

ETAT-UNIS
2 aout - 18 aout 2015
Incroyable ! Un ordinateur dans l"auberge de jeunesse de Montreal ! Je n'ai plus trouve d'ordi depuis mon depart de Priscilla. Uniquement des connexions wifi qui me permettaient de rassurer ma famille et de charger les plans gps, mais pas le temps ou l'occasion de poursuivre le blog en ligne.
Mon journal de bord a pourtant bien avance. Nous avons adopte un plan de bataille avec maman. Je lui envoie quand je peux de longs mails dans lesquels je lui raconte (et a papa par la meme occasion) mes journees depuis mon depart de New York (le 9 aout). Mamamn retranscrit sur un doc word qu'elle m'enverra par mail lorsque j'aurai l'opportunite de mettre le blog en ligne a jour. En attendant, j'ai repris le carnet et le stylo et selon mes humeurs j'ecris mon arrivee et mon sejour a New York d'une part, et je raconte ma vie a Priscilla d'autre part.
Je n'ai donc pas chome. En dehors d'avoir beaucoup marche et beaucoup pedale !
Ca fait quoi, trois semaines que j'ai quitte le Maroc ? J'ai passe une semaine a New York, ebahie, fascinee, mais perdue quelque part dans l'univers intersideral entre mes souvenirs du Maroc et ma decouverte de cette ville extraordinaire qu'est New York. Oh qu'elle etait tourmentee, ma tete ! Heureuse et triste. Nostalgique et excitee. En manque et en recharge de nouveautes. Les yeux propulses dans le 21eme siecle et la splendeur du nouveau monde, les oreilles collees aux chansons qui continuaient a faire danser les sourires de mes amis marocains dans ma tete.
Je devais rester 5 jours. J'ai decide de prolonger de deux car je voulais encore et encore arpenter les rues de cette megalopole gigantesque dont presque chaque quartier, chaque rue, chaque monument evoque un souvenir collectif (un film, un evenement, une chanson, une actualite...)
Et puis j'ai senti qu'il fallait que je bouge. Pour ne pas prolonger trop longtemps la melancolie. Pour faire de la place a de nouveaux souvenirs et ne pas rester au Maroc dans ma tete...
Pas evident, quand on a un peu l'impression d'avoir "lache les copains" - je sais que ce n'est pas vrai, et je sais que personne ne le pense.
Bref. Il fallait que je bouge. Et j'ai bouge. Direction Montreal. 8 jours de velo, 10 jours de voyage (je me suis offert deux pauses en route).
Je suis donc a Montreal. Il va donc falloir raconter l'avant New York, le pendant New York, et la route jusqu'a Montreal....
Pour les photos on verra apres, place a l'ecriture pour l'instant...

Je me reveille difficilement a 6h du matin. Beaucoup trop tot bien sur, mais je ne sais pas faire autrement. J'attrape les vetements prepares il y a a peine 1h30 et je monte dans la penombre de l'aube prendre ma douche. Je n'entends personne bouger. Pas meme Djora tousser...
Une fois habillee, je ne me sens pas reveillee pour autant ! J'ai le coeur lour. Ces preparatifs au petit matin, alors que tout le monde dort profondement, me paraissent etranges. Les savoir tous ici en train de dormir pendant que je boucle mes sacoches, c'est bizarre. Je me sens presque en fuite !
Je suis prete tres vite. Je sors toutes les sacoches de la chambre sans reveiller Driss, puis le velo. Je fixe tous les bagages sur le velo. Voila, tout y est. La lumiere du jour envahit doucement le patio.
Je voudrais me faire un cafe mais je ne veux pas reveiller les filles en allant dans la cuisine. Je me contente d'un morceau de pain. Je suis anxieuse. Je dois reussir a attraper mon bus, puis pedaler jusqu'a l'aeroport. Et enfin trouver le moyen d'emballer le velo. La journee s'annonce longue...
Je regarde la maison. Je guette les bruits de reveil.
A 6h55 je suis prete a partir. Hana et Siham m'ont dit avoir mis une alarme. Je n'entends rien. J'attends jusqu'a 7h10, puis je me decide a partir.


Je pousse le velo dans l'entree, ouvre la lourde porte, sors le velo. Alors que je m'apprete a fermer, j'entends des pas precipites dans le couloir. Je repasse la tete par la porte et decouvre Hana les yeux tout ensommeilles, enveloppee dans son drap. On se sert fort dans nos bras. Elle sent le sommeil... Hana me remercie encore pour tout ce que j'ai fait, alors que c'est moi qui devrais la remercier pour m'avoir ouvert la porte d'une experience aussi riche... Difficile de fermer la porte. "Fais attention a toi" sont les derniers mots que j'entends en tournant le dos, et "Siham t'embrasse aussi, elle ne s'est pas reveillee..."
