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Nous laissons les sacs a dos a l entree, et partons sur le sentier qui ouvre l acces au site.

 

Et sincerement, Uxmal nous en bouche un coin ! Nous sommes tout de suite sous le charme de ce site magnifique, imposant, plus tranquille que Chichen, forcement, et tres bien conserve. Les decorations des palais mnous emmerveillent. C est la premiere fois que je fais veritablement ""waouh"" au premier regard. Bien sur les autres sites m ont emues et fascinee, mais Uxmal m emerveille reellement pour la beaute de ses batiments. 

Titi aussi est bluffe.

Sur la pyramide centrale, a mi-hauteur de la construction, un  trou, une sorte de porte, semble creusee sous un angle un peu bizarre dans la roche. Ah cette fois je suis sure que c est un passage pour le soleil, a tous les coups lorsque le soleil penetre ici, un certain jour a une certaine heure, quelque chose se passe... Je demanderai a un guide avant de quitter le site, mais il aura cette reponse briseuse de reve :"" c est un accident."".

En tout cas nous allons passer un tres tres bon moment, avec Titi, dans  l exploration presque seuls de ces ruines dont le charme agit pleinement sur nous. A chaque instant nos yeux tombent sur un detail, une nouvelle perspective enchanteresse. Et cette fois nous pouvons gouter au plaisir de grimper sur les ruines ! Ahhhh, tout de meme ! Evidemment Titi monte partout ou il est ecrit "interdit", il explore les chemins barres. C est drole cette envie de ne jamais rester cantonne aux chemins traces. Je me sens tres timoree et tres sage a cote de lui ! Moi je marche dans les clous. En meme temps, autant a Chichen Itza il etait complique de faire un pas de cote sans tomber sur un flic ou un gardien, autant ici... il n y a absolument personne pour surveiller le site, qui est tres grand. Alors on en profite. Et comme c est beau de  la-haut ! Voir ces ruines sortir de la jungle, deviner par ici un nouveau temple a aller explorer, par la les restes d un mur entoure par la foret, et tenter d apercevoir des oiseaux multicolores... D ailleurs nous en verrons, des oiseaux. D apres google, c est peut-etre bien un sucrier a ventre jaune que nous avons souvent croise dans la jungle. 

Et puis il y a aussi ce geai vert, si c est bien son nom. Sa tete est noire et bleue, son plumage vert et son ventre jaune. En etudiant un peu plus Google, il semblerait que les oiseaux bleux au bec jaune et au ventre noir, que nous avons vus a Tulum, soient des geais du Yucatan. Un peu plus loin encore, nous apercevons un grand oiseau au plumage de nuances marron. Lui, je ne trouve pas son nom. Comme il est grand ! Il se confond avec la couleur des troncs d arbres. Nous verrons aussi, pas forcement ici mais ailleurs, des trogons a lunettes jaunes, caracterises par leurs yeux ronds bien dessines. Et puis egalement le diamant longue-queue. Et sans doute pleins dont on a seulement entendus les cris. Bref, on se regale. Et nous passons un long moment a Uxmal, pas presses de partir de ce site magique. 

Un groupe de touristes est habille en vetements traditionnels, qui me rappellent le Guatemala.  Alors que nous nous approchons d une facade du palais, nous apercevons une jeune femme allongee sur le sol, a l entree de l une des salles ouvertes au public (on ne peut pas aller bien loin, les salles sont souvent fermees). Que fait-elle donc ? La sieste ? Ah non, elle est en pleine meditation, apparemment. Les bras tendus en croix, les yeux fermes, et une pierre qui ressemble a un quartz ou quelque chose du genre, pose sur son front. Il doit y avoir ici un centre d energie.... Nous la retrouverons un peu plus loin dans une autre salle.

Lorsque nous quittons le site, il nous faut attraper un bus qui part en direction de Campeche, pour nous faire deposer au village de Santa Elena. Nous n attendons pas tres longtemps, le voici qui arrive. Hop, les sacs sont envoyes en soute et nous grimpons les marches pour payer nos tickets au chauffeur. Mon regard est alors tout de suite attire par les tenues vestimentaires des passagers du bus... Il y a trois ou quatre couples mnemonites, dans ce bus ! Evidemment on les repere vite, avec les chemises caracteristiques des hommes, les chapeaux et robes sombres a epaulettes d un autre siecle des femmes. Ils sont grands, en general, bien blancs de peau. Les hommes ont les cheveux blonds ou blancs bien coupes. Ils ont tous la meme salopette en espece de jean noir et coutures blanches. Les femmes peuvent se permettre la fantaisie de porter des couleurs sombres, violet, vert ou bleu. Mais evidemment rien de flashy ou de gai. 

Nous allons nous asseoir au fond, a l avant dernier rang. Derniere nous, un couple mnemonite et leurs trois filles (ou bien y avait-il un garcon ? Je ne sais plus). Tout le monde est bien sage. Je tends l oreille pour savoir dans quelle langue ils se parlent entre eux, mais ils discutent a voix si basse que je ne comprends pas un mot. 

Ou vont-ils donc, tous ? Ah s ils pouvaient descendre a Santa Elena, si ce village pouvait etre un village de mnemonites... et puis quoi ? Je n ose deja pas leur adresser la parole dans le bus ! Bon, de toute facon le trajet n est pas bien long, et nous sommes presque les seuls a descendre avec Titi. On nous depose dans le centre, a cote de la place principale ou des petits vieux discutent sur les murets, vaguement a l ombre. Deux autres backpackers descendent egalement ici. Je leur demande, alors que nous recuperons les sacs a dos, s ils ont deja reserve un hebergement. Oui ils ont une adresse, mais le tarif est nettement superieur a ce que Titi et moi souhaitons depenser. Alors nous nous saluons, et tentons de nous orienter pour nous diriger vers le camping. Un homme s approche sur une drole de moto. On dirait un tuktuk au toit ouvert. La moto est fixee a une espece de charrette dans laquelle on monte et on s asseoit, dos au conducteur et donc face a la route. C est une moto-taxi. Le conducteur connait le camping ou nous souhaitons aller, et qui se trouve a la sortie du village. Il nous propose de nous y conduire. Ben oui mais c est combien ? 10 pesos pour tous les deux. Ah oui alors pour ce prix-la on va se faire le plaisir de se faire deposer au camping. Ca nous evitera de marcher avec les sacs par 35 degres, et puis c est amusant ! Voila encore un moyen de transport que je n avais pas teste. On s installe, et c est parti !

Bon ce n est pas le molyen de transport le plus rapide et le plus confortable qui soit, mais c est marrant. Nous regardons les rues....et si j apercois un cyber il apparait toutefois tres vite que nous sommes dans un petit village et qu il est peu probable que nous trouvions des velos a louer ici...

 

Notre chauffeur nous depose au camping. Un jeune garcon nous accueille mollement.Nous comprendrons plus tard que c est un des deux fils de la nouvelle proprietaire du camping. Avec son mari, cette femme a investi pour quitter la ville et changer de vie.. au grand dam de ses deux fils, qui se sentent un peu loin de tout. Voila donc ce grand jeune homme un peu gauche et pataud, qui repond a nos questions mais sans plus. Il nous montre ou nous pouvons installer les tentes. L endroit est vraiment sympa. Ah je regrette encore d avoir oublie la bouteille de gaz ! Qu est-ce que ca aurait ete chouette de faire notre popote... Bon. En attendant, Titi monte sa tente et nous installe les hamacs. 

Nous retournons voir a l accueil s il est possibel d avoir quelques infos. Le jeune homme va chercher sa mere. Louer des velos ? Ah non, pas ici, on ne trouvera pas... La seule personne qui loue des velos c est la patronne d un hotel, mais elle ne les loue qu a ses clients. Et probablement pas equipes pour une viree de trois jours. Bon. Ca c est fait.

Est-ce qu il y a des pistes de randonnee pour faire la Ruta Puuc a pieds ? La dame semble ne pas comprendre. En fait, personne ne semblera jamais comprendre lorsque nous tentons d exprimer cette envie de marcher sac au dos... On nous montre des carte touristiques, ces cartes tres grossieres avec des petits dessins des sites a voir... Ou on nous repond : "ah mais vous pouvez reserver un taxi pour la journee, il vous attendra sur chaque site. Ou il y a des bus, aussi..." D accord... on ne parle pas le meme langage. Nous insistons : non non, nous aimons marcher, on va probablement aller sur les sites demain a pieds, est-ce qu on peut vous laisser des affaires en gardiennage chez vous pour deux jours ? Et la dame nous repond que c est tout a fait possible, mais on voit bien le doute, dans ses yeux, sur l interet de ce que nous entreprenons.

En tout cas nous sommes bien decides. Puisqu on ne peut pas faire la route en velo, nous la ferons a pieds. Nous revenons vers les tentes. Titi s est apercu qu il y avait une piscine un peu plus loin dans le jardin. Chouette ! Voila qui va nous rafraichir apres cette journee hyper chaude ! Et puis les douches sont froides, alors autant aller se relaxer dans la piscine. Surtout que nous sommes quasiment les seuls clients ! Sur le petit sentier conduisant a la piscine, je tombe sur un trampoline ! Ah mais c est trop fun ici ! Et hop, je ne resiste pas et entraine Titi dans une seance photo, avant qu on aille piquer une tete dans la piscine. Il fait tellement bon ! Et on n est pas du tout embetes par les moustiques.  C est la bonne heure, l eau est bonne, on profite des derniers rayons du soleil, le jardin est paisible et serein, on est detendus...

 

Lorsque le soleil bascule derriere les arbres, nous allons nous habiller et quittons le camping pour aller trouver quelque chose a manger et voir un peu a quoi ressemble le village. Demain nous partons a pieds, ca va etre drole ! On va essayer de partir avec le moins de poids possible sur les epaules. 

Les rues du village ne sont pas franchement eclairees et je me repere mal. On finit par grimper sur l esplanade sur laquelle trone une enorme eglise. Etonnant de voir une eglise de cette taille, dans ce qui semble etre un village perdu au milieu de nulle part ! La proprietaire du camping a semble incertaine sur le programme prevu pour le vendredi saint. pas sur qu il y ait des processions ici... Tout de meme, je ne m attendais pas a un tel batiment, aussi imposant, ici... En tout cas, depuis l eglise nous pouvons descendre le grand escalier qui nous conduit sur la place centrale. Et nous empruntons une rue eclairee dans l espoir de trouver non seulement quelque chose a manger ce soir mais aussi de quoi pique-niquer pour les deux prochains jours.  Bon... Il n y a pas grand chose !  On fait le tour des deux ou trois petites epiceries ouvertes. Allez, ce sera, pour changer, du pain, des mangues, des tomates, du fromage fade et des boites de thon naturel ou en salade. Et un concombre, et puis des yaourts pour le petit dej. Bon. Ah et puis des petits gateaux pour les pauses grignotages. Ca, c est fait. 

Etonnamment, nous ne trouvons nulle part de canette de biere. C est surprenant...

Pour boire un verre c est donc limite...

Sur le zocalo, quelques personnes s activent en face de la Mairie. Que font-ils donc, et quel est ce batiment qui annonce "desarollo familiar"" ou quelque chose comme ca. Des femmes poussent ce qui semble etre un metier a tisser a l interieur. Une autre poursuit son travail sur le metier. Il est bien tard pour travailler... J aimerais aller voir ca d un peu plus pres, mais je n ose pas, comme d habitude. 

 

Mais voila la bonne surprise : nous nous arretons devant un resto qui annonce "cuisine economique". La deco a l interieur est tres kitchouille sur les murs (peinture de ruines et de costumes, mais cadres suspendus representant uniquement des animaux qu on ne trouve pas au Mexique, comme un ours dans une foret des Rocheuses...)

Nous ne comprenons pas forcement ce qui est ecrit sur la carte, mais ici on devrait pouvoir gouter des plats typiques. Toc toc, est-ce qu il est encore l heure pour manger ?

Oui oui, installez-vous ! Super. Et franchement, on va se regaler ! La cuisiniere est toute gentille, on se sent un peu dans sa salle a manger (on est les seuls clients), c est tout calme, et les plats que nous choisissons sont delicieux ! Ah il faudra que je me rappelle des noms, pour l instant ca m echappe... Mais nous avons tous les deux eu de bonnes surprises. Il faudra que je me souvienne de ce mariage de banane plantain, sauce tomate et petits pois, c est super bon. Et puis c est copieux. Nous sommes ravis, apres cette belle journee d emerveillement a Uxmal, de nous retrouver dans ce petit resto local bien agreable. 

 

Nous rentrons au camping eclaires par la lune. Alors que je me laisse tenter par l idee de m etendre quelques minutes dans le hamac, je tends la main vers les attaches pour baisser un peu la hauteur du hamac. Je ne sais pas sur quelle bestiole je mets le doigt mais ca brule tout a coup, je retire tout de suite ma main ! J ai ete piquee... mais par quoi ?  Bon, je n en ai aucune idee et je n ai pas ma lampe de poche pour voir de quoi il s agissait. tant pis, de toute facon ca ne changera pas grand chose. Ca brule, ce truc ! Je renonce a m etendre dans le hamac, des fois qu il y ait d autres insectes dedans... Et vais m allonger sur mon duvet, qui par cette chaleur me sert de matelas. 

 

Le lendemain, il faut tout remballer et trier encore une fois ce qu on va laisser sur place et ce qu on emporte avec nous. Apres une douche froide, et un petit dej offert par Titi - car tout de meme on part en rando alors ca merite bien un petit cafe chaud ! -, nous voila fin prets. Nous remercions nos hotes, retenant nos rires devant l enthousiasme mou du fils de la patronne qui decidemment n est pas bavard, et nous appretons a prendre la direction de Campeche. Nous devons trouver la deviation pour la Ruta Puuc a quelques kilometres d ici dans la direction de Campeche. Pres de leur voiture, un grand quatre quatre americain, un couple me regarde alors que Titi est parti une seconde aux toilettes. Vous allez ou ? A Kabah. Vous voulez qu on vous depose ? C est sur notre route. Ah mais oui qu on veut bien ! Je cours prevenir Titi. Trop bien ! Voila qui nous epargne un peu de fatigue ! Nous chargeons les bagages et montons avec le couple et leur jeune fille qui projette justement de partir quelques mois en Europe a la rentree. Son premier voyage seule et loin... elle est a la fois excitee et angoissee. 

 

Le couple d americains vit desormais a Mahahual, que nous aurons l occasion de voir un peu plus tard. Et decidemment je ne comprends pas ces gens qui vont s exhiler au bout du monde, dans des endroits certes beaux mais ou, sorti du decor de carte postale, il n y a rien... Ce voyage m aura appris entre autre que je ne suis pas faite pour vivre au milieu de rien. Ce que je soupconnais deja tout de meme beaucoup !

N empeche, cela a ete un de nos sujets de conversation, avec Titi. Ca et l idee de savoir quoi faire de nos vies a present que nous sommes libres. Et forcement l envie de monter un gite, une auberge de jeunesse, un lieu d accueil et de vie, voire de creativite, est venu dans les conversations. Ca n est pas une idee nouvelle dans la famille. On est au moins trois a aimer le principe. Oui mais voila, encore faut-il trouver le bon endroit, aussi bien en termes de vie quotidienne, d interet du site en soi, mais aussi en termes d opportunite, de frequentation... Et la dessus nous sommes d accord avec Titi : ni lui ni moi ne revons de vivre dans le trou du cul du monde, si beau que soit celui-ci en termes de paysage. ou, pour le dire autrement, nous avons autant besoin l un que l autre de sentir du monde, de la culture, du mouvement a proximite...

 

Bon en tout cas pour l instant c est sur le site de Kabah que nous lachent nos americains, que nous remercions vivement pour cette balade ! Nous laissons nos sacs a l accueil, et partons visiter ces ruines, encore differentes, pleines de charme elles aussi. Surtout, ces quelques sites que nous ferons sur la Ruta Puuc auront vraiment l attrait de la tranquillite. On est presque tout seuls, on va a notre rythme, on tente des sentiers, on se balade tranquillement, on goute le silence de la foret et on grimpe sur tous les cailloux qu il nous plait de gravir. ce sentiment de liberte est vraiment chouette. Et cette route rend plus concrete egalement l idee que decidemment dans cette partie du Mexique, on tombe sur des ruines un peu partout. Il doit y en avoir encore beaucoup non defrichees, non explorees.   

 

Apres avoir parcouru le site et traverse la route pour aller voir l arc encore sur pieds et marquant la sortie de la cite pour se rendre a Uxmal, nous recuperons nos sacs a dos et partons vers le prochain site : Sayil. Il nous faut encore longer cette route "federale sur quelques 4 ou 5 kilometres avant de trouver la bifurcation. 

Bon et bien voila, nous marchons ! Je sens assez vite que mon sac "Cancun" n est pas un sac a dos... J aime attacher mes sacs a dos a ma taille, la ce n est pas possible et tout le poid pese sur mes epaules. Mais bon, je le savais, je m y attendais.

Et puis il fait tres chaud... La proprio du camping nous a recommande de nous badigeonner de creme solaire et de porter des chapeaux. Et je comprends que si les gens s etonnent de notre envie de marcher, c est surtout pour ca : randonner sous cette chaleur ecrasante, je ne sais pas si c est l idee du siecle... Mais c est pas grave, on est quand meme contents ! Enfin on aimerait que la route soit un peu plus exotique. Car pour l instant, et jusqu a  l embranchement, nous longeons la route qu empruntent toutes les voitures et les bus pour aller a Campeche ou Merida. Le bas cote n est pas large, et le bitume n est pas forcement le revetement le plus fun quand on reve de nature. 

