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BELIZE

 

17 fevrier 2016 - 26 fevrier 2016

Le départ de mon bateau n'est qu'à 11h30. J'ai le temps d'aller me boire un bon petit café avec vue sur le port. J'ai déjà fait tamponner mon passeport par l'immigration hier en arrivant. Je remarque que des militaires se tiennent devant l'embarcadère. Je ne les avais pas vus hier, tiens... Un bateau gris battant pavillon guatemaltèque arrive en vue, d'ailleurs, depuis Rio Dulce visiblement. 

Je m'approche d'un policier et lui demande ce qu'il se passe. "Le président du Guatemala vient à Livingston aujourd'hui" - me répond-il. Ah sans blague ? Cool ! 

Bon, pour l'heure et avant d'aller prendre mon café, je vais à la banque changer mes quetzales contre des dollars. Ca prend bien une demi heure ! Simplement póur attendre. Car je passe, pour ce qui me concerne, en cinq minutes montre en main.

Lorsque je sors de la banque, une voiture beige est stationnée devant le bâtiment et un homme en chemise blanche, bras croisés devant lui, écoute en hochant la tête un homme qui lui fait face. 

Plusieurs accolytes entourent les deux hommes. Dans la rue, à intervalles réguliers, des militaires, fusil au poing et casque sur la tête, surveillent les alentours mais sans aucune tension dans l'air. Je commence à descendre la rue póur ne pas rester devant le groupe. Puis me retourne... pour constater que le président est maintenant avec celui qui doit être son chauffeur, devant le capot ouvert de la voiture ! Allons bon.. Que se passe-t-il ? Et ca discute. Le chauffeur va ouvrir le coffre, soulève le tapis et désigne la roue de secours. Je me marre... personne n'est à l'abri de rien... Ceci dit, ce pépin n'a vraiment pas l'air de stresser qui que ce soit.  

Je descends vers le port et prends un café. Le ciel est couvert, Il ne fait pas froid mais moche. D'ailleurs, alors que je sors le vélo de l'hôtel pour m'approcher de l'embarcadère, une pluie fine et chaude se met à tomber ! Je vais m'abriter sour le toit de l'embarcadère. La lancha est annoncée pour 11h30. A l'heure dite, mon vélo est chargé à l'avant du bateau, comme d'habitude, et je m'asseois sur un coussin en plastique bleu. Le rebord de la lancha monte haut, on ne voit rien devant. Par contre j'ai une visibilité sur les côtés. Mais le ciel est gris alors il n y a pas grand chose à découvrir !

Et le ciel restera gris pendant l'heure de la traversée. Très vite, on ne voit plus rien à quasiment 360 degrés. Et chose incroyable... je n'ai même pas peur ! J'ai la tête ailleurs, j'attends d'apercevoir le Belize.  

Lorsque je commence à distinguer des reliefs dans le gris uniforme de l'horizon, j'apercois ce qui ressemble à des collines douces. Rien de très abrupt. Chouette ! Je n'ai pas spécialement l'intention de rester à Punta Gorda aujourd'hui, je ne crois pas qu il y ait grand chose à voir, alors autant me lancer sur les routes. Je ne sais pas jusqu'où je peux aller pour aujourd'hui mais je me sens optimiste et qui sait, peut-être pourrai-je dormir sous la tente ? Je me sens pousser des ailes à nouveau ! A l'approche de Punta Gorda, la plage me parait aussi sale qu'à Livingston ! Et les bâtiments tristounes font peine à voir. Si Belize est le pays le plus cher d'Amérique centrale après le Panama, il n'en est pas moins très pauvre... En tout cas ce que je vois depuis le bateau ne donne pas trop envie de rester là. 

Deux blacks en uniforme nous attendent à la descente de la lancha. Je suis la dernière à me présenter au guichet de l'immigration, après avoir refixé mes sacoches sur le vélo. Mon cerveau switch de l'espagnol en anglais. Me voici au Belize, anciennement Honduras britannique ! Comme c'est étrange de parler anglais ici ! La population semble ici aussi majoritairement noire. Je passe au contrôle des bagages. La femme chargée de checker mes affaires renonce vite à inspecter tous les sacs et me laisse passer. Un coup de tampon sur le passeport, bienvenue au Belize ! En sortant du bureau, je découvre les rues d'un village qui me parait tres calme, mais dont le nombre d'alcooliques ou de clochards assis sur les bancs ou trainant sur les trottoirs incitent à ne pas prendre racine dans le coin. Alors que je m'apprête à remonter la rue princiale, un des douaniers me rappelle à l'ordre : attention ici c'est en sens unique ! Je dois rouler dans l'autre sens, sinon c'est la prune ! Euh c'est d'accord, merci. Et après tout c'est tant mieux, ca m'oblige à passer par le "centre" du petit village bien silencieux. Des personnes traversent les routes non asphaltées. Est-ce qu'il y a des écoles ici ?  Que font les gens dans le coin ? On dirait qu'il n y a rien à faire... Je m'arrête devant la banque de la place principale et retire des dollars belizeens. J'ai toujours mon billet de 50 dollars US sur moi. Je pensais le changer, mais finalement on me l'acceptera dans un hôtel trois jours plus tard, en me rendant la monnaie sur 100 dollars belizeens. Je passe devant une boutique et m'arrête pour acheter de l'eau. Surprise, le petit supermarché est tenu par un couple d'asiatiques ! Tiens donc. Et j'en verrai plein, des asiats, dans les boutiques ou gérant des restaurants chinois, partout au Belize (du moins le long de la côte puisque je n'ai pas été vraiment à l'intérieur des terres).

J'apercois un bureau du tourisme. Je gare le vélo et entre demander le tarif pour aller sur les iles Sapodilla, réputées les plus sauvages du Belize. Mais le prix me décourage. Oulala, le Routard dit bien que toutes les excursions sont hors de prix, ca se confirme. Bon en tout cas, sans me poser plus de questions, je monte sur le vélo et pars en direction de Placencia. Je n'y arriverai pas aujourd'hui mais j'ai toujours dans l'idee d'aviser et de camper, peut-être, dans la nature.

 

A la sortie du village, surprise : la route se transforme en piste de terre ! Je vérifie sur mon GPS. Non ce n'est pas une erreur, c'est bien la "route" à suivre. Bon. Et bien je ne vais pas être rapide, si c'est tout le temps comme ca ! Je savais qu'il n'y avait pas beaucoup de routes au Belize, mais je n'imaginais pas que ces routes étaient en si piteux état. D'un autre côté, ca n'en a, pour moi que plus de charme ! La piste s'élance à travers la campagne et la forêt, bordée d'arbres exotiques au milieu desquels apparaissent ici et là des maisons de bois sur pilotis. 

Je suis heureuse comme tout ! Il fait toujours gris pour l'instant, mais l'air est doux. Je zigzague entre les nids de poule et tente d'éviter d'être secouée comme un prunier sur cette mauvaise route, mais j'ai surtout les yeux grands ouverts pour découvrir la végétation et ces habitations de guingois, qui finissent par attirer mon attention... Pourquoi construit-on sur pilotis, ici ? Craint-on les animaux, ou... ? Quoi ? Il faudra que je me renseigne avant de décider de camper à la sauvage. D'ailleurs ca ne m'a pas l'air si facile de camper dans la cambrousse, car la végétation est dense dès l'abord de la piste et la forêt ne me tente pas des masses. Je croise des enfants sur des vélos, qui me regardent avec des sourires timides. Avec le Belize, je renoue avec les salutations sur la route ! Car presque tout le monde me fait coucou ! Beaucoup de gens se déplacent à vélo, en dehors des scooters, motos et pick-up en plus ou moins bon état. Beaucoup de cyclistes et de piétons me sourient et lèvent la main à mon passage. Je remarque qu'ici on ne fait pas coucou avec toute la main. On lève le majeur comme si on allait poser une question. Parfois on tend le pouce, le majeur et l'index, comme si on indiquait le chiffre trois ! Ils font tous ca ! 

Ravie par ces marques d'attention et cette bienveillance, je pédale allègrement.  C'est fou, en même pas vingt minutes j'ai déjà l'impression d'être au fin fond du monde, loin de tout. Il y a bien quelques habitations, le long de la route, enfoncées dans la jungle, mais elles sont isolées les unes des autres. Des chiens se promènent, moins faméliques que ceux que j'ai vus à Livingston (sans doute les chiens les plus affamés que j'ai vus !). La terre prend une couleur rouge qui tranche sur la végétation verte luxuriante. C'est joli ! Je suis aux anges de rouler dans ce décor. Je ne suis pas très rapide, mais quel bonheur d'être à nouveau en route sur le vélo ! Ca m'a manqué ! Je trouve vraiment plus de plaisir à rouler ainsi qu'à découvrir les sites en touriste. Je pratique les deux sans problème et suis ravie d'être touriste en sac a dos à certaines occasions, notamment dans mes voyages avec des amis. Mais je vois bien que ce qui me plait par-dessus tout dans ce voyage ce sont ces moments tout simples en nature, juste à pédaler et regarder ce qui m'entoure. En tout cas ici et maintenant, j'ai le sourire en banane. Je ne suis probablement pas faite pour parcourir les hautes montagnes en vélo, mais là je m'éclate ! Entre le retour de ce super feeling et la sympathie des gens qui me sourient tous sur la route, la vie est belle !

Je vérifie mon avancée sur le GPS et vise Big Falls pour aujourd hui. On verra lorsque je serai là-bas, j'aviserai. De toute facon je ' irai pas jusqu'à Placencia aujourd'hui. D'après le Routard Placencia est jolie, et comme je ne suis pas pressée et que j'espère camper sur la plage, je pense y rester deux ou trois jours si ca me plait. Etienne devrait arriver à Cancun aux alentours du 7 mars (je n'ai pas encore la confirmation), donc "je suis large". 

Petite journée, donc, aujourd'hui, pour se remettre en selle. Sur ma gauche j'apercois les formes des montagnes mayas qui s'élèvent plus à l'intérieur des terres. Pas forcement très hautes, mais assez abruptes, faites un peu comme des pains de sucre. Mais leur forme se noie sous les nuages gris qui traînent dans le ciel depuis ce matin. 

Tout de même je trouve un peu d'asphalte, enfin ! La route se déroule alors en ligne droite, rebondissant régulièrement sur de petites bosses qui ne sont pas difficiles à grimper. J'arrive en milieu d'après-midi à Big Falls. Je cherche, mais ne vois rien qui ressemblerait de près ou de loin à des chutes d'eau. Bon il y a bien un petit, tout petit bras de fleuve qui passe sous un pont, mais rien d'hallucinant. En revanche, je vois un resto-bar indiqué sur la gauche. Je sors de la route et descends une piste de cailloux et de sable, pour aller demander un coca bien frais ! Je suis la seule cliente. En même temps, j'ai un peu l'impression d'entrer chez les gens car c'est hyper calme et les propriétaires sont en train de travailler dans le grand jardin potager. Pourtant la terrasse du resto est immense, signe qu'on doit de temps en temps accueillir la foule, ici ! Dans une petite pièce protégée par une moustiquaire, un buffet est dressé. Riz et haricots, plantain, poulet ou porc cuisine au lait de coco, salade, coleslaw, sont disposés dans des plats fermés. Ah bah finalement je vais peut-être grignoter un truc, il est 15h et je n'ai rien mangé aujourd'hui.

Le patron vient me voir et m'invite à m'asseoir. Il va me chercher un coca et me laisse aller me servir au buffet. Je lui demande s'il connait un endroit où je pourrais camper dans le coin. Il va discuter avec sa femme qui est en cuisine (toute la nourriture est faite maison, et c'est trop bon !) Ils reviennent tous les deux, et me disent qu'il y a bien, dans leur jardin, la cabane qu'ils avaient commencer à construire et aménager pour leur fils. Mais leur fils est parti vivre à la "capitale". Du coup la cabane n'est pas finie, mais il y a un lit, des toilettes et une douche (eau froide bien sûr) à l'extérieur mais dépendantes de la cabane. Ils me la proposent à 10 dollars belizeens. 5 euros. Bon. Je vais jeter un coup d'oeil. C'est propre, petit, mais largement sufffisant pour moi, et ça m'amuse de dormir dans une de ces cabanes sur pilotis. Vendu !

Je conduis le vélo jusqu'à la cabane. Quand tout à coup j'entends des rires d'enfants et des miaulements de chats... très crédibles... mais trop près de moi pour qu il n'y ait pas un souci quelque part, une caméra cachée, je sais pàs quoi mais ce n'est pas naturel ce qu'il se passe, là ! Je m'apercois alors que devant la cabane il y a une grande cage en bois. Et à travers le grillage je vois trois perroquets (à defaut d'avoir compris leur nom en anglais). Un couple de jaune et vert au bec rouge, et un tout seul, qui a une jolie tête bleue à bec rouge. Les trois compères sont super exictés d'avoir de la visite, visiblement, et gigotent dans tous les sens. Je n'en reviens pas d'entendre cette parfaite imitation dun rire de bébé ! Et en plus, c'est exactement le rire de Soane bébé ! Incroyable ! Il faudra que je demande à Julie si elle est venue dans le coin dans une autre vie ! 

Je monte mes affaires dans la cabane en me marrant toute seule de les entendre miauler ou crier comme une femme dans un mauvais film d horreur ! Ca va être sympa cette nuit... Le proprio vient me les présenter, ainsi que le chien Brownie, qui tourne en rond dans une cage lui aussi, dix mètres plus loin. J'aurai aussi la compagnie des chats, des colibris et d'oiseaux marrons au duvet rouge sous le cou. 

Ca me plaît d'avoir ma petite cabane ! Après la douche (enfin le rafraichissement sous un filet d'eau froide sortant d un tube en plastique), je me sens toute neuve ! Trop contente d'avoir repris le vélo ! J'ai l'impression de me retrouver apres des semaines d'errance. Ce n'est pas que je n'ai pas apprecié les vacances en bus et tout ce que j'ai vu entre San Cristobal et Punta Gorda, non, je suis ravie d'avoir fait et vu tout ca. Mais je renoue avec mon envie de découvrir en pédalant, et ca fait un bien fou.

 

Je sors une chaise sur le pas de la porte et me plonge dans un bouquin - Le Procès, de Kafka, pieds nus étendus sur une autre chaise, distraite régulièrement par les oiseaux qui décidemment attisent ma curiosité. Les perroquets se sont calmé et somnolent. Le couple serré l'un contre l'autre, le célibataire endurci dans son coin. Il me fait de la peine. Ca doit être insupportable de cohabiter avec un couple ! Mais la femme du propriétaire me dit qu il n'a pas l'air malheureux. Bon...

La fin d'après-midi passe très vite dans ma lecture. Le soleil décline. J'avertis les proprios que je ne mangerai pas ce soir, mon déjeuner est encore bien présent dans mon ventre et au cas où j'ai un petit morceau de brioche, acheté dans le magasin de Punta Gorda.

Je suis décue par cette brioche qui n'a pas franchement de goût. Au moins n'a-t-elle pas coûté cher, et elle me fera plusieurs petits déjeuners.

Je regarde la carte. Demain je compte rouler jusqu'à Independance and Mango Creek, puis prendre une lancha pour aller à Placencia. La route va jusqu'à la ville mais fait un détour par la lagune. Je préfère rouler sur cette bande au milieu de la lagune lorsque je quitterai Placencia et ne pas faire cette route deux fois (aller et retour). Et puis ca me raccourcit mon étape de demain de 25 a 30 kms.

Les patrons viennent voir si je suis bien installée. On découvre que l'interrupteur ne fonctionne pas à l'intérieur de la chambre: Bon c'est pas grave, je sens de toute facon que je vais bien dormir ! Je bouquine encore un peu à la tombée de la nuit puis au dodo ! Dans un bon lit dans lequel je dors torse nu tellement j'ai chaud !

 

Dans la nuit, j'entends la pluie qui tombe. J'ai bien fait de rentrer mon vélo dans la cabane.

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Alors que je sors aux toilettes, Brownie s'excite dans sa cage et se met à aboyer comme un dingue. J'ai beau l'appeler par son prénom, rien n'y fait. Il aboiera longtemps après que je sois rentrée me coucher. J'aurais du mal à retrouver le sommeil: Ah les chiens... pas mon animal préféré, je dois dire...

 

Je suis prête à partir à 7h45 le lendemain matin. Je demande s'il est possible de boire un café avant de partir, et la propriétaire me l'offre gentiment. Je le savoure en observant la danse d'un colibri très affairé à butiner les jolies fleurs suspendues au toit de la terrasse. Il me faudra bien 7 ou 8 tentatives pour réussir à le photographier, l'animal ! Une fois sur deux, il a déjà disparu du viseur au moment où je déclanche l'obturateur ! Mais qu'il est beau...

 

Bon c'est pas tout ca, il faut que j'y aille. Je dis au revoir et merci et me mets en route sous un beau soleil. Sur le bord de la route, j'apercois un panneau qui me rappelle ceux que j'ai pu voir aux Etats-Unis, dans le Wisconsin ou l'Ohio. Une charette tirée par un cheval annonce sans doute des mormons ou des mnémonites dans le coin. J'ai lu que Belize compte une communauté importante de mnémonites. Je guette et jette un oeil dans les petites fermes ou petites maisons au toit de chaume que je croise sur la route, mais non, je ne vois personne qui ressemble à Charles Ingalls. J'en verrai bien plus tard et alors que je ne m'y attends plus, au Yucatan !  

Un autre panneau de signalisation attire mon attention : Attention aux tapirs ! Allons bon ! Chouette, j'espère en voir alors !!

 

Et puis je verrai aussi de très nombreux panneaux d'un autre style. En plein milieu de nulle part, une simple phrase écrite sur un panneau de bois : "Jesus is the way, the truth and the life", ou des messages du même genre. 

En tout cas, en très peu de temps, je dégouline de sueur ! Mama mia, che calor !

Mon tshirt, qui n'a pas vu de savon ni de lessive depuis belle lurette, va être dans un triste état - enfin dans un état encore pire, quoi... Au mieux, le soir, je le passe sous l'eau de la douche avec moi et le fait sécher dans la nuit. C'est tout le lavage qu'il a connu depuis un moment déjà. Ce tshirt que j'affectionne particulièrement finira sa vie sans doute pendant ce voyage. Les motifs du dragon commencent à disparaître dans le bas du dos et au niveau des épaules. Il s'use de plus en plus, je sens arriver les trous.  

 

Dans quelques jours, au Yucatan, je m'apercevrai également que mon pantacourt acheté au Maroc (pour remplacer celui qui a craqué complètement au niveau des fesses ! - d'usure, je précise...) est désormais troué lui aussi. L'ususre arrive toujours au même endroit : le haut de la cuisse, qui frotte contre la selle.