J'attrape le guidon et je pousse le velo dans la petite rue tortueuse que je connais par coeur. J'empreinte ce chemin parcouru 100 fois, bien contente que les rues soient vides et calmes pour pouvoir les observer tout a loisir une derniere fois. Je quitte Marrakech, ca me parait fou. Je ne suis pas bien reveillee. J'arrive sur la place Jemaa El Fna. Je m'arrete en plein milieu et allume une cigarette ici pour pouvoir rester encore 5 minutes a regarder les stands vides, les camions de livraison, les toits, les cafes fermes... Puis je tourne le dos et monte sur mon velo, direction boulevard Mohammed V.
Je file en suivant les indications jusqu'a la gare ONCF. Mais une fois sur le parvis de la gare, je ne me rappelle plus ou se situe la station CTM. Je pars evidemment dans la mauvaise direction ! Je perds une bonne vingtaine de minutes avant qu'un chauffeur de taxi sympa me remette sur le bon chemin. Au guichet, on m'annonce que le depart est a 8h15 (soit dans 15 minutes !) et non a 8h30. Heureusement que je n'ai pas perdu plus de temps... Je paye puis vais m'acheter de l'eau et un paquet de gateaux pour le voyage. Et il est deja l'heure d'embarquer. Mon velo est deja dans la soute du car, debout, bien mieux charge qu'a l'aller. Je m'asseois, Cinq minutes plus tard, le car demarre. J'ai mis les ecouteurs, je veux m'isoler des autres passagers. Les rues commencent a defiler. On repasse devant l'enceinte de la Medina. Mon voisin a voulu fermer les rideaux pour nous proteger de la chaleur. Je passe ma tete sous le rideau et je regarde, Je ne veux rien rater de mes au revoir a Marrakech. J'ai du mal a realiser que ce decor ne sera plus mon quotidien. Tout prend fin, je m'en rends compte, et brusquement les larmes arrivent. Masquee par le rideau, je pleure un long moment. Et ce n'est que le debut. La journee sera ponctuee de crises de larmes. J'enleve les ecouteurs. Si j'ecoute la musique de Priscilla il me sera impossible d'arreter de pleurer !
Au bout d'un moment, la fatigue l'emporte, et je m'endors.
Je dormirai presque toute la duree du trajet, entrecoupe de pauses ou j'ouvre les yeux un instant et admire encore les montagnes au loin et les champs dores avant de retomber dans les bras de Morphee.
Arrivee a Casablanca, je demande ma route aux chauffeurs de taxi qui attendent devant la gare routiere. C'est ballot, le car aurait pu me deposer bien avant au lieu de me conduire en plein centre-ville, car maintenant j'ai pres de 40 kms a refaire en rebroussant chemin vers Marrakech. Je prends un cafe dans un endroit ou je peux me connecter a internet et charger les plans GPS. J'ai deux options. Je choisis la nationale qui recupere la route de l'aeroport sur la fin. J'aurais pu prendre un taxi pour 20 euros, mais j'ai trop envie de parcourir encore un peu les routes marocaines en velo.
Me voila partie. Je passe un long moment a travers le centre pour charcher la nationale. Lorsaue je la trouve, je decouvre une longue avenue qui file tout droit sur des kilometres, avec un trafic monstrueux. Mais ca me plait d'emprunter cette rue qui traverse les faubourgs vivants et animes de Casablanca. J'emporte ainsi une derniere vision affairee et joyeuse des villes marocaines, avec leurs marches bouillonnants, les pietons levant le doigt tout au long de la route pour heler un taxi, les velos et motos zigzagant dans la foule, les charettes tirees par les chevaux et les anes avec leurs chargements improbables, les appels des vendeurs, les odeurs de nourriture partout. Ici, pas un touriste. Sur la route, les gens me saluent, me felicitent, me souhaitent bon voyage.
Et j'ai bien besoin de leurs encouragements car la route grimpe ! Ca monte d'abord doucement et regulierement, et plus lui ca monte et descend dans arret sur des kilometres ! Je suis vite en sueur. Ca promet d'etre sympas pour mes voisins, le voyage en avion... Mille fois je consulte mon gps pour evaluer ma progression car je ne suis pas sure d'avoir choisi la bonne option. Mais au bout d'un moment je suis rassuree, je vois que j'avance bien. J'ai de la route a faire, mais ca devrait aller. Je prends donc mon mal en patience et je transpire en plein soleil. Mais comme je suis contente d'avoir une derniere fois pedale sur ces routes !
Enfin l'aeroport est annonce a 7 kms. J'y serai pour 15h. Je prends mon temps pour arriver. Je me regale des visions des palmiers et de la campagne, avant d'emprunter la direction du Terminal 1.