Au bout d une demi heure on est trempes de sueur. On avance, et heureusement le trafic n est pas intense, donc tout va bien. Mais a un moment donne, entendant le bruit d une voiture qui approche derriere nous, je me retourne et tends le pouce. apres tout, pourquoi ne pas essayer ?

 

Cette voiture-la ne s arrete pas. Mais nous voila partis a tendre le pouce desormais a l approche des voitures. C est la premiere fois que Titi fait du stop. Et il n en revient pas, lorsqu un pick-up, qui semblait parti pour nous depasser en nous ignorant, freine tout a coup un peu plus loin et met ses warnoings pour nous attendre. Apres une demi seconde de surprise, nous courons comme des gamins, tout excites, heureux comme des gosses de balancer nos sacs a dos a l arriere et de grimper dans le pick-up ! J adore ces moments. On n aura pas attendu longtemps ce premier ramassage. Cheveux aux vents a l arriere du pick-up, nous voyons defiler les centaines de metres que nous nous epargnons. Genial ! Voila toujours ca de gagner ! C est tout de meme plus agreable que de marcher sous la chaleur. Le pick-up nou sdepose a l embranchement. Merci les gars ! On recupere nos affaires et on s elance sur la route poussiereuse et plus etroite qui conduit a Sayil, Labna, et aux grottes de Loltun (que nous n avons pas specialement l intention de visiter, notre attention etant fixee sur les ruines). Bon. Il nous reste un petit bout pour Sayil. Et la vegetation est tellement envahissante que la route n a pas de bas-cote. Nous levons systematiquement le pouce a present. Du moins, nous verifions d abord si c est bien un pick-up qui arrive ! Car tant qu a faire, nous preferons les pick-up. Pourtant, c est une grosse voiture, un genre de 4 X 4 familial, qui s arrete dans un virage et nous encourage a monter vite fait pour ne pas nous mettre en danger, cette fois-ci. Le couple, tres simple et tres sympa, nous depose gentiment a Sayil et nous souhaite une bonne journee, apres avoir un peu discute avec nous. Titi est epate par la gentillesse des gens. Je crois que le voila conquis a l auto-stop.  

Sur le site de Sayil, nous retrouvons un couple de francais et leurs deux enfants. Nous les avions vus sur le site de Kabah, et avions evoque notre volonte de faire la Ruta Puuc a pieds - parce que nous on aime marcher ! Ils nous avaient souhaite une bonne journee et une belle aventure... et sont surpris de nous retrouver si vite a Sayil ! Et oui, c est qu entre temps on s amuse pas mal en stop ! Et on trouve ca bien plus fun que de cramer au soleil avec notre maison sur les epaules ! 

 

Sayil a encore un charme different des autres ruines. Et a chaque decouverte, je ferai ce meme constat : chaque site a vraiment ses atouts, ses particularites, et provoquent des sensations differentes. Peut-etre qu au bout d un moment je me serais lassee de voir des ruines. Mais ce n etait pas encore le cas. J ai fait le choix de ne pas aller a Tikal. Il parait que c est superbe. Je pense que chacun doit se faire son propre palmares, et encore je serais bien en peine de faire un palmares des sites que j ai vus, car ils m ont emue pour des raisons dfferentes. 

Quoi qu il en soit, nous savourons le site de Sayil avec le meme plaisir que les autres, prenant notre temps, explorant chaque petit sentier, grignotant au passage un sandwich au fromage - jambon sans gout. Nous tentons vaguement de discerner les styles de construction, evidents parfois selon le Routard... oui oui oui... Nous nous amusons a chercher les representations de jaguars, de Chac (dieu de la pluie), d aigles mangeant des coeurs, des serpents ouvrant grand leurs gueules, et puis nous trouvons interessantes ces sculptures de tetes de mort, celebrant finalement la vie... du moins quands elles n ont pas pour vocation d impressionner les ennemis et visiteurs de la cite !

 

En quittant Sayil, nous partons sac au dos plein d optimisme a present pour notre prochaine etape d auto-stop. Et la chance ne nous abandonne pas, au contraire ! Elle met sur notre route un couple de camarades d etude, Adrien et... j ai oublie le prenom du deuxieme, qui venait de Chihuahua et rendait visite a son ancien copain de fac. Les deux jeunes hommes parlent un peu anglais, et vont se montrer tres cool avec nous. Ils nous informent qu apres le site de Labna, le prochain sur notre carte, ils comptent visiter la grotte de Lotlun et nous proposent de venir avec eux. Voila qui est super gentil ! Nous verrons le temps que nous prendra la visite de Labna. Nous partons faire la visite chacun de notre cote, et nous retrouvons a la sortie en meme temps. Du coup c est parti pour la grotte, qui n etait pourtant pas a notre programme au demarrage de la journee. mais ce cote improvise nous plait. Nous passons en tout cas une excellente journee ! Les garcons sont d une compagnie vraiment agreable. Celui de Chihuaua nous fait rire lorsqu il evoque les attentats de Paris et Bruxelles, et la vie dans l Etat de Chihuaua. "Bah nous si on voyait des terroristes de l Etat islamique debarquer chez nous et poser des bombes, ca ne changerait pas grand chose a notre vie quotidienne, le banditisme lie a la drogue maintient deja les gens dans un etat de psychose et d angoisse constante avec laquelle il faut apprendre a vivre !"  Ah ouais, a ce point-la ?.... 

Nous arrivons sur le site de la grotte. La prochaine visite guidee est dans une demi heure. Nous allons nous mettre  a l ombre et Adrien nous demande une feuille et du papier. Je lui tends le guide du Routard, il peut ecrire sur la derniere page qui sert a reporter ses notes personnelles. Alors avec son camarade ils vont reflechir ensemble et nous lister des plats typiquement yucateques que, d apres eux, nous alllons apprecier. Ils notent aussi le nom de certains fruits. Titi est ravi et veut tout essayer. Nous voila bien equipes avec cette liste !

Le guide vient nous chercher, on peut descendre voir la grotte.

 

Je ne m attendais a rien de special... et je sors de la completement bluffee ! Ce sont, je crois, les plus belles grottes que j ai jamais vues. On ne descend pas necessairement profondement. Sur la paroi de la roche qui conduit a l entree, on distingue les restes d une ancienne sculpture. A l interieur, je decouvre des espaces immenses ! C est un labyrinthe tres etendu, tres haut de plafond, et les lumieres mettent joliement en valeur les reliefs interieurs, les perspectives, la profondeur. Non vraiment ce n est pas tant pour ce qu on trouve a l interieur que cette grotte est interessante. Bon certes on nous montre un bassin en pierre qui servait a concasser les graines. Super. Et puis on nous annonce que nous allons voir des peintures rupestres. Ah oui ? Formidable ! Mais on ne pourra voir que deux malheureuses mains, au final, et tellement nettes qu elles auraient pu etre faites par mes neveux la veille... Bon mais ce n et pas grave. Non vraiment ce qui est magique c est cette etendue, ces volumes... on devine, on imagine la vie collective ici, au temps ou ces grottes etaient habitees (6000 personnes, a l epoque des mayas, et qui vivaient essentiellement pres de l entree). Et puis le jeu des ombres, les escaliers originaux tailles dans la pierre par les mayas, les salles dedies aux ceremonies, vraiment je ne me lasse pas de tout ce que je vois. Je suis ebahie, jusqu au bout de la visite. 

Le guide par contre me laisse un peu sur ma fin. Sous pretexte que nous sommes le dernier convoi et que les lumieres sont programmees pour s eteindre automatiquement dans quelques minutes, il nous presse. Et c est penible.

 

Nous verrons les deux piliers sacres qui se trouvent dans une piece de ce dedale sans fin. Deux piliers qui ont du etre un jour deux stalactites rencontrant deux stalagmites. Pourquoi les mayas ont-ils baptise cette grotte du nom de Lotlun ? et bien tout simplement parce que lorsqu on cogne avec le poing ferme sur chacun des deux piliers, le premier emet le son ""Lot"", et le second le son "lunnn"... Et voila, tout le monde veut verifer. Moi aussi evidemment. Et oui c est vrai que ca fait Lot - lun ! Enfin non, pour moi ca fera etrangement Lot-lot... ?

 

C est presque le clou du spectacle qui nous attend juste avant la sortie de la grotte :

Titille sur la rapidite de notre visite, notre guide nous offre soi-disant une faveur en nous decouvrant une salle normalement fermee au public. Le chemin nous conduit a une salle gigantesque, inondee par un puit de lumiere. Des arbres prennent racine dans la grotte et s elevent a l air libre, etirant leurs racines majestueuses dans une ambiance feerique que ne rendent absolument pas mes photos. D ailleurs toutes les photos que je prendrai dans la grotte sont pourries, floues, mal eclairees. C est donc ma memoire qui gardera le mieux le souvenir de cette eblouissement constant pendant l heure de la visite... Je crois que pendant toute l heure je suis restee les yeux et la bouche grands ouverts, souriante, charmee par la magie du lieu...

 

Nous quittons cependant cet inframonde pour remonter dans un univers bien concret et dont les couleurs chaudes annoncent la fin de la journee, d une tres tres belle journee. Adrien et son ami doivent passer par le village d Oxkutzcab (que Titi arrivera a un moment donne a pronnoncer correctement, moi jamais !). Ils se proposent de nous y deposer, puisque nous avons decider d y rester pour la nuit afain de voir s il y a des processions demain vendredi. Alors que nous attendons le guide, que nous allons deposer egalement au village, Titi se prend de pitie pour un chien galleux qui traine pres de la voiture, attendant un signe d attention, de la nourriture, quelque chose... Partageant la compassion d Etienne, Adrien attrape dans sa voiture un fond de bouteille en plastique decoupe en ecuelle et le remplit d eau pour faire boire le chien. Le pauvre ne se fait pas prier.

Ici les gens ne maltraitent pas les chiens abandonnes. Ils les laissent vivre leur vie. Mais il faut avouer qu avec cette tete affreuse et sa maladie de peau affichee sur sa tete, ce pauvre chien a peu de chance d attirer la sympathie... Ca fait mal au coeur de le laisser la tout seul...  

Nous nous faisons donc deposer par Adrien sur la place centrale d Oxkutzcab, ou descend egalement le guide. Nous remercions chaleureusement nos compagnons de voyage ! Le guide, que nous interrogeons sur les posibilites de camping dans le coin, nous invite a aller demander a la Mairie : ils vous laisseront certainement planter votre tente sur la place ! Ah euh... mais vous voulez dire la ? Sur cette place la ? (la place en question accueille un semblant de fete foraine. Hormis le fait qu il n y a quasiment pas d herbe pour planter un piquet, tout est illumine, bruyant et anime. Il y a des sanitaires en face - assure le guide, convaincu de  nous rendre service. Euh, bon super merci, on va aller demander, mais d abord on va se renseigner sur le programme des processions demain. Notre guide se propose alors de nous accompagner jusqu a l eglise de la place, pour s informer pour nous. Merci monsieur, bon on y va. Nous le suivons jusqu qu portail d une eglise qu une dame s apprete a fermer. Il s enquiert du programme des processions du lendemain. 

D apres les reponses de la dame, il y aura des processions, oui, par contre pas de reconstitution "in vivo", c est a dire avec le gars deguise en Jesus, qui se fait fouette et crucifie (bon ca, pour de faux). A priori les processions se contenteront de transporter des images saintes et des statues. Bien bien, nous voila renseignes. Nous remercions vivement notre guide et partons vers la Mairie, moyen motives tout de meme pour dormir sur la place. Non vraiment on ne s imagine pas du tout, demain matin, sortir de la tente la ""tete dans le cul" - puisqu a priori il sera impossible de fermer l oeil - , la serviette de toilette et le savon a la main, en pyj, pour traverser la rue et aller se doucher en face.... Mais on va quand meme frapper timidement a la porte du cabinet du Maire, puisque c est le seul qui nous semble ouvert. Euh bonjour....Une jeune femme leve la tete. On a vraiment peur de l embeter avec nos questions logistico-pratiques, mais elle nous donne bien volontiers, avec l aide d une collegue plus agee et qui s apprete a sortir a ce moment-la, l adresse de deux hostals economiques. La dame plus agee nous indique alors que l eglise ou nous venons de demander le programme des "festivites" pour demain,peut tres bien nous heberger, du moins nous autoriser a planter nos tentes dans le jardin du prieure (je ne sais pas s il s agissait d un prieure mais le mot etant joli j avais envie de l ecrire...). Ah bon ? tres bien parfait ! Nous remercions et retournons devant le portail. Une jeune femme, enfin une jeune soeur se tient non loin de la porte, qui a ete fermee entre temps. Nous l interpellons et lui expliquons notre demande. Elle parait bien embetee. Mais revoila alors la premiere dame, celle qui nous a donne le programme des processions. La jeune se rabat sur l opinion de la vieille : que faut-il nous repondre ?? Elles reviennent, prenant des mines contrites, et la plus agee s adresse a nous : ah c est bien dommage, mais le seul habilite a nous autoriser a camper c est le pere, et il ne sera pas la tout de suite. Il est occupe, dans l immediat. 

Bon, nous comprenons que nous derangeons un peu, presentement, et ca peut se comprendre d ailleurs, une veille de vendredi saint. Nous nous appretons a faire demi tour, lorsque notre copine de la Mairie, la plus agee, arrive derriere nous et s informe du resultat de notre demarche. Euh et bien la tout de suite le pere n est pas la, donc c est pas grave, on va se debrouiller mais merci encore ! Ah mais non mais non ! - repond la brave dame. Et la voila qui s adresse directement a la bonne soeur plus agee. Ca parle un peu trop vite pour que je comprenne tout, mais je souris interieurement en entendant que "le Maire" a demande qu on nous heberge ici, alors donc notre bienfaitrice attend qu on nous trouve de la place. Bon, c est bien gentil mais nous sommes un peu mal a l aise, car nous voyons bien que les soeurs ne sont pas emballees. Et on ne veut pas se retrouver en chair a canon entre Pepone et Don camillo ! Allez c est pas grave, on  s en va, merci beaucoup... Mais impossible de partir tant que notre bienfaitrice n a pas lache l affaire. 

En meme temps, j avoue que l endroit est chouette et que j adorerais dormir ici ! Bon, les soeurs trouvent une parade. Elles nous invitent a entrer dans le jardin et a patienter. Notre bienfaitrice nous salue et nous quitte. Apres avoir attendu un petit moment, nous voyons sans surprise la soeur agee revenir et nous annoncer, evidemment, que vraiment il n y a que le pere qui puisse donner son autorisation, et il ne revient qu a 20h, or a 20h il y a une messe, alors il faudrait attendre la fin de la messe... Nous la rassurons, la remercions, et lui disons que nous allons nous debrouiller autrement. On ne a pas attendre ici jusqu a 10h du soir pour savoir si oui ou non on peut dormir. Allez, nous rechargeons les sacs sur les epaules et partons a la recherche des hostals dont on nous a parle. 

 

Au passage, nous traversons la place du marche, encore tres animee. De multiples petits stands grillent des plats qui nous donnent bien envie. Nous voulons aller nous installer et revenir manger ici. 

Il y a des endroits ou on atterrit, pour sentir tout de suite que generalement aucun touriste ne s arrete ici, ou alors vraiment par hasard et sans le faire expres. Et bien Oxkutzcab fait partie de ces endroits dont l atmosphere est si particuliere. On sent les regards des gens, surpris de nous voir ici. Nous sommes touristes, mais c est nous qu on regarde avec curiosite... Je remarque en totu cas que Titi est tout de suite plus a l aise ou plus content lorsqu on se retrouve au milieu des locaux. Nous nous empressons de trouver l hotel pour pouvoir revenir sur la place du marche. 

Et nous arrivons devant un etablissement... comment dire... quelque peu defraichi, et qui n a pas l air bien ouvert. Apparemment il faut appuyer sur une sonnette. Ce que nous faisons, sur les conseils des chauffeurs de taxi qui discutent sur le trottoir d en face en attendant je ne sais quoi... d improbables clients perdus dans cette rue ? Rien ne se passe. Deuxieme coup de sonnette... toujours rien, et pas le moindre bruit a l interieur. Un chauffeur de taxi s approche et nous dit que le proprio ne doit pas etre bien loin. Gentiment, il l appelle pour le prevenir que nous sommes devant la porte. Bon, apparemment nous aurons un lit ce soir, mais dans quelles conditions de proprete et de securite ?... Bah, ca n a pas d importance, il fait bon, et puis je fais remarquer a Titi qu ici decidemment on ne te laisse pas en galere dans l indifference. En France, quelqu un se serait-il soucie de nous voir attendant devant la porte sans savoir quoi faire ? Et puis comme une evidence, tout le monde a le telephone de tout le monde, tout le monde se connait...  Bon certes, il est assez logique qu un chauffeur de taxi connaisse le telephone d un hotel. Mais tout de meme.