 

Musique sur les oreilles, les yeux grand ouverts, je pédale gaiement sur la route qui court à travers la végétation tropicale. Mais voilà que je sens quelques gouttes sur mes bras. Tiens ? Ah mais oui, quelques nuages se sont accumulés au-dessus de ma tête. A peine ai-je le temps de m'en rendre compte qu'une pluie fine et drue me tombe dessus ! Je suis trempée en moins de deux minutes ! Pourtant il fait toujours aussi chaud, enfin la pluie me rafraichit juste ce qu il faut et n est pas desagreable du tout. C est juste que... je suis trempee. 

Mais le soleil perce a nouveau les nuages et c est reparti pour la chaleur torride. Je suis seche en tres peu de temps ! J aurai droit a ce traitement plusieurs fois dans la journee, et franchement a chaque fois j apprecie, car je suis un peu limite en eau dans mes gourdes. Je n ai pas encore bien percute qu il n y a pas grand chose sur la route. J apercois parfois une pancarte Coca Cola mais souvent mes espoirs sont decus : ce qui etait supposement une cafeteria (enfin une cabane en bois pourri, dont une fenetre est ouverte et par laquelle on apercoit des petits sachets de gateaux secs ou de chips, ainsi qu un frigo) est desormais a l abandon. Il faut donc faire des kilometres dans la solitude et le silence de la nature pour trouver une boisson fraiche. Du coup les averses font vraiment du bien. 

Les kilometres defilent. J ai soif ! Je sens tout a coup que ca rebondit un peu trop a l arriere du velo... Oh oh... Je m arrete et tate le pneu. Et zut ! J ai creve... Je me gare sur le cote, enleve les sacoches et retourne le velo, prete a reparer. Mais le pneu ne semble pas tres degonfle. Je le tate a nouveau. Il n a pas beaucoup bouge. Bon. Apparemment le trou doit etre petit. Je decide de regonfler a mort et de repartir avec le trou. Je reparerai plus loin. Je me remets donc en route, et peux faire quelques courts kilometres comme ca.  J arrive dans un petit village. Scorch Trial, me dira-t-on plus tard. Et je repere le sigle de Coca Cola. Ahhh, je vais m offrir une boisson fraiche ! A un croisement entre la route et une piste de terre, plusieurs personnes discutent sur la terrasse de plein pied de la maison. L un d eux est assis sur le petit muret. Le panneau Coca est fixe sur un des piliers de la maison. Je m approche, pas bien sure - vu leurs regards un peu surpris, de loin - et demande : do you sell fresh drink ? L homme assis sur le muret me montre du doigt une maison en face, de l autre cote de la rue. Ah bon ? Euh, pourtant rien n a l air ouvert... Enfin rien ne ressemble a une boutique en tout cas. Bon. Je dis merci et pousse le velo jusqu a la maison qu on m a indiquee. Un homme sort justement et traverse la cour. Euh hello, do you sell coca ? Il a l air de ne pas me comprendre et reste une seconde interloque... puis il secoue negativement la tete et me montre... la maison ou je me suis adressee en premier. Bien bien bien, les gars faut vous mettre d accord, la !

Je fais demi tour et reviens vers la premiere raison en souriant : sorry but they told me that I cold have a fresh drink here ? Cette fois les esprits semblent s animer. Oui et je veux quoi ? Euh ben, un coca please. Un jeune garcon entre dans la maison et sort d un grand frigo un coca qu il decapsule. Je le remercie et apprecie les premieres gorgees ! On m invite a m asseoir aussi sur le muret. Je m apercois qu ils discutent entre eux en espagnol. D ailleurs ils ne sont pas blacks.

En face de moi, a cote de la porte d entree de la cuisine, le patriarche me regarde de ses yeux percants tout en repondant a ceux qui lui adressent la parole. Il est assis dans une siege en plastique. A cote de lui, une femme me jette des coups d oeil aussi. J ecoute distraitement lkeur conversation tout en sirotant mon coca. Je souris a une plaisanterie.. "Ah mais elle comprend peut-etre l espagnol ?" Je tourne la tete et confirme en riant de plus belle a la blague : en effet je comprends ! Le patriarche s anime. D ou etes-vous, ou allez-vous ? Je reponds, et m etonne d entendre parler espagnol au Belize. Heureux de raconter, son regard petille de fierte en me repondant : "ah mais nous sommes guatemalteques. Toutes les maisons que vous voyez ici (il doit y en avoir quatre ou cinq) sont des membres de la famille. Nous sommes installes ici depuis presque trente ans." Et le voila qui me demande comment j ai trouve le Guatemala.  Je lui dis tout le bien que j en ai pense. Et egalement que j ai ete trop paresseuse pour pedaler dans les montagnes ! "Ah mais quand meme vous etes bien vaillante" - replique Sandra, la fille ainee de Tom le patriarche, qui me prend sous son aile a partir de ce moment-la. En fait, ils s animent tous d un seul coup, ils sont tous curieux et ravis de discuter. Meme les ados sont sortis de la maison et venus s asseoir pres de leurs parents pour ecouter. 

Et vous allez ou comme ca ? Aujourd hui, a Independance and Mango Creek pour prendre le bateau et aller dormir a Placencia. "Ah alors vous n etes pas loin, une demi heure de route" me dit le vieux Tom. Euh oui mais tu sais moi je suis en velo et en plus je ne suis pas rapide, alors je pense que je mettrai une heure et demi ou deux heures.... Je demande s il y a une station essence sur la route, car j ai besoin de regonfler mon pneu. Ah bon pourquoi donc ? J explique que j ai creve et qu il faudra que je repare et regonfle la roue. Ah oui vous pouvez faire ca a la station essence que vous allez trouver juste avant l entree dans Independance - me dit Tom. Mais entre temps, Filip s est approche sans rien dire de mon velo et tate la roue. C est celle-la ? me demande-t-il. Je confirme. Et je decide que finalement je peux tout aussi bien reparer ici, en bonne compagnie. Non seulement tout le monde me dit que bien sur c est mieux de le faire ici plutot que d attendre, mais en plus Filip et son cousin (ou son beau-frere, j ai pas bien compris) vont se rapprocher, me regarder faire les deux premieres minutes pour finalement me demander la permission de le faire a ma place.... En fait Filip va meme squizzer son cousin pour s en occuper tout seul, provocant les rires de tout le monde. Pendant ce temps Sandra, sa soeur et Tom le patriarche captent mon attention en ne cessant de me poser des questions. Ils me racontent que l annee derniere ils ont accueilli un cycliste qui passait aussi par ici. Je rigole d etre assise a discuter pendant que les deux cousins se noircissent les mains a reparer ma crevaison ! Sandra s en amuse aussi, et enfonce le clou : Est-ce que vous aimez le jus de coco frais ? Ah oui j adore. Alors venez ! Elle m entraine - et tout la famille suit, sauf les  deux cousins occupes a reparer mon pneu - dans la cuisine. Nous traversons la piece et sortons derriere la maison ou s etend un grand espace qui sert de jardin, buanderie, cuisine, reserve de bois, etc. Un des garcons coupe une noix de coco sur un cocotier et perce un trou. Il me tend la noix de coco avec une paille. Excellent ! II en coupe une autre et va remplir ma gourde vide de jus de coco. 

Je tente de ne pas laisser Filip se debrouiller tout seul avec mon velo, mais il est visiblement tres concentre et tres content de me rendre ce service. Le cousin a decide de le laisser faire, en fait il n a pas vraiment eu le choix, et discute avec moi en anglais. Filip a pose la rustine et verifie le pneu puis remonte la roue. Je suis tout de meme un peu dubitative. C est etonnant qu on n ait rien trouve dans le pneu, car il y a forcement quelque chose qui a perce la chambre a air. Filip regonfle la roue, mais nous entendons un souffle  d air qui s echappe. Aie ! Il faut aller chercher de l eau - dit Sandra, qui ne me lache plus et s empresse de trouver des solutions. Ils me font rire, ils sont tous aux petits soins. Filip repart a l interieur avec la chambre a air. Le cousin decoupe la noix de coco dont j ai bu le jus, pour que je puisse manger la chair douce. Et nous continuons a discuter sur la terrasse pendant que d autres bossent pour reparer ma crevaison. 

Alors que Filip cherche le deuxieme trou, on suggere de mettre une nouvelle chambre a air tout en reparant celle-ci (qui compte deja trois ou quatre rustines !)

Le travail s organise. Je sors ma chambre a air neuve, achetee aux USA. Filip s occupe de la fixer sur la roue et confie la chambre a air usee au jeune garcon qui m a servi le coca. Je proteste : ah non mais vraiment tout le monde est mis a contribution ! Mais c est bien, il faut qu il apprenne ! - me repondent-ils en riant. Tiens tu pourrais ouvrir un atelier de reparation de bicyclette - lui suggerent-ils d ailleurs. L ado sourit et s applique pour reparer le trou. Et moi je suis tellement contente d etre la et de passer ce moment avec cette belle famille si joyeuse. Tom, toujours assis dans son siege de patriarche, me pose des questions. Sandra lui repete toutes mes reponses.

Tom : Alors comme ca vous voyagez seule ? Vous n avez pas peur ?

Moi : Non, la plupart du temps les gens sont formidables avec moi.

Sandra : Tu entends ? Elle dit  que les gens sont formidables ici !

Tom : et qu est-ce qui vous plait ici ?

Moi : tout ! la variete et la beaute des paysages, les couleurs des maisons, la gaite des gens, le fait que tout el monde parle a tout le monde, et puis je vois des fleurs et des arbres et des oiseaux que je n ai jamais vus de ma vie...

Sandra : elle dit qu ici il y a des arbres et des fleurs tres belles. Et les gens sont tres aimables !

 

Bref, ils me font rire et j aime leur bienveillance. Je me sens un peu de la famille.  D ailleurs je ne me presse pas. Je passe bien deux heures avec eux. Ceci dit, il faut tout de meme bien reprendre la route. J ai encore quelques kilometres a faire. Je n osais ps le demander, du coup je suis tres contente lorsque Sandra propose qu on fasse une photo de nous tous ! Elle appelle d ailleurs sa fille, que je n avais pas encore vue car elle etait dans une autre maison. Il faut que toute la famille soit sur la photo ! Et hop, voila un beau souvenir dans la boite !

 

Je salue chaleureusement tout le monde et fais coucou en me retournant sur mon velo avant de disparaitre au detour d un village. Cette rencontre m a donne la patate. Ahhh decidemment Belize me donne bien du plaisir pour l instant ! Je pedale avec bonne humeur vers Independance Creek. 

Comme je le pensais, je ne mettrai pas une demi heure mais pres d une heure et demi pour parvenir a l entree de la ville. Et juste au moment ou j arrive en revant a nouveau d une boisson fraiche, une autre averse tropicale me tombe dessus. Et allez ! A nouveau trempee ! Mais que ca fait du bien...

Je trouve l embarcadere et attends vingt minutes le depart de la lancha. A part deux touristes backpackers, les autres passagers sont des locaux. Certains viennent de faire des achats en ville. De gros sacs de toile et des cartons de denrees sont charges sur la lancha. Lorsqu arrive le moment de charger mon velo, je m apprete a defaire les sacoches mais l employe m arrete d un geste et empoigne mon velo charge avec ses gros bras muscles. Et hop et il fait passer le velo par-dessus les cordages et le pose dans la lancha. Waouuhh... impressionnant. Bon ben merci, hein, et bonne journee ! Je monte dans la lancha et c est prati pour une demi heure de trajet au milieu de la mangrove.

Les deux backpackers sont francais (du sud, vu leur accent). Ils sont frere et soeur. Nous discutons pendant le voyage. Tandis que nous approchons de Placencia, les maisons en bois sur pilotis se succedent sur le bord de la lagune. La plupart ont une lancha ou une petit bateau a voile amarre devant chez eux. Des iguanes se dorent la pilule sur une avancee de terre.

Nous debarquons (et hop ! Mon velo est hisse de la lancha a bout de bras sans defaire les sacoches), et je roule trenete metres jusqu a un taxi pour demander s il y a un endroit ou on peut camper ici. Ah non, pas de camping, toute la longueur de la plage est occupee par des hotels. Super. Le chauffeur m indique l hotel le plus economique. De l endroit ou je me trouve (a la sortie du debarcadere) j apercois a 150 metres devant moi la plage. La bande de terre sur laquelle s etend Placencia n est vraiment pas bien large. D ailleurs une seule route traverse la ville. Et une voie pietonne. Je pedale dans la direction de l hotel, et m engage a pied sur un passage pieton qui ressemble a un ponton jete sur le sable qui recouvre le sol.

Je ne repere pas l hotel au premier coup d oeil, du coup je vais trop loin, au bout de la jetee. Les petites boutiques en bois, les hotels et les restos se succedent de part et d autre du ponton. C est plutot mignon par ici. J arrive au bord de l eau et fais demi tour pour trouver l hotel. En face du Zwiss cafe, m a-t-on dit. Un vendeur de bijoux qui me voit passer pour la deuxieme fois me montre la maison. Ah ok merci. Je sors du ponton et pousse le velo dans le sable. La proprietaire descend. En faisant le tour de la maison j apercois une grande tente plantee a cote de l hotel. Ah bah cool ! Je demande donc a la proprietaire si je peux camper. La reponse est oui, et je paierai du coup 15 dollars (8 euros, en gros) au lieu de 25. Acces a  la cuisine et a la salle de bain. Parfait !

Je n aime pas beaucoup la proprio. Hyper decontractee, americaine d une quarantaine d annees qui se la joue  baba cool blasee. Ca donne le ton de la maison. Bon ben en tout cas il y a des hamacs dehors, je vais pouvoir cuisiner et la plage est a 50 metres a peine. La patronne me dit que je peux rentrer mon velo a l interieur de la maison si je prefere. Elle semble dire que c est moyen sur de le laisser dehors. On ne sait jamais - dit-elle. Mais lorsqu elle voit que j ai un antivol elle me dit que ca devrait etre bon dans ce cas. Moi j ai confiance.  J attache mon velo a cote de la maison. Je plante la tente et vais prendre une douche. La nuit tombe deja. Je vais faire un tour sur la plage. Les fameuses plages du Belize ! Et bien... je suis decue. Ces fameuses plages sont tres sales ! Elles ne doivent jamais etre nettoyees ! Outre les algues, les dechets trainent partout. Quoi c est ca le paradis belizeen ? Bah franchement ca ne vaut pas sa reputation. En fait il y a bien quelques plages publiques nettoyees, mais plus loin. Pas ici. Il ne faut pas s imaginer que les cotes du Belize sont toutes idylliqes. Non, en fait la plupart des plages sont sales, et quelques unes sont un peu nettoyees. Sinon bien sur les espaces privatises sont jolis, mais il faut payer pour entrer. Bon. 

Je pars a la recherche d un magasin et reviens a l hotel pour me cuisiner mon diner. Je discute avec une americaine retraitee qui fait mijoter des legumes dans de l huile de coco. Oulala comme ca sent bon ! C est elle qui dort dans la tente a cote de la mienne. Elle est deja la depuis deux semaines et compte rester encore un mois probablement. De meme qu une jeune mexicaine, qui me dit etre tombee amoureuse de l endroit. Ah bon ? Mais que voient-elles donc de paradisiaque ici ? Moi je ne me vois pas passer un mois ici ! Le village est tout petit. J imagine que lorsqu on aime la plage et le snorkelling ou le paddle on a de quoi s occuper pendant une semaine, mais bon... Moi je ne suis pas tres plage, je m ennuie vite, et j ai la trouille de l eau donc mes activites dans l eau sont vite limitees. Je pense tout de meme qu il faudra que je tente le snorkelling sur les recifs de corail, il me parait totalement impossible de rater ca et je me prepare deja psychologiquement a l idee de mettre un masque et un tuba (ah j aurai prefere le masque de Severine, tellement confortable et puis c est chouette de respirer par la bouche et de s entendre parler et rire.. mais bon), et de me retrouver en pleine mer -  c est a dire a la merci des requins ! Bon mais en tout cas je ne compte pas passer plus de deux jours a Placencia, ca c est sur. 

Je vais bouquiner dans un hamac ce soir-la. Je m accroche a Kafka mais franchement ca ne me plait pas plus que ca. Je comprends la critique du systeme induite par le recit et me promets de relire le Proces dans un autre etat d esprit. La je ne suis pas open pour ca. Ceci dit je vais quand meme au bout car je n aime pas commencer un livre et ne pas le finir..

 

Alors que je suis plongee dans mon bouquin, un jeune black revenant de la plage vient s asseoir sur une chaise, dehors, et entame la conversation. Je ne sais pas qui il est, mais il me donne l impression de bien connaitre la patronne. Il me propose de fumer du shit. Non merci. Il est originaire de Belize city et n est arrive ici qu il y a deux mois. Mais il prefere largement la vie ici. Quand je lui dis que ma prochaine etape est Hopkins il s etonne. Pourquoi tu veux aller la-bas ? C est pauvre, il n y a rien. 

Au fond de moi je pense "ben il n y a rien ici non plus, enfin oui il y a des bars et des restaurants mais je ne voyage pas pour faire le tour des bars et des restos, et Hopkins est un village de pecheurs que j ai envie de voir. 

Ce jeune me fait une drole d impression. Mais l arrivee d un autre gars, plus age et habtiant visiblement l hote avec la proprio (je pense qu ils sont ensemble) me rassure. Ce gars a l air de connaitre le jeune. Tout va bien, donc. J ai du me faire des idees sur ce garcon. Dans la conversation il a su que je dormais sous la tente. Je crois que mes warnings iternes se sont mis en alerte, puis eteints a l arrivee du type plus age. Celui-ci me parle du bar ou tout le monde va le soir. Il ya  karaoke ce soir, d ailleurs lui il y va, il aime bien chanter. Moi j aime bien aussi mais ce soir j ai envie d etre tranquille. J irai me coucher relativement tot apres avoir bouquine.

 

Cette nuit la il pleut. Presque toute la nuit. Et le lendemain matin, le ciel est gris uniforme et il pleut par intermittence. Bon. Apres ma douche je decide que c est le jour ou jamais pour me alncer dans la couture de mon sac a dos. Achete au Mexique (le sac Pekin Express etait tout craque), il n a pas resiste un mois ! Il se dechire par le haut, le trou est maintenant assez grand pour y plonger la main entiere. Et puis une des bretelles s est detachee. Allez c est parti pour une matinee couture. Et je serai plutot fiere de moi a la fin de mes grands travaux. Bon mais trois semaines plus tard je m apercevrai que ca craque vraiment de partout ! Pfff, Mexico.... 

Alors que la pluie s est calmee, je pars faire un tour a pied pour tenter de reperer les iguanes vus le jour de mon arrivee. Je ne les retrouverai pas, mais quelles belles fleurs et quels beaux oiseaux en revanche ! Je me balade dans les petites allees pour voir les jolies proprietes. Bon mais c est tres touristique et les plus jolies proprietes appartiennent a des etrangers qui se sont installes ici. Je vais faire un tour sur le plage car le soleil est reapparu. Et ca tape fort. Je me rafraichit dans l eau, dont la temperature est assez ideale, il faut bien le dire. Moi qui suis frileuse, j entre dedans sans me poser de questions. 

