me dit qu il n est pas possible de rester ici avec un velo, car il n y a aucun endroit pour le garer. L auberge est au premier, deuxieme et troisieme etages d un batiment dont le rez de chaussee est un restaurant.






couteaux ayant servi aux sacrifices


Je ne comprends pas bien ou est le probleme car il serait assez facile de trouver un endroit pour attacher le velo sans que ca derange. Mais la dame est inflexible. Je prends mon air de chien battu, et elle finit par me dire que si c est pour une nuit seulement c est bon. Je paie donc pour une nuit. Et je mets le velo dans la cuisine, dans une petite salel ou ca ne gene absolument personne.
J installe mes affaires dans le dortoir mixte et je pars a la decouverte de Mexico. La rue de l hotel est tres animee. C est dimanche, tout le monde est drhors, tous les bars et restos sont ouverts. Toutes les boutiques crachent de la musique et c est une veritable cacophonie. Ca sent la nourriture partout. Et ca sent surtout la graille. Ca ne me donne pas faim, je prefere manger des pates dans la cuisine ce soir.
Je fais le tour des petites rues proches de l hotel, et vais admirer le zocalo et la cathedrale. Le zocalo, grande place centrale de Mexico, est presque vide cet apres-midi. Mais des echaffaudages sur le cote annoncent un evenement a venir. Le lendemain matin, une femme policier m annoncera qu une piece d opera sera donnee le soir meme sur la place. Je deciderai d y assister, avant que mes plans ne soient modifies.
Autour du zocalo, il y a la cathedrale mais aussi le palacio national. Le president n y habite pas, mais il y recoit les autres chefs d Etat.
Je tombe sur plusieurs statues commemorant les anciens chefs indiens. Je suis surprise par le nombre de beaux batiments et de musees, partout ou le regard se pose, a chaque coin de rue, les yeux se regalent ! Et Mexico regorgent de petits et grands musees, egalement. On m a recommande tout particulierement le musee d Anthropologie, et compte tenu des objets issus des fouilles que l on peut y trouver j ai bien l intention d y aller. Dans une partie des locaux du Palacio national on peut aussi aller voir les fresques murales de Diego Rivera. Je compte aller voir ca aussi. Et j ai mis su ma liste egalement la maisons - musee de Frida Khalo et la maison de Trotsky. Je ne peux pas louper Trotsky ! Moi qui reve de voir la Russie depuis la 6eme, voila la premiere occasion qu il m est donnee de toucher du doigt un aspect de l histoire de l ancienne Union sovietique.
Mexico me parait tellement grande que j envisage meme de prendre pour une fois le fameux Touribus, histoire de faire le tour des principaux sites avec les commentaires touristiques en prime. Mais tout ca ce sera pour demain. Dans l immediat, je rentre me faire cuire des pates puis ecrire sur le blog, avec le bruit ambiant de la fete qui bat son plein sur la terrasse de l hotel, week-end oblige...
Juste avant de quitter Guanajuato, j ai ecrit a mes parents, a ma grande soeur, et a la personne que j aime pour leur dire que j avais envie de rentrer, ou en tout cas que je me pose des questions et eprouve le besoin de partager mes questionnements. Le fait de l avoir exprime me fait du bien. Je me sens meme plus legere, depuis.
C est donc pleine d energie que je me leve le lendemain matin, prete a marcher beaucoup. Mais d abord je dois regler le probleme de mon hebergement. Au petit dejeuner je discute avec d autres employes de l hotel. Ils ne comprennent pas pourquoi on ne me permet pas de rester car mon velo ne derange personne. A la table du petit dej, je croise Sauveur, un francais retraite, motie italien.
Quoi qu il en soit, je pars tot du cote de la cathedrale ou on m a signale une autre auberge de jeunesse. Je trouve l hotel. Ils ont de la place mais seulement a partir du lendemain. Je reviens a la reception de mon premier hotel et demande a rester une nuit de plus, ce qui m est accorde sans difficulte. Voila qui est regle. Je retourne vers le zocalo, et commence ma journee par la visite du Templo Mayor. J essaye de me representer ce que devait etre Mexico avec ces temples immenses en son centre... Dire que les batiments - et notamment la cathedrale ! - ont ete construits avec les pierres de ces anciennes pyramides... Ce sont les premiers vestiges de la civilisation precolombienne que je contemple. Ce ne sont pas les plus impressionnants, mais je suis emue quand meme... Les voila enfin, ces temples, ces inscriptions, ces differentes sculptures representant les innombrables divinites de ces cultures, ces silex tailles pour ouvrir les poitrines et aller chercher les coeurs des sacrifies, ... wouahouuu.... J ai encore plus hate d aller voir Teotihuacan et les autres...




Je remarque tout de suite que tout penche, dans cette capitale... De tres nombreux batiments sont de travers. Est-ce la le resultat des secousses sismiques regulierement enregistrees ici ?
Je m eloigne du centre, et m infiltre dans de petites rues etroites qui grouillent de monde. Je tombe sur un enorme marche aux allees a peine assez large pour laisser passer quelqu un d une stature ordinaire. La promiscuite me plait moyen, je ne m attarde pas dans ces allees. De toute facon je ne suis pas la pour faire les boutiques. Et puis ici il n y a que des jeans et je doute de pouvoir entrer dans un jean de femme mexicaine, etant donne qu elles sont bien plus petites. Il y a aussi des baskets de toutes les couleurs, exactement comme a Bangkok. Bref, le shopping ne m interesse pas. En bout de rue, de temps en temps, on se retrouve nez a nez avec d etranges statues. Quand on a de la chance,on croise Jesus en tunique rouge avec sa courronne d epines sur la tete ou bien une des multiples vierges qu adorent les catholiques. Mais assez souvent on decouvre avec stupeur un squelette revetu d une robe, avec des offrandes a ses pieds.
Et puis des rues entieres sont consacrees aux decorations de Noel ! Moi decidemment je ne peux pas m y faire. Comment se mettre en tete que c est bientot Noel, avec cette chaleur et ce beau soleil ? Lorsque nous sommes parties en decembre avec Sophie pour un voyage d un mois en Thailande, je n avais pas ressenti un tel decalage. Bien sur on etait au soleil et c etait etrange la aussi de voir des sapins et des renes entourant le Pere Noel mais tout de meme nous venions de quitter la fraicheur de la France, ou nous avions senti l hiver approcher. Cette fois c est different. Ca fait des mois que je ne suis plus en phase avec le calendrier et les echeances francaises.
Mes pas me ramenent vers le zocalo, et je pars explorer un autre quartier, Cette fois les rues sont plus larges et bordees des magasins de marque et des restaurants stylises. Regulierement, lorsqu on approche d un magasin, on entend de loin la promotion des produits au micro. Des rabatteurs sont payes pour faire la reclame au micro totue la journee. Ce qui ajoute a la cacophonie ambiante...
Je vais juqu au monument a Benito Juarez, Sur l avenue des insurges, je croise beaucoup de cyclistes... avant d apercevoir aussi un stand de reparation, et puis des voitures de police assurant la securite. Des plots oranges tracent un parcours sur le bitume. Je realise alors que les mexicains peuvent aujourd hui faire du roller ou du velo sur un parcours delimite, comme les parisiens sur les quais de la Seine le dimanche matin... Je trouve decidemment que la vie de cette capitale mexicaine es tres moderne, du moins dans certains quartiers. Et d une maniere generale, je ne cesse de constater que les mexicains aiment profiter des petits plaisir de la vie. Je me ferai la reflexion de nombreuses fois. Et en particulier chaque week-end, lorsque je vois les foules dehors et les nombreux petits evenements un peu partout.




J ai en tete d aller voir l opera sur le zocalo ce soir. Je rentre d abord a l hotel et passe un petit moment sur le blog. A cote de moi, Sauveur est sur facebook. Je ne sais plus qui commence la conversation, mais nous papotons un moment. Sauveur me dit qu il voyage seul, il revendique meme son plaisir a voyager seul, pour faire ce qu il veut. Il vient d arriver et compte passer trois mois entre le Mexique, Cuba et le Guatemala. Moi je me confie sur ma lassitude du moment et mon questionnement sur la suite de mon voyage.
Sauveur me propose d aller boire un verre. J ai en tete l opera, mais je me dis qu avec un peu de chance on peut aller boire un verre vite fait et puis ensuite j irai voir l opera.
Mais on parlera longtemps, si bien que lorsque j arrive sur le zocalo avec Sauveur qui m accompagne, le spectacle vient juste de se terminer. En effet nous discutons deux bonnes heures dans un petit bar avec Sauveur. Il me parle de son divorce, de son second mariage, de sa fille, de la difficulte avec laquelle il a du passer l epreuve de son depart en retraite anticipee, des nombreux voyages qu il fait depuis qu il est a la retraite, ... Il evoque aussi sa fatigue et le poids qu il a pris depuis qu il a arrete de fumer et que son frigo est devenu son meilleur copain a la maison, surtot qu il avoue ne pas faire grand chose de ses journees. Il me propose de faire le tour de la ville en bus demain. Ca tombe bien, je comptais le faire. J accepte donc, et on se donne rendez-vous le lendemain a cote des bus, puisqu il faut d abord que je transfere mes affaires de cet hotel vers l auberge de jeunesse a cote de la cathedrale.
On se retrouve donc comme convenu, j ai pris ma veste bleue car sur le toit du bus ouvert j ai peur d avoir un peu froid - et j ai eu raison car la journee va etre fraiche !
Je ne m attendais pas a ce que ce tour en bus prenne la journee. En fait il y a quatre parcours possibles, on peut descendre aux arrets qui nous interessent, faire un tour et monter dans les bus suivants pour poursuivre le parcours. Il y a donc des correspondances, et il est tout simplement impossible de faire l ensemble des parcours dans une seule journee.
Mais du coup je verrai plein de choses et passerai une tres bonne journee a decouvrir les mille et un visages de Mexico, ville tentaculaire, tantot seduisante avec ses beaux atours historiques et culturels et sa joyeuse animation, tantot repoussante par la densite de son trafic et de sa population, ses grises infrastructures, son nuage de pollution.




Les yeux grands ouverts, nous ne manquons rien des details de la vie de Mexico, et c est un vrai plaisir. Je suis bien contente d avoir mon sweat, Sauveur a froid. Nous descendons pour prendre une correspondance et en profitons pour aller prendre un cafe dans un petit endroit original. La decoration kitch me plait. Le patron est un jeune qui est type mais pas a la facon mexicaine. Il a vecu deux ans en France et nous sert deux expressos et un pain au chocolat digne de ce nom en utilisant le tres bon francais dont il se souvient.




En attendant le prochain bus nous faisons un tour dans le quartier, tout en dicutant. Ancien ingenieur, Sauveur a visiblement une curiosite insatiable. Je pense que c est le genre de personne qui aime tout comprendre, et qui va se renseigner des qu il entend parler de quelque chose de nouveau. Il finira par m expliquer que son sujet d etude actuel n est rien moins que les extra-terrestres, et m exposera differentes theories concernant leur presence sur terre. J ecoute avec interet mais lui dirait tout de meme au bout d un moment que pour ce qui me concerne, tout ce qui releve de l hyppothese, du peut-etre, du "il paraitrait que" et du mystere inexplique et inexplicable ne retient au final pas mon attention car je ne vois pas l utilite de se lancer dans des hyppotheses non prouvees. Les extra-terrestres, les esprits : meme combat pour moi. On pourra elaborer toutes les suppositions qu on voudra, tant que je ne vois rien avec mes propres yeux je laisse ca de cote, ca ne concerne pas ma vie.
Nous prenons le prochain bus. Juste avant le depart, Sauveur repere un autre bus derriere nous, dans lequel des touristes attendent patiemment. Sauveur se leve et me dit : je vais leur faire faire la ola ! Et le voila qui marche jusqu a l arriere du bus et s adresse aux touristes en les encourageant a lever les mains. Les gens s executent bien volontiers. Et voila, tout le monde a passe une minute marrante plutot que d attendre en baillant.
Nous repartons, direction le secteur sud. Depuis notre hauteur nous observons la methode de tri des dechets au Mexique : dans des camions - bennes sur lesquels s accumulent des montagnes de dechets, des employes triens a mains nues et repartissent dans differents sacs. Ils font ca en plein milieu de la rue. On apercoit aussi des etudiants en medecine, habilles de blanc comme les etudiants en medecinde du monde entier... C est drole d avoir ce poste d observation en hauteur. Par contre il faut eviter de se lever de son siege n importe ou, car de nombreux cables electriques passent au-dessus de nos tetes ! Il faut meme parfois baisser la tete pour eviter une branche d arbre dans la figure. Je constate qu a Mexico city aussi on peut louer des velibs. Les cables electriques ne sont pas seulement au-dessus de nos tetes, ils sont aussi dans toutes les rues tout le long des habitations et s enroulent en paquets qu on aurait du mal a demeler autour des poteaux. Bientot nous passons devant ce qui fut le village olympique et le stade des Jeux de Mexico en 1968. Voila, j aurai vu un site olympique de plus !