Me voila a l'aeroport. A l'entree il faut passer tous les bagages au detecteur, y compris le velo ! On s'y prend a trois fois mais le velo ne passe pas. On m'envoie au Terminal 2. Meme probleme. Cette fois j'ai l'idee de demonter la roue avant, et la ca passe. Je recupere tout de l'autre cote et recharge toutes les sacoches sur le velo. Alors que je me mets en route vers le Terminal 1, j'apercois le bureau de Qatar airways. Je m'y dirige pour voir avec eux si je peux trouver des cartons pour emballer mon velo. Je suis accueillie par un adorable monsieur d'une cinquantaine d'annees, qui m'explique que je devrais avoir un carton special pour emballer le velo, et que je n'en trouverai pas dans l'enceinte de l'aeroport. Aie... Je decide de jouer la fille paniquee : ohlala, mais comment je vais faire ?? Je suis venue de Casablanca en velo, je ne pouvais pas transporter de carton avec moi, et maintenant je suis trop loin de la ville pour pouvoir en trouver un... comment je vais faire ??? Le brave homme compatit. Yes, ca marche !! Sur ses conseils, je pars a la recherche de cartons aupres des boutiques de l'aeroport. Apres quoi, j'irai faire emballer le velo aec du plastique. Elle est pas belle, la vie ?
Je m'approche d'un buraliste a qui je rejoue le scenario de la fille paniquee. Le gars me donne deux boites de gateaux vides. Et une paire de ciseaux pour les decouper, en prime ! Genial ! Je m'attele a la tache. Je tourne le guidon dans l'axe du cadre et degonfle les pneux. Les cartons couvrent tout juste les rayons des deux roues, de chaque cote. Mais ca fera l'affaire ! Enfin j'espere... Je fixe du scotch partout, ca ne ressemble plus a grand chose mais le carton tient. Sur un chariot, je pose tous mes bagages. Heureusement le velo n'est pas trop lourd. J'arrive a le tenir d'une main et a pousser le chariot de l'autre. Avant de partir, je vais remercier chaleureusement le buraliste. Je veux lui donner tout ce qu'il me reste en petite monnaie marocaine mais il refuse : gardez votre argent et repartez avec un bon souvenir du Maroc ! Je lui achete quand meme un paquet de chewing-gum.
Je pars au stand d'emballage. Trois garcons se chargent de plastifier consciencieusement mon velo. C'est plutot pas mal fait ! Ils font aussi un gros paquet avec totues mes sacoches, la tente et le casque. Et voila ! Je charhe le gros paquet et le velo sur le chariot et manoeuvre prudemment pour deplacer tout ca. En allant vers le guichet d'enregistrement, je retombe dans le hall sur le brave responsable Qatar airways. Il me felicite pour l'emballage du velo ! Ouf ! gagne ! Alors que j'allais me diriger vers la sortie pour fumer une derniere cigarette, il me sermonne d'un ton paternel : quoi, vous etes sportives et vous fumez ? Il m'emmene au guichet d'enregistrement et s'occupe personnellement de moi. En 5 minutes mon velo et mes bagages sont enregistres et disparaissent. Avec une excellente bonne surprise en prime : aucun supplement ne me sera demande pour l'expedition du velo ! Moi qui prevoyais une depense de 150 euros, je suis aux anges !Je remercie le brave homme pour son aide.
Voila. Je n'ai plus qu'a passer le check point. Je n'ai plus que mon sac a dos Pekin express sur le dos. Comme c'est etrange de se retrouver en cette fin de journee epuisante physiquement et emotionnellement, "seule", avec juste mon petit sac a dos dans l'aeroport, a 1h de la fin de l'enregistrement. Tant qu'on a un truc a boucler, on ne se sent pas seule. On est en mode "action".
Je sors du Terminal, je veux me sentir encore au Maroc. Je m'asseois et regarde les palmiers, les femmes voilees, les mobylettes qui passent, tout ce qui me parle du Maroc. J'ecoute la musique de Priscilla. Comment se passe leur journee ? Que font-ils ? J'ai le coeur lourd, je me sens vide.
Je vais m'acheter un sandwich et retourne le manger dehors. Jusqu'au dernier moment je regarde le paysage. Et puis il faut se lever, jeter un dernier coup d'oeil et partir au check point. Je passe les securites et me retrouve a attendre une demi-heure dans un hall sans interet. Pas un cafe, pas un magazine qui traine. Je reste dans mes souvenirs. J'envoie un message a mes parents.
A l'heure dite, il faut monter dans les navettes qui nous conduiront jusqu'a l'avion. Je monte, et ca y est ma gorge se noue a nouveau, les larmes remplissent mes yeux. J'arrete la musique qui aggrave les choses et je regarde mes pieds. La navette part et nous amene devant l'avion. Alors ca y est, cette fois je quitte vraiment le Maroc ? Combien de fois ai-je entendu en 3 mois et demi : "1ere fois au Maroc ? Ce ne sera pas la derniere !" Ouais, ouais - que je me disais a ce moment-la...
