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ESPAGNE
15 fevrier 2015 - 17 avril 2015

15 février 2015
Voila c´est parti !
Merci pour les pensees qui m¨ont accompagnees ce matin et tout au long de la journee, ca fait plaisir... Ce soir je ne peux pas repondre a chacun mais chaque mot me touche et me donne du courage.
Je n¨ai pas beaucoup dormi cette nuit, et je me suis levee a 7h30 pour me preparer, un peu la boule au ventre quand meme. Ca fait 10 jours que je suis chouchoutee, entouree, mais dans moins de 3h, bing ! toute seule...
Petit dej en famille, dur dur de se dire au revoir, on se quitte si vite... Merci pour ce depart, JE VOUS AIME.




On m¨a tellement mise en garde sur la traversee des Pyrenees que je suis surprise d¨arriver si vite au col du Perthus, et pas peu fiere de ne pas avoir pose pied a terre une seule fois. La pluie est de la partie, mais mes vetements sont tops, aucun inconfort. En fait la montee n´est ni longue ni trop dure, je n¨ai pas du tout l¨impression d¨avoir franchi les Pyrenees ! Je veux envoyer un MMS avec le panneau de la frontiere, mon message ne passe pas. Ca commence... Bon, coupee du monde, cette fois ! Allez c¨est parti ! Grande descente pour mes premiers kms en Espagne ! L´euphorie ne dure pas longtemps, nouvelle crevaison ! zut de zut ! J¨ai roule sur un clou ! J¨ai la chcoumoune ou quoi !
Ca ne fait pas deux minutes que je demonte mon pneu qu¨un francais qui voyage en caravane et stationne quelques metres plus loin vient me voir et m¨aide pour que ca aille plus vite. Decidemment j¨ai de la chance en fait ! Hop, c est reparti direction Girone.
La pluie m¨accompagne toute la matinee, le soleil prend le relai vers 13h et je peaufine mon coup de soleil sur le pif, dans un paysage de montagne de petite altitude:
Je roule bien, j¨ecoute mes chansons et j¨ai le sourire. Pourtant lorsque la pluie s¨arrete et que je m¨arrete pour enlever ma veste parce que j¨ai chaud, j¨apercois un arc en ciel et d¨un coup j¨ai envie de pleurer en pensant a ce matin, aux messages recus, aux personnes que j¨aime et que je quitte, a tous ceux qui m¨ont encouragee a realiser ce reve. J¨ai de la chance.
La journee se corse en fin de parcours, avec des montees qui n¨en finissent pas et me font mettre pied a terre. Mais l¨etape n¨est pas longue, j¨arrive a Girone a 16h30. La encore j¨ai de la chance, la receptionniste de l¨auberge de jeunesse est italienne et me prend sous son aile. Papa, il parait que j¨ai l¨accent "fiorentino" quand je parle italien ! Sur ses conseils, je me repose sur la terrasse qui domine la ville puis vais faire le tour des remparts au moment ou le ciel se pare d¨or, de rose et de rouge.
Ce qu¨il y a de bien dans le cote improvise de ce debut de voyage, c¨est que je ne m¨attends a rien de special. Du coup je suis tres agreablement surprise par le charme de Girona: Franchement mignon ! Belle petite balade en ville, puis diner sur la terrasse en compagnie de Jack Kerrouack.
il ne me reste plus qu¨a reperer l¨itineraire pour demain, un gentil hebergeur qui ne parle ni anglais ni francais m¨accueille a Mataro, au bord de la mer, juste avant l¨arrivee a Barcelone.
17 février 2015

Me voici a Barcelone ! Je suis trop contente :)
Mais ca ne s¨est pas passe exactement comme prevu.
Je suis partie de Girone pour aller jusqu¨a Mataro, ou m¨attendait Freddy, de la communaute Warmshower.
Je n¨avais pas fait 200 m dans Girone a la recherche de la nationale, que je tombe sur Xavier, qui m¨interpelle a un feu rouge, moi sur mon velo, lui a cote du sien. "Donde vas ?" - "Barcelona". Il me demande en espagnol ou je vais precisement, chez qui ! Je lui reponds que je vais a Mataro chez un gars de Warmshower. Surprise, il fait aussi partie du reseau...
Xavier doit avoir dans les 60 ans et plus. Il n¨a pas du tout l¨air du baroudeur typique, pourtant il voyage en velo depuis 20 ans, et a notamment fait Girone - Tokyo en velo ! Tout de suite il me propose de me conduire au debut de la voie verte qui conduit a Barcelone par la cote. Une piste superbe, me dit-il. Hop on y va, et en route il me demande ou je compte aller, m¨explique qu¨il peut me donner des contacts sur mon chemin, et me raconte qu´il vient de finir d¨ecrire son livre et qu¨il va en Colombie cette annee donner une conference sur le cyclotourisme. My god, je viens de rencontrer une pointure ! Dingue tout de meme, ces hasards...
Il me laisse au debut de la piste verte et me donne ses coordonnees. Au passage il m¨a indique que la piste rejoint la mer puis va jusqu¨a Tossa de Mar qui parait-il est tres jolie, puis file jusqu¨a Barcelone mais - dit-il - si je suis fatiguee je peux prendre le train a Banes pour rejoindre Mataro. Ben non je ne devrais pas etre fatiguee, que je me dis en mon fort interieur (j¨ai bien roule la veille, je me sens capable de faire les 90 kms a couvrir jusqu¨a Mataro).
Hop c¨est parti. Nettement plus agreable que la nationale ! Ca file en nature sur des kilometres, je me sens bien, je suis contente, c¨est chouette de rencontrer des gens comme ca ! J¨ai la tete en l¨air, tout file, si bien que je loupe un panneau et me tape une longue montee qui me fait mettre pied a terre plus d¨une fois. J¨avais depasse un vieux monsieur en pleine marche rapide, entrainement quotidien je suppose. Le voila qui me depasse alors que je reprends mon souffle ! Je remonte en selle, arrive en haut de la grimpette et la dilemne : rien d¨indique... A gauche ou a droite ? Le vieux bonhomme arrive. Je lui demande, il me fait repeter. Je repete, il eclate de rire : c¨est en bas, la d¨ou vous venez, vous avez pris la mauvaise direction... J¨eclate de rire a mon tour ! Et je fais demi tour, prenant soin dans la descente de faire profil bas devant les randonneurs que j¨avais croises et qui me lancaient des regards compatissants alors que je poussais mon velo...
Sur la route je vois defiler le paysage, les Pyrenees enneigees au loin. Je croise des cyclistes, des joggeurs, des petits vieux sortis d¨on se sait ou et qui vont Dieu sait ou... Je chante, tout va bien, l¨heure tourne, je suis en pleine nature.
A un moment je freine, un doute : a droite ou a gauche ? Encore un petit vieux sur mon chemin, il me renseigne. Je ne comprends pas un mot de ce qu¨il me dit mais je suis ses mains qui me montrent la direction. Ca va faire beaucoup de virages, apparemment. Ok ok, merci beaucoup ! Je repars, il me rappelle, je m¨arrete . il me montre mon casque que j¨ai attache sur mon porte bagage et met la main sur sa tete. Message recu, je mets mon casque ! Trop gentil, le papy :) Et il a bien raison !
Hop c¨est reparti. Je guette la mer depuis tellement longtemps que lorsqu¨elle apparait enfin j¨ai un sourire idiot aux levres. Ca y est je suis au bord de la mer ! Trop joli ! Plus qu¨a rejoindre Mataro !
Plus qu¨a.... En fait c¨est la que je vais me rendre compte que je ne suis pas du tout aguerrie pour la montagne ! Une longue montee se deroule devant moi... Et ca ne fait que commencer, j¨en ai pour au moins 20 kms comme ca. Je n¨ai pas imprime de plan ni regarde la totographie donc je ne sais rien de ce qui m¨attend. Les heures passent et je grimpe, je pose plein de fois le pied a terre, reprends mon souffle et repars. De temps en temps une descente me redonne le moral mais c¨est toujours de courte duree ! Etrange sensation au bout d¨un moment d¨en arriver a redouter les descentes puisqu¨elles annoncent forcement une remontee encore plus longue.... J¨en arrive a maugreer contre ce gentil Xavier qui m¨a conseille cette route ! Ah oui c¨est joli c¨est sur, mais j¨en bave ! Plein de cyclistes croises a contre sens levent le pouce en me saluant. Quand je les vois arriver je prepare un visage de circonstance, genre tout va bien. Tu parles ! Tout l¨apres-midi comme ca. Je vois l¨heure defiler, et pas un indice sur le kilometrage. J¨en suis ou, la ??
Ah, enfin un panneau. Ouille, je n¨ai fait que 20 kms, j¨arrive a Tossa de Mar, bien loin de mon objectif. Bon Tossa, ok, il me reste a aller jusqu¨a Banes ou Xavier a dit que je pourrai prendre le train jusqu¨a Mataro. Ce train qui me tente bien, d¨un coup ! J¨ai le temps d¨apercevoir qu¨en effet Tossa a l¨air bien jolie, Dommage que je n¨ai pas le temps de visiter... Il est 16h, dans 2h max il fait nuit, je dois tracer. Et c¨est reparti pour la grimpette :(




Au bout de meme pas 2 kms je m¨arrete, m¨asseois et fume une cigarette (intelligent, je sais). Je reflechis. Allez, je repense a tous les petits mots d¨encouragement, je me gonfle de force et je repars. A ce moment un gars arrive a pied en face. Hello, la prochaine ville est a combien de kms ? "20 kms". Ah bon ? Ok merci... Sans hesiter je fais demi tour et redescends vers Tossa. Non, pas envie de refaire 20 kms de grimpette. Termine pour aujourd¨hui ! Je prefere m¨arreter et visiter Tossa, apres tout ! Il est assez tot pour prevenir Freddy qui ne rentre pas chez lui avant 20h.
Je me trouve une pension qui ne paie pas de mine mais ou je prends une douche revigorante et bois une gorgee de rhum (merci les collegues pour la flasque !!) pour feter mon premier decouragement, et je pars visiter la mignonne petite ville.
Vraiment tres chouette, je ne regrette pas une seconde de m¨etre ecoutee. La veille ville est jolie, les couleurs du coucher de soleil sont tres belles, je me regale. Je vais dans un bar avec wifi pour repondre a des mails, et je vais diner de tapas en compagnie de Jack Kerrouack. Belle journee, en somme ! La fenetre de ma chambre ne ferme pas et je dors dans mon duvet sous la couverture pour etre bien au chaud. Evidemment je ne dis rien a l¨aubergiste le lendemain matin, j¨ai un an pour apprendre a dire quand quelque chose ne me convient pas ! La c¨est un peu tot, je ne suis pas prete :)

Ce matin je suis partie prete a affronter de nouvelles montees.
Et bien sur ca n¨a pas monte tant que ca, en fait ! J¨avais fait le plus dur ! Mais comment pouvais-je le savoir, sans avoir etudie le parcours ?
Je medite toute la matinee sur ce premier renoncement face a la difficulte, et conclue que je suis contente surtout d¨avoir choisi de prendre le temps de visiter Tossa plutot que de filer coute que coute sur Mataro.
La route est super chouette, ca roule bien et je retrouve vite le plaisir de filer tout en profitant des paysages. Je trouve en fin de matinee une route qui longe la plage jusqu¨a Barcelone. Le pied !! L¨eau est d¨une incroyable couleur vert - bleu. Au loin vers Barcelone on dirait qu¨il pleut, les nuages sont tres sombres. Moi ca va, je roule tranquille tout en regardant les rouleaux deferler sur la plage. Qu¨est-ce que c¨est beau ! Je prends mon temps, je m¨arrete souvent pour profiter du paysage, manger une orange (je n¨ai pas petit dejeune, mais curieusement en dehors d¨eau et d¨orange je n¨ai envie de rien). Barcelone se rapproche, youpi !
J¨ai vraiment pris le temps de savourer cette arrivee dans Barcelone. L¨arrivee par la plage est geniale. La premiere fois que je suis venue en famille a Barcelone c¨etait juste apres les JO. Dans la voiture j¨avais impose a tout le monde d¨ecouter au moment de l¨arrivee "Barcelona" chantee par Freddy Mercury, et j¨etais allee voir le stade olympique, encore fan des exploits de Carl Lewis... J¨y suis retournee au moins une si ce n¨est deux fois, je ne sais plus. J¨adore Barcelone, elle fait partie des villes ou je me verrais bien vivre.
J¨ai trouve sans peine une auberge de jeunesse en plein centre, placa Reial. A deux minutes meme pas de la Rambla. 8 euros la nuit + petit dej, je prends 2 nuits. Un lit dans une chambre mixte a 22 lits ! Mais en fait c¨est tres vivable. Surtout que je n¨y vais que pour dormir. A peine douchee je sors.
Je range le plan : mon but est de trouver le Bio center dans lequel travaille la cousine d¨un collegue (enfin ancien collegue, snif). Je trouve, mais pas de chance, elle est en vacances pour la semaine. Bon. Je decide de ne pas sortir mon plan et de me perdre dans les rues en allant ou le coeur me dit. Apres tout j¨ai deux jours, peut-etre meme trois, alors rien ne presse, j¨ai tout mon temps.
Je remonte la Rambla, entre dans la vieille ville, visite la cathedrale, les petites rues, repere un reparateur de velo (ah oui, je suis tres tres mecontente de mon velo : non seulement j¨ai creve 2 fois en 3 jours mais en plus ca grince deja au passage du 2eme au 3eme plateau ! Je vais m¨en occuper ici et ferai savoir a la boutique ce que j¨en pense. Car j¨ai peut-etre provoque les choses en passant les vitesses souvent a l¨arrache mais ces velos sont faits pour des novices a priori donc je ne trouve pas normal d¨avoir autant de problemes en si peu de temps). Je fais un grand tour, puis je decide de faire ce que j¨aurais fait en charmante compagnie (speciale dedicace) : je prends une despe et de quoi grignoter et vais me poser au bord de l¨eau. J¨etudie le plan. Ok, demain ce sera Sagrada famiglia, et remontee par les parcs jusqu¨au Parc Guell, puis Montjuic. Envie d¨etre sur les hauteurs. Je connais deja Barcelone, c¨est trop bon d¨avoir du temps pòur flaner et faire comme on le sent plutot qu¨avec le sentiment de devoir absolument voir ceci ou cela.
19 février 2015
Journee tres particuliere, et ca me plait ! Hier j¨ai passe la journee a arpenter Barcelone de long en large, j¨ai du faire plus de kilometres a pieds que lors de ma difficile etape cotiere entre Girone et Tossa de Mar ! Je marche d¨ailleurs tant et si bien depuis " jours et demi, que j¨en ai de belles courbatures qui - j¨espere - passeront demain avec le retour du velo...
Quel plaisir de se promener sans but, sans obligation, au gre des envies. Hier j¨avais envie de hauteurs.
J¨ai commence la journee par convenir d¨un rdv pour aujourd¨hui avec Xavier, mon cyclo-trotteur de Girone. Il devait en effet etre aujourd¨hui a Barcelone pour intervenir sur le cyclisme dans le cadre d¨une rencontre dont il me donne le nom sans que j¨y prete grande attention ("jornada tecnica, securidad, sostenabilidad, intelligencia . nuevos retos, nuevas carretas"). Bref, on se donne rendez-vous pour ce matin 11h.





Le rendez-vous pris, je file me promener direction la sagrada Famiglia - je la vois a chaque fois et a chaque fois je m¨attends a ce qu¨elle soit presque finie ! Erreur.... il y a visiblement encore beaucoup a faire ! La file de touristes fait presque le tour de l¨eglise ! Dingue...
Il fait super beau, je suis en t-shirt manche longue. Je file par l¨avenue Gaudi vers par les jardins de l¨hopital de la Santa Creu et San Pau, pour rejoindre le park Guell. J´adore quitter les grandes rues les plus frequentees pour voir l¨autre cote des villes, le cote "normal", moins touristique. Les rues grimpent avec un denivele d¨au moins vingt pour cent ! J¨imagine si j¨avais eu la mauvaise idee de venir en velo...
La vue depuis le park est toujours aussi agreable, malgre la foule de touristes. Les creations de Gaudi m¨evoquent un univers tantot de monstres tantot de chous a la creme, un melange un peu bizarre mais dont l¨originalite me plait tout de meme. J¨aime beaucoup le cote atypique de la Sagrada famiglia, qui ne ressemble pourtant pas a grand chose finalement...
Je redescends en mettant le cap sur Montjuic. Le soleil tape toujours aussi fort. Je ne m¨en rends pas encore compte mais je suis en train de prendre un coup de soleil. Je fais tout le tour des installations du parc olympique. C¨est toujours aussi beau de monter la-haut ! Dorenavant pour moi Montjuic evoque surtout Carlos Zafon, et je regrette bien de ne pas me souvenir de l¨endroit ou se situent les habitations et notamment la librairie du heros. Comme j¨aurais aime avoir son dernier livre a lire ici, sur les lieux meme de son inspiration ! Bon c¨est pas grave, a la place je retourne voir le lieu de l¨affrontement entre Carl Lewis et Ben Jonhson. Ca me fait toujours un pincement au coeur, de meme que le palais Sant Jordi ou se sont affrontees les meilleures equipes de volley-ball du moment. Retour dans l´adolescence passionnee....
La-haut toute seule dans les parcs je bouquine, tranquille, vue sur la mer et sur la ville. Et puis hop je redescends. et ne me decide pas a rentrer avant tard le soir, tant c¨est un vrai bonheur de respirer l¨ambiance de la ville.... Je m¨apercois tout de meme que je commence a avoir ma dose de foule. Je n¨ai pas envie de rester trop longtemps, j¨ai envie de remonter sur mon velo et de retourner plus en nature. Peut-etre aussi que l¨ambiance jeunes fetards de l¨auberge de jeunesse y fait aussi. J¨ai un jeune argentin comme voisin de lit (on dit voisin pour celui qui dort au-dessus de vous ??) Tres sympa de prime abord, mais vite gonflant en fait. Parle trop fort, s¨en fout des gens qui dorment, a toujours un avis a donner sur tout, surtout quand on ne lui demande rien.
Sonnee par le soleil que j¨ai pris toute la journee et les kilometres avales, zou je m¨ecroule dans mon lit !




Ce matin, reveil a 8h30. Je file pour 11h a mon rendez-vous avec Xavier en remontant la Rambla. On doit se retrouver a l¨entree de la salle Mirador au Centre culturel de Catalogne.
Comme je compte passer ensuite faire reparer mon velo, je suis venue avec. Je le gare, pas tres rassuree, dans la rue devant le Centre et je monte jusqu¨a la salle Mirador. Des hotes et hotesses d¨accueil font la reception. Badges, enveloppes nominatives, chicos... Xavier vient me retrouver et commence par solliciter les uns et les autres pour qu¨on mette mon velo en securite. C¨est gentil, je n¨en demandais pas tant meme si ca me rassure. A Barcelone des bandes font le tour des quartiers et reperent les velos a depecer ou revendre. Mouais, ben a Paris on fait pas mieux et je n¨aurais jamais garer mon velo dans les rues de Paris donc tant mieux s¨il atterit dans l¨office du garde du Centre culturel !
Je suis Xavier, on entre dans la salle Mirador ou des gens interviennent. Et la je commence a comprendre ou je suis... Alors je suis pieds nus dans mes baskets Decathlon a 6 euros, avec mon lapis-lazuli autour du cou et mon sac a dos rouge flashi Pekin-Express au milieu d´un congres rassemblant 120 ingenieurs et representants des collectivites locales en costard - cravates, pour une journee de reflexion sur l¨urbanisme et la mobilite demain... Ok ok, pas de souci... D¨un seul coup j¨adore etre la ! Totalement incongru.
Je m¨asseois et j¨ecoute. J¨ai l¨impression d¨¨etre au boulot. Non en fait ca me rappelle le boulot, mais moi j¨ai bien conscience de ne pas travailler, la :) Et c¨est trop chouette de juste observer en me disant qu¨a deux minutes pres je ne serai pas ici (si je n¨avais pas croise Xavier a ce feu rouge ce jour-la a Girone).
Je n¨ai jamais ecoute aussi attentivement des discours sur l¨¨urbanisme ! D¨abord parce que je me rends compte que si je me concentre sur ce que j¨entends, je comprends les idees generales, je sais de quoi on parle. Par contre je n¨ai jamais reussi a rire aux blagues des orateurs quand tout le public s¨esclaffait d¨un coup. Bon, chaque chose en son temps.
Xavier n¨a pas encore parle. Au fait, il est la pour quoi ?? Je lui demanderai a la pause. Pour l¨instant un beau gosse avec belle prestance est en train de faire un discours, ecoute religieusement par tout le monde. Etonnant, a la fin des interventions les differents orateurs s¨etreignent chaleureusement. Drole d¨habitude ! Sont sympas ces espagnols, moins coinces que nous !
A la pause cafe Xavier me dit que le gars a la belle prestance, qui se tient a 2m de nous et qu¨il va saluer juste apres, est le "ministre des infrastructures de la Catalogne"). Mais qu¨est-ce que je fais la avec mon lapis-lazuli sur mon t-shirt peace and love de Thailande ?? Trop drole ! En meme temps, personne ne me regarde de l¨¨air de se demander ce que je fiche ici. Vraiment sympas ces espagnols.
A la reprise, Xavier intervient, mais comme je prends des photos et qu¨il parle tres vite je ne comprends rien de ce qu¨il dit, J¨entends juste quand il explique qu¨il a justement une amie parisienne qui est ici, qui est venue en velo a Barcelone, et que ces braves ingeneurs ne se rendent pas compte comme c¨est difficile de m¨expliquer comment sortir de Barcelone en velo tant les routes vers le sud ne sont pas faites pour les cyclistes !


Xavier a ete maire de sa commune. J¨ai passe au final 3h dans ce congres. Xavier m¨a donne des conseils pour quitter Barcelone. Il part mercredi en Colombie pour une conference sur le cyclotourisme.
On s¨est quittes, je suis retournee dans le fourmillement de Barcelone a la recherche de l¨atelier de velo que j¨ai repere hier : "Green bici". Un jeune avec des dreadlocks m¨accueille fort gentiment, regarde mon velo et m¨explique que le derailleur n¨est plus tout a fait dans l¨axe, j¨ai du le faire bouger avec mon surpantalon pas assez ajuste aux chevilles.
Arc de Triomphe, Bocqueria, Estacio de Franca ou je me renseigne pour prendre un train demain matin pour Castelldelfels, juste histoire de passer la zone portuaire et l¨aeroport.
Oui je crois que je vais faire ca. Rejoindre la mer a partir de Castelldelfels, et filer jusqu¨a Tortosa pour recuperer une voie verte qui monte vers Zaragoza ou je rattraperai la ruta de la Plata, route de Compostelle qui relie Santiago a Seville.
En attendant, il est temps que j¨aille profiter une derniere fois de la nuit Barcelonaise avant de rentrer preparer mes sacoches pour demain...
J¨ai plein de souvenirs ici a Barcelone, j¨ai aime me les rememorer.
Mais je suis aussi contente de partir demain vers l¨inconnu, le vrai, cette fois.
Il me souhaite bon voyage, je suis contente, je suis bien tombee, tout va bien, je repars avec un velo qui ne grince plus. Je vais le reposer a l¨auberge par securite et repars me promener dans le parc de la ciudad. Une petite vingtaine de salaries d¨une entreprise manifeste devant le parlement. De loin j¨ai cru que c¨etait un groupe de batucada alors je me suis approchee. Mais pas du tout. Ils crient, tapent sur des tambours et sifflent. Ils ne sont pas nombreux mais on les entend de loin protester contre la delocalisation de leur entreprise....

Tout a fait d'accord avec ces assertions !
Et pour infos, P-A-T ce sont les initiales de l'association de protection des accidentes du trafic .









Tiens,
des pecheurs de lune ici aussi !...
25 février 2015

Plusieurs jours que j'ai quitte Barcelone, et que je n'ai pas eu acces a un ordinateur. J'ai totalement change de decor. Je voulais voir a quoi ressemblait l'Espagne en dehors de ce que j'en connaissais deja, je suis servie !
Je suis partie tot le matin de l'auberge de jeunesse a Barcelone, pour attraper un genre de RER local, histoire de faire opur 2,5E les 4 ou 5 stations qui me feront depasser la zone industrielle et aeroportuaire. Je debarque a Casteldefels, au bord de la mer, et longe la plage en direction de Tarragona. Je veux rejoindre Tortosa demain. C,est un peu plus bas sur la cote, et j'y attraperai la via verde del Valzafan, qui monte jusqu'a Alcaniz, pour me faire remonter vers Zaragoza.
Je roule le long des plages toutes plus belles les unes que les autres. Moi qui ne suis pas plage, je comprends pourquoi la cote espagnole est si prisee. Ceci dit, je tirerai la conclusion de mes vadrouilles le long de la mer que ok c'est beau, mais je n'y passerais pas mes vacances - etant entendu que la je ne suis pas en vacances... Mais n'empeche, franchement c'est beau ! J'apprecie egalement parce qu'il n'y a personne sur la plage, ou si peu de monde. Evidemment, hors saison, c'est bien plus sympa. J'imagine ces immenses bandes de sable dore l'ete...
Chaque plage a son style. Par contre comme toutes stations balneaires hors saison, j'ai parfois l'impression de traverser des villes fantomes ! En tout cas c'est chouette, je m'arrete souvent pour le plaisir de regarder la mer et de realiser que je suis bien la...




Pas du tout. Elle monte sur des kilometres. Le genre de kilometres deprimants, parce que comme c.est tout droit on voit bien que ca ne fait que monter. On le voit meme de tres loin... Bon. Je suis donc arrivee a Tarragona , qui ne possede pas une mais deux rambla. La vieille et la nouvelle. En installant mon velo a l'auberge de jeunesse, je vois que je ne suis pas la seule cycliste aujourd'hui. Un autre velo est attache, meme cadre que le mien... Le patron me parle de 2 gars. Chouette, des copains ! Pour le moment ils ne sont pas la, et moi je file faire le tour de la ville. Je commence a penser qu'un truc cloche dans ma maniere de faire. Pedaler toute la journee c'est bien, mais a ce rythme la je n'aurai que des photos de nuit des villes que je traverse. Mais rester le lendemain c'est dormir une nuit de plus, donc payer quand je ne trouverai pas de lieu pour camper. Bon, va falloir que je reflechisse au sens de ce voyage.
Tarragona est pleine de vestiges romains, c'est assez inattendu - enfin quand on ne s'est pas renseigne avant ! Au detour de chaque rue on tombe sur ue ruine ou des fouilles.
A un moment donne je pense prendre une petite rue qui descend plus pres de l'eau et bing je tombe nez a nez avec un marche surpeuple ! Ah mais c'est donc la qu"ils etaient tous ! Trop tard pour faire demi tour, pas envie de me taper la remontee, tant pis je mets pieds a terre et traverse le marche sous les yeux un peu surpris des locaux. Un gars veut me vendre de l'ail a la piece... Merci mais pas tout de suite.
Je reprends la route, toute contente d'arriver bientot a Tarragona. Mais c'etait sans compter sur le sens de l'humour des espagnols, qui ont perche toutes leurs villes sur des collines. Je ne sais pas pourquoi, en regardant sur le plan la grande ligne droite, la Via Augusta, qui entre dans la ville et conduit a son centre, j'ai betement cru qu'en plus d'etre droite elle serait plate.

Je fais donc mes photos de nuit, j'achete une courgette, un champi et du parmesan, et je rentre me faire a manger. La cuisine est occupee par Jamie, un ecossais, l'un des deux cyclistes. Il est occupe a preparer un mojito en l'honneur de John, l'americain, le 2eme cycliste qui est sous la douche. Nous decouvrons que nous sommes 3 novices dans le cyclotourisme. Jamie a pris deux semaines, John un mois. On parle de nos velos, de nos premieres galeres materielles, de nos premieres impressions de voyage. Avec nous il y a aussi un allemand dont j'ai oublie le nom - shame on me. Lui, il en est a, grosso modo, il ne sait pas trop, environ 700 kms a pieds. Il a tout son materiel dans une remorque qu'il pousse devant lui. Il dort dehors, chez l'habitant, ou dans les auberges de jeunesse. Pendant qu'on fait connaissance, une espagnole s'arrete devant le mojito que prepare Jamie et lui dt un truc en espagnol d'un air dubitatif. euh, no intiendo repond Jamie - je ne comprends pas. Elle sourit et s'en va. On va le boire quand meme, ce mojito qui ne tente pas une espagnole ! Jamie dit que la menthe qu'il a achetee n'est pas aussi parfumee que celle qui pouse sauvagement dans son jardin. En fait il nous parle beaucoup de sa maison, de son jardin, des coutumes ecossaises auxquelles il est tres attache. Il est chou comme tout, un vrai brave gars ! On a droit a une longue explication sur les tartans. Moi qui etais persuadee que ces traditions appartenaient au passe, non non, les jeunes portent toujours le kilt de leur famille dans les grandes occasions - mariage, remise de diplomes, etc.
Jamie est persuade que Mac Dougall est le nom d'une grande famille. Je suis surprise, je pensais qu'on avait ete balaye d'un revers ed main par les Campbell des le debut de la guerre des clans mais lui me dit que non non, d'ailleurs vous avez eu un chateau, c'est signe d'une grande famille. Mouais...
Le patron nous rejoint. Je lui donne a peine 30 ans. Il est proprio avec son frere de cette auberge qui est en fait un appartement. Tres bavard, il nous raconte un tas de choses sur la region. On l'interroge en particulier sur les pyramides humaines qui semblent etre une tradition ici. En effet c'est typique d'ici et quasiment considere comme un sport. Il y a des regles, des juges, un temps limite, des competitions, ... des bras et des jambes casses regulierement, aussi. Pour etre validee il faut que le petit garcon ou la petite fille qui grimpe en haut leve la main. Le patron nous explique que c'est une tradition de Tarragone, mais que Barcelone commence a s'y mettre et ca attire des touristes. Et ca, ca l'agace. Enfin ce n'est pas l'affluence des touristes qu'il regrette, mais que Barcelone s'approprie une des bases de la culture de Tarragona...
Les garcons disent avoir vu pas mal de personnes 'homeless', effet de la crise. Moi au contraire jusqu'ici je n'ai rien vu de tel, j'ai meme trouve qu'a Barcelone on voit beaucoup moins de mendiants qu'a Paris. Au moins maintenant, parait-il, les familles avec enfants ne sont plus expulsees aussi facilement qu'avant.



voila qui devrait faire plaisir a certaines !

La main est levee, c'est bon c'est valide !

John et Jamie me demandent qui sont les hommes es plus sexy du monde. Pfff, comment vous dire les gars, je n'en ai pas la moindre idee, je ne me suis jamais pose la question, mais a priori comme ca bah ni les americains ni les ecossais, ni les allemands.
Je prends le petit dej avec l'allemand. Il me dit d'eviter la tente si je veux dormir dehors. Si tu utilises ta tente, tu fais du campimg, tu vas etre embetee par les flics. Si tu dors dehors sans tente, t'es pas embetee. Oui euh bah, merci du conseil...
Je lui parle d'un probleme que j'ai aux mains depuis mon depart et qui ne se resorbe pas. Enfin c'est plus a la main droite, pour la gauche heureusement c'est minime. Des le 2eme jour est apparu une espece d'ankylose au niveau du petit doigt et de l'avant dernier de la main droite. J'arrive difficilement a les articuler. Cela ne me gene pas pour pedaler, mais pour tout le reste oui. Tenir ma fourchette, me moucher, ouvrir mes sacoches, chercher une piece dans la poche droite de mon pantalon, tout est dur. Je n'ai plus de force dans cette main. J'ai attendu que ca passe mais c'est super etrange, rien n'y fait. Si ca continue j'irai peut-etre consulter avant de quitter l'Espagne. Je n'ai pas la moindre idee de la cause. L'allemand a le meme souci, et n'a pas consulte non plus. Etrange... On verra bien.
Je pars, direction Tortosa, toujours en suivant la mer. En milieu de journee, le vent se leve. Par bourrasques qui me giflent de tous les cotes et me freinent drolement ! En fait je ne le sais pas encore, mais un avis grand vent est tombe. Je vais pedaler 4 jours comme ca, un vrai bonheur ! Pour l'heure, etant donne les cotes qu'il me reste a gravir pour aller a Tortosa, je prends un train pour 3 euros et descends a Tortosa. Arrivee a la gare, quand je regarde les nuages noirs qui s'amoncellent au-dessus des collines d''ou je viens, je ne regrette pas une seconde mon choix !





Ok les gars, on fait comment pour monter un vélo là-dedans, quand le marche pied est déjà lui-même à 80 cm du sol et que ledit vélo est charge parce qu'on ne sait pas qu'ici il faut escalader les trains...


Zut, pas de pensions pas cheres ici. 35 euros la chambre - bathroom king size, ok, mais bon c'est hors budget. Tant pis, go !
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de vouloir faire un tour en ville ce soir. Loin de faiblir, le vent se renforce. Je me fait balayer dans tous les sens, impossible de rester droite dans la rue, quand on ne se prend pas en plus des volees de sable ou de gravier dans la figure. Accueillant, ma foi ! Le temps de me rendre compte que Tortosa est une mimi petite ville ou il ne se passe pas grand chose, hop hop le vent me ramene dare dare a l'hotel - ca tombe bien, c'est par la qu'il souffle. Pourvu que ca se calme demain...
Et bien ca ne se calme pas du tout dans la nuit.
Pourtant le responsable de l'hotel, qui est aux petits soins, me dit d'un air rassurant que non ca ne souffle pas trop aujourd'hui. Bon chouette, esperons que ca tombe dans la journee. Hop c'est parti. Je traverse le pont, youpi j'ai le vent dans le dos ! Trop bien !!
Ah oui mais au bout de 3 kms je m'apercois que je roule dans le sens oppose a ma destination.... Snif... J'aimais bien, pourtant, par la... Bon, demi tour et vent de face...

Je suis sur la fameuse via verde du Val zafan. Et franchement, hormis le vent, c'est super joli. Je retroiuve des paysages qui me bottent plus que la mer. Je suis le cour de l'Ebre, fleuve que je retrouverai a Zaragoza.
Mais pour l'heure, je me trompe une fois de plus sur a un croisement mal fleche, et me voila partie pour un beau detour grimpant dans les cultures d'oliviers. Les montagnes se dressent devant moi, je me demande si je ne suis pas entree par erreur dans la reserve nationale que je dois longer un peu plus loin normalement. De toute facon, apres 30 - 45 mn dans la mauvaise direction, mon chemin ascendant butte face a une grille fermee...
N'empeche, qu'est-ce qu'elle est chouette cette via ! Je ne croise pas grand monde, et meme de moins en moins en fait. Il n'y a que moi et la nature. Meme a ma pause pique nique c'est super zen, soleil, oiseaux, et... vent, tout de meme !
Je me regale, meme si je sens que j'avance comme un escargot. Tout est en faux plat, et avec le vent je ne peux jamais arreter de pedaler. 90 kms pour rallier Alcaniz, je vois bien que je ne les ferai pas en un jour. Mais c'est pas grave, j'aime etre ici, et peu a peu germe l'idee d'inaugurer la tente dans ce parc national. Je n'ai pas assez d'eau pour la toilette + le repas, mais je sens que j'ai envie de cette premiere nuit sous la tente, ici.
Vers 16h45 - je me mefie car la nuit tombe vite - je trouve un chemin a peine visible qui s'ecarte de la voie principale et s'enfonce dans les herbes hautes. Personne en vue - de toute facon c'est simple il n'y a personne - je descends et pousse le velo dans les herbes. Je debouche une vingtaine de metres plus loin sur un plateau qui fait face au pont que j'ai franchi tout a l'heure. J'ecoute - pas un bruit suspect. Je regarde le sol. Visiblement ce lopin de terre a ete remue par une machine a moteur, vu les dessins sur le sol. Ah, et il n'y a pas que des traces humaines, il y a aussi des pattes. Des sangliers, il me semble. Ou autre chose, j'en sais rien, je n'y connais pas grand chose en animaux de la foret et de la montagne en fait ! Mais au pied des oliviers ils ont fouille la terre, c'est sur.






Bon, ce coin me semble sur. Tant pis pour les eventuels bestiaux, je m'installe. La tente est facile a monter. C'est agreable une tente toute neuve ! Sauf qu'au premier coup de vent je m'aperois qu'elle n'est pas bien orientee du tout ! Elle se couche presque sur elle-meme, tant le vent souffle fort. Ok, je sors les piquets plantés et je change l'orientation. Je mets la porte - donc la partie la plus large - face au vent et j'arrime tout ce que je trouve a arrimer. A bien y reflechir, c'est idiot j'aurais du mettre l'arriere, la partie la plus fine donc, face au vent pour qu'il glisse sur la tente. Tant pis, je n'y ai pas pense ce soir-la.
Je mange quelques gateaux aux cereales, une tomate et 4 carres de chocolat, puis je stocke toute ma nourriture dans un sac que je pars attacher a une branche d'arbre plus loin. Zut, toutes les branches sont hautes. Une pierre attachee a un caillou me permet de hisser le sac sur une branche. Ca me fait rire. Ai-je raison de prendre ces precautions ici - j'en sais rien. Mais mieux vaut etre trop prudente.
Ma tente est largement assez spacieuse pour moi et mes sacoches, c.est tout confort ! J.ai cache et attache le velo dans un bosquet a une vingtaine de metres. Je suis super tranquille, pas un bruit en dehors de la nature. Pas une bebete en vue. Pour en finir avec les mesures de precaution, je fais pipi a 2 m de ma tente pour marquer mon territoire !
Plus qu'a me glisser dans mon duvet avec Jack Kerouac ! J'ai la flemme de deballer mon matelas gonflable. Je le regretterai car le sol est froid et je vais le sentir toute la nuit. En attendant, je bouquine puis m'endors tranquille et zen.
Le lendemain, bonjour ma tronche etant donne que je me suis emmitouflee le plus possible dans mon duvet pour ne pas avoir froid !
Mais tout va bien, je range mes affaires, ne constate aucune nouvelle trace pres de la tente, petit dejeune et zou c'est reparti.

J.'ai les jambes lourdes, je me traine, et le vent m'accompagne toujours. Je ne sais pas si j'arriverai a ce rythme-la a Alcaniz, mon objectif. Que c'est long ! Qu'est-ce que je suis lente ! Le vent me stoppe violemment parfois. Je m'arrete, fais le dos rond et attends que la bourrasque passe. Et puis ces routes qui n'en finissent jamais de monter ! En meme temps franchement c'est genial d'etre passe par ce parc national. Peu a peu il fait place a une dorte de plateau desertique. Betement je pense toujours que dans quelques heures ca va bien se calmer, et puis ca va bien finr par descendre un jour. Mais non, pas aujourd'hui. Pourtant je decouvre bientot devant moi un paysage auquel je ne m'attendais pas. Loin la-bas les monts se decoupent, la route plonge dans une immense vallee qui n'en est pas vraiment une puisqu'elle est parsemee de collines toutes aussi arides les unes que les autres. N'empeche, youpi a un moment je vais donc bien redescendre ! Mais bon, c'est pas pour tout de suite. Pour la fin de journee il faut evidemment que je me tape la montee fatidique pour arriver dans le centre d'Alcaniz, dont je decouvre qu'elle est ville etape de Compostelle.




Enfin Alcaniz est surtout une ville a moitie en ruines ! Dans le centre, on croirait qu'un bombardement vient d'avoir lieu. Les habitations cotoient les ruines et les pans de murs eventres. On se demande ce qui est abandonne et ce qui reste des romains.
Je passe une heure a tourner dans toutes les rues pour trouver un truc a manger chaud. Rien de rien, incroyable ! Je ne trouve qu'un kebab dans la rue principale du centre historique. Ca fait mon affaire mais c'est bien dommage, tout de meme. Je monte difficilement les escaliers, j.ai mal aux jambes !
Je me decide a envoyer par mail a Isa la description de mon ankylose de la main droite car ca me preoccupe.
Je m'endors sur le refrain que je me serine depuis deux jours ~ allez, demain le vent va bien s'arreter de souffler, et puis la route va bien finir par descendre tout de meme...
Le lendemain, bien sur, le vent est toujours la... Un cafe et un croissant, et c,est parti.
Par contre ca y est la route devient un peu plus plate, voire meme presente de belles descentes.... que je conquiers en pedalant a chaque metre pour ne pas faire de surplace a cause de la resistance du vent ! C'est tout de meme rageant. D'ailleurs j'enrage un peu quand meme. Je commence par narguer le vent ~ vas-y, plus fort allez, ben alors tu vois bien que ca ne m'empeche pas d'avancer alors vas-y souffle encore !.... Ou alors je lui fais les yeux doux ~ bon et si tu t'arretais un peu maintenant hein, franchement, allez d'accord j'ai compris tu es le plus fort, laisse moi un peu rouler maintenant.
Bon, ca ne change rien. Je suis d'une lenteur impressionnante.
Mais j'ai compris. Je n'arriverai pas a Zaragoza ce soir, c'est certain. Je decide donc d'aller jusqu'ou je pourrai aller, et de passer une nouvelle nuit sous la tente. Du coup je m'arrete autant de fois que l'envie me prend, pour faire une pause, grignoter un truc, laisser passer la fatigue. Se prendre du vent dans la figure toute la journee est vite crevant. Merci maman de m'avoir achete des lunettes, tu ne sais pas a quel point mes yeux t'ont dit merci pendant ces journees. J.ai les traits tires, les yeux rougissent parfois, et bien sur je ne sens pas le soleil sauf le soir quand les joues commencent a chauffer. J'ai les yeux rives sur les retros car en cas de bourrasque le vent me devie de ma trajectoire et je dois anticiper les ecarts eventuels.
Mais la decision que j'ai prise d'aller tranquille et de m'arreter quand j'en sentirai l'envie me rend sereine, au fond.
L'envie arrive vers 17h. Je repere un premier coin qui me parait pas mal. Il me restera demain environ 60 kms pour arriver a Zaragoza. Je descends de velo, explore le coin a peu pres a l'abri du vent. Mais tout compte fait non, je suis trop visible depuis la route - meme s'il ne passe qu'une voiture toutes les 5 minutes - et puis des petits tas de billes de terre un peu partout me font penser a des excrements de vers de terre par millier. Non non non, je ne le sens pas, ce coin. Je repars.
Je m'arrete 6 kms plus loin, guettant le coucher du soleil. Je crois avoir trouve cette fois. Je quitte la route et plante la tente une trentaine de metres plus loin, masquee par un bosquet d'arbres secs. J'ai vu sur le dernier village que j'ai depasse, Escatron. Je suis abritee - du moins c'est ce que je pense a ce moment - par un promontoire rocheux derriere lequel le soleil va bientot se coucher. Ok je m'installe ici. Je pensais faire ma premiere popote avec le rechaud mais il y a decidemment trop de vent, ca ne me dit rien. Alors ce soir ce sera salade de concombre avec thon pimente de la belle-iloise. Je dine en regardant les lumieres du village s'allumer peu a peu dans la nuit qui s'installe. Je tourne le dos aux rochers.
J'ai a peine fini qu'en me levant pour retourner a la tente un bruit de caillou qui bouge me fait lever les yeux. Au sommet du rocher un bouquetin noir s'elance de rochers en rochers et detale en 4 bonds de l'autre cote. D'un coup j'ai le sourire jusqu'aux oreilles ! Je suis sure que c'est la pierre porte bonheur d'Artur qui a provoque cette rencontre... Depuis combien de temps me regardait-il, la-haut...
Je vais me coucher toute contente.
Reveillee sans arret par les bourrasques de vent. Ah ca pour tomber il ne tombe pas du tout ! Il redouble au contraire !!! Je me sens en securite mais qu'est-ce que ca fait comme bruit !