Juste avant d arriver dans le quartier de Coyoacan, nou schangeons d e decor et decouvronis de jolies maisons dans des rues ombragees qui prennent l allure d un village. Nous decidons de descendre. Il commence a faire faim en plus ! Nous nous promenons sur la jolie place sur laquelle les mexicains flanent au soleil ou a l ombre. Sauveur avise un violoniste et reussi a lui faire jouer quelque chose a cote du kiosque pour le prendre en photo.
Les mexicains ont vraiment l air de savoir profiter de la vie. Le week-end ils sont systematiquement dans les rues. Certains font du sport, beaucoup prennent les tacos d assaut, et un nombre incalculable de badaus se pressent des qu il y a un evenement ou un petit spectacle ici ou la. Sur notre petite place, les gens se promenent et discutent sur les bancs. En face de la place, une boutique vend des decorations de Noel. Sous les arcades qui ont garde un charme made in epoque coloniale, de petits restos nous attendent. Nous en choisissons un tres kitch dans sa decoration. Un homme d une soixantaine d annees gratte sa guitare et murmure de jolies chansons qui accompagneront notre degustation d un buffet delicieux quoii que sans doute europeanise. ,
Alors que nous finissons le plat principal, les serveurs nous invitent tout a coup a sortir momentanement du restaurant. J entends une espece d alarme, qui ne sonne pas fort. Nous sortons et nous mettoins avec tout le monde sur le trottoir d en face. Au bout de cinq minutes on nous fait signe de revenir. Ce jour-la nous ne savons pas ce qu il s est passe et nous n avons rien senti, mais j apprendrai le lendemain qu il y eu un tremblement de terre. C est Patrick qui m en parlera. Patrick, rencontre sur le bateau qui nous conduisait de La Paz a Mazatlan, et que je croiserai par hasard au Musee d Anthropologie. Lui non plus n a rien senti quand on le l ui a dit, mais on l a invite a poser sa main sur la vitre d une fenetre, et il l a sentie trembler.
Apres le dejeuner, nous retournons a l arret de bus et descendons sur la place principale de Coyoacan. Sauveur nous offre un cafe pour nous reveiller du coup de barre post-digestif.
Ce quartier a vraiment beaucoup de charme. On sent une vie artiste et boheme dans ces rues colorees bordees de palmiers.




Nous avons dejeuner tard, et le cafe nous prend aussi du temps. Lorsque nous arrivons devant la porte du Musee Frida Khalo, les horaires de visite sont passes. Il faudra revenir. Je previens d ailleurs Sauveur que pour ma part je compte occuper ma journee du lendemain avec la visite du musee d Anthropologie et des maisons de Khalo et de Trotsky. Sauveur propose de se joindre a moi. Nous grimpons dans le bus a la nuit tombee. Ca y est nous sommes bien fatigues, et avons envie d etre teletransportes a l hotel. Mais il nou sreste a revenir a la premiere correspondance et a terminer la boucle du premier bus. Decidemment c est une journee bien remplie ! Nous sommes dans nos pensees et maugreons regulierement contre les embouteillages monstrueux dans lesquels nous sommes pris. Il est 21h quand nous arrivons au zocalo. Nous nous quittons et je pars en quete d un casse-croute. Mais je decouvre qu a 21h tout est deja ferme ! Incroyable. Quelle difference avec le vendredi et le samedi soir ! Du dimanche au jeudi soir, les restos ferment tot, apres 20h30 on ne trouve plus rien sauf dans les grands restos ou a moins de faire des kilometres. Je me rabats donc sur la cuisine de l hotel. Puis je vais sur internet. J attends en lisant que l un des deux ordis soit libre. Un americain ecoute les infos a gauche, une francaise pianote sur facebook a droite. L americain tente par tous les moyens de faire la conversation alors qu elle ecrit des messages. Lorsque la francaise se leve. et alors qu elle met gentiment un terme a la discussion, je descends fumer une cigarette avec elle et lui pose quelques questions sur le Mexique. Elle repart demain matin. C est sa cinquieme visite dans ce pays, et elle cherche le moyen de venir s y installer. Le plus dur dans le projet semble de mettre un terme a certaines choses en France, ce a quoi elle n est pas encore tout a fait prete. On se separe, et je monte sur l ordi qu elle a libere. L americain se presente, et tres rapidement j apprends qu il voyage seul, qu il va bientot subir une operation serieuse pour ses genoux (il est en net surpoids), et que si je le souhaite on peut peut-etre discuter quand j aurai fini avec ce que je suis en train de faire sur internet. Je dis "Oui bien sur", mais je doute qu on discute car je suis venue ici pour ecrire sur le blog et quand je suis partie ca dure un moment, et rien ne peut me detourner de ma concentration dans ces cas-la.




En fait je ne comprends pas les gens qui vous parlent alors qu ils voient que vous etres en train d ecrire.. Ceci dit mon voisin a le tact de voir que je suis concentree et me laisse a ma concentration. Et pendant ce temps, il s endort devant les infos.... En quittant ma chaise, je lui touche l epaule pour le reveiller et lui suggerer d aller se coucher.
Le lendemain je me leve avec la grande forme pour une journee qui s annonce tres riche culturellement parlant ! J ai l intention, d abord, d aller avoir les peintures murales de Diego Rivera au Palacio national. Pas de chance, c est ferme aujourd hui. Les militaires devant la porte me disent qu aujourd hui le Palais est ferme au public. Je dois revenir apres-demain, donc, puisque le lendemain j ai l intention d aller demain voir les ruines de Teotihuacan. Avec Sauveur, puisqu il a decide de venir avec moi.
Je pars donc pour une nouvelle balade jusqu a midi, puisque je suis toujours sur l idee que Sauveur compte venir avec moi au Musee d Anthropologie.
Je remarque de nouvelles barrieres et du materiel depose sur le zocalo, et m approche d un policier pour savoir quel evenement est en preparation. Le foinctionnaire m explique que le montage de la patinoire geante a commence. Elle ouvrira le 1er decembre et tiendra dans toute la largeur du zocalo. Mince alors, mais c est immense ! Et je vais rater ca ! Quel dommage... Un sapin de Noel geant va egalement trouver sa place a cote de la bandera mexicana.
Lorsque je reviens a l hotel, je trouve un Sauveur fatigue et plus motive par le Musee. Il s est pris le chou avec ses voisins de dortoire cette nuit, il s est couche a peine arrive a son hotel, et n a pas envie de bouger aujourd hui. On va dejeuner ensemble puis on se separe sur la place. Je m apprete a traverser la rue pour aller prendre le metro, quand la police stoppe la circulation pour laisser passer un convoi de motards escortant des voitures aux vitres teintees. Les voitures font le tour de la place pour aller se garer sous les fenetres du Palacio national, drape de la bandera mexicana aujourd hui. Usant de mon stratageme habituel, je m approche d un policier et lui demande : c est le president ? Non, repond-il, le president du Quatar. Ah oui tiens, je viens de remarquer que le zocalo arbore les couleurs du Quatar.





Je serre les bretelles de mon sac a dos au plus pres de mon dos et descends les marches de l escalier conduisant au metro. Je trouve le metro mexicain tres moderne, avec ses expositions sur l art et l histoire, et meme tout un couloir dedie aux origines de la vie et son plafond obscur illumine par la representation des constallations. Ici les tickets de metro sont presque deux fois plus petits que les notres, on les introduit dans la machine qui ne nous les rend pas. Il n y a pas de controle dans les rames, car les policiers surveillent le passage aux tourniquets. Je serre mon sac contre moi et cherche a rester pres de monsieur et madame tout le monde, collant les mamans portant des bebes, pensant ainsi decourager les eventuels voleurs. Lors de ma nouvelle vadrouille dans le metreo deux jours plus tard je m apercevrais qu il y a des wagons reserves aux femmes et aux enfants. Leur acces est surveille par la police.
Les indications sont parfaites, il est impossible de se perdre, et les rames colorees sont bien plus fun et modernes que celles de New York.
Il me faut deux correspondances et trois quarts d heure au total pour arriver a la station Auditorium, puis un quart d heure de marche pour parvenir a l entree du Musee.
Je vais passer trois heures dans les salles qui regorgent de scultpures, poteries, steles, masques, reconstitutions de scenes de vie indigene. C est passionnant. Moi qui ne suis pas fan de musee, j adore les vieilles pierres, surtout lorsqu elles nous racontent une histoire et surtout lorsqu elles concernent les anciennes civilisations.
Je passe donc beaucoup de temps devant les statutes, les steles, les reconstitutions de scenes de vie indigene, un peu moins devant les poteries et bijoux... Je suis fascinee par l Atlante de 5 metres de haut. Je ne comprends rien au calendrier azteque mais c est tres impressionnant et je suis bien contente de le voir en vrai. Il y a aussi les sculptures tout aussi impressionnantes bien que morbide.... comme le jaguar qui a un air de personnage de BD, si on peut oublier le trou creuse dans son dos, qui recueillait le sang et les coeurs des sacrifies...
Il y a aussi l homme allonge appuye sur les coudes et que se tord le cou pour nous sourire... alors que lui aussi receuille dans le plateau que tendent ses mains les coeurs arraches...
Je m arrete longuement devant la veritable parure de chef tout en plumes d oiseaux, vertes et soyeuses. J essaye d imaginer le panache que devait donner cette coiffe... Le masque de jade est bien plus petit que je ne l imaginais. Alors que je contemple un enieme statue, une main se pose sur mon epaule. Je me retourne, et decouvre Patrick en face de moi ! Patrick, le backpacker suisse qui voyage en stop. Nous avons pris le bateau ensemble a La Paz ! Je le croyais en route pour l Argentine ou il doit aller bosser quelques temps grace a un copain. Il est en ce moment heberge chez une amie, non loin d ici. Il m apprend qu il s set fait voler son sac dans dans le metro il y a deux jours. Il y a laisse son telephone portable et sa carte de credit. Au moins il a toujours son passeport.
Je suis tres contente de le revoir et nous poursuivons la visite ensemble tout en papotant. C est lui qui me parle du tremblement de terre que je n ai pas senti. Moi je lui explique que s il se sent inhabituellement fatigue en montant les escaliers c est en raison de l altitude.
Nous passons presque une heure ensemble, avant de devoir nous separer. Je me suis engagee a diner avec sauveur ce soir, on est censes faire la cuisine puisque j ai prevenu sauveur que je mangerai mes pates ce soir et il s est propose d acheter de quoi faire de la sauce. Il est deja tard, je suis restee longtemps au musee, nous repartons donc et nous separons quand je dois prendre le metro.
J aurais finalement pu rester un peu boire un cafe avec Patrick car Sauveur, que j imagine en train de m attendre, n a pas trouve de quoi faire de la sauce et me propose d aller manger dehors. Bon. Apres tout vu les prix de la cuisine locale ca coute aussi cher de se cuisiner quelque chose que de maner une torta ou autre chose dans le meme style.
Ce soir-la je ne me couche pas trop tard, je veux etre en forme pour mon rendez-vous avec Teotihuacan, mon premier site archeologique precolombien ! Maman m a fait remarquer qu il y a beaucoup d allusions a l enfance, dans ce que j ecris. En effet, on ne peut pas dire que je sois ferue d histoire, et ce n est pas en me lisant qu on en apprendra davantage sur la faune, la flore, le contexte geopolitique et les particularites sociales des pays que je traverse. Et non. A la pproche de ma rencontre avec les pyramides de Teotihuacan, je fredonne la chanson des Cites d or et me rememore le plaisir que j avais a suivre les aventures d Esteban, tao et Zia dans ces paysages fabuleux.




Nous nous donnons rendez-vous au petit dejeuner avec Sauveur, comptant partir a 9h. Et a 9h le lendemain matin, nous sortons prendre le metro.





Nous arrivons a la station de bus du Nord, ou nous achetons nos tickets aller/retour pour 88 pesos. Il nous faudra quelques quarante-cinq minutes pour arriver sur le site, dont on ne voit rien tant qu on n a pas franchi les portes.
Les boutiques accueillent les touristes des la porte d entree, et les vendeurs ambulants nous sautent dessus. Ce qui ma agacent au plus haut point. Comment peuvent-ils s imaginer que notre premiere idee lorsqu on arrive est d acheter les babioleries "faites a la main", "travail artisanal", blablabla. Je repete a l envie : despues, despues... et file vers la citadelle qui se trouve devant nous.
Tres vite nous nous apercevons que Sauveur a beaucoup de mal a suivre. Ses genoux souffrent et il ne pourra pas monter sur les pyramides. Je suis ebahie par la grandeur du site. Tout la bas je vois deja beaucoup de gens sur la grande pyramide du soleil. Nous commencons par aller voir la citadelle, qui se trouve au plus pres de nous. Je monte sur la pateforme et prends conscience que les marches sont super raides. Une fois sur le plateau, on peut descendre aux pieds d un temple dedie a Qetzacoatl. On peut alors admirer des representations du serpent a plumes, du Dieu de la pluie et du Dieu de la mort tres bien conservees.
Je suis trop contente d etre la...
Nous nous separons assez rapidement et convenons d un rendez-vous pour repartir. Je pars le long de la voie des morts, et prends un enorme plaisir a immortaliser Nunu a Teotihuacan, et a m epromener dans les ruines des temples et demeures qui se dressent sur la droite et la gauche de l allee des morts.







Hard, la montee des marches !








Et puis enfin je gravis les marches de la pyramide du soleil - wahouuu, il faut du souffle et des jambes ! Mais que c est beau, la-haut...
Je reste un moment a admirer le paysage, puis redescends en faisant attention : c est plus dangereux que de monter !
Je veux me rendre sur la place qui s etend devant la pyramide de la lune. De part et d autre, des temples s elevent et j essaie d imaginer les ceremonies rituees pendant lesquelles les pretres officiaient tous au meme moment. Les escaliers de la pyramide de la lune sont encore pus raides et beaucoup de gens s aident de leurs mains pour ne pas basculer en arriere. Le point de vue sur le site depuis le sommet est encore plus beau.
Je savoure mon plaisir...
En redescendant, je vais voir les differents temples sur la droite, comportant des scuptures, fresques et steles, avant de tomber sur une autre serie de boutiques vendant toutes sortes de bijoux et objets on obsidienne, mais aussi les sculptures de jaguar dans lesquelles on souffle pour imiter le rugissement de l animal.
L heure avance, je commence a faire le trajet en sens inverse lorsque une averse se met a tomber. Il n y a rien pour s abriter, et le ciel est devenu d un coup uniformement gris.
Finalement c est un orage qui s abat bientot sur nous ! Je m abrite vaguement contre le mur d un temple et discute avec un vendeur le temps que la pluie se calme un peu, puis j avance, avant de m abriter encore quelques minutes a cote d un autre vendeur avec lequel je fais a nouveau a causette. Bizarrement, mon tshirt mettra du temps a etre tout a fait trempe. Tant mieux, mais je commence tout de meme a avoir froid. Je retrouve Sauveur a l entree du site, et nous avons la chance de ne pas attendre pour prendre le bus du retour pour Mexico city.
La nuit tombe lorsque nous rentrons. Ca fait du bien d etre au chaud.
Sauveur aimerait que nous poursuivions le voyage ensemble mais ses calculs pour faire coller nos trajets ne peuvent pas convenir, puisque je suis tout a fait indecise sur la suite de mon periple. Enfin si, je sais que je vais aller a Oaxaca, mais j aimerais reprendre le velo et suis iuncapable de dire combien de temps je mettrai pour arriver la-bas.