Je grimpe l'escalier comme un condamne et jette un dernier regard sur les paysages secs au loin. On me conduit a ma place, je suis a cote du hublot. J'installe mes affaires et ne quitte pas le hublot des yeux. Lorsque l'avion pousse son acceleration pour le decollage, je craque a nouveau. Cette fois ce sont des flots de larmes que je cache derriere ma main en esperant en pas alerter ma voisine. En 10 secondes on traverse les nuages et d'un coup je ne vois plus rien, c'est fini.

Je pleure longtemps. L'aspect positif, c'est que finalement je n'aurai pas angoisse une minute pendant ce voyage que je redoutais ! Non, je n'ai pas le coeur a avoir peur. Je suis en mille morceaux, je suis deja en manque de ceux que j'ai aimes des le premier jour. Je ne suis pas dupe, je sais que le voyage amplifie les sentiments, mais je sens aussi que mon coeur ne s'est pas ouvert ici juste pour un temps. Je porterai longtemps encore apres mon depart un melange de sentiments tres forts sur lesquels je ne mets pas de mots tres precis. Mais moi qui ne pense pas souvent "je t'aime" ou "je vous aime", je ne cesse de me le dire pour eux, ces happy few qui m'ont chamboulee.




Les larmes aidant, je suis vite fatiguee. Je tente vaguement La Famille Belier pour me changer les idees, mais je m'endors. Je me reveille souvent, chaque fois pour me rendormir presque aussitot. De temps en temps j'apercois tout la-bas en bas des villes eclairees. J'essaie vaguement de situer ou nous sommes mais bon, je n'en sais rien et puis je me rendors. Je mange tout ce qu'on nous sert comme si j'allais bientot manquer de tout. Il faut dire que d'habitude quand je prends l'avion je prevois mes grignotages, mais la je n'ai pense a rien. En tout cas pas a ca. J'ai encore 260 dirhams marocains dans la poche, j'ai oublie de les changer ou de les depenser avant de monter dans l'avion.
A l'arrivee a l'aeroport de Noha (Qatar), j'ai l'impression qu'on va atterrir dans le desert. Partout je ne vois que sable et eau. Le debarquement au Qatar me fait un choc. Cet aeroport est gigantesque, un veritable carrefour des cultures et un centre commercial immense. Ecrans geants, boutiques demesurees, tout est surdimensionne ! Je croise des gens qui ressemblent a des emirs ou a des princes arabes, tout de blanc vetus. Des femmes totalement voilees de noir. Des africains d'une physionomie tres typee que je n'ai encore jamais vue. Des asiatiques, des europeens, des americains a chapeau de cowboys luxueux et ventres bedonnants...
Je suis un peu perdue ! Je n'ai qu'une toute petite heure avant de repartir, je vais patienter dans la zone d'embarquement ou je m'endors sur mon siege. Un employe vient me reveiller, la salle pleine tout a l'heure est vide maintenant : je zsuis la derniere a monter dans l'avion.
Sur ma rangee, un seul siege est libre, celui pres du hublot. Je m'y installe en decouvrant, inquiete, un siege bebe pose sur le siege a cote du mien. Youpi... Alors que je suis assise les yeux dans le vague, une jeune femme arrive avec son bebe pleurant dans ses bras. Elle me dit que je suis a sa place. Il parait qu'elle a deux places, pour elle et le bebe. Ah bon ? Mais sur le troisieme siege une femme plus agee qui a l'air d'etre sa mere est deja assise... Je me prepare a me lever. "Quick, please", me dit alors la jeune maman. Ohla ! One second, I do what I can, reponds-je tres froidement. Je remballe mes affaires et me leve. L'autre ne bouge pas, alors qu'elle me barre le passage et que je ne peux donc pas sortir dans le couloir. OUh ca commence bien... Je peux sortir ou bien ? .. Elle se pousse. Je vais voir une des hotesses, qui revient avec moi, regarde les billets, et conclue que la jeune femme doit garder le bebe dans ses bras sur son siege a cote du hublot, et que la mere doit se decaler car elle est assises a ma place.
Ca se regle. Les deux femmes seront sans gene pendant tout le voyage et exaspereront les hotesses par un comportement "tout m'est du". Du coup, a contrario, je m'attire la sympathie et la compassion des hotesses, qui seront adorables avec moi et viendront voir regulierement si tout se passe bien pour MOI.