Nous nous asseyons sur le bord du trottoir. La rue est calme. Il fait bon, l air est doux... Nous sommes la depuis presque dix minutes lorsque tout a coup la porte s ouvre... de l interieur ! Et un gars qu on a visiblement tire de son lit entreouvre juste assez pour nous jeter un oeil peu avenant. Pas agressif, mais pas du tout concerne par les questions que nous pourrions avoir sur un eventuel hebergement chez lui. D ailleurs ca fait de toute facon beaucoup moins envie, la, tout de suite. Deja qu on n etait pas forcement emballes... Bon, quoi qu il en soit, le gars nous annonce qu il est complet pour ce soir ! C est bien vrai ce mensonge ? Bah, c est pas grave, merci et bonne nuit ! On reprend nos balluchons sur l epaule et c est reparti vers le zocalo, car la deuxieme adresse etait de l autre cote. En passant par ici, nous tombons par hasard sur la station de bus ou nous devrons revenir demain pour retourner vers Santa Elena. Nous avons l intention de descendre vers Campeche apres Oxkuztcab, mais nous devons d abord recuperer les affaires laissees au camping ! C est un peu une perte de temps, mais pas tant que ca dans la mesure ou le bus pour Campeche s arrete juste en face de l entree du camping. Bon en tout cas nous reperons la station de bus, et demandons les horaires au passage, puis nous poursuivons jusqu a la deuxieme adresse d hostal. 

Cette deuxieme option semble un chouia plus proprette que la premiere, mais vraiment un chouia.Nous prenons une chambre avec deux lits, et Titi, qui est le premier a se diriger vers la salle de bain, me fait le topo d une voix quelque peu decue. Alors a l interieur de la salle de bain ca pue, c est sale, il faut se battre avec la serrure pour que ca ferme, il n y a rien pour poser ses affaires et se mettre tout nu, et les chiottes ne donnent pas envie d avoir quoi que ce soit a y faire dans les prochaines heures... 

Ceci dit, on survivra ! L important est d avoir un lit et de pouvoir se laver. Et ca ne coute pas cher. 

 

Nous prenons le temps de nous relaxer un peu, avant de ressortir, plus pousses par la necessite que par la faim. C est que nous savons maintenant qu il n est pas toujours facile de trouver quelque chose de consequent a manger a partir d une certaine heure le soir. Il faut donc remettr eles vetements et descendre l escalier apres avoir cette fois encore jete un oeil sur la terrasse non amenagee. C est marrant ce plaisir qu on a a grimper sur les terrasses et aller voir la vue depuis les toits, meme quand lesdits toits sont un amas de gravas sur de la tole. 

 

Nous repassons donc par le zocalo... tres anime, tres eclaire et bruyant. Ah non on ne regrette pas une seconde de ne pas avoir plante la tente ici ! Non mais quelle idee ! Ca m aurait amusee, sur une autre place, mais pas ici et pas ce soir-la. Nous nous rappelons que la messe de veille de vendredi saint commence a 20h. Nous sommes juste a cote de l eglise. Precisement entre l eglise et le marche, ou de nombreuses personnes sont encore attablees pour savourer les plats qui nous tentaient bien tout a l heure. Nous decidons d aller jeter un oeil a la messe. J ai envie de voir comment se passe une messe ici, au moins pendant dix minutes. En fait j espere un peu entendre des chansons, car a mon arrive au Mexique j avais ete agreablement impressionnee par les jolies chansons qui accompagnaient les lituanies. Tout avait l air de se passer en musique, et des musiques bien plus joyeuses que les notres, toujours tres inspirees, recueillies, graves, solennelles... Nous retournons donc dans le jardin du fameux "prieure" et passons voir, apres le porche, la scene qui a ete installee dehors. 

Alors la messe commencera al heure mexicaine... c est a dire a quasiment 21h au lieu de 20h. Sans que personne ne s impatiente. Au contraire, par les deux entrees sur la grande pelouse qui s etend devant la scene, le public ne cesse d affluer tranquillement. Les gens prennent une chaise en bois pliante et vont s installer, guides par les maitres de ceremonie. Ils sont sur leur trente et un. Au passage pres de l entree on peut acheter son rosaire, sa bougie ou son image sainte. Nous nous installons sur l herbe dans le fond, et attendons. Et finalement, au bout d un long moment, des enfants de coeur arrivent en longues robes, precedent le fameux pere qui etait le seul a pouvoir nous autoriser a camper ici. Nous regardons le debut de la messe, et a ma grande surprise - apres ce que j ai pu observer ailleurs au Mexique - on pourrait se croire a une messe en France. Enfin pour le peu que je connaisse des services catholiques. C est tres serieux, recueilli, rituel. Donc je m ennuie vite. Titi, lui, remarque que les enfants courent partout et chahutent gentiment, sans faire trop de vacarme, mais sans qu on les rappelle a l ordre. Et il trouve ca chouette. Ce sont des enfants, ils ont envie de s amuser, c est de leur age, et on les laisse faire sans les gronder, sans leur imposer le silence et le garde a vous. Est-ce pour cette raison ? Du coup ils jouent et courent sans jamais hurler.  

 

Bon nous finissons par en avoir assez, et partons en quete de nourriture. Et la ca devient plus complique. Il est impossible de manger sur le marche, desormais. Trop tard ! Nous faisons le tour de toutes les petites rues qui semblent animees, mais il n y a plus le moindre restaurant ouvert. Ah si, nous trouvons tout de meme un vendeur de tacos, quesadillas et soupes facon resto rapide. Bon, et bien meme si c est pas vraiment de ca dont nous avions envie, nous nous en contenterons.  

 

 

Le lendemain matin, nous quittons sans regret notre hotel miteux, mais non sans aller jeter encore un oeil sur la terrasse. Avant de nous diriger vers la station de bus, nous allons nous offrir un petit dejeuner pres du zocalo, non sans rire encore une fois en nous imaginant sortant tout chiffonnes de nos tentes au petit matin, sur cette place assez piteuse apres les une nuit de fete...

 

A la station de bus, on attend a peine cinq minutes et c est parti en minibus, Mais nous avons une correspondance dans la petite commune de Ticul. Et a Ticul, nous avons une demi heure d attente. Alors Titi, qui n a pas envie d attendre sans rien faire, m entraine dans les rues de la ville pour faire un tour. Nous laissons nos sacs a dos dans le coffre du minibus que nous devons prendre, et partons pour queles instants. Nous cherchons une boisson fraiche, quand nous tombons par hasard sur une procession. Une petite, un petit groupe qui suit en chantant un homme portant une petite croix. Le groupe s arrete devant la porte d une eglise. Nous poursuivons notre chemin, et sommes arretes cette fois par des barriere de securite. Dans la rue, un peu plus haut, une autre procession approche. Un homme, jeune, est habille de blanc et d une bande de tissu rouge. Il porte une croix. A ses cotes, deux jeunes hommes deguises en romains l encadrent, et, mollement, le fouettent - enfin ce sont plutot des caresses. Et les romains discutent dans leur barbe, se retenant de sourire a certains moments. 

La procession s arrete, le faux Jesus s agenouille par terre et reste prostre un moment comme ca, avant de se relever et de reprendre sa route, sa lourde croix sur l epaule. Et le fait est qu elle doit etre lourde, cette croix, veritablement en bois. Nous suivons la procession quelques minutes, puis je commence a m inquieter de l heure. Ici les bus ne sont jamais vraiment a l heure. Ils sont ou bien en retard, ou bien en avance, mais rarement a l heure annoncee. Et en effet lorsque nous revenos a la station nous avons la mauvaise surprise de voir que le minibus n est plus gare la ou nous l avons laisse ! Et nos sacs sont a l interieur... J ai tous mes papiers et l appareil photo dans mon petit sac a dos qui ne me quitte jamais, mais c est tout. Nous tentons d avoir des infos aupres des employes. Ah mais oui le minibus est parti, nous dit-on. Mais nos sacs sont dedans, on fait comment pour les recuperer ?? - demandons-nous. 

Notre angoisse ne dure pas bien longtemps. Une employee nous montre du doigt le minibus qui est gare sur le trottoir a dix metres de la. Il nous attendait ! Nous montons dedans, non sans avoir verifie que nos sacs etaient toujours la ! Et c est reparti, soulages cette fois ! Bon allez, poursuivons cette journee de voyage. Il nous faut encore arriver a Santa Elena pour prendre nos affaires au camping et attraper le bus de Campeche dans la foulee. C est un peu juste mais ca devrait le faire.

 

Une fois sur le zocalo de Santa Elena, nou sregardons la montre : on a tout juste le temps d arriver au camping a pied. Un jeune conducteur de moto-taxi vient se garer sous un arbre. Nous allons l aborder. Combien pour  aller au camping ? Le jeune nous demande plus du triple du prix. On laisse tomber et on embraye a pied... sauf qu on se trompe de direction ! Du coup, nous raterons le bus de Campeche. Bon et bien c est pas grave, ce sera donc une journee de voyage. Il nous faut attendre une heure de plus, ou une heure et demi. Nous tentons de negocier avec le jeune du camping un acces a la piscine en attendant. mais le garcon nest pas flexible. C est le prix de la journee complete ou rien. Ok. Merci, au revoir jeune homme. Nous decidons dans ce cas d aller attendre le bus a cote du zocalo. Ca nous permettra de savourer une boisson fraiche, dailleurs. Titi s est pris de passion pour les jus de fruits frais, notamment les jus de Jamaique. 

Nous nous installons avec le jus de Jamaique a l ombre d un arbuste, assis sur le muret du zocalo, non loin de deux femmes temoins de Jehova qui auront la gentillesse de nous prevenir de l arrivee de notre bus. Allez zou, c est reparti pour une nouvelle etape ! En tout cas cette balade sur la Ruta Puuc, et jusqu au passage par le village d Oxkutzcab, nous ont bien plus !

 

Nous approchons du moment cle ou il faudra faire un choix sur ce qu on zappe et ce qu on ne zappe pas, parmi les choses qui nous tenteraient, compte tenu du nombre de jours qu il nous reste. Ce qui nous tente ? L ile d Holbox, les tortues d Akumal ou le snorkelling de maniere generale, Izamal, Palenque, et puis Calakmul, C est Frankie qui a donne la piste de Calakmul, quand Titi l a interroge sur les possibilites de balades dans la jungle. Il est clair que nous ne pouvons pas tout faire. Moi, dans le fond, ca m est egal. Car ca fait longtemps que je sais que je ne peux pas tout voir, et qu en faisant des choix je passe forcement a cote de sites tout aussi interessants. Donc tout me va. 

Je ne sais plus comment nous finissons par nous mettre d accord sur cette option, mais au bout du compte nous choisissons de louer une voiture a Campeche et de filer en voiture a Calakmul, avant de finir notre parcours en remontant a Cancun rendre la voirure la-bas. Ca nous oblige a repasser une fois de plus par Bacalar, Tulum et la cote caraibe, mais ca vaut le coup car c est le seul moyen d aller a Calakmul. La-bas, nous chercherons un guide pour faire une balade dans la jungle. 

 

Nous arrivons en plein apres-midi a Campeche. Le bus s arrete a l exterieur des murs d enceinte, sous un soleil brulant. Il nous faut marcher un bon quart d heure pour penetrer dans le coeur de la ville. Je ne cache pas que j ai hate de voir a quoi ressemble cette ville dont les guides disent tant de bien. 

Alors... comment dire... Il est vrai que ces facades restaurees et pimpantes sont absolument magnifiques... mais Titi et moi avons la meme sensation bizarre de toc. Nous nous engageons dans des rues tres belles mais... desertes ! Il n y a pas un chat dehors. Ou sont la turbulence et le fourmillement, le bordel et le bruit, les odeurs, si familieres ? Cette ville intramuros est aseptisee. Des flics et des balayeurs quadrillent les rues. Impossible de laisser trainer une miette de pain, elle va etre ramassee tout de suite. On se demande qui vit la, car personne ne sort ou ne rentre a aucune porte. 

Titi n aime pas du tout. Cette ville fantome le stresse.  Moi je suis mitigee. Je suis sous le charme des jolies facades et j ai envie de prendre plein de photos. Mais j avoue que l atmosphere froide, impersonnelle, trop touristique et sage de ce centre "historique" me laisse perplexe... Bon, ben voila, on a vu Campeche. On peut passer a autre chose...

 

Allez, tout de meme, j ai envie d en profiter un peu ! On ne va pas se laisser abattre par cette humeur bizarre ! On peine un peu a trouver l auberge de jeunesse, mais lorsque nous la trouvons nous apprecions d etre bien installes, confortablement, dans un dortoir de quatre places ou nous serons tout seuls, avec une terrasse donnant sur la rue. 

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Nous sortons chercher si d autres rues ne seraient pas un peu plus couleurs locales, un peu plus animees. Alors que nous quittons notre chambre, nous tombons nez a nez avec Hans ou je ne sais plus comment, le moitie espagnol - moitie allemand ou italien rencontre a l auberge de jeunesse de Valladolid. Vous ici ! Je ne peux pas dire que ces retrouvailles me rejouissent. Il me met toujours autant mal a l aise. On discute dix minutes dans la rue, puis on se separe.  Avec Titi, nous allons vers la mer. Nous trouvons le mur d enceinte, encore sage a cette heure-ci alors qu un peu plus tard dans la soiree nous y verrons de faux corsaires deguises pour le plus grand bonheur du touriste. Nous voila bientot assis sur un muret qui borde la mer. Ah elle n a pas la meme couleur que celel des caraibes ! Plus sombre, plus uniforme. Et puis les rives ne sont pas specialement joliment amenagees. Nous avons mis une plombe a trouver des bieres a savourer en regardant la mer. Ah ca n a pas tout a fait le charme qu on pouvait attendre ! Mais ca me fait plutot rire. Bon, nous paufinons notre plan de bataille pour demain : on partira des le matin chercher si on peut louer une voiture et la rendre a Cancun. Si c est faisable, bingo on la prend et on part sur Calakmul. Voila, c est pas plus difficile que ca. 

°Nous retournons dans le centre pour feter cette decision autour d un petit repas dans la rue touristique la plus frequentee de Campeche. Apres le diner, alors que nous remontons vers le zocalo, nous entendons de la musique. Un chanteur de guimauve larmoie sur une scene. On se pose dans l herbe pour l ecouter un peu, malgre notre peu de gout pour ce genre de musique. Une petite fille se lance sur la scene, totalement decomplexee. Visiblement enchantee, elle, par le rythme, la voila qui se met a danser, vaguement consciente que les gens la regardent. On dirait qu elle s en fiche, ou que c est deja tres naturel pour elle.   

Le chanteur interrompe son concert a l approche d une procession. Des tambours et des trompettes annoncent en effet l arrivee de plusieurs statues portees par des devots. Ils feront lentement le tour de la place, avant de s eloigner a nouveau. Je m attends a ce que le chanteur reprenne la ou il s etait arrete, mais c est un spectacle son et lumiere qui prend le relai. Sur les murs du palais municipal, un bref apercu de l histoire et de la cutlure du Mexique defile en images colorees et animees. C est super chouette ! Et ca dure un long moment.   

Il est temps de rentrer dans nos penates. Nous reussissons a reintegrer nos chambres sans croiser a nouveau notre cher ami Hans. Au petit matin, j entends Titi se lever tot et profiter de la terrasse avant que je me decide a me lever. Nous allons prendre un petit cafe sur la terrasse, avant de laisser nos affaires a l hotel et de partir en quete d une voiture a louer. 

 

Et il nous faudra un bon moment pour y parvenir. Nous sommes en plein week-end de semaine sainte, ca ne facilite pas les choses. On nous indique deux agences, mais une est fermee et l autre nous annonce un tarif qui nous parait assez fantaisiste. Ok c est pas gagne ! Nous prenons le parti de nous eloigner du centre historique et d aller dans la vraie ville, la ou vivent les vrais gens. Oh que ca fait bizarre de retrouver cette ambiance surpeuplee, agitee, vivante ! Nous demandons a droite, nous demandons a gauche.. on ne sait pas trop ou bous envoyer, les gens n ont pas trop l air de comprendre notre demande ! C est pas complique pourtant... Si ? 

En desespoir de cause, nous nous adressons a un policier. Il appelle pour nous, pour savoir si a l aeroport de Campeche nous trouverons notre bonheur. Et la reponse est affirmative. Youpi ! On n a plus qu a attraper le bus qui va a l aeroport. Heureusement il ne coute que 7 pesos. Le trajet ne devrait pas etre bien long... Enfin c est ce que je pense naivement. Mais vu la vitesse de croisiere du bus, on aurait gagne du temps en y allant a pieds ! Je n ai jamais vu un bus rouler aussi lentement ! Je peste, ne comprenant pas pourquoi on se traine comme ca. Titi, philosophe, regarde par la fenetre. Je finis par me plonger dans mon bouquin pour penser a autre chose car vraiment ca m agace. 

 

Enfin nous voici a l aeroport. Nous descendons du bus et allons voir a l interieur, dubitatifs car l aeroport ne semble tout de meme pas bien grand... Pourtant oui, il y a bien quatre comptoirs de loueurs de voiture. Bien bien. Nous commencons par obtenir un prix chez Europcar. Puis nous allons voir ailleurs, et faisons marcher la concurrence. En plus nous beneficions d une erreur de comprehension de ma part. J ai mal entendu le prix qu on m avait annonce chez Europcar, du coup lorsque finalement nous revenons chez eux, on obtient un tarif plus bas que ce qu ils m avaient dit au depart (car bien sur nous pretendons qu a cote ils s alignaient sur ce prix plus bas...) Bref, on sort de la tres contentes de nous et tres contents d avoir une voiture ! Bon, il faut passer recuperer les bagages, revenir faire enregistrer le permis de conduire de Titi car nbiebien sur il ne l avait pas sur lui, puis on met les voiles vers Calakmul !

 

On perdra un bon moment pour faire tout le circuit aeroport - hotel - aeroport... On se trompe, on demande notre chemin, on se retrouve embarques sur des autoroutes qu on ne veut pas prendre ... mais enfin on finit par s en sortir ! Et roulez jeunesse ! Musique a fond, fenetres et yeux grands ouverts. 