Au petit matin je recupere mon maillot au fond du duvet ou je l'ai garde dans un sac de soi pour qu'il reste au chaud - c'est que je commence a m'organiser ! Je constate qu'un piquet a ete arrache par le vent. Tiens le vent d'ailleurs.... Et bien il est toujours la, of course !
Bon. Je remballe, et c'est reparti pour une journee de bourrasques !
Mon casque est heureusement bien attache, car le vent voudrait me l'enlever ! Je roule... Voici Sastago, 5 kms plus loin. J'entre dans le centre ville par un long pont au-dessus de l'Ebre. L'ebre qui court a une allure dingue, pousse lui aussi par le vent.
Enfin quand je dis que j'entre dans le centre ville... Je grimpe tout en haut - on ca va c'est pas si haut pour une fois - pour m'engager dans une seule et unique longue rue vide qui fait office de centre ville, si je comprends bien. Je me rejouissais a l'idee de m'offrir un cafe chaud pour une fois. Mais ou sont les cafes ici... Rien de rien. Presque pas ame qui vive.
Ah si finalement une devanture qui pourrait etre le PMU du coin. On fera avec ! Je gare le velo devant et j'entre, pour me trouver effectivement au milieu de 4 gars assis autour de leur cafe, en grande discussion. La patronne est jeune et tres sympa. On ne se comprend pas trop mais j'arrive a lui demander un cafe, que je prends le temps de savourer. Un des gars commence a chanter ce qui ressemble a une romance car je comprends le mot amor, et ils se marrent. Si c'est pour moi c'est gentil mais non....
Je demande a la patronne un petit cours d'espagnol. Ok maintenant je saurais demander un cafe allonge en espagnol, et sans lait merci - parce que le matin la plupart du temps ici c'est avec lait.
Je montre ma carte routiere et elle tente de m'expliquer quelle route prendre. Un des gars parle un peu francais, il se leve et vient m'aider. Tres gentil. On tombe d'accord sur la route. D'apres ce qu'il me dit, il y a toujours du vent ici, plus ou moins fort. C'est pour ca qu'on dit que les gens sont un peu fous ici, plaisante-t-il. Ben y a de quoi, oui ! C'est la que j'apprends qu'on a en ce moment des pointes a 30 - 40 km/h. Ahhhh mais c'est donc ca, je me disais aussi que j'etais lente...
OK, a ce rythme la c'est clair que je n'atteindrai pas Zaragoza aujourd'hui, alors que sur le papier c'est jouable. Mais pas dans ces conditions. Et je ne vais traverser que des champs d'oliviers et un desert de cailloux. Pas envie d'aller a l'hotel ce soir, trop cher. Pas encore prete a supporter 2 nuits de camping coup sur coup. Encore besoin de garder un minimum de proprete meme si entre temps je me sus vite habituee a ne pas avoir mon seche cheveu ! Je repere une ville a 30 kms ou je pourrai prendre le train pour les 20 derniers kms. Youpi c'est parti !
Enfin c'est parti a 2 a l'heure. Terrible. Je fais 100m, je me prends une claque de vent, je stoppe, fais le dos rond, repars, fais 100m... Dans les pentes j'appuie sur les pedales, du delire ! Je fais mes 30 kms comme ca. J'arrive a la Zaida, ou j'ai repere la station de train sur la carte.
La Zaida est une ville - station batie au pied d'une centrale electrique. Gros charme, quoi. Encore une rue tout en longueur. Giflee par le vent j'entre dans cette grande rue vide sans me mefier quand d'un coup une musique criarde vrille dans mes oreilles. Improbable, je freine, ne comprends pas, regarde autour de moi et ecoute. Mais oui c'est bien ca ! Un genre de musique folklorique aux accents aigus assez horribles en fait, sort de haut-parleurs mis a fond sans doute dans cette grande rue vide pour etre sur qu'on l'entende malgre le vent. Je prends un fou rire toute seule ! Je traverse cette rue pliee de rire tant je trouve la situation absurde.
Bon mais au lieu de rire j'aurais du regarder les panneaux, j'ai loupe la station. Demi tour, et re-hurlements a la mort dans les oreilles.
Oups, 2h d'attente, et pas le droit a l'erreur car le prochain est a 20h27. Bon, ben j'attends. C'est un peu etrange ce genre de gare au milieu de rien, sachant qu.en plus bien sur tout est ferme, pas de guichet, pas de salle d.attente, rien, juste un papier affichant les horaires, qu'on relit 15 fois pour etre sure qu'on ne se trompe pas, il y a bien un train qui va passer ici...
Je regle les vitesses, graisse la chaine, j'inspecte le velo - tout ca bien sur avec les bourrasques du vent qui ne me lachent pas. Et puis je bouquine. Le soleil tape. Je pique-nique. Je suis toute seule. Je branche Christine and the Queen et j'essaye de danser comme la chanteuse mais bof, je crois que je ne m'en sors pas trop bien.
A moins 10 une dame arrive. Oh, il y a donc du monde ici !
On guette de loin la loco pour savoir sur quel quai il faut attendre, car il n'y a aucun moyen de le savoir. Ah, le train prend la direction de la voie du milieu. Bon. Ok, on traverse la voie. C'est chouette de ne pas être toute seule dans ces moments incertains ! Oulla, le train s'arrête, et j'ai un vague espoir lorsqu'une petite plateforme sort de sous le train... mais quand la porte s'ouvre c'est l'horreur ! La premiere marche est à 80 cm et il y en a 3 ! La porte est juste assez large pour laisser passer le vélo. Mais comment je fais, moi, pour hisser les kilos du velo là-haut !!! La dame est montee plus loin. Du haut de son wagon de tête, le contrôleur m'envoie par un signe de la main en derniere voiture. Mais le probleme est le même. Je comprends qu'il me dit de me dépêcher. Oui oui, monsieur, mais là j'ai un probleme... Je tente de soulever le monstre, impossible de le hisser là-haut. Je monte et tente de le tirer jusqu'à moi, ca ne marche pas mieux. Empetree dans ma galere ! Enfin un homme descend et vient m'aider, ouf ! On part. Et on paie son ticket a l'interieur.
Pour descendre j'enleve les sacoches arriere !
J'ai retrouve avec plaisir la grande ville, meme si j'ai eu le deplaisir de constater qu'ici aussi, le vent me poursuit. Zaragoza me surprend, la vieille ville est cernee par de grandes arteres tres larges et agreables. Beaucoup de velos circulent. Le coeur de la ville fourmille de monuments, palais, eglises, ruines romaines. J'apprendrai le soir que la ville doit son nom a Cesar - car comme chacun sait Caesar Augustus = Sarragosse...
L'auberge de jeunesse se trouve a 100m de la statue de l'empereur. et a moins de 500m de l'immense et magnifique basilique dediee a Pilar, protectrice des martyrs. La basilique est superbe, et presente plusieurs fresques de Goya.
26 février 2015




Des mon installation a l'auberge, je decide de rester 2 nuits. J'ai retrouve un acces a un ordinateur, j'ai envie de me poser, et de prendre le temps de voir ce qu'il y a a voir. Pas question de repartir des le lendemain.
Le point internet se trouve en sous-sol de l'auberge. Normalement c'est un bar et j'imagine qu'il doit parfois y avoir ici une ambiance endiablee, mais moi a chaque fois que je m'y rendrai je m'y trouverai seule. Et c'est loin d'etre desagreable. Sauf ce soir ou c'est super sympa car un concert baroque live m'accompagne.
On descend ici par un escalier en pierres, en passant devant des grilles et des chaines qui pendent aux murs. On a l'impression ed descendre aux oubliettes, en fait. La lumiere est tamisee. J'aime bien.
Je partage ma chambre avec une allemande et une libanaise Elles sont tres sympas, par contre elles passeront leur temps dans la chambre... Chacun son truc.
Moi je me detends ! Je sors me balader, je rattrape mon retard sur l;e blog, je fais deux courses et je rentre me cuisiner un petit plat de pates.
Aujourd'hui je me suis baladee, je suis revenue faire une lessive, repartie me balader, manger des tapas, revenue etendre mon linge, ecrire, bref... j'ai pris le temps ! De loin j'entends une musique dans la rue, je m'approche. On dirait une fete, chouette ! La musique est dansante. .. Sauf que ce n'est pas la fete. Ce sont des ouvriers qui manifestent en casquette rouge et encercles par la police, devant les bureaux de Citroen....
En tout cas cette ville m'a bien plue ! Meme si je n'ai finalement pas ete voir le musee Goya parce que ce que j'en ai vu dans la basilique m'a suffit, j'ai bien arpente cette ville a taille humaine et dans laquelle chaque rue devoile une histoire, revele un passe.
Au petit dej ce matin je me suis retrouvee avec une dizaine d'hommes plutot arabes, espagnols et noirs, qui m'avaient tout l'air de se preparer pour aller travailler. Etrange sensation. Pas du tout des touristes en tout cas. Comme souvent, comme je suis une fille on a des egards pour moi, mais comme je suis grande et tranquille on me fiche la paix. Je me suis demande toute la journee d'ou sortaient ces gars et ce qu'ils faisaient la. Je les retrouverai sans doute au petit dej demain matin. Je reconnais l'un deux, qui hier soir m'a dit en faisant la cuisine qu'il allait pleuvoir aujourd'hui. Je me suis habillee ce matin en consequence, et il a fait grand soleil toute la journee. Je le lui ai signale tout a l'heure. Ah oui mais je n'ai jamais raison tu sais ! Ok.... Ben j'ai eu trop chaud aujourd'hui moi !!
Reste a m'organiser pour les prochains jours. Mon objectif est Salamanca. Je dois etudier ce soir le meilleur parcours. Je m'attends a traverser encore le desert espagnol, je me prepare psychologiquement a retomber a la merci du vent.
En attendant, Isa et maman font le meme diagnostic de mon souci de main, a savoir probablement un nerf coince et un osteo a aller voir si je n'arrive pas a me decoincer toute seule. Bon c'est rassurant ! Merci pour les conseils avises !!
21h18, il est temps que je m'inquiete de la route a prendre demain....
5 mars 2015
Je ne compte plus les jours.
J´essaie de me souvenir quel jour de la semaine on est, ca a son importance quand il faut prevoir suffisamment a manger pour le we. Et comme parfois je ne sais pas trop si je vais trouver des supermarchés...

Je suis a Salamanca depuis midi et demi. Salamanca ! Je l attendais !
Pour deux raisons. D abord parce que c est de la que je vais emprunter la ruta de la plata, chemin de Compostelle qui normalement se fait de Seville a Santiago, mais moi je vais la prendre dans le sens inverse. Entre la via verde de Tortosa a Zaragoza et la ruta de la plata, depuis le debut, je contemplais avec angoisse les kilometres qui traversaient le centre de lEspagne et ca me paraissait bien long.
Ensuite j avais lu que Salamanca est une ville magique, donc j avais hate !
Je suis partie de Zaragoza tranquillement le matin. Au petit dej j ai retrouve mes compagnons multicolores bosseurs, et compris qu ils ne vivent pas ici mais viennent prendre le petit dejeuner seulement. On se demande bien pourquoi, vu que ce petit dej consiste en tranches de pain de mie (qu on peut faire griller, tout de meme), de jus de fruits en brique, de cafe tiede et tres dilué, et de petites portions de confiture comme a l hotel. Pas folichon pour remplir l estomac d un ouvrier. Les gars me saluent par mon prenom et m observent faire mes preparatifs. Ils se presentent. La molitie sont roumains. Ils sont adorables.
Je demande au réceptionniste quelle est la meilleure route pour aller vers Catalayud (sud ouest de Zaragoza). Il me dit spontanement que le plus joli c est de prendre la route qui longe l Ebre. A ce moment-la, je ne sais pas encore (et lui non plus, visiblement) que l Ebre en ce moment... est en crue. En fait, la veille en me baladant j ai bien remarqué que le niveau de l eau etait tres haut et que le fleuve bouillonnait. Je me suis meme dit : tiens, les bords du fleuve sont visiblement amenagés pour qu on puisse s y promener en ete, mais c est quand meme pas tres malin d avoir fait des marches et des passerelles qui sont noyees en hiver...
Bon, pour l heure, confirmee dans le choix de route que j avais prevu, je pars ravie et tranquille. Dernier coup d oeil au fleuve en traversant le pont. Le debit est super rapide. Je mets ca sur le compte du vent, qui bien sur est toujours la.
Et c est parti ! Enfin, pour ne pas changer les bonnes habitudes, c est parti dans la mauvaise direction ! Car deux bras du fleuve partent dans deux directions differentes, et bien sur je commence par suivre la mauvaise... Une fois reorientee, et c est reparti !
Pas pour longtemps, car je m apercois qu a nouveau je n arrive pas a passer les vitesses superieures ni les plus petites. Je suis bloquee sur le plateau du milieu. Allons bon, qu est-ce qu il se passe encore ? J ai du dereglé un truc en voulant aligner le derailleur en raison d un léger frottement. Je sors le canif (pour le tournevis cruciforme) et tente de regler le derailleur. Pas moyen. Bon. Je crois etre proche d un centre commercial. Je vais demander a un poste de garde ou se trouve Decathlon. On me l indique. Je fais quelques metres dans la direction, m arrete et retente le coup du cruciforme. Ah, cette fois ca passe pour les vitesses medianes et les petites. Bon, je decide que ca fera l affaire, pas envie de commencer la journee par Decathlon.
C est re-reparti !.... pour moins d un kilometre en vitesse escargot because of the vent. Que vois-je devant moi, 5 meme pas dix minutes apres avoir pris la route ? La gare principale de Zaragoza. Je m arrete, regarde les arbres balayés par le vent, regarde l eau marron de l Ebre, et decide d aller voir les destinations desservies et les tarifs.
Apres moultes calculs, je decide que le vent c est terminé. Je prends un billet pour Guadalajara car je n ai pas envie d aller a Madrid et que Guadalajara c est sur la route qui va me conduire a Avila. Allez zou ! Enfin pas zou, car je dois attendre 2h tout de meme. Je bouquine, je fais le tour de cette gare immense, genre de grand hall de 300m de long, propre, silencieuse, rouge et blanche, surveillee par des gardes civils, dans laquelle on marche presque a pas feutres.
Je suis contente de passer a autre chose, de basculer dans autre chose. Pourtant c est comme si je me reprochais de prendre le train. J ai la desagreable impression de devoir rendre des comptes. Quoi t as pris le train, t avais pas dit que tu voulais faire ce voyage en velo ?... Oui c est vrai. Alors quoi ? Des qu il y a une difficulte ca va etre la facilite ? Ben et alors, au fait ? Ben rien, c est juste qu a ce rythme-la, ce voyage va te couter cher, plus cher que prevu en tout cas.

Mais c est quoi cette petite voix qui me fait cogiter alors que je n en ai pas envie ? Je decide de ne pas me laisser parasiter, meme si j entends ce qu elle me dit. Je ne reviens pas sur ce que j ai decide.
Et je retiens une chose, c est qu il serait bon que je fasse mes choix toute seule, et non pas avec le sentiment de devoir des explications ou des justifications que personne ne m a demandées, au fait...
Pas toujours simple d avoir l impression de faire les bons choix.
En tous les cas, c est parti ! Je guette l heure puis le quai, prete cette fois a enlever toutes mes sacoches a l avance s il avère que mon train est encore a un metre de hauteur. Peine perdue, evidemment mon train est en retard donc je vivrai jusqu au bout le suspens de savoir si oui ou non je dois decharger.... Et bien non ! Youhou ! Je monte. Ah, rien pour attacher le velo, super. Bon, je le cale comme je peux dans un wagon vide et je m asseois pas trop loin avec mon livre. Sympa aussi de ne pas pédaler.
Au debut je ne veux rien perdre des paysages. Mais tres vite, la chaleur filtrant a travers la vitre aidant, un sommeil irresistible s abat sur moi ! Je n ai pourtant pas fait grand chose aujourd hui... En alerte pour le velo, je somnole plus que je ne dors. Bing ! Le velo est par terre, ca y est. Pfff. Et en plus la bequille s est desolidarisee du cadre ! Quoi, cassée ?? La béquille dont le gars m avait dit qu elle etait censee etre suffisamment costaud pour ce type d expedition ?? Decidemment.... Apres deux secondes de depit, je cherche ma trousse a outil, redresse la bequille et la sers a mort. Bon, finalement c est rien du tout.
Trois heures de train. Plus on se rapproche de Madrid et plus ca se remplit. Des ados montent, deux gars filent dans le local a velo, je surveille, mais ils se contentent d allumer une cigarette. Pas cool pour nous... Bon. Je rejoins Jack Kerouac. Je commence a arriver sur la fin alors je lis moins vite, je n aime pas finir un livre qui me plait !
Je me decide a aller aux toilettes 3 minutes avant qu on arrive a Guadalajara, evidemment je n ai pas entendu l annonce de la station. Branle bas de combat, j envoie valser les sacoches sur le quai et je descends le velo a temps, ouf !
Bon alors il y a des noms de ville qui vous font imaginer que vous allez forcement debarquer dans un endroit plein de charme et de pittoresque. Mais alors quand vous etes confrontés a la realite vous etes super decus car ca ne ressemble pas du tout, mais alors pas du tout a l image que vous en aviez. Guadalajara, c est ca. C est totalement insignifiant, mis a part le joli palais de l Infante. En dehors de ca, bah ca n a aucun interet. En meme temps c est chouette d etre dans un endroit qui n a aucun interet touristique. Un endroit ou les gens vivent, tout simplement.
Je me présente a une pensiones, une brave dame m accueille et ouvre de grands yeux en voyant mon vélo. Très sympa, elle me donne les clefs de ma chambre, par contre il n y a pas de garage ou local de sécurité donc je dormirai avec mon vélo !

Je m installe et cherche un point wifi pour etudier mon parcours en velo pour aller a Avila. Et je m offre des tapas en prime. Je constate qu en Espagne on trouve surtout du fromage, du jambon et des tortillas a la pelle ! Pas trop le pays de la salade composee...
Dans ma chambre je cherche desesperement une emission de tele digne de ce nom. Mais entre le fait que je ne comprends rien, que je n aime pas l humour trop premier degre avec les rires gras en bruit de fond pour etre sur qu on ne loupe pas le moment soi-disant drole, et les films d amour encore plus soporifiques et mal joues que les mysteres de l amour, je reviens sur les infos. D ailleurs au fait, dur dur de savoir ce qu il se passe en dehors de l Espagne. En meme temps finalement c est la que j apprends que l Ebre que j etais censee suivre ce matin a inondé deux villages. Ah oui quand meme... J ai envie de voir la un signe que mon choix de train a ete le bon. Et puis de toute facon c est fait, voila.
Ah et puis le vent a fait tomber une eolienne, egalement, dans la province de Zaragoza. La vache, quand meme...
J avais fait une petite video pour montrer le vent et la mettre sur le blog mais le fichier est trop lourd.
Au reveil le lendemain je suis decidee a camper le soir. Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour aller jusqu a Avila, je n ai pas de carte et pas le moindre idee du kilometrage, mais ca m importe peu. Je mettrai le temps qu il faudra.
Au fond, heureusement que j ai cet état d esprit car je vais enchainer les journees avec l impression de trainer mon velo et de lever une tonne de plomb a chaque fois que je souleve une jambe. Je ne comprends pas, je ne suis pas censée devenir de plus en plus forte ?? Pour l instant c est tout l inverse ! Bon... Allez on y va quand meme.
Changement de decor, changement de paysage. Les vertes prairies, les champs cultivés et la terre rouge retournée ont remplacés les champs de cailloux et les oliviers ! C est chouette ! Toujours avec un fond de montagne, bien sur, car en Espagne la route conduit toujours d une montagne a une autre.




Je pédale en regardant les cimes enneigées dont la route me rapproche lentement. Sur ma gauche la-bas au loin, les nuages ne quitteront pas les sommets des monts, c est joli, un peu fantomatique... Je ne sais pas encore que demain j aurai la tete dedans et que je trouverai ca beaucoup moins joli vu d en-dessous... Pour l heure, je m arrete un instant pour etre bien sure que ce sont des cigognes que je vois, la, dans un champs.... Et bien oui ! Je ne vais pas tarder a decouvrir que je suis au pays de la cigogne ! Je n en ai jamais vu autant de ma vie ! Par terre et sur tout dans les airs.
Partout autour de moi, ce ne sont que zones de chasse privées. Intéressant... Bon, n empeche que j ai décidé de camper et meme d inaugurer enfin mon réchaud ! Je n aurais vraiment pas beaucoup avancé, mais après tout chaque kilomètre fait me rapproche du but. Peu importe, la journèe est belle, je suis bien, j aime ce que je vois. Vers 17h je guette. Je finis par apercevoir un genre de petit chemin qui s enfonce sur le coteau a droite, je pourrais peut-etre me cacher derriere un bosquet assez épais. Je tente.
Des petits lapins s eclipsent a mon passage. Ah oui, zone de chasse... L endroit est a couvert, mais en pente et ca ressemble surtout a un champ de cailloux. Pas tres moelleux tout ca. Je laisse mon velo et monte voir plus haut sur le sommet du coteau. Je crois avoir trouvé, avant d apercevoir un panneau que je comprends et qui dit en gros "attention abeilles"... Bon, demi tour, je vais voir plus loin. Et la je trouve MON coin. Ahhhhh, vue sur les sommets enneigés au bord du lac, pas loin des petits lapins. Pas mal du tout, ca.
Seul hic, il faut hisser le velo et les sacoches jusque la... Je crois que j ai bien plus transpiré pour monter le vélo la-haut que pendant toute la journëe. Pourtant j ai peiné aujourd hui. Mais la dernière demi heure aura été la plus dure. Par contre, c est génial d etre la ! Je ne suis pas loin d un chemin de terre mais je n ai pas l impression qu il soit trés fréquenté. Je plante la tente. Et je déballe mon réchaud, qui pour l instant n a fonctionné qu une fois, dans le jardin de mes parents !
J adore le bruit que fait la flamme lorsque l allumette embrase l essence ! Le gars du vieux campeur m avait bien dit que ca faisait du boucan. En effet l appareil n est pas discret, mais finalement ce bruit est la promesse d un bon petit diner chaud. Ce soir c est soupe. Je bouquine en attendant que ce soit chaud, distraite par le spectacle des changements de couleur du ciel au-dessus du lac... Je gache ma soupe en la faisant trop cuire, elle est trop salée. Pas grave, une soupe ca fait du bien ! Mais je me réveillerai plusieurs fois pour boire...




Le matin, le temps de faire chauffer le café, le ciel est tout aussi joli et je suis bien contente de mon poste d observation. Je renverse la moitié de mon café en dehors du bol, super... Mon propre café est pire que celui des espagnols !
Tout va bien, j ai eu bien chaud sous la tente. Je n ose pas encore dormir sans mon collant Odlo. Peur d avoir froid.
J entame la descente vers la route, oulala que mon vélo est lourd ! Et dès que ca recommence a monter, encore les jambes plombées ! J ai mal dès que je dois faire le moindre effort. Julien, tu ne m avais pas dit qu on a mal les trois premiers jours et qu aprés tout va bien ? Moi ca se réveille un peu tard...
La journée est belle, les cyclistes sont de sortie. On est dimanche, des pelotons entiers me dépassent a toute allure et me saluent plus ou moins. Il y en a de toutes les couleurs de maillot ! J en retrouve certains en terrasse des kilomètres plus loin. Moi j avance comme je peux, je m arrete souvent pour faire une pause, je me traine mais j en prends mon parti. C est décidé, j evais enchainer une deuxième nuit sous la tente. Pas de douche deux jours de suite, je sens que je peux survivre.
Et puis je passe trop de nuit dans les hostals ou pensiones (categories les plus économiques d hotel, sans petit dejeuner et sans etoile, parfois chez l habitant). A 20 euros minimum, c est pas dans mon budget. Je veux compenser et m habituer a camper. Donc j avance sereine et lentement...




J observe de nouvelles cigognes, et pour la premiére fois des cigognes en plein vol. Je suis toujours suprise que des oiseaux aussi gros puissent voler avec autant de grace !
Au bout de la route qui va buter contre la montagne, une croix s élève au milieu des nuages... En fait je fonce droit vers les nuages. Cette croix, je ne la verrai plus, trop de nuages le lendemain quand je vais monter pour passer derriére cette barrière rocheuse.
Je commence a fatiguer, et le soleil commence a se cacher derriére la montagne. Je coupe par un sentier dans une zone privée de chasse et monte mon campement au bord d un chemin de terre. Pendant que je prépare ma popote, un homme promenant son chien tombe sur moi. On échange un "ola", et c est tout. Je peux rester ici tranquille.
Je fais sécher mes vetements a défaut de pouvoir les laver. J ai suffisamment d eau pour une toilette de chat. Ce soir c est pates ! ... Mais ja fais tomber la moitié de mon poivre dedans... Tant pis. Mais je me réveillerai plusieurs fois la nuit pour boire !
La-bas au fond les lumières de la ville s allument.
Dans la nuit je fais un drole de reve. J entends deux voix, une d homme et peut etre une de femme, je ne sais plus, c est flou. J entends le zip de l ouverture de la tente, et des choses bougent. Je suis dans un demi sommeil, j essaie d ouvrir les yeux, je n y arrive pas. Convaincue qu il y a quelqun et que ce quelqun est en train de prendre ma sacoche de guidon (dans laquelle j ai mon portefeuille et mon appareil photo), je me force a ouvrir les yeux et a me redresser. Dans mon imagination, ma bouteille de réchaud disparait également. Ca y est je suis rñeveillée. J allume ma lampe, j écoute. Non, rien, pas un bruit en dehors du vent. Ma sacoche est la. Ma bouteille de réchaud bien rangée dans la sacoche. Tout est la, tout va bien. Bizarre. Bon, dodo !

6 mars 2015
Trop drole ce matin... Je viens de m installer face a un ordinateur après avoir flané pour attendre 2h que l office ouvre. Hier soir le gars m a dit qu il ouvrait a 10h, mais a 10h personne, encore moins a 11h... Bon. J en ai profité pour aller vois le pont romain par lequel arrivent les pélerins de Santiago. Je m apercois vite que j ai un Tony derrière moi, ca tape sur le clavier comme un forgeron sur le fer ! Je sors mon appareil photo pour télécharger, quand le gars derrière s agite et se tourne vers moi. No, non fotos ! fait-il avec de grands gestes, visiblement inquiet. Oui bah non, je le rassure, je ne comptais pas le prendre en photo ! Je lui réponds en souriant non non, no foto. Il se remet a taper sur son ordi. Puis se retourne encore et me demande très sérieusement si je suis journaliste.... Je rigole ! Non non. D ou je viens ? De France. Ca va comme ca ou bien ?... Visiblement il est rassuré ! Bon, moi aussi :)
Que c est bon de ne rien faire !! Je me disais ca en me baladant tout a l heure. Du temps pour moi. Quelle chance !
Ah bon le gars de derrière vient de se lever et de me dire gentiment que si I am interested to take picture of him, I have to pay ! Un original.....
Au petit matin de ma deuxième nuit de camping, je suis fière de moi. C est pas si terrible, finalement, d enchainer les nuits sans se coiffer ni prendre une bonne douche. N empeche que ce soir je la désire vraiment cette douche, tout de meme ! Allez hop ! Je remballe sans me presser. Je me suis arretée hier soir au pied d une cote, je sais ce qui m attend. Enfin j en ai une vague idée, car je ne savais pas que ca allait durer aussi longtemps ni avec de tels pourcentages ! L escargot se remet en route... et dès les premiers coups de pédale dans les cotes, mes genoux chauffent, mes jambes pèsent une tonne chacune. Pfff, c est quand qu on est rodé en fait ??
Ca monte, ca monte, l air est frais, je ne tarde pas a avoir la tete dans les nuages, littéralement. Les vapeurs filent sous mes yeux, je les vois danser autour de moi au rythme des bourrasques de vent. Youpi. Musique a fond, pour essayer de penser a autre chose. J adore découvrir toutes ces musiques que je ne connaissais pas. Dans tous les styles. On passe de Un jour Lara a Daft Punk ou Tiken Jah Fakoly, via le Beau Danube bleu, Jean Ferrat et Orelsan...Ecoute en aléatoire.
Bon mais ca ne fait pas passer les cotes plus vite. Et ca tourne, et ca tourne, et a chaque virage j espère que la vue va se dégager et me révéler le haut des nuages mais non. En fait voila meme des panneaux qui indiquent une double file a droite, celle tout a fait a droite étant réservée aux véhicules lents. Pas bon, ca, ca n annonce pas du tout une route qui descend !
Loin de descendre, ca monte a 11%. J avance a coup de 100 mètres, une pause, 100 mètres, une pause. Et je vais faire comment dans les Andes avec ce rythme de limace ?? Bon, allons conquérir les prochains 100 mètres...
Il fait froid, mais j ai bien chaud a force de peiner. Je consulte mon GPS qui fonctionne. Je crois comprendre qu une fois passé le col je retrouverai une route plus plate, allez un effort ! Il est ou ce col ? Et puis c est frustrant de ne rien voir du tout autour de moi avec ces nuages.
Au milieu des volutes blanches, un rond point avec un panneau : col a 1511m atteint. Youhouuu ! Ca, c est fait. Pas de doute, je la veux ma douche ce soir !
Allez, la descente ! Petit a petit je sors la tete des nuages, ca y est le ciel réapparait, il est meme bleu ! Et l herbe verte revient, les vaches et les moutons. Je file enfin, lentement car mes jambes décidemment font la grève, mais enfin j ai au moins l impression d avancer.
Mon GPS m indique la prochaine petite bourgade, El Espinar, et après, rien pendant des kilomètres. Je veux une douche ce soir. Que faire ? Bon, je n atteindrai pas Avila aujourd hui c est sur. Alors je dècide de m arreter a El Espinar et de profiter d y arriver tot pour une fois. Il fait super beau maintenant que j ai passé ces monts brumeux.
Et c est tout mignon, El Espinar. Rien d extraordinaire, mais un petit village authentique, tranquille, bordé de paturages et de prés a chevaux. En fait il y a meme des chevaux en plein village, dans des enclos a coté des maisons qui ne sont pourtant pas bien grandes. En arrivant je tombe en arret devant l église dont le toit est littéralement envahi de nids de cigognes !



La place du village est baignée de lumière, ce pueblo est bien accueillant, meme si j arrive a moins d une heure de la fermeture de tout. Car grosso modo entre 14h et 16h minimum, tout s arrete, tout ferme, plus personne n est dehors. En tout cas a mon arrivée je fais le tour des trois rues piétonnes encore animées par les gens qui font leurs courses chez le boucher ou prennent l apéro au bar. Pas d hotel... Je finis par entrer dans la Mairie ou on m indique, incroyable, un office du tourisme. Chouette ! La fille de l office parle francais, re-chouette ! Très serviable, elle me donne toutes les infos sur les routes et les pensiones. Je vais sonner chez la plus proche a 150 mètres, et qui a pour nom Cigueña, forcément.
Personne. Mince. Il y a un numéro de téléphone, j appelle. Une dame décroche. Sympa, mais je ne parle pas espagnol et elle ni francais ni anglais ni italien, rien. Bon. Elle prend ma réservation mais quand je lui demande dans combien de temps elle sera la je ne comprends pas sa réponse. Ok. Je pense aller me balader mais je m apercois que la porte de la réception s est refermée avec le verrou alors que je suis dehors, et j ai laissé ma sacoche guidon a l intérieur. Super... Mon canif est dans la sacoche guidon, je ne peux pas me faire de sandwich... Je me gave de bonbons en lisant pendant une heure au soleil, jusqu a ce qu un gars sorte du bar d a coté pour venir m ouvrir. Ah ok... Tu pouvais pas venir plus tot ?? Tssss....
J hérite d une chouette chambre au 4ème étage, avec petit salon donnant sur un toit couvert de nids de cigognes. Je peux me faire un thé. Mais avant tout : la douche !!! Je fais couler l eau chaude longtemps ! Je lave mes vetements, c est bon de se sentir a nouveau toute propre. Et hop je sors faire un tour.
Mais c est la mauvaise heure, tout est fermé. Pas grave, il fait beau, je sillonne les petites rues pavées de ce village qui décidemment me plait ! J ai repéré plusieurs coiffeurs, je me décide a tenter ma chance aujourd hui. En attendant, je vais bouquiner sur la Placa Mayor (toutes les places principales de la moindre ville ou du moindre village s appellent PLaca Mayor !) avec un orangina bien frais.




Quand rouvrent les magasins, je vais chez un premier coiffeur que j avais repéré. Une femme coiffe une petite fille. Personne d autre et le salon affiche les horaires 16 - 19. Buenos dias, es possible, hoy... Je fais le signe de couper les cheveux. Mais non, je ne comprends pas le motif mais apparemment hoy (aujourd hui) c est pas possible. Magnana. Mais magnana je m en vais. Tant pis. Le suivant est toujours fermé. Je pars a la recherche d un autre. Entre temps je tombe sur la Plaza del Toro. Alors que je ny crois plus et que je décris des cercles de plus en plus éloignés du coeur de ville, je découvre une autre petite Peluqueria. J entre, la coiffeuse finit avec une dame. Elle peut me prendre. Chouette ! Elle ne parle pas anglais mais on arrivera a peu prés a se comprendre et franchement elle se débrouille bien ! Pour une fois qu on ne me coupe pas les cheveux trop court ! Elle est contente d elle et moi aussi. Tout ca pour 10 euros ! Youpi ! Je sors avec l impression d avoir 10 ans de moins, ca fait du bien. J ai décidé de ne pas faire de couleur par contre. Les cheveux blancs sont bien visibles sur les temps en particulier mais je m en fiche. Pour l instant.
Je m en vais visualiser la route pour demain et manger un bon petit plat dans un bar a tapas, accompagné d une bière. Les tarifs des tapas sont dérisoires, on mange pour rien, et je me contente de peu. L ambiance du bar est tranquille et chaleureuse. Demain j arrive a Avila, je suis contente.
Le lendemain, après un thé sur le toit de la pensiones pour un dernier coucou aux cicgognes, je pars tranquille en prenant le temps de savourer les paysages. Je trouve tout super joli. L avantage d etre parisienne et citadine, c est que la moindre vache, le moindre petit ruisseau semblent merveilleux !




La route est super valonnée. Au début un peu embrumée le temps que le soleil se lève vraiment, tout a coup c est un parcours en ligne droite de montées et de descentes qui s étale devant moi, a perte de vue. Je m extasie tous les kilomètres, je suis contente comme tout ! Ca me rappelle les routes d Ecosse, bien que les bosses écossaises soient plus impressionnantes que ca.
Le seul moment que je n aime pas beaucoup, c est lorsque la route traverse par son milieu un grand lac. Sur plus d un kilomètre j essaie d oublier que je suis en plein milieu d un lac et je me concentre sur la musique.
Parfois les cotes sont quand meme sacrément arrondies, on ne devine rien de ce qu on va découvrir derrière tant qu on n est pas arrivé au sommet.
Oups, parenthèse ! Je viens de m installer a nouveau evant l ordi, seule dans la pièce. Et qui vient d entrer ? Mon parano de ce matin !! C est moi qui vais devenir parano maintenant... Je guette pour lui faire mon plus beau sourire, mais il m ignore royalement cette fois !
Bon, revenons a nos moutons...
Et moi en vélo dans les cotes bien grimpantes, je suis méga lente en plus d etre silencieuse avec mon engin non motorisé. Ce qui m expose a me trouver nez a nez avec un gringo a cheval qui vient d ouvrir le chemin a ses taureaux pour traverser la route. Il me voit et me fait signe de m arreter. Un compère a pied muni d un fouet encourage les taureaux par des cris et des claquements de fouet sur le bitume. Je stoppe net a moins de 20 mètres. Les taureaux s arretent, effrayés eux aussi certainement, me regardent, s agitent. Les gringos crient, le cheval se positionne entre eux et moi. Je décide de faire confiance et de ne pas bouger tout en évaluant le pointu des cornes. Tout va bien. C est un peu lent mais les gars gèrent. Je ne regrette qu une chose, ne pas avoir eu l appareil photo en main avant de surgir en face d eux.
Le troupeau traverse, le gringo a cheval suit ses animaux, le compère a pied me remercie et me fait signe de passer.
Je me régale sur cette route qui rebondit a l infini ! C est fatiguant, mais j aime quand le regard porte loin ! Surtout quand c est pour découvrir en ligne de mire un nouveau sommet enneigé qui semble suspendu dans les airs. Chaque route ici mène d une montagne a une autre montagne...
J arrive a Avila par la station de train et le centre ville moderne, je ne découvre la vieille ville qu en tombant le nez sur la porte principale, après avoir grimpé tout la haut. C est aussi beau que je l attendais. J ai hate de me balader ! Je cherche l office du tourisme. Pas d auberge de jeunesse, et pas de pensiones. On m indique l hotel le plus économique. Ok on y va. Mais je gamberge. Voila ce que c est de ne pas préparer. Je ne veux pas d hotel. Ca va me couter trop cher. 33 euros, et sans petit dej ni connexion internet correcte. Bon. Je m installe.
En dehors des frais, je commence a penser aussi que le camping sauvage en solo et l hotel et les pensiones c est bien, mais ce n est pas comme ca que je vais rencontrer du monde. Pour quoi suis je partie, au fait ?
En meme temps, je temporise ces réflexions. Je suis en train de voir que je me débrouille très bien toute seule, notamment pour le camping. Et cela faisait partie de mes objectifs. Jusqu ici je suis fière de moi et après tout j aime ca, camper seule. Je ne dis pas que je ne préfèrerais pas partager cette expérience avec quelqu un, mais étant donné que je suis seule et bien franchement j en profite pleinement et je savoure. Je sais que petit a petit je suis en train de me préparer a allre a la rencontre des autres. Pour l instant je vais a la rencontre de moi-meme et ca ne se passe pas trop mal. Je sais que pour trouver un plan woofing ou couchsurfing ou warmshower il faut que je prenne du temps sur internet pour faire des demandes. Or pour l instant quand je trouve un ordi j ai envie d écrire ou de chercher ma route. Tout de meme il va falloir que je m y mette.
Je constate que j ai un bronzage encore plus idiot que d habitude. Le visage tout bronzé, et la moitié des mains seulement (la partie qui n est pas cachée par ma veste ou mon sweat qudn je pédale). C est la première fois que je n ai qu unemoitié de main bronzée ! Mes jambes sont toujours aussi lourdes lorsque je monte la moindre marche d escalier. Ma main droite est toujours aux abonnés absents. Je n arrive pas a couper des oeufs ou du pain sans devoir tordre la main bizarrement, et allez vous moucher quand vous n avez aucune force dans la pression pouce - index ! Je m étire, j essaie de décontracter ma nuque, mes épaules, pas l impression de m y prendre comme il faudrait. Mais pas très sèrieuse non plus pour m en préoccuper vraiment. Je fais avec.
Je pars me balader. La muraille est super jolie vue d en bas ! J arrive trop tard pour le tour des murailles. Magnana alle diez. Ah oui mais je serai partie a cette heure-ci. Tant pis. Je ne regretterai pas, le lendemain la ville se réveille dans la grisaille et les nuages bas.
Je ne suis pas décue par Avila. C est très chouette. La visite de la cathédrale me coute 5 euros mais qu est-ce que c est beau ! L Espagne, pays des templiers et de l inquisition dans mon imaginaire, et de la lutte entre catholiques et maures. Ces murs ont du voir pas mal de batailles et ed conciliabules entre évêques, rois, et dignitaires maures.
.Je m en mets plein les yeux et suis l histoire de la cathédrale avec l audioguide. Les murs de pierre composent un patchwork de rose, doré, blanc, gris pale, c est beau ! A la sortie, je me promène dans les petites rues pavées. Le ciel est bleu, le crépuscule commence a tout colorer en rose et ocre, wahouu ! Le tour des remparts est la balade préférée des petits vieux visiblement, qui ont tout loisir de contempler la campagne environnante et je les comprends ! Je m apercois d ailleurs que, tout comme il m a fallu rouler sur des routes désertes pour arriver jusqu ici, et bien dès qu on sort de la ville on replonge dans ce désert. La banlieue, ca n existe pas ici. Une fois franchi le panneau qui indique la fin de la ville on se retrouve face au vide sidéral de la campagne. Et encore, comparé a ce qui m attend après Avila, je n ai encore rien vu...
Je passe toute la soirée a me promener.
Demain c est juré, je renoue avec le camping. Vu ma lenteur actuelle, je ne sais pas combien de temps je mettrais pour arriver a Salamanca, je suis prète a camper deux fois de suite s il le faut.
De retour a l hotel, je suis frustrée de ne pas avoir de connexion internet. Et je me rends compte que je suis tout de meme très dépendante de mon téléphone et des échanges avec la France, moi qui disais ne pas vouloir prendre de téléphone ou d ordinateur...
En meme temps je sens aussi que la distance s installe. Les nouvelles n arrivent plus en direct. J ai des conversations en décalés sur plusieurs jours. Les gens ne savent plus ou je suis précisément, et je ne sais plus précisément ce qu ils sont en train de vivre. Je demande des news, on ne m en donne pas forcément, on commente surtout ce que je fais, on me pose des questions. Je suis super touchée par les attentions que je recois, mais je n ai pas envie qu on pense que ce qui se passe en dehors de ce que je suis en train de vivre ne m intéresse pas ou si peu.








Allez c est reparti après une bonne nuit de sommeil ! J ai la forme, meme si pour mes jambes c est toujours pareil. Je sors de la ville par une belle descente, mais je m apercois que mon pneu arrière, celui sur lequel j ai mis une rustine, est moins gonflé. Oh oh... Après la descente j enchaine avec une cote, au bout de laquelle se trouve une station essence. Je remets un coup de pression, ca a l air de tenir. On verra jusqu a quand.
Quand j y repense, étant donné que je n ai plus trouvé de station essence avant le soir, j ai peut etre éte un peu légère dans le controle de ce qui clochait. Mais bon en tout cas tout va bien.
Je retrouve une jolie route entourée de champs de cailloux ! Enfin de rochers. C est super joli, mais alors encore plus vide que tout ce que j ai vu jusqu ici. Et l après midi sera pire. Mais j aime ca. Musique a fond, je trace ! Peu a peu mes jambes se font moins lourdes. Ahhhh, il serait temps !
Ceci dit, je suis tellement bien et tellement décidée a prendre mon temps et a camper que je pédale tranquille, m arrete, prends des photos, savoure. De toute facon la route continue a monter - descendre, et je ne peux toujours jouer que sur deux plateaux. Enfin bon, si j avais accès au 3ème, il ne me servirait pas a grand chose, je n ai pas la force d appuyer sur les pédales !
J ai bien vu en partant ce matin que je ne trouverai pas beaucoup de villages sur ma route. Ca se confirme. Rien que des champs ! Et quand enfin j arrive dans un soi disant village, c est mort de chez mort, tout vide ! Personne !
J ai tout de meme croisé deux ou trois cyclistes, qui me doublent outrageusement. Sauf un, que je sens a peine arriver dans mon dos car je suis en pleine chanson dans ma tete (écouteurs sur les oreilles). En jaune poussin, il ralentit a ma hauteur et me demande si je vais a Santiago. Et non ! Bon, visiblement ca ne le dérange pas et il continue a faire un bout de chemin a mon rythme. On entame une cote, je suis sur la plus petite vitesse qui soit, et le voila qui se met a discuter ! Je relève le défi. Et en fait ca passe mieux quand on discute. Seule, je me serais probablement arretée une fois ou deux. En discutant j ai pensé a autre chose. En meme temps je me sens quand meme plus en forme aujourd hui. Mon copain de vélo me dit que cette route est belle, qu il n y a pas beaucoup de cotes et qu elle file tout droit vers Salamanca. Chouette ! Il me demande si je suis seule. Par mesure de précaution, je dis non, mon ami m attend a Salamanca. Ah, il n est pas aussi fou que toi alors ! - me répond-il !
Lui fait Avila - Salamanca deux fois par mois. Et bien sur il a fait Saint Jacques.
On arrive au sommet, la route se déploie sur une longue descente, youhou !! Enfin youhou surtout pour lui parce que c est la que mon troisième plateau me manque. Je ne vais pas très vite dans les descentes. Il file, se retourne, croit que je suis toujours la mais ouhh que je suis déja loin ! Bon, finalement le petit point jaune poussin disparait la bas derrière le virage au loin. Je descends pourtant ! Mais pas aussi vite. Et puis d ailleurs je m arrete pour prendre une photo. Je le perds définitivement.
La journée est superbe, j ai beau ne pas etre rapide j enchaine tout de meme les kilomètres. J arrive a Municos, que je ne pensais pas atteindre aussi vite, et que je pensais plus grand comme village. J entre dans le village (4 rues a tout casser et une seule dame qui pend son linge). Bon, bah je vais continuer ma route jusqu qu prochain village. Je commence a etre sérieusement préoccupée par ma nuit. Ou vais-je dormir, s il n y a que des champs autour de moi ? Quand ce ne sont pas des champs ce sont des paturages cloturés et dans lesquels je ne vais pas m aventurer vu la concentration de taureaux dans le coin. Cest vide de chez vide. Et si je ne peux pas camper, je peux encore moins aller a l hotel : il n y en a pas l ombre d un !
Peut etre va-t-il falloir cette fois-ci que je demande a un paysan si je peux planter ma tente près de chez lui ? L idée fait son chemin.
Les heures passent, Rien. Si, a un moment, une voiture garée sur le bas coté et un homme au télephone au volant, auquel je fais a peine attention. Pourtant je suis a peu près sure que plusieurs kilomètres plus loin, la voiture qui s arrete a ma hauteur est la sienne. Il entame la conversation en espagnol. Au début je ne le reconnais pas. Je réponds que je ne comprends pas. Il continue, me demande ou je vais, ce que je fais la. Je reponds tranquillement que je vais a Salamanca, enfin pas aujourd hui mais demain. Et ce soir tu vas ou ? Ben je ne sais pas. Il me demande si ca me dit de prendre un café. Le prochain village nest pas loin. J hésite, pas trop envie de me ralentir, mais pas trop envie de refuser les occasions de discuter. Il me demande si je suis mariée, si j ai une maison. Et moi comme une banane je réponds. Enfin je réponds bien sur que mon fiancé m attend justement a Salamanca ! Il insiste avec son café. Je finis par dire ok j arrive, il file et dit qu il m attendra a l entrée du village.
Et moi je commence a gamberger. Je ne le sens pas. On ne parle pas la meme langue, de quoi va-t-on parler alors ? Et puis ca me revient, c est le gars qui était garé tout a l heure... Je ne sais pas si j ai raison de me méfier, mais je n ai plus envie de ce café.
Par chance, je lui ai dit qu il me faudrait une heure pour arriver au village. Or la route descend et descend vite. Je speede, arrive a l´entrée du village et ne vois personne. Pas un café d ailleurs ! Chouette !
Je trace. Une heure plus tard, je suis bien loin car la route est bonne. Un long moment j ai roulé avec un oeil sur le rétro, et puis je me suis tranquilisée.
Bon par contre je n ai pas résolu mon problème de camping. Le soleil est encore haut, je continue en espérant découvrir LE coin. Je tombe sur un autre village, avec un café ouvert. Je stoppe et vais prendre un fanta orange. Le patron, un vieux bonhomme, est trop mimi. Je lui demande combien de kilomètres il reste avant la prochaine petite ville. 11. Ah bon c est tout ? Ben j ai super bien roulé aujourd hui alors ! Ok je vais les faire les 11 kms. Le petit vieux est tout content de me montrer que justement dans le journal du jour ils parlent de la ville en question, Alma de Tormes. Je lui dis avec mes trois mots d espagnol que j aime beaucoup cette route et que me gustan mucho los pueblos. Il me répond en souriant que c est bien plus joli a partir d ici, avant c était bof. Ah bon ? Tant mieux alors. Sauf que je verrai qu après c est juste encore plus vide ! Pas un arbre pour se cacher, c est mort. J arrive a Alma de Tormes en meme pas une demi heure et il est déja 19h. Jamais roulé aussi tard. Bon, pas de camping ce soir. Hotel... Je ne pensais pas faire autant de kilomètres aujourd hui ! Mais c est pas désagréable de sentir qu enfin j avance. Un panneau annonce Salamanca a 22 kms ! Je suis contente, j arrive demain et en plus je peux y aller tranquilou. Je m offrirai meme une grasse mat, tiens !