Cette fois encore, je m'endors vite. Comme je n'arrive pas a trouver comment visualiser le parcours, je regarde la Famille Belier (jusqu'au bout cette fois). Mon coeur se sert quand l'heroine chante mes chers parents je pars. Comme j'ai souvent chantonne cette chanson dans ma tete pendant la semaine ou je suis restee chez mes parents, a la veille de mon depart...
Les hublots sont fermes, je ne me rends donc pas compte de ce qu'il y a en-dessous. On ne les ouvrira que deux heures avant l'arrivee, et alors que je me croyais au-dessus de l'Atlantique je nous decouvre au-dessus des terres du Canada ! On arrive par le nord. Je comprendrai plus tard que notre vol est monte du Qatar jusqu'au nord de l'Europe, survolant meme la Norvege, avant de decrire une courbe pour survoler la cote ouest du Canada jusqu'a New York. Avant d'arriver, je vois en bas des lacs et des forets, c'est chouette ! Et puis ca y est, avec l'approche imminente de l'arrivee, l'excitation prend le dessus sur la tristesse et des sourires s'amorcent sur mes levres pendant que je regarde en bas. Mon dieu c'est vrai ? J'arrive a New York ?? Je suis de l'autre cote de l'Atlantique ? Incroyable ! Je ne me suis rendue compte de rien ! Comme je me suis dit "je suis a Seville !", "je suis a Gibraltar" ou "je suis a Marrakech", il y a des moments ou d"un coup je realise...
Je ne lambine pas pour descendre. Trop contente d"etre ici, trop hate, et trop heureuse de me debarrasser de mes voisines. Je fais la queue pour le passage a la douane. Ici, personne ne me souhaite la bienvenue toutes les deux secondes. Mais je sens que je comprends ce que les gens disent et ca me rassure, J"avais peur d"etre larguee par l"accent americain. Je me retrouve devant un douanier qui ressemble a un personnage de serie. Coiffure mi-long gris soyeux, pas un cheveux qui deborde de la raie, petite moustache a la couleur assortie, un peu d"embonpoint mais pas trop. Il m'accueille d;une voix douce en jetant un oeil a mon passeport. "Welcome Patricia, did you have a nice travel ?" Euh, oui merci... Surprenant comme question. Il me demande combien de temos je compte rester. Well, 2 monthes or three. Oups, il leve un sourcil interrogateur. Bon, je m'explique. I am travelling with my bicycle donc ca dependra de beaucoup de choses, pour la duree, voyez-vous. Et la, je sens que je me mets GI Jo dans la poche. Il me sourit gentiment, prend mes empreintes et me souhaite un safe trip, tout en bienveillance.
A peine 30 metres plus loin les tapis roulant ont deja entame la ronde des valises. Ca ne traine pas ! J'avise un employe et lui demande ou je dois recuperer mon velo. Par la, dit-il en me montrant du doigt le guichet des bagages hors dimension. Ah bah oui en effet, je vois d'ailleurs mon velo deja pose devant ! Une vague de bonheur m'envahit. Oh que je suis contente de le retrouver entier et bien arrive, celui-la ! Bon, reste le gros sac. Je patiente encore 5 minutes et le voila qui arrive. Je recupere un chariot et sors du terminal avec tous mes bagages pour me mettre dans un coin et tout deballer.
Il me faudra 1h pour enlever tout le plastique, le carton, le scotch, et refixer toutes les sacoches, devant le ballet des yellow cabs dans lesquels s'engoufrent les arrivants.


Je suis a New York ! A partir de maintenant, je vais avoir l'impression constante, pendant une semaine, de vivre danms la tele-realite. Tout ce que je vois ressemble a ce que j'ai vu a la television, dans les films. C'est tres etrange. Je vois passer des policiers super costauds (ce qui ne veut pas forcement dire muscles), placides, habilles en bleu, casquette sur le front et blason jaune sur l'epaule, exactement comme dans les films. Plus tard, a Grand Central, j'en verai meme en marron avec des chapeaux de cow-boy ! (enfin ca ne doit pas s'appeler comme ca mais bon...)
J'allume mon telephone, signale a mes parents que je suis vivante et sur mon velo, envoie des bisous a Priscilla pour dire que je suis bien arrivee malgre les larmes, et consulte les indications d"Aurora pour venir chez elle. Je suis bien contente d'avoir trouve un hebergement Warmshower pour ma premiere nuit, je me sentirai moins perdue dans l'immensite de cette ville. Ceci dit, nos echanges mails ont ete asez laconiques et je ne sais pas trop a quoi m'attendre.