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La journee est super agreable. Je me mets en mode passagere, chaussures enlevees, pieds sur le tableau de bord, appareil photo a la main, je regarde les paysages. Nous commencons par longer la mer. c est chouette de voir un peu partout les mexicains profiter de la vie en bord de mer, partageant des barbecues, discutant en groupe de copains sous l ombre des arbres, allonges dans leurs hamacs ou sous les paillottes. 

En prevision des difficultes probables a trouver ravitaillement et essence a proximite de la reserve, nous avons en tete de nous arreter a Escarcega pour faire les courses et le plein. A la hauteur de Champotton, une petite fete bat son plein sur la plage. Vus de notre fenetre, les gens ont l air heureux et detendus. La cote est si longue et les plages si etendues que chacun peut visiblement trouver son petit coin de paradis. C est juste dommage que la plupart du temps les dechets trainent un peu partout. C est etonnant que ca ne les derange pas.

 

Apres quelques heures de conduite qui ne m ont pas parues lassantes, nous arrivons a Escarcega. Nous quittons la mer et bifurquons resolument sur la gauche, pour nous enfoncer dans les terres. Mais auparavant nous faisons le plein et les courses au supermarche. Le soleil se couche tranquillement. Alors que nous entrons dans la ville, un policier nous arrete. Du moins, a un barrage de controle, un des deux policiers nous fait signe de nous arreter sur le cote. Allons bon, qu est-ce qu il va encore se passer ? En fait, probablement le policier a cru que ma ceinture n etait pas attachee. Je le sais, j ai la manie de passer mon bras par-dessus pour ne pas etre genee par le tissu contre mon cou. Je savais que ca me jouerait des tours un jour. En l occurrence, j ai vite reglisse le bras dans la bonne position. 

Le policier se penche, nous demande comment ca va avec un sourire bonhomme. Ca va, ca va, repondons-nous, plus ou moins detendus. Vous savez qu il est defendu de fumer dans la voiture ? .... oups.. c est Titi qui conduit, et c est moi qui fume en ce moment. J ouvre des yeux naifs. Ah bon vraiment ? Mais non je ne le savais pas du tout ! Si si, c est interdit, il va falloir que je fasse une contravention... Oh mais je vous assure, je ne savais pas.. Ce policier devait etre de bien bonne humeur, car il n insistera pas plus que ca. Sachant que nou sallions nous arreter pour boire quelque chose de frais, il a simplement cette proposition bizarre : bah, si vous m offrez un coca, c est bon ca ira. Plait-il ? On a bien entendu ?? Euh, oui oui ok, a plus tard ! On redemarre, perturbes. Il nous a demande quoi, la ?? Bon on s en fout, on va faire les courses et on  s en va !

 

Nous profitons encore un peu de la radio avant que l antenne ne capte plus rien, une fois perdus en pleine foret. Le paysage est vallone, ca change. Par contre la vegetation reste d une hauteur plutot moyenne. Il ne fait pas aussi humide, et la foret n est pas aussi luxuriante qu a Palenque. Content d etre en route pour Calakmul et d avoir echappe a Campeche, Titi a un regain d energie.

 

Un peu avant d arriver a Conhuas - le point de chute pour partir en exploration dans Calakmul - nous longeons une jolie lagune. Le temps de parcourir les derniers kilometres qu il nous reste jusqu a Conhuas, une nuit noire est tombee sur la jungle. On n y voit plus rien, et c est a se demander comment on fait pour ne pas rater l arret pour notre point de chute ! La fleche bleue de mon GPS indique que nous y sommes. Bien. Nous apercevons en effet une lumiere, celle de l echoppe d un vendeur de boissons et cigarettes. Derriere sa bicoque, les ombres de quelques maisons apparaissent.  

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Nous demandons au vendeur, derriere les barreaux qui le protegent des voleurs sans doute, s il connait un endroit ou nous pourrions camper. Le gars nous regarde d un air ailleurs, pas tres aimable, mais un client qui a entendu et se tient sur le cote nous montre une maison eclairee de l autre cote de la route. C est le restaurant de sa fille, et elle nous autorisera certainement a camper devant sa maison. Ah ok, merci beaucoup !

Nous traversons et rencontrons la jeune femme. Dynamique et comprenant ce que nous cherchons, elle nous invite d abord a installer nos tentes devant le restau, puis elle reflechit a une formule de balade dans la foret pour le lendemain, car nous aimerions avoir un guide pour aller marcher dans la jungle. 

Nous convenons d un depart a 6h du matin demain avec un guide, qui nous promenera toute la journee. Nous gardons la visite du site pour le jour d apres. Nous comptons la faire seuls, sans guide. Demain, c est balade en foret toute la journee ! Journee qui se terminera par un phenomene particulier que nous allons observer : a quelques kilometres d ici se trouve une grotte, qui habrite environ deux millions et demi de chauve-souris. Or, tous les jours, a la tombee de la nuit, celles-ci quittent la grotte et partent chercher a manger, parfois jusqu a 40 kilometres de la. Il parait que l envolee des chauve-souris est un spectacle impressionnant, formant un tourbillon sombre et s elevant en spirales dans les airs. Voila donc le programme de notre journee de demain !

Tout contents, nous nous depechons d installer les tentes et d aller nous doucher pour avoir le temps de manger, car ici les lumieres sont coupees a 21h, et apres il fait nuit noire...

 

Bon en fait nous aurons largement le temps de tout faire, y compris de bouquiner un peu au lit avent que reellement la lumiere ne s eteigne a presque 22h. Et de toute facon, demain le reveil va sonner tot, alors dodo !

Nous n allons pas rouler beaucoup. Notre guide demande a Titi de se garer au kilometre 13. La plupart des touristes vont au kilometre 25, elle a decide de nous emmener sur un chemin moins courru. Super ! On part tout de meme un peu tard pour voir des animaux, le soleil est deja bien leve. Mais on croise les doigts quand meme. Enfin moi surtout, car Titi n est pas specialement obsede par l idee de voir des animaux, rien que la balade dans la foret lui fait plaisir. 

 

Nous sortons de la voiture et nous engageons sur un sentier. Tout au bout la-bas, j apercois un cervide. Quelque chose avec deux grandes oreilles dressees sur la tete, et un corps un peu rond. Il est trop loin pour qu on puisse en observer les details, mais y a pas de doute, c est un cervide. Ahhh ca commence bien !

 

Notre jeune guide nous explique que la reserve se compose de trois parties. Sur ses bords, des parcelles sont attribuees aux villageois qui habitent tout autour. Dans ces villages, en effet, chaque habitant a droit a un lopin de terre. Chacun peut donc faire pousser tout ce qu il lui faut pour se nourrir.

J ai mis mon alarme a 5h et demi. Bien que les lumieres ne soient pas encore allumees, je vais prendre une douche dans la salle de bain avec la porte moitie ouverte, car sans douche j ai du mal a me sentir reveillee. Titi n a aucun mal a etre debout tot, ca ne le change pas du quotidien.

Nous petit dejeunons et voyons arriver 6h mais pas de guide. Bon. Nous nous apercevons avec Titi que nos telephones ne sont pas a la meme heure. Celui de Titi a vraisemblablement change d heure automatiquement. Le mien non. On ne comprend pas grand chose... Avons-nous change de fuseau horaire ? Ou bien est-ce le passage a l heure d ete ?... Nous voila perplexes, ne sachant qui a la bonne heure...Au bout de quelques minutes, une jeune femme sort de la maison et nous demande si nous sommes prets. Curieusement, je ne m attendais pas a ce que notre guide soit une femme, et je suis agreablement surprise. 

Nous montons dans la voiture, et partons sur la federale pour trouver la piste de 60 kms qui conduit aux ruines de Calakmul.

en video...

Nous decouvrirons d autres caracteristiques de ce mode de fonctionnement et d administration. Les villageois sont responsables de l entretien de cette premiere zone de la foret. Regulierement, les guides se reunissent et organisent des journees de nettoyage et remise en etat des chemins de randonnee. Les zones d eau sont surveillees, et les villageois ont a charge de veiller a ce que les points d eau ou viennent s abreuver les animaux soient toujours a niveau (sinon les animaux vont migrer pour trouver de l eau ailleurs...) Titi demandera si les gens braconnent, malgre les surveillances. Notre guide lui repondra que ca peut arriver mais que c est tres risque. En effet, les gens peuvent tuer un animal pour se nourrir. Mais c est tres reglemente, et tres severement reprime en cas d infraction. Ceci dit, une veille est toujours en oeuvre car les villages qui entourent la foret ont des connexions entre eux via les sentiers qui courent a l interieur de la jungle. Or les delits sont commis en general sur les terres des villages voisins, par sur les terres de son propre village. Donc chacun protege ses interets

 

 

Il est tot, nous marchons sur la pointe des pieds, mais comme le sol est recouvert de feuilles et de petites brindilles, il est peu probable que nous passions inapercus ! On fait trop de bruit, bien malgre nous. Cependant, quelques dizaines de metres plus loin, notre guide apercoit un pavot, sorte de gros faisan. Pas farouche, l animal se laisse rattraper et continue sa balade en marchant cinq metres devant nous, tranquille. Il a des couleurs magnifiques. Mais c est drole, je n imaginais pas ce genre d animal dans la jungle. Dans la foret de Fontainebleau lors des chasses a cour de Charles IX, peut-etre, mais a Calakmul... ca me surprend. Je suis encore plus surprise lorsque nous le voyons s envoler ! Quoi ca n est pas trop lourd pour ca ?? Et bien non, au contraire, et nous en verrons plusieurs dormir dans les arbres.

 

Tout en avancant a pas de loup, notre guide nous donne des explications sur la faune et la flore. Nous entendons des bruits. Elle nous signale le cri specifique du toucan, et les hurlements de singes araignees et de singes hurleurs. Ah que c est agacant de se sentir si proche et de ne rien voir ! Mais c est chouette aussi de ressentir cette vie dans la foret. Du moins a cette heure-ci. Car tres vite, tout se calmera jusqu a ce que le silence devienne impressionnant... les animaux dormiront pendant la grosse chaleur de la journee, et se remettront en activite a l approche du soir et de la relative fraicheur. Nous ramassons des zapote et les goutons pendant une pause. C est vraiment un fruit delicieux ! 

 

Les arbres jumeaux (celui qui donne de l urticaire quand on en touche les feuilles ou l ecorce, et celui dont les feuilles apaisent les effets du premier...), le cheminement des fourmis et des termites le long des arbres, l entrelacement des racines, les plantes utilisees par les mayas aux fins curatives ou pour favoriser la grossesse, etc : notre guide nous montre et nous explique beaucoup de choses. Vers 11h, nous cessons de faire le moin s de bruit possible. De toute facon les animaux sont couches a cette heure-ci. Et notre chemin se retrecit, pas suffisamment debrouissaille. Nous revenons a la voiture apres une longue marche, et partons poursuivre l exploration sur le sentier qui demarre au kilometre 25. Les autres groupes sont partis depuis longtemps. Nous allons nous asseoir un quart d heure au bord d un point  d eau, sur un mirador, esperant la venue d un animal. Mais il n en viendra pas, a part des milliers de fourmis que nous avons visiblement derangees en montant sur le mirador !

Mais la promenade est vraiment sympa quand meme. Les arbres sont beaux. On se demande comment notre guide arrive a se reperer dans cette vegetation dense. Nous aurons tout de meme le bonheur d apercevoir un toucan. La guide entend son cri, s approche lentement et nous le montre, dans les branchages au-dessus de nos tetes. Qu est-ce que c est beau ! J avoue que c est assez magique... Ces couleurs et surtout ce bec incroyable... Celui-ci, Titi ne parvient pas a l apercevoir avant qu il s envole. Zut ! On espere en revoir demain lors de notre visite sur les ruines. 

Alors que nous sommes sur le deuxieme sentier,  sur le mirador d ailleurs, avec vue en hauteur sur la foret, nous entendrons des hurlements rauques... que nous prendrons pour des rugissements de felins ! Mais la guide nous detrompe : ce sont des singes, probablement les singes-araignees. Quoi, des singes, ces mugissements puissants ?? Incroyable ! Tres impressionnant...

 

Au bout des deux sentiers, j avoue que j en ai plein les pattes, ca y est. Je veux bien qu on rentre. Et nous prenons le chemin du retour. Cependant la guide nous invite a venir sur la parcelle de sa famille et a cuillir des oranges dans son jardin. Il faut garer la voiture un peu plus loin et marcher encore dix minutes avant d arriver sur ce terrain. Une maison est en construction sur ce terrain, ou l on trouve toute sorte de legumes et de fruits. Certains habitants choisissent d avoir aussi des animaux sur leur terrain. Notre guide nous invite gentiment a cueillir des oranges. Je voudrais bien, mais elles ne me paraissent pas mures, la peau est verte... Pourtant, nous croyant timides, la guide decroche quelques oranges vertes et nous les tend. Bon et bien goutons les... Et il s avere qu elles sont delicieuses, tres douces ! Nous en emportons quelques unes pour nos prochains pique-niques. 

 

Et puis nous prenons la route du retour. Nous rentrons au camping pour nous reposer un peu, attendant  l approche du crepuscule pour aller observer les chauve-souris.

 

Je n ai parle que de la premiere zone de la reserve, alors qu elle en comporte trois. La deuxieme partie commence au kilometre 20. Dans ce secteur, les habitants peuvent exercer des activites de guide mais tout est tres controle. La faune est particulierment protegee, et les villageois doivent la-aussi contribuer a l entretien des sentiers. Et puis il y a ce qu ils appellent le coeur de la foret, la partie parc national.

Mes jambes sont contentes de se mettre un peu en position horizontale. Je bouquine et le temps passe relativement vite jusqu a ce que notre jeune guide revienne nous chercher pour qu on reprenne la voiture. Nous roulons une petite quinzaine de kilometres et garons la voiture dans un tout petit passage de terre sur le bord de la route. Tit repere au passage un panneau de signalisation routiere avertissant : danger, chauve-souris ! Probablement le seul au monde de ce genre ! Il me le dira deux jours pluis tard, lorsque, quittant Calakmul pour remonter vers Chetumal, nous repasserons devant. Au volant a ce moment-la, il me demandera de prendre le panneau en photo ! C est vrai que c est assez drole et pittoresque. 

 

Un chemin demarre juste a cet endroit et grimpe vers un fosse surplombant un grand trou. Cet enorme trou, c est la grotte. Pas tres rassurante, enfait. On n a pas envie de se prendre les pieds dans une racine et de tomber la tete la premiere la-dedans ! Notre guide nous explique que des speleologues ont fait des explorations a l interieur, et ont du patauger dans un metre de fiente de chauve-souris. L air doit etre super toxique la-dedans !

Avec nous, attendent egalement une famille francaise, deux touristes accompagnes par un guide qui parle quelques mots de francais egalement, et un couple de cinquantenaires tout de blanc vetus. Quelques chauve souris volent deja par-ci par-la a notre hauteur et un peu plus bas. Notre guide nous previent : lorsque le depart va se produire, une forte odeur de fiente de chauve-souris va se degager du nuage. Bon bon... Patiemment, nous guettons les signes de l envol. Les chauve-souris vont parcourir pres de 80 kilometres dans la nuit pour aller chercher leur nourriture. Elles suivent systematiquement le meme chemin, s elevant en tourbillon au-dessus de la grotte, pour virer tout a coup vers la foret, vers la reserve de Calakmul, en traversant d abord la route federale ou nombre d entre elles se font tamponner par les voitures au passage.

 

Tandis que nous discutons, imperceptiblement un murmure s eleve de la grotte. Notre attention se porte sur ce trou noir... Et en effet quelques chauve-souris, des dizaines, commencent a sortir de la grotte. Le crepuscule et leur vitesse de vol nous empechent de les observer tres clairement, mais nous les voyons former des cercles, voler enrond au-dessus de la grotte, montant petit a petit a notre hauteur, puis encore d une dizaine de metres, avant de decrire un dernier virage et de s envoler vers Calakmul. C est joli, et c est tellement etrange qu elles suivent toutes ce chemin, decrivant invariablement des courbes bien larges pour s elever en spirale.. Et le mouvement s amplifie, le murmure egalement, il en sort de plus en plus, ca ne s arrete plus. Bientot, c est un nuage noir qui fretille devant nous, sous nos yeux et au-dessus de nos tetes. Nous sentons quelques chauve-souris se perdre et fuser entre nous, entre les arbres. Fascines, nous regardons ce spectacle pendant plus de vingt minutes. Et il en sort toujours de la grotte ! C est calme, presque silencieux, et gracieux. Et ca ne sent pas aussi fort que le pretendait notre guide. Tout a fait supportable.

 

Au bout d une demi heure, alors que la tombee de la nuit rend difficile l observation, nous prenons le chemin du retour, enchantes. Titi pourrait rester des heures a regarder et ecouter... Moi j ai pitie de notre guide, qui doit encore rentrer sur Campeche ce soir.

De retour au camping, tres contents de notre journee, nous nous preparons une petite salade pour diner. Nous avions pense un moment a aller installe nos tentes a l interieur de la reserve, mais la flemme a eu raison de nous. Apres tout nous sommes deja installes ici, et puis au moins on peut se doucher, et par ces temperatures de dingues qui nous font transpirer comme des boeufs a toute heure du jour et de la nuit ca n a pas de prix !

 

Et nous laissons aussi les tentes montees le lendemain matin avant de partir decouvrir le site de Calakmul, enfin les ruines. Nous entrons dans la reserve relativement tot. A peine sommes-nous sur la piste, nous apercevons au loin un cervide que je prends  d abord pour un cochon sauvage. Mon appareil photo ne veut pas faire la mise au point. Tant pis. Tout de meme c est embetant, ce filtre tout raye...