Donc pour l instant mes previsions sont de visiter demain la Maison - musee de Frida Khalo et la maison de Trotsky, puis d aller voir les fresques de Diego Rivera au Palacio national. Et de quitter Mexico city le jour suivant.
Je suis donc debout de bonne heure le lendemain pour aller prendre le metro une fois de plus. J arrive assez vite et tranquillement au Musee, contente de revenir dans le quartier de Coyoacan.

Je passe un tres bon et long moment dans chacun des deux musees. J avais achete un livre sur la vie de Frida Khalo a Paris, mais je n ai pas eu le temps de le lire avant de partir. Je ne suis pas specialement fan de peinture, mais cet esprit determine et la soif de vivre de Frida Khalo m interessent. Dans la chambre du bas, je ne peux m empecher de penser : dire que Trotsky a dormi ici...
J ai d ailleurs encore plus de paisir a decouvrir la maison de Trotsky. Une fois de plus, ca me renvoie a mes cours de russe de la 6eme a L´Institut des Langues O, a la lecture des livres de Gorki, Tolstoi, Pouchkine, Soljenitsine, qui faisaient partie de la bibliotheque de papa. Au Docteur Jivago, autre film eminemment familial. Bref, je ne suis pas en train de chercher a comprendre l histoire, je retourne en enfance dans cette maison.









Les fenetres donnant sur la rue principale sont murees, signe de la conscience qu avait Trostrky que sa vie etait menacee. Sur les murs de la chambre, on voit des traces de balles. J aime beaucoup les vieilles machines que je vois dans son bureau. Ancienne machine a ecrire, ancien dictaphone. Les vieux journaux, et, comme chez Frida Khalo, les livres des bibliotheques.
J ai passe la matinee dans ces deux musee. Je reprends le metro et retourne sur le zocalo pour me rendre ensuite au Palacionacional. En echange de son passeport, on obtient gratuitement l acces aux sites ouverts au public. Le palacio en soi ne m emeut pas plus que ca - il devrait, puisqu il est en partie constitue avec les peirres des anciennes pyramides ! Par contre je reste scotchee devant les fresques de Rivera, et notamment la plus grande, celle qui recouvre les murs de l escalier menant au premier etage. C est magnifique. Je le voudrais en puzzle !
Les fresques de Rivera representent l histoire du Mexique. Sur celle de l escalier, on peut y trouver aussi bien des scenes de vie des indigenes, des scenes de la conquete espagnole, de la conversion des indiens, mais aussi de la revolution plus contemporaine. Je cherche et trouve les portraits de Frida Khalo et de sa soeur parmi les nombreux personnages representes. On pourrait rester des heures devant ces fresques pour en contempler les details.
En dehors de l escalier, les fresques recouvrent plusieurs pans de mur du Palacio. Entre ces differents tableaux, on peut entrer dans plusieurs pieces pour y decouvrir les premieres constitutions de la Republique du Mexique, l ancienne salle de reunion du parlement, ou encore une collection de masques. Depuis que je frequente les musees mexicains, je suis surprise par la naivete de certaines sculptures, de certains masques, et du rapport des indigenes - encore aujourd hui - a la vie animale. En tout cas aujourd hui encore la culture mexicaine fait perdurer de nombreuses danses et ceremonies avec des masques representant diverses divinites.









Le jardin du palais presente quelques belles especes d arbres et de fleurs. D ailleurs je fais de plus en plus attention aux differentes especes d oiseaux, d arbres et de fleurs que je vois sur mon chemin. Si au depart je remarquais surtout les rapaces et pretais moins d attention aux petits oiseaux, je decouvre maintenant plein d especes tres colorees, que je n ai jamais vues auparavant. Ide pour les arbres.
Il est temps que je rentre, j ai les jambes bien fatiguees entre les grimpettes d hier et le pietinement dans les musees aujourd hui. Je retourne a l hotel, ou Sauveur est sur l ordinateur. Je m installe moi aussi sur un poste pour avancer un peu sur le blog et verifier encore l itineraire pour le lendemain. Je compte sortir de Mexico en bus, descendre a Puebla et peut-etre poursuivre le jour meme, en direction d Oaxaca. Plus de 300 kms a parcourir. C est peu et beaucoup a la fois. Peu, mais beaucoup pour le faible motivation que j ai en ce moment a pedaler.





Nous sortons diner un peu tard, enfin a un eheure tout a fait raisonnable mais a 21h, en semaine, dans les rues du centre historique de Mexico, tout est ferme ! C est incroyable comme il faut s eloigner ou galerer pour trouver quelque chose a manger passer 21h. Lorsque nous revenons vers l hotel, des danseurs indiens animent la soiree sur le cote de la cathedrale. C est tres elegant Ils n arretent pas de sautiller au rythme des battements de tambours, mais les mouvements sont tres lies et l ensemble donne un effet vraiment souple et gracieux.
Pres des ordinateurs, je retrouve mon americain du premier jour, qui me demande si nous pouvons echanger nos mails et nous ecrire par la suite - sachant qu il m a demande avant si j etais mariee. Je lui reponds non... et non.
Je retrouve Sauveur au petit dejeuner le lendemain. Lui reste encore deux ou trois jours. Il compte ensuite se rendre a Oaxaca. Qui sait, on s y reverra peut-etre.
A 9h15, je monte sur mon velo et prends la direction de la station de bus Oriente, d ou partent les bus pour le sud. Il ne me faut qu une demi heure pour y arriver tranquillement, et je prends un billet pour 10h. J arriverai tot puisqu il n y a qu une heure et demi de trajet.
Comme c est facile au Mexique de voyager en bus avec un velo ! Rien a voir avec les Etats-Unis. C est simple, aux USA il faut mettre le velo dans un carton special qu il faut donc acheter, et puis il faut aussi payer pour la main doeuvre ( c est a dire pour qu un employe mette le velo dans le bus, en resume). AU Mexique, on ne paie aucun supplement, et on fait rentrer le velo tout droit dans la soute en deux secondes trente. Peut-etre que les employes mexicains devraient aller former les employes americains...
Je ne suis pas mecontente de quitter la metropole tentaculaire de Mexico, bien que je m y sois bien plu. Par la fenetre j apercois bientot le majestueux volcan Popocatepetl. Ce volcan est toujours en activite mais on me dit qu il n est pas dangereux... Mouais. Un filet de fumee sort de son sommet pointu.
Alors que j arrive dans Puebla, je me rends compte que la ville est bien plus grande que je ne le soupconnais. Et ce que j en vois me donne envie d en voir plus ! Je descends donc du bus, recupere mon velo, monte et descends les rampes pour sortir de la gare, et prends la direction du centre ville. Et en effet les jolis batiments coloniaux, recouverts pour beaucoup de motifs en ceramique, se succedent dans les differentes rues tres animees du centre.
Plus j approche du coeur de la ville plus c est mignon. En meme temps je dois dire que je m attendais un peu a autre chose de l architecture mexicaine. Ces villes coloniales se ressemblent un peu toutes et regorgent d eglises toujours tres frequentees. Puebla est visiblement tres touristique, et c est le debut du week-end donc tout le monde est dehors. C est tres agreable de se balader au milieu des mexicains qui ont l air d etre les premiers a savourer les animations dans les rues et sur les places. Le zocalo est ombrage et deja decore pour Noel.




Je trouve un hostal et reserve directement pour deux nuits car j ai envie de prendre le temps de me promener a loisir. Et je sors donc respirer le parfum de legerete de Puebla, qui me surprend agreablement. La place est tres animee. Ce week-end, les artistes vont se succeder ; danseurs, clowns, conteurs, equilibristes, jongleurs. Un programme est affiche sur une grande bache en plastique, il y en aura pour deux jours pleins, voila une bonne nouvelle ! Une fois de plus je passe devant une eglise devant laquelle se presse une foule de mexicains bien habilles. Bapteme ? Mariage ? Cette fois-ci je ne rentre pas pour savoir, je reste dehorspour ecouter les deux musiciens habilles de pagnes et plumes pour nous jouer des airs a la flute de pan. Et c est completement idiot, mais entendre ici El condor pasa, joue par des indigenes en Amerique centrale, et bien ca a tout de suite un autre charme que dans la station de metro du Chatelet a Paris ! C est beau...




10 decembre 2015
Trois skype en une semaine, voila qui redonne du peps ! Mag, ca m a fait trop plaisir de te parler apres tout ce temps ! Puis Isa et Julien, que c etait bon de rire avec vous ! Et Julie aujourd hui, enfin, apres deux tentatives infructueuses notamment celle en Espagne ou j ai du ecouter l annonce de ta grossesse en live sans pouvoir te repondre car tu ne m entendais pas !! C est tout bete, mais ces contacts me donnent de l energie . Bien que ce soit frustrant en meme temps, car j aimerais pouvoir passer plus de temps "en vrai" avec chacun d entre vous.
Et en plus je recois une photo et un message des copains de la fede a la veille du congres, trop bien ! C est tout de meme un sentiment etrange. J aimerais etre avec eux. Toujours cette impression de louper un truc. En meme temps, une partie de moi n est pas mecontente de ne pas y etre. Villefranche, c est - en dehors des raisons personnelles qui ont fait de ce congres un des plus durs que j ai eu a supporter - mon dernier souvenir de Betty. Et de Michel Rocolle. J ai dit au revoir a Betty sur le quai de la gare, je suis partie prendre l avion pour la Thailande. Je ne l ai plus jamais revue. Et son image est toujours bien present dans ma memoire. .
Tout ca, c etait une autre vie.
En tout cas ca fait du bien de pouvor rire et se confier a ses amis et sa famille.. J en avais besoin, en ce moment ou je suis en manque de tout ca. Entre ces echanges (et avec mon Pascalou aussi, j ai failli l oublier !) et la chaleur humaine de Gladys, la patronne de l auberge de jeunesse dans laquelle je travaille benevolement depuis une semaine bientot, je suis plutot gatee en ce moment. Cette femme est tres touchante. Elle a le coeur sur la main, et son parcours de vie est impressionnant. C est tout juste ce dont j avais besoin. Mais j anticipe un peu, revenons a Puebla...
Au fait, petit message a tous les copains : arretez de vous marier et d avoir des enfants en mon absence !! C est penible, a la fin...Et il se pourrait que je ne rentre qu en aout 2016. Un peu de patience dans vos projets, donc, please...
Les mexicains sont tout le temps en train de balayer les trottoirs, leurs maisons, la rue... Je vois meme a Puebla un homme nettoyer l interieur d une fontaine de pierres, sur une place publique. Des maniaques de la proprete ! J apprecie de pouvoir me balader le nez en l air sans trop me soucier de la circulation. Ici les rues sont la plupart du temps a sens unique, et les gens conduisent doucement car les rues sont etroites. On n est vraiment pas oppresse par le trafic.
La journee qui suit mon arrivee, je fais le tour des petits marches artisanaux et marches aux puces sur lesquels on tombe un peu partout. J aime beaucoup les couleurs vives qui recouvrent les maisons et donnent beaucoup de charme aux petites places. En revenant vers le zocalo, j entends une voix feminine haranguer la foule. Je m approche. Manif politique ? Non, grande messe a ciel ouvert. Une estrade a ete montee sur la place. Les officiants se passent le micro et diffusent leur message de paix et d amour sur un air de piano electrique joue par un musicien aux pieds de l estrade.




Le pianiste ne cesse jamais de jouer. Ses notes suivent les intonations des orateurs, tantot douces et larmoyantes, tantot tres appuyes et presque menacantes. Les gens levent la main vers le ciel et ferment les yeux, repetant certraines paroles. Un des orateurs se met a prier longuement, et termine en larmes, interrompu par sa collegue qui lui tapote le dos pour qu il se reprenne., L orateur suivant invite tout le monde a s agenouiller. Certains ont le front contre le sol. Un jeune homme essaie de faire allonger son chien... qui a trop envie de jouer pour que ca fonctionne ! Un copain vient s occuper du chien pour que l jeune homme puisse prier tranquillement.
Et puis la premiere femme presente l orateur superstar du jour. Jusqu ici, je suis restee pour observer. Et j ai observe, entre autre, que je suis toujours sensible a l emotion collective. Je ne suis pas croyante, pourtant dans cette foule je suis prise par la ferveur des gens et par la musique, ca me prend aux tripes. Ca s arretera des que je m eloignerai, mais tant que j suis la je suis happee par l emotion palpable autour de moi. Et puis le pasteur super star arrive. Et la, patatras. Oh ca devait surement etre tres beau et tres touchant, mais le sourir du pasteur superstar a casse l ambiance, enfin pour moi. J ai du mal avec les precheurs superstars. Pourtant il parait que mon grand-pere en etait un. Enfin si on veut. Petite-fille de pasteur superstar, d un cote c etait un peu la classe... Bref, je m eloigne du sujet. En fait c est pas ca. C est son air satisfait de lui-meme qui m a braquee, a Puebla.Et puis le voila qui s est mis a nous raconter, main dans la poche negligeamment, que cette annee lui et son epouse fetent leur 30 ans de mariage.. Des alleluia ont retenti un peu partout et l epouse du pasteur a leve la main depuis "la fosse" pour faire coucou a son epoux super star, et tout le monde a applaudi bien sur. On a eu de la guimauve pendant 10 bonnes minutes, avant que la superstar evoque je ne sais plus quel epitre de Paul pour demarrer son sermont. Alors je suis partie. J ai fait le tour de la foule et j ai ete voir ce qu il y avait sous les tentes dressees a cote. Je suis tombee sur Blanche neige et les sept nains qui se faisaient prendre en photo avec un touriste. Autre ambiance.... Ici, les associations d aide aux personnes handicapees proposaient informations et explications sur les besoins et leurs differents moyens d action.