Je dois prendre le train. Je cherche un distributeur de monnaie, mais la je me retrouve confrontee a un gros probleme que je n'ai pas anticipe : la machine me dit "insufficiant founds". C'est quoi ce bazarre ? J'ai des sous, alors ou est le probleme ? Je tente dans un autre distributeur, meme verdict. Je me rappelle alors que j'ai toujours 260 dirhams sur moi, et que mon pere m'a donne avant de partir un ancien billet de 5 dollars qui lui vient de Regine, son ex fiancee qui vit depuis des annees aux Etats-Unis. Je me rends dans un bureau de change. Contre mes 260 dirhams, l'employee me donne 18 dollars. Et elle change mon vieux billet de 5 dollar pour un tout neuf. Bon. J'ai 23 dollars en poche... Bienvenue a New York.... A tout hasard, je retente un retrait pour une petite somme et reussis a obtenir 50 dollars. Oh oh... Je commence a comprendre quel est le probleme. J'ai atteint le plafond de retrait de ma carte bancaire. C'est que je n'avais pas fait de demarches particulieres pour cette carte-la, qui devait ne servir qu'en cas de probleme. Or je vis dessus depuis mon soucis de retrait frauduleux a Marrakech. Me voila bien ! Sans un rond pour une semaine a New York !
Preoccupee, je prends l'ascenseur pour aller sur la plateforme ou s'arrete le train. Depuis la plateforme, qui se trouve en exterieur, je decouvre des maisons qui ressemblent a toutes les petites cabanes de bord de mer, revetues de lattes de bois bleues, blanches, ou de couleurs pastel sous des toits blancs. Des drapeaux americaims flottent au sommets des mats plantes sur les toits ou dans le jardin. J'ai deja vu pas mal de drapeaux, notamment en Espagne ou encore au Danemark, mais rien n'egale ce que je verrai aux etats-Unis ! Qu'est-ce qui rend les gens a ce point la patriotes ?... C'est un truc que j'ai beaucoup de mal a comprendre. Sur le ferry que je prendrai trois jours plus tard pour aller a Staten Island, je verrai un homme beat d'admiration lever fierement un pouce en l'air a l'attention des gardes cotes qui nous font un numero de haut vol tout le long du trajet. Agrippe a sa mitrailleuse, droit comme un I sur la proue du zodiac, un GI Jo fera mine de nous proteger pendant la demi heure que dure le parcours. Ce gars-la fait son boulot. J'ai du mal a comprendre l'admiration sans borne que je lis dans les yeux de mon voisin sur le bateau. Mais bref...
Un jeune homme m'oriente dans la bonne direction pour Brooklyn - puisque c'est la que je dois me rendre. Je monte dans le train. Que c'est joli dehors ! Les new yorkais viennent visiblement se detendre dans le coin (en effet, Rockaway n'est pas loin,m meme si Coney Island est plus frequentee). Beaucoup de gens montent dans le train avec leur panier de pique-nique, parasol, velo... J'apercois un canal borde de petites maisons a pontons.
Par contre le train lui-meme me surprend. Vieillot, gris metallique avec des sieges en plastique dur. Il donne encore moins envie que nos RER parisiens ! Qu'est-ce que c'est que ca ? Etonnant. Sur chaque wagon un drapeau americain est grave sur une plaque de metal, en couleur. Au debut je trouverai ca pittoresque. A la fin j'en aurai un peu marre de ce patriotisme a outrance.
Tout a coup, a l'approche de la station Hoyt-Shermerhom, j'apercois par la vitre la statue de la liberte, puis les grattes-ciel de Manhattan ! Dingue ! Ca fait un drole d'effet. Je suis a New York... et au meme moment je pense a Hana, Siham, Samira, Driss. Ils sont la-bas, et moi ici. J'ai envie de leur dire : hey, c'est dingue, je suis a New York ! Mais je sais que dorenavant nos realites sont differentes, et en plus nos horaires sont decales. C'est le debut de soiree pour eux. Leur 2eme jour sans moi. Mon 2eme jour sans eux...
Le train disparait sous terre. Oh que c'est lugubre ! C'est noir, sale et triste. Je peine a reperer le nom des stations. On ne sait jamais ou regarder. Un coup des panneaux sont affiches en haut mais il faut se baisser pour tenter de les apercevoir a travers les vitres. Un coup les noms sont ecrits sur les piliers, et il faut qu'il n'y ait personne devant pour avoir la chance de les lire.