 

Nous roulons a trente a l heure, d abord parce que c est ce qu imposent les panneaux pour la protection des animaux, ensuite parce que nous esperons voir des animaux, justement !

Bon, sur ce trajet aller nous ne verrons pas grand chose. Mais nous sommes heureux comme tout, seuls dans cette nature, prets a passer une journee memorable.Au bout d une heure nous arrivons a l entree du site. 

Et nous allons passer une journee superbe, idyllique. Nous ne croiserons que tres peu de touristes sur le site, qui est extremement etendu. Des la premiere allee conduisant aux premieres ruines mineures, nous tombons sur des singes araignees paresseusement allonges sur les branches des arbres qui passent au-dessus du chemin. Enchantes, nous les regardons se dresser et sauter de branche en branche, en famille. C est super elegant ! Ils s aident avec leur queue, et tous les mouvements sont extremement gracieux. Ravis de si bon matin, nous continuerons notre exploration quasiment toute la journee sur la pointe des pieds, sans cesse aux aguets. 

 

Il est difficile de decrire le bonheur que nous avons vecu pendant cette journee riche en emotions de toutes sortes. Ah le plaisir de pouvoir s elancer a droite ou a gauche, au hasard des chemins, et de tomber sur des ruines imposantes, sortant de la jungle ! Ici on peut vraiment se sentir un peu Indiana Jones, parce qu on est tres souvent tout seuls, et rien ne vaut cette rencontre, ce tete a tete avec le monde maya tel qu on peut en rever et l imaginer devant les planispheres. Nous grimpons partout. Et lorsqu on ne sait pas ce qui nous attend, quel plaisir, apres avoir escalade une pyramide, de se retourner et d apercevoir au loin la-bas, depassant la cime des arbres, une autre pyramide plus belle et plus imposante encore ! A un moment en particulier, j en reste bouche bee en rejoignant Etienne, qui, tout a sa contemplation, n a rien laisse paraitre.

On se sent extremement privilegies, en fait. La jungle est majestueuse. Et nous passerons la journee a apercevoir et observer les singes araignees et singes hurleurs dans les arbres. Nous les voyons dormir, affales sur les branches, ou bien se deplacer d arbre en arbre, ou encore se nourrir des fruits cueillis sur ces arbres, parfois en etant juste suspendus par la queue a une branche, epluchant le fruit la tete en bas. C est beau, et c est bon de se sentir en communion avec la nature.

 

Nous ne voyons pas le temps passer. Il faut dire que le site est immense, que nous savourons et marchons tres lentement, observant tout, ecoutant tout, testant des chemins pour tenter de nous approcher des toucans que nous entendrons a certains moments. Nous croisons quelques pavots. Sur les deux plus hautes pyramides, nous prenons le temps de pique-niquer et de nous relaxer, savourant la vue. Qu elle est belle, cette jungle qui s etend a perte de vue tout autour de nous ! Nous ne nous lassons pas de ces couleurs, de ce calme. Les arbres ont des filaments qui s agitent sous le souffle leger du vent. Quelle chance d etre ici !...

 

En fin de journee nous reussirons a nous approcher suffisamment pres d un toucan. Moment magique... bonheur absolu ! Tout s arrete dans ces moments-la, on est juste sous le charme. Ah que je regrette que mon appareil photo n ait pas immortalise ces instants mieux que ca ! Mais ce souvenir reste fort, d autant plus fort que je sentais Titi heureux comme tout egalement. Nous aurons la chance d en voir un autre un peu plus loin, et tellement de singes, un vrai festival !

Nous sommes arrives sur le site vers 9h30, nou sn en repartirons que vers 18h. Nous n avons rien voulu manquer. Nous avons contourne toutes les pierres, observe toutes les steles, passer un temps fou a regarder vivre les animaux (ah comme nous l avons attendu, notre jaguar, qui n est jamais venu !), contemple jusqu a plus soif la jungle et les ruines depuis les hauteurs des pyramides perdues dans la foret... Quand nous revenons au parking, il ne reste que notre voiture. 

 

Nous aovns dans l idee de retourner au point d eau ou, la veille, nous sommes restes un quart d heure hier avec notre guide. Nous avons peut-etre une chance de voir des animaux, avec le crepuscule... Sauf que nous devons rouler a 30 kmh et qu il nous faudra plus d une heure pour rejoindre ce chemin ! Entre temps, la nuit est tombee, et bien tombee. J ai roule le plus longtemps possible sans lumiere, toujours dans l espoir de voir des animaux. Mais il est vite devenu necessaire de mettre les feux, et meme les phares.

Et dans la lumiere des phares, justement, nous apercevrons deux ou trois petits renards sur le bord de la route, et une quantite infinie de pavots, sur la route ou dans les arbres au-dessus du chemin !

La nuit est d encre. C est impressionnant ! D ailleurs, pour nous en rendre mieux compte, j arrete la voiture et eteins les feux. Oh la trouille ! Ce noir impenetrable m oppresse. Titi sort de la voiture. En plus du noir total, nous sommes egalement enveloppes par le silence... flippant, pour moi. Titi s eloigne, attire par cette obscurite. En quelques pas, et malgre son tshirt blanc, je ne le vois plus. Je devine, au bruit, qu il s allonge sur la piste. Je leve les yeux vers le ciel : oh mon dieu, quelle merveille ! Ai-je deja vu autant d etoiles ??? Il y en a des myriades ! C est extraordinaire et intense... 

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J ai beau avoir peur dans le noir, c est un moment tout simplement magique. Malgre tout, ma trouille prend le dessus. Ca m angoisse de ne rien entendre et de ne rien voir. Je retourne dans la voiture et attends Titi "a l abri". 

Il revient, et nous reprenons la route a 30 kmh, plein phares. Mais tout a notre observation, la route ne nous paraitra vraiment pas longue. Nous sommes encore dans cet univers incroyablement enchanteur...

Nous arrivons a la hauteur du chemin qu il faut emprunter pour aller sur le point d eau. Mais reellement, on n y voit pas a deux metres. Ca ne sert a rien, non seulement nous risquons de nous perdre mais en plus, si on trouvait le mirador, nous ne pourrions meme pas voir les animaux s approcher. Nous laissons donc tomber et filons vers la route federale.

 

De retour au camping, les proprietaires sont rassures de nous voir garer la voiture. On commencait a s inquieter - nous dit une brave dame, qui se propose gentiment de nous faire a manger - ce que nous esperions encore possible ! En plus de cet accueil chaleureux, nous aurons droit a des assiettes hyper copieuses !

Nous nous endormons heureux ce soir-la, la tete pleine de toutes les images fantastiques de la journee...

 

 

Le lendemain matin, il faut cette fois remballer toutes nos affaires. Nous reprenons la route. Il nous faut remonter vers Chetumal puis Tulum et enfin Cancun. Nous ne savons pas encore trop ou nous allons nous arreter ce soir. Pour l instant nous remercions tout le monde apres le petit dej et mettons le contact. En route ! Et au passage, Titi me fait prendre le panneau de signalisation des chauve-souris en photo !

 

Nous roulons depuis presque une demi heure lorsque je m apercois que j ai oublie ma serviette de toilette au camping ! Oups...

Sans hesiter Titi fait demi tour. Nous recuperons ma serviette de toilette et tapons le clap du deuxieme depart...

 

La journee est belle, ensoleillee, La route longe de loin la frontiere avec le Guatemala. A la place du mort, je savoure les paysages et m amuse a essayer de capter des images, des instantanes de ce que nous voyons, cabanes sur le bord de la route, villages fantomes, vendeurs de fruits ou de beignets prets a proposer leurs produits aux voitures au niveau des topes, garages, etc. 

 

Nous reflechissons a notre itineraire. Et Titi propose que plutot que de retourner a Bacalar nous filions sur Mahahual pour y dormir. Peut-etre pourrons-nous trouver la-bas la possibilite d aller snorkeler sur la barriere de corail, avant de remonter sur Cancun. Vendu ! Faisons ca.

Et nous arriverons relativement tot a Mahahual, d ailleurs. Le troncon de route depuis l embranchement de la route Chetumal - Cancun est une ligne droite de trente kilomnetres terriblement ennuyeuse ! On est bien contents d arriver enfin. Surtout que la route  atterrit directement dans l eau ou presque ! La ligne droite gire brusquement vers le village a vingt metres de la plage. De retour sur la cote, nous sommes eblouis par la couleur de l eau. Ahhhh, decidemment il faut reconnaitre que les caraibes sont enchanteresses ! Il fait en plus une chaleur ecrasante, nou savons hate de nous rafraichir un peu. Nous trouvons un camping a l entree de cette zone touristique, en face de la plage. Excellent ! Sauf que la zone de camping n est pas du tout ombragee. On va crever !! Certaines personnes ont trouve l astuce de couper des feuilles de cocotiers et d en recouvrir leur tente. Bon, je ne sui spas sure que ce soit d une efficacite redoutable, a vrai dire. En tout cas c est sur qu en journee il doit faire 63 degres minimum dans les tentes. En meme temps, nous sommes rarement sous la tente pendant la journee... Mais n empeche, le temps de planter les tentes et de se changer pour mettre les maillots de bain, on degouline a grosses gouttes, c est l horreur ! Allez vite, trouvons une table et des transats et allons nous baigner ! 

 

Quel pied d etre dans l eau ! Ca va tout de suite beaucoup mieux ! Et puis qu elle est belle, et comme c est bon de se baigner dans une eau de cette couleur et de cette temperature ! On en profite avec gourmandise. C est le moment de se faire aussi un petit pique-nique et de boire quelque chose de frais. 

Puis, quand nous sommes suffisamment reposes, nous nous rhabillons et partons nous promener vers la zone un peu plus frequentee avec boutiques, restos, bars et agences. Tout pres de notre camping nous voyons une agence ou les proprios, francais, proposent des baptemes de plongee.. Les yeux de Titi s illuminent. Ah ah, le voila super tente. Mais pas sur que ses poumons fragiles lui permettent d essayer l exxperience. Moi je ne suis pas emballee, et n ai pas forcement envie de payer beaucoup pour ca, tout de suite maintenant. Nous remercions et partons reflechir. 

Revenant a l idee premiere, qui etait de faire du snorkelling, nous posons a tout hasard la question au serveur du bar ou nou snous asseyons pour boire une biere. Ah ca tombe bien il connait quelqu un qui fait des excursions. Il revient et nous laisse les tarifs et les conditions pour un tour demain matin. Bon tres bien, merci, on va reflechir. Nous avons du mal a nous decider. Et pui sil y a eu du vent aujourd hui, et en cas de vent ce n est pas sur qu on puisse smorkeller, Par contre on a tout de suite ete dissuade d aller sur la barriere de corail. Ici elle est beaucoup trop loin, du moins celle qui est super belle et qui nous tentait. Et qui dit loin dit cher pour y aller, forcement. 

Par contre a Mahahual on peut aussi s approcher du corail, on voit la barriere juste ici a quelques dizaines de metres.  Bon, nous decidons d aviser demain matin. L idee est de faire peut-etre une viree snorkelling demain, avant de remonter sur Tulum. Car nous devons rendre la voiture le surlendemain a 12h au plus tard, donc il est imperatif que nous dormions pas plus loin que Tukum demain soir.   

Le programme etant decide, nous profitons de la plage, des hamacs et de la douceur de l air au moment du coucher du soleil, avant de nous mettre en quete d un resto. Nous decouvrons que Mahahual a beau etre soi-disant un petit village de pecheurs, les prix sont franchement eleves par rapport a d autres lieux. Nous avons beau faire le tour des rues, on n a pas plethore de choix. Nous finissons par nous arreter dans un resto qui pretend pouvoir nous cuisiner un des plats qu Adrien avait mis sur sa liste, des papazules. Mais la serveuse nous apporte des menus et secoue negativement la tete quand nous lui commandons les papazules. Bon d accord, on nous a dit oui pour nous faire plaisir tout a l heure ! La carte est chere. Nous sortons et allons nous installer dans le resto d a cote, tout simple mais bon et probablement le moins cher ici. 

 

Heureusement la nuit les tentes ne font plus four a griller. Nous pourrons donc dormir ! Et le lendemain nous commencons par replier les affaires et les ranger dans le coffre de la voiture, avant d aller dans le "centre" pour boire un cafe et nous rencarder sur le snorkelling. Nous trouverons une possibilite pas trop chere et dans notre timing. Par contre les nuages s accumulent dans le ciel ce matin, du coup l eau ne sera pas cristalline et nous aurons moins de couleurs sous l eau. 

Nous patientons sur la plage en attendant l heure de depart. C est la premiere fois que Titi fait du snorkeling, et comme moi la premiere fois il apprehende un peu. Finalement nous partons sur une petite lancha, accompagnes par deux types qui ferons avec nous le service minimum. Pas tres causants, ils nous conduisent sur un premier spot pres du corail. Hop, a l eau ! Je remarque que je me sens de plus en plus a l aise. Mais mon masque est aussi meilleur que celui que j avais eu a Caye Caulker. L eau n entre pas ou tres peu. Du coup je respire beaucoup plus tranquillement.

 

Nous irons sur trois spots differetns, et nagerons pas mal entre deux. Lespoissons sont au rendez-vous et je prends vraiment gout a cette activite ! Par contre, comme je le pressentais, les couleurs sont moins variees et plus palottes en raison des nuages. 

 

La balade devait durer deux heures, elle est tronquee d une bonen demi heure. Mais bon, pour une premiere, ca suffit a Titi. Et a moi aussi car je ne suis pas eblouie par les couleurs et que le je-m enfoutisme des gars m agace. J aurai d ailleurs l occaison de le dire au type qui nous  les a recommandes. Ah ? Bien, vous faites bien de me le dire - me repondra-t-il. Tu parles, je suis sure qu il s en foutait comme de sa premiere chemise, mais moi ca m a fait du bien de le dire !

Nous prenons le temps de nous relaxer et de secher sur les transats du bar ou nou savons attendons l excursion. Plongee dans mon bouquin, je m apercois que Titi s est endormi au soleil. Je le reveille pour qu on aille se mettre a l ombre car je sens que moi aussi je crame.

 

 Enfin l heure de partir approche. Nous retournons a la voiture et mettons le cap sur Tulum. Ah mais au fait, la dernier fois que nous avons dormi a Tulum nous n avons pas paye le camping. C est peut-etre pas une bonne idee d y retourner alors ? Bof, se souviendront-ils de nous ? Titi suggere que nous tentions d aller camper sur la magnifique plage que nous avions vue lors de notre premier expedition avortee pour la reserve de Sian Kaan. Dans mon souvenir, l eau montait assez haut et je ne serais pa super rassuree de planter ma tente si pres de la mer.. faut voir. D aapres Titi ca devrait le faire. 

 

Nous faisons la route sans encombre, et c est meme un plaisir avec cette petite voiture qu i roule beaucoup mieux que la premiere que nous avions louee.

Des que nous le pouvons nous retrouvons la radio identitaire qu on capte sur cette zone et qui diffuse de vieilles chansons bien ringardes a souhait. On se sent dans l ambiance !

Le soleil decline tranquillement lorsque nous arrivons sur Tulum. Je jette un oeil sur le compteur d essence alors que nous nous engageons sur la piste a nids de poule qu il faut prendre pour retrouver la plage paradisiaque. Il reste encore deux barres, et d apres le compteur on peut faire 70 kms encore. Bon, alors ca ira. Et nous roulons longtemps... je guette le compteur kilometrique, prete a dire a Titi qu il faut faire demi tour si on arrive a 35 kms sur cette piste.

 

Nous arrivons sur la plage. Plusieurs pecheurs sont installes la. Ah.. Ca va etre dur de s installer discretement...  en meme temps, nous decouvrons que l eau est vraiment haute. Et je dois avouer que meme dans mon souvenir a moi elle etait plus basse. Il doit y avoir une petite maree. En tout cas, en l etat, il nous parait difficile de camper ici... On va voir un peu plus loin, mais c est le depotoir local. Pas ragoutant du tout. Et la nuit tombe... Bon et bien, direction le camping ! Nous faisons demi-tour et allumons les feux. Je m apercois alors que le compteur d essence est tombe a une barre. Deja ? La jauge me parait bien bizarre... Et quelques kilometres plus loin, le voyant rouge s allume, et le nombre de kilometres restant s efface. Ah, voila autre chose...

 

A partir de ce moment, nous allons rouler avec l angoisse au ventre. Ne sachant quoi penser de cette jauge, ne sachant combien de temps il nous reste avant d etre en panne, nous serrons les fesses et croisons les doigts tres fort. Et bien sur la route nous parait interminable ! Mais combien de kilometres reste-t-il encore ? Si au moins on pouvait quitter cette zone deserte et tomber en panne plus pres de la zone habitee... Ah on n est pas fiers ! A chaque kilometre parcouru on se dit sans se l avouer que ca fera touojurs un kilometre en moins a marcher si nous devons aller chercher de l essence a pied...

 

La ville nous parait encore infiniment loin, alors que nous approchons de trois jeunes sur un scooter. Les deux filles qui sont a l arriere descendent, et nous abordent. Si ca ne nous derange pas, elles voudraient bien qu on les depose plus loin sur la route, a leur hotel. Car le scooter de leur pote n a presque plus d essence et en etant moins charge il a plus de chance de pouvoir rentrer a bon port. Bien sur, par contre il faudra peut-etre pousser notre voiture ! Tout le monde se marre, et hop on repart avec les deux filles dans la voiture. 