Toute contente malgré tout, je profite de la soirée pour bouquiner un peu le Lonely Planet en italien de lEspagne septentrionale, que j ai piqué a Zaragosse a l auberge e jeunesse - et oui j ai fait ca ! Ceux qui croyaient encore que je suis une fille bien savent désormais a quoi s en tenir...
C est quand meme pratique un guide, en fait. J apprends plein de choses sur ce que j ai vu et ce que je vais voir.
Et puis je me connecte et je me mets a jour dans mes mails.

En échangeant des mails avec Kelly, je découvre un article qu elle m a envoyé et qui met en plein dans le mille a propos de mon problème de main...Je découvre que c est le nerf ulnaire qui est coincé, et que ce n'est pas si anodin que ca ! Je constate qu il est grand temps que je suive sérieusement les conseils qu on m a donnés. Et je comprends pourquoi l allemand croisé a Tarragona me disait que sa motricité dans les deux derniers doigts de sa main droite ne revenait plus depuis longtemps. Bon, poignet au repos, et on détend les cervicales ! Ma pause a Salamanca tombe à pic !

Qu'est-ce que le nerf ulnaire ? Vous êtes-vous déjà frappé le coude sur une surface dure et ressenti des fourmis dans votre avant-bras et jusque dans votre petit doigt ? C'est le nerf ulnaire qui est responsable de cette sensation très déplaisante. Il va du cou au petit doigt avec plusieurs ramifications et sous-nerfs spécialisés qui envoient différentes infos au cerveau. Quant au canal carpien, c'est la zone de transition entre l'avant-bras et la main. Il est situé dans le talon de la main. Ces deux nerfs peuvent être comprimés, par exemple en s'appuyant sur le coude, en faisant peser trop de poids sur la main, ou en tordant les poignets pour tenir le guidon d'un vélo.
Lorsque cette compression dure trop longtemps elle cause des douleurs en général limitées et passagères mais qui parfois se transforment en véritables pathologies, avec par exemple des lésions irréversibles du nerf carpien. Les différentes sensations peuvent être l'engourdissement du petit doigt, la perte de sensations, la paresthésie des doigts "médians", une douleur de la main allant jusqu'au bras, déficit moteur du pouce. Si ces symptômes persistent il faut absolument consulter un médecin. Pour éviter ces problèmes il faut avant tout choisir le bon cintre pour la bonne utilisation.
Quelques habitudes à prendre pour éviter la compression du nerf ulnaire et du canal carpien et les douleurs musculaires qui y sont associées :
- bien positionner le cintre en hauteur et en angle d'inclinaison.
- isoler les mains des chocs de la route en portant des gants ou des mitaines, en enroulant de la guidoline plus épaisse autour du cintre route (ou en mettant de la mousse en dessous), et en utilisant des poignées ergonomiques sur les autres types de cintre.
- éviter de rouler avec les poignets étirés.
- régulièrement lâcher le guidon pour secouer la main afin de stimuler la circulation sanguine puis faire pareil avec l'autre main.
- changer régulièrement la position des mains sur le cintre route pour éviter l'engourdissement.
Oh comme je savoure l arrivée a Salamanca !! Je la guette, j avale les kilomètres avec hate !
J aime arriver dans une grande ville en vélo après l avoir attendue pendant plusieurs jours !
Il fait beau bien que le vent soit frais, la musique m accompagne.
La voila ! Je l apercois loin la bas, la cathédrale et les couleurs ocre - orangé de la ville !
Je suis aux anges, certes, et cette arrivée en vélo constitue une petite victoire pour moi, mais quand les premières notes des Chariots de feu se font entendre dans mes oreilles via mon MP3 je rigole et me dis que tout ce meme c´est un peu too much !
Cette musique m avait déja accompagnée lors d une grimpette bien pénible, et le fait est que ce jour-là si j avais pu, arrivée en haut de la cote, j´aurais levé les bras au ciel en signe de victoire ! Mais là non, c´est un peu trop. Les Chariots s´arrêtent et la musique enchaîne avec Chawki "Time of our lives". Oh yess !! Voilà qui colle mieux a mon feeling de l instant ! Seul hic, chaque fois que je l entends mon corps bouge imperceptiblement pour danser le flashmob. Mais la tout de suite, c est compliqué...


J´emprunte le pont qui traverse le fleuve et entre dans l´enceinte de cette étape de Compostelle sous un soleil flamboyant.
Oh lala, partout des vieilles pierres, des édifices colossaux, des murs en pierre de taille qui ont envie de raconter des histoires, et toujours dans le champs de vision la coupole de la nouvelle cathédrale qui domine les toits. Je m´´arrête tous les 100 mètres pour prendre des photos. Je sais qu´il y a une auberge de jeunesse et il est tôt, je prends mon temps. Au hasard de mes déambulations en vélo, les petites rues me conduisent tout droit à la place Mayor, qui ressemble finalement à toutes les grandes places d´Espagne avec sa construction carrée et ses arcades, ses flâneurs assis par terre et ses terrasses bondèes. Bon malheureusement il y a des travaux sur une facade, mais ca vaut le coup d´oeil quand même..
Je reste assise un moment sur un banc au milieu de la place, avant de me décider a trouver l´auberge de jeunesse dont j´ai l´adresse. Je finis par la trouver.
J´ai une chambre dans un autre bâtiment mais je peux garer le vélo ici. J´enlève mes 5 sacoches et attends le gars qui doit me montrer où se trouve l´entrée de l´autre bâtiment. Une seconde j´ai cru qu´il allait me proposer son aide pour porter les sacoches sur 300 mètres mais non, il me laisse me débrouiller. Bon... En route pour les 300mètres. On entre dans le hall d´un auter immeuble, il me dit que c´est au premier. Je fais mine d´avancer vers l´ascenseur mais raté, il va vers l´escalier. Bon....
Je suis seule pour l´instant dans une chambre spartiate de 4 lits. Cool, je m´installe et pars en vadrouille ! Le réceptionniste m´a indiqué le point internet le plus économique car il n´y a pas d´ordi à l´auberge. J´y vais, car j´ai envie de ne rien oublier de ces derniers jours.




Avant de partir, j´ai beaucoup hésité sur la création ou non d´un blog. Je voyais l´aspect pratique, mais je ne savais pas si j´aurais envie de m´installer devant un ordinateur pour... dire quoi, et à qui ?
Et puis finalement, dès le premier jour, quand j´ai commencé en ayant à l´esprit de raconter à mes proches ce que je vivais - libre à eux de lire ou non - je me suis mise à écrire bien plus que je ne l´aurais imaginé. Mais à écrire un peu comme je l´aurais fait dans mon propre journal. Et c´est ce qu´est ce blog, pour moi, aujourd´hui. Mon journal de bord, avant toute chose.
Du moins c´est ainsi que je me suis expliqué les choses en cherchant cet "internet center", car je m´interrogeais sur ce besoin que j´avais, visiblement, d´aller tout de suite mettre des mots sur les jours qui venaient de s´ecouler. Avant d´avoir oublié plein de détails. Avant d´être tellement absorbée par l´ambiance de Salamanque, ne pas oublier les jours de solitude dans la guarrigue espagnole et ma fierté de savoir me débrouiller pour trouver des coins géniaux pour camper, mon plaisir d´écouter le réchaud faire bouillir l´eau des pâtes même si les pâtes ne seront pas bonnes au final...
Peut-être aussi est-ce la compagnie de Jack Kerouac qui m´influence, lui qui décrit tant de choses sur sa route qui peuvent paraître insignifiantes mais qui transcrivent - comme le dirait Julie M - à la fois l´image et le son, voire les parfums...
Et puis je ne m´attendais pas à recevoir tous ces messages en réponse au blog, ca c´est chouette alors ! Et comme c´est bon de sentir que les gens ne sont pas loin...
Je pense que je n´écrirai pas toujours autant. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Aujourd´hui j´ai envie et besoin d´écrire, demain ce ne sera peut-être pas le cas.
Bref, toujours est-il que je pars chercher un ordi ! Je trouve la boutique, mais ils sont en pleine installation électrique, ca ne fonctionnera pas avant dimanche. Oh la déception ! Mais on m´indique une autre boutique. Avec beaucoup de mal, je finis par la trouver, mais ca n´ouvre qu´a 17h (heure théorique, car avec lui les horaires seront toujours très théoriques !) Bon super, j´ai donc le temps d´aller me promener d´abord !
Et je me dirige vers la cathédrale, dont la visite est payante, mais qui vaut franchement le détour ! Composée de deux parties, l´ancienne et la nouvelle cathédrales, c´est la première fois que je vois ca. Je passe bien 1h collée a l´audioguide, à observer tous les détails.
La couleur des pierres, comme à Avila, me plait particulièrement. Je reste un longmoment dans la chapelle dans laquelle les templiers venaient faire pénitence. La hauteur des colonnes dans la nouvelle cathédrale me fascine, le silence qui règne dans cet énorme édifice alors que nous ne sommes que 4 ou 5 à nous promener à l´intérieur...




Je sors et fais tout le tour de cet immense édifice. Le soleil règne en maître mais alors il fait un froid de canard !! L´allemande avec qui j´ai partagé une chambre a Zaragoza m´avait prévenue, elle qui a fait son erasmus ici : in Zaragoza the wind is colder. Elle n´a pas menti, hélas ! Dans ma veste Millet bien moëlleuse c´est la première fois que je grelotte un peu.

Mais la ville es trop jolie pour que je n´en profite pas ! Je cherche des cartes postales pour écrire, mais elles sont toutes moches. De toute facon tout est fermé, je suis dans l´heure creuse où il ne se passe rien dehors !





Et revoilà mon Christobal Colomb !
Alors lui je l´aime. Chaque référence à lui me laisse béate d´admiration. Est-ce parce qu´il est parti affronter l´inconnu sur des océans qui, moi, me font super peur ?
Est-ce parce que j´ai aimé l´imaginer arriver a Barcelone, de retour d´Amérique, la première fois que j´ai visité cette ville ?
Colomb est parmi les découvreurs et les aventuriers un de ceux qui me fascinent le plus, chez les hommes. Tout comme Alexandra David-Néel pour les femmes. Un petit pincement au coeur dès que ma route croise la leur...
L´heure du blog arrive. J´y vais.
Il me reverra tous les jours pendant 3 jours, le patron !
En quittant la boutique, il faut que je me remette dans l´atmosphère de Salamanca parce qu´entre temps j´étais partie dans les côtes et la rocailles de l¨Aragon !
Mais oui c´est vrai que j´avais lu que Salamaca est magique la nuit ! Or il fait nuit, ca y est. Tous les murs sont illuminés maintenant de lumières qui mettent en valeur les pierres.




Salamanca est une ville étudiante. Je croise des groupes de jeunes, et encore ce soir c´est calme par rapport au vendredi soir (le lendemain) oû tout va vraiment s´animer.
Pour ce soir, un groupe de Wonderwooman me dépasse en chantant No, no quiero servizio, et puis autre chose que je ne comprends pas mais où il est question de sesso je crois...
La ville est belle, j´ai du temps devant moi. Je savoure. Demain je conduirai mon vélo chez un réparateur, et je me banderai le poignet car visiblement l´ordi n´est pas génial pour guérir ma main.
En rentrant, je découvre que je suis toujours seule dans la chambre. Cool ! Je prends mes aises..
Le lendemain vendredi, en quittant l´auberge pour aller me promener, je remarque que je suis à côté de la "faculté d´éducation". C´est l´heure du démarrage des cours, apparemment, et curieusement je ne vois que des filles se diriger vers l´escalier...
D´ailleurs en parlant de filles, en voilà 2 qui arrivent main dans la main. Tiens, l´Espagne qui remet en cause l´avortement permet tout de même à ces 2 jeunes filles de ne pas se cacher ? Voilà qui est rassurant, même si ce sont les premières que je vois en trois semaines. Enfin je ne devrais sans doute pas inclure les journées de désert passées au milieu des vaches et des cigognes... Les cigognes qui sont toujours là, au fait ! A Salamanca j´entends leurs becs claquer, je les repère de loin maintenant !
Je vais prendre un petit déjeuner, je me balade, je retourne a la boutique qui devait ouvrir a 10h mais n´ouvrira qu´a midi. Il fait toujours super frais ce matin, mais ca va changer du tout au tout à partir du début d´après-midi.




Je vais passer une journée très douce.
Je descends au bord du fleuve voir le pont romain par lequel les pélerins arrivent - et que j´emprunterai moi-même pour partir vers Séville. Un professeur très branché raconte à sa classe l´histoire de la construction de ce pont.
Dans mon Lonely Planet, j´ai lu qu´une légende raconte qu´un astronaute est sculpté sur la facade de l´université civile. Cette figurine a été sculptée par les ouvriers qui ont restauré la facade. Il faut préciser que la facade est très richement décorée et qu´elle fourmille de sculptures diverses. Si on arrive à trouver l´astronaute, on s´attire le bon sort. Je vais donc m´amuser à chercher l´astronaute, convaincue que je le trouverai.
Je suis restée une plombe devant cette fichue facade ! Rien vu.
Par contre des gens montraient un truc du doigt. J´essayais de suvire leurs doigts, mais pas d´astronaute. J´entends parler de Rana. C´est quoi ca ?
Je finirai par comprendre qu´une rana est une grenouille et que tout le monde cherche la grenouille sculptée sur une des tétes de mort.... Je ne vois rien. En désespoir de cause je finis par prendre des photos de la facade et je les inspecte scrupuleusement. Ah oui, une grenouille sur une tête de mort... Personne n´a l´air de chercher un astronaute. Je n´ai pas élucidé ce mystère...
En repartant je tombe sur un écriteau scotché sur un tuyau : Reparacion / Rent a bike. Je vais y faire un tour et annonce que je viendrai avec mon vélo demain.
Sur ce, je file faire comme tous les étudiants qui ne sont pas en cours : je vais me poser au soleil sur les marches de la faculté de "filologia", face à la cathédrale. C´est là que je quitte Jack Kerouac. Du moins le récit, car maintenant je lis les 200 premières pages qui racontent l´histoire de l´ériture du roman ! Pas envie d´en finir trop vite avec Kerouac, même si j´ai hâte de me plonger dans le livre d¨Arnaud Desjardins que Bogdan m´a offert avant de partir et qui me conduira vers autre chose...
J´ai adoré cet après-midi passé au soleil à bouquiner et regarder les gens vivre. J´ai tellement aimé que j´ai observé le même programme aujourd´hui.
Vers la fin de l´après-midi, les étudiants sont sortis de cours et ont commencé à envahir les rues. J´ai vu Salamanca changer de visage, s´animer et se gonfler d´une rumeur incessante et joyeuse. Il se dégage une telle énergie de cette ville et de cette jeunesse ! Je suis ébahie par le changement entre le calme du matin et l´électricité du soir.




Aujourd´hui j´ai donc fait la même chose. J´ai commencé par changer de bâtiment car pour rester une nuit de plus je devais changer de chambre. Je suis maintenant dans un dortoir de 12 lits.
Puis j´ai récupéré mon vélo et l´ai conduit chez le réparateur. Ensuite, et toujours sous un soleil de plomb, j¨ai poursuivi l¨écriture de ce blog jusqu´a 14h. J´ai également envoyé des demandes d´hébergement via warmshower.
Et le reste de l´apr`s-midi, j´ai tranquillement éte me balader et bouquiner dans l´herbe et sur le perron de l´université.
On peut entrer dans l´université, c´est un très beau batiment. Sur les murs sont écris les noms des majors de promotion depuis des années. C´est drôle je trouve toujours ces bâtiments magnifiques et me dis : ohlala ils ont de la chance de faire leurs études ici, s´en rendent-ils comptent ? Pourtant lorsqu´il a fallu que je choisisse où continuer mes études de lettres et que j´ai été visiter la Sorbonne je me suis sentie écrasée par le poids de l´histoire, de la culture, de tout ce qu´on projette quand on met les pieds dans ce genre d´établissement. Pas pour moi, ca, pas a la hauteur...
N´empêche que j´ai passé deux superbes journées a sourire du plaisir d´être là.
Je pars demain sur la Ruta de la Plata et j´en suis heureuse aussi ! J´aime reprendre le vélo et repartir vers autre chose.
Hier j´ai bandé mon poignet toute la journée. Depuis hier j´ai l´impression qu´il y a du mieux, mais je ne m´emballe pas. On verra. Pour l´heure, il me reste à profiter de ma dernière nuit a Salamanca. Direction Béjar demain. Cacérès dans quelques jours, et Séville dans une semaine, à en croire les indications que j´ai pu trouver.
J´entends les rumeurs de la ville depuis la porte ouverte, je n´ai plus qu´a aller me jeter dans la foule du samedi soir !

Oulala, j´ai trouvé un ordinateur mais il doit daté de la même époque que la muraille qui encerle la ville de Plasencia ! Ca rame, deux minutes se passent entre l´ordre et la réalisation de cet ordre, insupportable ! Tant pis on se passera de la forme ce soir !
10 mars 2015
J´´ai dit que les gens qui m´écrivent ne me donnent pas de nouvelles. C´est faux, j´en recois tout de même pas mal et j´aime ca ! Evidemment il existe un décalage entre ce que nous vivons, mais quoi de plus normal ? Et puis et alors ? Je préfère avoir des nouvelles au fur et à mesure que le temps passe, plutôt que de me sentir complètement out à mon retour. Déjà que de sacrés changements se profilent pour certains, des événemts que je vais louper, mariages, naissance, déménagements, etc..
Salamanca m´a vraiment plu ! Quand je suis sortie, mon dernier soir, la ville tourbillonnait et pas une rue n´échappait aux rires, discours forts, exclamations des jeunes et moins jeunes qui étaient de sortie. Les places étaient bondées ! Il faut dire que la nuit était douce. Avec des amis, j´aurais sans doute fait la même chose que tous ces gens.!
Un peu plus tôt en début de soirée j´avais dû abandonner mon poste à l¨internet center pour aller chercher le chargeur solaire, ma batterie d´appareil photo étant à plat. Le soleil n´était pas encore couché, toute la ville prenait un ton ocre. Devant une église qui se trouvait sur mon chemin, une foule se formait devant la porte. Des personnes endimanchées, de tous âges. En repassant devant, en revenant de l´auberge de jeunesse pour retourner au blog, je vois même un monsieur avec une caméra. Il doit y avoir un spectacle dans l´église ce soir ? J´imagine un spectacle musical quelconque. Mais je suis loin du compte. Je ne le comprendrai que le lendemain.
Après avoir pas mal tourné dans les rues pour sentir l´ambiance de cette saturday night a Salamanca, je rentre à l´auberge, prèpare mes affaires pour le départ demain. Je suis dans une chambre de plusieurs lits, au moins une douzaine je crois, chaque mètre carré est utilisé. Une fille va se coucher,un couple sort, je m´endors après avoir fini de lire l´histoire de l´Espagne du Lonely Planet.
Je ne sais pas quelle heure il est quand un groupe de mecs, dont des francais mais pas seulement, rentre bourrés de leur nuit. Ils allument la lumière, bien sûr, et rigolent fort, avant qu´un des hôtes qui dormaient jusqu´ici leur fasse comprendre qu´on aimerait bien qu´ils respectent le sommeil des autres. Un gars s´approche de mon lit. Chouette, il a le lit au-dessus du mien et il est complètement saoul... Il reste debout, la tête - j¨imagine vu sa position - dans ses bras, sur le matelas. Il semble chercher l´énergie pour grimper là-haut... Je compte les minutes en priant pour qu´il ne vomisse pas...
Il mettra vingt minutes à monter, mais il ne vomira pas.
Le lendemain je ramasse mes affaires et hop en route ! J´ai envie de refaire un tour dans Salamanca silencieuse et encore endormie. Il fait déjà beau. Je pédale dans les rues de la vieille ville. Je retente ma chance devant la facade de l´université civile mais non, définitivement non, pas d´´astronaute...
Je cherche un café, et pendant de longues minutes je constate que non, il n´y a pas de café ouvert un dimanche matin ici... Avant de tomber finalement sur le seul qui doit être ouvert. Un café et trois chourros plus tard, cette fois c´est parti !
Mon parcours passe par le pont romain. que je photographie à loisirs. Un espagnol aux superbes cheveux longs (moi qui n´aime pas les cheveux longs pour les gars !) me propose de me prendre en photo. Muchas gracias ! Un peu plus loin, un autre espagnol vise dans le plus grand zoom que j´aie jamais vu pour prendre en photo les oiseaux qui cherchent leur nourriture dans le rio Tormes qui coule sous nos pieds.
Arrivée au bout du pont, plusieurs pistes cyclables vont dans tous les sens, mais aucun panneau n´indique la ruta de la plata. Super. Je demande à un cycliste qui passe par là. Il ne sait pas mais a priori c´est vers la droite. Ok. Deux cent mètres plus loin, deux autres cyclistes me confirment que je vais dans la bonne direction. Allez go ! Un go modéré car ca monte un peu. Mais quel plaisir de retrouver mon troisième plateau et mes jambes ! Car cette fois tout est fonctionnel, vélo et tonus retrouvé dans les jambes ! Ceci dit, comme mon GPS est flou sur cette partie de l´Espagne, je ne sais pas quelle distance me sépare de Béjar ni si je peux l´atteindre . aujourd´hui. J´ai donc décidé que ce soir je dormirai sous la tente.
Bon, c´est bien j´avance, mais je ne vois pas la moindre indication, le moindre balisage que je suis bien sur THE chemin de Compostelle le plus fameux pour les cyclistes en Espagne. C´est quoi ce bazard ?
Me rappelant qu´on est dimanche, et que je dors sous tente ce soir, je me mets en quête d´un magasin. Je ne vois rien. Un homme devant un bar m´envoie dans la rue derrière, où se trouve une totue petite supérette. J´achète une orange et une tomate. J´ai de quoi me faire un sandwich ce midi, et ce soir je finirai mes pâtes avec du thon que je promène depuis Paris.
En revenant sur la route principale je croise un peloton de cyclistes. On est dimanche....
La route que j´emprunte s´éloigne vite de toute vie humaine et s´enfonce dans la campagne. Je croise des cyclistes en VTT, et comprends vite pourquoi. Bientôt la route devient chemin de terre, puis chemin de terre plein de cailloux ! Allons bon, c´est ca leur super piste cyclable ?? Ca monte et ca descend, et avec des cailloux qui me secouent comme une prune. Je crois m´être trompée encore une fois quand j´apercois mon premier pélerin.
Ah mince, je suis donc bien sur la bonne route ? Bon...
Mon premier pélerin est espagnol et s´imagine bien sûr que je suis sur le chemin de retour de Santiago... Lui, il a fait 54 kms hier ! A pieds... Dingue, c´est possible, ca ?? Faut croire que oui. Il n´est même pas marqué par la fatigue. Buen camino !
moins de 500 mètres derrière lui arrivent 2 italiens et un allemand, et derrière encore un couple dont j´ignore la nationalité. Il n´est pas 10h. Ils vont certainement s´arrêter à Salamanca. A quelle heure et d´où sont-ils partis ??




Mon chemin à moi devient vite un calvaire ! Alors que la mécanique et les jambes sont au taquet, voilà que c´est la route qui est toute pourrie ! Je grince chaque fois qu´un pneu ripe sur un gros caillioux. Zigzaguer entre les pierres me demande un effort supplémentaire. Je ne regarde plus les paysages, j´ai le nez 2 mètres devant ma roue pour tenter de déjouer les pièges. C´est quoi cette route ?? Je roule sur tous les cailloux que je veux éviter, mon corps vibre de partout et ca m´énerve ! Je peste ! Je veux du bitume, de l´asphalte, n´importe quoi mais pas ca ! Je guette la crevaison parce que là c´est obligé je vais y avoir droit !
Il fait vite très chaud en plus, aujourd´hui. Très vite j´ai enlevé toutes mes épaisseurs. Passé midi, je suis en tshirt. Dans un coin désertique je décide de retirer pour la première fois mon pantalon coupe - vent. Je roule en cycliste et c´est bien agréable. Je me suis suffisamment affinée pour assumer ce costume étrange qu´est le cycliste.
Je crame. J´en ai marre de ce chemin, même si tout de même je lève le nez de temps en temps et me dis que c´est très beau, ici ! Très sauvage. A part des vaches et des chevaux il n´y a rien. Rien que la nature. Une ferme de temps en temps mais comme laissée à l´abandon.
De temps en temps, sur des portions de descentes, je dois freiner sec pour ne pas dèraper quand je dècouvre que les cailloux cèdent la place à du sable ! Et puis un truc me chiffonne. Ca fait au moins 3h que je suis partie, et à chaque nouvelle côte que je gravis je découvre toujours Salamanca derrière moi quand je me retourne ! Je fais du sur-place ?? Je fais des ronds ? Mon GPS ne m´aide pas franchement à comprendre ce mystère. Je l´utilise comme une boussole, j´essaie de mettre la petite flèche dans la bonne direction, c´est à peu près tout ce que je peux en tirer.
Une belle côte à grimper à deux à l´heure.... et je tombe net sur une barrière qui met fin à mes errances ! Je ris jaune. Je descends, reste un moment à regarder le chouette paysage qui s´étale sous mes yeux. Pas moyen d´ouvrir la barrière ni de la contourner. Demi-tour obligatoire.
Je décide que c´est l´endroit idéal pour pique-niquer. Un sandwich et un bon livre, ca remet les idées en place.



Je fais demi tour et retourne jusqu´au dernier croisement. Bien que ca aille beaucoup plus vite dans ce sens puisque ca descend, je mets plus d´une demi-heure a retrouver ce croisement. J´avais tourné a droite, cette fois je tourne à gauche. Et bingo, peu de temps après je retrouve ENFIN une vraie route. Presque pas fréquentée par les voitures, un vrai régale si ce nést quelques reliefs qui me font sauter sur ma selle quand je vais trop vite. Mais quel plaisir d´avoir enfin la sensation d´avancer ! Je ne suis pas du tout obsédée par les kilomètres à faire, je fais ce qui me plaìt, je vais à mon rythme, m´arrête pour prendre des photos, pour savourer, pour regarder une vache dans les yeux... Ca tombe bien y en a plein !
Qu´il fait chaud par contre ! Le peu de villages que je traverse est toujours aussi désertiques, des villes - fantômes ! Qui peut bien vivre ici et pour faire quoi ??
En pleine traversée d´un pueblo je passe en trombe devant l´enseigne d´un café. Stoooop ! Je freine sec, j´ai envie d´un fanta orange ! Et puis le café me semble bien accueillant, avec ses énormes tonneaux à l´entrée et ses poutres en bois. Deux cours intérieures, une fontaine, un bric à brac d´outils sur une grande table en bois, de vieux appareils photos suspendus au plafond, ca me plaît ! J´entre. Il fait 40 000 degrés à l´intérieur ! Un poële à charbon fonctionne en plein milieu de la pièce, où deux vieux sont en train de manger une paëla. Il est 15h !!
Je commande mon fanta et sors le boire dehors. Je remplis mes gourdes à la fontaine. Un vieux panneau "Camino Santiago" traîne dans un coin. En revenant payer, j´apercois le journal du jour, et m´arrête sur la photo en première page : j´ai vu ca hier soir... Le titre : plus de 12000 personnes pour Jesus Rescatado. Jésus ressuscité, je suppose ? A Salamanca il est de tradition, d´après ce que je crois déchiffrer, d´aller embrasser le pied droit de la statue de Jésus Rescatado en l´église San Pablo, le 1er vendredi du mois de mars. C´était donc ca... Il a fait salle comble on dirait !
Après cette pause, je pédale encore longtemps et vois le décor changer un peu. De moins en moins de vaches, de plus en plus de moutons. Et là-bas droit devant, de nouvelles cimes enneigées font leur apparition.




Les revoilà, les montagnes ! J´adore... La fin de l´après-midi approche. Je n´irai pas jusqu´à Bejar, je ne sais pas combien de temps j´ai perdu à tourner sur des chemins impratiquables. Pas grave, la journée a éte chouette ! J´aime ces prés découpés par des murets en pierre. J´ai décidemment une préférence pour les terrains plutôt arides. Par contre je constate que je suis à nouveau en zone clôturée de "zona de caza privada". Où vais-je planter la tente ? Cette fois je suis décidée à ne pas laisser passer l´opportunité: Dès que je trouve, je m´arrête.
Et je trouve ! Un petit coin non clôturé, pas bien grand mais suffisant pour être à l´abri des regards depuis la route. Je ne suis pas loin d´une propriété qui possède vaches à cloche et moutons. J´entendrai les cloches toute la soirée et dès le petit matin. Un chien aboiera par contre toute la nuit... Comme la route n´est pas passante, le coin est super calme. Depuis MON coin, j´ai vu sur le sommet enneigé. Il fait super chaud, pour une fois je suis en tshirt et tongs dehors pour monter la tente.
J´ai bien inspecté le sol. Il y a des trous par endroit. J´ai un peu peur des serpents, je bouche les trous à coup de pied. Ridicule mais ca me rassure. Par contre le terrain est trop sec pour que je m´aventure à utiliser le réchaud ! Du coup je n´ai pas grand chose à manger ce soir... Mon festin se rèduit à une boite de rillettes, une orange et des gâteaux secs aux céréales. Je n´ai plus rien pour le petit déj. Demain on est lundi, je compte sur le premier village pour me ravitailler.
Cette nuit, hormis le chien qui ne cesse d´aboyer, je commence à avoir froid. Je dors mal, me réveille constamment, et repousse le réveil jusqu´à 8h30 au lieu des 7h30 habituellement. Je ne comprends pas pourquoi je grelotte. Oh qu´il est dur de sortir du duvet ! Je finis tout de même par sortir, pour m´apercevoir qu´il y a une sorte de givre sur la porte de la tente. J´ai les doigts gelés. Pourtant au soleil il fait bon.
Note pour plus tard : regarder où se lève le soleil et positionner la tente dans le bon sens pour être au chaud le matin !
Sur ce, il est 00h08 et donc plus que temps d´aller me coucher. La journée a été inattendue aujourd´hui et fort sympathique, tout comme celle d´hier, mais ce sera pour une autre fois. Demain, direction Cacérès dont j´attends beaucoup d´après les souvenirs émerveillés qu´en garde Julie ! Mais je n´y serai sans doute pas dès demain, et puis je ne crois pas avoir envie d´y être si vite. J´ai vu trop de jolis coins pour camper, aujourd´hui, pour m´en priver avant de retourner "en ville".
Au dodo !
13 mars 2015
C´est à la bibliothèque pubique de Cacérès que j´ai trouvé l´ordinateur le plus performant du voyage jusqu´ici ! Je suis arrivée tranquillement en fin de matinée, j´ai pu me balader tout l´après-midi avant de venir me poser ici. Encore une fois décidément les horaires sont très relatifs en Espagne, la bibliothèque a ouvert un quart d´heure plus tard que prévu, normal....

Je me suis donc réveillée frigorifiée sous la tente ! Désagréable ! S´il y a bien un truc que je déteste dans le camping c´est la sensation de moiteur au réveil, qui s´avère pire encore lorsqu´il fait froid ! Je donnerais tout pour une douche chaude dans ces moments-là. Mais ce matin, ca n´était pas possible...
Je sors et secoue la tente pour faire tomber le givre collé sur la porte. Je transporte aussi vite que possible toutes mes affaires dehors à quelques mètres où j´ai vaguement l´impression que le soleil me réchauffe un peu. Ñes doigts sont gelés, donc je suis plus lente pour tout. Super. Je maudis le chien qui q aboyé toute la nuit.
C´est l´heure de repartir, direction Béjar aujourd´hui. Je ne sais pas si je m´y arrêterai. Ce serait pas mal que j´avance un peu car ce n´est pas très loin d´après la carte. Je n´ai toujours pas la moindre idée du nombre de kilomètres car je ne suis pas les étapes que j´avais trouvées sur internet. J´avance à vue.
Je roule sans veste coupe-vent. Il fait un peu frais au début mais la température va vite monter. Et puis il suffit une petite côte ou deux et j´ai vite chaud ! Ca tombre bien, il y en a plein au programme... Mais depuis que mes jambes sont revenues et que la mécanique fonctionne enfin à merveille, finalement ca se fait. Finis l´´enclume qui me tombe sur l´estomac quand je découvre une côte. Je pense très fort "oh non...", je prends mon élan ou bien je décide d´y aller en mode escargot, et puis ca prend le temps que ca prend ! Et c´est vite oublié, Du moins quand les dénivelés ne s´enchaînent pas trop vite.
Je n´écoute pas tout le temps de la musique. Parfois je n´en ai pas envie, et alors je pense à un tas de choses et j´écoute la nature. Lorsque j´ai fait mon choix de musiques, j´ai été retrouver plein de chansons que j´écoutais ado, ou qui ont bercé mon enfance. Finalement quand j´y pense, heureusement qu´on m´a donné plein d´autres titres de plein de genres différents car sinon j´aurais tourné en boucle sur les airs de mon enfance ! Je suis super contente en tout cas d´avoir des chansons qui me font `penser à d´autres personnes.
Certaines de mes chansons à moi ont une tonalité particulière. Dire que lorsque je les écoutais, jusqu´íci, je pensais à ce voyage, au jour où j´allais enfin partir... Etrange de les entendre tout à coup et de me dire : ca y est, j´y suis...
Parmi celles-ci, Con te partiro. Est-ce que je regrette d´être seule aujourd´hui ? Non. Evidemment j´aurais préféré être accompagnée. Evidemment j´aurais préféré pouvoir vivre des instants magiques à deux plutôt que d´envoyer des textos ou des mails quand je suis trop contente et qu´il faut que je le partage là tout de suite.
Mais c´est comme ca. Pour moi c´était maintenant. J´aurais pu attendre si j´avais senti que peut-être ce serait possible, mais j e ne l´ai pas senti. Je m´étais promis de ne pas reculer par peur de partir seule, le jour où je serai prête. Et je suis contente de cette aventure en solo. Aucun regret, et même un vrai plaisir car je sais que j´en sortirai grandie. Et je crois qu´il est temps que je grandisse, dans plein de domaines. Ici, impossible de me cacher derrière l´assurance ou les solutions de quelqu´un d´autre. Je prends toutes les décisions. Je prends conscience de mes erreurs toute seule et je les corrige toute seule.
Les paysages sont toujours aussi vastes et déserts. Dans le ciel, des nuages dessinent la silouhette de cigognes en vol, du moins est-ce ce que j´ai envie d´y voir. Elles me suivent partout. Dès que j´entends le bruit particulier qu´elles font avec leur bec je sais qu´elles sont là, je lève le nez...
Je croise en moyenne un village par heure. Quelques maisons plus ou moins en bon état, des étables et des enclos plus ou moins habités, des volets et des portes fermées, des rues absolument vides, mais du linge qui sèche...




Les cimes enneigés se rapprochent, je pique droit sur elles en fait. Au dètour d´un virage, je me croirais presque dans les Alpes. Vaches, chalets, neige, trop mimi ! Et comme toujours au moment où on ne s´y attend pas, un café ! Stop !
Café fondé en 1939. Le patron n´est pas le proprétaire du bar, il gère le fond de commerce. Très gentil, il m´encourage en me disant que ca ne devrait plus trop monter et m´offre des tapas pour tenir le coup. Enfin en même temps ca va, je ne cours pas. Je prends mon temps donc on ne peut pas dire que je sois exténuée.
Je continue comme ca jusqu´à ce que la route s´applanisse, ouhhh ca sent bon la descente ca ! Je vois la cime des arbres, je suis au point le plus haut, c´est bon signe. La vue qui s´offre à moi dans la descente qui s´amorce est effectivement plongeante ! Belle descente en perspective.... Mais belle remontée à anticiper également puisque Béjar est sur l´autre versant, là, juste en face de moi. Oula...
Très bien situé, un bar m´offre une vue imprenable sur les murailles de la cité. Je m´installe et me connecte à internet pour regarder mes mails, histoire d´attendre l´inspiration avant de me jeter dans la descente - grimpette. En même temps le soleil tape sévèrement et l´endroit est vraiment sympa pour une pause.
Une fois l´inspiration revenue, je paie et hop c´est parti pour la glissade jusqu´en bas ! Et la remontée lente.
L´office tu tourisme n´ouvrant qu´à 17h, je vais me poser dans le parc pour bouquiner 1h. A 17h, je m´apercois que je n´ai pas vu le panneau qui indiquait "fermé le mardi". Ils indiquent un autre point d´information sur la plaza Mayor, J´y vais. Je ne vois rien à part la Mairie. J´entre. Personne. Enfin si, un policier, car c´est aussi le commissariat. Je m´excuse de demander pardon et j´explique dans mon super espagnol dont les rudiments commencent enfin à s´améliorer un peu, que je cherche un hostal et que j´ai besoin d´un plan de la ville. Pas de souci, le policier va chercher un plan et me griffonne dessus les infos dont j´ai besoin.
Je repars par la Calle Colon, et arrive à mon hostal où le rèceptionniste très sympa m`explique tout, jusqu´aux numéros sur lesquels il faut appuyer pour monter au 2ème étage (le 2, donc), et la réception (le 0, curieusement...) et m´ouvre la porte de l´ascenceur. Bref, trop sympa.
Je m´installe, fais une petite lessive et pars visiter le centre ville.
Plongée dans mon bouquin tout á l´heure, je n´avais pas vu que le parc héberge la statue de Cervantès. En même temps c´est une petite statue. Je remonte jusqu´à la place Mayor et les petites rues tout autour. C´est fou quand même le nombre d¨églises au mètre carré en Espagne ! Je n´entre pas dans toutes. Mais c´est toujours joli á regarder.
Je remarque des murs rouges ou blancs, qui ont l´air d´être construits en tuiles verticales. Etrange. Ca n´est pas très joli en journée, mais au moment où le soleil se couche, les couleurs du crépuscules sont encore plus belles quand les rayons viennent buter contre les tuiles.
Voir le sommet enneigé en toile de fond m´apaise. peu à peu les lumières des maisons s´allument sur le versant d´où je viens. J´ai le temps d´aller voir la muraille arabe avant qu´il fasse nuit.
Le réceptionniste m´avait indiqué un restaurant qui propose un menu du jour à 10 euros avec entrée - plat - dessert. C´est beaucoup trop cher pour moi, et je ne mangerai jamais tout ca. J´ai tout de même failli y aller car je ne trouvai rien à proximité. Mais c´était fermé ! Du coup j´ai éte au bar d´à côté prendre deux tapas, à 2,60€ j´ai mangé à ma fin et pour bien moins que 10€. J´aurais bien aimé une bonne salade, tout de même. Ca fait longtemps que je n´en ai pas mangé.




Quand je rentre à l´hostal, un jeune homme qui pourrait bien être un pélerin est assis dans le hall et regarde un truc sur son télephone.
Je monte dans ma chambre et me souviens que j´ai encore un film à voir sur une de mes clés USB. Au programme de ce soir, Oblivion. Et bien pour un film de Ton Cruise (ou avec Ton Cruise, en tout cas), c´est géant ! J´aime beaucoup et le film m´a tenue en haleine tout du long. Sympa aussi, mais étrange, de regarder un film. Pendant deux heures on est totalement absorbé par autre chose, et revenir à la réalité est encore plus bizarre que d´habitude quand on s´apercoit qu´on est seule dans une chambre d´hôtel et qu´il serait temps qu´on dorme parce que demain on remet le cycliste !
Ceci dit, je ne me force à rien. Si j´ai envie de repousser le réveil je le repousse. Et au petit matin je prends mon temps. Je crois que je ne suis pas partie avant 9h30 - 9h45. En rendant ma clef au réceptionniste il me dit qu´un homme fait lui aussi le chemin (forcément les gens croient que je suis plus ou moins en train de faire le pélerinage meme si je le fais à l´envers), mais en courant ! Ai-je bien entendu ?? Il me décrit le garcon. Il me semble que c´est celui que j´ai vu hier soir, mais quand je lui montre ce que j´ai cru être une petite barbe il me dit non. Ah bon. Ok. ! Ben bon courage en tout cas. Allez, on se dit hasta luego et je me remets en route. Chouette, ca descend ! Enfin ca commence par descendre un peu, puis je quitte la voie qui suit l´autoroute et grimpe par la nationale. En regardant en contrebas j´apercois un homme en short et-shirt blanc, portant un sac à dos et tenant une bouteille à la main, en train de courir le long de l´autoroute. Serait-ce... ? ... ben si c´est lui, il s´est trompé de route. J´apprendrai plus tard que non, il longe exprès l´autoroute sur cette portion, pour suivre au plus près la ruta de la plata.
Ca monte un petit moment par le versant forestier, j´ai un peu froid avec ma veste car je suis cachée du soleil. A l´approche de Banos de Montemayor, ca descend d´un seul coup et longtemps ! Juste avant d´entrer dans le village, j´apercois dans un virage un cycliste voyageur en tshirt peace and love multicolore, en train de manger assis sur un muret. L´espace d´une seconde j´hésite à stopper, mais je ne stoppe pas. Peur de le déranger. Et puis je suis en pleine descente, je ne vais pas freiner sec pour lui dire... quoi, d´ailleurs ? Bonjour qu´est-ce que tu fais là ? Bon. En tout cas je ne me suis pas arrêtée.
Par contre je suis surprise par le charme de Baños de Montemayor. Je m´arrête faire une course (bien envie d´acheter de la salade, mais une salade entière ca fait trop gros et si c´est pour en jeter la moitié..., et je vais me balader dans les petites rues.




Cette fois-ci j´entre plus pour faire plaisir à la dame. Ce qui est idiot, mais les gens sont toujours tellement contents de faire découvrir leurs petits trésors...
L´église est petite, simple, et sans intérêt particulier à part la tombe d´un bienfaiteur du coin qui s´est occupé des orphelins.
Ah oups, à la bibliothèque publique on laisse les ordis au bout d´une heure.... stop pour today, donc !