Je poursuis ma balade pour aller voir d autres jolis batiments de la ville, notamment le vieux theatre et le beau quartier dedie a la culture mexicaine, ou je flane parmi les boutiques des artisans pour trouver un cadeau pour ma niece. J aimerais lui envoyer une tenue complete d Esmeralda mexicaine mais je ne trouve pas de vetements assez bien finis a mon gout. Je finis par prendre un jupe avec des motifs colores, puis tombe un peu plus loin sur une petite grand-mere toute ridee avec qui je n essaie meme pas de negocier les tarifs des coliers et bracelets assortis. Puis je retourne sur le zocalo car les spectacles ont commence, avec des clowns et des jongleurs. C est drole et populaire, plusieurs artistes se produisent en meme temps et de nombreux programmes sont dedies aux enfants qui sont a fond. A la nuit tombee, les danseurs prennent le relais. Les hommes sont tres sautillants, tandis que les femmes font tournoyer leurs longues robes dans les airs. Le public est ravi, et moi aussi !
Je quitte momentanement les festivites pour m aventurer dans la venue du 5 mai qui est bondee de mexicains venus faire les boutiques, manger des tacos devant les roulottes installees sur le trottoir, ou papillonner autour des stands de decorations de Noel et de patisseries tres riches, roses, vertes, blanches. La chapelle du Rosaire est encore ouverte, j entre pour voir a quoi ressemble cette capilla dont on me dit qu elle est unique au monde. De la porte d entree, je decouvre en effet une decoration toute en or scintillant recouvrant les murs et le plafond. Au centre, la statue de la vierge. C est magnifique en effet. Une messe est en train d etre celebree, les touristes doivent attendre dix minutes pour pouvoir avancer plus pres. Alors que je patiente en detaillant les motifs de la chapelle, un homme d une quarantaine d annees s approche, conduisant une poussette devant lui. Il s enquiert de ma nationalite et me souhaite la bienvenue. Il m explique que son frere est cure, et que ce soir la famille s est reunie pour feter Noel. Mais Noel c est dans deux semaines, lui dis-je. Oui mais nous vivons tous a des endroits differents au Mexique et il n est pas simple de trouver une date commune pour se voir. Du coup mon frere va celebrer pour nous la messe de Noel ce soir. Et il ajoute que si je suis catholique et souhaite assister a la messe, je suis la bienvenue. Je trouve cette invitation tres sympathique de sa part, mais je decline car je n ai pas specialement envie d assister a une messe catholique. Je retourne donc flaner et profiter des spectacles avant de rentrer pas trop tard, car le lendemain je pars en velo en direction d Oaxaca.




11 decembre 2015
Les copains de la fede m envoient des photos du congres, et je suis trop contente de voir leurs bouilles ! Ca fait si longtemps ! C est tres etrange de les savoir en congres, j ai plein de souvenirs qui reviennent en memoire. Ces petits messages me donnent le sourire ! Demain soir j espere reussir un skype avec Stanou et les jeunes de SoLeader. J ai du mal a croire qu un an est deja passe depuis le moment ou on faisait le flashmob au diner du congres ! Le sweat SoLeader around the world m accompagne toujours, et j en suis tres fiere.
C est bon de voir les visages des amis... Qu est-ce que ca me fera plaisir de les revoir en vrai !






Je suis prete de bonne heure, et apres un bon petit dejeuner je charge le velo et mets le cap sur Oaxaca. Enfin je tente de trouver mon chemin pour quitter la ville. Mais j erre dans des culs de sacs en pensant prendre des raccourcis ! Alors que je check mon GPS, Adriano, 22 ans, s approche et me demande s il peut m aider. Lui-meme est cycliste et part presque tous les dimanches en balade avec ses copains sur son velo. Il me propose de me preceder pour m ouvrir la voie, je l en remercie tres chaleureusement. Je n ai pas specialement besoin d une escorte mais c est si gentiment propose !
En revenant avec son velo (un fix, super beau et tout leger en carbone), Adriano me demande si j ai du temps devant moi. Oh bah oui, j ai tout mon temps ! Alors il m emmene voir deux eglises originales et le fort situe sur les hauteurs de la ville. Galamment, il me propose d echanger nos velos pour que je ne me fatigue pas a monter la cote. Je refuse, mais j arrive completement essoufflee en haut de la colline !





La premiere eglise a une forme conique et un revetement en beton arme tres moche de l exterieur. Par contre l interieur est tres elegant. La seconde est une tentative de reproduction de la grotte de Lourdes, et le fait est qu on a l impression de penetrer dans une petite grotte en entrant. C est mignon. En arrivant au fort, je decouvre une jolie vue sur le volcan Popocatepetl. Un filet de fumee s echappe de son sommet. Adriano me raconte la legende de Popocatepetl, guerrier azteque amoureux d'une princesse nommée Ixtaccíhuatl. Suite aux manigances du pere de la princesse, les deux amants sont morts de chagrin. Les dieux, dans leur magnanimite, les ont reunis apres la mort : Popocatepetl desormais est le volcan, et la princesse Ixtaccíhuatl dort a ses cotes sur la montagne (en effet les reliefs de la montagne qui cotoient le volcan ont la forme d un corps allonge).
Nous visitons le musee du fort en discutant. Adrian a encore trois ans d etudes a finir en ingenierie, avant de chercher du travail. Il me revele qu il souhaite un jour partir voyager en velo. Je lui donne mon nom sur facebook et lui dis : si tu pars un jour, meme dans 10 ans, et que tu veux passer a Paris, contacte moi !
L heure avance, il est temps que je me mette en route. Adrian m accomagne jusqu a la sortie de la ville, sur la nationale qui file vers Tehuacan. Avant de faire demi-tour, il sort de sa poche un porte clef en forme de velo bleu. Je le serre dans mes bras et lui fais de grands signes d adieux, avant de prendre la direction de Tehuacan.




La nationale est chargee, mais rouler sur le cote n est pas trop desagreable. Il est deja midi, je ne sais pas jusqu ou je vais aller aujourd hui. Tehuacan me parait trop loin pour la journee. Le decor est tres citadin, les garages et boutiques de poteries s etalent tout le long de la route entre deux villes. Je me retourne souvent pour admirer le volcan. Le Popocatepetl est derriere moi, mais un autre se dresse en ligne de mire la bas droit devant, et son sommet est enneige.
Lorsque j aborde des petites villes, je passe souvent devant les nains ou les renes du pere Noel ! Des camions sont gares sur le bas cotes, et des ouvriers deballent sapins, Pere Noel, faons couches, lutins, renes, sculptes dans la pierre. Les personnages sont installes tout le long de la route pour attirer le client. Je suis suprirse par le nombre d articles et de boutiques dediees a 100% aux decorations de Noel, depuis Mexico city. A Mexico City des rues entieres etaient remplies de ces boutiques. A Puebla j ai vu de nombreuses boutiques aussi. Celles qui vendent les guirlandes lumineuses et musicales sont les pires !
Comme les vendeurs les allument toutes en meme temps pour la demonstration, c est une veritable cacophonie de vive le vent et de petit papa noel qui vous harcele jusqu a ce que vous soyez a un bon 200 metres de distance !
La route ne traverse pas les villes, elle les longe. De temps en temps sur la droite ou sur la gauche des portes en pierres colorees donnent sur de petites rues partant vers le centre ville. En cette periode de veille de fete, ces rues s habillent de drapeaux multicolorent.
12 decembre 2015
Trop trop trop contente d avoir pu faire un skype en direct du congres ! Comme c est bon de voir les visages des gens ! En meme temps c est bizarre ca me ramene a ma vie d avant. Mon coeur a recharge les batteries cette semaine, je suis gatee, j ai pu voir pleins de gens que j aime !
Les copains de la fede sont en train de s amuser au congres, moi je vais sortir voir la procession puisqu aujourd hui est jour de fete nationale au Mexique. Des processions viennent de partout et convergent vers la chapelle de la Guadalupe. Depuis ce matin des salves sont tirees dans tous les sens et a chaque minute ! Je ais aller voir les deguisements et les chants. A la tombee de la nuit les processions continueront au flambeau. Allez zou allons voir tout ca, gonflee par les sourires des copains !


...
Presque une semaine est passee depuis ce skype, a l heure ou je reprends le fil de la narration mexicaine (apres m etre consacree a rattraper presque tout mon retard pour le Canada et la 2eme partie des Etats-Unis).
J apprendrai, dans les jours qui suivront ce skype avec la fede, que Stan et Elodie, pendant que nous etions en train de parler ensemble, faisaient signe a mes amis de la fede qui passaient par la de venir jeter un oeil. C est comme ca que j ai eu le plaisir non programme de voir les visages et d entendre des personnes qui me sont cheres, dont certains sont desormais des amis. C etait drole de les voir autant surpris que moi derriere l ecran !
Beaucoup d emotion de mon cote, et de frustration aussi car la promiscuite d un cyber n est pas l ambiance ideale pour pouvoir donner libre cours a mon emotion ni raconter ce que j aurais eu envie de partager. Mais j aime a croire que pour certains, le simpe echange d un sourire en live a suffi a transmettre l amitie sincere....
Evidemment il y a des visages que j aurais voulu voir et qui ne sont pas apparus sur l ecran, faute de timing adequat... plaisir reporte...

Christine : "tiens regarde j ai gagne un panier garni !"
Bon, il est temps de revenir a la route entre Puebla et Tehuacan...

28 decembre 2015
Bon, finalement j ai consacre mon temps, depuis deux semaines, a poursuivre le chapitre Etats-Unis 2eme partie, et puis aussi a feter Noel ici a San Cristobal, donc cote Mexique je suis toujours - sur ce blog - quelque part entre Puebla et Tehuacan.
Je me souviendrai longtemps de mon Noel mexicain ! Mais j y reviendrai en temps et en heure.
Aujourd hui, une bonne nouvelle et une moitie de mauvaise.
La bonne, c est mon cousin Etienne, qui songe serieusement a me rejoindre. Et ca, ce serait juste genial ! La decision n est pas facile pour lui, en tout cas egoistement je reagis en sautant de joie par anticipation et suis deja tres contente qu il en ait eu l idee. J adore l idee qu on vive cette experience tous les deux. Je crois que la premiere fois qu on l a evoquee on devait avoir 20 ans de moins, ou 10 , je ne sais plus...
La moitie de mauvaise nouvelle me rend encore plus libre aujourd hui qu au debut de mon voyage, puisqu une reponse de Paris a confirme mes soupcons sur le fait qu il y avait baleine sous cailloux de l autre cote de l Atlantique. Moitue de mauvaise nouvelle seulement, parce que le scenario n est pas nouveau et que c est le contraire qui m aurait etonnee. J y etais donc preparee depuis le depart. Je sais depuis longtemps et malgre les replays que nous n avons pas d avenir commun autre qu amical. (ce qui est deja top, mais le probleme c est qu on a toujours eu du mal a mettre une frontiere entre les deux types de relation). Alors je m autorise un jour de tristesse et d amertume (tiens si j avais su plus tot je n aurai pas expedie ma derniere lettre, pffff !) parce que tout de meme, on a beau etre prepare, merde, ca laisse un vide. Mais demain est un autre jour. Encore une fois, je ne suis pas partie pour me morfondre. Je comptais d ailleurs sur ce voyage pour m aider a prendre definitivement mon envol. Et je suis plutot contente de la maniere dont j ai vecu ces dix premiers mois, sans m empecher de ressentir les emotions fortes. qui ont pu m atteindre ici et la. Et j ai bien l intention de continuer comme ca.
Moitie mauvaise egalement parce que mes reflexions sur le retour me portent a envisager tres serieusement de quitter la region parisienne. Mon coeur balance entre l option Marrakech et l option sud de la France ou encore ailleurs. La lettre envoyee recemment a Paris contenait d ailleurs ces mots : "si tu n etais pas la, je n hesiterais pas une seconde, je quitterais Paris". Tel quel. Bon et bien voila. La vie a decide pour moi. Depuis mon depart, je fais, pour une fois, mes choix en fonction de ce dont j ai vraiment envie, moi et moi seule. Pas pour faire plaisir a quelqu un ou pour me conformer a ce qu on attendrait de moi. Et je vois bien qu il n y a pas de meilleure maniere de faire. Je compte donc m ecouter et continuer a suivre ce que me disent mon coeur et mon instinct.
2 janvier 2016
Chaque petit village a son eglise au clocher carre ou pointu s elevant vers le ciel. De ces clochers partent de longues guirlandes de drapeaux mullticolores, fixees au sol par l autre bout. Le volcan m accompagne, sur ma gauche. Mais plus j avance plus sa couleur devient pale et je finis par ne plus apercevoir que le sommet enneige. Le reste se confond avec le ciel. Entre les villages, la route est bordee de champs. Au loin les montagnes m entourent. Cependant la route slalomera entre ces montagnes et je ne devrais pas trop souffrir avant un moment. Par contre quelle chaleur ! J ai les levres super seches et ma peau est poussiereuse.
En fin de journee, je decide de m arreter a Tlacotepec de Benito Juarez. J ai pas mal roule, compte tenu du fait que je ne suis partie qu a 11h passees. Tlacotepec ressemble a toutes ces petites villes traversees par la nationale. J y trouve le zocalo aussi carre que dans les autres villes, avec son eglise, ses bancs, son kiosque et ses arbres. Mon hostal ne paie pas de mine mais pour une nuit je m en fiche. J ai un peu l impression d etre chez les gens car les enfants jouents sur les carreaux de l accueil et un rideau separe l entree de la cuisine du couple de proprietaires. Je vais faire vite fait un tour en ville car il est deja tard et il fait bien froid ici ce soir. Puis je rentre me mettre au chaud, non sans avoir admire les etoiles et la petite ourse sur la terrasse.
Il fait encore frais quand je me mets en route le lendemain, mais je me rechauffe vite au soleil. J arrive rapidement a Tehuacan.
Il est 11h du matin quand j entre dans cette grande ville. Alors que j ai pas trop mal roule, plus j approchais de cette ville plus mon esprit a commence a imaginer un arret ici et la poursuite du trajet en bus jusqu a Oaxaca. Je ne sais pas trop pourquoi. Si ce n est que je realise que le Mexique est vraiment grand, que j envisage toujours de travailler comme volontaire a San Cristobal de las Casas, que j en suis encore loin, et que je n ai pas envie de passer trois mois au Mexique. En velo je ne suis pas rapide, et les Chiapas c est la montagne. Si je veux raccourcir la duree du sejour ici, j ai donc l option bus.
Je passe devant la station ADO de Tehuacan, et m y arrete pour voir les tarifs et les horaires. Je peux etre a Oaxaca a 16h. Bon, et bien c est decide je prends le bus. Celui-ci part dans une heure et demi, je vais me balader puis retourne m asseoir a la station en attendant le depart.