Alors que je bouquine ensuite sur la plage, je leve les yeux de la kindle... au moment ou deux ailerons noirs replongent dans l eau a une vingtaine de metres de la plage. Hey !! Deux dauphins ! Je ne suis pas bien sure de moi mais deux gars du coin s extasient non loin de moi et demandent a un couple de touristes qui se prend en photo s ils ont vu les dauphins.... 

Et puis je retourne dans le petit centre du village dont les maisons de couleur me charment. Je ne suis tout de meme pas tres a l aise avec ces endroits hyper touristiques. Sans regret je partirai le lendemain vers Hopkins qui devrait etre beaucoup moins frequente. Je souris lorsque je m apercois que de nombreux belizeens se baladent avec un parapluie sour le bras.... culture british oblige ! Quoi qu ici ils se servent du parapluie comme d une ombrelle pour se proteger du soleil et non de la pluie ! Mais tout de meme c est drole de retrouver ces attitudes et ces gestes ici...

 

Le soir je retrouve l americaine a la cuisine. Une fois de plus je bouquine dans le hamac, et vais me coucher vers 22h. 

Je bouquine encore au lit a la lumiere de mon chargeur solaire qui fait aussi lampe de poche, puis eteins et m endors. Il fait chaud, je suis en short et tshirt mais aux trois quart sortie de mon duvet.

 

Je ne sais pas ce qui m a reveillee. La plupart des hotes sont de sortie, probablement au fameux bar dont on m a parle. 

En pleine nuit, j ouvre les yeux. Il y a un truc bizarre. Un souffle d air entre dans la tente, et mon cerveau enregistre que ce n est pas normal. Je me redresse, tout de suite parfaitement reveillee... et decouvre que la tente est ouverte...

 

La porte exterieure est ouverte par le haut sur le cote gauche. Et la porte interieure est beante. Le ciel est clair cette nuit, je vois a travers l ouverture le mur de l hotel a 3 metres de ma tente. Tout parait si calme.... Mais une autre chose me saute aux yeux...  

A mes píeds je vois un grand espace vide au lieu.... de mes deux petites sacoches !! Oh  non ! Je tente de realiser ce qu il se passe. Je ne panique pas, je suis juste sous le choc de la decouverte. Je n ai plus mes deux sacoches. J ai eu le sommeil si lourd que quelqu un a pu (sans doute rassure par mes ronflements !) ouvrir ma tente et se servir alors que je dormais... Waouhh.... 

Je sors la tete de la tente. Tout a l air si calme... J apercois sur ma gauche une de mes petite sacoches ! Posee contre un cocotier, dans le sable. Je sors tout de suite, fait quelques pas au cas ou je verrais ou entendrais quelque chose. Mais tout est si paisible... Je n en reviens pas. Comment ai-je pu ne pas me reveiler ? Dire que lors de mes premieres nuits sous la tente je revais qu on me cambriolait et je sortais de la tente en alerte, alors qu il ne se passait rien ! Et voila, il se passe quelque chose et moi je dors ! Et pourquoi n ai-je pas mis le cadenas sur la porte, comme je le fais souvent ? Je m en veux, une fois de plus je me sens coupable d inattention. Mais a cote de l hotel, je ne pensais pas qu il pouvait m arriver quelque chose ! 

 

La sensation desagreable d avoir ete cambriolee de nuit alors que je dormais, et la fatigue de devoir toujours etre sur ses gardes sont deux sentiments qui me peseront beaucoup les jours suivants. On n a pas envie d etre sur ses gardes sans arret. Et pourtant, force est de constater que les deux fois ou j ai baisse la garde, ca n a pas pardonne !

 

Je recupere ma sacoche. C est celle ou je rangeais mon outillage, pinces a linge, produit vaisselle, etc. Elle a ete fouillee. Je suis inquiete pour ma sacoche qui contient tout le materiel pour cuisiner. Mon rechaud ! Mon couteau suisse, mes gamelles.... Je suis degoutee. Je jette un oeil a mon telephone : il est 1 heure du matin. Je m allonge, reflechissant aux consequences. 

Pourquoi est-ce que je dors la tete au fond de la tente ? Pourquoi est-ce que je n ai pas cadenasse la porte ? Comment faut-il que j organise la tente pour eviter ca la prochaine fois ? Ah Eric se moquerait bien de moi s il savait ! Il  m avait donne des trucs pour me sentir protegee. Enfoncer des bouteilles de plastique vides dans le sable autour de la tente. Si quelqu un marche dessus, crac, on se reveille. Ou tendre des fils avec des bouts de papier allu. Ca fait du bruit quand ca bouge. Bon d accord, oui, mais je campais pres de l hotel, je me suis sentie en securite. Et puis je ronfle, alors forcement c est tout cuit pour les voleurs ! Je m en veux.

Je suis plongee dans ces reflexions lorsque j entends le bruit familier de mes gamelles, juste a cote. On pose ma deuxieme sacoche au pied du cocotier ! Je n osais pas y croire, mais je l esperais vraiment ! Et a cet instant j ai un reflexe absolument absurde... Je dis tout fort a l attention du voleur : "thank you, I really need it".. Et je me redresse et sors sans me presser. Evidemment il n y a plus personne. Mais ma sacoche est bien la, au pied du cocotier. Je la rentre dans la tente. Et reprends le bilan des pertes apres avoir constate avec soulagement que j ai toujours mon rechaud :

mon canif suisse offert par mes collegues, la boite d outils de nettoyage et de reparation du rechaud (les imbeciles ont ouvert le manuel d emploi et ont du ne rien comprendre, ils m ont laisse la pompe, la bouteille et le rechaud mais ont pris les outils), ma trousse a outils pour le velo (arghh !), les jumelles, et.... les deux soupes et le reste de brioche !

Je suis sur le cul. Tout ca pour ca ? Ah non, il manque aussi mes chargeurs !! Sauf le chargeur solaire, qui etait pres de ma tete. Ouf ! 

Et je repense alors a mes derniers gestes avant de m endormir hier soir. J etais rentree sous la tente avec mon sac a dos dans lequel j avais, comme d habitude, mon appareil photo, mon portefeuille, mon porte monnaie, mon telephone, ma liseuse... bref, tous les trucs importants et que je garde a l oeil. J ai failli laisser le sac a dos a mes pieds, par flemme. Et puis finalement mon cote organise a pris le dessus. J ai decide de vider le sac a dos et de repartir chaque chose a la place qu elle occupe lorsque je pedale. Portefeuille et appareil photo ont atterri dans la sacoche guidon, qui est toujours dans le fond de la tente, a cote de ma tete. J avais garde le chargeur solaire sous la main et branche mon telephone dessus pour le recharger. A cote de ma tete egalement. Du coup j ai encore mon chargeur solaire et un cable. Par contre je vais avoir un probleme a resoudre rapidement : je n ai plus de chargeur pour la batterie de l appareil photo. Et ca, c est un vrai souci ! Mais je devrais pouvoir en trouver un nouveau assez rapidement. Du moins je m imagine que j en trouverai un a Belize city, car dans les petits villages comme Placencia ou Hopkins je doute qu ils aient ca en magasin.... Il va falloir tenir d ici la. Heureusement ma batterie affiche encore trois barres. 

Il va me falloir un adaptateur, egalement. Mais ca aussi je devrais trouver facilement. Et des rustines, des clefs allen et une clef de 8 ou 9 pour les boulons du velo, ainsi qu un kit de reparation (colle, rustine et outils pour enlever le pneu de la jante). Bon. Ca va faire quelques achats a prevoir, mais je devrais m en tirer pour pas cher. 

Et puis je commence a me dire qu un gars (ou plusieurs) qui vole des outils et de la brioche meme pas bonne, c est un type qui est bien plus malheureux que moi... Franchement, mon pauvre bout de brioche sans gout et a moitie ecrase.... Bon. 

En fait, je suis decue d avoir perdu mon canif offert par la fede, et ennuyee pour les outils a remplacer, mais ce qui me marque le plus c est de ne pas m etre reveillee et cette sensation hyper desagreable que "quelqu un est entre chez moi" pendant mon sommeil pour se servir allegrement. Ca... c est pas cool. 

 

J entends ma voisine de tente se lever. J ouvre ma tente et l interpelle. Je la previens qu on m a volee pendant mon sommeil et l encourage a mettre un cadenas si elle ne le fait pas deja. On en parle un peu, et puis on se souhaite bonne nuit et je me recouche. J ai evidemment du mal a me rendormir. Je cogite. J ai mis le cadenas, car par chance il est toujours dans la petite sacoche bleue dans laquelle j avais des bricoles : cadenas, necessaire de couture, elastiques,,, Je decide que dorenavant je dormirai la tete pres de l ouverture de la tente. Ce qui est plus logique d ailleurs, car ce cote de la tente est plus grand. 

J ai poste un message sur facebook. C est idiot mais alors que je ne raconte pour ainsi dire rien de ce voyage sur facebook, je m en sers de temps en temps pour pousser un coup de gueule (la Banque postale) ou pour dire ma detresse et me sentir moins seule deux minutes. Et ca fonctionne. J ai des messages, et ca me fait du bien. 

Christine m ecrit que cette nouvelle galere est peut-etre le signe qu il est temps de rentrer. Et le fait est que depuis San Cristobal il me vient parfois des lassitudes, des envies de prendre un billet retour pour mon chez-moi, pour la securite et le confort de mon univers et de mes proches. Des envies d avoir des gens autour de moi, histoire d avoir l impression que quelqu un prend soin de moi. Des envies de retrouver mes reperes, ma vigilance habituelle mais plus instinctive parce que je connais les codes. Mais non, je ne veux pas rentrer sur cette note-la. J ai mon billet pour Riga, cette date de retour fixee pour l Europe mais aussi pour une nouvelle page de cette aventure personnelle me donne le sourire. Depuis que cette date est fixee, je sens que je suis "on my way home" - comme le chantait Yoan Garneau, le jeune laureat de la chanson country au festival de Montreal. Et ce sentiment me fait du bien. Mais il a un deuxieme avantage : j ai une conscience plus aigue de la duree limitee de ce voyage.

Doucement mais surement, la fin approche, alors plus que jamais je dois profiter de chaque instant. Je ne veux pas regretter plus tard d avoir gacher des moments ou gacher la possibilite de savourer cette chance incroyable. 

Sur ce... je finis tout de meme par m endormir. 

 

Je suis debout a 7h, et ma tente est pliee rapidement. Je croise l homme de la premiere soiree. Visiblement il habite en haut, ce doit etre le compagnon de la patronne. Il s apprete a aller piquer une tete dans la mer, come chaque matin. Je lui raconte ce qu il m est arrive, pour qu il sache qu il y a des vols dans le coin. Il m invite a ecrire sur une liste ce qu on m a vole et se propose de m accompagner au poste de police. Je le remercie mais je ne vais pas aller casser les pieds en pure perte a la police pour des outils et un canif, aussi joli que soit ce canif... Bon d ailleurs je ne sais pas si ce gars en a vraiment quelque chose a faire, a vrai dire. Disons qu il m a repondu ce qu il fallait repondre. Pour ma part j emballe mes affaires, prends un cafe, oublie au passage que j avais laisse des oeufs au frigo pour me faire une omelette avant de partir, et pousse le velo hors du sable pour reprendre la route et passer a autre chose. 

Je rejoins la route principale qui traverse le village, et je repere un petit magasin. Je m arrete pour demander s ils vendent des adaptateurs. Eux n en vendent pas, mais ils m indiquent un endroit ou je trouverai. Et en effet, voila au moins une chose qui ne me manquera plus, j achete l adaptateur. Je trouve dans un autre magasin d outillage des clefs allen et une clef de 8. Bon. Il ne me manque plus qu un chargeur pour l appareil photo et un kit de reparation pour le velo.

Je prends un cafe dans un joli petit bar fleuri et tout colore, et allez c est parti ! Je me sens a nouveau en forme pour une nouvelle journee ! 

 

Cette fois-ci je decide de ne pas prevenir mes parents, comme j ai tendance a le faire pour mes petits et grands soucis habituels. Je ne veux pas qu ils s inquietent. Ils l apprendront plus tard en lisant le blog. Apres tout il n y a pas eu mort d homme. Tout de meme, alors que je recois un message d Isa, j en profite pour lui en glisser un petit mot parce que ca fait du bien.

Le soleil est au rendez-vous de cette journee de velo. Je me lance sur la route qui relie Placencia au continent par une fine bande de terre longeant la lagune. Voila les plages qui se suivent, mais elles me paraissent toutes aussi sales que celle pres de laquelle j ai campe. Mais c est tout de meme bien agreable de rouler pres de l eau et d avoir ce paysage sous les yeux. Les petits villages se succedent, s etalant le long de la route, quelques maisons de bois et de temps en temps une toute petite boutique plus ou moins a l abandon. Des pietons ou des cyclistes marchent ou roulent sur le bord de la route.  Et puis surprise, voila que je tombe sur une belle plage publique. Toute propre, avec du beau sable blanc, et des transats a disposition sous les cocotiers. Oh bah alors je ne vais pas me priver de ce petit plaisir ! Je m installe un moment avec mon coca, pieds nus dans le sable chaud. Ahhhhh mais c est que la vue est tres chouette ! Cabane en toit de chaume sur le ponton a ma gauche, cocotiers sur ma droite, et eau d une belle couleur turquoise droit devant... Je savoure la vue en mangeant une pomme.

 

Bon mais c est pas tout ca, j ai une journee de velo devant moi ! C est reparti ! Je roule encore tout pres de l eau un bon moment. La mangrove et les marais s etalent remplissent le paysage. J ai vite l impression d etre seule au monde dans cette nature deserte. Pas question de mettre un pied hors de la route, ca doit grouiller de bestiaux ces marais ! D ailleurs alors que je chantonne, le regard perdu au loin, j apercois un drole d animal qui vient de sortir de la vegetation et se dandine tranquillement sur le bitume. Je m arrete. Qu est-ce que c est que ce machin-la, avec sa grande queue en fourrure et son museau allonge ?? Jamais vu ca... Je sors l appareil tandis qu il continue a s approcher. Oh que c est bizarre, il a une drole de tete, et une jolie fourrure. Mais il doit mourir de chaud dans ce climat avec ce pelage ! En tout cas il n est pas stresse ! Il s arrete a cinq metres de moi et me fixe. Une voiture arrive dans l autre sens. La voiture freine et klaxonne doucement. Mon compagnon se decide a s ecarter de la route et a plonger a nouveau dans la vegetation. Est-ce que c est ca un tapir ?? J ai regarde des photos entre temps, sur internet. Oui ca ressemble a ca. 

Toute contente, je me remets en selle. 

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D apres mon GPS je vais ensuite bifurquer sur la gauche pour rentrer dans les terres et trouver une route qui repart sur la droite vers Hopkins, evitant le grand detour de la Southwern Highway. Sauf que.. lorsque j arrive a la hauteur de cette bifurcation censee me faire gagner du temps, le passage est ferme par une barriere. Argh... Je suis bonne pour le detour d une bonne quinzaine de kilometres.  Heureusement la route est tout de meme tres plate et je file, avec un petit souffle de vent de temps en temps pour me rafraichir (et flute je n ai encore pas pris assez d eau !)

Les kilometres filent, je penetre dans ce qui ressemble a une foret. Et alors il n y a rien, mais rien du tout pendant des dizaines de kilometres ! Est-ce qu elle est tout le temps comme ca, cette route du bord de mer ? Ca n est tout de meme pas tres frequente. Ou sont les gens ? 

Et puis surtout, ils vivent de quoi, et comment ?? Car je vois  bien de temps en temps une maison de bois a cmoitie cachee par la vegetation, mais ces gens sont loin de tout. Ils font quoi dans la vie ?... Ils communiquent comment ? Qui sont leurs amis ? Il leur faut faire de sacres periples en velo ou en voiture pour aller voir les copains ou acheter un bout de pain... 

 

Au bout d une longue route deserte, je tombe sur un pick-up arrete sur le cote. Deux hommes et un enfant se tiennent a cote de la voiture. Une piste de terre tourne sur la droite. Ce serait merveilleux si ca pouvait etre un raccourci. Mais les deux hommes secouent la tete : "non, il faut continuer sur la route, vous ne pouvez pas passer par la". Ah... Et vous croyez que j ai encore beaucoup de kilometres a faire qavant de trouver une boutique pour savourter une boisson fraiche ? "Vous avez besoin d eau ? On peut vous en donner" me proposent tres gentiment les gars. .  

 

 

Ah bah non, de l eau j en ai, merci. J avais juste envie d une boisson bien fraiche ! Ils m indiquent que d ici 4 miles (et oui, ici on compte en miles !) je devrais pouvoir trouver mon bonheur. Bon ben youpi alors ! Merci les gars ! Je repars allegrement a la recherche de mon verre de coca.

Mais au bout de 4 miles je ne vois qu une propriete privee fermee par une barriere gardee par deux gars en uniforme, sur le bord de la route. Euh, messieurs, il parait qu il y a une boutique dans le coin ? Ah non, pas avant le croisement avec la Southerne Highway (encore 5 miles), mais si vous voulez on a des boissons fraiches au frigo. AH bah decidemment, c est trop sympa ! Mais non merci, je vais attendre un peu.

Sympa ces belizeens.... L un d eux m interroge sur mon voyage, admiratif... jusqu a ce qu il s enquiert du temps que j ai mis pour arriver de Placencia jusqu ici. Trois heures, je crois, dis-je en consultant l heure. Ah bon, tout ca ? Il parait decu, le bougre.... Bah dis, hey, j ai pas de moteur et puis je suis chargee, et puis je suis une faible femme, non mais sans blague... Je sais que je suis lente menfin tout de meme son etonnement m etonne...    

Allez sans rancune, on se souhaite une bonne journee et je m elance une fois de plus a la poursuite de la boisson fraiche tant esperee. 

Je finis par arriver au croisement de la Southern Highway, ouf ! Et en effet, une dame tient un genre de petite cabane sur piloti. Sous les planches, des poules et des poussins se baladent, proteges par deux coqs qui s assurent que je ne m approche pas trop pres des bebes ! Dans sa cabine qui doit faire un  metre carre, la dame a juste un frigo. Bon ben ca tombe bien, je prendrai un coca madame. Elle me repond en espagnol. Decidemment... 

Je m asseois sur les planches et regardent les poussins chercher leur pitance, en sirotant mon coca. 