En me voyant en arrêt devant une jolie petite église dont j´admire surtout le bel escalier en pierres qui grimpe sur le côté, une femme vient ouvrir la porte de la chapelle. Elle me prend sans doute pour une pélerine...
Sur le chemin entre Le Puy et Saint Jean Pied de Port, que je n´ai pas tout à fait fini, c´est vrai que j´apprécie toutes ces fois où l´on entre dans de petites ou grandes églises vides, et s´imprégner à loisir du calme et de la sérénité de ces bâtiments dans lequels j´imagine toujours plein d´histoires et d´énigmes sur fond de moyen-âge, à défaut d´y chercher ou ressentir autre chose.
15 mars 2015
J´ai fêté mon premier mois de voyage en ouvrant une boîte de foie gras que j´avais dans mes réserves depuis Paris, une deux gorgées de rhum, devant le pont romain de Merida, dans un jardin recouvert de boutons d´or. Je n´avais pas prévu d´etre encore à Merida aujourd´hui, mais le hasard en a décidé autrement. Ce n´est pas la première fois que je pars aussi longtemps. Jusqu´ici, mon plus long voyage a duré 5 semaines et demi, au Vietnâm, en 2011. Ca paraît si loin alors que ca ne fait pas encore 4 ans...
J´ai tilté sur la date du 15 mars, mais je ne me rends pas vraiment compte du temps qui passe. Je ne dirais pas que j´ai l´impression d´être partie hier, mais presque.

Je me remets en route, et voici que celle-ci retrouve le tracé de l¨autoroute, à proximité. Ah, c´est moins pittoresque, ca. Musique sur les oreilles pour oublier les bruits parasites.
Dans mon rétro, j´apercois un groupe de cyclistes. Tiens, on est mardi pourtant. D´habitude les pelotons c´est le dimanche... Je me pousse sur la droite pour les laisser passer. L´un d´eux ralentit et se range à mon rythme pour entamer la conversation. Non je ne fais pas le chemin de Santiago, oui je voyage seule, oui le vélo est lourd mais je vais poco d´espacio (on m´a appris à dire petit à petit). Oui je vais à PLasencia ce soir, non je ne sais pas où je vais dormir, à l´auberge de jeunesse s´il y en a une. José-Luis est sympa, simple et cordial. Il ne parle qu´´espagnol mais comme je comprends un petit peu et que je peux désormais dire trois mots, on arrive à échanger pendant 5 à 10 minutes avant qu´il ne me dise qu´il doit rejoindre son groupe qui l´a distancé. Il file, et je continue sourire aux lèvres. Pas si fréquent que les sportifs prennent le temps de discuter 5 minutes !
D´un côté l´autoroute, de l´autre une ancienne voie ferrée à l´abandon. Je ne sais pas pourquoi, mais j´aime les rails abandonnés, qui racontent des itinéraires que des gens ont pris un jour, et qui se laissent envahir par la nature aujourd´hui. Le plaisir qu´on avait pris, avec Sophie, à suivre cette vieille voie ferrée lors d´une de nos étapes de Compostelle ! Si mes souvenirs sont bons, c´est l´étape qui a suivi notre arrivée trempées de la tête aux pieds au camping, où on nous avait logées dans un mobil home non chauffé. J´avais fait cramer une des pattes de mon pantalon en essayant de le faire sécher dans le micro-onde... On avait piqué toutes les couvertures qu´on avait trouvées dans le mobile home, ca n´a pas suffit à nous réchauffer pour dormir ! Le lendemain tout ca était très vite oublié face à la joie enfantine de suivre une voie de chemin de fer à l´abandon ! Il nous en fallait peu... Cette voie-là franchissait un fleuve.
Celle de Banos de Montemayor ne franchit rien du tout. Je prends juste le temps de la regarder et de penser à tous ces hommes qui ont posé ces rails ici un jour, et à tous ces gens qui sont passés par là il y a des années en regardant par la fenêtre d´un train qui devait être bien moins rapide que le TGV...
Je roule sur une voie qui ne me demande pas trop d´effort. Je sais que j´arriverai a Plasencia ce soir, tout va bien, je prends le temps de faire une longue pause pique-nique en quittant la route pour grimper sur le haut d´une colline d´où je contemple le paysage. Même si je vois les voitures passer en bas, et que donc elles me voient aussi, je suis suffisamment loin d´elles pour décider d´enlever mon thsirt. Que c´est bon de sentir le soleil sur la peau !! Et que c´est dur après cette pause de remettre mon tshirt et de recommencer à pédaler !
Cela ne fait pas une demi heure que je pédale, qu´un motard me dépasse et se met á rouler devant moi à une cinquantaine de mètres. Il n´y a personne sur notre route (toutes les voitures sont sur l´autoroute d´à côté), pourquoi va-t-il si lentement ? On roule comme ca sur plusieurs centaines de mètres, je ne fais plus attention à lui, rien dans son comportement n´allume mes warnings. A un rond-point, j´apercois de mignons petits moutons sur le bord de la route. Je freine et m´approche d´eux. J´entends une voix qui me dit quelque chose que je comprends comme "c´est pas par-là, c´est la prochaine sortie".




J´ai envie de dire oui je sais mais j´avais envie de regarder les moutons, mais un truc m´intrigue. C´est le motard qui m´a parlé. Je ne faisais plus attention à lui, mais il a refait un tour du rond point pour me remettre dans la bonne direction, croyant que je me trompais. Je le regarde... et découvre José-Louis sous le casque et la visière ! Devant ma surprise de le voir ici et dans cette tenue, il m´explique qu´il est venu à ma rencontre, qu´il me cherche depuis un bout de temps. Il m´a visiblement trouvée sympathique tout à l´heure et se propose de m´emmener à l´auberge de jeunesse. Je lui dis ok mais moi je suis lente ! Pas grave, il conduit devant, m´ouvre la route, fais signe aux voitures de passer telle une escorte présidentielle ! Il ne reste que 8 kms à faire heureusement. Je le suis mais je me rends compte, du coup, que je vais plus vite que si j´avais été seule. Je force un peu. Sur les derniers 4 kms, ca monte sévèrement. José me dit qu´il m´attend en haut. On se retrouve, il a enlevé son blouson de motard. Il me félicite à mon arrivée et me tape dans la main ! Je rigole. Est-ce que c´était vraiment difficile ou est-ce le fait que je sois une femme qui me vaut ces félicitations ? En tout cas tout ca est bon enfant.
Comme convenu, José m´emmène pile devant l´auberge de jeunesse. Qui est un très beau bâtiment, en plein coeur de la ciudad. Personne à l´accueil, et soleil de plomb sur nos têtes. J´appelle, on m´ouvre. J´hérite d´un dortoir pour moi toute seule ! Et suffisamment grand pour que j´y laisse mon vélo. Super propre, plutôt mignon, et avec cuisine - ce qui est rare, finalement. Davis, le jeune réceptionniste, est tout content : il vient d´entamer sa première année d´étude de francais à l´institut des langues étrangères dont la porte est juste à la gauche de celle de l´auberge ! Il va pouvoir tester son francais !
Bon, on est tous les deux plus à l´aise en anglais tout de même, mais il est trop gentil et super serviable.
Vu la manière dont José lui a parlé, j´ai cru qu´ils se connaissaient mais pas du tout. En fait, petit à petit je vais comprendre que José est comme ca : il parle à tout le monde comme s´ils étaient de vieux amis, et ca crée une ambiance décontractée tout de suite. Il explique à David que je suis une amie francaise, qu´on s´est rencontrés ce matin sur la route, qu´il s´est proposé de m´aider pour arriver et que je suis super forte parce que je l´ai suivi en moto. Cette histoire, il la sortira à toutes les personnes qu´on va croiser cet après-midi ! Car l´après-midi ne fait que commencer !
Je file prendre une douche et me changer et José va m´attendre dans le café d´en face pour qu´on partage un verre. Quand je reviens en pantalon thaï, tongs, cheveux ébouriffés et lapis lazuli autour du cou, il ne me reconnaît pas tout de suite ! Il est tôt, il fait super chaud, on file prendre un bocadillo super bon avec aïoli fait maison, à côté. Le patron du bar, à qui il sert son histoire d´amie francaise qui blablabla, voulant nous faire plaisir, nous offre une montagne de frites recouvertes d´aïoli (c´est qu´il est fier de son aïloi maison, et le fait est qu´il est bon !). Bon, après trois bouchées je n´ai plus faim... mais on se force, nous aussi, pour faire plaisir.
José est natif de Plasencia. Il vit dans un petit village juste à côté. Il me dit être instituteur, mais quand je lui demande comment ca se fait qu´il pédalait ce matin il m´a répondu qu´il ne travaillait pas ce matin. Mais le lendemain matin je l´ai à nouveau croisé sur un vélo... Bon. En tout cas, plan de la ville en main, et après s´être assuré que je ne préférais pas me balader seule, il se propose de me faire une visite guidée de sa ville. Top ! C´est parti !




Une fois de plus je n´attendais rien de spécial de Plasencia - il y a des villes, comme ca, dont le nom ne vous fait pas rêver. Mais sous le soleil de mars, c´est une ville très paisible et mignonne comme tout. La Plaza Mayor est très calme à cette heure-ci, ce qui ne sera plus le cas à partir de 16h30. David a tenté de m´expliquer qu´un bonhomme sonnait toutes les heures sur la cloche de la Mairie, en effet je le vois !
Autour d´un café, j´en apprends plus sur la vie de José-Luis. Cycliste confirmé, il a été champion de la région. Il est très sociable, par contre le voyage c´est pas son truc. Il me montrera la cathédrale où il s´est marié (bien qu´il soit séparé depuis), l'école où il a fait ses études... Tout juste s´il ne m´a pas montré la photo de son fils de 25 ans. Quant à moi, toujours sur mes gardes malgré tout, j´invente un prénom à mon soi-disant fiancé et explique face aux questions de José que ce fiancé est vraiment très compréhensif vis-à-vis de mes envies de voyage bien qu'il ne partage pas ce rêve. Les enfants ? Non, je crois que mon esprit n´a jamais été préocupé que d´une chose : pouvoir partir un jour. Les enfants auraient été un frein au départ. Sauf à rencontrer une personne qui partage le même rêve et soit prête à l´envisager avec des enfants, mais le cas ne s´est pas présenté. Car je suis persuadée qu´on peut voyager avec des enfants. C´est juste un peu plus compliqué logistiquement parlant. Mais quelle superbe aventure humaine ce doit être !
Bon en tout cas pour moi ce n´est pas d´actualité.

Nous allons visiter la cathédrale où José s´est marié. Le bâtiment est original, dans la mesure où deux cathédrales se côtoient. Une première et plus ancienne, dont la construction a été arrêtée faute de moyens, et une seconde plus grande et plus récente. En se promenant dans le cloître on voit les murs de l´ancienne cathédrale qui s´arretent net.
Comme moi, José fait toute la visite collé à l´audio guide et m´indique ce que je ne trouve pas. Après ca, nous faisons toutes les rues de la vieille cité, il me montre tout ! Jusqu´à la maison de la fille de Julio Eclesias, qui est un ancien palais dont une partie peut se visiter sur demande. Devant la porte cochère, une sonnette et un message invitant à sonner. José recrute deux couples de touristes car, dit-il, plus on est nombreux plus on a de chance de pouvoir entrer. Effectivement on vient nous ouvrir, et par la porte la cour intérieure semble superbe, mais dorénavant c´est 4€ la visite. Bon bah alors non. On dit merci et on s´en va. José tient à m´offrir un verre dans le luxueux établissement Parador. Si j´ai bien compris, Parador est une chaîne de relais châteaux en Espagne. J´en ai apercu un autre depuis. Avec son bagou incomparable, José explique à la réception qu´il a une amie francaise qui blablabla, alors est-ce qu´on pourrait juste boire un verre ? L´intérieur est splendide, notamment un escalier de pierre dont la courbe est assez incroyable, sans pilier on se demande comment il tient. Le serveur apporte une bouteille d´eau et un shot d´une liqueur très sucrée à la mandarine.
Après ca, nous passons devant l´école de sculpture. José va parler à la dame qui officie à l´accueil et me fait signe qu´on peut jeter un coup d´oeil par la porte de l´atelier. Je passe donc la tête. Atelier poterie. Que vois-je dans le fond ?? Une Mafalda grandeur nature à qui il ne manque plus que les yeux et quelques finitions !! D´autes oeuvres plus classiques retiennent moins mon attention !
Les orangers apportent toujours un parfum de sérénité à une rue. Une orange mûre est tombée dans la fontaine. José veut me la proposer mais non, ca ne m´inspire pas.
De retour devant l´auberge de jeunesse, Carlos, l´homme qui tient l´accueil de l´institut des langues étrangères nous salue depuis sa porte ouverte. José va vers lui et lui explique qu´il a une amie francaise qui blablabla. Ah oui ? Carlos, trés intéressé et surtout extrêmement gentil, nous invite à entrer dans le bâtiment, à aller au fond de la cour jusqu´à la passerelle qui permet de monter sur la muraille. Je suis scotchée devant toutes les portes qui s´ouvrent devant José et devant la gentillesse des personnes qui vivent ici.
Sur la muraille, nous croisons un petit oiseau multicolore qui visiblement s´est échappé d´une cage et ne sait pas voler, le pauvre. Le temps que je me demande si je peux faire quelque chose, il n´est plus là. De retour à l´accueil de l´institut, Carlos me dit qu´il me donnera demain un film sur la ruta de la plata.
Après une après-midi passée ensemble pour le plaisir de m´aider et de me faire découvrir sa ville, je dis au revoir à José après lui avoir fait une grosse bise. Il m´a indiqué la route pour demain, je compte partir vers Cacérès. En attendant, je file à la nuit tombée faire une course pour pouvoir me faire à manger. Les rues sont animées, particulièrement - comme toujours - les kiosques où se vendent les billets de loterie. Je remarque un détail dont José m´a parlé : la muraille n´est pas préservée partout, et dans les endroits où elle s´est écroulée, on a bâti des maisons.
De retour á l´auberge, je suis seule et me prépare un petit plat que je vais manger devant l´ordi en écoutant un groupe répéter des chansons à côté, accompagné à la guitare.
J´ai fini de manger depuis un moment lorsqu´un jeune homme arrive et s´installe dans le fauteuil á côté, regardant son téléphone portable. Comme il n´y a qu´un seul ordinateur je lui demande s´il a besoin d´y avoir accès. Il me dit non non, et puis : Tu étais à l´hostal hier á Béjar ? - me demande-t-il. En effet. Et je tilte. Mais oui, c´est lui le dingue qui fait Compostelle en courant ! Encore un José, Il est espagnol. Il a déjà fait d´autres parcours de Compostelle. Aujourd´hui il vit en Angleterre, et cette route qu´il fait en courant est un entraînement à des treks bien plus difficiles. Lui a un objectif de temps et de kilomètres. Il doit être à Séville le 15 mars. Il suit l´autoroute pour éviter de se perdre sur les sentiers du chemin piéton. On parle longtemps, en plus d´avoir un parcours intéressant c´est agréable de parler anglais.
Il va se coucher plus tôt que moi. On se souhaite bon courage et je note son adresse mail au cas où j´arriverais aussi le 15 mars à Séville.
Le 15 mars c´est aujourd´hui, et j´en suis loin...
Après une bonne nuit de sommeil, je retrouve David au café d´en face pour le payer. Carlos, qui m´a vue depuis le pas de sa porte, s´empresse de m´apporter un DVD sur la via de la plata ! J´ai bien envie de lui dire "et qu´est-ce que tu veux que j´en fasse ?", mais évidemment je me retiens, c´est vraiment trop sympa ! Je pense que je ne vais pas tarder à expédier à mes parents un colis avec deux-trois petites choses dont je n´ai pas besoin...
Avant de me laisser partir, David me dit : you must go to Monfragüe, it´s beautifull, you can see eagles and falcones. Ah oui ? Alors oui, ca vaut le détour. C´est toujours la direction de Cacérès mais en faisant un crochet au lieu d´y aller tout droit. En route ! Je pars en musique.
La route est vite déserte, comme souvent lorsqu´on quitte une ville. Il fait un temps magnifique, je suis en sweat, je compte dormir sous la tente, pourquoi pas dans le parc national ?
Deux cyclistes s´approchent dans le sens inverse de ma route, et ils semblent freiner à mon approche. Je freine aussi. Et revoilà mon José-Luis avec un copain cycliste ! Aucun de nous deux ne s´attendait à se revoir sur cette route, on est contents. Les garcons me confirment que le parc est très beau, et et plus la route est facile pour y arriver. Super. Claquement de mains et au revoir pour de bon cette fois ! En route vers les biches et peut-être les aigles si j´ai de la chance - du moins c´est ce que je pense à ce moment-là.
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Il n´y a pas un chat sur la route, et la piste est belle et effectivement sans difficulté. J´entre vite dans le parc national. Je stoppe, et retire mon casque audio. Souvent on entend les animaux avant de les voir, et je ne veux rien louper. Plus loin, alors que la vue se dégage et que des à-pics rocheux pointent le nez, je stoppe á nouveau et décide de sortir les jumelles. Je vais les chercher au fond d´une sacoche avant, referme tout, m´approche du parapet et commence á regarder en bas puis en haut, espérant apercevoir une biche.
Tout lá-haut, un truc bouge, comme un éventail. Je n´ai pas rêvé, ca a bougé sous mes yeux, pourtant je m´attends tellement à voir une biche que je ne comprends pas ce que j´ai dans l´objectif. Deux biches qui font une chorégraphie ?? Mais voilà que l´éventail se replie et que je percute...
Je suis trop loin pour voir de quelle famille est ce rapace, mais c´est un rapace !
Mon plaisir est décuplé du fait que je ne m´y attendais pas, mais aussi du fait qu´il n´y a pas un bruit et pas l´ombre d´un autre humain à proximité. Je me sens toujours privilégiée quand un animal se montre et que je suis seule á le voir á ce moment-là. Peu importe de quel animal il s´agit. Hier c´était un bébé lapin qui sortait de son terrier et j´étais tout aussi émue de ce moment qui n´existait que pour lui et moi.
Mon émotion n´en était qu´aux prémices, ce matin-là face à mon rapace, car tout au long de la journée elle n´a fait que croître.
Quelques coups de pédale plus loin, une ombre masque le soleil un millième de seconde. Je lève la tête. Le voilà mon premier aigle dans le ciel ! Un, puis deux, puis trois, ils sont 4 ou 5 à faire de grands cercles au-dessus de moi avant de filer plus á l´intérieur du parc.
Et moi qui me croit la plus heureuse à ce moment-là ! Je n´ai encore rien vu...


Je découvre le paysage aride et désert, observant les rapaces qui volent ici et lá dans le ciel, m´arrêtant de longues minutes pour les observer. J´arrive comme ca jusqu´au petit village de 19 habitants qui est l´unique lieu habité dans le parc. Juste en bas du village s´étire le Rio Tago, superbe, qui élance ses deux bras á travers les vallons. Je me régale, je roule un peu, m´arrête, savoure, repars, prends 150 photos toutes pareilles...




A chaque fois je crois avoir vu le meilleur, mais lorsque je découvre le Saut du Gitan je n´en crois pas mes yeux.
Deux rochers se dressent de part et d´autre du fleuve. Au-dessus du plus élevé, sur la rive d´en face, ce ne sont plus 5 ou 10 mais une cinquantaine d´aigles et de faucons qui tournoient et lancent des cris.
Je ne peux pas décrire le moment que j´ai passé à les regarder. Chaque minute, dans le ciel mais aussi sur les pics et dans le patchwork de couleurs rocaille du Saut du Gitan, mes yeux en discernaient d´autres. Des ailes blanches, marrons, noires, du jaune sur le collier, des cous allongés et tordus ou bien des becs élimés, et une telle grâce dans le déploiement des ailes ! En observant la manière dont les rapaces décrivent un arrondi dans les airs avant de se poser toutes pattes devant et ailes repliées en arrière, il m´a semblé comprendre que c´est en les observant qu´on a mis au point les techniques de réception en parachute.
Je suis restée plus d´une heure et demi dans le silence à les regarder danser là-haut, en solo, à deux ou en escadrille. Je ne sais pas pourquoi, la chanson de Niels Anderson m´est venue en tête. Qu´est-ce que tu vois de là-haut ? Dis-moi si le monde est beau...

16 mars 2015
Je m´apercois qu´il est 20h. Je dors en Auberge de pélerins ce soir. Et d´expérience, un pélerin se couche tôt. Je ne voudrais pas arriver tard et réveiller tout le monde. C´est grace à une rencontre ce matin que j´ai pu accéder à ce type d´hébergement, beaucoup moins cher. Ca comporte évidemment quelques contraintes, pas d´internet et les gens se couchent tôt. Or j´ai oublié de prendre avec moi ma lampe de poche... Donc filons, je retrouverai les aigles plus tard...
Mais incontestablement voilà un moment où j´ai eu besoin de partager par texto mon bonheur d´être là, à ce moment-là...

De nouveau à Merida, de nouveau suite à un imprévu qui s´est transformé en superbe journée improvisée...
Mais revenons aux aigles et aux faucons.
Je rester longtemps à observer les rapaces, je me sens privilégiée. Ca n´a pourtant rien d´extraordinaire en soi, mais pour moi c´est beaucoup à ce moment-là. Je n´en ai jamais vus autant. Je n´arrive pas à les reconnaître tous, mais je suis stupéfaite par leur nombre et leur grâce. Je sors mon pique-nique et les regarde à loisir sans me lasser. C´est tellement beau ! Et que font-ils donc ? Coment doit-on interpréter leurs allers et retours d´un pic rocheux à l´autre, leurs danses bien organisées dans le ciel, leur déploiement en patrouilles ordonnées ou leurs décrochages pour une chorégraphie en solo pour quelques minutes ? L´un d´entre eux veut se poser sur le même rocher qu´un autre. Il se fait aussitôt renvoyer dans ses 22 à grands cris mécontents. Ouh bah c´est jaloux de son territoire, un aigle ! A moins que ce ne soit une femelle qui souhaite garder son indépendance ?
Je prends l´appareil photo, le repose, le reprends.. Je lève la tête, juste au moment où un aigle passe au-dessus de moi à une quinzaine de mètres à peine, sans un bruit ! J´en ai le souffle coupé ! Reviens encore... Il ne reviendra pas, du moins pas si près. Au bout d´un moment je laisse l´appareil photo et profite du spectacle. J´envoie des textos pour dire quelle magie je suis en train de vivre.




Au bout d´un moment il faut se décider à partir. Des sensations plein la tête, je remonte à vélo et poursuis ma route le long du fleuve qui m´offre aussi de jolies perspectives. Un peu plus loin se dresse les ruines d´un château. Petit à petit le fleuve disparaìt, la route se fait plus bossue et commence à remonter. Je chante toujours Niels Anderson. J´aime le paysage verdoyant qui m´entoure, et cet horizon motagneux là-bas au loin. La dortie du p<rc national s´effectue par des grimpettes à 7% qui n´en finissent pas. Je ne suis pas tant en difficulté au début, mais á force de les enchaîner je commence à peiner sous le soleil.Encore une ! Heureusement il n´y a personne sur la route. J´avance lentement. Parvenue aux trois-quart d´une côte, je stoppe, reprends mon souffle et attrape ma gourde. Tout à coup un bruit bien connu me fait tourner la tête. Comme une apparition, une femme en t-shirt jaune et noir et en danseuse sur son vèlo surgit derrière moi et m´offre un superbe sourire en me dépassant allègrement ! "Manca poco !" me lance-t-elle d´une voix même pas essoufflèe ! J´ai à peine le temps de la suivre des yeux, hop elle a déjà disparu dans le virage, dans un pur style "trop facile". Et bien ! Je suis scotchée ! Bon. Je remonte sur mon vélo et reprends ma course d´escargot. En effet la côte se termine bientôt mais pour laisser la place à un faux plat. Un point jaune là-bas, disparaiît dans ce qui doit être une descente. Elle m´a déjà bien distancée, la cycliste !
En quittant le parc national, je décide d´attendre d´atteindre Torreron del Rubio pour m´offrir un fanta dans un café en terrasse. C´est d´ailleurs tout ce que je trouve à Torreron. Les côtes succèdent aux descentes. Des troupeaux immenses de moutons me tiennent compagnie ou bien s´enfuient en courant à mon passage. Ca fait un drôle d´effet quand un agneau lance le branle-bas de combat et qu´une bonne centaine de moutons se mettent à détaler à mon approche !
Un parking sur un promontoire précéde une belle descente (qui annonce une belle montée) me permet de faire une petite pause. Un point d´eau est indiqué. Chouette, je vais tout remplir au max en prévision de ma nuit sous la tente. Malheureusement la fontaine qui se trouve une vingtaine de mètres plus bas est également encerclée de buissons qui bourdonnent d´abeilles. Adieu eau fraîche et abondante, je ne m´aventure pas là-dedans ! Dommage, je comptais me passer la tête sous l´eau histoire d´enlever un peu de sueur et de me rafraîchir les idées.
La journée tire à sa fin, je commence á guetter autour de moi le coin où je pourrais m´installer. Pas grand-chose depuis un moment, je butte sans arrêt sur les clôtures. Au milieu d´une côte, je m´arrête et pousse le vélo sur ce que je crois être un promontoire herbeux surélevé. Un peu près de la route mais du moment que je suis cachée de la vue des voitures et que j´ai une situation dominante avec vue sur les montagnes tout là-bas, ca ira pour ce soir !
En haut, je débouche sur la fin d´un chemin forestier qui démarre en fait à moins de deux cents mètres. De l´autre côté de la route à environ 500 mètres j´apercois le toit et les fenêtres d´une propriété. Si moi je les vois, eux peuvent me voir aussi... Par ailleurs, mon surplomb herbeux s´avère être un terrain pierreux sur lequel il va être difficile de planter les piquets. Mais pour une fois l´endroit est dégagé, et je dispose de deux grosses pierres hautes pour m´asseoir autrement que par terre pour une fois. Je décide de rester ! J´installe la tente dans un angle où on ne peut pas me voir depuis la maison. Je suis en train de planter mes piquets à coup de cailloux quand une voiture passe en face, sur un chemin de terre qui visiblement grimpe pour rejoindre la propriété dont j´essaie de me cacher. Bon ben ca c´est fait, ils savent que je suis là. On verra bien si je dérange.
Je ne serai pas embêtée.
Observant où le soleil se lèvera, je positionne ma tente pour être bien chauffée demain matin. Ca ne servira à rien, les rayons du soleil n´atteindront la tente que bien après mon réveil ! Je prends le temps d´installer confortablement mes quartiers. C´est agréable d´avoir ses aises. J´utilise ma bassine pliable pour faire ma toilette. J´ai assez d´eau pour tenter de me laver les cheveux demain, chouette ! Moi qui déteste la sensation d´avoir les cheveux sales.
Pour une fois mes pâtes sont cuites à point ! Et le mélange avec du thon à la tomate, ni trop salé ni trop poivré, me donne enfin l´impression de me régaler ! Je m´améliore. Allez c´est la fête, demain matin j´abandonne les filtres et je tente le café sur ma petite cafetière de voyage offerte il y a longtemps par papa.




Le froid me réveille vers 3h du matin. Et bien sûr avec le froid, l´envie de faire pipi. Je lutte longtemps mais je finis par sortir du duvet ! La lune est superbe et la nuit calme, mais je ne reste pas plus de deux minutes dehors pour savourer ce spectacle !
Au petit matin je suis frigorofiée. Du moins non, je suis emmitoufflée dans mon duvet bien chaud, mais impossible de trouver le courage d´en sortir. J´attends que le soleil chauffe la tente. Un coup d´oeil dehors me fait comprendre que je peux attendre longtemps. Il faut jour, ok, mais le soleil n´a pas encore atteint la hauteur de mon promontoire. Bon, je me lève et tente de me réchauffer comme je peux. L´eau gelée pour ma toilette me réveille un peu trop vite à mon goût. Je fais chauffer de l´eau pour me laver les cheveux. Pendant ce temps, je sors mes affaires de la tente et les range lentement. Mes doigts sont gelés. La tente est recouverte de rosée. Zut, je dois attendre pour la faire sécher.
Je viens juste de me mettre du shampooing dans les cheveux et de me les savonner quand j´apercois une voiture qui se gare sur le chemin de terre qui aboutit à mon territoire. Deux hommes en sortent, à deux cent mètres de moi. Etre découverte ne me dérange pas, la nuit est passée, mais là j´ai juste la tête pleine de shampooing... Et l´eau que j´ai retirée du feu est bouillante, impossible de me rincer tout de suite...
Je m´agenouille à côté d´une sacoche en leur tournant le dos, histoire de donner l´impression d´être super occupée mais surtout de masquer ma tête ! Les deux gars ferment la voiture et font quelques mètres dans ma direction avec des espèces de batons fins dans les mains, puis je les vois passer par-dessus la clôture des moutons et disparaître de ma vue sans se préoccuper de moi. Bon, tant mieux ! Un peu d´intimité tout de même. L´eau est moins bouillante, je laisse mes mains tremper dedans pour réveiller mes doigts gelés, et enfin je me rince. Ahh le bonheur de sentir mes cheveux propres ! Ebouriffés mais propres. Je revis. Il ne manque plus qu´un bon café et ce sera parfait ! Je remplis la cafetière, rallume le réchaud, pose la cafetière dessus et m´éloigne pour finir de ranger mes affaires. J´ai à peine le temps de faire ouf que le café s´échappe de la cafetière et se répand sur le réchaud avant que j´aie eu le temps de glisser ma tasse en-dessous du jet ! Damned ! Il est rapide ce réchaud ! Je sauve à peine un quart de mauvais café. Trop décue...
Une fois la tente plus ou moins sèche et rangée, et les sacoches fixées sur le vélo, c´est reparti pour une nouvelle journée qui devrait me voir arriver à Cacérès, enfin peut-être - je ne sais pas encore si je ferai tout ce chemin. Le détour par le parc national de Monfragüe me fait passer par Trujillo, village où naquit Pizarro. J´aie beau savoir quelles atrocités il a commises, j´ai envie de voir le village où il est né. Rien que pour tout le mal qu´il a fait à Zia, Esteban et Tao, je devrais négliger ce détour, mais non, je suis tout près, j´y vais.
La route s´élance tout droit comme un ruban ondulé vers le village que j´atteins en fin de matinée. Entourées de maisons rustiques et de présm un château se dresse au sommet de la petite ville fortifiée. Je grimpe jusqu´à la plaza Mayor et tombe sous le charme. La statue équestre de Pizarro, dont le visage barbu est à moitié caché par l´ombre projetée par son casque, se dresse devant l´église. De Trujilo à Cacérès en passant par Merida, l´Estramadura dresse des statues à ses conquérants: C´est tout de même un peu troublant quand on sait à quel prix ont été faites ces conquêtes. D´ailleurs mon admiration pour Colomb me gêne aussi un peu, de ce point de vue...
Je me proméne dans la ville à l´heure où tout le monde fait la sieste, tout est calme, c´est paisible. Je fais le tour des petites rues, savoure un fanta sur la plaza Mayor en regardant une dame vendre à deux mamies des tickets de lotterie. Je ne sais pas ce qu´elle fait, mais elle revient trois puis quatre fois les voir, et à chaque fois elle échange tickets contre billets....
En allant régler, un homme au bar me dit : je t´ai vue ce matin, "accampar". Plait-il ? Il m´explique que j´ai vu 2 hommes ce matin, quand je campais. Ah mais oui, c´est l´un des deux gars de ce matin ! On rigole. Il était parti à la pêche avec son ami.
Reposée, je repars pour 40 kms puisque Cacérès est atteignable ce soir. La route est belle et droite, mais avec un peu moins de charme à mes yeux car elle longe en grande partie l´autoroute, Je suis seule sur la nationale puisque toutes les voitures sont sur l´autoroute. J´ai hâte de voir Cacérès. Savoir que Julie y a des souvenirs me plaît. Je l´imagine en voyage avec son père là-bas. Elle a gardé un souvenir emmerveillé de cette ville, je ne doute pas que ca me plaira à moi aussi.




J´apercois tout à coup sur le côté un pré avec des cochons ! Un énorme troupeau de cochons ! Mai alors que je freine doucement, intriguée, voilà un cochon, puis deux, puis trois, puis tout le troupeau qui s´emballe et se met à fuir au galop ! Ben ca alors, moi qui me suis lavée jusqu´aux cheveux ce matin pourtant ! Je n´avais jamais vu un troupeau de cochons au galop !
J´ai repéré l´adresse de l´auberge de jeunesse de Cacérès. Avenida de l´universidad. Cette avenue commence loin et longe le campus universitaire. Ne sachant pas jusqu´où je dois aller, je finis par entrer dans le campus et toque à un bureau pour me renseigner. Très gentimentm un monsieur me donne un plan et me donne l´info. Je repars et m´arrete un kilomètre plus loin.
Une fois installée dans ma chambre - pfff il n´y a pas de cuisine et pas d´ordi ! - je pars me promener et emmène avec moi un sac à dos plein de vêtements à laver. Trop besoin de sentir le frais et le propre. Je grimpe vers les hauteurs de cette villes aux maisons blanches, qui comporte toute une partie ancienne et pavée. La Plaza Mayor est superbe et encore tranquille à cette heure-ci. Dans la ville ancienne, on s´arrête à chaque coin de rue pour admirer les beaux édifices en pierres. On ne sait pas où donner de la tête, tout est beau !
Je décide de ne pas traîner tout de suite et d´aller faire ma lessive. Une fois emballés mes vêtements propres et secs, je retourne me promener. Une statue de Cortès, Et ici, deux statues semblant sortir du Ku Klux Klan. Une vitrine exposant des vêtements et chapeaux de même type... Les rues s´animent peu à peu. Je passe devant la bibliothèque publique. On m´a dit que je pouvais y trouver un ordinateur en accès libre. Mais il faut attendre 17h. Je poursuis ma visite.




Quand arrive 17h, je suis devant la porte de la bibliothèque, comme une quarantaine d´autres personnes. Ensemble, nous attendons 17h05, 17h10... La bibliothèque ouver enfin à 17h15. Décidemment les horaires sont très approximatifs ici !
Je reste une heure, puis repars me promener. La ville est trés animée, les petites rues font le plein dans les bars.
J´ai décidé de manger froid ce soir et dans ma chambre. Il n´y a pas de cuisine, ok je vais en profiter pour me faire une belle salade dont je rêve depuis quelques jours déjà. Ma gamelle est petite, je ne peux tout de même pas faire trop grand. J´achête maïs, tomate, coeurs d´artichaud (pas de salade verte, décidemment trop grosse !) et rentre me régaler ! La dame de l´accueil, qui gère aussi la cafétéria de l´auberge, est décue que je ne leur commande pas un dîner mais pour 16€ la chambre merci mais je préfère ma salade.
Ce soir-là, je décide de prendre les choses en mains, Je consulte le site helpx et envoie deux demandes pour trouver un travail pendant une semaine si possible du côté de Séville. Par contre mes demandes pour Séville sur le site warmshower ne donnent pour l´instant que des réponses négatives. Il faudrait que je lance des pistes du côté de couchsurfing. Pour le woofing, il faut que je trouve le moyen de faire un virement de 20€ mais pas si simple avec La Banque postale, à distance..
Le lendemain samedi, je pars en me disant que je devrais peut-être pouvoir atteindre Merida en fin de journée. Mon parcours me fait repasser par la Plaza Mayor où une batterie fanfare s´apprête à jouer. Je les regarde un moment puis file sans attendre le spectacle. Est-ce le début des festivités de la semaine sainte, qui a lieu la deuxi`me quinzaine de mars ? Je ne le saurai jamais.
Depuis quelques jours mon pneu arrière nécessite que je lui remette un coup de pression au moins tous les deux jours. Rien de grave, mais un peu d´air s´échappe visiblement et si je n´y prête pas garde je peux me retrouver avec un pneu á plat ou suffisamment dégonflé pour me ralentir. Un coup d´air dans une station service et c´est parti !
A un grand rond-point à la sortie de la ville, je ne trouve pas la direction Merida mais celle de Badajoz. Pas sûre de moi, je m´arrête et consulte mon plan de Cacérès. J´entends Ola ! Je lève les yeux et vois un cycliste, qui semble-t-il veut me renseigner.
Je lui demande quelle est la route pour Merida. Il me l´indique et me demande si je parle un peu anglais. Et là j´ouvre enfin les yeux et je m´apercois que ce jeune homme est lui-même un cyclo voyageur ! Il voulait, en fait, me demander si je savais où se trouve le camping de Cacérès !
Sami parle francais, il est belge. Ca fait une éternité que je n´ai pas parlé francais et ca délie ma langue ! Pour une fois que je ne mets pas une heure pour chercher mes mots ou que je n´articule pas trop pour bien me faire comprendre, je me surprends à parler super vite ! Ca n´a pas l´air de le déranger.
Je demande à Sami s´il fait le camino. Oui et non. "En fait je voyage pour parler de Jésus-Christ", me dit-il. Ah zut... Bon. Après tout, chacun son truc ! Fils d´une famille protestante, Sami a 25 ans, Il y a deux ans il est tombé gravement malade. Et pendant sa maladie, il a rencontré Jésus-Christ. Fille d´une famille protestante, j´écoute et partage avec lui mon ressenti sur la religion. Sami parle de Jésus-*Christ mais précise que pour lui on ne le rencontre pas dans les églises. Je l´écoute et suis admirative de sa conviction et de son enthousiasme, bien que le contenu ne me parle pas plus que ca. Pour moi tout ce qui compte c´est qu´il ait cette conviction et ce sourire lumineux. Pour ma part je lui dis que je pars voir ce que pense les autres, ailleurs que chez moi.
On reste bien trois quarts d´heure à discuter, à regarder le plan aussi pour essayer de se situer, à parler de ce qu´on a vu sur la route. Tu devrais aller voir le parc de Monfragüe, lui dis-je, on peut voir des aigles c´est magnifique. "Oh mais moi je ne suis pas là pour les paysages, mon but c´est de parler de Jésus-Christ". Ah bon, alors d´accord.
Sami va au bout de quelque chose visiblement. Handicapé par ses arythmies cardiaques, il fait de toutes petites étapes mais ce qu´il réalise depuis un an en Belgique, France et Espagne, est fort. Même si c´est dans un objectif qui, personnellement, ne me parle pas. .
On se quitte en se souhaitant plein de belles choses. J´ai retenu qu´il a éte 3 ou 4 fois embêté par la Guardia civil en campant à la sauvage, ce qui me renforce dans l´idée de continuer à chercher des coins non-exposés. Par ailleurs, il a lui aussi une tente Hogan Vaude, mais pas la même que la mienne. "Tu vas avoir des surprises, les jours de pluie, la bâche n´est pas super étanche"... Ah bah super nouvelle ! Mince alors. N´ayant pour l´instant eu que de bonnes conditions pour camper, je me dis qu´on verra bien !
La route pour Merida est un boulevard ! Dégagée, et pour la première fois du voyage PLATE. Je file à toute allure ! Le paysage est joli, mais tout de même la proximité de l´autoroute gâche un peu et je prends peu de photos. Un peu plus loin, ce sont des chèvres qui partent en courant à mon approche ! Décidemment... Sami má parlé d´un unique bar que je pourrai trouver sur la route. "Un bar dont je n´ose pas dire le nom... Le péché !"... Ah bah oui, j´ai vu ce bar !
Je m´apercois qu´il me manque une étape. Avant d´arriver à Merida j´ai passé une nuit sous la tente. Mai je crois que ce jour-là la route était assez monotone, et comme je n´ai pas pris de photo et que l´instant présent chasse vite les souvenirs même récents, je ne sais plus. Mais c´était avant d´arriver à Merida. Le coin le moins romantique que j´aie trouvé jusqu´ici. Mais quand j´ai vu se profiler devant moi des champs à perte de vue, j´ai préféré m´arrêter au seul endroit où je pouvais plus ou moins établir un campement, Pas terrible, et j´ai encore eu bien froid. Par contre le matin les 20 kms qu´il me restait pour arriver à Merida ont été super tranquilles et j´ai pu arriver dans la ville en fin de matinée, accueillie par le Pont des miracles.




Merida, où je suis depuis trois jours, car chaque jour m´a apporté son lot de surprises et de rencontres...
17 mars 2015
Depuis 4 jours mon voyage a changé de visage. Je côtoie des pélerins en chemin. Je connais cet état d´esprit, j´aime ca. On n´a pas toujours grand chose à partager les uns avec les autres mais depuis 4 jours j´ai de la chance.
Je me souviens qu´il y a quelques jours encore je commencais à penser que mon voyage me plaisait à tout points de vue, par contre il manquait un peu de rencontres, beaucoup par choix d´ailleurs. Je me disais chaque chose en son temps, ca viendra quand je serai prête pour ca. Le hasard m´a un peu aidée.
Dans l´enfer qu´a été la route aujourd´hui m´est revenue en mémoire l´image de ce pélerin croisé bien avant d´arriver à Merida, je ne sais plus où exactement, juste avant la sortie d´un village morne et sans vie. J´allais le saluer et passer mon chemin quand je l´ai vu lever la main vers moi pour que je m´arrête. Hagard et le visage marqué, il a commencé à me poser une question en espagnol avant de se rendre compte que je n´étais pas la bonne personne pour le renseigner. Il voulait savoir si l´arrêt de bus qui se trouvait en face et auquel je n´avais pas fait attention (un simple panneau au bord de la route) était bien celui de l´autobus qui se rend à Cacérès. Le pauvre, il m´a fait de la peine. Je lui ai dit que je n´en savais rien mais lui ai indiqué où trouver des gens pour le lui confirmer. Il est parti sans dire merci mais franchement je ne lui en ai pas voulu une seconde. Il était ailleurs. Il avait visiblement mal aux pieds.
Je n´ai heureusement pas vécu ce genre d´abattement et mon enfer d´aujourd´hui est très relatif après une bonne douche et une soupe bien chaude !
Mais revenons à Merida.
C´est juste avant d´arriver à Merida que j´ai entendu des coups de feu dans la campagne. Pan-pan.... tiens, des chasseurs de ce côté là-bas apparemment... Pan-pan.... eh oh, ca tire par où en fait ? Au troisième pan-pan je crie : eh oh !!! Je suis là !! ... Ridicule, certes, mais il vaut mieux être sûre. Une centaine de mètres plus loin je comprends que je longe un club de tir sportif. Ah ouf ! J´aime pas bien ca mais je préfère. Je m´arrete pas loin, comme j´aime le faire quand je sais qu´il ne me reste que 2 ou 3 kms avant d´arriver à mon étape du jour, surtout si cette étape est une ville. Il y a plein de trous autour de moi. A un moment, alors que je ne bouge pas et que je baisse les yeux, deux petites oreilles sortent d´un trou. Puis un oeil et un museau à poil, trop mignon ! Et la citadine que je suis s´émerveille de voir un bébé lapin venir me dire bonjour !
Prudent, le lapinou ne sortira pas de son terrier, Drôle d´idée en même temps de construire sa maison à côté d´un champs de tir ! Je reste immobile un long moment en espérant qu´il sorte, mais une mouche qui pique droit sur lui lui fait faire un demi-tour dans son terrier plus rapide que l´éclair.
Je suis prête à entrer en ville, et c´est le pont des miracles qui m´accueille. Le pont tient son nom du fait de son état de conservation paraît-il particulièrement impressionnant.
Je monte jusquà l´office du tourisme, où la dame est ravie de pratiquer les 3 mots de francais dont elle se souvient ! Elel m´indique l´auberge des pélerins. Ah, oui mais moi je n´ai pas de credential et je ne sais pas s´ils m´accepteront, du coup. Par prudence, je prends l´adresse de l´hostal le plus économique. Je prends la calle Sainte Eulalie qui descend vers la place principale (Mayor, c´est bien ca...). Très vite je dois descendre de vélo car la rue puis la place sont blindées. C´est la fête aujourd´hui apparemment ! Je pense que c´est pour la semaine sainte, probablement. Toutes les terrasses des cafés sont pleines. Mignonne place, et j´apprécie de voir toujours plus de détails et décorations d´inspiration arabe.
Je passe la place et prends la petite rue étroite qui doit déboucher sur le fleuve. Une ferrari vient en sens inverse. Je suis obligée de me garer sur le côté pour la laisser passer. Une autre arrive, puis 2, 3, 4.. un cortège de ferrari noires, rouges, jaunes, défile sous mes yeux. Tiens, il doit y avoir une manifestation de collectionneurs. Bon, moi et les voitures ca fait 12, je continue ma route. Au passage, je retrouve Romulus et Rémus nourris par la louve. Merida, Emerita Augusta, est le lieu de résidence offert par l´empereur romain aux soldats méritants de deux de ses légions. La référence à Rome est partout présente.
Je longe le fleuve et arrive au Moulin du pain chaud, El Molino de pancaliente. C´est le charmant nom de l´auberge. Il n´y a personne. Je ressors et attends. Une jeune fille métisse d´environ 14 - 15 ans arrive. Tiens, une black ici ? C´est bien la première fois que je vois une pélerine noire. Je parie qu´elle est francaise, mais je ne lui adresse pas la parole.
En fait je ne me sens pas à l´aise, Pas à ma place. Je ne suis pas une pélerine. Oui je fais la ruta de la plata, mais pas comme eux la font. Je me sens comme une usurpatrice. Il y a un numéro de téléphone pour appeler l´hospitalière. Au lieu d´appeler, je remonte en selle et file vers l´hostal qui se trouve deux rues plus loin.
Un jeune homme m´accueille et m´installe, pour 26€, Ouille ! Mon porte-monnaie souffre. Mais je suis bien installée, j´ai un petit balcon qui donne sur la rue calme. Je lave mes sous-vêtements et les étends dehors, me connecte á internet et envoie des propositions de skype pour le soir à ma mère et Julie B, espérant qu´elles voient le message avant la soirée. Et hop, c´est parti pour un petit tour en ville. Il y a de quoi voir, ici ! Un amphithéâtre et le théâtre romain le mieux conservé d´Europe (on y donne des représentations encore aujourd´hui, ca doit être grandiose !), le cirque romain le plus long qui existe, un temple de Diane, l´arc de Trajan, des murailles, des ruines de maisons romaines, etc. Je me dirige vers le théâtre. Je pense visiter d´ici la fin de la journée et repartir demain matin. Aïe, le théâtre est fermé, et l´entrée coûte 12€ ! Mince, c´est cher. Pas envie de dépenser tout ca pour ca....
Oui mais ce serait complètement idiot d´être là et de ne pas aller voir le théâtre le mieux conservé d´Europe, tout de même. Bon, allez je ferai la visite demain matin avant de partir.
J´erre au hasard des petites rues animées et retrouve encore plus de monde sur la plaza Mayor. Mais cette fois je comprends pourquoi. Toutes les Ferrari sont là, ainsi que des motos - mais comme je m´intéresse encore mois aux motos qu´aux voitures je ne sais plus quelles marques étaient représentées. Un barman roumain installé en Espagne depuis 5 ans m´expliquera le lendemain qu´il ne connaît pas l´origine de cette manifestation mais qu´elle a lieu chaque année. Jusqu´à la tombée de la nuit je me promène puis rentre vers 20h30 mais avec peu d´espoir pour la session skype car personne ne m´a répondu. Tant pis, il faudra que je prévienne plus tôt la prochaine fois.
Aujourd´hui je réalise qu´à cette date, mes parents étaient peut-être déjà en route pour leurs vacances en Italie...
Après une bonne nuit de sommeil dans un bon lit, je me mets en route avec tout mon chargement à 9h30. Je monte directement vers le site où je compte visiter l´amphithéâtre et le théâtre. Les gardes, galants, mettent mon vélo chargé à l´intérieur du site et me disent qu´ils l´auront à l´oeil, pas besoin de l´attacher. Ok super, merci les gars !
Je vois arriver à la caisse un jeune homme en vélo, chargé lui aussi de sacoches. Sur son guidon, une fausse plaque d´immatriculation indique "Franck" et la lettre D. Oh ! Hello Frank, you´re german ? Raté, il est espagnol en fait ! Frank arrive de Marrakech et remonte la Ruta de la plata jusqu´à Burgos pour rentrer chez lui. Ah bah tiens, le Maroc... Je lui dis que justement j´ai l´intention d´y aller, comment s´est passé son voyage ? Super bien. Bon évidemment moi je suis un homme, précise-t-il, donc je ne sais pas si pour une femme ca peut être moins cool, mais en tout cas il m´assure que les gens sont adorables et très hospitaliers. Dans les grandes villes il faut s´attendre à être un peu harcelés par les enfants et les adultes, et les gens conduisent comme des fous, mais sinon il a adoré son périple là-bas.