Un petit couple de personnes agees vient s asseoir a cote de moi. Ils transportent une quarantaine de chapeaux mexicains blancs visses les uns sur les autres, et tenus par une ficelle. C est le mari qui est assis tout de suite a ma droite. Il me propose des cacahuetes dans un petit sachet plastique. Nous commencons a faire connaissance. Mon espagnol est tres hesitant. Si je comprends a peu pres bien, j ai vraiment encore beaucoup de mal a parler. J arrive cependant a lui expliquer d ou je viens, ou je vais, et a lui dire ma frustration de ne pas reussir pour l instant a avoir de grandes conversations en espagnol. Il parle doucement et gentiment et son sourire est aussi bon que celui d un gentil grand-pere. Sa femme parle moins mais me sourit tout autant. Je leur montre sur une carte ou je vais, ils me montrent ou ils habitent. Ils sont venus a Tehuacan pour acheter des marchandises pour leur boutique. Je suis etonnee qu ils travaillent encore a leur age... Ils m expliquent que bientot le Mexique sera en fete pour la Vierge de Guadalupe. Je dois donc m attendre a voir beaucoup de processions aux alentours du 12 decembre.
Alors que nous parlons religion, j apprends qu ils sont adventistes. Je ne sais plus, d ailleurs, dans quelle ville j ai apercu une eglise adventiste. En tout cas ils me prodiguent eux aussi moultes conseils sans pour autant etre alarmistes, quant a la suite de mon parcours. Mon bus est annonce, je dois donc les quitter prematurement mais quel bon moment passe avec eux !
Et me voila dans le bus pour trois heures de route. Le paysage est absolument magnifique. Rapidement, les montagnes apparaissent et je suis scotchee devant la vitre du bus en decouvrant ces reliefs majestueux, impressionnants. Je n ai presque pas de regrets a ne pas avoir fait la route en velo. C est vrai que j aurais ete heureuse de rouler dans ce panorama, mais d un autre cote je n avais pas envie de mettre deux jours de plus pour rejoindre Oaxaca.
En tout cas ce paysage m emerveille et je ressens cette sensation toujours aussi intense d etre pleinement heureuse d etre la, en ce moment, pour voir ca.
J y arrive en milieu d apres-midi, et decouvre une ville tres coloree et chaude.
Je me perds un peu pour trouver la rue de mon auberge de jeunesse (c etait pourtant quasiment tout droit depuis la station de bus...). Il fait une chaleur cuisante, les couleurs des maisons sont vives et la ville me plait d emblee.Je remarque sur beaucoup de murs une couleur une couleur de pierre vert pale qui donne un cachet particulier aux batiments coloniaux, Je sens tout de suite qu Oaxaca est une ville detendue ou il fait bon vivre. Il n en faut pas plus pour me redonner la peche et le sourire.
Je trouve l auberge et m installe dans le dortoir. Apres avoir fait connaissance avec quelques uns des guests dont deux francais, je pars faire un tour alors que la nuit vient de tomber. Premiere a droite et tout droit pendant "4 cuadros" (comme ils disent ici), et me voila sur le zocalo anime par de nombreux groupes musicaux differents,. Il y en a pour otuts les styles. Depuis l espece de xylophone geant en bois jusqu au mariachis et aux choeurs d hommes que j aime tout particulierement.












Je fais le tour de la place illuminee, prenant le temps d ecouter les musiciens, savourant la tranquilite de la soiree et la beaute de la facade de l eglise C est fou, tout de meme, a quel point toutes les places se ressemblent, Toutes construites sur le meme schema. Les vendeurs ambulants de bijoux, de sacs, de ceintures en cuir et de sculptures d animaux font le tour de la place, s arretant a chaque table. Les rabatteurs des agences de voyage presentent des cahiers plastifies ouverts sur les photos des cascades, promenandes a cheval et visites des ruines a faire dans la region. Je suis impatiente d aller voir Monte Alban et je prevois de me lever tot demain matin pour prendre le bus et y passer la matinee.
Je grignote un morceau de pizza en flanant puis rentre a l auberge et retrouve mes deux francais. L un des deux a roule sa bosse en Amerique, il doit avoir la petite cinquantaine et travaille dans la restauration. Il me raconte ses differentes experiences aux Etats-Unis (il a aussi bien vecu dans une ville perdue du nord du Dakota qu a San Francisco ou dans le Texas, et a voyage quasiment dans toute l Amerique centrale et du sud). Il n a pas remis les pieds en France depuis 16 ans. J ecoute avec plaisir ses conseils et son ressenti sur les differents ´pays. Et decouvre qu une fois de plus, ceux qui l ont le plus marque humainement parlant sont ceux reputes "dangereux".





Je pars me coucher toute excitee a l idee d aller a Monte Alban demain.
Et me reveille a 6h30 pour prendre mon petit dej au soileil sur la terrasse avant de filer a la station de bus. J ai rate de peu le bus de 8h30. Il me faut attendre celui de 9h30. Je vais faire un tour et achete des enveloppes pour emvoyer mes lettres avant de revenir vers l agence et de monter dans le colectivo de 9h30 avec 8 autres touristes. Direction Monte Alban. Nous quittons le centre ville et la route commence a grimper dans la montagne par une route etroite bordee de maisons tres pauvres.
Ca monte severement. Le colectivo est poussif. Il fait tres chaud. Je regarde les gens en vetements tres simples et les chiens errants marcher le long de la route. Je trouve les mexicains tres prevenants avec leurs enfants. La route est ombragee mais les flancs de la montagne sont plutot ras. J ai l impression de voir plein d espaces d arbres differentes, que je nai jamais vus encore. Je ne suis pas foutue de leur donner un nom mais les couleurs des fleurs me ravissent.








Parvenu a la moite du chemin, le bus prend un virage serre et passe a deux a l heure sur un enorme trou. La route est en travaux, ce n est pas pour autant qu on ne circule pas. C est normal... Puis il faut prendre de l elan car la pente s accentue et j admire la resistance de ces moteurs ! Nous arrivons enfin au terme de cette escalade, et le colectivo nous arrete sous les pins, aux pieds des escaliers de piere qui conduisent a l entree du site de Monte Alban. Les venderus de scultpures et bijous en jade et et obsidienne nous attendent et nous interpellent sans grande conviction. Je grimpe avec enthousiasme les marches jusqu a l entree, achete mon billet et commence par faire un tour dans le Musee qui presente des objets (steles, jarres, masques, morceaux de murs, etc) trouves lors des fouilles. Puis je fonce vers les ruines et constate avec un immense plaisir que d une part le temps est magnifique (le soleil est d ailleurs un peu trop eclatant pour les photos !) et que d autre part il y a tres peu de touristes en vue.

Autour de moi la vegetation seche et relativement rare, sur le sommet de ce promontoir aplani par les olmeques, permet une vue imprenable sur les montagnes s elevant de tous cotes. Cette vision degagee et la sensation d etre seule dans ma decouverte du site dans u nsilence a peine trouble par les chants des oiseaux me galvanisent. Pour un peu, en apercevant les premieres pierres des temples, je me sens dans la peau d un de ces expolorateurs qui ont mis ces ruines au jour, en Amerique centrale et du sud. C est vraiment agreable et je suis heureuse comme tout d etre ici. Le site est moins grand que Teotihuacan mais bien moins frequente et beaucoup plus tranquille.
La plupart des touristes sont partis directement vers la plateforme nord, celle d ou l on a le point de vue dominant. Du coup je choisis de faire le parcours dans le sens inverse pour preserver ma solitude.
Je passe pres de trois heures a me promener et me regale du spectacle des ruines et des montagnes environnantes. Les marches des temples sont tres raides cette fois encore. Je m asseois un moment pour admirer le paysage et savourer mon bonheur d etre ici, lorsqu un vendeur dont j ai decline les propositions une demi heure plus tot s approche et vient s asseoir a cote de moi. Sous le soleil, nous nous mettons a discuter d autre chose que du prix de ses sculptures. Il habite le village en bas, Cuilapam de Guerrero. Me voyant lire le guide du routard, il se montre curieux de voir ce que le livre contient sur le site. Je lui montre le plan du site et les explications concernant chaque parcelles. Il ne comprend pas le francais ni l anglais, mais il admire le plan... A son tour il me montre une fois de plus les animaux sculptes qu il voulait me vendre tout a l heure, mais cette fois pour m expliquer leur rapport avec les azteques et leur importance dans les rites ou bien tout simplement dans l alimention des populations.
Il m emmene voir un autre point de vue sur les villages dans la vallee, avant de me serrer la main en me souhaitant bon voyage, pour retourner un peu plus bas sur les marches du temple ou il va attendre les prochains touristes.
Je passerai aussi un bon moment toute seule au sommet de la plateforme nord. La vue est magnifique. Je sors un stylo et du papier pour ecrire cette fameuse lettre que je regretterais un mois plus tard d avoir ecrite pour l envoyer a Paris ! Mais bon, ceci mis a part, c etait tout de meme un petit moment de grace, je dois bien l avouer.
Apres trois heures de balades, donc, je redescends et vais attendre le colectivo pour le retour. La chaleur est impressionnante. De retour dans le centre historique d Oaxaca, je passe le reste de l apres-midi a me perdre dans les petites rues en admirant les couleurs rendues super vives par ce soleil qui brille de tous ses feux. Je decouvre des rues pietonnes super mingonnes et tres frequentees.. En fin d apres-midi, alors que je sors d une boutique sur l andelatador, je tombe nez a nez avec.. Patrick ! Mon copain suisse rencontre sur le bateau en partance de La Paz ! Je le croyais deja a San Cristobal, mais il m apprend qu il est la depuis deux jours et prends le bus ce soir pour San Cristobal de Las Casas - ma prochaine etape.








Patrick ouvre grand ses bras et nous nous embrassons en riant. Cette fois, il est accompagne d une allemande qu il a rencontree dans l hotel ou il loge. J ai oublie son prenom, mais quoi qu il en soit nous partons tous les trois boire une biere sur une terrasse du zocalo. Un autre ami de Patrick, rencontre ici egalement, nous rejoint apres son cours d espagnol. D ailleurs Patrick me previent : il a decide de se mettre serieusement a l espagnol, et tente de ne parler que dans cete langue avec ses deux compagnons du moment. Je m y mets donc aussi. Ca va, entre etrangers parlant l espagnol comme une vache mexicaine, on se comprend a peu pres ! Bon et quand ca ne va pas on tente un peu d allemand et d anglais !
Alors que je m apprete a partir, un autre groupe d amis nous retrouvent sur la terrasse. Parmi eux, Mauro, avec qui je sympathise immediatement.
Mauro est italien, il a une petite cinquantaine d annees et il pratique le "voyage therapeutique". Atteint d un cancer, il a decide de s offrir un voyage a chaque fois que les soins lui laissent du repit. Outre son humour et sa simplicite, tout me plait chez cet homme.

On sent chez lui un grand coeur, une vraie gentillesse. Mais je suis aussi emue de lire une inquietude dans son regard. Difficile de ne pas sentir l epee de Damocles au-dessus de sa tete et il sembe lui-meme se demander combien de temps il a encore devant lui... Nous echangeons nos adresses mail, car il compte passer par San Cristobal. Je lui indique l adresse de La Casa de Gladys. J espere vraiment le revoir.
Apres une soiree de rires et de complicite, cette fois nous nous disons vraiment au revoir avec Patrick car il est peu probable que nous nous retrouvions plus loin. Je compte rester travailler deux semaines a San Cristobal, Patrick sera deja parti vers le Yucatan et passera sans doute Noel vers Tulum ou Bakaral. Je suis en tout cas tres heureuse de l avoir revu a Mexico et Oaxaca.
A l auberge de jeunesse, mon pote francais baroudeur m apprend qu il va rester quelques jours ici, et a propose ses services a la receptionniste pour la remplacer le soir. Elle a accepte, et je pense qu ils ont convenu qu il aurait l hebergement gratuit. Cela remue le couteau dans ma plaie par rapport a mon envie d essayer de trouver un job remnunere. Je n ose pas chercher, mon espagnol est trop mauvais. Alors c est decide, je vais m y mettre a fond a San Cristobal de Las Casas. Je ne sais pas trop si ce job est une bonne idee car j ai a la fois un feeling positif et un doute sur la responsable, qui semble pourtant enthousiaste a l idee de m accueillir. Disons que j ai decide de prendre le risque malgre un petit warning interieur, car je pense au fond de moi que c est que bonne idee de m arreter et de m immerger en milieu espagnol pour enfin progresser dans cette langue.
Lorsque j ouvre la porte le lendemain matin pour partir faire un tour dans la ville, je tombe cette fois sur Sauveur, sur le trottoir d en face ! Il passe justement devant l auberge, appareil photo en bandouliere sur le ventre, et en compagnie lui aussi d une amie allemande rencontree dans son hotel. Nous nous saluons, et nous racontons nos trajets de ces derniers jours, puis nous donnons rendez-vous le soir a 18h au pied de la basilique pour aller boire un verre tous les trois.
Je retourne me perdre dans les petites rues, prends de la hauteur apres etre passee par la basilique de nostra senora de la Soledad et redescends faire les allees des deux grands marches. Vers 13h je commence a avoir faim, je me pose sur une terrasse du zocalo. Pendant les trois quarts d heure que va durer mon dejeuner, je vois defiler a ma table les 8 ou 10 memes femmes et enfants qui font le tour de la place pour vendre leurs bracelets, echarpes et scultpures d animaux. Lors de leur premier tour de piste a chacun, je reponds systematiquement non avec un sourire et je commence a discuter avec l un des petits garcons. Il a 7 ans, dit-il… Il en parait moins.