Je descends a Hoyt-Schermerhom et prends le subway G en direction de Church avenue. J'ai vu sur un plan que la maison d"Aurora est juste a cote de Prospect park. Je m'arrete a la station 15e street - Prospect. Et la, une mauvaise surprise m'attend. J'ai beau chercher, je ne trouve ni escalator ni ascenseur. Je dois porter le velo a bout de bras trois fois dans des escaliers raides, pour enfin sortir, a bout de souffle, dans la tres calme rue Windsor. Je respire et regarde autour de moi. C'est joli et super calme ! Uniquement des maisons a 2 etages (enfin 1 etage + le rez de chaussee). Petits escaliers pour acceder aux portes d'entree du premier. Ces escaliers sur lesquels des gens sont assis pour discuter, pianoter sur leur telephone ou ecouter de la musique. Ce type d'escalier que descend Mickael Douglas dans ce film que j'ai adore, adolescente : Le Vainqueur/ Il descend les escaliers, etire un peu ses chevilles, et pars travailler en footing. Il faudra que je le revois, je suis sure qu'il habitait New York, Ah, le Vainqueur ! J'ai retenu cette phrase : il te faut une victoire, Mickael, peu importe laquelle, mais il te faut une victoire. Et une autre chose importante, aussi : le heros chute, il ne gagne pas la course pour laquelle il s'etait prepare, mais il se releve et franchi la ligne d'arrivee, bien apres tout le monde, sans plus aucun autre enjeu que sa propre victoire sur lui-meme. Il m'arrive d'y penser, quand je pedale.
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Ici et la, un drapeau americain flotte sur le toit. Un homme est allonge dans son transat sur la terrasse de sa maison, dans un decor a la fois urbain et fleuri. Oh ce quartier va me plaire ! Quel bien ca fait de se retrouver au calme alors que je redoutais l'animation trop intense ! La rue est large. De grosses voitures stationnent le long des trottoirs. La seule chose qui gache un peu, ce sont les poubelles sorties le soir a cote des escaliers.
Je traverse et tourne a gauche. A 100 metres j'arrive au croisement de Fuller et Windsor. C'est la. Un escalier monte vers une porte vitree, l'entree d'une maison qui fait l'angle avec une grande terrasse amenagee avec tables et chaises en osier blanc. Aurore habite au rez de chaussee, sa porte donne directement sur la rue, son appartement se glisse sous la maison a terrasse. Je sonne. Elle m'ouvre avec un sourire, et bonne surprise : je comprends ce qu'elle me dit. Je remarque tout de suite les tatouages et les piercings. Mais je m'apercevrai vite que beaucoup d'americains (hommes et femmes confondus) sont tatoues.
Aurora travaille beaucoup et me semble etre une fille assez speed. Elle loue cet appartement deux pieces dans lequel elle se plait pour son calme et sa proximite avec le parc dans lequel elle va faire son jogging tous les matins. Elle doit avoir une bonne trentaine d'annees. Nous faisons rapidement connaissance autour d'un verre d'eau qu'elle m'offre, puis je cours prendre une douche car je me sens hyper crade depuis plus de 36h que je suis partie de Priscilla. Je passe un jeans et un haut a manche longues - ce que j'ai de plus habille - et nous sortons a pieds dans un bar situe deux rues plus loin. C'est cool d'etre tout de suite dans cette ambiance, au milieu de jeunes new yorkais tres bruyants mais tres naturels dans ce bar ou on commande des bieres et des burgers ! Je regarde autour de moi. Cette vision-la n'est pas si differente de ce que je peux observer a Paris.


Nous poursuivins notre conversation avec Aurora, Il faut hurler un peu parce que decidemment c'est tres bruyant. Mais on y arrive. Elle travaille dans l'enseignement sur un tiers de son temps, et en consultante sur des projets avec des ecoles sur le reste de son temps. Elle decouvre depuis peu le voyage en velo mais a deja pas mal bourlingue en backpacker. Elle m'explique comment fonctionne le metro et la carte qui va avec, et me donne de vagues conseils sur ce qu'il y a a voir et a faire. Chez elle, elle me pretera un Lonely planet de New York.
Nous ne rentrons pas trop tard car Aurora se leve... aux aurores. J'installe mon duvet sur les coussins hyper moelleux de son canape, et bouquine le Lonely. Que cette ville a l'air gigantesque ! Je sais deja que je ne pourrai pas tout voir ni tout faire. Je choisis de ne rien visiter en particulier mais de me promener le plus possible, pour sentir l'ambiance dans les differents quartiers. La-dessus, je m'endors avec la bizarre sensation de ne faire que dormir depuis deux jours ! En fermant les yeux, je pense a mes souvenirs marocains. Mon dieu comme les gens me manquent ! C'est terrible, c'est comme un chagrin d'amour. Je suis en manque de ce qu'on partageait, des regards de complicite, de tellement de choses...
A 5h30, Aurora est debout pour checker ses mails. Puis elle se prepare pour aller faire son jogging dans Prospect park. A 6h je me leve a mon tour, toute excitee d'avoir devant moi une belle et longue journee d'exploration de New York ! Quand Aurora revient a 7h, je suis prete a partir ! Etant donne que je n'ai senti chez mon hote aucune intention de ârtager un cafe avec moi, je pars le plus tot possible. A moi New York ! On se souhaite une bonne journee et je sors dans Windsor. J'ai une clef de la maison, on doit se tenir au courant de notre programme pour la soiree. Je peux en effet rester une nuit supplementaire, car les couchsurfeurs qu'Aurora devait heberger ce soir ont annule. Tant mieux pour moi, c'est vraiment top d'etre hebergee les deux premieres nuits.