Frank range lui aussi son vélo à l´intérieur du site. Comme Sami avant lui, il me dit que je suis la première femme cyclo-trotteuse qu´il rencontre. Ah bon ? Moi qui ai pourtant lu que plein de femmes font ca chaque année... Elles sont où cette année ?
Frank regarde sa montre, il a l´air assez pressé. Il veut être à Cacérès ce soir. 80 kms. Et il est déjà 9h45. On se salue et chacun part dans un sens différent visiter l´amphithéâtre et le théâtre. Je ne regrette pas mes 12€. D´abord j´ai compris que c´est un billet unique pour l´ensemble des sites à visiter. Ensuite, c´est splendide. Le site est vraiment préservé et on peut se représenter à loisirs quel chemin suivaient les femmes et les hommes pour se rendre dans ces lieux, comment s´organisait la vie publique et les préparatifs des spectacles ou des combats dans l´arène. Je descends dans la fosse, ca me fait toujours quelque chose de réaliser que là où je me tiens, des hommes sont morts dans des combats qu´on appelait "jeux". Tués par autres hommes ou déchiquetés par des animaux.
Le théâtre est majeustueux. Beaucoup de détails sont conservés, on s´y croirait. Ca doit être exceptionnel s´assister à une représentation ici ! Je croise Frank, on s´immortalise dans cette enceinte incroyable avec nos appareils photos respectifs. Il se tord moitié couché par terre pour me prendre moi, je me demande ce que ca va donner...
On se re-salue, il dit qu´il va filer, il a de la route. En repassant devant l´amphithéâtre pour sortir, je vois des garcons s´échauffer pour ce qui sera peut-être un spectacle de lutte. Des boucliers, casques et diverses armes de gladiateur sont étalés par terre...
Finalement je retrouve Frank une fois de plus à l´entrée, en train de boucler ses affaires.
Tu vas au cirque romain ? Moi aussi ! Allez on se suit ! Et nous voilà partis au cirque romain. On se trompe une fois, deux fois (c´est rassurant qu´un espagnol se perde lui aussi !) et voilà le cirque devant nous, immense en effet ! Au moment d´entrer, Frank cherche partout son ticket. "Je perds tout !"" me dit-il. Un jour il a quitté l´auberge au petit matin, et roulé 35kms avant de s´apercevoir qu´il avait oublié sa ceinture (contenant passeport, carte de crédit, etc) à l´auberge... Et bien étrangement, ca me rassure de voir que des gens comme ca existent, et que ca ne les empêchent pas de voyager....
Après avoir admiré le cirque, on se met à discuter de nos destinations respectives. "Tu dors où ?" me demande-t-il. Auberges de jeunesse, hostals, pensiones, ca dépend de ce que je trouve. "Tu devrais aller dans les accueil de pélerins, c´´est bien moins cher". Mais je n´ai pas de credential, Tu peux l´acheter dans les auberges, la plupart du temps. Il vérifie sur son téléphone (après l´avoir cherché partout parce qu´il ne le trouvait plus), et m´annonce que je peux par exemple l´acheter à Merida. Je lui explique que je suis passée au Moulin du pain chaud hier, mais que je n´ai pas osé rester. Frank m´incite à ne pas me poser de question. Bon ok. Il me donne des tuyaux sur des sites internet pour trouver les informations sur les hébergements sur le chemin. On reste bien trois quarts d´´heure à discuter.
Ma décision est prise, je ne partirai pas aujourd´hui. Je vais aller au Molino, acheter une credential et ne partir que demain.
Frank s´apercoit qu´il est tard, il faut qu´il file. Je lui dis que moi je reste. Après moultes remerciements, on se souhaite buen camino tous les deux, il s´éloigne dans un sens et moi dans l´autre. Je reviens sur mes pas et retourne au Molino.




Toujours personne à l´accueil. Cette fois j´appelle, L´hospitalière me dit qu´elle arrive dans une minute. J´achète ma credential et m´installe dans l´unique dortoir. Plusieurs personnes sont déjà arrivées, d´après les lits occupés et les sacs posés à terre.
Je pars avec un pique-nique, je vais fêter mon 1er mois de voyage avec foie gras et rhum sur les bords du fleuve près du pont romain. Puis je vais en centre ville et me pose un long moment pour bouquiner sur la Plaza Mayor.
Je tente de trouver une connexion wifi. Je tourne longtemps, trouve deux cafés qui annoncent Wifi gratis mais manque de chance, mon téléphone ne veut pas se connecter. Bon, je discute avec le barman roumain très sympa. Au détour de la conversation, alors que je lui dis que je cherche une connexion, il m´indique le seul "internet center" de la ville, juste à 50 mètres. J´y vais et me remets sur le blog.
A 20h je coupe et rentre vite à l´auberge car l´expérience m´a appris qu´un pélerin se couche tôt. Je n´ai pas pris ma lampe de poche, je ne veux pas réveiller tout le monde en rentrant.
Quand j´arrive, la lumière du dortoir est allumée.
Un allemand est là. Parti de Malaga, il est content de rencontrer des pélerins. Ca fait deux semaines et demi qu´il voyage seul.
Une femme arrive que j´identifie tout de suite comme étant francaise, vite suivie de la métisse que j´ai vue hier. Cette fois on se présente.
Et je suis bien contente moi aussi d´avoir de la compagnie ! Et de parler francais !
La femme, dont j´ai oublié le prénom, accompagne la jeune Fannylou pour un parcours de 1800 kms. Elles vont jusqu´à Santiago, puis remonte par le chemin francais à l´envers. Petite à petit j´apprendrai que ce chemin revêt pour elles une signification particulière. La femme travaille pour une association qui participe à la réinsertion de jeunes qui connaissent des parcours de vie difficile et ont eu des condamnations, voire ont fait de la prison. Je ne sais pas quel est l´histoire de Fannylou, mais un juge a autorisé qu´elle connaisse cette expérience.
Pour elle comme pour son accompagnatrice, c´est une première. Aucune des deux n´a jamais fait ca. Il va leur falloir apprendre la marche, et en plus la marche à deux. Elles ont l´air de trouver leur rythme et leur mode de vie petit à petit. En tout cas toutes deux semblent contentes de ce qu´elles sont en train de vivre.
Pendant qu´on discute, arrive une troisième jeune femme, qui spontanément me salue, se présente et me fait la bise. Océane marche depuis Séville. Partie seule, elle a rencontré en chemin un petit groupe avec lequel ils se suivent depuis quelques jours. Allemand, belge, italiens. La grand-mère d´Océane est une baroudeuse et connaît tout des chemins de Saint Jacques.
Avec Océane, l´affinité se crée tout de suite. Spontanée, nature, bavarde, curieuse, sa compagnie est super agréable.
On papote longuement, toutes les quatre. La conversation est tellement fluide, ca me fait un bien fou. La marche rend les gens détendus et leur fait baisser la garde, c´est un vrai bonheur. On échange des conseils, des avis. Je discute longuement avec Océane, avec qui je me découvre des points communs, On échange les titres de nos livres phares.
Je suis presque couchée lorsque les deux italiens et le belge rentrent à leur tour, Gais lurons, ils ont l´air de joyeux drilles ! Ca discute et ca rigole encore un moment avec Océane et les garcons, puis tout le monde s´endort.
Le lendemain, sans se presser, toute la troupe se réveille et fait ses bagages. Je suis la moins pressée. Quand je marche, j´aime être la première partie. Là j´ai envie d´être la dernière. Océane a une douleur au dos depuis deux ou trois jours qui l´a forcée à prendre du repos. Elle a fait les deux dernières étapes en bus. Menacée d´une sciatique, elle doit encore se ménager aujourd´hui et compte prendre le bus de 13h. Elle regarde tour à tour partir ses amis, qu´elle compte retrouver le soir, sans doute, peut-être, ca n´a pas l´air tout à fait décidé. Elle ronge son frein de voir les marcheurs se préparer et disparaître sur le chemin.
Je finis par être prête à mon tour. Je regrette un peu de partir si vite, mais enfin il faut bien y aller et je sais bien que le chemin est fait de rencontres éphémères. Un dernier bisou et c´est parti ! Je longe le fleuve pour passer sur le pont romain. Très vite je sens un truc qui cloche. C´est tout mou sous ma selle, Je regarde mon pneu arrière : il est aux 3/4 dégonflé. Ah bah super, bonne idée dès le matin ! Je demande à un employé municipal chargé de l´entretien du parc où se trouve la station d´essence la plus proche. Je traverse le pont et monte une longue rue pour arriver à Carrefour. Je commence à gonfler le pneu, mais je ne comprends pas, ca se gonfle et se dégonfle tout de suite. C´est quoi ce bazard ? Je crois à un dysfonctionnement de la pompe avant de prendre conscience que non, c´est probablement mon pneu qui a un problème. Bon.
Je me pousse sur le côté et c´est parti pour tout décharger, retourner le vélo, enlever la chambre à air et remettre une autre, la deuxième déjà raffistolée avec une rustine. Je gonfle, c´est bon ! J´ai perdu un temps fou et j´ai eu trop de mal à remettre le pneu à mains nues comme c´est recommandé, j´ai fini par utiliser un outil au risque de percer la chambre à air.
Allez go cette fois on y va ! Ah mais je suis à Carrefour, c´est le moment d´aller acheter du chaterton, j´en ai besoin pour réparer mon rétroviseur gauche qui a souffert des chutes du vélo dans les deux premières semaines. Une demi heure plus tard, je suis enfin parée pour partir,
Je trouve la nationale 630, m´assure d´être dans la bonne direction et m´y engage. 500 mètres plus loin j´apercois une cafeteria. J´ai les mains super sales après mes réparations, je décide de me poser prendre un café et me laver les mains et là ce sera parti pour de bon.
Mais quand je remonte sur mon vélo 20 minutes plus tard, je constate tout de suite que mon pneu est à nouveau à plat !! Je ne comprends pas.... Décidemment je ne suis pas douée.
Je n´ai pas tergiversé. Je sors mon téléphone et envoie un texto à Océane : Sûre de partir tout à l´heure ? En tout cas moi après deux crevaisons je reviens, besoin de faire des réparations.
Océane a raté son bus, le prochain est à 16h15. Super ! Je redescends à pied tout le trajet que j´ai fait en vélo.
Le Molin est fermé mais c´est pas grave, il fait tr`s chaud et je m´installe devant pour commencer mes réparations. Océane, qui etait posée dans un parc, revient un peu plus tard, On est contentes de se revoir. On passe la journée ensemble jusqu`au départ de son bus. J´examine les deux chambres à air qui m´ont lachée, cherche les trous, les repère, et répare. J´en profite pour laver le vélo de la poussière et des saletés accumulées, et pour regraisser la chaine. Vient le moment critique où il faut remonter le pneu et le fixer sur la jante dans les règles de l´art. C´est pas possible je n´en ai pas la force ! Océane m´aide et s´en sort un peu mieux que moi, mais la fin est trop dure. Fou rire... Mince alors, ca m´agace de ne pas y arriver ! Si d´autres femmes se baladent en vélo et y arrivent, pourquoi pas moi ? Il est vrai que j´ai peu de force dans la main droite même si par bonheur depuis 3 jours ca va beaucoup mieux, je sens un vrai beau progrès.
Je finis par abandonner et prendre l´outil interdit. On est en sueur ! L´hospitalier est arrivé, je m´installe, on se change et on part pique-niquer. Océane a deux bières, c´est la fête !


On ne se connaît pas depuis 24 heures, pourtant on va échanger sur des choses très personnelles. Evoquer des projets, partager des visions de la vie ou des questionnements. Lorsque le bus d´Océane aura disparu de ma vue, je lui écrirai : c´est pour des moments comme ca que je suis partie.
Ephémère ? Qui sait. Peut-être que oui, peut-être que non, ce n´est pas ca l´important. Ce qui compte, c´est que tout ce qui s´est dit et a étñe vécu pendant ces moments-là était vrai. L´avenir, on ne le maîtrise pas, surtout dans ce genre de voyage, à pied ou en vélo.
J´accompagne Océane à la station de bus et la quitte avec le sourire, sûre qu´on restera en contact, et curieuse de savoir ce que deviendront les idées et les rêves échangés, Une chose est sûre, je suis contente d´avoir rencontré frank, contente d´avoir choisi de prendre une credential et de rester ici hier, et contente d´avoir crevé deux fois ce matin.
Alors que je retraverse le pont pour retourner dans le centre ville, le téléphone sonne. Pensant que c´est Océane, je décroche - c´´est idiot car son nom se serait affiché, et non pas un téléphone inconnu ! Quelle suprise d´entendre Daniel Bach à cet instant sous ce soleil d´été ! Je ne m´y attendais pas du tout ! Je te dérange ? Non non, mais je suis á l´étranger. Le message de Daniel tient en trois mots : il a appris que j´avais quitté la fédé, il m´exprime des choses extrêmement gentilles à propos de notre collaboration professionnelle, me souhaite tout le bien possible pour ce voyage et me rappelle que si j´ai besoin de quoi que ce soit....
Je suis scotchée. Cette gentillesse me renvoie à tout ce que j´ai recu dans ce milieu professionnel qui a été le mien pendant 8 ans, et particulièrement aux trois derniers mois. Là, sur ce pont, sous ce soleil éclatant, j´ai un sourire jusqu´aux oreilles, je me sens privilégiée, gâtée, chanceuse, je n´oublie aucun mot, aucun geste qui m´a été adressé. Je suis portée par tout ca, toute cette énergie est encore intacte et me gonfle d´envie d´avancer. J´ai les sourires de tous dans la tête.
Je rentre sur un nuage vers le centre ville...
Je cherche longtemps la rue de l´internet center, que je n´ai pas mémorisée hier puisque je ne pensais pas revenir.
Quand je rentre à l´auberge le soir à 22h cette fois, toutes les lumières sont éteintes. Cette fois les pélerins sont majoritairement allemands ! Je me couche en me préparant mentalement à partir le lendemain pour encore une autre ambiance, une autre route.
Effectivement ce sera tout à fait auter chose, mais alors pas du tout comme je l´envisageais !
20 mars 2015
Au réveil, je m´apercois que le lit qui est á ma droite n´est plus vide, alors qu´il l´était lorsque je me suis couchée.
Je vais me doucher. Les allemands, bien sûr, se sont levés tôt et sont sur le départ. Je prépare mes affaires tranquilou quand je me rappelle que je n´ai pas vérifié en rentrant hier soir, comme je pensais le faire, si le pneu que nous avons regonflé de toutes nos forces avec Océane est toujours bien sous pression. Je tâte. Et zut, il a perdu beaucoup d´air ! Il n´est pas à plat, mais pas du tout aussi gonflé qu´hier après-midi ! Je ne comprends pas. Contrariée, je me dis qu´il va falloir que j´aille voir un magasin et que je me fasse expliquer ce qui ne va pas. Pourtant j´ai tout bien inspecté hier, je jurerais qu´il n´y a rien dans le pneu, et j´ai passé centimètre par centimètre les deux chambres à air dans l´eau, et mis des rustines là où les bulles apparaissaient.. Pourquoi est-ce que je ne m´en sors pas ??
Sans me presser, je finis de ranger mes sacs. Je vais partir avec tout le matériel, chercher un réparateur, et on verra bien, quand je serai fixée, ce qu´il conviendra de faire. Avancer, ou rester.
Je me fais un thé au micro onde.. En arrivant ici, les pélerins sont surpris qu´il n´y ait pas de cuisine. Le fait est que c´est nul, on fait comment pour manger dans ces cas-là ? Surtout que le gîte est tout de même un peu en dehors du centre ville. Manger chaud revêt une importance énorme quand on marche !
Quand je reviens dans la cuisine pour laver mon verre, un homme que je n´avais pas encore vu est là, buvant son café et mangeant un pain au chocolat. On se présente. Sigitas est lituanien, et rudement content d´être là ! Du moins c´est comme ca que j´interprête son débit de paroles enthousiastes et chaleureuses ! Il est en forme ! Pourtant il n´a pas beaucoup dormi, puisqu´´il est arrivé à 2h du matin. Il vient de Valencia où il a passé quelques jours pour son travail. Arrivé en train, on lui a dit à la gare d´aller voir si le gîte était ouvert, et de revenir s´il ne l´était pas. Normalement la gare ferme entre 1h et 6h du matin mais exceptionnellement il lui aurait ouvert s´il avait trouvé porte close.
Normalement l´hospitalier laisse la clef de la porte du gîte sous un caillou en bas de la porte. Les allemands couche-tôt avaient choisi, hier soir, de laisser la porte entrebaillée. Ne sachant pas si c´était uniquement à mon intention, j´avais décidé de faire pareil. Sigitas a eu de la chance. Car il faut tout de même bien 20 - 25 mn pour aller du gîte á la gare.
Il me dit que Sigitas doit être l´équivalent de Simon ou Sigmund, sans doute. Il vit en LItuanie mais il travaille en Ukraine. Tout en me proposant un pain au chocolat, et alors que je viens de lui dire que j´aimerais aller dans les pays d´Europe du Nord, il m´explique les tensions qu´il y a entre lituaniens, russes, et ukrainiens. D´après lui, jusqu´à une époque, la Lituanie était très puissante et a bâti de nombreux édifices dans des régions qui aujourd´hui sont russes ou ukrainiennes. Il exprime une frustration des lituaniens à se sentir dépossédés de leurs chefs d´oeuvres architecturaux.
Sigitas connaît tous les pays d´Europe du Nord, il voyage beaucoup.
Il veut me faire un "real coffee" avec un appareil top, une résistance qui se branche sur secteur et qui se plonge dans l´eau avec un peu de café. Ca fait bouillir l´eau, et l´affaire est jouée ! Pratique, léger et peu encombrant. Je décline la proposition, pourtant il aurait vraiment voulu me montrer à quel point ca fait du bon café - "bon - ajoute-t-il - je sais que c´est une addiction mais moi le matin il me faut un café !"
Il me fait rire. Il parle fort, il démarre sa marche aujourd´hui, il est très jovial et franchement sympathique. Je lui dis que je vais chercher un réparateur pour mon vélo, et le voilà qui repose aussitôt son sac à peine mis sur son dos, pour regarder mon pneu, au cas où il pourrait m´aider. C´est vrai quoi, we are "brothers of the Camino !" n´est-ce pas ?"! Il regarde, et me fait remarquer que je n´ai pas remis le bouchon de la valve. Il jette un oeil à ma pompe et me conseille de la graisser. Mais il faut, paraît-il, une graisse particulière, noire. Ahlala, il a l´air très embêté de ne pas pouvoir faire plus pour moi. Bon au moins il regonfle le pneu au max de ses possibilités, ce sera toujours plus facile de rouler comme ca.
On s´embrasse, on se souhaite buen camino et on se dit au revoir avec de grands sourires.
Je suis la dernière à partir, sans enthousiasme, en poussant mon vélo, décidée à chercher un réparateur, et cogitant en même temps.
Eh quoi, à chaque fois que je vais avoir un pépin avec le vélo je vais courir payer un réparateur ? En d´autres temps, j´étais bien obligée de me débrouiller. Je ne me trouve pas franchement persévérante... Et si chaque fois je cours chez un réparateur, je ne risque pas d´apprendre à me débrouiller. Alors pourquoi est-ce que je ne m´arrête pas, là tout de suite, pour décharger, retourner le vélo, et perdre du temps mais trouver ce satané problème et le résoudre moi-même ? ...
Je me pose mille questions en traversant le pont pour aller du côté de la ville nouvelle, où j´espère trouver un réparateur tout en me mettant dans la direction par où je dois partir ensuite.
Un monsieur en vélo approche. Ses cheveux sont masqués par une cagoule, mais une jolie moustache et des joues rebondies me donnent envie de l´appeler. Je lui dis que je cherche un Décathlon ou un "shop, para reparar mi bicicleta". Il me demande pourquoi. Je lui explique par des mimes et des onomatopées qu´hier deux fois pshiiitt, alors cambiare 2 fois mais esta magnana encore une fois pshiittt alors bon. Il gare son vélo et me dit qu´il va jeter un coup d´oeil. Il le jette, revient à son vélo, sort de sa sacoche 2 bouchons de valve, en visse un sur la valve de mon pneu arrière et me donne l´autre. Il m´explique que sans valve, l´air s´échappe. Mouais, moi je veux bien qu´un peu d´air s´échappe, mais de là à ce que le `pneu soit à moitié dégonflé... Bon. Je dis super merci beaucoup ! On se sépare avec de grands sourires, mais je suis très dubitative.
Ceci dit, cela me détermine à tenter de partir quand même. Ok on verra bien ! Je grimpe à nouveau jusqu´à la station Carrefour, regonfle à bloc, et cette fois c´est vraiment parti ! On verra bien jusqu´où.
Me voilà à nouveau en route. Où serai-je ce soir ? Aucune idée. Ca fait longtemps que je n´ai pas campé. Je ne sais pas si je peux atteindre Fuente dos Campos. Si je n´avais pas été retardée... Et l´étape d´avant me paraît trop proche par contre. Je voudrais avvancer un peu tout de même. Bon ben on verra, au besoin, je camperai.
Le paysage n´est pas bien terrible, du moins trop près de l´autoroute à mon goût. Oulala, je le sens que je n´ai pas roulé depuis 3 jours ! Mes jambes sont rouillées. Bientôt, je sens quelques petites gouttes de pluie. Allons bon, j´avais oublié qu´il pouvait pleuvoir ! Je ne suis pas du tout habillée pour, rien ne l´annoncait. Je récupère ma veste imperméable et décide de ne pas mettre les surchaussures ni le surpantalon qui sont bien rangés au fond des sacoches. Allez go ! Je roule donc sous une pluie fine mais pas bien méchante pendant quelques kilomètres. Mes jambes se chauffent, je ne sens pas trop l´humidité sur mon cycliste, tout va bien. Je file, j´avance. Je suis finalement assez rapidement à Almendralejo, qui se situe à peu près à la moitié du parcours que je voulais faire aujourd´hui. La pluie redouble depusi un petit moment. Avant de sortir de la ville, je stoppe devant un café. Mal dia para la bici ! Me dit un gars au comptoir. Tu peux l´dire ! Ca commence à ruisseler de partout, tout de même. Ce serait bien que ca s´arrête mais le plafond gris uniforme ne laisse pas du tout espérer un retour du soleil aujourd´hui. C´est rare ici, continue le gars, mais de temps en temps il faut bien. Je prends le temps de boire mon café tranquille. Ce qui m´inquiète plus, c´´est de savoir si je vais trouver un coin sympa pour pique-niquer si la pluis ne s´arrête pas. Bon, on verra ! En route.
Ca empire. Le vent se lève, manquait plus qu´ca ! Je commence sèrieusement à regretter de ne pas avoir mis mes vêtements pour la pluie. Tant pis. Le casque ne me protège plus vraiment le visage, les gouttes filtrent et me tombent sur les yeux, le nez, ca chatouille et m´oblige à lâcher le guidon pour m´essuyer les yeux. Bon, je n´irai pas comme ca jusqu´à Fuente. Je pense que je vais m´´arrêter à Zafra. "Quoi ? Alors dès qu´il pleut un peu tu t´arrêtes ? Bah tu vas pas aller bien loin dans ce cas..." Mais elle m´énerve cette petite voix qui me casse les pieds aujourd´hui ! Ben oui il pleut c´est pas agréable, je ne sais pas si je peux arriver à Fuente ce soir et je n´ai pas envie de tester ce soir les qualités waterproof de ma tente. J´ai beau être convaincue de faire le bon choix, les questions restent, la petite voix se tait mais me jette des regards en coin je le sens.
Une station essence me semble abandonnée là-haut au bout de la côte, au milieu de rien. "Station Low cost". J´aurais aimé qu´elle soit ouverte, je n´aurais rien contre un café pour me réchauffer. Au pire je vais m´arrêter et m´´abriter 5 minutes.
Je découvre avec plaisir qu´en fait c´est ouvert ! Je gare le vélo, une petite dame me fait signe d´entrer. Je suis accueillie par deux chiens qui ressemblent comme deux gouttes d´eau à ceux d´´Elizabeth, à la fédé ! La femelle a les mêmes noeuds-noeuds dans les cheveux ! Trop mignons ! Enfin le mâle en tout cas, tout timide mais réclamant des câlins, alors que la femelle pérore, nous casse les oreilles, engueule son compagnon puis nous laisse enfin tranquille en disparaissant derrière la porte "privé".
Que c´est triste, cette vie de pompiste toute seule au beau milieu du désert intersidéral de l´Estramadurra, pour une femme qui a l´air pourtant si vivante et gentille ! Mais qu´est-ce qu´elle fait là ?
"Mal dia para la bici" - Oui j´en conviens ! Lorsqu´elle apprend que je suis francaise, elle s´émerveille : J´ai étudié le francais pendant deux ans en France. Ah, formidable, et où donc ? Elle réveille sa mémoire, car c´est très très vieux tout ca.... 60 kms de Paris:... Do you know Garges les Gonesses ? Euh... Oui....
L´oeil aux aguêt - il ne faudrait pas qu´elle rate l´arrivée d´un client qui s´impatienterait - elle s´anime en essayant de me raconter ses jeunes années en France. Cette dame chaleureuse me plaît. Je prends un café à la machine. J´ai enlevé ma veste Gore tex. Un client arrive, la dame se pécipite dehors, Je retiens le petit chien et le caresse pendant ce temps-là. Evidemment sa compagne réapparaît et vient demander son lot de bisous elle aussi. A côté de la caisse, un bruit attire mon attention. Au-dessus de sa cage, un genre de perroquet gris marche en crabe pour descendre, l´oeil tourné vers moi. L´oiseau est libre mais ne doit sans doute pas savoir voler. Sa cage est ouverte et elle (car c´´est une femelle) se balade tout autour mais elle ne s´envole pas dans la boutique. Elle parle, également, Une nouvelle fois où sa maitresse sort pour servir un client, j´entends des mots mais trop faiblement pour comprendre - surtout si c´est de l´espagnol.
Ca fait bien 25 minutes que je suis là. Je remets ma veste. "Vous ne restez pas ?" me demande la dame. Je repose ma veste et lui achète un paquet de bonbons, et on continue à discuter. On ne voit pas grand chose dehors. La télé insipide espagnole nous propose quelques chansons mielleuses. J´apprends à dire la pluie, le couvercle, la poubelle... Bonm au bout d´un moment je lui dis que ca ne va pas s´arrêter, et que j´ai de la route. On se serre la main chaleureusement, j´ai beaucoup aimé cette petite pause. Et je retourne sous la puie. Zafra n´est plus très loin.
Mes chaussures font floc floc. Je sens de l´eau dans mes chaussettes. Je décide de mettre de la musique dans mes oreilles, histoire de penser à autre chose ! Le vent m´envoie des verres d´eau dans la figure, je bois l´eau qui glisse sur mes lèvres. Les voitures et le camions qui passent à côté de moi ou viennent d´en face me postillonnent dessus, je cache ma tête à chaque fois ! C´est la bérézina. Dans mes oreilles, Celine Dion chante cete chanson que Mag (Hars) m´a envoyée et qui m´émeut à chaque fois. Les paroles sont fortes, dès que je l´entends je pense à mes parents, à ma famille, mes amis, tous ceux qui croient en moi et qui m´´accompagnent depuis longtemps. .
Là sous cette pluie battante, avec le sentiment que de toute facon je n´en sortirai pas avec un centimètre carré préservé de l´´humidité aujourd´hui, c´est clair, je me fais un petit délire toute seule dans ma tête. Ca commence par les larmes qui coulent toutes seules en écoutant Céline chanter avec les tenors, et en pensant très fort à papa et maman, qui toujours m´ont suivie dans mes choix - pourtant tellement aux antipodes de ce qu´ils auraient souhaité pour moi. Je pense à tous ceux dont la confiance m´a fait grandir et ca me fait pleurer. Je sens une immense reconnaissance pour tout ce que j´ai recu et là, bêtement, au milieu de rien et protégée de la vue des voitures par la pluie qui tombe à flots, je peux pleurer tranquille.et sans chercher à retenir cette émotion.
Lorsque Chawki enchaîne derrière, alors là le délire se poursuit puissance 1000 ! Je connais dorénavant les paroles par coeur. Personne ne peut m´entendre de toute facon, alors je me mets à chanter aussi fort que possible. Que c´est bon ! Toutes ces images qui me reviennent en tête avec cette chanson. Et ces paroles qui toujours me semblent tellement coller à ce que je vis !
Tout délire a une fin. Une longue côte qui s´annonce devant moi m´enlève mon sourire. Une station essence sur ma droite m´offre l´occasion de m´abriter dehors dans l´espace de lavage des voitures. Comment vais-je fare sécher mes chaussures ce soir ? Ca va prendre des heures ! Et puis à partir de maintenant la route monte, c´est tout de suite moins réjouissant. Dès que vous voyez la destination Los Santos de Maimona vous prenez à droite et c´´est toujours tout droit - m´avait dit la dame de la station essence, mais elle me l´a dit comme si c´était à 3 minutes d´ici, Je n´en vois pas le bout.
Allez il faut bien remonter sur le vélo et repartir sous la pluie. Je vois enfin des maisons ! Raté, Zafra est annoncée encore à 5 kms, apr la route qui monte.
Lorsque j´arrive enfin, il n´y a pas grand monde dans les rues. La ville a l´air mimi, dommage que je n´ai pas le loisir de prendre mon temps pour la regarder mieux. Sur une petite place je gare le vélo sous les arcades et entre dans un café pour demander mon chemin. Je connais l´adresse mais je ne sais pas où est la rue. Trois femmes prennent bien 6 minutes pour se mettre d´accord entre elles, chacune ayant son idée sur la meilleure facon de se rendre à l´auberge des pèlerins.
Lorsque l´hospitalière m´ouvre la grande porte en bois du couvent Saint Francois, elle pousse un cri de surprise auquel je réponds par un cri de joie : "estoy muy contenta de estar aqui !!" Je suis trempée, mais bien contente. Je vais avoir un lit, je vais pouvoir manger, sécher mes affaires, et l´endroit est très sympa - même si j´ignore encore à ce moment-là que pour ce qui est de sécher et de se réchauffer, c´est pas gagné.



21 mars 2015
D´humeur pas terrible aujourd´hui.
Je ne suis pas en forme, il pleut depuis la fin de la matinée, je me pose un tas de questions, j´ai du mal à m´habituer à la foule, les groupes de touristes qui vous bousculent pour tout photographier - y compris les panneaux explicatifs - m´ont un peu gâché le plaisir de me promener dans l´Alcazar tranquille...
Je crois bien que c´est mon premier jour "bof" depuis le départ.
Je suis en Espagne depuis plus d´un mois, j´ai envie de changer. Je ne suis plus si sûre de vouloir aller à Grenade. Après tout, j´aurais l´occasion d´y revenir plus tard. Non, pas envie de passer encore deux semaines en Espagne. Sauf à recevoir des réponses positives à mes demandes de jobs ponctuels.

Juste avant d´arriver à Guiljena, où j´ai dormi avant-hier, veille de mon arrivée à Séville, j´ai croisé deux jeunes en vélo. Lui hongrois, elle italienne. Marty et Raquele. Chargés de sacoches, de sacs à dos et d´un panier pour le chien qu´ils emmènent avec eux, ils partaient travailler dans une ferme à Cacérès. Ils m´ont donné l´adresse du site avec lequel ils trouvent ce type d´opportunité. Workaway. Je me suis inscrite hier, j´ai envoyé une demande pour un projet qui se met en place dans un parc national près de Cadix. J´en enverrai d´autres tout à l´heure.
J´avais tellement hâte de découvrir Séville. Je suis contente. Mais en même temps, arriver ici, c´était aussi commencer à passer à autre chose. Et puis je viens d´enchaîner 5 jours en mode "Camino de Santiago", il faut que la transition se fasse. Le fait d´être seule ici au milieu de cette foule cosmopolite m´a fait rebasculer en mode "touriste", et quelque chose ne va pas là-dedans.
Je suis donc retranchée dans ma solitude depuis ce matin. J´ai été visiter l´Alcazar, et puis je comptais aller me balader mais la pluie torrentielle m´a fait entrer dans un café où j´ai lu pas mal de chapîtres du guide du Maroc que j´ai téléchargé. Je commence à me projeter.

Et puis je me suis apercu hier soir, grâce à un texto, que j´ai loupé l´éclipse partielle d´hier. Enfin je l´ai vue mais sans percuter que c´était ca. Je me disais aussi que la couleur du ciel et des nuages était étrange, au-dessus de Séville. Je me suis arrêtée plusieurs fois pour la regarder et tenter de faire une photo, et je ne savais même pas que c´était une éclipse partielle ! Trop nul. Et je rate aussi les grandes marées du siècle, ce week-end. Bon, ca ne m´empêchera pas de dormir, c´est sûr. Mais ca ajoute à mon humeur bougonne et insatisfaite d´aujourd´hui. En plus je viens de jeter un oeil à la météo : la pluie ne va pas nous lâcher avant mardi matin. Super..
En arrivant à Zafra, le mercredi 17 mars, j´ai hâte de pouvoir me sécher et je rêve d´une douche chaude.
L´hospitaliere m´installe dans une chambre déjà occupée par un couple de retraités hollandais, qui sont tous les deux sous la couette de leur lit respectif, recouverts de couverture. Je comprends vite qu´il n´y a pas de chauffage dans la chambre. Youpi !
Dike et Anneke sont extrêmement sympathiques ! "you´re french ? Really ? And you speak english ??!" s´étonnent-ils tous les deux quand on fait les présentations. Ah, la réputation des francais !....Euh sont arrivés depuis le tout début de l´après-midi et attendent que la pluie veuille bien s´arrêter pour aller découvrir les petites ruelles pavées de Zafra. Leurs affaires sont mouillées, comme les miennes. Dike m´annonce tout de même une bonne nouvelle : la salle de bain comporte un radiateur sur lequel je peux faire sécher mes chaussettes gorgées d´eau. Je file avec bonheur prendre une douche super chaude. Je sens que mes petits hollandais me plaisent bien !.Ils ont l´air simples, chaleureux, gentils comme tout. On discute pendant que je m´habille chaudement et tente de ranger un peu mes affaires. Ils n´ont pas trouvé de papier journal pour faire sécher l´intérieur des chaussures de marche, mince, elles ne seront jamais sèches demain... Bon tant pis.
Je laisse mon petit couple sous les couvertures et file dans la cuisine me préparer une soupe aux champignons. En attendant que l´eau boue, je patiente dehors dans le petit cloître. Il fait froid, mais on se sent tranquille ici.

Avant de revenir à l´auberge, j´achète un concombre, une énorme tomate et un champignon pour faire une grosse salade avec du mais que j´ai dans mes sacoches.
Dike lit le journal dans le "comedor" (salle à manger). Anneke a servi l´apéritif. On trinque, eux avec leur vin rouge, moi avec ma bière.
Il est 16h30 et je mange une soupe...
Ensuite je pars en tongs et veste polaire faire un tour dans la ville, qui m´a semblée bien mignonne en arrivant.
En fait, j´en fais vite le tour, et Zafra ne présente pas grand intérêt. J´y trouve une fois de plus un édifice Parador, installé dans l´ancien palais des Ducs. Pas envie de voir une ènième église. Je fais donc le tour des petites rues, sors de l´enceinte de la vieille ville pour aller admirer les montagnes verdoyantes qui sortent enfin des nuages et me mets à espérer que ma route passe par là demain, car c´est joli...




Dike m´annonce une bonne nouvelle : il a trouvé plein de vieux journaux. Chouette ! Un petit espoir pour mes chaussures. Je roule des feuilles de journal en boule pour les glisser au fond de mes chaussures. L´hospitalière qui entre à ce moment-là pour s´assurer que tout va bien me voit faire et m´apporte un chauffage d´appoint devant lequel je peux mettre mes chaussures.
On décide de manger ensemble. Dike reste dans le comedor pendant que nous allons en cuisine, moi pour préparer une salade, Anneke pour faire des pâtes au chorizo. "A la maison c´est toujours Dike qui cuisine" me dit-elle pour justifier qu´il reste devant le match de foot dans le salon !
Ils ont dans les 76 - 77 ans tous les deux. Pourtant quel dynamisme et quelle acuité dans leur humour, leur curiosité, leurs réflexions sur ce qu´ils voient et sur la vie en général. Plus spontanément chaleureuse que Dike, je sens qu´Anneke m´aime bien. Entre la préparation du repas et le dîner, nous passons une excellente soirée tous les trois à refaire le monde. Je n´ai pas bien compris leur opinion sur les manifestations qui ont suivi l´attentat contre Charlie Hebdo. Marine Le Pen leur fait peur. A moi aussi. Ils ont le même phénomène en Hollande. Cette montée des extrêmismes et des individualistes sur fond de pauvreté fait forcément peur.
Ils vont se coucher avant moi, je reste un peu pour écrire sur le blog. J´ai passé une excellente soirée, je suis contente... Je change 4 ou 5 fois les boules de papier humides au fond de mes chaussures pour en mettre de nouvelles. Le matin elles seront enfin sèches, ouf ! En allant me coucher j´ai promis à l´hospitalier d´éteindre le gaz. "Promis hein, je ne reviens pas vérifier ?" - m´a-t-il demandé avant de partir.
Ils sont bien sympas ces hospitaliers, mais un peu trop présents à mon goût. A peine a-t-on pris une assiette qu´ils arrivent pour la laver, on bouge une chaise, hop ils reviennent la mettre à sa place, on raproche le chauffage et ils nous expliquent 10 fois comment le couper à la seconde où on n´en aura plus besoin...
Le lendemain matin, ils sont quasiment prêts à partir lorsque je me réveille. Nouvelle séparation, même s´ils vont aussi vers Séville (et même jusqu´à Tarifa, après), on ne se reverra pas, je suis plus rapide qu´eux.
Je prends mon temps pour faire mes bagages, et repars avec des vêtements qui sentent encore un peu l´humidité. Le ciel est toujours aussi gris, avec quelques percèes bleues ici ou là. Les couleurs de la terre ocre et de l´herbe verte ressortent plus vivement. C´est joli.
22 mars 2015




Le soleil est revenu pointer le bout de son nez, mon mal de ventre est passé, j´ai trouvé des petites rues tranquilles, toutes mignonnes, plus populaires et moins touristiques. Cela a suffit pour me remonter le moral et me redonner le sourire.
L´idée se dessine de descende vers le Maroc. Je bouquine le guide que j´ai téléchargé. Je me projette. J´ai envie de changement. Grenade s´éloigne dans ma tête.
J´attends de recevoir ma carte bancaire, demain sans doute. Je ne sais pas encore si je vais partir dès demain ou pas. J´ai l´après-midi pour me décider, En tout cas Séville est bien jolie et depuis le passage en Andalousie je commence à me sentir un peu dépaysée.
J´aime les couleurs des paysages après la pluie. Le matin où je quitte Zafra, je pédale lentement et regarde tout autour de moi. En même temps j´ai à nouveau les jambes lourdes, donc je ne vais pas vite. Le prochain village qui s´annonce est Calzadilla de los Barros. Je me traîne un peu, le col et les manches de mon sweat sont encore un peu humides, c´est désagreáble. Le village est tout paisible, ses maisons blanches basses s´étendent à guahce et à droite de la route. Au pied de l´église, un étal de fruits tenu par deux femmes. Je demande s´il y a un café dans le coin. On me l´indique, j´y vais. Il est très grand, mais je suis la seule cliente. Je demande un café allongé et sors le boire dehors. Pas question de m´asseoir sur les chaises encore humides de la pluie tombée cette nuit. Où en sont Dike et Anneke ? Je les ai guettés depuis la route, mais je pense - et j´espère pour eux - que le chemin s´éloigne de la voie des voitures. Ils m´ont d´ailleurs dit qu´ils se sentaient en insécurité sur la route, les voitures ne font pas attention. Je suis surprise car les cyclistes, eux, n´´ont vraiment rien à craindre de ce côté-là. Il est rare qu´une voiture passe un peu trop près de moi.
A quelques mètres de là, un vieux monsieur sort de sa maison avec son chien et s´approche du café. Je le salue, il entre puis ressort quelques minutes après. On commence à discuter en italien. Il a travaillé pendant plusieurs années à Bâle et a appris à parler italien et un peu allemand. Ca remonte à loing mais ses souvenirs sont suffisants pour qu´on parle à bâtons rompus, ce qui fait du bien quand la plupart du temps je cherche mes mots en espagnol.
Le chômage en Estramadurra, la montée des partis d´extrême droite, les difficultés de sa fille cadette à trouver du travail malgré ses diplômes (il me la présente, elle est en train de balayer l´entrée de la maison), la beauté des villages que je traverse, ... On parle longuement. Fier de ses filles, il sort son portefeuille et me montre leurs photos en costumes traditionnel, le jour de la remise des diplômes. Sa fille aînée est avocate. Elle vit et travaille à Séville. Ce vieux bonhomme avec qui je parle avec naturel et simplicité me plaît bien. Lorsque je finis par le quitter, j´ai le sourire aux lèvres. Cette rencontre avec Joachin m´a donné la patate ! Je me dis que décidemment les gens sont chouettes et j´aime ces petites discussions toutes simples.
Un quart d´heure plus tard, une voiture me dépasse. Je la reconnais, je l´ai vue garer devant chez lui. Joachin s´arrête et sort de la voiture. Un de ses amis l´accompagne. Il veut me laisser son numéro de téléphone, Il va souvent à Séville, si je souhaite qu´on se voit là-bas il serait ravi. Je suis aux anges également et lui laisse moi aussi mon téléphone, toute contente à l´idée qu´on se retrouve à Séville pour, dans mon idée, aller boire un café, se balader.
Je repars et accélère, boostée par des pensées positives.
La route est d´abord monotone, puis elle se met à monter régulièrement. On m´a prévenue que Monesterio est en hauteur, je sais qu´il va donc me falloir grimper pas mal. En plus je n´ai pas le choix, il n´y a rien entre Fuente de Cantos, que je passe juste après Calzadilla, et Monesterio. Je n´ai pas fait de réserve d´eau, je compte dormir en gîte pélerin ce soir.
Ca grimpe, ca grimpe, et de temps en temps une pluie fine, pas la grosse pluie d´hier, tombe. Je suis couverte, tout va bien. J´arrive en milieu d´après-midi à Monesterio. Je cherche le gîte pélerin. La patronne d´un hôtel restaurant me le montre depuis la pas de sa porte mais ajoute que sinon chez elle je peux rester pour 25€ la nuit avec petit déjeuner. Merci beaucoup mais au gîte il m´en coûtera 10€ alors c´est non.
Personne ne répond quand je sonne, mais la porte d´entrée est ouverte. Un escalier conduit à une autre porte au 1er étage. Lisa, une jeune allemande bien blonde, m´ouvre la porte et m´explique avec un grand sourire que l´hospitalier n´est pas là pour l´instant mais que je peux m´installer. Je monte toutes mes affaires, y compris le velo que j´installe sur la grande terrasse, et choisis un dortoire où je suis seule. Lisa voyage avec 5 autres personnes, les filles sont toutes dans la même chambre, je préfère les laisser entre elles. Je remarque une affiche sur la porte de ma chambre : Réservé aux ronfleurs. Et bien c´est parfait, ce sera mon excuse pour m´isoler ! Me trouver face à un groupe de pèlerins super potes visiblement ne m´enchante pas vraiment. Pas forcément évident de s´intégrer à un groupe, encore moins à un groupe de pèlerins qui sont dans le même trip. :
Avec Lisa, il ya Kristin, une allemande d´une cinquantaine d´année, Jessica, jeune allemande brune que j´ai d´abord prise pour une francaise, Marie-France, une québécoise (acadienne du New Brunswig). Et puis il y a aussi un jeune allemand et un hollandais d´une cinquantaine d´annèes mais je n´ai jamais su leurs prénoms.
Ils se sont rencontrés dès le premier jour de leur marche, et ne se quittent plus. Ca rigole, ca se chambre, beaucoup en anglais, un peu en allemand. Marie-France, qui ne parle pas trop bien anglais et encore moins allemand, est bien contente de pouvoir parler francais avec moi. Et moi aussi finalement !
Il est tôt. La ville n´a pas l´air d´une beauté particulière contrairement à ce que son nom pouvait laisser présager. Et il s´est remis à pleuvoir. Je décide de faire les travaux qui s´imposent : changer mes freins arrière qui patinent depuis hier après-midi, changer mes rétros de place pour avoir un point d´
appui supplémentaire sur le guidon, et recoudre mon sarouel qui a un trou mal placé qui ne fait que s´agrandir.
La joyeuse troupe s´apprête à sortir faire des courses en prévision du repas de ce soir et me propose de me joindre à eux. Non merci, je ne sais pas encore ce que j´aurais envie de manger, je vais faire mes réparations. Ils sortent.