 

A partir de la, ma route s en va dans une vegetation epaisse et les montagnes reapparaissent au loin. Plus je vais m approcher de Belmopan, la nouvelle capitale du Belize depuis la destruction de Belize city par la tempete de 1961, plus la montagne va s elever dans le fond du paysage. Je ferai une petite pause un peu plus loin, au niveau d une station de bus. L occasion de discuter avec un jeune homme qui retourne a Belmopan. 

Ces premieres journees de velo sont vraiment le temps du bonheur de la vie en route retrouve. Je ne fais rien d extraordinaire, mais c est tellement bon de passer mon temps a regarder a guahce et a droite, a pedaler dans ces paysages et a discuter avec les personnes que je croise ici et la. Les champs d  orangers succedent aux plantations de bananiers. De nombreuses oranges gisent sur le bord de la route. 

J avance a grands tours de roue, et voici enfin la bifurcation pour parvenir a Hopkins. En fait, le compagnon de la patronne, a PLacencia, m avait prevenue : tu as d abord la route pour Seed Creek, puis celle pour Hopkins. Prends celle pour Hopkins. Bon. Mais sur la carte de mon GPS je vois que la premiere route arrive aussi a Hopkins. Alors je decide de prendre celle-ci. 

Et en effet on accede a Hopkins par cette route. Mais la route se transforme tres vite en piste de sable rouge, bien moins pratique donc, que la route bitumee. Ceci dit, tant pis je suis enchantee par les paysages et ca me va d emprunter cette piste exotique. Enfin jusqu au moment ou tout a coup je vois debouler trois gros chiens a mes trousses en aboyant ! A cause de la musique que j avais dans les oreilles je n ai pas anticipe et les ai vus au dernier moment. Ils sont deja a une metre de mes mollets. Oh mon dieu !! J ai a peine le temps d avoir peur, en fait, ils sont deja sur moi. Et j ai un reflexe tres bizarre. Je m arrete et leur parle gentiment. Et hop voila qu ils se dressent et mettent leurs pattes sur moi en aboyant... mais aussi en remuant la queue ! Ah bon, en fait ils sont contents, les affreux ! Mon pantacourt est beaucoup moins content, je suis couverte de terre rouge ! Pfff... Je tente de les amadouer : mais oui, mais oui vous etes beaux ! J en appelle un Brownie, au cas ou... Ils ne me lachent pas. Bon. J appuie sur les pedales. Oulala, ils regardent avec gourmandise mes mollets. Gentils, hein ! Tres vite, deux des chiens m abandonnent, lasses. Mais le troisieme, qui a vraiment une sale tete, a decide apparemment de profiter de cette distraction pour s eloigner de ses compagnons et de sa maison. Hop le voila qui court a cote de moi, non sans regarder mes mollets de temps en temps. Ah l animal ne rate pas une occasion, si je ralentis, pour essayer de me faire des lechouilles sur les mains et pose ses pattes sales sur mon pantacourt a tout bout de champs. J essaie de piquer un sprint mais ca l amuse encore plus ! Bon. Apres tout au moins avec lui je suis en securite. Donc j en prends mon parti et pedale tranquille en regardant cette jolie piste qui me conduit tout droit au bord de l eau. 

Et je tombe enfin sur la route qui longe la mer. Hopkins est a gauche, a trois miles. Tout en longueur sur l etendue de la plage. Je roule sur une bande de sable qui ondule, je tressaute sans cesse et vibre de partout, en tentant d eviter les nids de poule qui fleurissent par centaine ! Ouh que c est desagreable ! 

Je decouvre donc Hopkins en tressautant. Une rue (de sable) s etire sur plusieurs miles le long de la plage. De part et d autre, les cabanes en bois se succedent, avec de temps en temps une petite echoppe ou un resto. La plupart des restaurants locaux sont constitues d une roulette ou d une table en bois sur laquelle on a dispose des ingredients. Les gens s agglutinent autour et mangent debout avec une assiette plastique a la main. Ou assis dans le meilleur cas. C est le meme principe que pour les tacos au Mexique. Ici on mange surtout des "barbecue". Du poulet roti avec du riz et des haricots en accompagnement. Je n ai d ailleurs encore rien mange depuis ce matin. 

Tout a l air calme, les gens sont chez eux, j entends du bruit dans les maisons en bois, ou bien ils marchent le long de la piste, ou sont assis pres des lanchas. Je vois quelques tousites qui se promenent aussi dans cette rue sans fin. Ce n est pas tout a fait l unique rue. Des chemins de terre partent sur la gauche et j apercois le village, enfin les habitations des gens, sur une piste parallelle a celle-ci. J apercois un reparateur de velo. Il faudra que j aille le voir. 

Presque l a la sortie du village, je trouve l auberge que je cherchais. Mais c est complet, et ils refusent que je campe. Bon. On m indique la pension Tania qui est dans les memes prix. Je fais demi tour et je m y rends. Je demande si je peux camper, mais la proprietaire *Tania" me dit que ce n est pas "safe". Il y a trop de gens qui se promenent le soir, ici -ajoute-t-elle. 

Bon. Je n insiste pas, vu ma derniere experience...

Je prends une chambre, un peu chere pour mon budget - 12 euros - menfin... Au moins est-ce propre et j ai ma salle de bain privee.

J installe mes affaires, chausse les tongs, et c est parti pour un tour. Je traverse la rue principale et vais voir a quoi ressemble la plage. Et bien elle est certes jolie, mais tout aussi sale que celle de livingston ! Autant de dechets sur le sable, apporte par la mer ou jete par les passants. C est bien decevant... Par contre Hopkins a vraiment le charme d un petit village oublie des touristes. Et ca c est vriament chouette. C est paisible. Les familles du coin se prelassent sur les troncs d arbres ou sur le sable pour discuter et regarder la mer. Celle-ci est un peu agitee, un bateau amarre est pas mal secoue par les vagues. 

Les gens sont tellement tranquilles dans leur quotidien que je n ose pas les prendre en photo, de peur de les gener. Un pere surveille ses enfants qui s ebattent dans l eau a grands cris ravis. Je trempe mes pieds en marchant le long de la plage, evitant de marcher sur trop de dechets. Les noix de coco roulent sur le sable au fil du sac et ressac. Tout de meme je vois quelques bungalows sur la plage, probablement destines aux touristes. Un groupe de jeunes blancs sort d ailleurs, serviette sur l epaule et bouteille de biere a la main. Je continue a penser que si les iles sont certainement magnifiques, les cotes du Belize sont surtout pauvres et sales. Pour moi, j ai envie de dire que ca ne manque pas de charme parce que je vois bien que ce sont de "vrais gens" qui vivent ici, et je prefere toujours ca aux plages a touristes.

Mais je suis tout de meme un peu decue car je crois que je m imaginais des coins perdus et sauvages, une nature tres belle rien que pour moi.... Mais evidemment non. Soit c est beau et propre et c est squatte par les investisseurs etrangers et les touristes du monde entier, soit c est sale et abandonne de tous sauf des communautes locales. 

 

N empeche, c est bon d etre tranquille et presque seule pour me balader sur la plage, loin de tout, caressee par le souffle du vent, contente de ma journee, contente du nouveau visage que prend mon voyage. On m a deconseille de prendre la route cotiere pour aller a Belize city. "Not safe"m a dit le compagnon de la patronne a Placencia. Et puis il parait qu elle n est pas goudronnee. Mais du coup, la seule route possible est celle qui passe par Belmopan, la nouvelle capitale, dont le routard dit qu elle est absolument sans interet. Je decide de poursuivre demain jusqu a Dangriga et de prendre un bus de Dangriga a Belize city.

 

Je commence a avoir serieusement faim. Un joli petit bar resto en bois et mobilier kitch attire mon attention.

L ecriteau annonce "Chez Sonia". Une jeune black, tres enrobee, le visage rayonnant de joie de vivre, chantonne sur l air de musique qui passe a la radio tout en nettoyant le comptoir. Je m asseois en face d elle sur un tabouret haut et entame la conversation pendant qu elle me prepare un jus d orange bien frais, 

Le vieux fauteuil en face de la table base en bois me tend les bras. Je vais siroter mon jus d orange a cette place, en regardant des garcons qui jouent au basket sur le terrain de l autre cote de la route.  J aime les musiques que j entends a la radio, et j aime l entrain qvec lequel la jeune serveuse les reprend comme si elle etait seule au monde. Je note les paroles que j entends, pour retrouver plus tard ces chansons sur youtube ou autre. 

Une autre femme arrive, en salopette en jean et casquette rouge a l envers sur sa tete, et passe en cuisine lorsque je commande un poulet au barbecue avec rice and bean.  

Lorsque mon plat arrive,  je suis decue. Bon ok c est bon, mais tout de meme c est bien lourd, et sans sauce pour faire glisser. Etonnant qu on mange aussi etouffant dans une region ou il fait aussi chaud. 

Alors que j attends mon plat en testant la Belikin locale, un groupe de jeunes arrive et deplace, sous les conseils de la jeune barmaid, des tables pour fire de la place devant le comptoir. Les filles sont habillees avec des robes a froufrous, de plusieurs couleurs. Lorsqu ils sont prets, les voici qui s alignent devant le "public" - nous sommes quatre ou cinq - et se presentent. Alors si je comprends bien, ils font partie d une ecole, et se propose de nous faire une demonstration des danses traditionnelles pour la premiere fois ce soir. Ils se corrigent et se soufflent les repliques mutuellement, se jettent des coups d oeil pour se rassurer. Nous les applaudissons pour les encourager. ALlez c est parti ! Les garcons s installent sur des chaises et tapent sur leurs tambours. D abord timidement, les filles se mettent a danser, jetant de tres fresquents coups d oeil a gauche et a droite pour vrifier qu elles sont dans le tempo avec leurs copines. Bon, je ne trouve pas ca tres gracieux comme danse, mais ils sont touchants ces jeunes. A un moment, ils font une danse ou chaque fille represente visiblement un acte de la vie quotidienne des tribus garifunas. Nous devons regarder et dire a la fin ce que faisait chacune des filles. Pour certaines, c est facile, comme la peche ou le travail aux champs avec la machette. Mais pour d autres c est plus complique, surtout que celle qui fait a manger semble se delecter de ce qu elle a preparer a tel point qu elle se roule par terre ! En tout cas c est bien sympa ce petit spectacle.

A un moment, un type d un certain age et deja bien emeche s approche et se met a danser. Imperceptiblement, il se rapproche des filles, et commence a mimer des gestes obscenes. Mais c est pas vrai, decidemment les mecs se croient vraiment tout permis ! Marre de ces provocations a totu bout d champs de types qui se croient autorises a manquer de respect aux nanas ! Les filles n ont pas de gestes brusques mais lui font comprendre a coup de regards assassins et de messes basses qu il ferait mieux d aller se tremousser ailleurs. Moi je suis surprise que les gars du gruope ne levent pas le petit doigt pour ecarter cet abruti... A croire que c est tout a fait normal. Ben oui, pourquoi demanderait-on a un mec de controler sa libido et de se conduire en etre humain ?... 

Je m eclipse avant la fin car la musique n est tout de meme pas trop de mon gout malgre la prestation vraiment sympa des jeunes, et retourne regarder la mer sous le clair de lune hyper brillant. 

Je rentre ensuite dans ma chambre et profite du ventilateur, pour une fois, avant de m endormir. Le lendemain, je ne traine pas pour me mettre en route. Je ne suis pas vraiment pressee puisque je vais prendre le bus a Dangriga. mais je voudrais arriver tot a Belize city. Nous sommes dimanche, le soleil pointe le bout de son nez a travers des nuages blancs clairs. Je n ai qu une petite trentaine de kilometres a faire pour arriver a Dangriga. 

Et la route repart tres vite en pleine nature, dans ce qui ressemble a des marais. Il y a de l eau partout ! Je me mets meme a psychoter sur la presence possible de crocodiles dans ces marecages. En tout cas du coup le paysage est super joli et je me regale. 

Je ne suis pas bien longue a arriver a Dangriga par la route qui finit en longue, tres longue ligne droite jusqu au centre ville. On m aide a trouver la station de bus, qui est forcement pres de l axe principale qui traverse la ville. Je mets pieds a terre et demande a un gars pres d un guichet si je peux monter dans le bus pour Belize city avec mon velo. 

Le type jette un oeil sur mon velo et m indique d un geste du menton les deux chauffeurs qui sont a la taccheria. Faut leur demander a eux  - enfin c est ce que je crois conprendre par sa gestuelle.  Je vais donc les voir. L un des deux jauge mon velo, hesite une demi seconde puis me dit que ca me coutera 5 dollars de supplement donc 15 dollars au total. Bon allez ca fait 7 euros, je ne discute pas. Et hop en deux minutes mon velo est monte a l arriere du bus, entre les sieges, les sacoches calees sous les sieges. Moi je monte devant et on demarre des que je suis assise. Allez hop, direction Belize city !

Et effectivement la route monte. 

Les bus belizeen sont un chouia plus confortables que les chicken bus guatemalteques. Ils sont tout en longueur. Et moins funs, cote decoration. Plus classiques, fin, sans grand delir ni dans l apparence ni dans l ambiance. Pas de musique. Je ne vois pas d autre touriste que moi dans le bus. Ici aussi la porte d entree reste ouverte, mais on s arrete peu, et le bus marque l arret pour laisser monter quelqu un. Bref, je regarde par la fenetre les paysages verdoyants. Nous traversons une petite ville qui porte le nom d Armenia. C est jour decompetition, aujourd hui, apparemment. Deux equipes s affrontent sur le stade de foot que notre bus longe. A l ombre des rares arbres qui bordent le terrain, les peres ou les amis regardent le match de leurs rejetons. Comme dans tous les pays du monde...

A Belmopan je ne vois que des rues grises et des batiments sans charme. C est une grande ville, qui pourraient presque ressembler a une de nos banlieues francaises moches, avec ses edifices carres anonymes et ses grandes surfaces, enfin ce qui ressemble a de grands magasins.

A partir de la capitale, la route est presque toujours en ligne droite et plate, puis descend vers la mer. Le ciel se degage, le soleil se fait de plus en plus chaud et aveuglant. Nous ralentissons, et j apercois des voitures arretes sur la voie, warning allumes. Notre bus roule a deux a l heure, depasse ces quelques voitures (personne ne vient en face), et nous decouvrons alors une voiture dans le fosse. Celui-ci etant rempli d eau, la voiture disparait deja a moitie dans le marais. Sur le toit, un homme est couche a plat ventre et tend le bras par la fenetre conducteur ouverte. Comment la voiture peut-elle se retrouver dans cette position ? C est l arriere qui s enfonce dans l eau, tandis que l avant est a contre sens sur notre voie de circulation. Je ne vois pas ce qui a pu se passer pour que la voiture entre dans l eau dans ce sens... Mais surtout j espere que le conducteur et les passagers eventuels vont etre sortis vivants...

 

Le terminus de Belize city n est pas loin du centre ville, symbolise par le fameux swing bridge. Pendant mes quatre jours de presence, je ne le verrai pas tourner une seule fois.   

Bon et ben ca y est, me voila a Belize city ! Je ne sais pas encore - parce que comme d habitude je ne me suis pas trop renseignee - qu il n y a rien ici, et qu il n y fait pas franchement bon vivre. Je decide de me trouver un hostal auberge de jeunesse pour trois jours, car j ai l intention d aller faier un tour a Caye Caulker et d affronter mes demons en allant snorkeler sur la barriere de corail. J ai une adresse d auberge de jeunesse dans le routard. 

Je tente de me diriger dans la bonen direction depuis la station de bus, pour trouver Queen street, la rue principale. Oulala, mais que c est calme et mort, ici, le dimanche ! Tout semble dormir. Le soleil plombe la ville. La chaleur moite est ecrasante. Je transpire sans rien faire.

Je pedale vers le centre. Ici et la, des gens - des hommes, pour la plupart - sont assis seuls ou en petits groupes. Je dirais meme... ca zone ! En tout cas c est tout de suite l impression que j ai. Je decide de tourner a droite, et je me retrouve vite fait au bout du cul de sac de l embarcadere des water taxis. Bon.

Non seulement il fait super trop chaud mais en plus je sens que ca craint de rester ici. Je repere par ou passent les voitures (enfin il y a une voiture qui passe juste a ce moment-la alors je la suis car je sens les regards des zonards sur moi, la-bas au loin...)

Est-ce parce que je viens de me faire voler, ici au Belize ? Ou est-ce uniquement mon instinct ? Je lirai plus tard dans le routard que Belize city est une ville ou il vaut mieux ne pas trop trainer. Et bien je confirme que c est bien le seul endroit ou spontanement je ne me suis pas sentie super en securite. En meme temps, le nombre de clochards ou zonards bourres a toute heure est assez impressionnant.   

Je pedale avec mes lunettes noires sur les yeux, et tente de prendre un air detache en scrutant le nom des rues. Ils sont ou, les noms, d ailleurs ? Ah, ca va on les voit sans trop de difficulte. Bon, je ne suis visiblement pas loin, Ah et puis voici le commissariat, parfait, je me sens tout de suite plus detendue. "Hey baby, how are you ?"Je ne reponds pas. Un peu plus loin un autre gars, edente, assis sur le trottoir, pieds nus, m interpelle "My love, have a nice day !" Arghh ! Ca v a etre comme ca toutes les cinq minutes ou quoi ? Bon, voila la rue de l hotel. Je passe devant l entree sans la voir. Normal, c est une simple porte grillagee, sans panneau. Un homme, sympa cette fois, est assis en face avec sa petite fille. Vous cherchez quelque chose ? Oui, vous connaissez l hotel a cette adresse ? Oui il faut entrer par cette porte. Ah bon merci beaucoup. La porte donne sur un couloir en ciment super etroit qui fait un angle a angle droit a cinq metres. Je manoeuvre pour faire passer le velo.  Et m avance jusque dans une cour de beton, qui semble etre au milie d habitations privees. Hello ? La tete d une femme apparait a la fenetre grillagee d une chambre, un etage au-dessus de ma tete. D ailleurs tout est grillage ici, ca rassure tout de suite...

Bon, l hotel est complet. Merci. Je fais demi tour et ressors. Ou vais-je trouver, dans cette ville morte ou tout a l air endormi ? Une femme passe a ce moment-la. Vous cherchez un hotel ? Euh, oui. Je peux vous en montrer un, c est sur ma route je vais dans cette direction. Super, merci. Et je la suis jusqu a l hotel. Mais le tarif ne me convient pas. 45 dollars belizeen, c est trop. Je repars et retourne vers le pont car j ai vu une autre adresse dans le routard. Je trouve l hostal. Un escaler tres raide monte a la terrasse etroite, grillagee elle aussi. De toute facon c est simple, ici les fenetres et balcons et terrasses sont entoures de barbeles et de grillages. Les maisons sont construites en bois, et delabrees pour la plupart. C est impressionnant, d ailleurs a quel point tout semble en ruines ! Il est vrai qu un cyclone a tout devaste en 1961, raison pour laquelle la capitale a ete demenagee a Belmopan. 