J essaie de faire un brin de conversation, j obtiens tout juste son age et son nom avant de perdre son attention, Il regarde a droite et a gauche tout en restant colle a moi avec ses animaux en laine sur ma table. Ses copains le rejoignent, essaient eux aussi de me vendre un truc (5 pesos, muy barato…Dame 5 pesos…) Puis ils s en vont. Mais je les retrouve un peu plus tard, lors du deuxieme tour de piste. Comme tous les autres vendeurs. Je redis non merci. Au bout du troisieme tour je pousse des soupirs… Et a la fin de mon dejeuner je ne traine pas, je retourne vite me promener pour fuir ces sollicitations !
En milieu d apres-midi, je me suis posee dans un cyber que j ai repere sur la principale rue pietonne, lorsque j entends ce qui ressemble a des cris d enfants, ou de jeunes en tout cas. Je quitte le cyber pour aller voir ce qu il se passe. La rue pietonne est pleine de monde ! Juste devant le cyber, un groupe de jeunes en uniformes chantent et tapent des mains. Plusieurs d entre eux portent une banderole au nom d une ecole. A l avant du cortege, quatre grandes marionnettes de 5 metres de haut dansent au rythme de la fanfare qui vient de se mettre a jouer a leurs pieds. Chaque marionnette est fixee sur les epaules d un garcon, et les quatre danseurs sautent et dansent en suivant les tambours. Un bouquet de confettis explose dans le ciel. Des bonbons sont jetes dans les airs et les enfants se precipitent pour les ramasser. Alors que le cortege demarre juste a l instant sous mes yeux, une deuxieme fanfare commence a jouer en milieu de cortege. Et c est parti pour une joyeuse cacophonie !




Je remonte 20 metres a l avant du cortege et demande a un mexicain quel est l objet de cette procession. Il s agit de feter les 20 ans de l ecole. Bon d accord. Je suis la progression du defile a travers les rues d Oaxaca. La foule est dense, les jeunes tirent des bonbons de paniers qu ils portent a bout de bras et envoient un peu partout, jusqu aux personnes qui se postent a leur balcon pour regarder le spectacle. Nous arrivons au zocalo, et la procession fait le tour de la place.
Entre temps la nuit est tombee. Je m eloigne du cortege et vais me positionner aux pieds de la basilique, pour mon rendez-vous avec Sauveur et Guntha. Je suis un peu en avance. Un vendeur de tours me reconnaît et vient faire la causette avec moi. Sa journee se termine. Nous nous asseyons sur un petit muret, a cote du stand de bulles de savon d une jeune fille qui doit avoir a peine 19 ou 20 ans et qui est une de ses amies. Nous nous mettons a discuter tous les trois, elle avec les quelques mots d anglais qu elle a appris a l ecole, moi avec mon espagnol un tout petit peu meilleur que la veille car pendant mon petit dejeuner j ai lu une lecon de plus dans ma kindle !
Comme la lecon portait sur les liens de parente j arrive a comprendre ce que me raconte le guide a propos de sa belle-sœur et suis capable de lui dire que non je ne suis pas mariee et n ai pas d enfants et n en desire d ailleurs pas (je sais, c est etrange pour les mexicains qui se marient et ont des familles tres jeunes). Nous passons un petit moment bien agreable a papoter tous les trois. Puis mon guide doit partir, et je vais me poster pres de la porte de la basilique. Sauveur et Guntha me rejoignent. Ils sont bien creves et ont faim. Nous partons vers le marche pour manger dans un des restaurants qu on trouve a l interieur. Nous choisissons des tamales, genre de grandes pizzas faites d une pate tres fine, avec garniture de poulet, fromage, oignons, tomates, salade et puree de haricots. C est delicieux, et copieux. Nous mangeons assis sur un banc en face de quatre mexicains qui nous regardent en souriant. Nous engageons bientôt la conversation, aussi bien avec eux qu avec les dames qui nous servent et qui sont tres sympas. Je remarque que Sauveur est un peu distant. Je n en suis pas surprise. Je le soupconne d avoir des vues sur moi et de ne pas trop savoir quoi penser du fait que je ne l ai pas prevenu de mon arrivee a Oaxaca ni du lieu de mon hebergement. Je discute avec Guntha, qui a commence son voyage il y a presque un an avec son copain et le poursuit desormais seule apres qu ils se soient quittes. Elle n a visiblement pas d attache dans son pays natal et ne souhaite pas y retourner. Son programme des prochains jours va se batir au fur et a mesure de ses nouvelles envies. Dans un premier temps, elle part demain pour le bord de l ocean.
Alors que nous revenons vers le zocalo apres diner, nous tombons sur un nouvel evenement. Le congres de danse d Oaxaca demarre ce soir pour trois jours. Des musiciens et des danseurs sont prets, et se lancent bientot pour quelques pas : les femmes en robes longues et multicolores portent sur leurs tetes de grands paniers fleuris. Un homme evolue au milieu d elles en sautillant comme un diable, portant lui aussi un grand panier en equilibre sur la tete. La bonne humeur est de mise, l ambiance est tres bon enfant. Petits et grands sont de sortis, les mexicains se prennent en photo dans leurs beaux costumes. Nous admionsd le spectacle pendant un bon moment, puis je quitte Sauveur et Guntha et rentre a l auberge pour charger le velo et prendre la direction de la station de bus, puisque ce soir je prends le bus de nuit pour arriver demain a San Cristobal de las Chiapas.




Je mets vingt minutes pour trouver la gare a la lumiere des reverberes qui eclairent les rues. Mon bus quittent Oaxaca a 21h30. Je suis censee arriver a San Cristobal a 9h le lendemain matin. Cette fois encore, j ai toute la place sur ma banquette. Les rideaux sont deja fermes, et la tele s allume pour lancer un film en anglais.
Je dors par intermittence et me reveille au petit matin en realisant que nous sommes a l arret. Je tire le rideau. Le soleil se leve. Je decouvre de superbes montagnes autour de nous. Des gens sont dehors, sur le bord de la route. Je ne comprends pas ce qu il se passe, il n y a presque pas de mouvement dans notre bus. Nous sommes apparemment au milieu de rien. Je me leve et comem a porte est ouverte je sors du bus. Avant meme de chercher a connaitre la raison de cet arret, je fais un tour complet sur moi-meme pour admirer la beaute des couleurs de l aube sur les montagnes environnantes. Qu est-ce que c est beau ! Il est 6h du matin. Le ciel et les sommets sont roses.
Je remarque que nous sommes dans une file de voitures et de bus. Tout le monde est a l arret. Des gens marchent sur le bord de la route, visiblement descendus des colectivo et des bus, et marchent avec leurs sacs sur l epaule ou en trainant leurs valises. Ils vont ou comme ca ? Il se passe quoi, la ?
Je m approche d une mexicaine et lui demande pourquoi nous sommes arretes. Elle m explique qu une greve des instituteurs bloque la circulation, nous ne pouvons pas passer. Ah...




J aurais l occasion d en savoir un peu plus sur les motifs de cette greve, a San Cristobal. En tout cas, bienvenue dans les Chiapás, cette region connue pour ses mouvements de revoltes, de greves, d insurrection.
Je m attends a ce que nous soyons bloques longtemps, mais en fait non (en meme temps je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes arretes). Au bout d une demi heure c abouge a l avant, nous remontons dans le bus. En tout cas moi j ai trouve ca agreable ce lever de soleil au milieu de rien, dans le calme et le presque silence de la nature environnante.
Je ne me rendors pas, je contemple le paysage. Nous grimpons de plus en plus, j ai parfois des vues plongeantes sur les vallees tout en bas, que c est beau !!
Nous avons du etre arretes longtemps pendant la nuit car au lieu d arriver a San Cristobal a 9h, j arrive a 14h. Je recupere mon velo et mes sacoches, et me renseigne sur la direction a prendre pour gagner le centre ville. Les montagnes nous entourent mais il fait chaud…. Au soleil en tout cas ! Car a l ombre je sens la fraicheur de l air.
6 janvier 2016
Curieusement les gens (y compris la personne concernee, d ailleurs) s imaginent a la lecture de mes reflexions du 28 decembre, que j ai pousse un ouf de soulagement et de colere ou de desillusion pour affirmer que desormais je n ai plus aucune raison de rentrer a Paris et que je vais enfin pouvoir mener la vie dont j ai vraiment envie.
J ai beaucoup d amis a Paris, et eux seuls suffisent a me donner des raisons de rentrer. Ca fait d ailleurs plus d un mois que j exprime le manque de ces amis et le plaisir anticipe que je prends a envisager nos retrouvailles.
Il n y avait pas d accent vindicatif entre les lignes. Simplement une circonstance qui apportait une reponse a un dilemme que je sentais grandir en moi. Il se trouve que plus je savoure cette vie 100% en phase avec ce que je suis et ce que je souhaite, plus j envisage de poursuivre dans cette lignee. Depuis quelques temps ma tete est passee en mode « projets pour ma vie d apres ce voyage », et mes envies me poussent a choisir un autre cadre de vie que Paris. Ca ne date pas d aujourd hui, simplement je sens maintenant que c est le bon moment pour me créer un autre cocon ailleurs, que ce soit en France ou a l etranger, en tout cas plus en immeuble et avec plus de nature autour de moi.
Je ne sais pas encore dans quel autre secteur professionnel je trouverai des opportunites. Ce facteur sera important dans le choix du cadre de vie. En tout cas, a tous ceux qui pensent que je claquerais la porte par depit, pour « m eloigner de » et reprendre ma liberte, non non, il ne s agit pas de ca du tout.
Il y a un peu plus de deux ans, avant d avoir enfin la possibilite de faire ce voyage, j ai cherche du boulot en province. J ai meme failli demenager a Montpellier ou j avais decroche une reponse positive. J ai finalement renoncer pour attendre une meilleure opportunite. Mon envie de bouger ne date pas d aujourd hui. Mais je crois bien que, dans le prolongement de 2015, 2016 sera l annee d un autre changement de vie.
La ville semble tres etendue, mais comme elle se repend a flanc de montagnes, suit les deniveles et contourne les masses rocheuses qui s elevent ca et la, on ne se sent pas oppresse par la densite de la population et le trafic. Du moins moi je ne me sens pas oppressee, cependant j entendrais pas mal de locaux et de mexicains venus passer des vacances ici se plaindre de l intensite du trafic ici.

Un chauffeur de colectivo m indique la direction, mais en tenant compte des sens uniques de circulation (toute la ville quasiment, en tout cas le centre, est en sens unique), du coup je fais un grand detour avant de tomber sur le zocalo puis de trouver l avenida 5 de Mayo. La place principale est mignonne et commence a arborer les decorations de Noel. San Cristobal est nichee dans la montagne et presente un visage multicolore et chaleureux avec toutes ses facades coloniales, ses grosses poutres en bois, ses portes massives, ses rues etroites et ses etranges trottoirs tres hauts. On se croise difficilement a deux sur un trottoir, le jeu etant de garder son equilibre pour ne pas tomber ou avoir a descendre du trottoir au moment ou passe une voiture.
L avenida 5 de Mayo est longue. Je la trouve a deux cuadros de l andador principal qui part du zocalo. Je remonte jusqu qu numero 47. Les portes sont grandes ouvertes et une pancarte accrochee au plafond annonce La Casa de Gladys. Ernesto m accueille, Il ne parle qu espagnol, et tres vite et d une voix douce et fluette. Il est petit et rond, type, le visage rond et les cheveux noirs tires en arriere derriere ses oreilles. Ernesto est l employe de la Casa, il s occupe de la maison et de la reception des hotes. Gladys habite dans une autre maison, a deux portes sur la droite de la posada (c est ainsi qu on appelle les maisons d hotes, ici). Ernesto etait prevenu de mon arrivee. Il me previent que Gladys est occupee et nous rejoindra un peu plus tard, et me conduit dans le jardin pour m ouvrir la porte du dortoir ou je peux m installer. Le dortoir est tout petit, il ne comporte que trois lits. Je dois baisser la tete pour rentrer, et je me demande comment on peut tenir a trois la-dedans car j ai tout juste la place de passer entre deux lits pour m asseoir sur le mien. Il fait froid et humide dans toute la maison. Mais San Cristobal est faite de maisons aux murs tres epais, les pieces ne sont pas chauffees, les sols sont carreles, parfois couverts de tapis. Il fait donc la plupart du temps frais a l interieur, meme si dehors le soleil tape fort. Ce jour-la, les nuages s amoncellent doucement au-dessus de la ville et restent accroches aux sommets des montagnes. Plus le temps passe, plus je vais avoir froid.