Titi et moi ne sommes pas tres bavards, concentres sur le voyant rouge de l essence. Comben de temps nous reste-t-il ? Ahhh, on  s approche de la zone habitee. Nous y voila ! Mais c est quoi ce bouchon ?? Alors maintenant nous voila pris dans le trafic ! Ca roule a deux a l heure, et nou son pense a l essence qui s epuise. 

Qu elle est longue, cette route ! Nous parvenons a deposer les filles a leur hotel, et c est en poussant des cris de soul;agement que nous virons enfin sur la route ou nous savons pouvoir trouver une station essence. Ouf ! On est passes pres de la cata ! Enfin cata relative mais ca aurait ete bien galere, tout de meme, d avoir a aller chercher de l essence !

D un coup on respire mieux, on se marre et apres avoir remis un peu d essence nous prenons le chemin du camping. 

A notre arrivee, le gars ne nous reconnait pas. Nous payons et installons nos tentes avec le meme plaisir sur ce sable merveilleusement doux, Mais comme ce coin est beau et tranquille ! Enfin... ce soir nous trouvons une grande tente et une reunion de potes, visiblement, sur "notre" coin magique.

Mais ca ne nous gene pas plus que ca, Nous allons squatter les tables pres du resto, et preparons notre petite popote sous les petites loupiottes, en ecoutant le vent qui balaie toujours la plage ici la nuit. Et voila, demain nous sommes de retour a Cancun. Ca va faire bizarre. Je sens approcher la fin de cette periode a deux. Ca va me faire bizarre de me retrouver a nouveau seule. Enfin je vais enchainer quasiment avec les retrouvailles avec mes parents, a Riga, mais tout de meme je vais retrouver la solitude pendant quatre jours a peu pres. C est chouette aussi de voyager a deux. 

Qu allons-nous faire de notre derniere journee a Cancun ? Dans cette ville on ne sait pas trop quoi faire, en fait, a part aller a la plage. On pourrait peut-etre aller a Akumal depuis Cancun - suggere Titi. Tiens oui, pourquoi pas. Et voir les tortues ! Chouette...

 

Et voila la matinee du retour qui commence. Nous nous levons pas trop tard, remettons encore plein de sable dans les tentes, et hop, direction Cancun ! 

Nous y arrivons bien moins stresses que nous en sommes partis la premiere fois apres notre PV ! C est que nous sommes a l aise maintenant avec la conduite au Mexique. Vigilants, cependant, nous sommes a l affut des policiers. Cette fois-ci c est chez Europcar que nous devrons rendre la voiture. Et pas besoin de la nettoyer comme la premiere fois, on a ete propres ce coup-la ! Nous passons d abord a l hotel San Patricio. Il y a deux jours, j ai envoye un message a Kenny pour l avertir de notre arrivee - rapport au sac a dos de Titi... Et je n ai pas eu de reponse de sa part. On ne sait donc pas si une bonne ou une mauvaise surprise nous attend. Nous sommes vite fixes, puisque c est Kenny lui-meme qui est a l accueil de l hotel lorsque nous arrivons. Il nous reconnait, s excuse de ne pas avoir repondu au message, et nous explique qu il n a pas le sac avec lui ce matin car il a eu un souci de sante la veille et n a pas pu rentrer chez lui. Mais ne vous inquietez pas je vous le raporte demain matin ! Oui oui... On va continuer a esperer que tout se passe bien...Evidemment il ne fait pas la moindre allusion a l argent que je lui ai "prete", mais j avais de toute facon decide de faire une croix dessus, preferant avoir remunere la garde du sac, au final. 

Nous prenons le temps de poser nos affaires sans courrir, nous sommes largement dans les temps et l hotel est plus que tranquille : tres peu de monde cette semaine. Dans le dortoir nous rencontrons un couple de francais. Ils sont en vadrouille pour trois mois. Alors que je reviens retrouver Titi sur la terrasse, je le trouve en grande conversation avec Isa, qui est de Montpellier si ma memoire ne me trahit pas. Son copain aussi est du sud, a en croire son accent prononce. Si Isa est une habituee et une amoureuse des voyages au long cours, pour son copain c est une premiere et apparemment l acclimatation doit passer par des etapes. Ils nous donnent leurs impressions sur les pays d Amerique centrale qu ils ont traverses. Chacun a ses experiences et son ressenti, pas forcement identique a ceux des autres voyageurs. Nous passons un bon moment a discuter tous ensemble. Ils sont visiblement tres potes avec Kenny, ce qui a tendance a me rassurer un peu sur nos chances de revoir le sac a dos. En fait, Kenny est plutot un gars sympa et ils nous a effectivement rendu service, mais quelque chose dans sa maniere d etre allume des warnings interieurs, je ne sais pas trop pourquoi et ne chercherait pas trop a elucider le mystere - hormis l histoire des 100 pesos pretes dans la nuit. 

Bref, notre petit couple de francais est en tous les cas tres sympa et nous parlons a batons rompus.  

Nous finissons tout de meme par abreger pour l instant car il est grand temps de rendre la voiture. Nous y allons et revenons a pied, heureusement l agence n etait pas tres loin de la rue de notre hotel. Nous reparlons de notre programme du lendemain. Ca me fait tres plaisir que Titi ait envie de profiter jusqu au dernier jour, il est vraiment partant pour filer demain matin sur Akumal et aller nager avec les tortues avant de monter dans l avion. Evidemment ca me stresse un peu tout de meme, car s il s agissait de moi je ne partirais pas a une heure de route du lieu ou je dois prendre un avion.. Mais c est Titi, et j aime me laisser porter par des gens comme ca, qui sont bien plus deraisonnables que moi (dit dans le sens positif du terme, evidemment). Ceci dit le sentiment predominant est le bonheur a l idee d aller les voir, ces tortues, que j aurais peut-etre ete un peu decue de manquer meme si je ne cessais de dire le contraire depuis le depart de cette viree a deux. Disons que j etais partagee. J avais envie de le voir, mais j etais sincere que ca ne serait pas bien grave si nous n y allions pas. Il y a tant de choses a voir et a faire qu on doit forcement faire des choix.

En revenant vers l hotel nous passons devant un bar qui est en train de preparer son ouverture. En fait il est deja ouvert mais le serveur est encore en train d installer la salle immense - les salles, devrais-je dire. Cet bar - restaurant est un des plus vieux de Cancun. Son decor est tres charge et assez loufoque, melant photographies historiques et mannequins a tetes de mort comme em rafolent les mexicains ! Etonnes par la deco, nous jetons un oeil a l interieur. Le serveur nous invite a aller plus loin voir l ensemble du resto. En effet plus au fond nous decouvrons une charette, un cheval (faux), une fontaine, et tout un tas d objets heteroclites suspendus un peu partout, Sur les murs les peintures florales et les photos rivalisent avec les fresques enormes, dont une representant Frida Khalo. Nous avons une petit soif. La biere ne doit pas etre donnee ici mais tant pis, l endroit est fun et puis rien que pour le plaisir de boire ma biere assises sur un tabouret - selle de cheval je veux prendre l apero ici ! Le serveur nous prete deux sombreros pour la photo, ole ! On est tout seuls mais c est pas grave, c est amusant !

 

Apres ce petit verre dans cet endroit charmant, nous revenons a l hotel et enfilons les maillots de bain. Le couple de francais nous a recommande la piscine de l hotel d en face, grand standing, qui appartient  au meme proprietaire que le notre (tres petit budget). Chouette ! Apparemment nous pouvons y aller en disant que nous sommes loges chez Patricio. On attrape les serviettes et on traverse la rue. Effectivement on nous laisse entrer. Par ici la piscine... Nous visitons un peu les couloirs, bars et halls de ce bel hotel, puis trouvons la piscine... beaucoup plus petite que ce que nous imaginions, et deja blindee de monde. Surtout des familles avec leurs enfants. L horreur, quoi ! Nous nous asseyons en attendons que ca se degage, n osant pas sortir de nos sacs les deux bieres que nous avons achetees au magasin d en face en pensant pouvoir les iroter royalement au bord de l eau... Mais un ecriteau sur la porte annonce que les boissons de l exterieur sont interdites. Du coup elles restent dans nos sacs. Bon, ca ne desemplit pas, et le vacarme des enfants n est pas fait pour nous ravir ni nous detendre. Allez on ramasse nos serviettes et on repart siroter nos bieres sur la terrasse de notre hotel, c est a dire sur les quatre chaises au bord de la rue ! Nous y retrouvons notre couple de francais, en grande conversation avec un canadien etrange.

Exile volontaire depuis de nombreuses annees de sa terre natale, age probablement d une soisantaine d annees, il parle haut et fort sur tous les sujets et donne son avis tranche avec un sourire bonhomme mais avec la gravite du gars qui puise son inspiration dans la biere, tout de meme... Il est marrant. Nous nous melons a la  conversation, qui tourne sur la politique. Quand on aborde la question des attentats, il se rallie a l opinion qui veut que l Europe a bien cherche les problemes qu elle doit maintenant gerer, immigration comprise. C est toujours interessant de decouvrir le regard des non-francais... Les garcons restent un moment sur ce sujet.

Moi comme toujours dans ce genre de contexte j ai le sentiment de m instruire en ecoutant les autres, et de ne pas trop savoir au juste quelle est mon opinion sur tout ca... Ma conscience politique est tres limitee. Ou du moins pas ma conscience, mais ma connaissance des sujets que l on aborde me semble tellement incomplete que j ai sans arret le sentiment de ne pas savoir de quoi je parle, au fond...

Notre ami quebecois part ensuite en guerre contre les reseaux sociaux et se moque les gens qui ne peuvent plus faire quoi que ce soit sans publier un avis a la terre entiere sur ce qu ils sont en train de voir, manger, ou faire. Il etend sa vaindicte aux photos que les touristes prennent pour pouvoir dire ensuite : regardez, j ai ete ici, j ai fait cela. La-dessus, je suis partagee. Je prends un nombre delirant de photos, je le sais. Sans autre but que de me creer un album souvenir personnel. Je ne me vois pas voyager et ne pas immortaliser pour ma memoire personnelle ces lieux, atmospheres, gens, moments particuliers, rencontres ou vecus.

Mais il m arrive souvent de penser que toutes les fois ou je prends l appareil photo je ne suis plus dans le ressenti, dans l instant present. Je vis mes decouvertes a travers l objectif, la photo devient une contrainte dans ma maniere de me promener et de me laisser envahir par les sensations du moment. Les rares fois ou je n ai pas pu utiliser l appareil, j ai eu le sentiment d etre plus presente dans ce que j etais en train de vivre.

Bref, nous parlons un long moment, jusqu a ce que le sommeil nous rattrape et que nous battions en retraite dans nos lits. Demain une journee superbe nous attend... mais egalement la separation. Que c est bizarre, comme c est passe vite ! J apprehende un peu le retour a la solitude et j ai dores et deja decide de ne pas faire de balades hors de Cancun avant mon propre vol, mais de preparer la suite de mon voyage et de m occuper de mes affaires administratives. Je ne sais pas trop si Titi realise que c est sa derniere nuit au Mexique. Il m a avoue rentrer sans avoir vecu ce bouleversement ou ce coup de pied au cul qu il esperait pour retrouver une motivation nouvelle dans son quotidien. J en suis navree, mais je continue a croire que les choses font leur effet malgre tout. Peut-etre pas aussi vite qu on le voudrait parfois, mais quand meme...

Ah ouyi et entre temps, tout de meme, notre ami Kenny nous a rapporte le sac de Titi ! Tout est bien qui finit bien et nous culpabilisons un chouia d avoir doute de sa parole... mais bon.

Et nous voila reveilles tot le lendemain pour boucler nos affaires. Moi je change d hotel, je vais dormir ce soir a l auberge de jeunesse ou je vais retrouver mon velo. Je pars d ailleurs en avance, laissant Titi finir de preparer son sac, pour aller a l auberge sortir de mes sacoches les affaires que Titi m avait laissees. Mon velo est toujours la mais tout couvert de poussiere. Ils ont du faire des travaux dans la cour et j ai plein de gravas sur la selle et les sacoches. Mais il est la, c est l essentiel ! Je sors les affaires de Titi et le retrouve a l entree quand il me rejoint. Nous laissons les sacs a l auberge, prenons juste ce qu il nous faut pour la journee et partons prendre le bus pour Akumal. Nous aurons deux bus a prendre, en fait, et le trajet durera une heure trois quart au total. On est dans les temps, on va pouvoir profiter avant de rentrer.

Il fait chaud et les bus ne sont bien sur pas climatises. Les tshirts collent  la peau. Nous n 'attendons pas longtemps notre correspondance a Playa del Carmen. C'est drole de repasser par ici et de revoir les rues familieres dans lesquelles je me suis promenee un mois plus tot. Le minibus qui file sur la federale jusqu'à Akumal fonce en zigzaguant entre les voitures. L'arret pour Akumal est au pied du pont que j'avais traversé en vélo pour aller voir dans le village si je pouvais trouver un hotel pas cher. Nous descendons et remontons a pieds la route qui conduit à la plage. Les stands ds vendeurs de materiel de snorkelling se succèdent sur le trottoir. Titi a déjà son masque et son tuba, pas moi. Je fais trois boutiques avant de me decider à acheter mon matériel le moins cher possible. Nous voilà équipés, en route pour la plage !

Lorsque je suis venue à Akumal la première fois, pour finalement ne pas rester en raison du prix des hébergements, je m'étais arrêtée à même pas cent mètres de la plage !

Si j'avais su, j'aurais poussé mon exploration un peu plus loin. Peut-être aurais-je déjà aperçu alors la tête d'une tortue remontant à la surface pour respirer.

Nous sommes ravis de retrouver la couleur exquise de l'eau et la beauté des plages au sable blanc fin et doux sous la plante des pieds. Nous ne sommes pas tout seuls  : des groupes entiers sont dans l'eau, observant les tortues probablement en train de grignoter les algues sous l'eau. Nous nous éloignons des groupes et posons nos sacs au pied d'un arbre. Un peu inquiets tout de même sur le danger de laisser nos sacs sans surveillance. Un gardien de la plage privée de l'hôtel le plus proche nou rappelle que nous devons veiller à ne pas nous aventurer sur les transats de cet hôtel. Nous le rassurons à ce sujet et lui demandons si nous pouvons laisser les sacs là où nous les avons posés. "Pas de souci, étant donné que je sais qu'ils sont à vous" - nous répond-il. "Si je ne vous avais pas vu les poser là la police aurait pu venir les récupérer". Bon et bien parfait alors, vite à l'eau pour rencontrer les tortues !

La photo n est pas de moi puisque mon appareil ne va pas sous l eau, mais ca donne une idee de ce que nous avons pu vivre a Akumal... 

Nous enfilons les masques et entrons dans l'eau, avides de tomber nez à nez avec les stars d'Akumal. Il nous faudra patienter un peu pour cela. Nous nageons à droite, à gauche, dans une eau pas aussi claire que sur les cartes postales, luttant contre un courant qui nous déporte et nous éloigne l'un de l'autre, les yeux grands ouverts à la recherche de l 'ombre qui trahira la présence d'une tortue à l'approche. Au bout de dix minutes sans rien voir, j'aperçois enfin une forme ronde et sombre un peu plus bas. Je fais deux ou trois brasses pour suivre l'ombre qui bouge tranquillement deux mètres au-dessous de moi. Cela suffit pour améliorer ma visibilité dans cette eau trouble. C'est bien elle, la voilà ma première tortue ! Je n 'en reviens pas ! Je remonte la tête hors de l'eau et cherche Titi des yeux pour le prévenir que j'en ai trouvé une. Mais il nage un peu plus loin, la tête dans l'eau. Impossible de me faire entendre. Je remets mon masque et suis la tortue tranquillement occupée à manger. Comme elle semble paisible et gracieuse ! Sans s'inquiéter de ma présence, elle se meut dans l'eau avec beaucoup d'élégance malgré sa taille. Sa carapace doit s'étendre jusqu'à peu près un mètre de longueur. Sa tête semble petite pour un aussi gros corps. Les rayons du soleil dessinent de jolis reflets jaunes et verts brillants sur ses pattes. Je suis dans un vrai moment de grace. Ces découvertes sous-marines ont vraiment une saveur particulière. Isolée du monde extérieur par la mer, mes oreilles n'entendant qu'une rumeur étoufée des bruits de la plage et des vagues, mes yeux ne distinguant que la tortue et les algues sortant du sable juste au-dessous de mon corps, le temps semble suspendu. Il n'existe plus rien que cet instant magique : la chance de pouvoir approcher aussi pacifiquement et avec autant de douceur un autre être vivant. J'adore ces moments-là. Il y a quelque chose d'extrêmement apaisant dans ces instants éphémères, ce tête à tête avec les animaux.

Malgré mon tuba, je souris béatement, flottant les bras en croix au-dessus de la tortue qui finit par s'éclipser. J'en cherche une autre et réitère l'expérience. Une tortue passe à un mètre à peine. Je pourais la toucher, mais je retiens mon geste par crainte de l'embêter et de la faire fuir. Je préfère continuer à la regarder chercher sa nourriture et jouir du plaisir de la sentir tranquille, tout à fait habituée a voir tous ces humains gigotant au-dessus d'elle pour l'observer !

Je finis par sortir de l'eau, rassasiée d'images plus magiques les unes que les autres. Je ne vois plus Titi, mais lorsqu'il sort de l'eau à son tour presque une demi-heure plus tard il a un grand sourire dans les yeux. Lui aussi a fait connaissance avec les tortues, et lui aussi a vécu son moment de grâce. Je suis heureuse de lui voir ce regard heureux. Il retournera quelques minutes plus tard dans l'eau, voulant profiter de cette sensation jusqu'au dernier moment. Il parviendra à en toucher une, qu'il a suivi un bon moment en flottant au-dessus d'elle.