Je sonne une fois, deux fois.. personne ne vient m ouvrir. Bon. En face se trouve un autre hostal. Je commence a descendre les marches quand une voix feminine m interpelle. La patronne s est visiblement reveillee, ou alors elle etait dans le jardin du fond et a mis du temps a venir a la porte.

Ici le dortoir est a 15 euros (30 dollars belizeens). Eau chaude, pas de cuisine. Bon. Allez je dis oui. Je descends chercher mes sacoches. Deux hommes, un vieux et un jeune, employes de l hotel, me donnent un coup de main - enfin m imposent un coup de main. L un d eux prend le velo sous le bras, l autre les sacoches. Bon ben merci les gars, c est gentil ! "Mais non c est normal, you are a beautiful woman" me dit le plus age. Ah non mais c est pas vrai.... Il va falloir que je m y fasse... Ou alors je sens que je vais rentrer dans le lard de quelqu un, probablement. Telle que je me connais ca va finir par m echapper. C est vrai quoi. J en parlerai avec une jeune anglaise de 24 ans, plus feminine que moi, rencontree plus tard au Yucatan. En tant que femmes seules, on a droit a ce genre de comportements, ou alors aux incessantes questions personnelles (tu es mariee ? Tu as des enfants ? Tu as un petit copain en France ?) Est-ce que les voyageurs seuls ont droit a ce genre de questions ? Non. Uniquement les femmes. Et franchement... c est relou ! Du coup au diable la politesse, a un moment donne on a juste envie de les rembarrer, ces types qui se donnent le droit de nous manquer de respect, comme si on attendait que ca, d etre abordees par ces decerebres ! Bon bref. En l occurrence, les deux employes etaient sympas, en dehors de ca.  

Je m installe dans le dortoir. J y suis seule pour l instant. Puis je sors prendre une douche. Ouh que ca fait du bien apres avoir autant transpire ! Il faut vraiment que je fasse une lessive ! Mes vetements sont dans un triste etat. Je passe mon pantacourt vert et mon tshirt bleu et me prepare a sortir. Dans le couloir avant la porte d acces a la terrasse, le jeune employe discute avec un couple de francais sur le depart. En me voyant prete a sortir il s etonne. Tu ne vas pas te reposer un peu ? Ben euh, moi c est en me promenant que je me repose. Tu devrais dormir un peu... T es gentil mais j ai pas besoin qu on me dise ce que je devrais faire - ai-je envie de lui repondre. Et comme je maintiens que je suis curieuse de voir la ville et que c est ma facon a moi de me detendre il ouvre des yeux ronds : mais tu vas voir quoi ? J ai du mal a contenir mon exasperation. Ben je sais pas, moi, la ville, quoi ! C est la premiere fois que je suis ici, je veux voir a quoi ressemble Belize city !

En fait, ce dont je ne me rends pas encore compte, c est qu il n y a rien a voir, a Belize city. D ou la surprise du gars.  

Ce n est pas le seul que je vais surprendre avec cette drole d envie d aller me promener dans les rues, par 40 degres d ailleurs ! Je salue tout le monde et descends l escalier, regarde a droite et a gauche et decide de partir sur la gauche vers le swing bridge. En face de l hotel, une petite epicerie vend derriere des barreaux des boissons et des grignotages en tous genres. Une voiture est garee presque devant la porte. Et a cote de cette voiture, trois personnes zonent. Je ne fais pas attention a eux, mais la fille qui squatte la avec ses deux potes me remarque et se leve pour venir a ma rencontre. Black, cheveux courts a la Tracy Chapman, une main dans la poche de son pantacourt qui lui tombe sur les hanches et l autre tenant une biere Belikin Stout (les plus fortes), elle s avance vers moi en penchant la tete sur le cote. Hello how are you ? Bon. D accord ca va etre difficile d etre un peu tranquille dans cette ville, je le vois bien. Spontanement la fille (elle doit avoir une trentaine d annees) ne me fait pas peur. Je jette un oeil a ses deux camarades. L un d eux me parait plutot latino, Tatoue, cheveux longs, lunettes noires et casquette, une bouteille a la main mais ce n est pas de la biere. Il ne dit rien et je ne vois pas ses yeux, mais il a l air tranquille, moitie endormi en fait. Le troisieme est visiblement stone, il ne repondra a rien de ce qu on lui dira. 

Je choisi de la jouer decontractee. Et finalement ce ne sera pas un si mauvais choix. 

Je m arrete donc et reponds gentiment a la question et en pose une moi-meme. Ca va et toi ? Tu habites ici ? Ce sont tes amis ? Shaba se presente, et me presente ses amis. Avec le latino, ils sont ams depuis l enfance. Ils ont grandi ensemble, "juste dans cette rue, tu vois - me dit-elle en me montrant la petite allee qui longe mon hotel. On a grandi ensemble, tu vois, il est comme mon frere, je prends soin de lui et il prend soin de moi ! Ah ben oui je vois, c est super ca ! Et tu fais quoi, toi ? me demande-t-elle. Oh ben je partais faire un tour dans la ville. A son tour la voila qui me devisage l air de n avoir pas saisi ce que je viens de dire (pourtant je me debrouille bien en anglais). Mais pourquoi ? Ca recommence ! Lachez-moi, les gens.... Ben parce que j aime bien ca, j ai envie d aller me promener, la, tu vois - reponds-je en gardant un sourire decontracte. Non tu vas nulle part, tu restes avec moi - me dit-elle d une voix autoritaire. Allons bon. Je soupconne fortement cette fille d etre homo. Un truc dans son attitude, dans sa maniere de me regarder, de se comporter avec moi. Ca ne me derange pas, elle n est d ailleurs pas mechamment autoritaire car elle a dit ces derniers mots en souriant, mais ce qui me derange c est la biere qu elle a dans la main et puis je n aime pas qu on me dise ce que je dois faire. J insiste pour aller me promener. Elle tente de m en dissuader en discutant avec moi, mais comme elle voit que ca ne m enleve pas mon idee de la tete elle bat en retraite et change son fusil d epaule. "Ok tu veux aller te promener, on va marcher, viens, je vais te montrer des choses, je vais te presenter mes amis. Ici les gens vont te voir avec moi, et personne n osera te toucher" - m assure-t-elle. Allons bon, voila qu elle se transforme en chevalier servant ! Et elle le repete a loisir : "ici les gens me respectent, et si tu es avec moi ils te respecteront aussi, personen ne te touchera." Ok bon j ai compris.  Autoritaire, elle prend les devants et m entraine a droite. "Viens, je vais te presenter mes amis. Tu aimes la musique ?" Ah oui, beaucoup, meme ! 

Allez je decide que je ne risque pas grand chose et que ca peut etre marrant et interessant... Donc je suis Shaba. Elle marche pieds nus, car, etant simplement sortie acheter une biere, elle n avait pas pris le soin de mettre des chaussures. Tout en marchant lentement nous discutons. Nous passons devant une espece de cabane en bois ou deux personnes sont assises sur des chaises en plastique. Ils ont l air de s ennuyer. Elle, etalee sur sa chaise trop petite pour elle. Lui a moitie stone. Apparemment c est une boutique, on peut acheter des oeufs et deux-trois bricoles qui ne me donnent pas du tout envie. Shaba salue ses "amis" a grand renfort de "respect", "peace", "love", et ils se tendent les poings et mettent ensuite la main sur le coeur. "C est mes amis" me dit Shaba en m incitant du regard a les saluer aussi. Je tends la main classiquement et dis "nice to meet you", pas encore habituee a "checker"... Nous nous eloignons. Par-dessus une cloture de bois Shaba salue un autre homme, puis se tourne vers moi : tout le monde me connait, ici. Oui oui, je vois ca. Nous marchons sous le soleil brulant. Une musique reggae, plutot sympa je dois dire, parvient a mes oreilles.... de tres tres loin ! Et c est justement vers cette musique que nous nous dirigeons. 

Elle provient d une enceinte sortie dans un jardin. Shaba entre sans hesitation dans le jardin par la palissade ouverte. L enceinte hurle, elle doit etre poussee a fond. A cote de la porte d entree de la maison, un homme en dreads nous tourne le dos, absorbe par sa platine sur laquelle il fait defiler les chansons. A droite, sous les arbres du jardin dont l herbe disparait sous les megots et les dechets, trois hommes sont affales sur des chaises, chacun tenant un verre a la main. Shaba check tout le monde et hurle pour dire que je suis son amie. Bon, les gars fument de l herbe et sont a la tequila depuis bien longtemps, donc entre ca et le bruit ils n ont rien du comprendre mais c est pas grave, ils me tendent tour a tour leur point avec un gentil sourire sur les levres. Euh, bon, lol, give me five les gars ! Je tends le point et reponds a leur salut. Par contre la main sur le coeur, ca c est too much pour moi, tout de meme. De meme que "respect" et "peace". Je me contente toujours du "Nice to meet you"... En meme temps je pense qu ils m ont oubliee dans la seconde qui suit. Shaba me tend un verre et attrape la bouteille de tequila. Euh, un chouia - lui dis je en lui montrant mon coca que j ai toujours a la main depuis qu on s est rencontrees. Et ouf, elle ne m en verse qu un tout petit peu. J y trempe les levres. Pas envie de boire, la, il est quoi, 15h ou 16h ? Shaba se met a danser. 

Et moi je me rends compte que tout ca m amuse et que je me suis detendue. Il y a une heure je debarquais dans Belize city en me demandant ou j avais mis les pieds, et me voila en train de danser du reggae dans le jardin de quelqu un que je ne connais ni d Eve n i d Adam, avec une nana qui me fait rire meme si il faut que je trouve le moyen de fixer des limites. J aime la musique. C est trop fort, mais j aime ces rythmes. Et puis ces gars shootes n ont pas l air mechants, donc tout va bien. Je danse...

Shaba s approche de moi et me hurle a l oreille qu elle est une "queen africaine". Ah. Je continue a danser. Je m apercois qu elle passe en mode approche... Je regarde mes chaussures et j allume une cigarette. Shaba salue tout le monde et m entraine dans la rue. Tu veux voir le bord de mer ? Ben oui, tiens ! Et cette banane continue a marcher pieds nus. Je tente un truc. Tu sais moi je peux marcher pendant des heures alors si tu veux rentrer tu peux, hein ! "No, I am with you, now, I stay with you !" Super... D ailleurs elle me demande ce que je compte faire le lendemain. Ben, aller a Caye Caulker. Ah parfait, elle connait quelqu un, on pourrait y rester une nuit sans payer l hotel. Oui euh bon, je reponds qu on verra plus tard, je n ai pas encore decide....

Nous voila sur le bord de mer.... qui est super moche. Enfin rien de special, quoi. Pas de plage. Juste un mur qui tombe dans l eau. Il y a des cailloux le long du mur. Shaba ouvre de grands yeux. Waaouh, ca a change ! J avais l habitude de me baigner ici quand j etais petite ! Ici ? Mais c est des cailloux moches qui tombent dans l eau, on n y voit rien, c est noir, tu te baignais la-dedans ? Et ca fait combien de temps que tu n as pas bouge de ta rue si ca a tant change que ca ?? 

Ici, sur ce piteux bord de mer ou nous nous asseyons un moment, je vais en apprendre beaucoup plus sur Shaba. Elle est maman, ses deux petites filles vivent avec leur pere aux Etats-Unis. Elle ne les a pas vues depuis deux ans, Toute jeune, Shaba a suivi sa tante aux Etats-Unis. Elle a fait des petits boulots comme "housekeeper", et ca lui convenait bien, apres tout. "Une fois que le menage etait fait, je pouvais regarder la tele !" Elle a aussi eu l occasion de peindre l interieur des maisons, et ca, ca lui a vraiment plu. Tu ferais quoi si tu avais le choix de faire ce que tu aimes, la, tout de suite ? "J aimerais bien peindre, ca, ca me plairait vraiment. J ai repeint tout l interieur de la maison, chez nous, et aussi dans le resto d un ami" me repondra-t-elle.

Quitter le Belize n a pas ete un moment heureux, parce qu on ne lui a pas laisse le choix, Mais elle a aime, finalement ses quatorze annees aux USA. Elle est rentree depuis peu, et semble plutot contente, si ce n est qu elle ne voit plus ses filles. Je n ai pas trop cherche a savoir ce qu il s etait passe a ce sujet. 

 

Nous trouvons un sujet de passion commune en parlant sport. "J etais une des meilleurs joueuses de foot feminin du Belize, mais j ai du arreter car le gouvernement n aide pas les clubs feminins, et les deplacements coutaient trop cher". Elle a joue au foot, au baseball et au basket. Et aussi un peu au volley". Mes cousins et mes neveux sont super doues au basket et au foot" - dit-elle fierement. Je sens qu elle aimerait bien jouer encore... mais bon, en attendant je m apercevrai qu elle carbure a la biere et a la tequila du soir au matin. Elle me propose d ailleurs de fumer des joints chez elle en ecoutant de la "bonne musique". Non merci, je ne fume que des cigarettes. Du coup, elle n en fumera pas elle non plus ce soir-la.

Car nous allons passer le reste de la journee ensemble.

Nuos parlons aussi de la maniere dont Belize considere l homosexualite. Elle me presente d ailleurs sa "premiere copine", puisqu alors que nous discutons sur le bord de mer un scooter s arrete a notre hauteur et une fille aux cheveux blonds decolores lui dit quelque chose en creole que je ne comprends pas . Je ne sais pas si c est du lard ou du cochon. Shaba repond en riant, et dit tout haut : "I stay with my new girlfriend !"  Euh, c est moi ? Alors que les choses soient claires : c est non. Je le repete trois ou quatre fois pour etre sure que le message est passe. Bon, c est passe. En tout cas Shaba me dit qu au Belize on est mal considere quand on est homo. Ceci dit, je constate moi que visiblement tout le monde est au courant pour elle et que ca ne pose aucun souci. "Oui mais moi personne ne me cree des soucis" - me dit elle en portant la main a sa hanche. Et elle sort de je ne sais ou un long couteau ! La lame doit bien avoir 20 centimetres de long. Oula ! Mais tu te balades avec ca toi ?? Ben ouais, tu crois quoi ? Je lui dis qu en France il est interdit de se balader avec ce genre de trucs sur soi. Bon, en meme temps, Belize n est pas bien loin des USA ou n importe qui peut avoir un flingue ou un fusil sur soi ! Bref.... Je ne demande pas a Shaba de me raconter l histoire de la cicatrice sur son epaule. 

Nous quittons notre mur et revenons vers le swing bridge en longeant le bord de mer. Mon regard n accroche abolument rien de joli. Je suis juste fascinee par les maisons en bois, les ouvertures beantes dans les facades, et les protections des boutiques et des maisons. Il semblerait qu il faille toujours se calefeutrer, ici ! 

J ai faim. Shaba m emmene dans un resto chinois pas cher. "Ils sont partout, ici, les chinois !" commente-t-elle comme si ca l ennuyait. Et alors ? Le fait est que ca m a surprise de constater que la premiere boutique dans laquelle je me suis rendue au Belize etait tenue par un couple asiatique. Mais dans le fond, et alors ? D ailleurs ce resto est tenu par un belizeen, mais le chef est chinois. 

En totu cas decidemment c est bien le meme discours partout dans le monde. Trop d etrangers, qu est-ce qu ils viennent faire ici ? Ils seraient mieux chez eux. Bizarre, de la pàrt de quelqu un qui a vecu plusieurs annees aux Etats-Unis. 

Evidemment les reponses aux questions tournent toujours autour de "ils ne cherchent pas a s integrer". 

En tout cas ils bossent. J entendrais egalement au Yucatan des plaintes sur les etrangers europeens qui quittent leur pays pour venir se dorer la pillule ici, croyant avoir trouver le paradis. Ils ouvrent une pizzeria, un resto rapide, et se la coulent douce la premiere annee, puis commencent a raler qu il faut payer ceci et cela et commencent a trouver que leur paradis n est plus si paradisiaque car pour que le commerce fonctionne il faut bosser... et puis graisser la patte aux autorites corrompues. Ou est le paradis, en definitive ? Ces etrangers-la ne sont pas plus apprecies par les locaux. Il y a aussi les nord americains qui investissent et semblent connaitre tout le monde car ils traversent les rues en saluant bruyamment les uns et les autres. Ils donnent l impression d etre integres. Mais selon beaucoup de gens avec qui j ai discute, peu le sont reellement, Leurs veritables relations sont leurs autres copains expatries, avec qui ils se retrouvent pour boire des bieres ensemble.

 

Il faut le savoir, que nous entrons dans un restaurant ! Rien n est ecrit sur la porte, qui ne donne pas envie d entrer, au demeurant. Pourtant Shaba pousse la porte, check au passage un gars qui sort ("hey man ! - check ! - peace ! - respect ! - yo man") et s avance vers le comptoir d un bar enfume. J ai toujours ma cigarette a la main et reste sur le trottoir. "Tu peux entrer, on fume ici" me dit Shaba. Ah bon ? C est que ca me parait franchement etrange, maintenant. Mais bon... j entre. Shaba est en discussion avec le patron du bar (puisque c est un bar), un jeune gars un peu rasta qui semble tres gentil et doux, et pas defonce (pour une fois, ca fait du bien !).  Shaba me presente. Le garcon me dit alors que je suis entre de bonnes mains, j ai rencontre la meilleure personne de Belize city en la personne de Shaba. Ah.... c est bon a savoir.  Nous passons dans la piece d a cote. C est ici le restaurant. C est grand, sans fenetre, avec une lumiere jaune et quelques lampions rouges pour faire chinois j imagine...  Je commande des nouilles sautees aux noix de cajoux, et Shaba un fried chicken avec des frites. Et deux bieres stout - ce qui fait plaisir a Shaba ! Je prends une stout, wahouu, je suis une vraie dure, moi ! "Give me five !" Bon d accord, check ! et bon appetit. Tout en mangeant, nous continuons a discuter. Le fait est qu on discute bien, toutes les deux. "Apres, on va aller chez moi, je vais te presenter ma soeur, et peut-etre mon neveu aussi, et on ecoutera de la bonne musique. Mais je ne vais pas fumer, non, quand je bois je ne fume pas de shit" me dit-elle, enthousiaste. Bon alors vu la quantite de biere qu elle absorbe je suis tranquille, elle ne fumera pas en effet ! Elle se fait des plans aussi pour la journee de demain. "Je connais un gars qui a une lancha, il peut nous emmener demain a Caye Caulker. Et on paiera pas l hotel. On va passer une belle journee la-bas toi et moi"

Bon, quelque chose me dit que tout ca n est pas que de la franche camaraderie. Attend-elle de l argent ? Comme Reynald a Livingston ? Il faut que je prenne le taureau par les cornes. Ecoute, si tu attends quelque chose il faut me le dire. Quand tu dis qu on va partir ensemble, est-ce que tu comptes que je paie pour toi ? - je lui dis ca alors que nous sortons du resto et qu elle a visiblement trouve tres normal que je paie pour nous deux (ca me faisait plaisir, apres tout ce n etait pas cher et je passais tout de meme un chouette moment depuis le debut d apres-midi). En fait, je lui ai pose la question encore plus tard que ca. J ai note qu elle ne disait meme pas merci pour le resto, vraiment comme si c etait normal. Puis on a fait un stop a la boutique d une copine qui vend des bieres, avant de nous rendre dans sa maison (qui se trouve a cote de mon hotel). Pendant que la patronne allait voir dans son frigo, j ai sorti un billet de 20 dollars belizeens, ne sachant pas combien coutait la biere. Shaba me prend le billet des mains et le donne a la patronne.. qui revient avec sept bieres ! Ben oui, pour vingt dollars je pouvais acheter sept bieres ! Euh.... mais je ne comptais pas acheter tout ca, moi ? Bon.... je ne dis rien. Mais je comprends qu il urge de mettre des limites. Car pour les cigarettes c est pareil, Shaba me taxe beaucoup.