J installe mon velo dans le jardin et mes sacoches comme je peux sur l etagere qui separe mon lit d un deuxieme. Si quelqu un vient, je ne sais pas ou il pourra mettre ses affaires.
Le jardin est grand et doit etre bien agreable quand il fait beau. Deux tables sont installees dehors, un hamac s etire entre deux arbres, des guirlandes de drapeaux multicolores passent entre les orangers et les citroniers. Au fond, une grande dalle de beton toute cabossee a cause des racines des arbres qui passent en dessous fait face a un mur sur lequel une grande banderole a ete attachee. Le nom OSHO et les mots « meditacion ativa » s etalent en grand sur l affiche, au-dessus d une table nappee sur laquelle visiblement on dispose d habitude des batons d encens ou des bougies.
Je retourne a l entree de la maison et vais voir Ernesto pour lui signaler que je suis prete a donner un coup de main s il y a quelque chose a faire. Mais il me repond que Gladys n etant pas disponible, j ai quartier libre cet apres-midi et verrai Gladys demain matin au petit dejeuner pour parler boulot. Bon tres bien. Je vais chercher mon sac et pars a la decouverte de la ville dans laquelle je prevois de rester 15 jours, voire trois semaines.
Il fait un froid de canard. Mes pas me conduisent vers le marche artisanal qui fait tout le tour de l eglise Santo Domingo. Je croise de nombreux indigenes portant sur leurs epaules ou a bout de bras des pulls, bonnets, gants, ceintures, bracelets, colliers, bijoux, etc. Juste avant d entrer dans les allees du marche couvert, le carrefour debouche sur l andador qui remonte vers le zocalo. La rue est bondee de touristes et d indigenes. C est la premiere fois que je croise autant d indiens. Ils sont tres types, le visage rond, les yeux tires, la peau couleur cuivre.
La fraicheur de l air est telle que je regarde les ponchos tres colores qui m ont l air bien epais. Bon, je n ai pas franchement de place dans mes sacoches et je ne suis pas censee faire d achats, mais le froid me glace alors je ne resiste pas a l envie de demander le prix. Ici c est 120 pesos. Le vendeur veur bien descendre a 100 mais pas plus. Bon, je dis merci et je m en vais. Je remonte les allees en m attardant sur les bijoux. Isa aime beaucoup l ambre, je suis donc tentee de lui prendre quelque chose. En meme temps je sais parfaitement que si j envoie un colis en France il arrivera largement apres Noel. Alors j hesite. Je tombe sur un autre stand de poncho. Cette fois le vendeur est pret a me le laisser pour 50 pesos. Du coup je n hesite pas, et hop me voila avec un poncho multicolore et bien chaud !
Les autres stands presentent des sacs, des vetements, des bonnets, des bijoux, des ceintures, des poupees et des animaux en peluches de laine, des pierres, ... je crois de nombreux touristes dans les allees. En quittant le marche, je me dirige vers l andador. Lers rues pietonnes sont pleines de touristes et d indigenes. Je suis surprise par le nombre de restaurants pour touristes (pizzerias, japonais, Burger king, cuisine argentine, bars branches). Les facades coloniales sont super mignonnes, et dans le prolongement de chaque rue le regard accroche la montagne.
Le soleil se couche tot derriere les maisons, L obscurite enveloppe la ville et les reverberes s allument tandis que les bars s animent doucement. Les bars commenceront en effet a difuser de la musique tot en soiree mais ne se rempliront qu a partir de 23h. Les touristes s installent en terrasse pour boire un verre ou manger, et parmi les vendeurs ambulants je remarque des jeunes qui m ont tout l air d avoir le profil europeen et qui eux aussi se promenent avec leurs presentoirs de bijoux a vendre. J apprendrai quelques jours plus tard que ce sont des argentins, qui remontent le long de la route maya vers le nord pour vendre les bijoux qu ils creent.
On croise aussi des jeunes et des moins jeunes arborant des tenues vestimentaires et des coiffures bizarres on dirait que tous les originaux de la terre se sont donne rendez-vous ici.




Je retrouve Ernesto a l hotel. Je dois avouer qu il me met un peu mal a l aise. Quelque chose dans son regard, dans son attitude, me font un peu froid dans le dos. Pour le moment, nous echangeons un salut, je vais faire chauffer une soupe dans la cuisine et me couche tot avec mon bouquin. Je suis plutot optimiste sur mon sejour ici, le lieu me plait bien, mais je me demande s il fera tous les jours aussi froid en soiree et si je vais m entendre avec Ernesto et avec Gladys. Je me faufile sous les couvertures. Il faut bien 20 minutes avant que la temperature de mon corps chauffe le lit et que je me detende.
Je rencontre Gladys au petit dejeuner. Je suis debout a 7h30 (oh mon dieu que c etait dur de sortir du lit avec la fraicheur de l air !). Je sors dans le jardin pour aller prendre ma douche. L eau est chaude, par contre il n y a rien pour suspendre ses vetements. Super. Je suspends tout sur la barre de douche en esperant que rien ne tombe et que je ne mouille pas mes vetements en me douchant. A8h je suis prete a aider, mais lorsque j arrive dans la cuisine Ernesto ne semble pas avoir besoin de quoi que ce soit, il me dit d attendre Gladys, et me sert mon petit dejeuner en attendant. Je vois arriver mon assiette avec plaisir ! Une bonne omelette copieuse, avec des petits legumes coupes tres finement. Les mexicains accompagnent tout de tortillas, mais depuis que je suis dans ce pays l odeur des tortillas a tendance a m ecoeurer.
J attends jusqu a 10h que Gladys arrive. Il y a tres peu de guests cette semaine, du coup pendant l heure et demi ou je l attends je traine dans le jardin, sur la terrasse, me demandant si je peux deja faire quelque chose ou si je dois patienter sans rien faire…
Finalement Gladys arrive. Elle correspond a l idee que je m en faisais a travers sa description sur le site de workaway. Tres volubile, chaleureuse, un tantinet sur la reserve pendant que nous faisons connaissance car je sens qu elle me sonde. J apprendrai par la suite qu elle a tout de suite eu un a priori positif sur moi, d une part parce que le fait que je la contacte tot (plus d un mois avant) lui montre mon reel interet pour ce lieu et son caractere specifique (sur workaway elle presente son hotel comme un lieu de paix, de rencontre, de partage et un centre de meditation), et d autre part parce qu elle est impressionnee par ma maniere de voyager. Je suis donc tout de suite qualifiee de personne « buona onda ». Bon. Le courant passe donc plutot bien. Je garde cependant mon petit warning interieur allume, car quelque chose en elle me parait « too much ». Ceci dit, elle se montre tres sympathique d emblee avec moi. Je decouvre que je n aurai qu un jour off par semaine. Ca n etait pas indique dans son profil et je tique un peu sans rien dire. En meme temps, apres tout, qu ai-je de mieux a faire que de me rendre utile ici ? Je suis bien assez libre de mon temps entre deux jobs, donc ca ne me derange pas plus que ca. Et puis fondamentalement le principe ne me derange pas car si je prends plaisir a ce que je fais je ne compte pas mes heures. C est juste qu elle ne l annonce pas dans sa description de ce qu elle attend des volontaires. Bon.
Nous discutons du boulot qu il y a a faire ici. Grosso modo c est le meme type de job qu a Priscilla, c est a dire gerer les reservations, accueillir et prendre soin des guests, gerer les demandes d excursion, et s occuper de la maison (petites reparations, amenagements, ameliorations fonctionnelles a apporter). Ernesto se charge du nettoyage, de la cuisine au petit dejeuner, et de la reception en temps normal. Gladys est ravie d apprendre que je maitrise l ordinateur et que j ai deja travaille sur le logiciel de reservation Airbnb. Voila donc mon job tout trouve : je vais bosser avec elle sur les reservations car elle ne s y retrouve pas du tout et n est pas particulierement copine avec l ordinateur.
Nous allons chez elle, c est a dire une maison plus loin. L ordinateur se trouve dans un couloir qui relie l entree a la cour de sa maison. Elle m explique que la Casa de Gladys est presente sur trois plateformes de reservation : Airbnb, Booking, et Hostelword. Je decouvre avec horreur que chaque plateforme a sa logique de fonctionnement, et pire : sa tarification propre.

Je ne vois pas de logique commune, et je comprends vite pourquoi Gladys se sent depassee. Sur Airbnb je trouve les 11 chambres a louer sous leur nom (Namaste, Gratitud, Armonia, Esperanza, .. tout un programme !). Sur Booking, les noms disparaissent, les chambres sont classees par type (chambre avec deux lits doubles, chambres avec un lit double, dortoir, chambre avec un lit individuel). Sur Hostelword, n apparaissent que les chambres doubles (sans precision du nombre de lits) et le dortoir. Les tarifs sont differents sur les trois sites. Les descriptions et les photos egalement. Bon bon, bon… Quel bordel ! Mais sur le moment, je pense que je vais m en sortir et que mon gout pour l organisation va trouver la un terrain de jeu sympa. Tout en me montrant ces plateformes, Gladys m expliquent ses difficultes et me raconte tout un tas d anecdotes sur les situations compliquees qu elle doit gerer en consequence. Nous parlons beaucoup. L heure tourne, et moi qui aime faire de petites pauses regulierement je m apercois que nous n allons pas arreter une minute avant 15h15. Ouf que c est long ! Je veux bien bosser 5h mais pas d affilee sans la moindre pause. Si c est comme ca tous les jours ca va etre penible…
Je ne me doute pas encore a quel point ca va l etre...
Pour l instant tout va bien, je suis rassuree a la fois sur mon cadre de travail et sur les taches qu on va me confier. Ce jour-la Gladys a un rendez-vous a 15h30, donc je la quitte et sors dans le centre ville pour m acheter a manger. Je trouve un cyber, mais le debit internet est super lent, je mets une plombe pour ecrire une page sur le blog ! J Essaierai 4 cybers differents lors des jours suivants, tous aussi desesperants, avant d en trouver un performant. J ai bon espoir de me mettre a jour ici, en terminant de raconter les USA et le Canada. J ai deja pas mal avance sur le Mexique, et en tout cas il sera plus simple de ne plus etre en decalage d un pays ou deux ! Les rues sont animees, mais la nuit tombe vite une fois de plus et revoila que je caille ! Enfin plus autant qu hier, grace a mon poncho, mais la fraicheur de la nuit ne donne pas envie de s attarder dans les rues. Je repere une boutique dans laquelle je trouve de jolies cartes postales que j achete dans le but de les expedier pour les vœux. Elles arriveront en retard mais j ai bon espoir qu elles arrivent en France pour la fin janvier au pire.
Depuis mon arrivee, j ai remarque que la ville resonne sans cesse, a toute heure du jour et de la nuit, d explosions de petards ! Ca n arrete pas. Je demanderai a Gladys s il y a une raison particuliere a ces festivites. Elle me dira qu a San Cristobal le petard est tres populaire et est utilise pour tout type d occasions : mariage, anniversaire, enterrement, fete quelconque. Et reellement, il ne se passe pas une heure sans qu eclate une petarade quelque part ! En plus, le mois de decembre est particulierement festif. Le 12 decembre le Mexique celebrera la vierge de la Guadalupe, ensuite il y aura Noel, le Nouvel an, et enfin les rois mages le 6 janvier. Pendant un mois les petards ne vont pas cesser. Et bien sur les jours de fetes ils redoubleront d ardeur ! Ca donne a San Cristobal une ambiance particuliere.
Je remarque plein de boutiques de vetements barioles et j espere trouver un nouveau sarrouel dans le meme genre que celui que j ai renvoye a mes parents et que ma mere a repare, mais non. Ici ils ne connaissent que les jupes longues ou les pantalons a pates larges. Pas mon truc.
Je rentre et constate qu a l interieur de la maison il fait aussi froid que dehors. Les maisons ont des murs epais ici, mais l humidite est omnipresente ! Il n y a pas de chauffage et les murs sont troues de partout. Dans le salon, a l etage, il y a bien une cheminee mais nous constaterons qu elle est bouchee et ne pourrons donc pas allumer de feu. Dommage, car vraiment certains soirs (pas tous, heureusement) on se pele vraiment ! Pendant toute la duree de mon sejour, je garderai quasi systematiquement mon poncho a l interieur de la maison.
Pour ma deuxieme journee de boulot, Gladys a des rendez-vous a l exterieur et me demande de faire le tour de la maison avec Ernesto et de noter tout ce que je vois a changer, reparer, ameliorer. Elle precise a Ernesto devant moi : « tu fais tout ce que Paty (oui, je suis Paty, ici, ou Patita, ca depend) te dit de faire comme si c etait moi qui te le demandais. » Bon euh… ok c est tres bien, mais en fait quand vous debarquez, que vous n avez pas encore super cerne le concept de l endroit ou vous avez atterri, ni le gout et les desirs de votre hote, et qu on vous demande ce genre de choses, on ne sait pas trop jusqu ou on peut aller dans les remarques sur ce qu il faudrait changer ou ameliorer. On marche un peu sur des œufs. Ces cables qui trainent partout, par exemple, c est super moche, ca peut etre dangereux et ca fait vraiment amateur. Mais quand je les montre a Ernesto il n a pas l air de voir ou est le probleme. Bon.. Essayons autre chose. Ces rideaux blancs sales dans la chambre 4, qui en plus cachent un mur moisi, on peut les remplacer ? Ernesto se contente de tourner un peu le pan vert moisi du rideau pour qu on ne le voit plus, et hop le tour est joue… Oui, oui, oui… Bon euh…

En fait moi je changerai tout, et surtout je trouerai les murs pour faire des fenetres car toutes me paraissent super obscures. Aucune n a de fenetre ou presque. Entre l obscurite et l humidite ambiante, entant que guest je ne passerais pas la nuit ici, c est deprimant.
En tout cas je fais le tour de la maison avec Ernesto, qui ecrit sur son petit calepin ce que j essaie de lui faire comprendre par le mime et mes trois mots d espagnol.
Ce tour d horizon ne nous prend pas trois heures. Je veux commencer a m occuper de certaines choses a reparer ou changer, mais Ernesto me coupe dans mon elan : non non, il va s en occuper. Ah bon. Alors je n ai plus qu a aller m allonger dans le hamac en attendant 15h pour sortir me promener. Le temps est maussade, le ciel est charge de gros nuages gris. Je decide d attendre un jour plus ensoleille pour faire des photos de cette ville qui a vraiment beaucoup de charme.
Tres vite je vais me dire que je ne tiendrai pas trois semaines dans ce froid. Cette premiere semaine, nous allons enchainer trois jours de pluie consecutifs et c est vraiment tristoune. Lorsque je sors du dortoir le matin, non seulement je dois baisser la tete pour ne pas me cogner contre le linteau mais je dois aussi me faufiler contre le mur pour ne pas etre mouillee par la pluie qui goutte sur le toit. Je passe trois jours avec cette sensation d humidite constante vraiment desagreable.
Je recois un mail de Sauveur qui s apprete a arriver a San Cristobal. Je lui donne mon adresse pour qu il sache ou me retrouver. Entre temps, un soir je recois la visite de Mauro. Je suis ravie comme tout qu il me retrouve a la Casa de Gladys quelques jours apres noptre rencontre a Oaxaca. Lorsqu il se presente a l entree, je suis avec Gladys dans la cuisine, en train de partager une tequila avec un adorable couple d autrichiens qui sont restes ici une semaine et partent le lendemain matin. J invite Mauro a venir avec nous dans la cuisine, et nous passerons une soiree vraiment super, tous ensemble, a rire et discuter. J aurais vraiment aime avoir l occasion de le revoir plus tard sur ma route. Mais qui sait. Nous avons echange nos adresses mail et si l occasion m est donnee d aller a Genes un de ces jours je n hesiterai pas a passer le voir.