Quand il me rejoint sur la plage après ce deuxième tour, il est temps de rassembler nos affaires et nous rhabiller pour prendre la route du retour. Nous regardons une dernière fois cette plage et cette mer incroyable, avant de marcher vers l'arrêt de bus. Titi a faim. A Playa del Carmen, nous avons un peu de marge avant de prendre le bus. Titi repère un petit resto à côté de la station de bus. Je m'inquiète un peu du retard que nous pourrions prendre en nous posant dans un resto pour déjeuner, mais me laisse convaincre par la décontraction de Titi. En tout cas je trouve que cette dernière journée était vraiment une bonne idée. Etienne me demande quels sont mes projets pour les deux jours qu'il me reste avant mon départ, et s'étonne que je ne programme pas de vire sur l'ile d'Holbox, que nous voulions voir tous les deux. Mais non, je ressens le besoin de me poser pour prendre des décisions, organiser mon départ et commencer à me projeter dans la dernière partie de ce périple. Car à ce jour je n'ai absolument aucune idée de ce que sera mon parcours une fois arrivée à Riga. Et l'obtention de mon visa pour la Russie me préoccupe. Je voudrais avoir les idées claires sur le plan A (si j'obtiens mon visa sans problème particulier), et sur le plan B (si je n'obtenais pas mon visa ou que le fait d'être en vélo représente un problème). Bref, j'ai la sensation de ne pas m'être suffisamment préparée à cette arrivée en Europe de l'Est et préfère me consacrer à ça plutôt qu'à courir à Holbox.

Le déjeuner nous prend pas mal de temps et quand nous remontons dans le bus nous commençons à stresser un peu... C'est que Titi a un avion à prendre et que nous devons passer à l'hôtel récupérer ses affaires avant de filer à l'aéroport. Bon bon bon. Les fesses de plus en plus serrées, nous regardons la route intensément comme si ce simple fait pouvait ous faire avancer plus vite. 

Finalement nous arrivons dans les temps pour attraper le bus de 18h. Nous retournons donc à l'hôtel chercher le sac à dos de Titi. il se change, et nous prenons pour la dernière fois le chemin de la station ADO. Oulala que ça me fait bizarre de savoir que dans quelques heures Titi sera dans l'avion et moi à nouveau seule. Etant donné que nous avons un petit quart d'heure devant nous, Titi propose de boire un dernier verre. J'aurais tendance à prendre quelque chose à emporter pour être en avance au guichet de la station de bus car je ne me fie pas aux horaires mexicains. Mais je ne veux pas priver Titi de ce dernier plaisir.Nous allons donc nous asseoir en face de la gare pour boire un jus de fruit.

Lorsque nous nous présentons au guichet, quelques minutes plus tard, le vendeur nous donne les tickets en nous indiquant la porte d'accès au quai. Je repère ce que je crois être la porte en question, vois des gens devant en train d'attendre, et guette tranquillement le moment de pouvoir accéder au quai comme tout le monde. Titi sort fumer. J'aperçois alors, derrière la vitre, un bus garé affichant "Aeropuerto". Mais le voilà qui fait marche arrière pour partir. J'alerte Titi. Le temps qu'il revienne et que je trouve à qui demander quel est ce bus qui vient de partir, nous nous apercevons que nous venons de louper le bus !

En questionnant à gauche et à droite, je finirai par comprendre que j'ai mal compris les indications qu'on m'avait données et que nous n'avons pas attendu devant la bonne porte. Nous avions largement le temps de monter dans le bus... Bon allez c 'est pas encore trop grave, avec le bus de 18h30 ça peut encore le faire. Par contre nous devons payer un supplément de billet pour monter dans le bus suivant, car ceux que nous avion spour le précédent ne sownt pas remboursables...

Nous nous mettons cette fois devant la bonne porte et restons sur le qui-vive. L'anxiété va monter peu à peu crescendo, car 18h20 arrive et le bus n'est pas annoncé. Pas plus qu'à 18h25, ni 18h30. Aïe... Là ça commence à devenir moins drôle. Les minutes défilent, d'autres bus sont annoncés tandis que le nôtre est retardé. Super nouvelle... Titi commence à se ronger les ongles et moi je m'en veux de nous avoir fait rater le premier bus.

On a beau essayer de rester positifs, plus les minutes s'écoulent plus la probabilité de rater l'avion grandit... Lorsqu'enfin on nous autorise à entrer sur le quai on s'y précipite et Titi balance en deux secondes son sac à dos dans la soute. A peine sommes-nous montés, le chauffeur ferme les portes du bus et démarre. Allons bon, nous avons un bus pour nous tout seuls ! C'est quoi ce bins ? Bon enfin après tout tant mieux comme ça nous n'avons pas perdu de temps. Nous sommes assez silencieux pendant le voyage, espérant que le comptoir d'enregistrement ne sera pas fermé lorsque nous arriverons. Comme nous sommes les seuls passagers, le chauffeur nous dépose directement au terminal qui nous convient. Nous sautons du bus et courons vers l'entrée de l'aéroport. Mais où est donc le comptoir que nous cherchons ? Ah zut nous avons été vers le hall des arrivées au lieu du hall des départs ! Demi tour ! Comme pour le départ de Julie de Marrakech - tout aussi précipité - je ne peux faire que de petits pas en tongs sur les dalles glissantes de l'aéroport ! Ouf ! Ca y est nous sommes au bon comptoir ! Titi passe tout de suite, laisse son sac à dos et récupère sa carte d'embarquement. Nous montons vers les contrôles de sécurité et l'accès à l'embarquement. Une fois de plus, les adieux devront être brefs ! Décidemment...

J'ai le coeur serré de voir Titi partir tout seul dans les couloirs de l'aéroport et disparaître bientôt au-delà des boutiques détaxées. Et voilà, sur un claquement de doigt c'est terminé. Je me demande ce que ça lui fait de quitter le Mexque et de voir ce voyage s'arrêter. Quant à moije retrouve ce sentiment de solitude auquel je vais devoir me réhabituer. Oh pas pour longtemps puisque dans moins d'une semaine je retrouve mes parents (c'est dingue tout de même !), mais en attendant elle m'attrape à nouveau affectueusement par l'épaule, ma copine la solitude, me mettant à nouveau un peu plus en alerte et en éveil sur mon environnement alors que depuis trois semaines la présence d'Etienne créait un cocon et un autre intérêt autour de moi. J'ai l'impression de redécouvrir Cancun, je retrouve des sensations familières et tout prend un goût et une odeur différents à nouveau.

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Je retourne m'asseoir un moment à la sortie de l'aéroport, là où j'avais attendu l'arrivée d'Etienne trois semaines plus tôt. On ne sait jamais, si son avion avait un souci, je préfère ne pas partir tout de suite. Et puis au bout d'une heure je monte dans le bus qui retourne vers le centre de Cancun. Il fait nuit. C'est fou comme la perception change quand on est accompagné. D'abord derrière la vitre du bus, puis dans les rues de Cancun jusqu'à l'auberge de jeunesse, j'absorbe tout, je me retourne sur les bruits, mon regard s'attache d'une autre manière aux gestes des gens, aux devantures des magasins. Les mains dans les poches, je me sens à l'aise dans une Cancun qui n'a plus l'attrait de la nouveauté mais dont j'ai envie de profiter encore un peu, puisque dans deux jours je la quitterai à mon tour... J'ai conscience que ce départ de Cancun marque la fin d'une grosse étape de ce voyage, et le début d'une autre qui n'aura encore rien à voir. J'ai hâte d'avancer vers la suite, mais je réalise tout ce qu'il s'est passé depuis que j'ai mis le pied sur le continent américain, tout ce que j'ai vécu ici... Alors oui, vivement la suite, mais tout de même j'ai encore deux jours pour dire au revoir à cette expérience de vie.

De retour à l'auberge de jeunesse, je remonte toutes mes sacoches restées sur le vélo, et je les trie. Ca me fait tout drôle de retrouver mes affaires, ce qui constitue ma maison depuis un an. Je me rends compte que je pourrais me passer de certaines choses qui au final ne m'ont pas beaucoup servi. "La prochaine fois je ne le prendrai pas" - me dis-je par exemple en rangeant un pneu neuf de rechange plié au fond d'une sacoche. La prochaine fois... Y aura-t-il une prochaine fois ? Eh qui sait, pourquoi pas ?! Bon je ne suis pas encore rentrée, ce voyage n'est pas encore fini donc je ne peux pas encore tirer de conclusions, mais il me parait certain que je ferai d'autres voyages. Pas nécessairement dans les mêmes conditions, mais évidemment oui il y aura d'autres voyages. 

 

En tout cas ça me fait du bien ce soir-là de me réapproprier mes affaires et mon aventure personnelle en rangeant mes sacoches et me remettant doucement, dans ma tête, en mouvement vers la prochaine étape.

Le lendemain matin, je me réveille avec un programme chargé. Je commence par m'occuper des démarches nécessaires pour l'obtention de mon visa pour la Russie. Je n'ai pas encore validé ma commande auprès de l'agence à laquelle j'ai recours. C'est que j'ai beau tenté de trouver des infos et témoignages d'autres voyageurs, j'ai du mal à me faire une idée précise sur la possibilité et la facilité de circuler en vélo et de manière itinérante en Russie. Evidemment je suis pleine d'a priori sur la Russie. Et la nécessité de devoir fournir un itinéraire précis avec lieux d'hébergements connus à l'avance m'angoisse un peu. Je ne sais pas encore que tout cela, finalement, n'est que de la paperasserie à produire pour l'obtention du visa, mais qu'une fois sur place on peut circuler dans la plus grande indifférence des autorités. Je suis donc nerveuse, et profite de l'ordinateur de l'auberge de jeunesse pour dessiner sur Google maps mon futur itinéraire et repérer des hôtels sur le parcours. Cela me prend un certain temps. J'envoie les informations par mail à l'agence, ne renseignant que les hébergements des principaux points de passage : Idritsa (première ville russe par laqiuelle je vais passer après avoir franchi la frontière), Moscou, Saint Pétersbourg et Vyborg.

On verra bien ce que me dira ma correspondante, si ces informations ne suffisent pas je tenterai d'être plus précise.

Je me renseigne également sur l'assurance. Car je dois produire une attestation. Je prends donc les contacts et me renseigne sur les tarifs. Je repère l'adresse du bureau de traitement des demandes de visas russes à Riga. J'écris à Céline pour préparer mon arrivée chez elle à Moscou. Bref, je passe du temps sur l'organisation de la partie Europe du Nord-Est et en règlement d'affaires administratives me concernant. Puis j'attrape mon petit sac à dos et pars à la recherche de cartons vides pour emballer mon vélo à l 'aéroport.

Je cherche de grands magasins. Mais surprise dans l'équivalent de carrefour à Cancun : ils recyclent leurs cartons et n'en ont aucun à me donner. Je suis agréablement étonnée qu'ils recyclent, mais du coup je repars bredouille. Un peu plus loin on m'indique un grand magasin d'ameublement et outillage. J'entre et savoure la clim du magasin. J'explique à l'employé de la sécurité à l'entrée le motif de ma visite. Il m'envoie vers le service après-vente, où plusieurs personnes font la queue. J'attends patiemment mon tour puis explique à nouveau ce que je cherche. Un des employés disparait dans la réserve et je l'entends triturer des cartons. A quatre mètres derrière moi, un autre employé est installé à un comptoir avec ordinateur, probablement pour éditer factures et garanties. Il vient de se libérer de son dernier client et a entendu mes échanges avec le service après-vente. Il s'approche de moi et s'enquiert de mon voyage. Nous discutons un peu, et parlons de mon vol pour la Lettonie. Il prend alors très à coeur de m'aider. Et il doit avoir un lien hiérarchique avec les autres car le voilà qui donne ses ordres : sur l'étagère du fond il y a de grand cartons, regarde bien - dit-il au premier garçon. On doit avoir des rouleaux de scotch dans tel tiroir - demande-t-il à un autre. Mais on ne trouve pas le scotch. Mais si ! - s'énerve mon nouveau copain. Et voilà le personnel sommé de vérifier dans tous les tiroirs. Lui-même part explorer l'arrière-boutique. Dix minutes plus tard, il revient tout de même bredouille et désolé. Moi je le remercie de sa bonne volonté et l'assure que ce n'est pas grave et que je lui sais gré de ses efforts pour m'aider ! Je repars avec un gros tas de cartons sous le bras. J'en ai largement assez pour pouvoir emballer mon vélo. Génial ! Je retourne déposé cet encombrant paquet à l'auberge. Puis repars à la recherche de scotch. Nous sommes dimanche, beaucoup de magasins sont fermés. Je commence à douter pouvoir trouver ce qu'il me faut aujourd'hui. Et la pluie qui menaçait depuis ce matin commence à tomber.

Elle est chaude, mais rafraichissante tout de même. Comme en période de mousson au Vietnâm, cette pluie-là n'est vraiment pas désagréable. Par contre elle tombe tout aussi drue soudainement, et me voilà bientôt trempée. Je m'abrite le temps que l'averse se calme. Je me suis arrêtée devant la vitrine d'un bijoutier ouvert. Le vendeur sort discuter et me vante la qualité de ses articles. Ah je vois bien que tout cela est magnifique - dis-je presque sincèrement - mais malheureusement je dois faire attention à mes finances si je veux que mon voyage dure encore un peu. Ce n'est pas l'envie qui me manque pour aller admirer tous ces bracelets et bagues en argent, mais ici les bijoux en argent se vendent assez cher alors je préfère fermer les yeux et m'en détourner pour ne pas être tentée. Le brave homme n'insiste pas et me renseigne sur l'endroit où j'ai une chance de pouvoir trouver du scotch un dimanche. La pluie s'étant un peu calmée entre temps, je le remercie et me dirige sur ses conseils vers le Marché 21, un enchevêtrement de petites boutiques hétéroclites à couvert. Il ne pleut plus mais l'eau tombée ne s'évacue pas ! Je patauge donc en tongs dans la rue, tantôt avec de l'eau jusqu'aux chevilles, tantôt en essayant de ne pas glisser sur les trottoirs mouillés.

Et je trouverai effectivement du scotch au Marché 21. Je rentre péniblement à l'auberge avec le scotch. "Ca y est vous avez tout ce qu'il vous faut ?" me demande la fille de l'accueil, qui suit de près mes préparatifs. "Oui c'est bon, je suis parée !" Je plie et applatis les cartons avant de les attacher avec de la ficelle. Je devrais ainsi réussir à les transporter sans trop de difficulté sur mon porte bagages lorsque je me rendrai à l'aéroport. Dire que je quitte le Mexique dans 48h... non, je ne m'en rends décidemment pas vraiment compte...

La pluie tombe à nouveau. Je tente d'écrire un peu sur le blog avec l'ordinateur de l'auberge de jeunesse, mais il est vraiment beaucoup trop lent. Je sors donc pour retrouver le cyber près de la station de bus. C'est que j'ai beaucoup de retard à rattraper, voilà près de trois semaines que je n'ai quasiment rien écrit ou si peu... Je ne le sais pas encore, mais je ne rattraperai jamais ce retard. Plus le temps ni l'occasion de trouver des cybers assez souvent sur ma route. Quoi qu'il en soit, ce jour-là j'en profite. Je ferai une coupure pour aller me promener quand la pluie cessera, mais je m'y remettrai en soirée. Au-delà de l'envie de rattraper mon retard, me remettre sur le blog participe aussi au retour dans mon aventure personnelle. Je reviens en arrière, je revois et je revis les situations, les rencontres, les sensations, et je savoure une deuxième fois le voyage...

La pluie laisse la ville dans un drôle d'état. Je découvre en me promenant qu'il est impossible de traverser certaines rues les pieds au sec. L'eau monte à mi-mollet à certains endroits. La circulation des voitures est ralentie, les roues entrainent des gerbes d'eau dans leur sillage. Je marche lentement, gênée par mon tongs lorsque je marche dans l'eau, glissant sans arrêts lorsque je suis sur le sec. Comme c'est étrange, cette inondation avec si peu de pluie tombée en si peu de temps ! Pourquoi l'eau ne s'évacue-t-elle pas ?

A l'auberge de jeunesse, un jeune mexicain me propose de partager son repas du soir - des fajitas de poulet au curry. Il en a fait trop pour lui. J'ai prévu de me faire chauffer une petite soupe, mais j'accepte quand même car ça sent drôlement bon. Et c'est effectivement très bon. Les gens qui adorent cuisiner me fascinent. Ca me donne presque envie d'en faire autant... Bon, jusqu'ici, mes rêves de cuisine savoureuse ne durent pas plus qu'une semaine à chaque retour de voyage. On verra bien ce qu'il en est à la fin de celui-ci...

Alors que je bouquine dans le hamac, un allemand vient converser avec moi. L'atmosphère de cette soirée pluvieuse mais chaude est très détendue. Pour un peu on se croirait à la maison. Titi est arrivé à Paris. Tout s'enchaine si vite... Moi jedécolle après-demain et je retrouve mes parents trois jours après... Quelque chose me dit que dorénavant tout va s'accélérer. Je le sais, et je me doute aussi que plus le retour va approcher plus cette sensation de course en avant va s'accentuer. J'ai donc bien l'intention de ne pas oublier de profiter de chaque instant...

Un geai du Yucatan vient me dire au revoir a l arrivee a l aeroport...