Ca fait du bien d´être un peu tranquille. Le jeune allemand est encore là. En tête à tête, tranquillement, pendant que je répare mes freins, on discute. Et puis il file à son tour. J´ai remis les patins de frein en place. Espérons que j´aie fait ca correctement. On verra demain.
A mon tour, je sors. Il pleut bien. Et la ville n´a vraiment rien de spécial. J´achête vite fait des lentilles et je remonte à l´auberge m´enfermer dans ma chambre et consulter mes mails puis bouquiner.
Lorque l´heure du dîner approche, il faut bien que je me force à sortir tout de même, et je reprends mon visage sociable.
L´hospitalier est arrivé tout à l´heure, il a signé nos credentials, pris le règlement, et puis il a fait le tour de toutes les chambres, fermé toutes les portes, remis à leur place les chaises que nous avions été chercher sur la terrasse... Décidemment c´est sympa le Camino, mais qu´est-ce qu´on est surveillés ! Jusqu´au départ le lendemain Miquel sera stressant, Pourtant il a un côté sympa, mais comme ceux de Zafra, il est totalement obnubilé par le rangement et les économies d´énergie.
Il y a un petit radiateur éclectrique pour toute la maison, et il est dans la pièce principale. On l´a mis à côté du séchoir sur lequel tout le monde essaie de faire sécher ses vêtements, sans grand espoir. La plupart des filles ont vite une couverture sur leurs jambes, pas facile de se réchauffer dans cette maison.
Le groupe s´est lancé dans la préparation d´un plat qui prend les 4 plaques. Je décide de revenir plus tard faire chauffer mes lentilles. Lorsque je repointe le nez, tout le monde semble en train de chercher quelque chose. Je finis par comprendre qu´il n´y a plus d´électricité. Allons bon.
Marie-France appelle Miquel et, sous prétexte que j´ai échangé 3 mots d´espagnol avec lui tout à l´heure, me charge de lui expliquer qu´on est en panne. Miquel me répond, comprend, me dit de baisser tous les fusibles puis de tous les rallumer et de débrancher le chauffage au préalable. On a beau exécuter ce qu´il nous dit, l´électricité ne revient pas. Il dit qu´il arrive.
Il est 20h passé, le soleil se couche, l´obscurité s´installe dans la pièce. Tout le monde commence à réaliser qu´il est illusoire de penser que nos affaires seront sèches demain matin...Mais pour l´heure, on se demande si on va pouvoir manger chaud.
Une dame arrive, refait ce que j´ai fait, avec le même résultat. Elle appelle Miquel, qui annonce son arrivée. 15 minutes enfin après avoir raccroché, il est là, Il regarde partout, et finis je ne sais pas comment à remettre l´électricité. Les instructions sont les suivantes : on peut cuisiner mais pas plus de 2 plaques allumées sur 4, et il faut couper le chauffage pendant ce temps-là. On ne le remettra qu´une fois la cuisine terminée. Miquel noius explique que l´énergie coûte un bras, et qu´il faut allumer le moins de choses possible en même temps, et bien fermer les portes de la pièce pour èviter que le radiateur ne tire trop. Bon bon, ok ! On dit merci, tout le monde se rasseoit sous sa couverture et Jessica se remet à ses casseroles. Dans ce groupe, chacun fait la cuisine pour tous à tour de rôle. Ils mutualisent les courses, et ont préparé un apéro vin - olives - pistaches en attendant que le dîner soit prêt. Moi j´ai ma bière, et en attendant de pouvoir cuisiner j´apporte mon sarouel et mon fil à coudre. Marie-France saute sur l´occasion : elle a des écussons à recoudre sur son sac à dos, si je pouvais lui prêter du fil... Et nous voilà le nez dans nos aiguilles toutes les deux.
Alors que je pensais devoir me forcer pour être sociable ce soir, voilà que je passe une excellente soirée. Je ris beaucoup, Marie-France notamment est très drôle. Je n´ai pas ouvert ma boîte de lentilles, on m´a servi du riz au poulet, carottes, olives et céleri dans me demander si j´en voulais. C´est le premier vrai repas cuisiné que je mange depuis plus d´un mois. Bon, à cause de la coupure d´électricité le riz est trop cuit mais franchement c´est super de manger un vrai plat et je remercie Jessica !
Ils sont très sympas, tous. Intruse dans leur petite troupe, ils m´ont gentiment fait une petite place et je m´y suis sentie très bien. Plus particulièrement complice avec Marie-France jusqu´à ce qu´elle aille se coucher, c´est avec Jessica et un verre de vin rouge que je termine la soirée en regardant les étoiles super brillantes dehors. Etonnante Jessica. Comme Océane, elle a du temps devant elle, et semble ouverte à toutes les possibilités une fois arrivée à Santiago.
Mais Santiago est encore si loin pour l´une comme pour l´autre. Qui sait où en sont leurs envies et leurs projets depuis...
En allant me coucher, je découvre un texto de Joachin écrit en mauvais italien et je vois qu´il a essayé de me joindre deux fois. Allons bon. Je n´aime pas ca. Je ne m´attendais pas à un signe avant mon arrivée à Séville. Est-ce que j´ai été un peu trop naïve ce matin ?... On verra. Je ne réponds pas.
Au petit matin, on se réveille la tête dans les nuages et la brume. Le soleil n´est pas revenu. A priori il ne devrait pas peuvloir, nous dit-on. N´empêche, c´est pas enthousiasmant.
Le petit groupe se prépare à partir, chacun à son heure. Jessica reste la dernière, on prend le temps de savourer un dernier petit café. Elle a la même machine que Sigitas.
On échange nos coordonnées, et on s´embrasse avant qu´elle disparaisse dans l´escalier et que je rassemble mes affaires dans l´entrée car ca y est Miquel passe derrière moi pour ranger chaque chose que je touche.
Une bonne nouvelle au moins m´a été confirmée : la route descend jusqu´â Séville ! Youpi ! Au début je ne peux pas m´en apercevoir car pour sortir de la ville je n´y vois rien, mais ensuite je le sens dans les roues et les panneaux annoncent de belles pentes. On est à 1000 mètres. Pendant 10 kms environ je n´ai pas besoin de donner un coup de pédale pour avancer !

Ca sent la forêt, l´humidité, de temps en temps un feu de bois, c´est agréable. J´ai les yeux qui pleurent. A ce rythme-là, j´arriverai peut-être à Séville ce soir ? Oui, il semble que je pourrai. Mais je n´en ai pas envie. Trop tôt. J´ai repéré l´ultime étape du Camino avant Séville, Guljena. A plus de 80 kms. Il ne me restera que 17 ou 19 kms pour le lendemain, c´est parfait.
Alors que je file, une voiture me dépasse et klaxonne pour me faire coucou. Je fais coucou aussi puis reconnais la voiture. Joachin. Bon, ca commence à m´ennuyer tout ca. Il m´attend plus loin, je m´arrête et souris malgré tout. Qu´est-ce qu´il fait là ? J´avais envie de voir si tout allait bien. Evidemment que ca va. Je lui dis que oui oui ca va, que j´ai passé une belle journée hier, et une très belle soirée avec 6 autres personnes. Il m´apprend qu´il est venu à Monesterio hier soir, espérant qu´on pourrait dîner ensemble.
Le fait de parler dans une langue étrangère ne m´aide pas à être sûre de bien comprendre ce que j´entends. A la réflexion, j´aurais dû mettre le hola tout de suite. Mais pas certaine de bien comprendre, et puis gênée par son âge et son apparence, je fais semblant de rien et continue à sourire mais en marquant tout de même ma surprise car je n´attendais pas de coup de fil avant deux jours et je lui avais bien dit qu´en voyage mon téléphone est coupé donc il est inutile de m´appeler...
Il me dit oui oui pas de problème, on convient que je lui enverrai un message samedi matin pour lui donner rendez-vous quelque part, et je ne tarde pas à filer.
Je suis énervée, je suis décue. Et voilà, je me suis trompée, il est en train de transformer ce que je pensais être un bon moment partagé en toute simplicité en truc glauque et chiant. Non et non, je ne le sens pas, je ne pense pas me tromper, je ne veux pas le voir samedi. Il va falloir que je le lui dise.
Je m´apercois que je suis énervée, pour la première fois du voyage, et cette simple constatation me remet les idées au clair. Pas question que ce vieux me gâche ma belle humeur. D´autre part, je n´ai pas besoin de m´énerver après tout. Je ne le sens pas ? Je vais le lui dire, et basta.
Mais pourquoi faut-il toujours que je tombe sur ce genre de personne ?
Un joli panneau annoncant l´entrée en Andalousie me fait définitivement retrouver le sourire. Je suis en Andalousie, waouhhh ! Dingue. Verdoyante andalousie. Je cherche, mais je ne me souviens plus dans quelle région habite Don Diego de la Vega...
Le premier village qui m´accueille, El Ronquierro, présente des maisons toutes blanches décorées de peinture jaune, orange, rouille. Je me sens dépaysée pour la première fois depuis mon départ.





23 mars 2015
Enrhumée à force de marcher en tongs sous la pluie, qui par ailleurs est encore tombée toute la nuit et menace encore ce matin, mais moral au beau fixe : enfin une réponse pour du boulot. Cette bonne nouvelle m´est tombée dessus au réveil. Depuis, je ne cesse de me répéter : j´ai un boulot !! J´en danserais de joie ! Ca y est, je ne suis plus une simple touriste. Youpi ! La réponse est venue d´une propriété située près de Malaga. On me propose de commencer le 30 et de rester une semaine ou deux. Au programme : jardinage et peinture. Voilà qui donne un nouveau visage à mon voyage. Pour ce genre d´expérience oui, je veux bien rester encore un peu en Espagne. Avec 0 frais d´hébergement je peux envisager de rester deux semaines là-bas, et faire un saut le week-end à Grenade et sur la côte.
J´ai également recu une réponse positive pour un hébergement Warmshower à Jerez de la Frontera, en direction de Cadix. Je suis donc à peu près décidée à partir demain pour Jerez, et de là j´irai à Cadix, puis remonterai vers Algeciras pour me renseigner sur les possibilités de bosser sur un bateau pour l´Amérique du sud. J´ai le temps, je pense, de faire tout ca d´ici lundi prochain. Je suis contente !!!
El Ronquierro me plaît. Un homme d´une trentaine d´années m´aborde sur le trottoir alors que je regarde les maisons. Lui n´est pas d´ici, mais son père s´est installé dans une maison du village. Il me souhaite la bienvenue et me conseille de prendre le temps de parcourir les petites rues, ce que je m´empresse de faire. La plupart des portes sont ouvertes et présentent la même disposition dans l´entrée : un mur de mosaïque s´élève à mi-hauteur, vert, bleu, ocre. Un pot de fleur sur pied en fer forgé accueille le visiteur. Le sol est carrelé et une grille donne accès à l´intérieur de l´habitation.
Je grimpe la côte pour quitter la ville et cherche un coin pour pique-niquer. Ca grimpe pas mal, du coup je finis pas me poser dans un virage où se trouve une aire de repos déserte. Le soleil me chauffe, les collines verdoyantes s´étalent devant moi toujours sur fond de terre rouge.
Passé la côte, la route descend à nouveau et je crois que j´en ai fini avec les grimpettes. La route conduit en bas au bord d´un lac. Je suis tout proche d´un parc national. L´idée de camper me traverse l´esprit, mais je sens que ma phase "pèlerins" est sur le point de s´achever et je ne le souhaite pas tout de suite. Elle prendra fin à Séville. N´empêche, c´est joli par ici ! Par contre, aux pieds du lac, je découvre que la route monte jusqu´à un point qui échappe à ma vue. Zut ! Bon.... Je m´arrête 6 ou 7 fois dans cette côte dont je ne vois pas le bout. A chaque virage je découvre que ca continue à monter. Il fait super chaud, ma tête boue et pour la première fois je sens des gouttes de sueur le long de mes tempes. Mes supers vêtements respirant ne m´empêchent pas de sentir mon dos mouillé.
Je ne sais pas combien de temps j´ai mis pour arriver là-haut ! Deux cyclistes m´ont dépassée en me disant un truc que j e n´ai pas compris. Enfin je vois la route s´applanir et un café apparaît au sommet. Je m´arrête et demande un Fanta. Alors que je suis en train de le boire à l´intérieur, il se met à pleuvoir. Zut ! Ma serviette de toilette sèche sur mon porte bagage. Je cours mettre le vélo à l´abri et je sirote mon Fanta en attendant que l´averse passe.
Quand je remonte sur mon vélo, je n´ai pas bien chaud avec mes vêtements encore en sueur. Je remets ma veste coupe-vent pour entamer la descente. Est-ce que c´est Séville là-bas au loin, qui s´étend derrière les collines ? Il semblerait bien que oui ! Quelle autre ville pourrait être aussi grande, dans le coin ? Mince alors, j´y suis presque !!
A Las Pajanosas je bifurque pour aller vers Guillena où je sais pouvoir trouver un gîte pélerin. La route part dans la campagne au milieu des champs et des paturâges de chevaux et de vaches. Au bord de la route, j´apercois deux cyclistes et distinguent des sacoches. Chouette, des copains ! Ils sont en train de régler un truc sur leurs bagages. Je me dirige vers eux. C´est un couple avec un petit chien qui dort dans un panier fixé sur le guidon de Marty, le garcon hongrois. Marty et Raquele ont de petites sacoches à l´arrière, et un sac à dos sur leurs épaules. "c´est léger" me dit Marty quand je m´étonne de les voir rouler avec un sac sur le dos. Mouais... Tous les deux voyagent sans but bien déterminé. Ils sont partis de Séville en milieu d´après-midi, viennent d´acquérir des vélos pour faire la route avec, on verra bien jusque quand. Pour l´instant ils vont à Cacérès pour aller bosser dans une ferme. Ah bon vous avez des réponses vous ? Parce que moi je fais des demandes mais en vain jusqu´ici. Ils me disent que sur Workaway ils obtiennent régulièrement des réponses. Par ailleurs ils ont choisi ce système parce qu´une inscription donne accès à tous les hôtes dans tous les pays du monde, alors que pour le Woofing chaque pays a son site et il faut s´inscrire sur chaque site. Raquele me note l´adresse de workaway sur un plan de Séville. "Do you want to make meditation ?" me demande Marty. Oui j´aimerais beaucoup. Il m´écrit sur le plan l´adresse pour trouver des infos sur les lieux et les sessions proposées partout dans le monde.
Me voilà parée. Ils s´en vont vers le nord, je file vers le sud. On se sépare. Je considère cette rencontre de bon augure pour ma recherche de boulot. Ca va bien finir par payer.
En quelques coups de pédales me voici à Gulliena, ville tout en longueur, bordée de maisons blanches aux facades colorées. Les orangers et les citroniers trônent sur la place de la Mairie où je me rends pour tenter de trouver l´auberge des pèlerins. Rien du tout. J´aborde un homme, qui m´indique où aller. Je repasse devant l´église, en me demandant si c´est le glas qu´elle sonne ? Quelques personnes semblent attendre devant l´entrée, mais je ne vois pas de corbillard.
Je descends la rue que m´a montrée l´homme, et trouve l´albergue à côté d´un café. Je monte. Trois francais retraités m´accueillent et me disent de m´installer, l´hospitalière devrait passer plus tard. Je monte toutes mes affaires et le vélo à l´étage. Ouf ! Vivement la douche. Les lits sont enveloppés d´un espèce de plastic, hmmm, je sens que je vais bien dormir.... Mais tout est super clean et grand, ca fait plaisir. Une petite plaque suffira pour faire chauffer mes lentilles. Parfait. Je file sous la douche et sors découvrir un peu mieux ces jolies rues colorées qui décidemment ne ressemblent à rien de ce que j´ai vu en Espagne jusqu´ici. Juste avant de sortir, une cycliste espagnole arrive à son tour à l´auberge. C´est la première femme seule que je croise en vélo. Manque de bol, elle n´est pas très causante. Bon.
Je retrouve la place de la Mairie, et alors que je m´asseois pour mieux regarder les azulejos et autres décorations multicolores, un cortège sort de l´église, pour suivre un corbillard.
Je passe un long moment à me promener, à savourer la sensation de me sentir un peu dépaysée avec ces changements de décor. Je me pose à une terrasse pour bouquiner jusqu´à ce que la lumière décline vraiment et que je n´arrive plus à bien lire sur ma liseuse. Je retourne à l´auberge. Mes trois francais ont décidé d´aller dîner en bas à la cafeteria. Bon, c´est pas plus mal parce que je ne suis pas sûre qu´on aurait eu beaucoup de choses à se dire en dehors des politesses convenues. Je fais chauffer mes lentilles, l´hospitalière arrive, nous explique tout ce qu´on doit savoir et repart en nous disant qu´elle ferme la porte en bas et qu´on peut l´appeler si un pèlerin arrive tardivement.
Mes lentilles sont délicieuses. Alors que l´espagnole et moi nous occupons chacune de nos petites affaires, un grand boum boum boum retentit en bas. On jette un oeil : c´est une marcheuse asiatique qui toc sous la pluie. Nous allons lui ouvrir et appelons l´hospitalière pour qu´elle revienne.
J´ai oublié le nom de la coréenne du nord qui vient d´arriver. Kum Li ? Je ne sais plus... En tout cas elle m´amuse. Aux antipodes de l´image qu´on peut avoir des femmes asiatiques. Bien contente d´être arrivée, elle peste en riant de ne pas être arrivée une demi heure plus tôt, c´est à dire juste avant que la pluie commence à tomber. Elle a glissé, est tombée dans la boue, et ses vêtements sont tout crottés en plus d´être mouillés.
Web designer, d´après ce que j´ai compris, elle voyage beaucoup visiblement. Elle vient de passer un mois à Séville où elle avait loué un appartement. Elle me donne une foultitude de conseils sur ce qu´on peut voir et faire à Séville. Elle démarre tout juste le chemin vers Santiago. Elle sort une cigarette, on sort et sous la pluie elle me raconte qu´elle a appris l´espagnol en partant bosser comme volontaire envoyée par sa boîte en Amérique du Sud. J´essaie de comprendre comment elle peut être autorisée à voyager partout dans le monde en touriste alors que pour aller en Corée du Sud elle doit demander une permission qu´elle n´aura pas. Il n´y a rien à comprendre, c´est un gouvernement de fous, il n´y a qu´un pays au monde comme ca - répond-elle.
Elle a mon âge, j´aime son indépendance, probablement parce que ce n´est pas toujours ce qu´on percoit en premier chez les femmes asiatiques. Elle a de l´humour en plus ! Avec l´espagnole, on se plie en quatre pour lui faire chauffer un thé, lui montrer où faire sécher ses affaires. Kum Li parle bien espagnol, je la laisse discuter avec l´autre fille et vais me coucher tôt ce soir.
Est-ce parce que demain j´arrive à Séville que j´attends depuis longtemps ? Est-ce parce que Séville c´est la fin de quelque chose et que la suite reste encore à déterminer ? Je dors mal. Je me réveille sans arrêt, tourne et retourne dans mon duvet sans comprendre pourquoi je ne dors pas.
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Kum Li est la dernière levée le matin du 20 mars. Pas étonnant. Et puis elle a une petite étape aujourd´hui alors elle peut traîner un peu. Je prends mon temps également, et découvre un nouveau texto de Joachin pour me souhaiter une belle journée et me dire qu´il a hâte qu´on soit samedi. Bon cette fois c´est sûr je vais lui répondre et lui dire ce que je pense. Mais pas tout de suite.
Je prends tranquilou mon petit déj, prépare mes affaires et pars en souhaitant une belle journée à Kum Li - qui finit les pâtes qu´il lui reste d´hier soir.
Je ne roule pas trop vite. Je veux me rendre compte que j´arrive à Séville. Le ciel est couvert. La ville est cachée sous les nuages. Une drôle de couleur plane au-dessus des nuages, un rose - gris étrange à cette heure-ci. J´ai totalement oublié qu´il doit y avoir une éclipse ce matin...
Je fais un petit détour par Italica, mais finalement je décide de ne pas voir une ènième ruine romaine.
Il me faudra un temps fou pour entrer dans Séville ! Je tente de repérer par où on coupe le périph mais tout ce que je réussis à faire est de le longer. J´ai déjà contourner la moitié de la ville comme ca quand je décide, en désespoir de cause, de monter sur le périph. Tant pis ! Je traverse les marécages par-dessus lesquels passe le périph, et prends la première sortie. Me voilà enfin dans Séville !
J´arrive par le port, et les pavillons de l´exposition universelle. Les monuments me sautent à la figure. Mis à part le pavillon de la Colombie et deux ou trois prises de vue, je ne sors pas l´appareil photo. Privilège de savoir que je vais rester quelques jours. Rien ne presse, je prends le temps de savourer mon entrée et mes premières impressions. Que ces avenues sont grandes ! Comme il semble y avoir beaucoup de monuments et de jardins ! Ces grandes allées me rappellent Bombay, allez savoir pourquoi.... En même temps, la référence au voyage et à l´exotisme est très présente ici...




Je sais où je vais. Océane m´a laissé son plan de Séville, où est indiquée l´adresse d´une auberge de backpackers pas chère et bien placée.
En effet, en plein coeur du centre ville, à 100 mètres de la cathédrale et de l´Alcazar, et aux portes du Barrio de Santa Cruz, le Sevilla Inn Backpackers ne pouvait pas être mieux placé.
Je m´informe pour savoir si je peux faire envoyer ici ma carte bancaire en attente en France. C´est ok. J´envoie l´adresse à la banque, et pars me promener. Mais avant j´appelle mes parents pour la première fois depuis plus d´un mois. Je veux les avertir de ma démarche avec la banque, et puis c´est l´occasion de s´entendre de vive voix. Ils décrochent tout de suite, on passe un bon petit moment au téléphone.
C´est avec le sourire et le plan rangé dans le sac à dos que je pars découvrir Séville avec le plaisir de penser que j´ai tout mon temps et pas besoin de me précipiter ici ou là. Le ciel est gris, dommage les photos ne seront pas aussi belles que par un jour d´été.
Je me perds dans les petites rues, contente que ma sensation de dépaysement se confirme par l´odorat. Plein de senteurs nouvelles se mélangent, fleur d´oranger, poussière, encens,...




Il pleut par intermittence, je regarde les queues énormes devant l´Alcazar et la cathédrale et me dis qu´il faudra m´armer de patiente pour les visites... Je récupère les horaires et les tarifs à l´office du tourisme.
Séville est grande !! Sans trop savoir où je vais, je parcours pas mal de distance depuis la cathédrale jusqu´à la porte de Triana, en passant par les petites rues de mon quartier. Je ne compte plus le nombre d´églises au mètre carré ! Tous les clochers sont plus bariolés les uns que les autres. Je ne retiens pas le nom de tous les saints, il y en a trop ! Je découvre la tour d´or sous la pluie et réalise que je suis au bord du Guadalquivir !
Quel plaisir de savoir que je vais prendre le temos de visiter tranquille et de me rendre familière l´ambiance de cette ville...
Lorsque je rentre à l´hôtel, un groupe de musiciens offre la sérénade mais aussi des chansons joyeuses aux touristes. Je profite longtemps, depuis mon balcon, de leurs chants....
Je suis heureuse d´être ici, mais il me faut un sas de décompression entre la quiétude de la nature et le passage à la grande ville remplie de touristes et d´espagnols actifs. Ca fait beaucoup de monde d´un seul coup. Ca parle beaucoup francais autour de moi. Les restaurateurs nous aguichent pour manger des plats combinados à au moins 10 ou 12€. Des cartes pstales à foison, des costumes de flamenco dans toutes les échoppes... Je suis contente... mais il faut que la transition opère doucement.
En arrivant à Séville j´ai envoyé un texto à Joachin en lui disant que je le voyais comme un ami mais qu´il me semble qu´il espère plus, et que si c´est le cas je préfère clarifier les choses tout de suite. Comme je m´y attendais, je n´ai pas de réponse. Du moins j´en aurais une deux jours après disant ne pas comprendre, qu´il est un caballero et blabla mais je ne m´y fie pas.
En tout cas samedi matin je me réveille avec la liberté de pouvoir faire ce que je veux de ma journée ! Pourtant je le sens vite, je suis morose. J´ai mal au ventre, je ne suis pas en forme, et je cogite sur l´après Séville. Il pleut, ca n´aide pas à voir la vie en rose.
24 mars 2015

Nouvelle journée à Séville. Réveil sous la pluie une fois de plus, mais le soleil s´annonce et normalement il devrait revenir pour longtemps. Enfin !
J´espère recevoir ma carte bancaire aujourd´hui. Par contre si je veux vraiment aller à Cadix et être à Coin lundi pour démarrer mon travail dans la propriété du couple qui m´attend, je ne vois pas comment je pourrais faire l´impasse du train. Je n´ai pas suffisamment de jours pour remonter de Cadix en vélo, du moins pas à mon rythme. Déjà, attendons de voir si je recois ma carte cet après-midi.
Ce n´est pas déplaisant d´attendre ici à Séville et de m´y créer des repères. Tout à l´heure, quand le soleil chauffera un peu plus et que les nuages se seront dissipés, j´irai m´asseoir sur les bancs d´azulejos de la Plaza d´España pour lire. Il paraît que le concepteur de la place - une des plus belles qu´il m´ait été donné de voir - a crée ces sortes de sièges commémorant chaque grande ville d´Espagne dans ce but. Il ne faut donc pas le décevoir, d´autant que j´adore lire au soleil...
J´ai réalisé - du moins un message me l´a rappelé - que les Assises de printemps de la FSCF se tiennent ce prochain week-end. Le premier rassemblement auquel je n´assisterai pas depuis 8 ans. J´ai une énorme pensée pour mes anciens collègues (bizarre de parler comme ca...) qui sont en train de préparer l´événement, et une énorme pensée pour tous ceux qui finissent de peaufiner leurs interventions ou qui s´organisent pour se retrouver ce week-end. Dire que ca va me manquer serait un peu exagéré, mais ca me fait drôle de penser que l´événement aura lieu sans moi. Je viens d´acheter deux cartes postales pour les envoyer au bureau. Hier soir j´ai pensé avec nostalgie aux moments passés avec Hélène et Annabelle, comme j´avais envie de pouvoir passer la tête par la porte du bureau et papoter avec elles, donner un coup de main....
Dehors des étudiants tentent de mobiliser les foules devant la splendide université de Séville qui occupe les anciens entrepôts du commerce de tabac, rappelant que c´est par ici que le tabac et les cigarettes sont arrivées en Europe. J´ai tenté de déchiffrer un prospectus. Le gouvernement va voter une loi qui, si je comprends bien, rallonge la durée des études pour l´obtention d´un Master, rendant plus cher le coût global des études à ce niveau. Le rassemblement est prévu pour 12h un peu plus loin. Ici les slogans des étudiants se scandent sur la musique de la Macareña... Plutôt sympa !
J´ai décidé de visiter Séville par petits morceaux. Je commence samedi matin par l´Alcazar. J´aurais sans doute dû attendre le début de l´après-midi. Sabrina, une jeune italienne rencontrée hier, a eu beaucoup moins de monde que moi en se rendant à l´Alcazar à 14h. Moi j´ai droit aux groupes de francais suivant le parapluie tendu en l´air par la guide, aux groupes de retraités allemands qui ne bougent pas d´un pouce s´ils voient qu´ils vous bloquent le passage de peur de louper un mot de l´´explication de leur guide, aux multiples touristes de toutes nationalités qui avancent appareil photo collé aux yeux. Un régal ! Je tente d´aller à contre courant pour fuir les mouvements de foule.
Le voilà enfin, alors, l´Alcazar dont j´ai tant entendu parlé ! Le fait est que l´architecture est très belle et les bâtiments riches de détails très travaillés. Combien de temps pour construire tout ca ?... Quelle patience et quelle recherche dans les détails. Comme j´aimerais pouvoir me promener seule dans ces espaces faits pour la tranquilité.




On ne peut pas dire que j´ai réellement profité des jardins. Déjà, je m´attendais à beaucoup plus joli. Ils le sont, mais je m´attendais à plus impressionnant. Mais le temps ne se prête pas vraiment à la flanerie, il fait gris et pas spécialement chaud (évidemment je suis en tongs et sarouel). Et je commence à avoir bien mal au ventre. Je reste un moment assise au bord d´une fontaine, la tête posée sur mes bras, à écouter les oiseaux sans bouger.
Lorsque je quitte l´enceinte de l´Alcazar, je suis d´humeur morose et décide d´aller me poser au Locutorio où je sais pouvoir trouver un ordinateur, en face de l´université.
Je passe un petit moment sur le blog et ne cache pas mon humeur aussi resplendissante que le ciel : grise ! A ma gauche et à ma droite, deux femmes sont en communication skype en russe. Je m´apercois que je comprends tout ce qu´elles disent, plus ou moins. Incroyable, moi qui pensais avoir oublié mon russe ! Est-ce que mon cerveau a réveillé des souvenirs dont je n´avais plus l´utilité depuis longtemps ? En tout cas je peux suivre leurs conversations ! L´une bataille avec sa fille pouir une histoire de papiers, l´autre discute gentiment avec un jeune homme qui doit être son petit-fils.
Une fois que je me suis lâchée sur mon humeur, finalement, ca va mieux. Je repars et m´éloigne du centre hyper touristique pour aller voir ailleurs.
Pendant que le ciel fait un peu de ménage dans ses nuages pour laisser passer quelques zones de bleu, mes pas me conduisent vers la Plaza d´España. Je navigue en tongs entre les flaques d´eau et les amas de boue sur les chemins de terre..
La Plaza d´España me réconcilie avec cette journée jusque là tristoune. D´´un coup j´oublie mes maux de ventre et tout le reste : mais que c´est beau !!! Voilà à n´en pas douter une des plus belles places qu´il m´ait été donné de voir ! Et encore, je la vois sous un ciel gris. Je suis émerveillée, c´est splendide. Kum Li me l´avait dit, mais c´est encore plus beau en vrai.
Dire que je suis venue là par hasard !
Les calèches tirées par les chevaux vont en viennent. Je suis les jardins de Maria Luisa, rend hommage au passage à Dante Alighieri en pensant à papa, admire le pavillon almodéjar et retourne par là d´où je suis entrée dans Séville, pour revoir les pavillons de la Colombie, du Brésil et du Chili. Le ciel semble vouloir enfin s´éclaircir un peu, je rejoins les bords du Guadalquivir et salue la Tour d´Oro avant de traverser le fleuve pour aller voir à quoi ressemble le quartier de Triana.








Cette incursion dans un quartier plus populaire, moins chic, encore plus coloré à tous points de vue, chasse définitivement le bourdon. Voilà un autre visage de Séville qui me plaît bien. Même si décidemment je ne compte plus les églises au mètre carré ! Mais que ce patchwork de couleurs est joli !
Une file de personne entre dans une église qui a failli échapper à ma vue. J´entre à mon tour. Les gens se pressent autour de l´autel tout en argent sur lequel se dresse je ne sais quelle Madonne ou Virgen. Il faut se glisser parmi la foule pour approcher. Les gens tournent autour, la photographient, touchent l´hôtel et repartent. En pleins préparatifs de la semaña santa, je ne sais pas s´il se passe ici quelque chose en lien ou s´il ya tous les jours ce monde-là. Près de la Madonna, une statue de Jean-Paul 2 plus vraie que nature !
Enfin le soleil donne des couleurs chaleureuses au décor ! Ahhhh, mais ca change tout et ca booste ! Je profite pleinement de la fin de journée en sillonnant petites rues et bords du fleuve. Lorsque je reviens vers "mon quartier", devant la cathédrale une troupe de comédiens reproduit je ne sais quel événement historique,
J´ai fait deux courses, je vais me préparer une grosse salade pour la manger sur la terrasse de l´auberge de jeunesse qui donne sur une rue très animée. Alors que je grimpe les escaliers menant à la terrasse, des roulements de tambour bientôt suivis de trompettes recouvrent tout à coup les bruits des fêtards qui en ce samedi soir sont tous dehors à boire un coup et manger des tapas. Que se passe-t-il ? Je me penche par-dessus la balustrade. A l´angle de la rue, un cortège apparaît, se dirigeant vers la cathédrale. Des jeunes en robe blanche portent de hauts cierges allumés. Un char suit bientôt, avec un Jésus en robe de velours violet et couronne d´épines sur la tête. Mince alors, moi qui pensais que les manifestations de la semaña santa ne commencaient que dans 5 ou 6 jours ! La musique se tait, le char s´arrête, le silence se fait. Je ne sais pas ce qu´on attend, mais tout à coup les trompettes reprennent et c´est poignant ! Ca vous prend aux tripes. Les musiciens avancent lentement, le char bascule à droite, à gauche, au rythme lent des pas.
Quel spectacle ! Que c´est beau à écouter. Je voudrais que ca dure. La musique remplit toute la rue, le cortège passe à travers les touristes et les espagnols. D´autres "backpackers" m´´ont rejointe sur la terrasse, on échange des "it´s beautifull ! Amazing !" Ben dis donc, qu´est-ce que ca doit être lors de la semaña santa !
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Cette nuit-là, alors que je dors à moitié déjà, je sais que la personne qui rentre tardivement dans la chambre est un pélerin que je connais. En fait, j´espérais que ce soit Dike et Anneke. Le matin j´avais prolongé ma réservation d´une nuit et il avait fallu que je change de chambre. Deux lits étaient déjà occupés, leurs propriétaires absents quand je me suis installée et également quand je suis rentrée me couchée. Des chaussures de marche au pied des lits, et sur une des couettes, un petit guide "Ruda de la Plata".
J´espérais que ce soit mon petit couple hollandais.
Au réveil le lendemain je découvre une polonaise, et le belge qui accompagnait Océane et les deux italiens.
J´ai oublié son nom, c´est honteux ! Le belge, donc, a quitté à contrecoeur ses compagnons de voyage, il doit être chez lui le 27. Il prend l´avion lundi après-midi. Aujourd´hui il doit prendre un bus pour revenir sur ses pas, il a oublié son chapeau avec tous ses pin´s souvenirs.
Je me demande si Dike et Anneke sont à Séville, eux qui descendaient dans le même sens que moi. Avec le temps qu´il fait, ils décideront peut-être de ne pas continuer jusqu´à Tarifa.
Moi ce matin j´éternue toutes les trois minutes et plonge dans mon mouchoir toutes les 5 minutes- Bon, à force de me balader pieds nus sous la pluie je me suis enrhumée. Le rhume ne va d´ailleurs pas me quitter pendant tout mon séjour à Séville. Je parle du nez et j´ai sommeil. Je remets les chaussures de marche et le pantalon waterproof.
Il est trop tôt pour visiter la cathédrale, du moins les parties non gratuites. Je range le plan dans mon sac et pars au hasard vers un quartier que je n´ai pas encore exploré. Grands magasins, petites rues aux cafés plus ou moins engageants, et toujours une église tous les 300 mètres. Sabrina me dit que c´est la même chose à Naples, deuxième ville au monde qui comptent le plus d´églises. Je n´ai pas souvenir de ca. En même temps en Italie les murs et notamment les églises n´ont pas la décoration et les couleurs exubérantes de l´Andalousie.
A un carrefour, un espèce d´immense parasol pas spécialement joli étant ses voiles au-dessus de nos têtes. Apparemment on peut monter dessus, mais je n´en ai pas envie. Je préfère rester au ras des petites rues aux magasins fermés. Zara, l´Occitane, Geox, ... on n´est pas dépaysés par les boutiques ici. Mais on voit aussi que c´est ici que vivent les sévillans. Je passe la plus grande partie de la journée à sillonner la ville dans un rayon assez éloigné de la cathédrale. Devant la Buhaira, moins impressionnante que ce à quoi je m´attendais et peu mise en valeur dans son jardin pauvrement à peine entretenu, bing je m´envoie sans le vouloir l´appareil photo sur le front. Une bosse et un ouverture qui saigne. C´est malin.
Je reviens par les rues autement plus animées du Barrio Santa Cruz. Autrement plus artificielles aussi. Enfin c´est super joli, ce dédale de ruelles étroites dans lesquelles les voitures ne peuvent s´enfiler, ces maisons de pierres et ces couleurs qui vous sautent aux yeux partout. Mais c´est aussi là que vous attendent toutes les boutiques avec les mêmes tenues de flamenco partout, les mêmes éventails, les mêmes cartes postales et les mêmes castagnettes.
Il parait qu´il fut absolument voir un spectacle de flamenco à Séville. Oui mais alors moi et la danse ca fait 4, et je n´imagine pas deux secondes pouvoir être sensible au flamenco. Donc non.
Je passe devant l´entrée de la cathédrale. Quasiment pas de queue, allez c´est parti ! Je ne suis pas spécialement époustouflée. Oui elle est grande, le choeur et l´autre partie dont j´ai oublié le nom sont très joliment travaillés, mais j´ai vu plus impressionnant. La vue depuis le minaret ou Tour Giralda est en revanche magnifique. Dommage que j´aies laissé l´appareil photo en mode manuel pour l´intérieur de la cathédrale : toutes les photos panoramiques sont blanches comme la neige !
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La musique est partout à Séville. Le jour de mon arrivée, c´´est avec des flûtes de pan annoncant, sur l´air d´El condor pasa, que je suis allée faire ma première révérence à la cathédrale. Dimanche, ce sont les guitares accompagnant les castagnettes et les claquements de chaussures des danseueses de flamenco qui mettaient l´ambiance dans les rues. Ce soir c´est un chien en manteau bleu qui hurlait à la mort devant un micro, accompagné par son maìtre guitariste... Et partout, tout le temps, à toute heure du jour et de la nuit ou presque, quelqu´un joue ou chante Besame mucho ! Il est grand temps qu´on me chante autre chose....
Les rues de mon quartier sont très animées le soir, pas une table en terrasse qui ne soit prise d´assaut. Pourtant les gens gardent une certaine tenue. Sauf dans le bar qui se trouve au pied du bâtiment dans lequel je suis hébergée. Le samedi soir dans ce bar on doit trouver à peu près tous les poivreaux de Séville. Le belge a bien réussi à s´y faire un copain, moi j´ai dû expliquer à un jeune gars bourré que je voulais bien qu´il se pousse de devant la porte pour que je puisse rentrer dormir... Et bien sûr ma chambre donnait sur le bar, forcément. Heureusement que lorsque l´envie de dormir me prend, un tremblement de terre ne me réveillerait pas !




Je suis arrivée le 20 mars à Séville. Je ne sais pas encore si je pars demain ou jeudi. En fonction de l´arrivée ou non de ma carte.
Je suis contente d´avoir eu le temps de me créer mes repères dans cette ville. J´ai même enfin eu une journée presque entière de non pluie. Depuis 10h le temps est plus sec, et le soleil nous a honoré de sa présence les trois quarts du temps. J´ai enfin pu aller m´asseoir sur la Plaza d´España pour lire. J´ai mis de côté Alexandre Desjardins, d´ailleurs. Visiblement ce n´etait pas le bon moment, mon esprit ne fixait pas ce que mes yeux lisaient. J´ai juste lu ce qu´il fallait pour me dire : puisque j´ai peur d´aller au Maroc, alors il faut que j´y aille. Et puie j´ai rangé le livre, j´attends de sentir que c´est le bon moment.
Je n´ai d´ailleurs plus peur d´aller au Maroc. Enfin plus comme avant. J´ai pas mal avancé dans mon guide, ca aide à se représenter les choses. Pour l´´instant je susi toute á ma hâte de vivre ma première expérience de travail. Je ne vis pas mal du tout le fait de ne pas travailler, au contraire. Mais je ne voulais pas être juste une touriste. Pourtant je vois bien que tout en accueillant les rencontres, je préserve aussi ma tranquilité et ne me force pas à courir les bars, par exemple, ou à parler avec tout le monde dans les auberges. Je suis timide et j´aime ma tranquilité et ca, ca ne changera pas. Mais je veux partager un peu plus et différemment. On verra bien qui sont les personnes qui vont m´héberger, comment elles vivent et ce qu´elles veulent partager.
Ce soir je dois retrouver Sabrina, une jeune italienne qui fait des études d´interprète. Napolitaine, elle parle très bien francais. On s´est rencontrées hier soir sur la terrasse de l´auberge. Elle a entamé la conversation et m´a proposé de me joindre à elle et Kirstin, une australienne rencontrée le matin. Elles avaient rendez-vous dans un bar. Cette petite soirée improvisée entre 3 filles voyageant seules était très sympas. Les fous rire ne sont pas rares avec trois nationalités différentes et des langues étrangères qui viennent se télescoper !
Je me rends compte, en tout cas, des conséquences que l´immobilité a sur moi. Je me pose pas mal de questions. Dans un premier temps si ma carte n´´arrive pas demain je sais que je vais pester intérieurement et me sentir retardée. Mais retardée dans quoi ? Est-ce si grave ? Bon si je n´ai pas le temps d´aller voir Cadix et bien je peux aller à Grenade avant de rejoindre mon job lundi prochain. Où est le problème en fait ?... Et puis le manque des personnes que j´aime se fait sentir. Le manque physique. Jusqu´ici je ne m´étais pas beaucoup laissé le temps d´y penser.