Nous entrons dans l allee qui longe mon hotel. Shaba habite dans la deuxieme maison sur la droite. a gauche, un mur clot l allee jusqu a la rue suivante. En fait je suis dans une sorte de cour ombragee, autour de laquelle les maison ont ete construites. "Toutes ces maisons, c est de la famille ou des amis d enfance" - me dit Shaba. "La y a mon cousin, la c est ma grande soeur, ici c est mon pote que tu as vu tout a l heure, etc. Viens je vais te presenter ma soeur !" Et nous grimpons les quatre marches qui donnent acces a l entree de la maison. En fait ce n est pas l entree, on penetre directement dans le salon - cuisine. Un grand garcon d une petite vingtaine d annees est affale sur le canape et regarde son telephone. C est le neveu de Shaba. Elle le fait se lever pour me saluer. Ce jeune a l air timide et tres doux. Il me tend la main - ah cool, enfin un qui ne check pas ! Et se rasseoit les mains croisees sur les genoux, poliment. Shaba appelle sa soeur. Sur la gauche, derriere un fauteuil, une porte donne acces a deux chambres (une pour shaba et une pour sa soeur) et une salle de bain. 

La soeur sort de sa chambre et me salue avec indifference. Shaba m annonce qu elle va prendre une douche. Ok. Je reste seule dans le salon avec le neveu. Je regarde les photos sur les murs. C est mignon, ces photos de famille. Elles ne sont pas vraiment mises en valeur, mais je remarque que rien ne st vraiment range dans la piece. Tout traine un peu partout et la deco ne semble pas une grande preoccupation. Il y a des trophees de basket et de foot sous la tele. Beaucoup, meme ! Je demande au neveu si c est lui qui a remporte tout ca. Rate ! Lui c est presque le seul non sportif de la famille. Enfin non c est faux, lui c est un grand nageur - me dira plus tard Shaba. Ce sont ses cousins qui ont gagne ces coupes. 

A ma grande surprise, le jeune branche de la musique et c est de la country que j entends sortir des enceintes. Sans blague, tu aies la country ?? Il a un petit sourire timide en regardant par terre. Ben ouais. Hey, moi aussi, j adore !  Et voila, je me suis fait un copain ! Tu as deja ete au Canada ou aux Etats-Unis ? Non, repond-il. Si un jour tu as la possibilite, vas-y en ete, il y a plein de festivals de country partout. On ecoute quelques titres, le temps que Shaba sorte de la douche, toute de blanc vetue, deux bieres ouvertes dans les mains.  

Je lui demande de me faire les presentations avec les personnes sur les photos de famille. Elle me montre en particulier une photo d elle avec ses deux filles metisses. J ai tout de meme du mal a imaginer cette jeune femme qui a l air d une ado en maman. D autant qu elle est vraiment habillee en garcon manque (sans compter le bidon qui sort de la ceinture du pantalon, suite aux innombrables bieres consommees...). Mais il y a bien quelque part deux petites filles qui lui doivent la vie et qui doivent se languir de leur mere...

 

Shaba attrape deux cigarettes dans mon paquet, en donne une a sa soeur et porte la seconde a ses levres. Viens on va dehors ! Elle me tend une biere et prend de sa main libre une grosse enceinte, qu elle branche a l electricite avant de la sortir sur le perron.

Tu veux ecouter quoi ? me demande-t-elle. Ce qui te plait. J aime decouvrir des musiques. Souriante, elle trinque avec moi et lance la musique. Le neveu est sorti aussi pour nous tenir compagnie. Du reggae, melange a un tas de trucs que je ne sais pas nommer. J aime beaucoup. D un coup je me sens bien, je suis heureuse d etre ici. 

Dommage j ai oublie, mais j apprends que Shaba est un surnom. Shaba s appelle en realite Sharleen quelque chose. J ai du mal, cependant, a la voir en fille, en fait... Enfin dans la representation classique de la fille, disons. 

De jeunes hommes arrivent, plus ou moins nets. Des cousins, un frere et sa femme. Shaba me les presente tous et tous sont sympas avec moi. J entends une musique que j aime. Oh, comment s appelle celle-la ? Je veux m en souvenir ! Le neveu reflechit une demi seconde et m ecrit le nom de l artiste sur mon telephone. Cool ! Shaba se met a danser. Et moi, poussee par une envie de profiter du moment present - apres tout cette journee est tres inattendue et tres cool ! - je me leve et danse aussi.

A un moment ou nous sommes un peu plus calmes, assises avec une biere fraiche qui fait du bien etant donne la chaleur de la nuit, je profite de l ambiance detendue pour demander a Shaba exactement ce qu elle attend pour demain, car j ai peu d argent et je veux que les choses soient claires, je ne paierai pas pour deux personnes. Shaba accepte qu on parle franchement. "Bon alors si on y va, tu ne paieras pas l hotel mais tu paieras mon billet pour le bateau, ca fera deux fois 30 dollars donc". Ouais... bon je vais reflechir.... Mais que ca m agace, ces procedes ! Tu attendais quoi pour me le dire ? Je realise que ce qu a fait Shaba avec moi aujourd hui, c est surement sa maniere de vivre et son business avec les touristes. Et oui ! Qu est-ce que je croyais ? Que les gens sont sympas juste parce que j ai une bonne tete ? Ben non, ceux qui spontanement nous abordent sont des gens qui vivent comme ca, ils misent sur la connerie des touristes et ca marche. Bon, je ne regrette rien de cette journee, au contraire, mais j en ai marre des relations faussees. 

Ca aussi, ca fait partie des choses qui donnent parfois envie de rentrer. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tu parles ! Tout le monde tente de vivre comme il peut, oui, certains en essayant de vendre des trucs par n importe quel moyen, d autres en devenant votre super pote en deux minutes et en se faisant payer a manger, a boire, des cigarettes, etc. 

C est pas le fait qu on cherche a me soutirer de l argent qui m enerve. C est les relations fausses. J aime pas qu on joue a etre sympa avec moi avec une idee derriere la tete, et je me rends compte que je suis une incorrigible naive.

 

Bon, pour l instant, je mets ces agacements de cote et je me remets a danser parce que la soiree est vraiment sympa. 

Arrive tout de meme un moment ou la biere et le soleil ont raison de mon energie. Je declare forfait, salue tout le monde et vais me coucher. On ne se donne pas de rendez-vous avec Shaba, on se dit juste qu on se croisera forcement demain matin. Je retourne a l hotel et suis accueillie par le vieil employe qui me demande si j ai passe une bonne journee. Je reponds que oui. Il tente une plaisanterie sur l idee de passer la journee ensemble demain, et il a du glisser aussi un compliement sur le fait que j etais beautiful.... mais c est pas le jour pour me gonfler toutes les trois minutes avec ca. Et il le sent. Il rentre vite fait a l interieur pendant que je fume tranquille une derniere cigarette sur la terrasse. Je fais mes comptes. J ai depense 60 dollars cet apres-midi, soit 30 euros. Pour quoi ? Pour manger, boire et fumer. Super.... Je decide que demain j irai seule a Caye Caulker. Je limite mes depenses, pas questions de me laisser embarquer encore a payer ceci et cela.

Je suis crevee, la biere m assomme. Je vais me coucher et m enferme dans le dortoir.  

Vers minuit je suis reveillee par des coups a la porte. Un mexicain vient d arriver et va dormir dans le dortoir. Ah super... Bon. Je me recouche et dors comme un bebe. 

Le lendemain je suis debout a 7h. Comme je me doute que Shaba ne sera pas levee avant 10h, je decide d aller faire un tour en ville pour trouver un cafe et voir si je peux denicher un chargeur pour mon appareil photo. Je retourne dans Queen Street et la remonte en faisant tous les magasins en vain. Non, on ne vend pas ca.... A chaque fois on m envoie vers un autre magasin. Tentez ici, essayez la... Entre deux deux magasins je passe devant de nombreux mendiants.... One dollar ? Cigaret ? Je dis oui une fois mais pas deux, sinon je n arreterai pas... Triste ville... Il fait deja tres chaud, il est 8h, les enfants et ados marchent le long de la route en uniforme, cartables sur les epaules. 

Je tente un enieme magasin et surprise ! On essaie un chargeur, et ca fonctionne ! Hourra ! Me voila sauvee ! Etre ici, sur le point d aller a Caye Caulker, sans batterie pour l appareil photo, franchement ca m aurait bien decue.

Je ne vois qu un seul point positif dans le fait qu on m ait volee : mes sacoches sont moins lourdes... Mes outils pesaient leur poids, l air de rien. Ceci dit je prefererais les avoir encore avec moi malgre tout. Disons que depuis ce vol je m apercois que j aurais pu me passer d un certain nombre de choses. Evidemment j ai pris du materiel "au cas ou". Comme par exemple ce pneu de rechange, auquel je n ai jamais touche et qui lui aussi pese au fond d une sacoche. La paire de baskets souple... bon ok, elle m a servi. Peu, mais le fait est que pour faire un peu plus habillee c est mieux que les tongs et les chaussures de marche. Ca et mon jean, le fait est que ca ne m aura pas beaucoup servi mais tout de meme il fallait bien les avoir. Non mais depuis mon depart, entre ce que j ai deja renvoye a mes parents et ce que j ai sur moi qui ne me sert pas, je crois que la prochaine fois je partirai avec encore moins de poids.

 

Bon en l occurrence le chargeur que je viens d acheter est bien encombrant, mais je n ai pas le choix, c est le seul que j aie pu trouver. Il est presque 9h lorsque je reviens a l hotel. Shaba est dans la rue et sort de la boutique, une biere a la main. "Deja ??" Oups, ca m a echappe en decouvrant la biere dans sa main. Mais de quoi je me mele... Ceci dit je trouve ca triste, tout de meme, et je ne veux pas imaginer sa vie dans dix ans... On se checke, et je lui demande comment ca va. Et puis je lui explique qu hier soir j ai depense trop d argent alors aujourd hui je vais la jouer tranquille. Shaba me repond "pas de souci, bien sur, il faut que tu fasses attention, bon en tout cas moi je serai la, a ce soir !

Bon. Ca c est fait. Ca confirme un peu mes pensees d hier soir. Finalement si je ne lui apporte plus d argent ou autre, je ne suis pas franchement interessante et elel va aller chercher un autre pigeon. Bon ceci dit je sais tout de meme que derriere ce systeme de survie tout n est pas faux, et on n en restera d ailleurs pas la, on se reverra et on discutera encore ensemble. 

Pour l heure en tout cas, je file mettre mon maillot de bain et preparer mon sac a dos et je pars vers la swing bridge pour prendre le water taxi de 10h30. Toute excitee d aller decouvrir Caye Caulker !

J attends une petite quinzaine de minutes, on est a l heure mexicaine... et puis le bateau demarre. Nous quittons le petit port, faisons le tour du cap avec le phare et le monument en hommage au baron Bliss, et mettons le cap sur l ile. Les couleurs de la mer sont magnifiques, tout un degrade de bleus, meme moi qui ne suis pas une fan de l eau ca me donne envie de plonger dedans ! Le soleil est deja tres chaud. Je ne quitte pas la mer des yeux, je trouve ca trop joli. Ici ou la, une branche d arbre sort de l eau, tendue vers le ciel. Preuve qu en plein d endroits les fonds ne sont vraiment pas loin de la surface ! La couleur de l eau en est une autre preuve d ailleurs. Ce qui me rassure, au fond. 

 

Le trajet dure bien quarante cinq minutes.Je me regale deja sur le bateau, alors j ai hate d etre a terre et de me baigner, de fouler ces plages de sable blanc...

Et nous accostons sur l ile. Je mets les pieds sur le debarcadere en bois et m extasie  la vue de la plage qui court tout le long de l ile.

Et bien voila ! Autant je n ai pas ete charmee par les plages du continent, autant cette ile correspond a l idee que je me faisais de la beaute des paysages au Belize. Contrairement a ce que je craignais, l ile garde, malgre l afflux massif des touristes qui pour la plupart viennent s installer ici plusieurs jours, un petit cote tranquille et decontracte. Pas de betonnage massif, meme si la rue principale est une suite d hotels, de restaurants et de petites boutiques. L ambiance me parait tres decontractee et on s imagine facilement venir se reposer ici une semaine. Enfin bon, ce n est pas dans mes plans et je sais que j aurais eu du mal a tenir plus de trois jours sans m ennuyer, mais pour l heure je suis bien contente d etre la. Depuis le bateau, a l approche de l ile, j ai  tout a coup apercu la barriere de corail, au loin la-bas (pas si loin, en lancha on y est en quinze minutes). Depuis la plage je peux l observer nettement et entendre la rumeur des vagues venant buter conter les recifs. Que c est beau ! Et excitant d etre ici ! Je regarde longuement les recifs. Ah oui il faut que je me mette un coup de pied au derriere et me mettre a l eau pour aller observer les poissons et le corail la-bas. Impossible de rater ca.  

Ce ne sera pas ma grande premiere, j ai teste pour la premiere fois avec un masque integral grace a Severine en Croatie. C etait genial, je m extasiais sous l eau et me marrais toute seule en m entendant parler dans le casque. Que c etait beau, deja, pour moi, de edcouvrir cette vie sous l eau ! Mais je devine qu ici j entre dans une autre dimension. "C est comme de nager dans un aquarium geant" me dira une dame a qui je demanderai des infos pour revenir dans deux jours. "Et c est tres securise" ajoutera-t-elle lorsque je lui expliquerai mon apprehension de l eau (j ai peur de mon ombre dans l eau la plus claire, c est dire...), "vous nagerez a cote des requins mais ce sont des requins d une espece qui n attaque pas l homme, ils sont gentils"...

Bon. Pour le moment j en suis a regarder avec emerveillement, et en me preparant psychologiquement, ces recifs. Puis je quitte la plage et m engage dans la rue principale qui traverse en longueur tout le village (qui n est pas bien grand). Le soleil tape fort, et se reflechit sur le sable blanc qui recouvre la route. Je suis eblouie et pour une fois obligee de porter mes lunettes de soleil, moi qui prefere d habitude voir les choses et les couleurs avec mes propres yeux. Ici tout le monde se deplace a pieds, en velo ou en petite voiture ouverte a gros pneus, type quad mais pour playmobil. On prend le temps de vivre. On n est pas pour le show, et c est bon de le sentir. Tout le monde a l air content. On me propose evidemment du shit, mais aussi du jus de noix de coco frais ou des bijoux en bois de coco ou en pierres (jade, obsidienne, ambre, toutes les pierres que je vois dans toutes les boutiques depuis mon entree en Amerique centrale (bon ok le Mexique c est l Amerique du nord mais moi je le case dans l Amerique centrale). Les stands des tours operateurs sont partout. Diving, snorkelling, tour en helicoptere a Blue Hole, tours en bateaux pour voir tortues, requins, lamantins, raies, etc. On a vraiment l embarras du choix. Je comptais m offrir un tour a Blue Hole, mais lorsque j ai su les prix (250 dollars americains, sans compter le droit d entree dans le parc naturel. Plus cher en helicoptere), j ai renonce et decide de me contenter du snorkelling. De toute facon je n aurai pas ete dans l eau du Blue Hole. Autant je me sens prete a affronter de l eau claire a un endroit ou plein de gens vont regarder les poissons, autant je ne mettrai pas les pieds dans des eaux plus sombres et plus profondes. Je me connais je vais psychoter.et m imaginer qu un monstre dort au fond de ce trou et n attendait que moi pour sortir de sa cachette et faire un festin !

Les couleurs jaune, rouge et vert de la Jamaique sont partout. C est qu ici, on s affiche clairement rasta. La musique annonce la couleur. Des barbecues s installent un peu partout pour offrir au promeneur un poulet roti ou du poisson grille, savamment epice. Les cocotiers offrent leur ombrage bienfaisant tout le long de la plage. Des transats tendent les bras aux passants, mais pas facon tourisme de masse. Plutot par tous petits groupes de quatre ou cinq ici ou la. Je m apercevrai de toute facon, a ma grande surprise, que pratiquement tout le monde s agglutine sur un ponton et un muret qui a l avantage d etre pile face a la plus belle eau, et aux pieds du bar le plus branche de l ile. J y arrive doucement, d ailleurs. La rue principale finit sa course a cet endroit. Je ne sais plus comment s appelel ce bar-resto, je crois que je n y ai pas fait attention meme si j ai tout de meme pris el temps de savourer une boisson fraiche sur un tabouret haut face a ce magnifique degrade de bleu et turquoise qui precede la barriere de corail. Le coin est franchement chouette et je m emerveille de la couleur de l eau. Mais je suis tres suprirse de voir que tout le monde s entasse sur un ponton de 15 metres carres a peine. En fait il n y a pas vraiment de plage. Je ne sais pas pourquoi, mais a cet endroit qui est pourtant sublime on a juste installe un ponton, le reste de l eau etant bordee par un muret gris.

Depuis le muret on peut entrer dans l eau, on a pied et le sable et non seulement super joli mais super doux sous les pieds. Les gens sont allonges en maillot de bain sur ce muret juste assez large. Tete contre tete ou pieds contre pieds. J avoue que ca me laisse perplexe. Mais bon, c est joli est visiblement ce bar c est "the place to be" alors ca justifie sans doute cette envie de se presser les uns contre les autres pour etre a l endroit le plus IN de l ile. Je sirote mon coca lorsqu un rasta d une quarantaine d annees vient s asseoir a cote de moi. "Hey my friend, how are you ?". Ah, chouette, un copain. Ca va merci, et toi ? Tres vite sa conversation m ennuie, car il n a pas grand chose a dire a part que cet endroit est genial. Je le soupconne de passer ses journees a essayer de brancher des filles. Bien sur il doit s y prendre chaque fois de la meme maniere, en laissant entrevoir qu il a de la bonne herbe a fumer et qu on peut passer un tres bon moment a boire et fumer et plus si affinite. Bien. Je finis mon coca, pretexte une envie pressante et m enfuis.