Sauveur arrive deux jours plus tard. Je suis contente de le retrouver, lui aussi, car je manque un peu de distraction a San Cristobal. Jusqu a 15h je suis bien occupee, mais apres, le temps est parfois un peu long jusqu a la tombee de la nuit. Je ne peux pas partir bien loin, et apres avoir fait le tour de la ville 10 fois je n ai plus forcement grand-chose a faire a part me promener pour me degourdir les jambes. J ai cependant un espoir avec la voisine. Alors que je sors fumer sur le trottoir, un matin, je constate que la porte a droite est ouverte et que deux femmes avec des masques sur le nez sont en train de poncer les murs. Elles me saluent et m invitent a rentrer, et nous faisons connaissance. La plus agee, petite et forte, est la patronne. La plus jeune est argentine, grande et arbore une drole de coupe de cheveux et des piercings. Adorables toutes les deux, elles m expliquent qu elles preparent la piece pour y installer un atelier de creation de bijoux. D ailleurs, me dit la patronne, si tu veux je peux t apprendre. Ce jour-la nous n aurons pas trop le temps de parler plus longuement mais le lendemain, alors que je suis coincee devant la porte fermee de la Casa car Ernesto est sorti faire une course, la patronne me fait a nouveau entrer et me montre les pierres et les plaques d argent et de cuivre, ainsi que les outils. Ah mais voila qui m interesse bien ! Créer mon propre bijou, chouette ! Je ferais bien une bague, tiens.
Cette bonne intention ne verra cependant pas d aboutissement car mon emploi du temps chez Gladys sera des plus aleatoires, et toutes les fois ou j ai pu me liberer dans l apres-midi l atelier etait ferme (car l atelier aussi a des horaires aleatoires).
Bon enfin en tout cas je n ai pas foule de distractions a San Cristobal. Lorsque j ai fini mon job Ernesto me demande parfois de garder la maison le temps qu il aille faire une course. Ce qui peut durer une heure. Dans ces occasions il me demande de le couvrir, d ailleurs, aupres de Gladys. « Si elle appelle, dis-lui que je suis a la laverie ». Oui oui oui…
Sauveur arrive donc un soir. Et je vais passer trois jours tres sympas avec lui. Nous sortons diner dans une pizzeria, et le vin rouge nous fait passer une soiree tres tres sympa. Une complicite s est installee, plus franche depuis qu il a compris qu il est inutile de tenter quoi que ce soit pour qu il se passe quelque chose entre nous. Du coup on echange vraiment en copains et j apprecie d autant plus sa compagnie. Je ne juge pas le fait qu il tente sa chance pendant ses voyages alors qu il est marie, en fait je suis meme touchee par ses confidences sur son couple, sa maniere de vivre, ses questions existentielles. Apres tout c est humain. Et je ne suis pas la mieux placee pour donner des conseils en matiere de vie de couple ni pour proner la fidelite. Bref, j apprecie la franchise de nos discussions, et on rigole bien tous les deux.

Je profite de mon premier jour off pour aller avec lui au Canyon de Sumidero. La veille, Sauveur a ete au lac de Montebello, il est rentre tard et le lendemain matin je ne sais pas si il a pu reserver son billet pour aller au Canyon. Quand je monte dans le minibus qui vient me chercher a la Casa, je suis contente de le trouver parmi les autres passagers pour le tour.
Sur la route qui descend vers le canyon, nous croisons des pelerins de la Guadalupe. Portant des torches a bout de bras, ils courent sous le soleil et sur la route montant vers san Cristobal. Comment font-ils pour courir par une chaleur pareille ?? Ca me depasse. Il parait que certains font le pelerinage sur les genoux. Des voitures aux toits de fer colore et portant des banderoles les suivent de pres, roulant lentement, diffusant parfois de la musique par des haut-parleurs. Cette route de pelerinage part de Puebla et meme de plus loin, je crois. Parfois les coureurs sont seuls, parfois ils se relaient. La plupart portent des vetements marron clair, ou des tshirts portant le nom de leur village, de leur ecole, de leur association.
En ce moment il en vient de partout, des pelerins. Ils arrivent a San Cristobal, passent par le zocalo, souvent ils passent dans l avenida 5 de mayo et nous les regardons depuis la porte ou la terrasse de la Casa, puis ils prennent l andador principal et remonte le real de Guadalupe pour finir par gravir les marches larges, hautes et penchees vers le bas (du coup il faut se pencher un peu en avant pour monter, sous peine d etre desequilibre et de redescendre brutalement quelques marches !). Les torhes sont laissees aux pieds de l eglise, et les pelerins entrent et s avancent jusqu a la statue de la vierge, qui les attend agenouillee dans un decor factice de grotte et de cascade.
Notre minibus est ralenti par les topes (dos d anes) innombrables sur les routes mexicaines, et par les check point militaires. Il nous faut une heure pour descendre au canyon. La temperature grimpe de plus en plus. Par la fenetre je me regale des paysages de montagne et des points de vue sur la vallee. Que c est beau et comme ca fait du bien de sortir de la ville !
Lorsque nous descendons du minibus, une chappe de plomb s abat sur nous : le soleil brule ! Nous recuperons un gilet de sauvetage et montons dans la lancha. Nous sommes tres bas sur l eau, ce qui ne me rassure pas des masses, evidemment. Mais lorsque le bateau demarre et qu il commence a filer en envoyant des gerbes d eau de part et d autre, je nous sens bien stables et me concentre sur la recherche des crocodiles et des singes que nous sommes censes voir. L embarcadere est petit, seules deux grandes boutiques et 4 ou 5 stands de souvenirs pour touristes occupent la place. Le village est un peu plus loin a environ deux cents metres. Nous partons vers le debut du canyon. Nous voguons avec le soleil dans le dos, mais la lumiere du matin est tres blanche, du coup les photos sont palotes. Par cette chaleur ca fait du bien d etre sur l eau. La balade dure environ 2h30. Sur le trajet aller, nous faisons de nombreux stops. Nous nous approchons d un crocodile. Je suis toute contente de le voir. Ces animaux ont tout de meme une tete vraiment peu engageante. Leur dentition est impressionnante et leur regard assassin. Mais cette pauvre bete a l air tellement amorphe que je me demande si elle est shootee, ou bien si on lui met chaque jour de la nourriture a cet endroit-la pour s assurer de sa presence pour les touristes. Bon n empeche c est chouette de voir un crocodile en liberte d aussi pres. Il stagne un bon moment pres de la rive, au soleil, avant de decider que ca va bien comme ca et de glisser a la surface de l eau pour s eloigner un peu.
Quelques kilometres plus loin, nous apercevons des singes hurleurs dans les arbres. Ils se balancent paresseusement sur les branches, mais ne pousseront pas le moindre hurlement. Non loin des singes, de grandes pierres plates blanches constituent une sorte de plage pour oiseaux–pecheurs et des vautours en train de faire secher leurs plumes au soleil.
Le bateau poursuit sa route pour aller admirer un peu plus loin ce que notre guide appelle l arbre de Noel : la mousse et la vegetation s accrochent en effet a la paroi rocheuse du canyon pour dessiner la forne d un sapin.
Une grotte sans interet plus loin et quelques pelicans au passage, la lancha file jusqu au barrage qui ne presente absolument aucun interet si ce n est de nous arreter a cote de la barque d un vendeur ambulant de boissons fraiches et grignotages divers. On attend donc 10 minutes que certains d entre nous fassent des achats, puis on entame le retour qui se fera - amon grand regret - sans un arret ou presque. 40 minutes de vent dans les cheveux pour revenir a l embarcadere.




Nous reprenons le minibus pour nous approcher du centre ville de Chiapas de coro, ou nous avons une heure pour dejeuner et nous balader. Voila pourquoi je deteste les tours : le temps est toujours compte, on fait toujours tout en courant ! Bon. Sauveur et moi avons faim. Nous commencons donc par aller dejeuner dans un petit resto. La serveuse est super sympa. Nous n avons pas franchement le choix des plats mais la compagnie de cette serveuse nous fera passer un tres bon moment. Il fait une chaleur de dingue, et il parait que ce n est rien par rapport a certains jours...
Nous redescendons vers la place principale. De nombreux vehicules accompagnant les pelerins stationnent le long des trottoirs. Ici et la, des tentes ont ete dressees sur la place pour offrir un peu d ombre et de repos aux coureurs. Les torches continuent a bruler, posees sur des trepieds. Une grande creche protegee par les militaires occupe un quart de la place, avec ses animaux grandeur nature.
Nous reprenons le minibus et repartons vers San Cristobl. Trempes de sueur en descendant du vehicule, nous nous promenons sur le zocalo ou s est installe un marche artisanal garstronomique.
La journee se terminera cette fois encore au resto. Sauveur part le lendemain et nous ne nous reverrons probablementplus car il prevoit de filer vers le Yucatan puis de prendre l avion pour Cuba. Nous nous offrons de delicieuses pates carbonara. Ca fait une eternite que je n ai pas mange de vraies bonnes pates au resto et je me regale ! La nourriture francaise commence d ailleurs a me manquer. Disons que je vis tres bien sans, mais je serai super contente de retrouver mes petites habitudes culinaires francaises ! Et les bonnes pates, pour le cote cuisine italienne ! Je ne suis vraiment pas fan de la cuisine mexicaine et l odeur de mais et de tortilla qu on respire dans les rues a longueur de journee me coupe l appetit.
En revenant vers le zocalo ou se dressent deja l arbre de Noel et la creche, nous tombons sur un des indigenes que nous avons deja vu dans une procession vers l eglise de la Guadalupe. Celui-ci est deguise en chouette. Lors de la procession il etait accompagne d un jaguar et d une panthere (enfin deux autres danseurs deguises). Deja lors de la procession je l avais trouve tres gracieux. C est encore le cas ici ce soir, sur la place ou il commence par faire bruler de l encens avant de se lancer dans une choregraphie tres tonique et pourtant tres elegante. Il maitrise si parfaitement son corps, c est beau ! Ses pas suivent le rythme du tambour. J aime vraiment beaucoup ces danses indiennes.
Arrive le moment de dire au revoir a Sauveur. C est une vraie accolade chaleureuse que nous nous offrons avant de nous souhaiter tout le meilleur pour la suite de nos voyages respectifs.












Le lendemain c est la fete de la Guadalupe, dans tout le Mexique mais plus particulierement a San Cristobal. J attendais avec impatience de voir la ville s animer a cette occasion. Les petards se feront entendre toute la journee. Je compte m echapper des que mon travail sera termine pour aller me promener dans les rues et monter a l eglise de la Guadalupe. "Mon travail" commence d ailleurs a me paraitre plus social qu autre chose. En effet, sur 5h passees devant l ordinateur, Gladys en passe bien 2 et demi a me raconter sa vie. Le fait est qu elle a une vie assez incroyable.
Elle a ete la premiere a ouvrir ce type d hebergement a San Cristobal. Au depart il s agissait pour elle d une question de survie, pas de business. Ce qui lui a valu, d ailleurs, une reputation hasardeuse qu elle a assumee, comme le reste. Visiblement impulsive et independante, elle a assume d avoir un enfant sans etre mariee et sans rester avec le pere. Avec son fils sous le bras, elle s est trouve un logement a louer. Ou plus exactement, elle n a pas trouve pour se loger autre chose qu une vieille maison coloniale laissee a l abandon, au coeur du centre historique. Elle a propose a la proprietaire de superviser les travaux dont la maison avait besoin pour etre habitable, en echange de pouvoir s y installer avec son fils. La proprietaire a accepte, et Gladys a emmenage alors que la maison etait encore insalubre. La proprietaire a fourni le materiel et les ouvriers, Gladys a bricole et gere la main d oeuvre. Lorsque la maison est devenu habitable et d un meilleur aspect, la proprietaire a demande un loyer trop eleve pour Gladys. Alors celle-ci a pris son fils par la main et a ete tous les matins a la gare routiere pour proposer aux touristes (encore peu nombreux a cette epoque et essentiellement italiens) de venir se loger dans une des chambres de la maison.
C est ainsi que tout a commence. Certains hotes italiens sont restes un petit moment, d ou le nom "Casa di Gladys" (et non pas Casa de Gladys, en espagnol). Gladys etait jeune, elle recevait des hotes plutot jeunes egalement, et tous etaient dans la mouvance hippie. Et au depart la Casa etait un lieu franchement hippie. Evidemment ca ne plaisait que moyennement au voisinage, qui a du regarder d un tres mauvais oeil cette femme qui invitait n importe qui chez elle et pour y faire n importe quoi.
A un moment elle a du changer d habitation, mais entre temps le virus l avait pique. Cette vie lui plaisait, elle a decide de continuer et d ouvrir ce qu on appelle ici une Posada (un hostal, un genre d auberge de jeunesse ou d hotel economique car il se situe entre l auberge et le logement chez l habitant).
Et puis Gladys a eu un grave accident.