Séville ne supplante pas Barcelone dans mon coeur, mais j´aime vraiment beaucoup cette ville atypique. Ses nombreux jardins, ses avenues immenses, son appel au voyage, ses parfums, son côté nature, y compris lorsque le dimanche toute la ville se retrouve dans les églises !, sa simplicité malgré une richesse historique et culturelle considérable. J´ai aimé le caractère érudit de Salamanque, ville universitaire et lettrée. J´ai passé beaucoup de temps aussi à Séville en face de l´université, à côté des libraires et vendeurs de livres d´occasion, autant d´endroits qui m´inspirent et me donnent le sourire comme si je croisais un vieux copain.
Me poser quelques jours ici m´inquiète un peu aussi, je le sens : est-ce que ca ne va pas être trop dur de remonter sur le vélo après ce farniente ? Mais c´est idiot. Si c´est dur, ca le sera un jour ou une matinée, et puis hop, je serai `à nouveau passée à autre chose !
1er avril 2015
De passage à Coin pour m´y balader pendant que Lina fait les courses en compagnie d´une amie, je viens de tomber sur un locutorio. Bon à savoir ! Il y a donc un ordinateur pas trop loin de là où j´habite en ce moment !
Depuis lundi je suis dans une petite propriété andalouse, accueillie par un couple de retraités anglais pour qui je jardine et fais de la peinture. C´est tout bonnement génial, j´ai mon petit chez-mo et suis ravie de travailler dehors toute la journée ! Je reviendrai à Coin prochainement, pour l´instant LIna doit me retrouver dans 5 mn à 200m d´ci. C´´est que j´ai un mur a peindre, moi, cet après-midi ! En chapeau de paille, tongs et débardeur, vu la chaleur torride !
3 avril 2015
C´est finalement sur l´ordinateur de Lina que je reprends le fil. Lina vient de partir en balade avec Harriet, une femme d´une petite cinquantaine d´années qui a travaillé pour le couple de retraités qui m´emploie en ce moment. Harriet démarre un autre boulot dans une propriété voisine lundi. Entre mon arrivée lundi dernier et le démarrage de son nouveau travail, le couple - qui a l´air de beaucoup l´apprécier - lui a permis de prendre ses quartiers dans le chalet qu´ils louent d´habitude sur leur propriété. Le fait est qu´Harriet est très sympa. On ne se croise en général pas longtemps dans la journée mais elle est très douce et avenante. Elle me fait beaucoup penser à ma tante Danielle, un peu à cause de ses cheveux grisonnants sur un visage encore jeune, beaucoup par sa physionomie. Harriet va de petits boulots en petits boulots en Espagne et au Portugal, le temps de décider dans quel coin de l´un de ces deux pays elle a envie de s´installer.
Mais revenons à Séville, que j´ai quittée il y a une semaine après avoir enfin recu ma carte bancaire !
J´ai passé ma dernière soirée à Séville avec Sabrina, l´étudiante italienne en traduciton - interprétariat. Nous nous sommes retrouvées à 20h et sommes allées boire un verre pas loin de notre hôtel, puisque toutes les petites rues environnantes sont majoritairement consacrées aux restos et bars. Excellente soirée passée en francais, que Sabrina maîtrise très bien. Sabrina est charmante, ouverte et sociable, la conversation est fluide, on rigole beaucoup. Napolitaine, elle aimerait trouver du travail à l´étranger. Elle a déjà bossé deux mois à Paris, et apprécié qu´en France le code du travail soit semble-t-il mieux respecté que dans le sud de l´Italie. Encore une fois on en vient à parler de chômage et de la montée des partis extrêmistes. Sabrina me parle de Marine Le Pen, et décidemment je constate que les étrangers connaissent tous la patronne du FN. Triste réalité du pouvoir des médias et des opérations de com des politiques, FN en tête. Je hais définitivement ce milieu, ces métiers, bien qu´ils ne soient pas les seuls à manipuler les opinions.
Puis Sabrina me quitte pour aller prendre le dernier bus qui l´emmène à l´aéroport. Fini les vacances, pour elle ! Et moi je rentre dans ma chambre que je découvre occupée par deux nouveaux arrivants déjà endormis. Je me couche, décidée à partir demain, que ma carte soit arrivée ou pas. J´attendrais l´arrivée du courrier, et en début d´après-midi je partirai en train à Cadix pour me poser au bord de la mer. S´il le faut, je reviendrai à Séville en train pour récupérer ma carte. J´ai envie de bouger.
Le lendemain matin je boucle donc mes bagages et les dépose dans le bâtiment principal de l´hôtel. Avoir du temps devant moi ce matin sans programme précis me plaît. Je vais prendre mon temps. En plus, comme par un fait exprès, ca y est le soleil est de retour ! Ca change tout ! La ville semble bien plus rayaonnante comme ca.
Je me prépare un café dans la cuisine et monte sur la terrasse. J´ai pris de quoi écrire, et un carton vide trouvé devant le supermarché d´en face.
J´écris une lettre à mes parents, et la glisse dans le colis dans lequel j´emballe aussi deux-trois petites choses qui ne me servent pas (ma super pompe à vélo dont l´émbout n´était pas adapté, le DVD sur la ruta de la plata, des couverts que j´avais pris en plus au cas où, et une gamelle supplémentaire dont je pensais avoir besoin mais qui ne s´avère pas si utile que ca). Le paquet emballé, je prends mes plus belles cartes postales de Séville et je passe un long moment à écrire à quelqu´un qui me manque tout particulièrement. Je me rends compte qu´en donnant des nouvelles sur le blog, je n´avais pas encore pris le temps d´écrire. Pourtant l´exercice n´a absolument rien à voir. Là, j´ai vraiment l´ímpression de passer un moment en tête à tête, et ca fait du bien. Par contre la réalité de l´absence se fait un peu plus concrète. Finalement, jusqu´ici la nouveauté de chaque jour m´entraîne sans cesse vers autre chose, dans un quotidien qui demande toute mon attention - ou en tout cas, un quotidien auquel j´accorde toute mon attention. Là je me pose pour communiquer avec une personne que j´aime, et l´imaginer en pensées fait revenir le manque à la surface alors que jusqu´ici je l´avais tenu à distance. Je ne veux pas éprouver ce manque. Du moins, tant qu´il reste supportable et qu´il ne m´empêche pas d´apprécier ce que je vis, alors ca va. Je tâche de ne pas lui donner trop de place.
Que c´est bon d´écrire au soleil sur une table en bois sur la terrasse d´une ville magnifique avec vue sur les palmiers et le clocher de la cathédrale. Je suis seule, je suis bien.... Une fois mes courriers prêts, je file à la Poste. Je prends mon tiquet et fais la queue en attendant mon tour. 13€ mon petit paquet, gloups ! Allez, je poste, et sors profiter de Séville au soleil jusqu´à 13h. Que c´est joli ! La ville continue à installer les barrières et les tribunes pour les festivités de la semana santa. J´imagine la foule attendue pour l´occasion !
A 13h je sonne à la porte de l´hôtel. Par la porte vitrée, je vois le patron me faire de grands signes avec les deux lettres arrivées pour moi ! Youpi ! C´est bien ma carte bancaire. Et il y a aussi une carte de mes parents et de Francoise et Jean-Lou, qui étaient chez papa et maman il y a à peine quelques jours. Quel plaisir de recevoir une lettre !! Je décide de ne pas l´ouvrir tout de suite, mais d´attendre d´être à Cadix au bord de la mer.
Sans perdre de temps, je boucle mes bagages, regonfle le pneu arrière qui est à plat, charge le vélo, remercie tout le monde et.... reprends la route !
J´ai le sourire en banane d´avoir retrouver mon vélo et ma mobilité. Je pédale en souriant au soleil et à tout le monde. C´est quand même ballot que je m´en aille au moment où la ville s´habille de ses plus beaux atours avec le beau temps. Mais c´est comme ca, j´ai envie de bouger, je ne veux pas rester ici. Je file vers la gare San Bernardo.






Lorsqu´on se lance le défi d´apprendre une nouvelle langue étrangère, il arrive fatalement un moment critique à surmonter. Ce moment se situe à peu près au niveau de 8 à 10 mots enfin maîtrisés. Dès lors qu´on possède ce tout petit vocabulaire, on peut décider de s´adresser aux gens en anglais ou dans leur langue. Si l´on opte pour l´anglais, à un guichet de train, par exemple, avec un "hello" bien english, on voit le sourire accueillant se figer d´angoisse (si on est en face de quelqu´un qui se trouve être de bonne humeur), ou l´expression d´ennui passer au franchement excédé (si on tombe sur quelqu´un qui a mal commencé sa journée).
Si on a la mauvaise idée, par contre, de tenter de sortir ses 10 mots sur le ton le pus à l´aise possible, on s´expose alors à recevoir en réponse un flot de paroles totalement incompréhensibles en temps réel. Ce qui a pour conséquence de vous voir regardée comme la dernière des démeurées alors que vous restez sans voix, réalisant que parmi vos 10 mots ne figurent pas "vous pouvez répéter ?"...
Bref, je suis tombée au guichet sur une nana pas très aimable et peu avenante...
Mais c´est vite oublié sur le quai. J´essaie de comprendre comment sont annoncés les destinations des trains lorsque Mourav, un black ghanéen qui vit en Espagne depuis 13 ans, arrive à propos pour m´aider à me repérer. On discute en anglais le temps que mon train arrive. Très sympa, Mourav. Pour changer, on parle du chômage...
Mon train part à 15h48. J´arrive à Cadix 1h30 plus tard. J´apercois l´océan à travers la vitre du train. Ca fait du bien de revoir la mer.
Le centre ville n´est pas loin de la gare, je trouve vite l´auberge de jeunesse dont j´ai l´adresse. Je m´installe, Je suis sur le point de sortir lorsqu´Antonio entre dans la chambre de 6 lits. Antonio est italien, milanais. Il me dit qu´il fait froid dehors, avec le vent du large. On prend le temps de discuter. Et on parle... du chômage ! Comme en Espagne, il semble que pour les jeunes italiens la France et l´Allemagne soient les voies d´exil en recherche pour tenter de décrocher un boulot. Difficile de comprendre que ces jeunes s´imaginent pouvoir trouver du travail en France. Je n´ai pourtant pas l´impression qu´on soit si bien lotis. Antonio me dit aussi qu´évidemment c´ést dur pour les jeunes italiens de décrocher un emploi chez eux, et puis aussi, quand on voit tous ces étrangers qui arrivent par bateau et sans papiers, et au´on laisse s´installer sur le territoire.... Oui, et donc ? Je n´ai pas bien compris où il voulait en venir. Je ne pense pas qu´Antonio, avec ses diplômes, voudrait des jobs au black qu´acceptent ces clandestins et sans papiers pour pouvoir rester en Italie plutôt que de rentrer chez eux.
Je pars me balader au soleil.
Cadix s´apprête elle aussi à fèter la semana santa. Les tribunes se dressent dans les rues principales que prendront les processions, et les draperies de velours rouges brodées d´or sont suspendues aux balcons. Je passe devant la cathédrale fermée, et prends une petite rue qui débouche sur la côte. Voilà l´océan à mes pieds ! La ville a la blancheur de l´andalouzie, les vagues frappent les remparts. D´autres que moi auraient sûrement envie de descendre sur la plage marcher dans l´eau. Moi je me contente du plaisir de la contemplation. Je marche jusqu´à une avancée dans l´eau qui conduit à un fort sur une position avancée. Toute à ma contemplation, je ne prends pas garde que les vagues, violentes parfois, jaillissent en gerbes sur ma droite et aspergent les passants. Zut, l´appareil photo est mouillé ! Du coup je regarde autour de moi et prends conscience que le chemin a bien deux cents mètres de longueur au milieu de l´eau, avant d´atteindre le fort. Oh mon dieu que je n´aime pas ca ! J´ai beau savoir que si des milions de gens sont déjà passés par là avant moi il n´y a aucune raison que les pierres cèdent sous mes pieds, l´angoisse est bien là. J´ai horreur de ca. J´accélère et regarde à un mètre devant moi. Bon tout de même je ne veux pas louper le décor donc je lève un peu la tête le temps de me dire : oh lala, c´est joli !! Le soleil n´est pas loin de se coucher, en plus.
Une fois devant le fort, mauvaise surprise : fermé par arrêté de la préfecture, compte tenu des mauvaises conditions météorologiques. Bon, demi tour, et re-traversée de l´océan (pour moi, c´ést tout comme !) sans traîner.





Je continue mon petit tour en ville. Je ne suis pas sous le charme de cette ville sans grande beauté, mais contente d´être là et de savoir à quoi ressemble Cadix. J´entends de la musique, mais préfère aller faire des courses plutôt que d´aller voir s´il y a une procession. Quand je sors du magasin, le ciel annonce un magnifique coucher de soleil. Le temps de sortir du dédale de petites rues, je n´en verrai que la fin.
A l´auberge je me fais mon petit repas. Il y a beaucoup de monde dans la cuisine, des jeunes en mode cool. Bof, je m´isole dans ma lecture et vais finir ma soirée tranquilou sur la terrasse tout aussi zen que celle de Séville.
Je suis la dernière réveillée le lendemain. Grasse mat jusqu´à 9h30 ! Je n´ai pourtant pas fait grand chose hier pour être fatiguée. En même temps, je ne suis pas pressée. Je suis attendue ce soir à Jerez de la Frontera, où un couple d´espagnols m´hébergera (warmshower). Je n´ai pas la moindre idée du nombre de kilomètres qu´il y a entre Cadix et Jerez, ni à quoi ressemble la route (facile ? difficile ?), mais je sais qu´il y a un train au cas oû je serais en retard. Je petit déjeune sur la terrasse, il fait grand beau ! Décollage à 11h.
Aucune direction n´est indiquée et je n´ai pas de plan de la ville. Un homme m´explique qu´il n´y a qu´un pont pour sortir de Cadix par la route, et ce pont est interdit aux vélos. Il me conseille de prendre le train jusqu´à la prochaine station, Puerto Real. Ok, je retourne donc vers la gare et prends finalement un billet pour la station d´après, El Puerto de Santa Maria. Je ne sais pas de quoi j´ai eu peur, d´être en retard, d´être lente et de galérer pour arriver à Jerez, En tout cas c´est complètement crétn car j´arrive très vite à El Puerto de Santa maria et me rends compte très vite aussi que je n´ai plus que 10 kms à rouler pour arriver à Jerez. Bon, et bien j´ai donc un après-midi devant moi pour prendre le temps de vivre !
Ceci dit il faut quand même les faire, les 10 kms. Et la nationale se confond vite avec l´autoroute. Je suis obligée de prendre un chemin de terre, qui devient vite boueux, puis carrément inondé ! Impossible de rouler là-dedans ! Demi tour. Pas le choix, je prends l´autoroute. J´ai vu un autre vélo sur la bande d´arrêt d´urgence, visiblement on ne peut pas faire autrement. Ce se fait sans trop de difficultés, mais ce n´est pas très agréable.
J´arrive à Jerez de la Frontera, qui est une assez grande ville. Je passe mon après-midi à m´y promener, le centre historique est sympa. Par contre les rues sont super étroites et pavées, et les trottoirs réduits à presque rien. Comme je n´aime pas être sécouée comme un prunier, je préfère flirter avec les bords étroits des trottoirs plutôt que de rouler sur la route. Heureusement auxune voiture n´approche au moment où ma sacoche arrière gauche, trop près du mur, vient cogner contre celui-ci. Le coup déséquilibre le vélo. Je ne sais pas comment c´ést possible, mais il m´est impossible de décoler les pieds des pédales, sans doute parce que j´appuie en essayant de rétablir l´équilibre sur trottoir extra-fin. Résultat : je m´étale de tout mon long sur la chaussée, genou et coude droits en parade. Je suis presque étonnée d´avoir si peu mal, étant donné la hauteur dont je suis tombée. Finalement c´est probablement mon orgueil qui a le plus souffert ! Et ma guidoline aussi, qui est abîmée. A chaque fois que mon vélo prend un petit pêt je suis toute triste pendant 5 secondes, comme une gamine qui voit son beau jouet abîmé.
Je suis attendue à 20h. Je demande mon chemin à des chauffeurs de taxis car je n´ai pas de plan. Ana et Diego habitent dans le nord de Jerez, un appartement avec une immense et belle terrasse qu´ils ont superbement aménagée avec des plantes et un bassin japonais pour les poissons. Diego n´est pas encore rentré du sport quand Ana me recoit. Ils sont profs tous les deux, mais seule Ana est fonctionnaire. Comme ils ne supportent pas la semana santa et les beuveries qui succèdent aux processions, ils partent toujours en vacances à ce moment-là.Visiblement, Ana, qui est à moitié malade, a vraiment vraiment besoin de ces vacances.
Elle m´installe dans le bureau et prépare une salade de pâtes pendant que je prends une douche. J´ai apporté une bouteille de vin. Diego arrive alors qu´on papote voyage. Ils font souvent des virées en vélo, mais voyagent aussi en couchsurfing en Asie, au Japon, ... Diego est un grand bavard, très avenant. La conversation à table est assez drôle car Diego parle francais mais pas anglais, et Ana parle anglais mais pas francais. On jongle avec les trois langues, donc !




13 avril 2015
De retour à Coin la veille de mon départ pour Gibraltar. J´ai du ménage à faire dans mon studio et ne resterai donc pas longtemps. Lorsque j´ai utilisé l´ordinateur de Lina, le programme n´a jamais voulu se fermer. Il a fallu redémarrer l´ordinateur. J´ai vu que ca plaisait moyennement à Lina et n´ai pas spécialement eu envie de l´embêter avec ca. Etant donné que j´arrêtais rarement de bosser avant 17h et qu´on dîne vers 20h30, je n´avaais pas le temps de filer sur Coin après le boulot.
Cette pause d´écriture n´a pas été frustrante. Après tout mes journées étaient bien remplies et quand j´arrêtais j´avais envie de me relaxer en bouquinant ou en faisant des recherches sur ma tablette pour la suite de mon parcours.
Mais revenons à Jerez de la Frontera.
Diego est intarrissable, Ana, qui se lève à 6h30 demain matin, va se coucher tôt et me lasse en compagnie de Diego qui entreprend de me trouver le chemin le plus sympa pour rejoindre par la cote Algeciras, d´où, d´après lui, je pourrai prendre un bus pour rejoindre mon lieu de "travail". Jusqu´à 1h du matin il m´édite les plans IGN et m´indique au crayon différents points de repéres pour que je ne me perde pas. "tu traverser par ici, par ici, par ici, ici tu vois le pont, tu prends le petit route, tu traverser par ici..." Non, je ne risque pas de me perdre, il connaît la topographie par coeur. De temps en temps il ferme les yeux et comme les skieurs avant le grand G il trace dans l´air les courbes de la route avec sa main, puis rouvre les yeux et se penche sur le papier avec un stylo différents pour m´indiquer un point d´intérêt particulier. A 1h30 je commence à avoir sommeil, lui pète la forme ! N´empêche, je me laisse séduire par les photos qu´il me montre des plages sauvages qui longent la cote.
Il finit tout de même par aller se coucher et moi aussi !
Le lendemain on prend le temps de petit déjeuner tranquilles avec Diego en commentant l´actulité et notamment le crash de l´avion dû au suicide du copilote... Dingue ! Tous ces gens morts pour quoi ?...
Je fais une grosse bise à Diego et en route ! Mais la nuit m´a fait changer d´avis. J´ai regardé le kilométrage. La route que Diego m´a indiquée est certes très belle, mais je mettrai 3 jours à la parcourir. Ce qui veut dire arriver lundi à Algeciras et prendre lundi un bus pour arriver sur mon lieu de travail. Je ne suis pas tranquille, je ne veux pas arriver tard, et puis je ne suis même pas sûre que les bus prennent les vélos ! Jusqu´ici j´ai plutôt entendu dire le contraire. Je ne peux pas être en retard et louper mon arriver à la Finca El Rio.
Aprè4s avoir réfléchi longuement, je décide de retourner à la gare de El Puerto de Santa Maria et de me renseigner sur les moyens d´aller à Ronda, d´où je pourrai redescendre vers Coin. C´´est la route de la montagne, très belle m´a dit Diego, mais très dure. Je m´arrête à l´office du tourisme de El Puerto de Santa Maria et explique mon problème à un charmant monsieur très old fashion qui prend à coeur de pouvoir m´aider. Son conseil : prendre le bus qui part de Cadix et s´arrête à Ronda, et qui prend les vélos. De Ronda j´aurais deux jours de vélo tranquilles pour redescendre vers mon lieu de travail.
Du coup j´ai du temps devant moi.
Je vais m´installer au camping de Puerto de Santa Maria puis rejoins l´embarcadère pour aller en bateau à Cadix - 30 minutes de bateau, sympa ! J´ai bien évidemment la trouille car ce catamaran saute sur toutes les vagues ! Heureusement que le trajet n´est pas long. Arrivée au port de Cadix, je vais me renseigner sur l´horaire et le tarif des bus pour Ronda, et sur la possibilité d´´embarquer un vélo. 16€ et le vélo peut voyager en soute, départ à 11h demain matin. Parfait ! J´ai l´après-midi pour retourner visiter le port de Santa Maria qui vit partir les expéditions de Christophe Colomb. On peut voir près du canal une fontaine qui servait à alimenter en eau potable les bateaux qui partaient pour longtemps.
Je me proene longuement, il fait un temps magnifique. Je ne le sais pas encore mais mon aller/retour en bateau m´a bien cramé le visage ! Je vais finir ma journée en bouquinant sur la plage. Je ne suis pas très satisfaite des détours que j´ai faits ces deux derniers jours mais bon, demain ca y est je pars.




Et la matinée du samedi commence par le rangement de la tente puis un nouveau trajet en bateau pour retourner à la station de bus de Cadix. En attendant mon bus, un homme très "anciennes colonnies", tout de blanc vêtu, foulard de soi et cheveux gris mi-longs pour une coupe "aventurier", m´aborde avec un grand sourire en regardant le vélo. Grand voyageur devant l´Eternel, il en est à peu près - si j´ai bien compris - à sa 10ème ou 12ème vie. Il a à peu près tout fait, géré des entreprises, exploité des fermes en Afrique, et d´autres choses dont je ne me souviens plus. En revers de fortune en ce moment, il semble plutôt philosophe sur la suite et projette de repartir en Afrique bientôt. Visiblement mon vélo équipé lui rappelle ses jeunes années. Il me laisse son numéro de télèphone et son mail et me dit de l´appeler si j´ai besoin de quoi que ce soit. Une fois de plus je laisse moi aussi mes coordonnées et une fois de plus j´aurais la mauvaise surprise par la suite de recevoir un message (jusque là tout va bien) me confirmant que si besoin je pouvais l´appeler, puis un autre où il s´étonne de ne pas avoir de nouvelles - à quoi j´ai répondu : tout va très bien je n´ai donc besoin de rien.
Pour l´heure, je pars pour Ronda en bus !
Comme d´habitude par grande chaleur dans les transports rapidement je ferme les yeux.. Le bus s´arrête régulièrement, des gens glissent leurs bagages dans les soutes et grimpent. J´espère qu´ils font attention à mon vélo qui voyage couché... Je somnole depuis un moment quand j´ouvre les yeux alors qu´on ralentit. Le paysage a changé, nous voilà entourés par les montagnes et une jolie forteresse perchée sur un rocher protège les maisons qui s´accrochent à son flanc. Je referme les yeux... La route n´en finit pas de monter. A perte de vue les montagnes se déploient sur un fond de ciel bleu resplendissant.
Nous arrivons dans le centre de Ronda par le côté ville nouvelle. Je descends et récupère vélo et sacoches. J´ai apercu en arrivant un panneau "camping". Je vais à l´office du tourisme pour avoir un plan de la ville et voir où se situe le camping. Direction la vieille ville en franchissant le vieux pont puis 1,5 kms sur la route de Malaga.
Le pont est magnifique et plonge profondément ses fondations dans le ravin. Ce que j´apercois de la vieille ville me semble vraiment mignon, je file vite au camping pour m´installer et avoir le temps de profiter le la balade avant le coucher du soleil. Ca grimpe pour aller au camping !! En haut d´une cote, je me pose dans un café pour mon traditionnel fanta orange avant de faire les derniers 200 m qui me conduisent devant un camping de bonne tenue. Je plante ma tente à côté d´une caravane allemande et file en vélo retrouver la vieille ville. C´est la première fois que je me proméne en vélo sans mon chargement, que je me sens légère !! Par contre je descends vite de selle, car les petites rues sont pavées. Le paysage mopntagneux s´offre à la vue tout autour des remparts, c´est très chouette ! Par contre c´est aussi très touristiques, les boutiques de souvenirs sans intérêt (pour moi) se succèdent.
Là aussi les tribunes sont montées pour la semana santa. Une grande artère côté ville moderne semble concentrer toute la population en pleine frénésie de shopping. Je m´éloigne et vais m´asseoir au soleil sous un kiosque pour lire en face des montagnes. Les badauds se rapprochent au fur et à mesure que le coucher de soleil s´annonce. Apparemment je dois être sur un point d´observation du coucher de soleil ! Mais ca fait trop de monde pour moi tout ca. Je décide de filer voir le coucher de soleil depuis les hauteurs du camping. Je dois me dépêcher car il tombe vite et je veux faire des courses pour ce soir. J´ai repéré un Dia près du camping.
Evidemment le Dia est en bas d´une pente raide sur la gauche de la route conduisant au camping ! Bon. Je descends la pente, attache mon vélo. Je me retourne pour entrer dans le magasin et apercois un grand dadais mal rasé en train d´attacher lui aussi son vélo sur le trottoir d´en face. Je m´approche. Hey, tu es au camping ? Oui, Jap (prononcer Yap) est au camping. Il est hollandais et fait du vélo couché. Il parait qu´il y a un autre cycliste en vélo couché au camping. Un canadien. Jap me propose qu´on cuisine ensemble ce soir. Ok ! C´´est parti pour les courses. Légumes, spaghettis, bière, sardines. On charge nos vélos et on mange la pente dans le sens de la montée pour retourner au camping.
Richard, le canadien, est installé au restaurant. Il a mangé mais il a encore un peu faim. On l´invite à nous rejoindre.
Les deux cyclistes couchés sont cote à cote. Je vais chercher ma popote et mon réchaud. L´apèro est servi. Jap revient du Maroc. Il est ravi de seon séjour. Degingandé, mesurant peut-être 2 mètres, un peu maniéré, Jap voyage depuis plusieurs mois et rentre en ce moment chez lui en espérant repartir très vite après. Il pourrait passer sa vie à ne faire que ca. Sans blague ?....
Richard termine ses trois semaines de vélo en Espagne avant de repartir chez lui. Pour lui 3 semaines c´est bien suffisant, après il sature. C´est possble, ca ??...
Pendant qu´on discute, j´allume mon réchaud pour les pâtes. Mais au bout de 5 minutes il s´arrête. Plus d´´essence ?? Il faut dire que je l´´avais très peu rempli. Richard, qui a le même réchaud que moi, jette un oeil. Non, ca ne veut pas redémarrer. Bon. On laisse tomber les spaghettis. Jap nous prèpare sur son réchaud un plat de légumes mélangés qui fait très bien l´affaire avec la sauce des pâtes.








Jap et Richard ont décidé de prendre un jour de repos tous les deux et de tester leurs vélos. Ils partiront faire un tour dune trentaine de kilomètres dans les environs, en essayant chacun le vélo de l´autre. Moi je ne suis pas tentée par un essai. Le vélo couché me paraît trop instable à l´arrêt et donc pas très sécurisant.
Le lendemain matin les garcons partent donc vers le sud, alors que je reprends la route vers le nord est. Je n´ai aucune idée de la topographie de la route mais je vois bien que je suis entourée par la montagne... Donc cest parti pour de la grimpette ! De grands rochers s´élancent sur ma gauche, c´ést super joli. Je m´arrête souvent pour reprendre mon souffle mais j´admire le paysage et me sens bien dans ces hauteurs, en compagnie des vaches et des moutons, interrompue dans ma contemplation par les motards qui sont de sortie - et oui, on est dimanche !
Je mets un temps infini à franchir le col qui porte le joli nom de Porte du vent. De là-haut on domine tout le parc naturel, c´est immense et magnifique. Des rapaces tournoient au-dessus de ma tête (mais beaucoup moins qu´au Saut du Gitan !) Je suis aux anges. Surtout que la route redescend. Mais pas pour longtemps ! Je repars bientôt à l´assaut dun deuxième col, la Porte des Abeilles cette fois. Que c´est long d´rriver là-haut ! Je n´ai vraiment pas beaucoup d´endurance. Il fait chaud, le parc est désert. J´atteins des points de vue superbes, le regard porte très loin, les couleurs sont belles et vives. Après le col, une belle descente s´amorce sur plusieurs kilomètres. Je file ! Au détour des virages mes yeux accrochent un quart de seconde des vues sublimes et j´hésite 10 fois à m´arrêter pour prendre une photo. Mais le temps de l´hésitation, il est trop tard ! Et puis je n´ai pas envie de freiner maintenant que j´avance enfin après m´être trainée dans les montées !
Le village de Burgos, maisons blanches et tuiles rouges, apparaît au milieu des champs. Depuis quelques temps les maisons sont uniformément blanches, avec quelques variantes de couleurs sur les contours de fenêtre, les portes, les balcons. C´est mignon comme tout. Je décide de m´arrêter, c´est l´heure du traditionnel Fanta orange. Je pose le vélo dans la cour du café le plus peuplé du village. Les gens y sont là en famille, bien habillés. C´est très bon enfant, multigénérationnel et bruyant. Je prends le temps, je sais que je vais arriver ce soir à Yunquera oú Richard m´a indiqué un camping. J´en profite donc pour regarder les gens, les vieux qui semblent perdus dans leurs pensées mais avec un sourire aux lèvres, les jeunes gominés on se demande bien pourquoi étant donné qu´en dehors de ce bar le village ne comporte que quelques maisons familiales, les enfants qui crient et courent partout.
Bon mais il faut remonter en selle, ca monte pour arriver à Yunquera. J´aime pas quand ca monte. Et ce sera long, très long pour enchaìner les kilomètres et voir enfin le panneau d´entrée du village. J´en ai marre, il était temps que j´arrive. Le camping est évidemment indiqué en bas à l´entrée du village, ce qui veut dire que demain matin pour partir il faudra gravir la pente dans le sens inverse pour reprendre la route de Coin. Youpi.




J´arrive au camping en pleine fête ou presque. Sous un préaut, des gars forts comme des bodybuilders sortent une gamelle géante qui a accueilli une énorme paella. Aujourd´hui a eu lieu une course, un trail dans la montagne. Au moment où j´arrive, la fête se termine et on commence à ranger. La musique joue encore à fond, les organisateurs s´appellent d´un bout à l´autre des sites (le terrain de football à côté a apparemment servi à occuper les familles pendant la course des sportifs), bref, moi qui aspire à du calme je sens monter la frustration.
Et puis c´est quand même ballot, je viens de passer une journée dans le magnifique parc de la sierra delle nieves, et le camping qui porte le nom du parc est si bien agencé que je vois à peine les jolies montagnes. Bon. Je m´installe et pars me promener en ville. C´est tout calme, pour le coup. Sauf dans la rue principale où des jeunes discutent devant un café ouvert qui diffuse une musique rock un peu trop violente pour mon humeur du jour. Je m´éloigne. Dès qu´on sort du village on se retrouve face aux montagnes et aux vaches. J´ai faim, je décide de me poser dans un petit restaurant sur le bord de la route. J´ai vu qu´il y avait une terrasse. Je pensais avoir vue sur la montagne, raté, c´est un petit jardin muré. Le temps de voir arriver mes tapas, le vent s´est levé et fait s´envoler les serviettes et le pain sur les tables. Youpi !
Lorsque je rentre au camping un peu avant la tombée de la nuit, j´apercois une femme en train de s´installer sur une aute parcelle, et un vélo chargé de sacoches près d´elle. Je vais la saluer. Cecile est francaise, elle vient d´arriver de Malaga et démarre son périple en Andalousie pour trois semaines. Mince alors, elle m´impressionne de partir en solo dans ces montagnes. Et puis ca grimpe sévère depuis Malaga, je n´aurais pas pu faire ca en une journée moi, je pense.
On fera un peu plus ample connaissance au petit déjeuner le lendemain matin lundi. Cécile part vers Ronda, moi vers Malaga. Le temps de faire chauffer un thé et de manger des petits gâteaux, on discute. En allant la rejoindre sous le préau j´ai croisé aussi un couple de jeunes, anglais si mes souvenirs sont bons, qui voyagent aussi en vélo sans limite de temps. La veille c´ést un policier anglais qui s´était arrêté un moment à ma hauteur pour discuter. Lui part chaque année en vélo pendant ses vacances. En tant que policier, il n´a pas hésité à me dire que dès qu´il le peut il se cache pour camper à la sauvage !
Avec Cecile on remonte ensemble la route qui nous ramène sur le rond point d´entrée du village. Elle part à gauche, je pars à droite. Au bout de 150 mètres à peine je m´arrête pour être bien sûre de ce que je vois : c´est bien la mer que j´apercois là bas au loin ! Je ne la reverrai plus avant d´arriver sur la côte après mes 15 jours de travail chez LIna et Franck.
Je n´ai que 18 kms à faire aujourd´hui pour arriver sur mon "lieu de travail". J´avance super tranquillement, j´ai envie de profiter de ma journée et de n´arriver qu´en début d´après-midi. Lina m´a dit que la Finca est située au kilomètre 51 sur la route de Malaga. Plus les kilomètres défilent plus je ralentis. Je m´arrête au kilomètre 49 et me pose devant les montagnes pour pique-niquer.
Enfin il faut y aller. Je suis très contente de découvrir que ce merveilleux paysages sera mon panorama quotidien pendant 15 jours. J´arrive bientôt au km 52 sans avoir vu de panneau Finca El Rio. Je fais demi tour et envoie un message à Lina. Elle sort à ma rencontre sur le bord de la route et je la vois. J´entre dans la propriété accueillie par 5 chiens !
Lina et Franck sont retraités tous les deux. Lina est du Pays de Galles, Franck est hollandais. Ils ont l´un et l´autre dans les 75 ans et on choisi de vivre ici il y a 15 ans. Ils ne parlent qu´anglais. Si Franck est calme et débonnaire, Lina est hyper bavarde et hypèr active. Je vois tout de suite que c´est elle le boss pour l´entretien de la maison et les travaux. Elle pense que je comprends très bien l´anglais et me parle donc comme si j´étais bilingue. Dur dur au début. Mais finalement je sens vite qu´il faut faire du tri dans ce qu´elle dit, donc tant pis si je loupe un mot ou deux, voire une phrase ou deux...




Je suis ravie de découvrir mon petit chez-moi. Un studio attenant au studio de Franck. Coin cuisine, salle de bain, frigo rempli, j´ai tout ce qu´il faut ! Je fais le tour de la propriété avec Lina et découvre un jardin parsemé de petits trésors à découvrir un peu partout. Ici un perroquet suspendu au toit, là une tortue qui grimpe sur le rebord du trottoir, là un masque africain coulé sur un arbre, ici une danseuse scultpèe dans le bronze.... Partout des oeuvres d´art ou parfois simplement un gros morceau de bois semblant représenter un animal ou un visage sont disséminés dans les moindres recoins de ce jardin qui n´a rien d´anglais. J´aime ca. Je me sens bien, ca me plait. La piscine, les transats et et les hamacs peuvent m´accueilir quand je veux pendant mon temps libre. Tout à mon plaisir d´avoir un coin à moi, je vide entièrement mes sacoches et me crée mon petit univers. Je profiterai de cette pause pour passer en revue tout mon matériel.
Lina m´explique que le midi je m´occuperai moi-même de mon déjeuner (elle remplit le frigo), et le soir je mangerai avec elle et Frank. Ca me va très bien. Ca va me changer d´avoir de vrais dîners !
Je profite de mon temps jusqu´au soir. Je ne vois pas beaucoup Franck, qui passe la plupart de son temps dans sonmm studio. J´ai apercu un immense portrait au dessin, accroché au mur de son studio. Je me demande ce qu´il fait. Je l´imagine en train d´écrire quelque chose mais je ne sais pas quoi.
Je trouve plein de livres en anglais dans le studio, et des DVD. Super, je sens que je vais bosser à fond mon anglais pendant ces deux semaines ! Je suis un peu anxieuse à l´idée de découvrir le travail qu´on va me demander de faire. Comme toute citadine qui n´a jamais l´occasion de jardiner j´ai hâte de me retrouver les mains dans la terre !
Ce premier dîner me donne l´occasion de mieux connaître Hariet, une anglaise de 54 ans qui a travaillé pour LIna et Frank avant moi. Elle loge pendant une semaine dans le "chalet". La propriété se découpe en 5 parties. La maison occupée par Lina et Franck, le jardin principal, une deuxième parcelle avec un chalet et un jardin, un 3ème jardin qui est l´univers particulier de Lina et Frank et rassemble toutes leurs fleurs un peu spéciales, une autre parcelle de jardin, et une 4ème parcelle de jardin avec les deux studios. On peut donc être nombreux sur place, chacun a sa tranquillité. Tous les matins je prendrai mon petit dej dans mon jardin, sur ma petite table au soleil.
C´est chouette d´avoir de la compagnie. Instinctivement je suis contente de la présence d´Hariet. Je sens qu´on va s´entendre, même si on se verra peu. Très vite je sens aussi que Lina monopolise la parole et que Frank est en retrait. Ca me fait tout bizarre dêtre à table dans une vraie maison avec des gens que je vais voir tous les jours. C´est agréable. Sans compter le plaisir de dormir dans un vrai canapé-lit, ca me change aussi des lits plus ou moins confortables des auberges de jeunesse ou de mon matelas auto-gonflant.
Dès le lendemain matin je fais chauffer mon café pendant que je prends ma douche. Quelle étrange sensation de mettre le réveil pour aller travailler ! Je fais griller du pain et savoure la confiture dans dans le jardin en attendant quil soit 10h - pour cette première journée, il faut que jattende que Frank soit opérationnel car c´est lui qui va me montrer comment fonctionne la machine pour tondre la pelouse. Comme je n´ai quasiment jamais fait ca de ma vie, je ne sais pas à quoi m´attendre et je m´habille en tongs, short et t-shirt (il fait super chaud !). Lina me donne des bottes. Frank sort la machine et tente de la faire démarrer : raté, ca ne part pas. Nouvel essai... le moteur ne veut pas. Bon. Je vais voir LIna, qui me demande de faire autre chose en attendant,. Je repars armée d´un sécateur, d´un cutter et de gants, et c´est parti pour dégager toutes les grosses pierres plates noyées sous les mauvaises herbes.
Etre dehors dans le jardin me plaît. Une fois que je sais ce que j´ai à faire, je n´ai personne sur le dos, c´est plaisant aussi. Je pars dans mes rêveries tout en m´appliquant à nettoyer et enjoliver ce jardin complètement envahi par les herbes hautes. Le temps passe sans que je m´en rende compte. Lina devra souvent me rappeler d´aller manger, ou m´entraînera à faire des pauses en me proposant une bière ou un jus d´orange pressé de temps en temps. Le moteur de la tondeuse se décide à fonctionner en début d´après-midi. Et c´est parti ! Je m´amuse beaucoup avec ca. Ca deviendra même addictif ! Car lorsque la zone à dégager est si grande, il est difficile de s´arrêter. On voit toujours un coin qui n´est pas terminé, un bout qui a été mal égalisé. Ceci dit, les premiers jours sont un peu cahotiques car la machine s´arrête régulièrement et ne veut pas toujours redémarrer tout de suite. Je dois à chaque fois appeler Frank et aller le chercher dans son studio. ca me gêne beaucoup. Mais Lina me dit de ne pas hésiter. En fait elle finit par me dire que Frank ne fiche pas grand chose, qu´il est toujours à regarder la télévision, que c´est son job de faire fonctionner la tondeuse donc si j´ai besoin de lui il faut qu´il m´aide. Bon bon.
Ca ne me met pas très à l´aise qu´elle présente son compagnon comme un feignant. Plus les jours passeront, plus elle me prendra à témoin et se permettra de petites réflexions en sollicitant du regard ma complicité, ce à quoi j´essaie d´échapper. Au début en tout cas j´étais assez embêtée, jusqu´à ce que je comprenne un peu mieux comment ils fonctionnent.
Dès le premier jour j´ai également attaqué la peinture. J´ai dû peindre un mur extérieur en blanc. J´ai arrêté de bosser vers 17 ou 18h alors que j´aurais pu m´arrêter au moins une heure avant. J´ai toujours fait plus d´heures que prévu, mais ca me plaisait. Et puis je n´avais pas forcément le temps de partir faire un tour en ville avant le dîner, ni la force d´aller marcher un peu, donc entre bouquiner au soleil et continuer à tondre ou à peindre, après tout, autant me dépenser utilement !
J´ai donc pris un rythme quotidien plutôt sympa pendant ces 15 jours. Une fois que j´ai su où se trouvaient tous les outils, je n´avais plus besoin d´attendre qui que ce soit pour me mettre au boulot à mon heure. Levée à 8h, je prenais le temps de petit déjeuner tranquille avant de me mettre au travail à partir de 9h, 9h30 ou 10h. La tondeuse a fait des caprices trois jours de suite.
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![IMG_8707[1].JPG](https://static.wixstatic.com/media/e2bb6f_6a095417b23c43b0944c9f94f6957003.jpg/v1/fill/w_980,h_653,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/e2bb6f_6a095417b23c43b0944c9f94f6957003.jpg)
Frank a dû se résoudre à ce que LIna appelle des amis - anglais, bien sûr - habitant juste à côté, pour qu´ils nous dépannent. A cette occasion j´ai vécu un moment un peu bizarre, qui ne m´a pas trop plu. Lorsque les amis sont arrivés, j´étais en pleine peinture, donc habillée avec une salopette bleue prêtée par Lina. On m´a invitée a faire une pause et à partager une bière avec la charmante compagnie.
Plutôt sympa. Mais je me suis retrouvée au milieu de british bien habillés, sirotant une bière ou un jus de fruit, et discutant de choses et d´autres pas franchement passionnantes à mon goût. Je crois que ce qui m´a genée ce jour-là, c´est d´une part le sentiment que ces gens-là n´avaient pas l´air de s´intéresser beaucoup aux espagnols, à l´Espagne, mais semblaient assez centrés sur leur vie et leurs besoins, et d´autre part le fait que personne ne m´adresse la parole. Au bout d´un moment j´ai eu la sensation d´être la domestique à qui on accorde le privilège de partager une boisson avec les hôtes mais en fait on n´a rien à lui dire. Bon, je devais êter mal lunée ou mal à l´aise, tout simplement, ce jour-là. Je passerai d´ailleurs les 15 jours à éprouver des sentiments contradictoires, et surtout à propos de Lina. Car pour Frank les choses sont différentes. Un soir, alors que nous dinions, j´en suis arrivée je ne sais comment à raconter que le voyage était le premier des rêves que je voulais réaliser, le 2ème étant d´écrire un roman. A ces mots, Frank s´est réveillé. Lui qui ne disait jamais rien - enfin il ne pouvait pas en tout cas ! - m´a alors dit que justement lui-même était en train d´écrire son premier livre, Ce soir-là j´ai appris que Frank avait dans le passé créé sa propre maison d´édition de livres pour enfants, et qu´il est le découvreur de Barbapapa. Je lui dis : j´étais sûre, justement, que vous écriviez, dans votre studio !
J´ai dû paraître réellement intéressée, car le lendemain, pendant ma pause déjeuner, Frank m´a apporté un recueil de courtes histoires qu´il a écrites et qui sont toutes tirées de ses expériences en voyage (souvent voyages d´affaire, sinon de loisirs). Ravie, j´ai découvert dans ces histoires un personnage plein d´humour. intéressé par l´être humain, bref plein de choses que je pouvais difficilement voir dans le peu de mots qu´il avait prononcé depuis mon arrivée.
J´ai eu l´occasion d´em parler avec Hariet, qui m´a invitée à dîner dans son chalet un soir où Frank et Lina étaient de sortie. Si nous prenions chacune des précautions au début de la soirée, on a finit par s´avouer toutes les deux qu´on trouvait Lina assez barbante et auto-centrée, et Frank en retrait, du fait du peu de place que Lina laisse aux autres dans la conversation. Je pense que j´en ai beaucoup plus appris sur Frank dans son recueil d´histoire que dans les conversations. Sauf une conversation. Le hasard a voulu que Lina, en tombant pendant qu´elle faisait les courses, se déchire les ligaments du genou. Elle qui a toujours 150 choses à faire dans la journée, elle n´a bien sûr pas voulu aller aux urgences ce jour-là. En même temps, chose incroyable, elle est rentrée en boitant mais tout de même elle marchait. Bien sûr la douleur a empiré dans la soirée et le matin elle a dû aller à l´hôpital (enfin une clinique privée)... pour être opérèe dès le lendemain matin ! Du coup Frank et moi avons dîné seuls le soir, et pu discuter à loisirs de voyage et de livres !