Deux jours plus tard je l ai recroise, sur l ile. Je t ai attendue l autre jour. Ah bon ? Desolee, je ne te voyais plus, je suis partie. Et bien ca ne la pas empeche de rester planter a cote de moi pendant quinze minutes (j etais en train de lire sur la plage), suggerant qu on aille boire un verre. Non moi je suis bien, la, mais oui vas boire un verre si tu veux. Et ce cretin restait assis a cote pendant que je lisais. Au bout de quinze minutes il s est leve et est parti. Quinze minutes.... Je l ignorais, bouquinant..

 

Bref, pour l instant je m eclipse et decide d aller m informer pour le snorkelling. Je compte revenir apres-demain pour ca. 

Je me rends donc compte que Blue Hole, c est mort pour moi. Par contre je me decide pour le snorkelling, trois heures dans l eau, pour moi c est deja enorme. Toute contente, je vais voir a quoi ressemble l autre rive de l ile. C est bien moins frequente, tout le monde est de l autre cote ou presque. Ceci dit l auter cote est plus joli, c est vrai, et franchement pour peu qu on n aille pas sur le ponton ou le muret on a vraiment toute la place qu on veut pour s allonger sur le sable et vivre sa vie. Je vais donc me rafraichir dans l eau car il fait une chaleur limite supportable. Je croise deux femmes americaines, blacks, avec qui je suis arrivee ce matin en bateau. Nos sourires en disent long sur le plaisir que nous avons a nous trouver ici. Elles sont soeurs, en couple ou amies, en tout cas elles ont toutes les deux la meme coupe de cheveux courte. Une des deux entre dans l eau jusqu aux genoux. L autre veut la prendre en photo. "Tourne ton visage vers le soleil, pour qu on se souvienne que c etait toi !" - lui dit sa compagne !

Les yeux fermes, allongee sur le sable blanc, je me laisse bercer par toutes les sensations agreables du bord de mer. La caresse du vent chaud sur la peau, le bruit de la mer, le grondement du recif la-bas au loin. 

 

Le dernier bateau pour rentre a Belize city est a 16h30. Il ne faut pas trainer. En meme temps, pour moi c est largement suffisant. Bon c est super chouette, la plage, mais je ne peux pas y passer une journee entiere. Je vais manger un morceau vite fait, en compagnie des iguanes qui se faufilent dans l ombre des cocotiers. En voila un qui a l a queue coupee, le pauvre ! 

Blue Hole, c est ca. Trop cher pour moi. 

Lieu rendu celebre par les transmissions tele des explorations de Cousteau.

Et puis je trouve un transat un peu a l ecart, face a un bateau amarre. Je vais lire jusqu a ce qu il soit l heure d approcher de l embarcadere.  Plongee dans ma lecture sur le bord de l embarcadere, je manque de peu de laisser partir le bateau sans moi ! On m appelle, je cours, hop ! J embarque et m asseois a cote de l ouverture poru admirer pendant tout le trajet le jeu des couleurs de l eau en fonction de la profondeur des fonds. Le jeune skipper est venu s asseoir a cote de moi et entame la conversation, se poussant pour que je puisse mieux voir la mer a certains moments. "Tu aimes la tequila ?" Euh, oui. Je prefere le rhum, mais oui. "Je t en apporterai une bouteille ce soir me dit-il. Tu es dans quel hotel ?" Je lui donne le nom d un autre hotel que j ai vu en ville. Ah les gars !.... vous etes saoulants..... 

Alors que nous sommes en vue de Belize city il m indique que la je peux faire une jolie photo... Oui enfin a vrai dire c est moche et sans interet.... Mais pour lui faire plaisir je prends une photo, que j effacerai en descendant du bateau. Je saute du bateau a peine arrivee au port. Je erntre a l hotel pour prendre une douche et me changer, puis je resors, poussee par l envie de casser la croute. La nuit va tomber, et je tourne dans pas mal de rues sans voir de petits stands de restauration. Ou alors ils ne me tentent pas du tout. Et puis je me rends compte que je n ai aucune envie de trainer la nuit dans les rues de Belize city. Je trouve un magasin et achete du pain et du fromage. Leur fromage n est vraiment pas bon mais ca fera l affaire pour mon diner ce soir. Je suis partagee. J ai envie de marcher encore un peu, juste pour sentir que je peux et que je n ai rien a craindre, que ce n est pas par trouille que je rentre. Et d un autre cote j ai envie de me sentir tranquille a l hotel. Bon.... je prends le chemin du retour et je rabats la capuche de mon sweat sur ma tete.

Je vais m asseoir sur la terrasse. Le jeune employe est la. On discute un peu, avant que j aille m allonger pour regarder un film dans mon lit. En debut de soiree, un allemand et un israelien qui voyagent quelques jours ensemble arrivent dans le dortoir. On fait connaissance, puis ils vont manger dehors et moi je regarde mon film avant de m endormir.

 

J ai une journee devant moi avant le snorkelling. Je decide d aller m aventurer un peu plus dans Belize, pour voir ce que je n ai pas vu. Je pars tot vers le parc que j ai repere a cote de ce qui s appelle le village touristique, mais que jusqu ici j ai toujours vu ferme. J apercois un stand ou une femme vend, entre autre, du cafe. Un dollar le cafe. Je vais m asseoir pour le boire tranquillement, Un chauffeur de taxti s arrete a ma hauteur et me demande si je veux aller faire un tour de la ville. Non non, enfin oui mais a pieds, merci. Il hesite, mais finit par me laisser. Lui aussi je le recroiserai, et lui aussi ne me lachera pas. On dirait qu ils n ont vraiment que ca a foutre. Et ca me rend dingue qu ils s imaginent que ca va peut-etre fonctionner. 

Lorsque mon cafe me le permet. je me remets en route. Le village touristique est decidemment bien mort, les boutiques sont fermees. Je retourne vers le centre et passe, a mon plus grand etonnement, devant un ancien cinema. Enorme, mais hyper delabre. Tres glauque, en fait. Je me demande comment c est a l interieur. Sur le cote, des panneaux rappellent la signification des drapeaux rouges et oranges en cas de tempete et de cyclone. 

 

Je decide d aller me perdre dans les rues qui m ont intimidees hier a la nuit tombee. Je m eloigne donc du centre ville. Un gars en velo, qui parait avori dans les 50 ans, me demande une cigarette et me demande ce que je fais, ou je vais. Je lui reponds que je me promene. "Je peux vous accompagner ?" Ben non j aime bien marcher seule en fait, vous savez... Mais voila que cet andouille me suit. Lui ne me drague pas, non. Lui, il a un grain. Je m en apercois en voyant la maniere dont il me suit a un metre pres, tournant, s arretant, repartant exactement a mon rythme. Bon ok, je suis tombe sur l idiot du village... Je m arrete plusieurs fois et lui dit que vraiment il faut qu il aille dans une autre direction, qu il doit avoir un million de choses a faire, qu il doit arreter de me suivre.... mais son regard absent ne repond rien. Et il continue a me suivre. Je decouvre des rues toutes sur le meme modele, avec l alignement de maisons delabrees en bois, les trottoirs defonces, les boutiques aux vitrines sales. Un canal passe a travers la ville. Je zigzague dans les rues et mon idiot me suit. Je profiterai tout de meme d un feu et de la circulation pour lui fausser compagnie promptement. Ah mais ! 

En tout cas, je n en reviens pas de constater qu il n y a reellement rien d autre que les pauvres maisons bancales a voir. Il y a bien quelques batiments coloniaux mais franchement on en a vite fait le tour et puis il n y a pas de quoi s extasier. Malgre tout, l air de rien, je fais un grand tour. Plusieurs fois j ai l impression d etre chez les gens. Un vieux monsieur en chapeau de paille est assis sur la terrasse de sa maison et regarde dehors. J entends des enfants jouer a travers les planches clouees de travers d une maison qui pourtant a l air abandonnee. Deux femmes se parlent par-dessus une palissade en bois. On appelle Belize city le petit Harlem. Franchement je comprends... En fait, de jour ca n a rien d inquietant. Et pour tout dire ce sont les sollicitations incessantes et le nombre de poivrots dans la rue qui font flipper. Car a part ca, c est un jour comme un autre, ici. Les enfants vont a l ecole, les gens vont faire leurs courses ou travaillent, ou s occupent de la maison, ou regardent les mouches voler depuis leur terrasse....

 

Je marche toute la journee. Vers une heure de l apres-midi, je retourne a l hotel pour grignoter un bout de pain et du fromage. Le jeune employe qui est la me conseille d aller profiter du jardin derriere. Ah parfait ! Je vais au fond du couloir et pousse la porte a moustiquaire. En effet un escalier de bois conduit a... une cour interieure, on va dire. Si c est un jardin, il ne donne pas envie de s y etendre. Il y a bien de l herbe mais qui se perd dans les mottes de terre. Au fond, quatre sieges apparemment pour les guests, et deux parasols. Tout me parait sale et trop expose a la chaleur. J eprefere m asseoir sur un muret. Ce que je fais. Et j ouvre mon sac dans lequel se trouve le pain et le fromage. A ce moment-la, sans que je les vois arriver, surgissent deux chiens juste devant mes yeux. Et hop, ils posent les pattes sur mes genoux et enfoncent le museau dans l ouverture de mon sac a dos. Ah mais c est pas vrai c est quoi ca encore ?!! Zou, en arriere ! Je referme le sac aussitot et attends qu ils s eloignent. Mais ils ne bougent pas, ces cretins. Enfin si, ils font sans cesse le tour de mes genoux, de gauche a droite et de droite a gauche, reniflant tout cherchant ou est la nourriture. Je n ai pas envie de retourner cote terrasse, le soleil tape trop fort. J attends un peu sans rien faire. Les chiens s allongent a mes pieds. Doucement, j ouvre a nouveau mon sac. Et les revoila au garde a vous ! Et que je monte sur tes genoux pour t amadouer ! Ah mais descendez, sales betes, ils me salissent mes vetements deja plus tres propres... Je commence un ballet avec eux, faisant la morte le temps qu ils regardent ailleurs, pou reussir petit a petit a ouvrir mon sac l air de rien et a composer mon sandwich.. puis le manger tranquille ! Les deux molosses ne me quittent pas une seconde, sauf quans un autre guest descend un moment pour aller s asseoir dans un des sieges au fond du jardin. 

 

Une fois mon dejeuner termine, je ne m attarde pas. J ai envie de sortir de cete atmosphere qui me pese. Je retrouve en milieu d apres-midi le bord de mer ou nous nous etions assises avec Shaba a mon arrivee. Un chemin longe la mer. Je decide de l emprunter, et tombe vite sur un jeune homme assis sur un muret et discutant, son chien en laisse a ses pieds, avec un homme plus age et fabrisquant - lui aussi assis sur le muret - des cocotiers miniatures avec du bois de cocotier.

Ce dernier m aborde, mais gentiment, en me demandant comment ca va. Le jeune me semble plus intelligent. Il a fini sa journee de travail et se promenait avec son chien lorsque le plus age l a aborde lui aussi. Nous nous presentons, et nous voila partis a discuter tous les trois. Je leur fais  d ailleurs part de ma fatigue a devoir repondre sans arret aux questions d ordre prive. A quoi le jeune tente de justifier que c est la maniere ici de faire connaissance, mais bon, je ne suis pas trop d accord car encore une fois seules les femmes ont droit a cette attitude. Un debat est lance entre le jeune et le plus age sur la pauvrete du Belize et ses consequences. Le jeune homme a grandi aux Etats-Unis et a une mentalite bien plus entreprenante et moins fataliste que son compagnon plus age. Bref, nous parlons tous les trois un long moment, avant que je decide de poursuivre ma balade solitaire. Je les salue avec plaisir tous les deux et reprends ma route. Le jeune m a parle d une zone sympa un peu plus loin, je decide d aller voir a quoi ca ressemble.  

Mais en fin de compte, je ne trouverai la-bas qu une plage sans grand interet, avec quelques stands de cuisine de tous les pays du monde. J imagine que lorsque tout est ouvert ca doit etre mignon, mais la presque tout est ferme... J achete un hamburger a un stand, et repars en verifiant ma monnaie. Je fais demi tour, il me manque 5 dollars. Alors qu elle me voit revenir, la fille sort de sa caisse 5 dollars avant meme que je demande quoi que ce soit. C est quoi ce bordel ? C est la deuxieme fois qu on me fait le coup, au Belize ! Je commence a en avoir ma claque de ce pays...

Je presse le pas pour rentrer car je suis loin du centre ville et la nuit tombe. Demain les coraux m attendent, et cette pensee me rend mon sourire. 

 

Et le lendemain je suis prete tot, pour prendre le bateau de 8h30, Je passe chercher un cafe chez la vendeuse de la veille, et vais attendre le depart a l embarcadere. Il y a  toujours beaucoup de clochards qui trainent dans la rue... Quand n y en a a-t-il pas, en fait ?

J ai autant de ´plaisir a faire la traversee qu il y a deux jours. On arrive tot, je debarque excitee a 9h30. C est toujours aussi beau, les couleurs sont toujours aussi belles et improbables. Je trouve le bureau sur la plage, on m annonce un depart a 10h15. J ai un peu de temps poru aller prendre un autre cafe sur un transat en regardant les recifs avec envie. J ai du mal a croire que moi je fais ca... Ca n a absolument rien d extraordinaire, du moins pour le commun des mortels, mais moi j ai l impression de faire un truc de ouf ! Finalement je me suis tellement convaincue que ca allait etre genial que je n ai pas trop d anxiete.      

A l heure dire, je vais recuperer tuba, masque et palmes, et un gilet de sauvetage qui ne me servira pas. Je suis un gars qui s averera etre un de nos deux guides. Nous rejoignons, sur un embarcadere, un petit groupe de personnes.  Je repere tout de suite quatre retraites francais, et j entends que deux des femmes n ont jamqais fait de snorkelling. Cool, je ne vais pas les lacher, ceux-la, leur compagnie est plus rassurante pour moi que celle des jeunes habitues.

Nous montons tous dans le bateau, nos deux guides nous donnent deux-trois explications sur le deroulement de la balade, et c est parti, cap sur le recif ! Et nous ne mettons que 15 petites minutes pour nous en approcher. Je suis fascinee par la couleur de l eau. Je vois bien que le sable et les fonds ne sont pas loin en dessous, du coup je n ai pas vraiment peur et je trouve le decor trop joli pour ne pas en profiter pleinement. Je sors l appareil photo des que le bateau s immobilise. Ah pour une fois je regrette de ne pas avoir ces petits appareils qui vont sous l eau ! La plupart des gens autour de moi l ont. Tant pis, moi je graverai les souvenirs dans ma memoire... Nos guides nous expliquent que nous allons nous separer en deux groupes de cinq et qu il faut rester le plus possible ensemble. Interdiction de toucher le corail, sinon il meurt. Des gardes surveillent ce qu on fait sous l eau, si on s amuse a toucher le corail, c est retour direct dans le bateau. Bien bien. Le top depart est donne, tout le monde a l eau !  

Bon... C est la qu il faut que je fasse comme si j avais fait ce geste toute ma vie... Les palmes, ca va, mais comment on enfile ce masque et comment on place le tuba pour ne pas avoir l entree pour la bouche trop haut ou trop bas ou sur le cote ? Juste avant de sauter dans l eau, je pense necessaire de prevenir les deux guides que je ne suis pas hyper a l aise avec l eau et le snorkelling.... Sait-on jamais, si je panique il vaut mieux qu ils soient prevenus de mon angoisse...   

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Une fois a l eau, c est aussi le bonheur de barboter (car il faut bien le dire, je ne nage pas, je barbote...) dans cette eau qui me fait rever qui prime. Ca y est j y suis ! Et elle est trop bonne, en plus d etre trop belle ! Le soleil la rend super transparente et chaude. Bon, ma priorite est totu de meme de verifier tout de suite si j arrive a regarder dans l eau sans boire la tasse ou paniquer. Je baisse la tete et.... waouuuhh c est juste super beau ! Et encore, je ne suis qu au-dessus de sable et des premieres algues toutes fines  qui ondulent sous la caresse des vagues. Mais deja pleins de petits et longs poissons viennent nous dire bonjour.  Ma vision est super nette, c est excellent, je suis trop contente d etre ici ! Un peu d eau entre dans le tube, je remonte la tete et retire l embout pour recracher l eau salee. Bon, ca va bien se passer. Simplement de temps en temps j aurai besoin de remonter et d evacuer l eau qui entre un peu. Je m approche du guide, et replonge la tete dans l eau. Nous nageons vers le corail, et la c est un spectacle en multicolore, tout en grace et en silence. Je n entends que ma respiration, mes yeux regardent partout. Nous nageons a moins  d un metre du corail, difficile de ne pas le toucher, notamment les gorgones magnifiques qui dressent leur eventail de dentelle violet. Il n y a pas de doute, c est vivant ! Cette vegetation sous-marine tend ses bulbes vers les nageurs, on a envie de caresser ou de toucher pour sentir la texture. Des myriades de poissons de toutes les couleurs se faufilent tranquillement, peu genes par notre presence. Evidemment, cet aquarium geant est frequente quotidiennement par des milliers de touristes ! Ils sont habitues... On va tous sur les memes spots...

S ils sont de toutes les couleurs, les poissons sont aussi de toutes les tailles. Je ne connais acun nom, mais il y en a de gros ronds, des fins allonges, on verra un baracuda qui voudra bien sortir de sa cachette. Nous passons au-dessus d un endroit plus profond et le guide nous laisse explorer tous seuls. Je tente de descendre un peu pour voir les poissons qui se retirent dans des cavites. Des poissons tout violet fonce, qui se deplacent en bande. Un gros tout noir. Et plusieurs fois ces incroyables gros poissons aux couleurs de l arc en ciel.

Je ne vois pas passer le temps. C est trop joli... Par contre en s approchant du recif on sent la force des vagues et on se sent entraine. C est un peu flippant pour moi, la. Je nage pour revenir a bonne distance, tentant d eviter de toucher le corail car avec la force des vagues on est un peu ballotes. Ah quel dommage de ne pas póuvoir photographier tout ca ! C est vrai que c est magique... Il faudra que j en parle a Etienne, je ne pense pas qu il ait deja fait ca lui non plus. On aura l occasion de le faire aussi au Yucatan.