Le lendemain, le temps est tout aussi pourri - enfin humide. Ca tombe bien, je vais continuer à m'occuper de mes affaires administratives et de mon itinéraire européen. Céline me demande ce que je veux faire et voir à Moscou. Je n'en ai pas la moindre idée, je prépare très peu mes visites ! Côté visa, je m'aperçois que je ne pourrai déposer mon dossier au consulat qu'à mon retour de la ballade d'une semaine prévue avec mes parents dans les pays balte. Je dois donc écrire à l'agence pour leur demander de modifier les dates sur ma demande de visa.

Je tente également d'aller enregistrer mon vol sur le site de Condor. A l 'achat du billet il a bien été stipulé que cette opération préalable était plus que recommandée, l'enregistrement sur place le jour du départ étant faisable mais surtaxée. Je saisis la référence de mon billet, mais après plusieurs tentatives, le système ne me trouve pas. J'envoie un mail pour signaler mon problème, et reçois une réponse automatique m'informant que ma demande est en cours de traitement et qu'une réponse me sera apportée sous trois jours... trop tard pour m'être utile, donc. Un peu inquiète, je laisse cependant tomber, estimant que de bonne foi j'ai essayé de faire ce que je pouvais et qu'à l'aéroport ils seront bien obligés d'admettre que mon numéro de billet n'est pas accepté.

Je me replonge également dans mes soucis bancaires pour voir où en est la Banque Postale depuis nos derniers échanges. C'est simple : mon conseiller financier fait le mort et ne répond plus à mes mails, et sur mon compte en ligne on continue à me dire que ma carte est valide. Je sens que j'ai lâché l'affaire. Je décide pourtant de tenter une troisième fois un retrait avec mon code, une fois arrivée en Lettonie. Je préviens la LBP de mon intention, leur laissant donc un peu de temps devant eux pour me prévenir en cas de problème, précisant "attention, si mon code ne fonctionn pas ma carte va être bloquée donc vérifiez bien et prévenez-moi s'il y a le moindre risque que ça ne marche pas". J'en ai marre, je suis de toute façon face à un mur et je sens que je n'aurai jamais gain de cause avec ce système puant. J'ai lâché l'affaire parce que je n'ai plus envie de m'empoisonner la vie avec ça pour l'instant. Mais je sais qu'il faudra que je règle mes comptes avec eux à mon retour...

Bref, entre blog et démarches administratives, je suis bien occupée en cette veille de départ. Je suis bien sûr stressée par le vol. J'espère que tout se passera bien pour l'expédition du vélo et des sacoches, et j'essaie de ne pas penser que cette fois je n'y échapperai pas, je vais bien survoler l'Atlantique pendant de nombreuses heures. J'ai peur, mais je n'ai pas le choix...

Je me promène une dernière fois dans les rues de Cancun, fascinée par ces images d'inondations tellement incongrues alors qu'il n'a tout de même pas plu si longtemps (même si les averses ont été intenses). Personne ne s'affole, et si tout est ralenti la vie suit son cours malgré tout, mais je trouve assez incroyable qu'une aussi grande ville soit les pieds sous l'eau à la moindre grosse averse. Combien de temps faudra-t-il pour que le bitume soit à nouveau sec ? Je repense à ce que nous a expliqué Frankie. Entre la mangrove qui disparait peu à peu le long des côtes, le corail qui s'en trouve menacé, et le bétonnage systématique de la région, à quelles catastrophes faut-il s'attendre dans quelques années dans ce coin du monde ?...

Ma dernière journée à Cancun s'achève dans la sérénité. Je fixe mon itinéraire de Riga à Moscou, celui que j'avais imaginé depuis le début : il trace une ligne droite, quasiment, entre la capitale lettone et la capitale russe, et traverse un désert de forêt. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je ferai si on me refuse le passage en vélo, mais il est temps que j'arrête de m'inquiéter par anticipation pour rien. On verra bien ! Je n'ai pas trouvé de témoignages récents de cyclo voyageurs, mais tout de même j'ai pu lire le blog de certaines personnes qui sont parties en vélo en Russie et ne mentionnent pas de problèmes particuliers alors il n'y a pas de raison que ça se passe mal pour moi.

Le 4 avril, je me réveille tôt et pleine d'énergie pour affronter cette journée qui s'annonce longue et fatiguante. Cette fois, pas de larmes de crocodiles en prévision. Je ne suis pas du tout dans le même état d'esprit que lorsque j'ai pris l'avion pour quitter le Maroc. Ce vol est le vol du retour en Europe. Le début du retour à la maison. Et il me conduira vers la Russie, avec qui j'ai rendez-vous depuis plus de vingt ans. J'abandonne le continent américain avec la conscience de tout ce que j'y ai vécu en bien et en moins agréable. Plus de la moitié de mon voyage est maintenant derrière moi, pas comme lorsque j'ai quitté le Maroc. J'ai hâte d'entrer dans cette troisième et dernière partie du périple, qui me conduira peut-être au Cap Nord - je n'en suis pas encore certaine mais comme j'aimerais que ce soit le cas !

Je boucle mes sacoches et les sors du dortoire en essayant de ne pas réveiller tout le monde. Ca fait tout bizarre d'équiper le vélo ! Ca fait quoi, un mois que je vis sans lui ? Me voilà à nouveau en mode itinérance. J'arrive à installer les cartons sur le porte-bagage, par-dessus la tente. Ca ne prend pas trop de place, je ne devraiz pas être trop encombrante pour les voitures sur la route. J'ai emballé les cartons dans des sacs poubelle car s'il ne pleut pas pour l'instant, le ciel est très menaçant. Bien qu'il fasse chaud, j'ai revêtu mon pantalon imerméable noir. Il me tient chaud mais au moins s'il pleut je ne partirai pas en avion assise dans un pantacourt trempé.

Tout en sirotant mon café, je règle mon chargement. Je prends mon temps, comme d'habitude je suis prête très en avance et je pars beaucoup trop tôt mais la perspective d'avoir à emballer le vélo me stresse alors... c'est parti !

Le ciel est gris, je roule encore dans d'énormes flaques d'eau à certains endroits. Parfois je dois mettre pied à terre et je ne tarde pas à avoir les pieds complètement trempés. Je sens qu'ils ne sècheront pas d'ici à mon arrivée à Riga ! Je vais patauger dans mes chaussettes pendant 48h, c 'est sûr...

Comme je suis très en avance, je pédale lentement. Pour une fois, aucun risque que je me perde, même avec mon piètre sens de l'orientation. J'ai repéré cette route tant de fois... Je m'imprègne des images de cette ville bétonnée et dis au revoir mentalement à Cancun. Pas encore au Mexique. Il me faudra une heure pour arriver à l'aéroport. Je suis très vite en sueur sous ma veste imperméable. Je finis par m'arrêter et l'enlever, profitant encore un peu de la chaleur humide. La circulation est assez dense jusqu'à l'aéroport car le trajet suit la route qui descend vers les stations balnéaires longeant la côte, et plus au sud, le Belize.

Enfin, je bifurque sur la droite et suis les panneaux pour me rendre au terminal 2. Alors que j'entre dans l'enceinte de l'aéroport, mon regard se perd dans la végétation qui m'entoure. Hey Pat, tu t'apprètes à quitter le Mexique, savoure encore un peu la vue de ces arbres que tu ne reverras pas avant longtemps... Or, juste à cet instant, mes yeux détectent une tâche bleue dans le feuillage. Je freine. Mais oui, c'est bien un, puis deux, puis trois geais bleus qui sont là. Venus pour me dire au revoir... Je suis super contente d'en revoir ici, avant de partir. Je m'arrête, les prends en photo, et reste un moment encore à les regarder.... Puis je reprends ma route, guettant vainement un dernier petit coucou d'un tapir...

Voilà le terminal 2. C'est que je commence à bien connaître cet aéroport ! Tout m'est familier, ici. Je pousse le vélo dans le hall et avise un employé près d'un poste d'emballage en plastique des bagages. Je vérifie auprès de lui qu'il est possible de plastifier mon vélo une fois que je l'aurai protégé avec le carton. Comprenant que je prends un vol Condor, il fronce un sourcil : ah, attention, il me semble qu'ils ont basculé le vol sur le terminal 3. Allons bon. Encore et toujours ce terminal 3. Je vais vérifier à l'accueil, il a raison. Et c'est reparti pour le terminal 3. J'enfourche mon vélo et pédale encore cinq minutes. A nouveau je trouve un employé du service emballage, qui me confirme que je peux procéder comme je le prévoyais pour mon vélo. Allez c'est parti. Je sors et profite du peu de circulation le long des portes vitrées pour installer vélo et sacoches, sortir scotch, couteau (Titi m'a laissé son canif) et ficelle, et déballer mes boites en carton vides. Je prends de la place ! Il fait chaud, je transpire dans mon pantalon imperméable. Une femme de ménages'approche avec son balai et sa poubelle. Je vérifie auprès d'elle si je ne dérange pas son travaille en m'étalant comme je le fais. Sans doute cette attention lui fera-t-elle plaisir, car par la suite elle ne cesse de venir tourner autour de moi pour observer ce que je fais et discuter un peu. Toute petite (elle m'arrive à peine aux épaules), ses yeux sourient d'une manière espiègle bien que son attitude dégage une retenue, comme si elle avait envie de papoter longuement mais craignait de me déranger. "Mais vous emmenez le vélo avec vous ? Et vous êtes venue en vélo jusqu'ici ? Et vous faites tout ça toute seule ? Mais alors vous n'avez pas d'enfant ? Vous vivez où ?..." A mon tour je l'interroge. Elle travaille six jours par semaine à l'aéroport et n'a pas le temps de rentrer chez elle dans le Tabasco, le mercredi - son unique jour de repos. Ca fait deux ans qu'elle n'est pas rentrée chez elle. Je n'arrive pas trop à comprendre où elle loge dans les environs avec ses enfants. Elle repart et me laisse continuer un peu avant de revenir encore et encore, parfois accompagnée de collègues. Toutes m'encouragent avec de grands sourires. Un chauffeur de taxi s'approche à son tour. Bonne tête, brave homme moustachu et bien en chair. "Je vous ai vue arriver tout à l'heure en vélo" me dit-il en bombant fièrement le torse, comme si cette révélation créait un lien entre nous. Et il le répète, montrant son oeil : "c'est vrai, je vous ai vue, vous êtes passée par là" dit-il encore en pointant du doigt la route par laquelle je suis effectivement arrivée. Penchée sur mes cartons, me battant avec le scotch qui n'a pas grand chose d'adhésif, je lui souris. . Ils me font rire, tous. Et passer un bon moment, finalement, pendant cette préparation de l'emballage de mon vélo et des sacoches.

Patiemment, j'étale les cartons de part et d'autre du vélo et je scotche comme je peux, généreusement car ça ne colle pas vraiment. J'oublie presque de dégonfler les pneus et dois me contorsionner pour atteindre les valves déjà recouvertes de carton.

Alors que j'en suis aux trois quarts de l'emballage et que je me redresse, en sueur et les mains sales, pour soulager mon dos, deux américaines qui fumaient à proximité en discutant jettent leurs mégots et s'approchent de moi en s'apprêtant à entrer dans l'aéroport. L'une d'elle, blonde en tailleur rose bonbon, pose sa main, en passant, sur mon épaule et me lance avec un sourire magnifique : "good luck, honey !" Merci madame... Un peu plus tard, un employé de la sécurité, qui fait régulièrement les cent pas d'un bout à l'autre du terminal, passe une nouvelle fois devant moi et jette un oeil à mon emballage quasiment terminé : well done ! me dit-il en souriant. Ah ouf, je m'en suis visiblement bien sortie, je devrais passer sans souci à l'enregistrement. D'ailleurs mon vélo est si bien protégé que je décide de ne pas le plastifier. Après tout ça ira comme ça. Et ce sera toujours autant de pesos économisés.

Il me reste à attacher ensemble mes quatre sacoches pour faire un deuxième gros bagages, que je vais faire plastifier par contre, et le tour est joué ! Je hisse le tout sur un chariot, manoeuvrant doucement pour passer les portes automatiques, et me présente au stand de plastifiage... pour m'apercevoir que j'ai oublié de sortir des sacoches ce dont je vais avoir besoin pendant le vol. En plus je constate que j'ai 5 kilos en trop pour le bagae que représentent mes quatre sacoches emballées ensemble. Bon. Je défais les noeuds et pars à la recherche de ce qui pourrait réduire le poids. Au passage, je prends mes tongs. Il sera beaucoup plus confortable de voyager en tongs qu'en laissant mes pieds moisir dans mes chaussettes mouillées. Allez c'est bon, je boucle une deuxième fois les sacoches et l'employé plastifie le tout en cinq minutes.

Voilà je suis prête, bien deux heures en avance sur le début de l'enregistrement. Il m'a bien fallu deux heures pour empaqueter toutes mes affaires. Je vais chercher un sandwitch puis sors bouquiner pour passer le temps. Plongée dans ma lecture, je rate 'heure d'ouverture de l'enregistrement. Mais ce n'est pas grave car lorsque je me présente avec mon chargement on me fait passer sur le côté pour traiter tout de suite mon dossier. Et là, la mauvaise nouvelle tombe... L'employé de service me demande si je me suis enregistrée au préalable sur internet 24h à l'avance, comme il nous est conseillé de le faire à l'achat du billet. Je lui explique que j'ai tenté de le faire mais que le système n'a jamais voulu reconnaître ma référence. Etonné, le gars essaie à son tour, puis va chercher sa supérieure. La dame prend les choses en main, tape deux minutes sur son ordinateur puis m'annonce que j'ai fait une erreur sur le formulaire à la commande de mon billet : j'ai interverti nom et prénom, raison pour laquelle le système ne m'a pas retrouvée. Et voilà qu'il me faut payer 185 dollars pour le transport du vélo. Dégoutée, je paie... J'ai bien essayé de plaider ma cause, mais sous prétexte que je vais voyager sur deux compagnies différentes on me répond qu'il n'est pas possible de modifier le prix demandé.

Tout étant en règle à présent, je quitte le comptoir et sors, comme à l'aéroport de Casablanca huit mois plus tôt, pour me sentir encore un peu au Mexique avant de passer dans l'univers des zones de transit. Le ciel restera gris tout l'après-midi. Je sens que cette fois encore Cancun va disparaitre de ma vue en dix secondes après le décollage ! D'ailleurs j'aperçois l'envol d'un avion. Et en effet, comme par magie, en moins de dix secondes celui-ci disparait subitement, soudain aspiré par les nuages.

Je monte à l'étage de l'aéroport et passe les contrôles de sécurité. Mon sac est sorti du tapis roulant par un douanier, on me demande de l'ouvrir. Vous avez des outils ? Je réfléchis et réponds non, persuadée que les trois outils qu'il me reste depuis le vol sont dans les sacoches. Ah mais non, pour alléger mes sacoches, j'ai basculé dans mon sac à dos Cancun la petite pochette bleue dans laquelle j'ai du bric-à-brac comme du fil et une aiguille, un cadenas, des élastique, de la colle forte. Mais il y a aussi - et c'est ce que cherche le douanier - une petite clé de 8 qui doit mesurer 8 centimètres de longueur. Or elle est un centimètre trop longue, apparemment. Je dois la leur laisser; Flûte ! Décidemment...

Je vais faire un tour dans les boutiques, histoire de passer le temps. J'ai faim mais le moindre sandwich est à 120 pesos. Je décide d'attendre le repas servi dans l'avion, en espérant qu'il arrive vite après le décollage !

L'embarquement commence avec une heure de retard. Depuis la vitre, je tente de repérer l'arrivée des bagages pour voir si mon vélo n'a pas été oublié... Mais je ne verrai rien. Il s'est remis à pleuvoir à grandes eaux. L'avion est petit, c'est pas très rassurant. Je dois cependant commencer à m'y faire car mon stress ne prend pas trop d'ampleur.

Je suis assise à côté d'une dame âgée, française, juive (d'après ses lectures), et qui demande un service d'assistance. Je découvre avec bonheur que ma place est à côté du hublot, youpi ! La dame est contente d'avoir une voisine française, comme ça - me dit-elle - si j'ai besoin de quelque chose au moins quelqu'un me comprendra. Ah oui, super...

On n'a pas beaucoup de place dans l'avion; Ca peut vraiment traverser l'Atlantique, un machin pareil ?... Pffff, ayons confiance... Tout de même, j'envoie un texto à ma famille pour leur dire que je les aime... On ne sait jamais... Au décollage, la poussée est moins forte que je ne m'y attendais, et comme prévu le sol s'efface très vite de mon champ de vision pour laisser la place à un voile blanc opaque tout auour de nous.

Bon. Je m'intéresse à la console devant moi et découvre avec dépit que, faute de payer un service premium, j'ai le choix entre deux navets ou toute une série de documentaires sur la grande aventure du Condor - la compagnie aérienne, pas l'oiseau. Super... Je tente un des navets mais m'ennuie vite et passe sur la radio en espérant m'endormir vite - tout plutôt que de me rendre compte que je vole au-dessus d'un océan. Et il y en a pour 7h, ça va être long... Je ferme les yeux, et les rouvre de temps en temps pour vérifier ce qu'il se passe en-dessous. Je ne verrai pas les Bahamas, je suis du mauvais côté de l'avion pour ça. Par contre j'aperçois les lumières de Miami dans la nuit. C'est beau... Je ferme les yeux et me laisse bercer par la voix d'Adèle. Je rentre à la maison... Enfin presque. Pas tout à fait encore, mais je rentre en Europe, et c'est si bon...

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