Je n´ai pas d´ordinateur dans le studio mais j´ai internet, même si parfois ca fonctionne mal. Du coup je réalise mon premier skype et c´est super chouette même si ce soir-là la connexion sera capricieuse et sautera de nombreuses fois. J´ai moins de chance avec mes parents quand je retente la connexion avec eux deux jours plus tard. Zut ! Et encore moins de chance avec Julie B le surlendemain. Je vois Julie, et Kévin et Momo qui sont chez elle, mais eux ne me voient pas et ne m´entendent pas. Julie ne se décourage pas et m´annonce des nouvelles incroyables auxquelles je ne peux réagir que par le langage des signes, zut de zut ! Je me souviendrai de ce moment !
La semaine d´après je réussirai à parler avec mes parents et mes neveux, et Mag. Trop sympa !! Ca fait quand même du bien d´entendre la voix des gens et de voir leur visage !
Les jours s´enchaînent. La première semaine il faut un temps de rêve. Vu que je suis sortie de ma première journée de tonte couverte d´herbe de la tête aux pieds, je change de tactique pour les fois suivantes et Lina me donne des chemises qu´elle ne met plus. Chemises à manches longues obligatoires car j´ai les bras brûlés par le soleil. Lina m´a coupé une feuille d´aloé vera pour que je puisse utiliser la sève pour soigner ma peau.
C´est que cette femme - qui ne s´autorise pas une minute de repos et pour qui toute journée doit être consacrée au labeur - est pleine de petites attentions. Elle a entendu que les poires font partie de mes fruits préférés, hop elle m´en achète ! Le casque de protection pour la tonte des herbes folles est trop grand et me tombe sans arrêt sur le nez, me bouchant la vue au passage ? Elle me trouve des lunettes. J´ai fait plus d´heures que prévu hier ? Elle me dit : si vous ne voulez pas vous lever demain matin, pas de souci profitez-en ! Pour Pâques, elle nous offre à Hariet et à moi un petit pot avec des oeufs en chocolat dedans.
C´est pour ca qu´avec elle je suis constamment partagée, elle me saoule de paroles superficielles et pas toujours de mon goût (notamment lorsqu´elle raconte ses vacances désastreuses dans des pays pauvres), mais elle est aux petits soins. Je l´ai jugée sévèrement sur sa manière de rembarée Frank qui "n´en fiche pas une". Elle l´aide dans la rédaction de son livre. Elle est sa première lectrice et corrige son anglais. Frank travaille avec un partenaire d´écriture. Il commence à rédiger, puis il envoie son manuscrit à son collègue. Il doit alors attendre environ 1 semaine à 15 jours la contribution en retour de son partenaire. Lorsque je suis arrivée, il finissait un chapitre. Maintenant que le chapitre est fini, il est beaucoup plus disponible pour les menus travaux auxquels Lina lui demande de prendre part. L´ambiance dans le couple est bien plus détendue.
Ca n´empêche que lui préfère jouir de la vie sans trop en faire, tandis qu´elle se donne l´obligation de toujours travailler pour l´amélioration et l´entretien de la propriété.
La première semaine passe très vite. Hariet part lundi pour son nouveau poste qui lui plait beaucoup. Elle va dans une propriété à une petite centaine de kilomètres à peine, accueillie par deux femmes qui vivent là et ont aménagé un atelier de poterie. Le dimanche soir veille de son départ, Frank et Lina étant absents, Hariet m´invite à dîner. Pour l´occasion elle a préparé un riz au curry au lait de coco. Hariet a pas mal voyagé, notamment en Asie, surtout à l´époque où elle s´intéressait au bouddhisme. Je passe une excellente soirée avec elle, elle est douce, gentille, de charmante compagnie. Dans l´après-midi nous sommes allées avec Lina voir la procession du village de Guaro. Expérience assez intéressante...
Evidemment la procession n´a pas démarré à l´heure. Une demi heure après l´heure annoncée, nous nous étonnions même de voir les hommes qui allaient porter le char, en toge blanche et lunettes noires de beaux gosses, fumer nonchalamment devant l´église pendant qu´à l´intérieur la messe était commencée... En fait, à 12h30 - l´heure annoncée - nous étions les seules devant la porte ouverte de l´église à attendre le début de la procession. On s´était même pressées de peur de louper le départ ! Erreur grossière. L´heure espagnole n´est jamais vraiment bien fixée. A 13h30 les gens du village ont commencé à se rapprocher et à former une petite foule devant la paroisse. C´était drôle, tout le monde était sur son 31. On aurait pu êter à un mariage. Il régnait d´ailleurs la même gaîté et la même nonchalance que dans les mariages.
21 avril 2015
Bon, ca va etre coton. Ca fait une heure que je suis devant l ordi. J avais deja ecrit un paragraphe a deux a l heure quand l ordi a plante. Sachant que c est un ordi marocain et que depuis 4 jours que je suis au Maroc je n avais pas encore trouve d ordi compatible avec mon blog...
Tachons de rester opimiste.
Des jeunes filles tout de blanc vetues et portant de hauts chapeaux brodes de blanc et un sceptre argentes a la main ouvriront la voie a Jesus sur son char. De toutes petites filles sont pareillement vetues, toutes fieres des compliments qu elles recoltent de tout le village.
Lorsque les portes de l eglise s ouvrent enfin, les hommes en blanc se regroupent, machant leur chewing gum et repositionnant leurs lunettes noires et parfois colorees. Le char s avance. Etre temps la baterie fanfare est arrivee et s est positionnee devannt le char. Un coup de cloche, les hommes portent le char sur leurs epaules et se mettent a se balancer de gauche a droite pour prendre le rythme de la marche. La procession demarre, nous suivons. De temps en temps un coup de clochette fait s arreter les porteurs qui posent alors le char sur des pieds portables. Je ne vois pas ce qu il se passe lorsque le char s arrete. On me dit que les pauses permettent aux porteurs de se reposer. Ah bon. Rien de plus. La procession est tres lente, et tres nonchalante. Les gens ne sont pas particulierement recueillis ni concentres sur ce qu ils font. Ca discute, meme et surtout entre les porteurs. Nous suivons le cortege dans les petites rues etroites. Le village n est pas bien grand. Les filles ont envie e apas. On se positionne dans la rue ou se terminera la procession et on s installe a une terrasse pour manger des calamars. Petit a petit les gens font comme nous, la procession passe puis repart plus loin. Bon, on a vu a quoi ressemble une procession dans un petit village... On repart a la maison !
Je passerai avec Hariet ce soir-la une excellente soiree. Elle me donne un livre qu elle a emprunte dans le sudio et qui a pour titre How to be an explorer of the world. Ce livre fourmille de petites idees interessantes quand on a dans l idee d ecrire. J en parle a Frank, qui me dit de le prendre s il m interesse. Je ne me le fais pas dire deux fois, ce sera l occasion de faire un colis pour mes parents qui font office de relai - poste pour moi !

24 avril 2015
Oh miracle ! Je croyais avoir passe 1h30 sur internet pour rien la derniere fois, l ordinateur ayant plante deux fois de suite sans prendre en compte mes enregistrements. Mais ces enregistrements viennent de reapparaitre, merveilleux !
C est qu il devient de plus en plus difficile de faire le grand pont entre l Espagne d il y a trois semaines et le Maroc de Rabat aujourd hui... Entre temps j ai repris le carnet et le stylo, c est toujours ca pour ne pas oublier. Quant aux photos, on verrq comment je peux les reintegrer car c est long a telecharger.
J attends donc d etre installee dans mon nouveau chez moi a Mohammedia pour faire partir un colis pour mes parents. En attendant, je garde le guide du parfait explorateur du monde dans mes sacoches.
Avant d arriver chez Lina et Frank, je sentais que j avais un souci a une molaire porteuse d une couronne.
La dent ne me fait pas mal mais elle bouge, ce n est pas bon signe et je crains une infection. J en parle a Lina, qui me prend rendez vous dans une clinique privee - il y a plethore de ces officines privees dans le secteur et ca m evitera d attendre 1 mois pour un rdv. Le jour dit, le vendredi de ma derniere semaine chez Lina et Frank, Frank me depose a 11h30 devant la clinique. Un dentiste jeune et plonge 5 minutes avant dans l examen de son telephone portable me recoit. Il parle espagnol mais au besoin une assistante comprend l anglais. Je lui explique mon inquietude. Il n a aucune peine a retirer la couronne qui ne demande qu a se detacher toute seule.
Le voila qui hausse les yeux au ciel et soupire, demande a son assistante de jeter un oeil - celle ci confirme d un "madre dio !" Ah bon ? Qu est-ce qu il se passe ? Je crois comprendre "infection". On m envoie faire une radio. J enleve mes boucles d oreille pour l occasion, je les perdrais d ailleurs car j oublierai de les recuperer. Au retour de la radio, le dentiste me confirme son diagnostic : dent foutue, d ailleurs il garde la couronne, infection a soigner, et une seule chose a faire : un implant. Pardon ?? Je suis tres surprise. J explique que je suis en voyage et que si implant il doit y avoir je ne le ferai pas ici ni maintenant. Je veux un soin provisoire qui me permette de continuer a voyager tranquille. Mais il n en demord pas, il ne peut rien faire. Il me sort un devis de 1400 euros pour le soin, sachant que pour la nouvelle couronne il me faudra attendre 4 a 5 mois. Je redis que je quitte mon travail ici dans 3 jours et que je ne bais pas rester ici 5 mois pour attendre. "Non bien sur mais vous pouvez revenir"... Mais c est bien sur !..

Je recupere ma couronne et repars en pleine cogitation. Je passe acheter les antibiotiques pour soigner l infection, et reflechis a ce que je dois faire.
En rentrant, j envoie des messages a ma mere et a deux amies, plusieurs avis valent mieux qu un, surtout quand c est le mien :)
Au final, j attends le lundi pour appeler mon dentiste a Creteil et lui demander ce qu il en pense. Pour lui, si la racine n est pas cassee, aucune raison de faire un implant. Reste a trouver un dentiste qui voudra bien me fixer ma couronne qui continue a bouger. Ma soeur me dit que les dentistes espagnols et marocains sont reputes faire des soins corrects et moins chers qu en France. Je me decide donc pour ne pas perdre de temps en Espagne pour ca, vu que je n ai pas mal. Je ferai le soin une fois installee a Mohammedia. Vu que je dois y passer 15 jours, autant me faire soigner la-bas. Me voila rassuree.




Je reussis enfin a faire un skype avec mes parents et mes neveux. Quel plaisir de se voir et de s entendre !! Deux skype avec Mag me feront bien plaisir egalement ! Y a pas a dire, c est vraiment chouette ce contact en live. C est quand meme pas de bol que ca n ait pas marche avec Julie, mais on ne desespere pas !
Je n ai pas de reponse de mes demandes de boulot a Rabat (pour enseigner le francais a des enfants) et a Marrakech (pour participer a la creation dun espace artistique en pleine medina). Je suis decue mais ne desespere pas la non plus. Harriet est partie pour son nouveau job. Sa compagnie douce me manque. Le jour de son depart, Lina et Frank partent faire des courses et reviennent avec une Lina qui boite et a mal partout. Elle a fait une chute et s est probablement fait une entorse du genou, sans parler de sa douleur a une cote et au poignet. Elle n a pas voulu aller aux urgences mais le lendemain il faudra bien qu elle y aille car elle peut a peine marcher. Le diagnostic sera sans appel : ligament du genou presque arrache, operation le lendemain matin.
Le jour du depart approche. Je sens que je commence a angoisser a l idee de quitter l Europe et d aller vers l inconnu. Pourtant j en ai de plus en plus envie, mais la peur pointe tout de meme le bout de son nez. J ai deux jours de "conges" avant de partir. Le dimanche, comme il ne fait pas tres beau, je vais me promener dans la montagne. Je me pose dans un champs pour lire, quand un homme arrive sur son tracteur pour cultiver sa terre. Il arrete son tracteur et descend pour venir me parler. Il ne parle qu espagnol, j essaie d avoir une conversation mais ca ne va pas bien loin. Antonio me dessine un plan pour trouver sa maison et m explique qu il serait ravi que je vienne boire un cafe. Et puis il se trouve qu il vit seul, qu il n a ni femme ni enfant. Formidable, bon ben il faut que j y aille mais oui oui j ai bien compris comment on va chez toi, t en fais pas ! Je repars....
Le lundi je fais le grand menage dans le studio. Une norvegienne arrive jeudi pour me remplacer. Comme j ai pris plaisir a tondre la pelouse et que je n ai pas eu le temps de terminer un bout du jardin, je demande a finir la parcelle, ce qui ne pose evidemment aucun souci. On passe une soiree bien agreable avec Lina et Frank. Je ne regretterai pas les chiens, qui sont adorables mais pleins de tiques.
Il est d ailleurs temps que je reparte car la sedentarite ne m aide pas a avoir l inspiration pour mes projets d ecriture, tous les soirs je profite d internet pour regarder la serie Nashville !
Allez zou, reprenons la route !
Le mardi matin 14 avril j attends le reveil de LIna et Frank pour partir. Je suis en route a 10h. Ca me fait tout drole ! Je dois etre le soir chez Mandy, une anglaise de 52 ans installee en Andalousie a cote d Estrepona, au bord de la mer. J ai eu ce contact par warmshower. Normalement la route descend jusqu a la mer, du moins c est ce que m ont dit Lina et Frank. Mais LIna et Frank ne font pas de velo, leur idee de la descente est donc toute relative. Sur la trentaine de kilometres que je dois faire pour arriver a Marbella, sur le front de mer, seuls les 10 derniers kilometres filent en pente. Toute la matinee je galere donc a appuyer sur les pedales pour avancer. Ouf, j avais oublie le poids de ce que je transporte ! C est physique, comme reprise ! Je grimpe jusqu a Monda, jolie petite ville qui m accueille avec un petit marche a ciel ouvert. Parfait, je decide d y faire une pause cafe pour me redonner du courage, persuadee qu apres Monda ca va enfin descendre. Je descends de velo et parcours le marche. Devant un etal de bijoux, un anglais m aborde. You speak english ? - A little bit. Jamie est cycliste et visiblement tres interese par mon voyage.
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Il souleve mon velo charge et s etonne du poids. Tu dois etre tres forte ?!! Non, je vais doucement ! Jamie me pose plein de questions, appelle sa femme, lui raconte ce que je fais. Jenny parle francais. On reste la a discuter un petit moment, puis ils me souhaitent bon voyage et s apprëte a acheter un collier pour Jenny pendant que je finis le tour du marche. En revenant vers un cafe au debut du marche, je les croise a nouveau. Ils s approchent et me demandent si je sais ou dormir cette nuit, parce qu ils ont envie de m inviter. Ah que c est dommage d avoir ce rendez-vous a Torreguediano !! J aurais volontiers accepte l invitation. Jamie et Jenny sont installes pas loin de Monda. On se dit au revoir chaleureusement et je repars toute etonnee et ravie de cette proposition.
La montagne m attend de pied ferme, j en bave une bonne partie de la journee notamment avec un enorme detour obligatoire a la sortie de Monda pour aller rattraper la route de la mer. Je suis ravie. Enfin mes souffrances s abregent, je plonge enfin - c est le cas de le dire tellement la pente est pentue ! - dans la mer.
Marbella n a aucun charme et son beton sur fond de ciel blanc ne m enchante pas specialement. C est quand meme sympa de retrouver la mer. Je m offre d ailleurs des calamars pour la regarder a loisirs avant de suivre la cote pour atteindre mon point d arrivee. Je suis tres lente, j envoie un message a Mandy pour l avertir que je ne suis pas sure d arriver jusque chez elle ce soir. Elle me dit de ne pas m inquieter, j qi tout mon temps. Certes, mais il y a encore pas mal de route a faire... Je recois un texto : Mandy a un rendez-vous a Estrepona et se propose de m embarquer dans sa voiture quand j y arriverai. Top la ! Sauf que dans les environs d Estrepona la route est super nulle, une nationale qui ressemble a une autoroute et sur laquelle je me fais claxonner. Je n ai pourtant pas d autre alternative ! Mandy me dit de m arreter a la premiere sortie, elle me retrouvera. Et en effet peu de temps apres je vois arriver une clio noire avec au volant une Mandy au franc sourire.




On arrive a tout charger dans le coffre ! Quand je vois le temps qu on met pour arriver chez elle, je me dis que jamais je ne serais arrivee a temps pour diner !
Mandy habite une petite maison sympa, decoree facon tres old fashion et j adore ca ! Tout respire les objets qui ont une histoire, du vecu, et la plupart viennent de loin. Je sais tres peu de choses sur Mandy, j en apprendrai beaucoup au cours d une soiree qui compte parmi les meilleures que j ai pu vivre depuis le debut de ce voyage. On a beaucoup parle et beaucoup ri, et les deux bieres qu on a bues n y sont pas pour grand chose.
Mandy m installe dans une chambre et me montre sur son ordinateur la route a prendre pour demain, ainsi que des variantes dans la montagne. Puis je vais prendre une douche et elle allume pendant ce temps un feu dans le poele a bois - genial !!
Il ne fait pas froid mais c est pour le plaisir d allumer un feu et de le regarder bruler. J adhere totalement... depuis son balcon ou on a vue sur la mer, on voit s approcher de gros nuages gris menacant. Apparemment du mauvais temps est prevu pour demain, en partie.
En prenant l apero je demande a Mandy pourquoi elle, qui a parcouru le monde dans tous les sens en faisant mille metiers parmi lesquels le dernier en date - capitaine de bateau -, pourquoi elle a choisi l Andalousie pour s y installer. Elle m explique ses raisons. Si elle avait dû aller la ou elle se plait le plus, elle vivrait aujourd hui sur les iles Tonga. Mais pour etre a deux heures d avion de ses parents londoniens elle a opte pour l Andalousie, ou elle a d abord travailler avec les chevaux avant de devenir capitaine. Elle me raconte son integration espagnole, a la fois facile et pas tant que ca. On a souvent partage des points de vue sur la societe en general, on a beaucoup ri, on se ressemble pas mal en fait... mis a part que la mer me fait peur et que je ne pourrais pas me retrouver sur un bateau sans voir la terre quelque part et si possible pas a plus de 100 metres. La vision de la femme andalouse, le non desir de maternite, le mariage pour tous, l ennui du quotidien sans surprise, la vitesse de plus en plus croissante d evolution de la societe, tout y passe. On refait le monde par le bout de notre lorgnette.




A 23h, Mandy a son feuilleton prefere qui demarre a la television. Je la laisse devant la tele et vais dans ma chambre consulter lire avant d eteindre la lumiere. Dehors, le spectacle commence ! Je n ai pas ferme les volets du coup je vois des eclairs se dechainer au-dessus de la mer. J adore...
Je m endors en me disant que demain, j arrive a Gibraltar...
Le lendemain Mandy va a son cours de velo de vitesse - ca ne s appelle pas comme ca mais j ai oublie le nom. C est du velo qui se fait dans une salle de sport, en musique, avec des phases lentes et des phases rapides. Un truc de fou, quoi ! Elle revient a 10h, je l attends sur le perron. Elle me montre encore un tas de truc dans son equipement de velo, dont une selle dont la tige cache une pompe a pied ! Genial ca !
Le moment de se dire au revoir arrive, allez zou c est parti vers Gibraltar !!


2 mai 2015
Enfin un ordi a Casablanca ou je passe le we apres ma premiere semaine de boulot a la ferme; pres du village de Jeema Fedalate. C est de plus en plus etrange de parler de l Espagne; mais on va tenter...
Mandy m a bien explique par ou je devais passer si je voulais longer le port et la mer pour aller vers Gibraltar. Evidemment je me trompe et j abandonne assez vite la cote; pour passer par une route qui zigzag dans la campagne sans trop monter heureusement. Il ne fait pas specialement beau. Mandy m a predit quelques gouttes de pluie dans le secteur en fin de matinee. Le ciel est gris blanc. Encore une de ces journees ou j ai l impression de me trainer sur la moindre pente ! Je guette le rocher avec autant d impatience que d angoisse. Quand je l apercois enfin la bas au loin; il est tout enveloppe de nuages. Je prends des photos; mais sur fond de ciel blanc et de brume on ne voit rien sur l ecran ! Le voila donc ce rocher...
Plus je m approche et plus l image se detache nettement. Je ne vois que la base du rocher; le pic restera presque toute la journee dans son echarpe de nuages. C est dommage tout de meme ! Mais ca ne gache pas mon plaisir.
Sur mon GPS une route part sur la gauche et rejoint la mer pour arriver a la Linea de Concepcion par la cote. Je repere l embranchement et vire a gauche toute ! Au bout d une petite montee; etrange; je passe ce qui ressemble a une entree de parc; residence ou golf... Un peu dubitative; je verifie mon GPS; qui me confirme que c est la bonne route. Bon; youpi ! Parvenue au sommet de la cote; voila la route qui descend d un coup se jeter dans l eau 2 ou 3 kms plus bas. Un peu inquiete; je descends. Je tombe dans ce qui ressemble de plus en plus a un village de vacances pour riches amateurs de golf... Parvenue tout en bas; je decouvre que ma soi disant route est un chemin de randonnee pedestre.... Depitee; j hesite un moment a tenter de l emprunter en velo. Mais comme je n arrive pas a voir s il va vraiment jusqu a la LInea de Concepcion; je renonce et fais demi tour. Il me faudra un bon moment pour pousser le velo jusqu en haut; avec quelques courtes tentatives en pedalant. J ai perdu un temps fou avec ce detour. Tant qu a faire; perdons en un peu plus : je decide de pique niquer la haut.
Enfin je reprends la route et rejoins l embranchement que j avais quitte deux heures plus tot. Que c est bon de rouler quand on vient de galerer ! J arrive enfin a la Linea de Concepcion. Je me demande a quoi ressemble une ville qui porte ce nom ! Et bien c est comme un long couloir de maisons et boutiques qui ont deja un debut de look oriental dans l architecture; dans la decoration; et dans l etat de delabrement qui pointe le nez voire plus... Les maisons sont tres colorees et tres peu elevees. Je trouve l office de tourisme et me fais indiquer le camping... que j ai croise sans le savoir 3 kms plus tot. Il se trouve pres de la mer; la route par laquelle je suis arrivee passait plus a l interieur des terres. Je repars vers le nord mais en longeant la mer cette fois. Je depasse un village de pecheurs qui fait peine a voir avec ses bateaux en piteux etat et l etat de salete de la plage. Je me trompe encore une fois a un embranchement; on me remet sur la bonne route. Je traverse une longue rue qui n a plus grand chose d espagnol. Les entrees des maisons de plein pied sont toutes ouvertes mais avec un rideau attrape-mouches en parade. Des groupes de jeunes stagnent dans la rue et me regardent sans sourire. Je ne comprends pas un mot des echanges. La rue est sale; je n ai pas envie d y trainer; malgre un exotisme qui ne me deplait pas. Au bout des habitations la rue debouche sur les champs a gauche et la mer a droite. Je longe 500 metres de plage avant d apercevoir le panneau du camping. Quand j arrive; un match de foot a commence sur le terrain a cote de la reception. Le camping heberge le siege social d une association qui fait faire des activites physiques a des personnes en situation de handicap mental. Aujourd hui c est foot.
Je m installe sans trainer; j ai hate de decouvrir Gibraltar. Je pars en velo avec ma veste gore tex dans le sac; en prevision de la pluie car le ciel est menacant !
Je reviens par la meme route jusqu a l office du tourisme. Le passage vers Gibraltar n est qu a 200 metres. Un tout petit genre de centre commercial est installe devant le controle des polices espagnoles et anglaises. Une statue d un ouvrier edifiee a la gloire des travailleurs en l honneur du 1er mai se detache sur fond de panneau publicitaire Burger King... De gros bateaux gris ont jete l ancre dans la mer un peu plus loin. Un terrain vague et des materiaux de construction entourent le pied du rocher et l acces au controle des frontieres. Mon dieu que c est moche; tout ca ! Les ruines des anciens bastions militaires qui surveillaient la ligne de separation entre les deux territoires ne sont pas mises en valeurs; on a a peine envie de les regarder.
Ca me fait tout drole de passer le portillon du controle avec mon passeport a la main.
Un espece de no mans land succede au passage de la frontiere. Sur 300 metres on marche - moi je pedale - sur ce qui ressemble etrangement a une piste d atterrissage ! Avec le ciel gris moche; c est vraiment pas tres accueillant tout ca ! Mais je suis tout de meme contente !! Je suis a Gibraltar ! Je veux aller a la pointe; de l autre cote du rocher. La ville grimpe par quelques petites rues etroites ou la circulation est assez intense ! C est drole comme tout a coup tout a pris la couleur et le look british ! Ca fait un drole d effet. Depuis la couleur des cabines telephoniques jusqu a la conduite a gauche; on se croirait en Angleterre..
Je cherche a fuir cette circulation dont je n ai pas envie; et commence a contourner le rocher par la droite. Evidemment je me trompe plusieurs fois avant de trouver la route cotiere; et bien sur a chaque fois que je me trompe je dois corriger en grimpant un peu plus sur le rocher.
Quelques gouttes commencent a tomber. Entre la pluie; les maisons sans charme; le fouillis de fils electriques barrant le ciel dans les rues etroites et les nuages blancs puis noirs tres bas sur le rocher; vraiment ma decouverte de Gibraltar ne me laisse pas un souvenir emerveille !
L averse se fait plus violente; je decide de m abriter un moment sous un abribus. Un petit garcon fait comme moi.




Il part avant moi; alors que l averse diminue d intensite. Je m apprete a partir egalement lorsqu un scooter freine et derape avant de se coucher par terre - sans aucune gravite pour le conducteur mais le scoot est a terre. La cause de son derapage : en face de lui une voiture vient de debouler en sens interdit. La conductrice sort de sa voiture; consciente d etre en tort et toute desolee. Le jeune homme en scoot est depite et se tient la tete dans les mains. Est ce qu il venait d acheter ce scoot; est-ce qu il l avait emprunte sans rien dire; ou une autre raison encore; toujours est-il que le voila qui se met a pleurer... Il se reveille; demande que quelqu un appelle la police.
Tout se terminera bien je l espere. La dame en tort etait toute navree; le scoot ne redemarrait pas pourtant il ne semblait pas plus amoche que ca. La police est arrivee en deux minutes; moi je me suis eclipsee.
Je commencais a redouter d avoir peu de temps devant moi pour faire le tour du rocher; je n avais aucune idee des distances a parcourir.
La route grimpe, je pensais suivre la mer de plus pres mais non, on la voit depuis les hauteurs. Un telepherique monte je ne sais ou, je ne vois pas au travers des nuages blancs qui stagnent sur la pointe du rocher. La pluie s arrete, je pedale joyeusement en short et veste goretex. La mer est gris bleu, le paysage cotier est d abord industriel et sans charme, puis laisse la place aux habitations, tout aussi grises.
A la pointe de Gibraltar se trouve un terrain de foot ou de jeunes garcons s entrainent, un phare, et - plus surprenant - une mosquee. Au moment ou j arrive, la pluie recommence a tomber. Le temps de prendre une photo du phare, je cours me mettre a l abri avec mon velo dans la salle d exposition sur le detroit, sous un monument. Ca na pas l air de vouloir s arreter ! Lorsque l intensite diminue un peu, je sors de mon abri et vais me metrte a couvert dans un abribus. Je suis bientot rejointe par trois motards allemands qui se sont faits doucher le temps de descendre de leurs becanes et d immortaliser leur passage a Gibraltar devant le phare. On fait la causette sous l abri. D un coup on entend le muezzin chanter depuis le minaret de la mosquee. C est tres melodieux. Je ne m attendais pas a ca ici !
C est sur, la pluie ne va pas s arreter. Je remonte le col de ma veste et rabats ma capuche, esperant que mon sac a dos soit assez etanche pour garder mon appareil photo au sec le plus longtemps possible ! Et je repars. Mince, la route du retour par la gauche monte sacrement sur les premiers 500 metres ! Je pousse sur mes cuisses et reussis malgre tout a monter jusqu en haut d une traite. Parvenue au sommet, la vue des plages me donne envie de faire une photo. Ce n est qu en rangeant l appareil dans le sac que je constate que 3 kms de tunnel m attendent ! Nul. Tu parles d un plaisir ! En plus il n y a aucun acottement. Juste une voie a double sens. Esperons que personne n arrive derriere moi car ca va me stresser. Je m engage, et c est parti pour le super tunnel. Au moins il n est pas trop mal eclaire. Au bout de 5 minutes mes trois motards me rattrapent. Le premier se met debout sur sa moto en me depassant et me souhaite "nice way !"
Ce cote du rocher est nettement plus sympa que l autre, dommage qu il pleuve. Des pubs sont perches au bord de la falaise, a l entree de petits lotissements de location. La plage doit etre tres jolie par grand soleil. Je m arrête un moment sous un parking pour m abriter un peu, je commence a avoir un peu froid, mes chaussures sont trempees. Aucune chance qu elles sechent d ici demain matin sous la tente. Je me demande d ailleurs dans quel etat je vais retrouver ma tente, planter sur de la terre qui va se transformer en boue probablement. J eme rappelle que le belge croise a Merida ou Caceres, je ne sais plus, me predisait une surprise quant a l etancheite du tapis de sol de la tente.... j en fremis d avance !
J arrive tres vite a mon point de depart, j ai fait le tour du rocher. La pluie et la circulation toujours aussi intense vers le centre ville ne me donnent aucune envie d aller voir a quoi ressemble le coeur de Gibraltar, avec ses fameux singes. Non c est bon, j ai vu, Gibraltar est moche et triste. J ai peut etre rate quelque chose, je n en sais rien. Pour l heure je suis contente de me sentir a cet endroit du monde et n en demande pas plus. Je traverse a nouveau le no mans land et repasse "en Espagne".
Le temps de grignoter un Mac Do vite fait histoire d etre un peu au chaud et de tenter de faire secher un peu chaussures et veste, je repars pour mes 3 kms de cote vers le camping. La pluie tombe toujours mais tres fine. Gibraltar pointe enfin le bout de son nez, les nuages sont moins epais.
En arrivant au camping, je passe devant la reception et tombe sur deux allemands - un homme et une femme - en train de tenter de faire secher leur materiel sous le preau des sanitaires. Leurs velos et leurs sacoches sont etendus par terre. On discute de nos aventures, puis je vais voir dans quel etat est ma tente. Et bien elle tient tres bien le coup. Aucune inondation dans l habitat, et la terre n est pas boueuse, tout va bien. Ma serviette de toilette que j avais laissee dehors etendue sur une corde a linge n est meme pas si trempee que ca. C est quand meme pas mal d avoir du bon materiel.... Dire que j oublierai ma serviette deux semaines plus tard a l auberge de jeunesse de Rabat ! J en suis a un truc important perdu par mois, je crois....
Je vais passer la soiree dans l espace "convivial" du camping, c est a dire une piece a cote de la reception ou on peut s asseoir autour d une table, c est tout. Ah si, on peut acheter une boisson fraiche si on veut, mais sinon le convivial s arrete la. Je branche mon telephone et je consulte mes mails.




4 autres personnes sont la, un couple et deux amis. Ils parlent en anglais et echangent visiblement leurs impressions de voyage. Je crois comprendre que les deux amis voyagent en velo. Peu interessee par les propos du couple qui a tout vu et a forcement un mot a dire sur chaque pays du monde, je ne cherche pas a m immiscer dans la conversation et consulte mes mails dans la plus grande discretion avant de me retirer sous ma tente. Comme chaque soir je bouquine avant de m endormir. Je crois que je devais etre dans Le Secret, a ce moment la. Un peu decevant sur la chute, mais quel plaisir de lire ce francais recherche !
Il a plu une bonne partie de la nuit. Le lendemain matin 16 avril, c est un vrai bonheur d essayer de secher la tente avec un torchon absorbant, sans repandre de la terre partout ! Ma tente n est plus immaculee, elle connait ses premieres blessures de guerre esthetiques ! Je perds donc du temps pour la nettoyer autant que je peux, et puis je charge et ....en route pour cette derniere etape europeenne ! Ce soir je serai a Tarifa, a la pointe sud de l Europe ! J ai hate de voir les cotes de l Afrique. On m a dit qu on les voyait vraiment de pres, je me demande jusqu a quel point ?
Je quitte le camping et prend la direction de Tarifa/Cadix.
3 mai 2015
La route s eloigne de la mer et part la rejoindre de l autre cote de la presqu ile de Gibraltar. Je la retrouverai a Algeciras, dont on m a dit que c etait une ville sans charme et sans interet particulier. J ai repere, du moins je crois, une route qui longe le plus possible la mer pour quitter la Linea de Concepcion. En effet je truve une route mais alors sans interet ! Je traverse un espece de desert industriel, entouree de raffineries et d usines. De temps en temps j ai vue sur le rcher, bien net ce matin, dont je m eloigne. En face, loin la bas, Algeciras m attend.
J atteins assez vite l autre bout de la presqu ile. Par contre, mauvaise surprise : je n ai pas d autre choix que de prendre la nationale tres frequentee.

Je tente d autres voies mais dois faire demi tur apres avir perdu une heure, rien a faire, il n y a que la nationale qui ressemble farouchement a une autroute. Bon. J attache mon casque et roule le plus possible a droite de la bande d arret d urgence.
Les kilometres defilent, la route est bonne, on ne me klaxonne pas, tout va bien. Je roule si vite que je decide de m arrêter juste avant Algeciras pour faire une pause pique nique. Je quitte la route et m enfonce dans les petites rues sales d un village qui s arrête tres vite pur laisser place a la campagne. Je sors mon dejeuner et j en profite pour faire secher un tant soit peu le chiffon tout sale avec lequel j ai essuye la tente ce matin. Je m apercois que je suis devant une ecole. Du moins je le savais car j ai entendu les cris d enfants. Mais bientôt les voitures viennent stationner devant l entree, ainsi que deux bus de ramassage scolaire.
Je finis mon dejeuner et repars juste avant la sortie des enfants. Je remonte sur la nationale. A l entree d Algeciras, pas le choix, c est carrement l autoroute que je dois prendre. Mais curieusement on dirait que c est tout a fait normal, car bientôt un panneau specifique pour les velos nous fait emprunter un genre d itineraire bis, juste le temps de contourner Algeciras. Je ne comprends pas trop l interêt de ce detour apres lequel je retrouve la grande voie mais bon....
Ca y est la route redevient nationale et part dans la campagne valonnee pour filer vers Tarifa. Le paysage se depouille des habitations et fait place a la foret, puis s eleve sur la côte. Plus je m eleve plus je guette la mer et les premiers reliefs de l Afrique.... A un moment j apercois la terre la bas tout pres, des reliefs de montagne. Je doute... C est si pres... Et puis je ne sais pas pourqui mais bêtement j attends un paysage plat, pas montagneux. Ce qui est d autant plus cretin que j ai deja vu des photos de ces reliefs vus de Tarifa donc je devrais savoir !
Alors c est donc bien ca !! Mais c est vrai que c est tout pres !! De la u je suis les contours ne sont pas encore tout a fait nets, mais oui, c est bien l Afrique ! Je suis aux anges ! Enfin je suis aux anges mais j en bave car la route monte severement ! Parvenue au sommet d une côte, j apercois l enseigne d un cafe et decide de m offrir un epause boisson fraiche.
Le cafe est dans l angle de la route qui tourne ensuite vers la droite.En m arrêtant je decouvre deux velos portant des sacoches, adosses au mur. Je leve les yeux : deux cyclo voyageurs sont installes sur la terrasse et dejeunent. Ah ca alors, c est le rendez-vous des cycl travellers ici ! dis-je pour entamer la conversation. Et je ne crois pas si bien dire, car en fait Peter et Ge ne se connaissaient pas avant d arriver dans ce cafe il y a une heure !
Ils sont suisses tous les deux, mais Peter ne comprend pas trop le francais et Geo se debrouille un peu mais comme il vient de passer plusieurs semaines a perler espagnol tout se melange dans sa tête. On parlera donc anglais. Geo et Peter arrivent tous les deux de Suisse par un bout de la France et de l Espagne.
(Je souris en ecrivant ces mots car le petit garcon marocain qui joue sur l ordinateur a côte de moi (un match de foot, bien sûr), chantonne : magique in the air, allez allez allez, levez les mains en l air.... Et je pense a Artur, mon neuveu, dont c etait encore la chanson preferee lors de mon depart. Artur est un peu plus grand que ce petit garcon, mais visiblement les petits garcons du monde entier ont les memes gouts musicaux !)
Je n ai pas compris comment vit Geo mais visiblement il a plus passe de temps sur les routes a voyager, qu a travailler. Bienheureux celui qui peut se le permettre ! Je n ai pas ose lui demander de quoi il vivait, comme si c etait indiscret. En plus de ca, Geo n a pas du tout le look traditionnel du cyclo voyageur. Il a un bon petit bidon, et se declare le plus lent cycliste qui soit ! C est peut être vrai aujourd hui mais je doute que cela ait toujurs ete le cas. Il a fait tous les continents. En ce moment il rejoint Tarifa puis il remontera par la frontiere ouest de l Espagne avant de rentrer chez lui. Mais le prochain depart devrait avoir lieu 2 ou 4 mois apres. Il pourrait passer sa vie en voyage.
Pour Peter les choses sont legerement differentes. Peter est plus jeune, il a 20 ans, c est son premier voyage en velo et Tarifa est son point d arrivee. Il compte y rester une semaine et apprendre le kite surf sur place. Lui trouve que le voyage en velo, c est dur. Physiquement et moralement. La vie sociale lui manque, il se sent seul. Charpentier de profession (comme Geo d ailleurs, du moins Geo a travaille dans le temps comme charpentier mais l est-il encore ? mystere...), il voudrait bien être sauveteur en montagne et reflechit a une reconversion. Tout ca je ne l apprendrai que le soir autour d un dîner, car pour l heure, apres une discussion moins poussee, il faut se remettre en route.
Geo m a donne le nom de l auberge de jeunesse dans laquelle il a reserve pour ce soir. 10 euros la nuit, ca m interesse, surtout qu il parait que le camping est loin du centre.
Je pars la premiere, la route grimpe a nouveau et je n ai pas trop envie de souffrir avec de la compagnie ! Et comme je suis orgueilleuse, je vais grimper plus vite que jamais, sans m arrêter. Pas envie d être rattrapee !
La vue est de plus en plus jolie ! Etant donne que je suis sur la nationale assez frequentee encore, il est difficile de m arrêter pour prendre des photos. Je regarde la route et jette de temps en temps des regards vers la côte, toute contente. A un moment un cafe me donne l occasion de descendre de velo. Je demande a un couple de francais installes dans la region de me prendre en photo avec l Afrique derriere. Je suis emue a la pensee qu ici, sous mes yeux, se rejoignent la Medditerrannee et l Atlantique. Pour moi c est magnifique et j envoie des textos. Les photos que j envoie laissent Severine perplexe, car en fait on ne voit pas grand chose. C est vrai que dans mon esprit aussi, ma representation etait un peu differente. Moi je croyais qu un detroit etait forcement le lieu de vents et courants dechaines, je m attendais a une mer plus agitee, limite a une rencontre dans le fracas. Mais non, c est tout calme et a peine peut-on differencier l ocean de la mer. Mais n empeche, la magie fonctionne pour moi car je sais qu ici precisement les deux eaux se melangent....





Alors que je flane devant le paysage, Geo et Peter passent devant le cafe sans s arrêter. Je remonte en selle et les retrouve quelques kilometres plus loin, alors que Tarifa et la pointe de l Europe apparaissent en bas sur notre gauche. A droite, la plage s etend vers Cadix.
Nous suivons Geo jusqu a l auberge de jeunesse qui se trouve a 300m de la porte de la vieille ville. Peter prefere aller dans un hotel ou ont sejourne ses amis l an dernier, dans le coeur de la cite. Geo et moi nous installons. J ai un dortoir pour moi toute seule !
Je decide de prendre le temps de me balader demain et de ne partir pour Tanger que le samedi 18, apres demain.
Geo m a donne rendez-vous devant l auberge a 19h, c est a dire dans une heure et demi. On rejoindra Peter pour diner ensemble ce soir. Je pars decouvrir le petit centre historique de Tarifa.
La ville toute blanche me plait. Ses petites rues touristiques sont pleines d articles d artisanat, mais cela ne me tente pas.
Je vais voir le chateau, je passe devant l entree du port maritime d ou je partirai dans deux jours. Je trouve l ffice du tourisme et me renseigne sur le tarif des compagnies. 37 euros pour un passager sans voiture. Mince, je pensais que c etait moins cher. Je repere les deux compagnies, j irai leur demander leurs tarifs et les horaires demain. Je trouve aussi un point internet dans une librairie. Il faut que je pense a trouver une carte routiere du Maroc. Il n y en a pas a la librairie, mais on me conseille d aller dans une station essence pas loin de l auberge de jeunesse. J irai demain.
L heure et demi passe vite, je rentre retrouver Geo a l auberge et nous repartons ensemble dans le centre. Nous retrouvons Peter devant son hotel. Tranquillement et pendant qu il faut encore jour, nous nous dirigeons vers la place ou se trouve l office du tourisme, place principale dont j ai oublie le nom. Nous fêtons d* une biere la fin du voyage de Peter et la fin de mon itineraire en Europe. Autour de pizzas, nous passons une tres belle soiree a nous raconter nos vies et nos projets. Je ne sais pas pourquoi lorsque je raconte que pour ma premiere nuit en camping sauvage j ai fait pipi autour de ma tente les garcons sont morts de rire ! Au debut je ris aussi, mais comme ils n arretent plus je suis limite vexee ! Ca n etait pas une bonne idee pourtant ?
Oulla le muezzin hurle ce midi ! Parfois certains ont des voix doues, d autres font carrement peur !!
Apres le diner, nous decidons d aller a la pointe de l Europe, qui se trouve a 500m. La nuit tmbe et nous offre un magnifique coucher de soleil. Punta Europa n est pas accessible aux touristes. On peut avancer jusqu a l entree de la presqu ile, mais ensuite c est ferme. N empêche, ca y est on y est, et avec les garcons on immortalise l instant.




La bas en face, on voit les lumieres de Tanger...
On revient vers le centre ville et Peter nous emmene dans un bar a cocktail qu il a repere. Happy hour jusqu a 23h. On aura deux tournees pour 3 euros le ccktail, et comme les garcons sont galants, mes deux Coco Loco ne me coutent rien !
Je dors bien cette nuit-la....


Geo repart le lendemain matin. Je prends le petit dejeuner avec lui et lui souhaite bonne route pour le retour en Suisse !
Puis je pars et vais me renseigner sur le port sur les prix des billets. 52 euros d un côte, 37 euros de l autre ! Y a pas photo. Je prends mon billet.... Ca y est, plus moyen de reculer.
Je suis anxieuse, j ai l impression de me jeter a l eau. Jusqu ici c etait facile. Qu est-ce qui m attend au Maroc ? Ca va me faire quoi, de ne pas me sentir en terrain connu ? J ai deja voyage par le passe, je sais a quel point on peut être depayse et deboussole, le temps de comprendre comment ca fonctionne la ou on se trouve. Mais cette fois je suis toute seule. Cette fois je passe le cap de l Europe, je sens que je m eloigne un peu plus des gens.... Bon, on verra bien !
En attendant, je me promene. Je retourne d abord voir, de jour, la Punta Europa. La brume du matin couvre encore les côtes africaines.
Puis je me promene dans les petites rues blanches, je vais passer un moment sur le blog. Je monte sur les hauteurs de la ville pur aller pique niquer. Avant de resdescendre vers la plage, je fais un detour par la station service ou je trouve une carte du Maroc, que j ai tout le loisir d etudier sur la plage. Ca devient concret....
La journee s ecoule doucement. Ca fait du bien de ne pas pedaler, de ne pas être en mouvement, d ëtre detendue autant que je peux l ëtre en combattant mon angoisse a l approche de la nouveaute. La trouille est revenue comme au premier jour, mais devant l action elle ne durera pas. En plus de cela, depuis quelques temps j ai de moins en moins de messages de France - ce que je comprends tres bien. Le sentiment d isolement s accentue, je ne l avais pas vraiment ressenti jusqu ici. D un côte c est bien, je deviens moins accro aux mails ! Sauf pour mes parents. Si au debut j etais surprise de recevoir autant de messages, dorenavant c est moi qui m inquiete si je ne recois rien pendant deux ou trois jours !
Quoi qu il en soit, je passe a autre chose et ce jour-la j en suis consciente. Alors oui, je suis un peu angoissee et livree a moi-meme, mais j ai aussi vraiment hâte de me jeter a l eau !
Je rentre tôt ce soir-la, je prends tout mon temps pour preparer au maximum mes affaires. Je regle le reveil a 7h alors que mon depart n est qu a 10h et que je ne mettrai que 10 minutes a peine pour descendre au port.
La lecture m aide a oublier mon stress. Et puis de toute facon c est trop tard, je ne peux plus reculer alors allons-y !