 

Nous remontons por aller sur un autre spot. Je suis aux anges. Sur l autre spot, on nage avec les raies et les requins nourrices, absolment pas dangereux. D abord nous nous eloignons du bateau, puis un guide jette de  la nourriture dans l eau, ce qui attire les requins. Ensuite nous revenons et les observons de pres. L un d eux passe tout pres de moi. Dans un autre contexte j aurai eu la trouille de ma vie en apercevant cette grande forme noire arriver par-derriere, mais la mon cerveau a imprime qu il n y a rien de dangereux. Alors je suis toute a ma contemplation...    Et tout est si joli dans l eau, par ce beau soleil... Meme nos corps sont super jolis. J ai l impression d etre une fee ou une  sirene, la lumiere semble irradier de mes doigts tendus vers les poissons... C est drole tout de meme cette deformation des distances, dans l eau. On croit qu on va toucher le poisson alors qu un metre nous separe, ou un peu moins mais en tout cas on n est jamais si pres qu on le croit.  

Entre ce spot et le troisieme, on nous offre de la pasteque et des boissons. Bon, cool. Le troisieme spot est aussi joli que le premier, et nous sommes libres de l explorer a notr eguise. Je ne me fais pas prier, je saute et ondule avec bonheur (grace aux palmes) au-dessus des coraux, profitant jusqu au dernier moment de cette grande decouverte pour moi ! Je crois que desormais je le ferai avec plaisir, c est vraiment super chouette ! Je trouve presque ca trop court.. si ce n est que je commence a avoir froid, car finalement on ne bouge pas tant que ca dans l eau, on est plutot contemplatif... Et puis c est incroyable comme les poissons nous regardent avec leurs grands  yeux, eux aussi !  

 

Quand on remonte, je suis contente de me rechauffer un peu (bon evidemment j etais en maillot de bain donc je m apercevrais le soir que j ai pris un coup de soleil ridicule, c est a dire qu en plus d etre rouge je ne le suis que sur le cote pile, c est a dire sur le dos. Dos, dos des bras et dos des jambes. C est ravissant, ca s ajoute au bronzage cycliste, tout aussi cretin.

Je m imagine deja mes prochaines virees a la plage : il urge de faire dorer le ventre, qui est la seule partie de mon corps qui reste desesperement blanche ! 

Nous ne rentrons pas tout de suite, nous faisons un petit detour par un petit coin de l ile ou nous pouvons nourrir des gros poissons (ils font un metre cinquante de long) dont je n ai pas compris le nom. Sauf que ce jour-la ca ne fonctionne pas, car les pelicans ont repere le petit jeu et attrapent tout sous le nez des poissons.

Enfin nous rentrons, je rends le materiel et vais me secher sur la plage.  Ahhhh je suis trop contente et trop fiere de moi ! Je m en serais voulue de rater ca a cause de mon peu de gout a etre dans l eau. Ceci dit cette experience ne me changera tout de meme pas au point de changer mon rapport l eau. Je continue, depuis, a regarder les belles plages sans eprouver plus d envie que ca de m y baigner. Dix minutes dans l eau me suffisent, et encore, a la condition que le sable soit immacule et que je voie sur quoi je marche.

 

On est deja a la moitie de l apres-midi. Je suis bien au bord de l eau, je me prelasse le reste du temps sur mon transat avec ma liseuse. Trop bien... La chaleur me fera bouger pour aller chercher une boisson fraiche. Mais ce sera bien ma seule activite du reste de l apres-midi. A 16h30 je prends le bateau pour rentrer a Belize city, en profitant une derniere fois de ces couleurs magnifiques. C est sur, il faudra que je retourne regarder ce monde subaquatique....

 

Un douche s impose quand je rentre a l hotel. Je rencontre Shaba avant de monter l escalier. Elle sort de la boutique, une biere a la main, forcement... Je lui dis que je vais me doucher, elle me rejoindra sur la terrasse de l hotel juste apres. Et nous passons un petit moment calme a discuter toutes les deux, de sa journee, de la mienne. Je ne lui demande pas de quoi elle vit, car elle ne parle que du boulot de sa soeur, enfin du fait que sa soeur travaille. Bref, Shaba est tres calme et me souhaite le meilleur pour la suite de mon voyage puisque je l avertis que je m en vais le lendemain.

Je telecharge les plans sur mon telephone pour le lendemain. J ai l intention aller jusqu a Orange Walk. Si j y arrive. Car je pars toujours du principe, au-dela de cinquante kilometres, que je ne tiendrai peut-etre pas l objectif de la journee. 

Orange Walk. Ce nom reveille mon imaginaire. Je ne sais pas a quoi ressemble cette ville, mais j en attends beaucoup. Sur la terrasse, je sens le vent se lever, et bientot la pluie tombe. J ai des compagnons de dortoir, cette nuit. Je prepare mes sacoches pour le lendemain matin. Une fenetre donne sur le cote de mon lit, a hauteur de la tete. Cette fenetre n a pas de vitre. Juste un rideau. Ce rideau vole dans tous les sens. Je mets deux coussins devant pour eviter que la pluie entre dans la piece. Car c est une vraie tempete qui se leve. Je retourne sur la terrasse. Des eclairs tombent un peu plus loin. La pluie balaie la rue qui s est videe d un coup. Il n est pas si tard, pourtant toute la ville est noire. Et le vent, surtout, le vent est super violent. Les bourrasques passent dans tous les sens.  Magique. J adore ca... Si je pouvais en profiter toute seule...

Mais il y a les deux employes et j ai pas trop envie de discuter avec eux. Je reste un moment a regarder la tempete, puis je retourne dans le dortoir et cherche un truc drole a regarder sur mon telephone. C est comme ca que j ai commence a regarder tout ce que j ai pu trouver sur Florence Foresti, et dieu que ca fait du bien ! Ah que c est bon de rire franchement !! Ca va durer plusieurs jours, cette histoire-la, car c est assez addictif pour tout dire. Bon mais il faut dormir a un moment donne, le velo m attend demain !

 

Et je reprends mon petit rituel de preparation au reveil, sauf que je constate que - sans doute suite a la tempete - on n a plus d electricite. Super. Pas de mails a lire au reveil (ca aussi c est addictif !), et - plus embetant - pas de lumiere dans la salle de bain. Mais j ai trop besoin d une douche pour me reveiller, donc tant pis je la prendrai a tatons dans le noir. Heureusement que j ai eu trois matinees precedentes pour prendre des reperes dans ce petit espace. Je suis donc prete comme d hab a 8h. Tout le monde dort encore, je descends toutes mes affaires et installe tout sur le velo avec le plaisir de faire tout ca dans la tranquillite. J ai hate, vraiment hate, de quitter cette ville ou il est impossible d etre dans sa bulle deux secondes. Et allez hop c est parti ! Et c est parti avec ma veste de pluie sur les epaules, car le ciel est toujours gris et lourd de menaces. Il fait chaud et lourd. 

 

Pendant presque une heure la route est moche et penible, pour sortir de Belize City. C est sale, industriel, le trafic est intense car la route part d abord vers le  aeroport. Tout est tristoune et respire la pauvrete et le delabrement. Je trouve le temps long. Une petite averse me refraichit avant que je transpire a cause de cette chaleur super lourde. J enleve ma veste apres l averse. Mais qu il fait chaud !

C est interminable, cette sortie de Belize. Et en meme temps je profite des derniers apercus que j ai sur la mer car je sais que je ne la reverrai pas avant deux ou trois jours. A droite, la mer, a gauche, les paletuviers qui plongent leurs racines dans la lagune.    

Fidele a mon habitude de tenter de decouvrir la musique locale, je cherche une station de radio a ecouter sur mon telephone. Manque de bol, je ne capte rien... Bon. J aime mes musiques mais en ce moment je tourne tout de meme un peu en boucle. Je suis un peu anxieuse, car apres une vingtaine de kilometres, je n ai rien vu du tout sur le plan jusqu a Orange Walk. Donc grosso modo, je n ai pas trop le choix. Soit je m arrete avant la traversee du desert au niveau de Biscayne, mais dans ce cas je n aurai fait qu une petite quarantaine de kilometres a tout casser. Et puis on je n ai aucune idee de ce a quoi ressemble Biscayne, car parfois ce que je prends pour des villes d apres le plan... n est qu un lieu-dit avec deux ou trois maisons perdues au milieu de rien et sans commerce.

Deuxieme option : faire 90 kilometres pour arriver jusqu a Carmelita puis Orange Walk. Bon. La route est plate, je sais que je peux le faire, mais je n aime pas l idee de faire autant de kilometres car ca veut dire que je ne fais rien d autre que pedaler dans la journee et ce n est pas comme ca que je savoure vraiment. Et puis je n aime tout simplement pas avoir le sentiment d etre obligee. Si je depasse Biscayne, pas le choix, il faudra pousser jusqu a Orange Walk.

Peut-etre y aura-t-il moyen de camper, si je n ai vraiment pas envie de pedaler. Bref, on verra bien ! Je pedale, pour l instant. Et la route est plate, une fois que je suis enfin sortie de Belize city et que les paysages sont devenus plus buccoliques, je file. Tant est si bien que j arrive vite a Biscayne. Il ne doit pas etre 11h. En moins de trois heures j ai fait quarante kilometres. Il est clair que je ne vais pas m arreter a 11h a Biscayne, d autant plus qu il n y a strictement rien a cet endroit-la. Il fait chaud et je suis en forme. Allez, direction Orange Walk !

Mais c est le desert vegetal total. A droite et a gauche, la lagune, enfin les marais, donc rien pour se poser deux minutes. La route file presque tout droit. J ai regarde sur le GPS pour prendre des reperes. A partir de Biscayne, sur les 50 prochains kilometres, c est simple, ca va faire gauche - droite - gauche - droite - droite - gauche - droite et hop tout droit et j arrive. Et entre chaque virage, de longues et ennuyeuses lignes droites se deroulent sous le soleil. Ca file tellement loin que le bitume brille et disparait, un peu comme dans le desert de la Basse Californie, ca fait comme des flaques d eau qui disparaissent au fur et a mesure que je m approche. Pas une maison, pas une ferme. De temps en temps un chemin de terre qui part dans la foret, mais ferme par des barrieres, voire surveille par des gardes. Et puis de longs passages de routes mal bitumees, qui me font tressauter. Je pedale d une facon automatique, et ma tete s evade.... Tout y passe. Je chantonne, je me projette dans le futur. Je reflechis a ma vie d apres. Qu est-ce que je vais bien pouvoir faire ? J imagine les retrouvailles avec certaines personnes. Je suis le fil de ce que j ai commence a ecrire et je tente d elaborer des hypotheses. Je me promets de reprendre le volley, de m inscrire dans un atelier d ecriture et d apprendre a sculpter le bois. Je me verrais bien aller proposer mes services benevoles a mon premier club de volley, mais il faudra confronter cette envie aux realites d un monde qui a sans doute bien change sans moi, depuis si longtemps. Tiens je pensais avoir faix la paix, dans les cinq dernieres annees, avec tout ce qui avait pu me poser probleme ou ce que je gardais comme rancune, coleres, hontes non assumees, etc. Mais je me rends compte que j ai peur de retourner dans ce club que j ai fui a un moment donne pour de mauvaises raisons. Peur de voir certaines personnes parce que je n assume pas de  avoir disparu alors que ces personnes auraient surement compris quels etaient mes soucis a l epoque. Bon enfin je reflechis, je pense a un tas de choses, je m apercois que je ne fais plus trop attention a la route, je suis dans mon monde... De temps en temps je me reveille en me disant : hey Pat, tu es au Belize, profite, regarde ce qu il y a autour de toi ! Alors je regarde... Mais bon, il faut bien dire que la route file tout droit sans surprise, et toutes ces histoires que je me repassent en tete m aident a avancer sans trop faire attention aux kilometres. Car au Belize les kilometres ne sont pas affiches sur le bord de la route. On ne sait jamais ou on en est. Raison pour laquelle j ai pris des reperes avec le nombre de virages. Au Yucatan, les routes etant tout aussi droites sur des distances sans fin, je n echapperai pas a l obsession de compter les kilometres a rebours. Et je crois que je n en manquerai pas un...

Tant que je suis au Belize, je fais travailler mon imagination. 

 

Il fait une chaleur de dingue. Sur mon GPS, lorsque je fais des pauses (de trois minutes, pas plus, grosso modo tous les 15 a 20 kilometres), je suis contente de voir la petite fleche bleue progressee sur le plan. Ca va aller, je devrais arriver vers 16h. Mais j ai soif ! Enfin j ai tres envie d une boisson fraiche, car j ai de l eau, chaude evidemment...

Ce n est qu a Carmelita, soit 10 kilometres avant l arrivee a Orange Walk, que je trouve sur le bord de la route une petite boutique ou je savoure enfin un coca frais. Ensuite la route se deroule jusqu a Orange Walk ... qui me decoit enormement. Absolument rien a voir, ici. Maisons banales, restaurants et hotels sans charme et un peu trop modernes, pour le coup, apres tout ce que je viens de voir ces derniers jours. Je trouve une posada pas trop chere et profite de la tele apres la douche, tant qu a faire d etre dans un endroit sans charme... Du balcon je vois passer la circulation sur cette route tres frequentee sur ce troncon et jusqu a la frontiere. 

Et voila. Au resto chinois ce soir-la, apres avoir discute avec un gars du coin qui parlait avec la patronne chinoise quand je suis entree (j etais la seule cliente), je realise que demain c est mon dernier jour au Belize. Je passe la frontiere pour arriver a Chetumal, ville frontiere sans charme du Yucatan. C est passe vite... Je n ai pas vue grand chose, uniquement le bord de mer. Ok j ai eu des experiences pas toujours marrantes, notamment le vol, mais n empeche ca mna fait plaisir de renouer avec le velo dans ces decors. 

Ca va faire drole de retrouver le Mexique. Au final, entre les mois deja ecoules et les 20 jours que je vais passer au Yucatan avec Etienne, j aurais passe quatre mois dans ce pays. Je n aurais pas cru, en partant, que c est au Mexique que je passerai le plus de temps. 

 

Le lendemain matin, je reprends la route pour 70 kilometres jusqu a Chetumal, enfin pour 60 kiometres jusqu a la frontiere. Il y a de fortes chances pour que je m arrete a Chetumal ce soir, meme si je sais que cette ville n a rien d interessant. Mais j ai la flemme d aller jusqu a Bacalar directement. 

Je suis gatee pour cette derniere journee, car je n aurai pas que de la route bitumee avec un trafic intense, je passe encore par de la piste et ca me ravit ! Si au sortir d Orange Walk le trafic est pesant, je m apercois que l itineraire que j ai choisi est un itineraire bis, passant par Louisville, Yo Chen, Patchakan, et la route se transformera vite en piste de terre blanche. Cette fois-ci je suis ravie comme tout de ne pas rouler sur le bitume. Je sens que ca ne va pas durer, alors cette fois-ci je savoure ! Les voitures et les camions choisissent plutot le bitume qui file vers Libertad et Corozal. Du coup je suis hyper tranquille, et meme regardee avec une certaine surprise par les rares pietons que j apercois pres des petits villages.

En debut de journee, je suis rattrapee par deux cyclistes. Ils habitent a la frontiere, et s entrainent pour une course qui va avoir lieu dans deux jours a Chetumal. Ils sont partis super tot ce matin car ils font l aller-retour depuis Chetumal et sont deja sur le voyage retour... alors qu il n est pas dix heures encore... On fait un bout de route ensemble en discutant, puis ils reprennent leur rythme et disparaissent assez vite de mon champs de vision. 

Les marecages s etalent de part et d autre de la route entre les trois villages que je vais croiser avant la frontiere. Je dis au revoir au Belize avec un grand sourire aux levres. Sur la premiere partie de la route, plus bitumee, de nombreux camions passent en sens inverse, charges de cannes a sucre. Ca n arrete pas, et ca n arretera pas jusqu a la frontiere. Je traverse de nombreux champs. En fait, jusqu a la frontiere j ai l impression d etre en rase campagne. A l approche de cette frontiere, le decor se vide pour devenir un no-man s  land. Pourtant, lorsque j arrive devant le batiment gris de la douane belizeenne, un genre d abri bus garde aux frais une douzaine d hommes qui sont visiblement la pour changer nos dollars belizeens contre des pesos. Cependant ils ne s interessent pas du tout a moi et m indiquent au contraire par ou passer pour me presenter. 

Je vais au guichet, et decouvre que les droits de sortie a payer sont du montant exact de ce quil me reste dans mon porte-monnaie ! Super. Je n ai plus un cent sur moi apres ca. Moi qui reve d une boisson fraiche, pour changer, il va me falloir attendre d etre a Chetumal pour me l offrir. Comme d habitude j ai une demi seconde d angoisse lorsque l officier inspecte mes papiers, mais une blagounette de sa part me detend tout a fait. Et hop, mon passeport est tamponne ! Merci pour votre visite et a bientot !

Je recupere mon velo et passe un deuxieme controle. L officier me pose quelques questions tout en jetant un oeil sur mes papiers. Vous voyagez seule ? Et vous allez jusqu ou comme ca ? Bravo et faites attention a vous ! Il m indique la voie que je dois suivre. La route est totalement vide, je melance toute seule sur cette piste en direction du Mexique, dans ce no-man s land qui donne toujours un sentiment de liberte. Ces grands espaces deserts qui marquent symboliquement le passage d un univers a un autre. Je pedale jusqu a un grand pont, mais en plein milieu, alors que je contemple la plaine a perte de vue en essayant de decouvrir les premiers indices de mon arrivee au Mexique, une camionnette de police est arretee sur le cote. Je m appprete a passer devant en arborant mon plus beau sourire, lorsqu un policier me fait signe d arreter. Vous n avez pas le droit de passer par ici en velo, cette voie est reservee aux voitures. Ah bah c est malin ! Je fais quoi maintenant, monsieur ? - Demi tour. L espace d un instant, je crains d avoir choisi la mauvaise entree au mexique et d avoir a faire un grand detour pour aller a un autre poste frontiere. Mais non, il faut juste que, revenue la ou le deuxieme officier m avait montre la route a suivre (bravo pour les mauvaises indications !), je prenne une autre petite route qui me fait passer par la "zone libre". Une zone de commerces, apres laquelle je debouche sur un autre pont plus petit et pieton. Juste derriere le pont se dresse le batiment de la douane mexicaine. Je gare le velo, et fais tamponner mon passeport. Il faut ensuite detacher toutes les sacoches et leur faire passer le portique de securite. L officier charge du controle de l operation en profite pour me poser des questions interessees : vous transporez combien de kilos ? Vous faites combien de kiometres par jour ? Vous etes partie depuis quand ? Vous avez pu mettre votre velo dans l avion ? Il est sympa, ce passage de douane ! En plus je suis detendue, I am back to Mexico, tout est desormais familier ici pour moi et apres le sentiment d insecurite que j ai eprouve plusieurs fois au Belize je me sens plus tranquille ici. Entre temps j ai appris l espagnol, egalement, du coup ce retour au Mexique est bien plus relax que ma premiere entree dans le pays....

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