La rue perpendiculaire a Windsor est tres ombragee et aligne des maisons plus jolies les unes que les autres. Je file prendre le metro pour me rapprocher du Pont de Brooklyn, que je compte franchir a pied. Je ne pense pas emprunter le metro trop souvent mais marcher le plus possible. Du coup je charge ma Metrocard d'un credit de 10 $. Ce qui sera une erreur, car la ville est tellement grande et etendue qu'il est difficile de ne pas utiliser le metro au moins 2 ou 3 fois dans une journee. J'apprendrai qu'un trajet coute en moyenne 2$. Il aurait donc ete plus avantageux que je prenne un pass illimite, mais je n'aurais jamais cru que j'allais depenser plus de 30 $ en transports !
Je sors a la station la plus proche du pont de Brooklyn, et ressens immediatement l'excitation et l'agitation de la ville. De grands batiments se dressent autour de moi. Certains sont en contruction. Les rues sont extremement bruyantes. Entre les travaux et la circulation, c'est un vrai capharnaum ici ! Et plus je m'approche du pont (de la rampe d'acces pour les voitures), plus le bruit est infernal. Mais comment font les gens qui habitent ici ??
Je longe un parc, me trompe de direction, reviens sur mes pas et trouve des escaliers lugubres sous un pont. C'est l'acces au chemin pieton qui s'engage sur le pont de Brooklyn. Et le voila devant moi, d'ailleurs, borde sur sa droite par la voie reservee aux velos et que j'emprunterai une semaine plus tard pour quitter la ville.




Grand, aerien, delicieusement retro, d'une jolie couleur caramel. J'aime les decors urbains, et - en dehors de ma joie de me trouver ici, je suis sous le charme de ce vieux pont elegant. J'aurais tout de meme prefere prendre des vues de la statue de la liberte et des grattes-ciel de Manhattan sans toutes ces armatures en fer mais bon, c'est le style du pont...
La traversee dure bien un quart d'heure, le temps de se balader et de prendre des photos. Je descends cote Manhattan. Bon. Par ou je commence ? Et puis au fait, j'ai faim. Les innombrables petits stands de breitzel, hot dogs et donuts me le rappellent. Mais il n'est pas l'heure de manger un hot dog ou un breitzel fourre au fromage. Je pars sur ma droite, vers une grande place sur laquelle s'eleve le palais de justice. Les arcades sont immenses. Je vais aux pieds du batiment et le regarde d'en bas. Sensation d'etre toute petite...




Je repere un stand de ce qui ressemble a des muffins, ou gros gateau similaire. Je ne vois pas le prix, comme souvent dans ce pays. Meme dans les supermarches je dois souvent chercher partout et bien des fois en vain avant de trouver la mention du prix. Le gars m'annonce : 1,25 dollar. Bon, c'est pas donne mais en meme temps il ne va pas disparaitre vite, tellement il est enorme ce gateau !J'en mange une moitie dans le parc ombrage derriere le palais de justice. J'observe les gens qui vivent et habitent ici. Qui sont assis sur les bancs avec leur sac en papier comme moi pour grignoter un truc. Il fait chaud de bon matin. Mais ici au moins, par rapport a Marrakech d'ou je viens, il y a du vent ! Et j'apprecie.
Ma petite pause etant terminee, je reprends ma balade.... qui ne s'achevera que vers 18h30 ! Fascinee par tout ce que je vois, poussee par l'envie d'en voir encore et encore plus, je ne m'arrete pas. Vers 18h30 j'enverrai un texto a Aurora depuis Central Park ou je viens d'arriver pour lui dire : oups, je vais rentrer tard, ne m'attends pas pour manger. A quoi elle me repondra - prends ton temps, je sors avec une amie ce soir. Ah bon. Bon, ok. Tant mieux, donc. Je prends donc vraiment mon temps.
Ce jour-la, apres la cour de justice mes pas m'ont conduite vers l'ancien emplacement des twins towers. Desormais, deux immenses fontaines prennent place a cet endroit devenu le memorial du 11 septembre. Ces fontaines sont assez impressionnantes. L'eau s'ecoule des bords, pour plonger dans un trou dont on ne voit pas le fond, en leur centre. Imanquablement ces gouttes d'eau qui tombent a l'infini font penser a ces personnes qui sont tombees des tours pour echapper aux flammes. Sur le bord des fontaines sont graves les noms de toutes les victimes. Un peu plus loin, un arbre des survivants a ete plante. Il y a aussi un musee, mais je n'ai aucune envie de payer pour aller voir des photos et des bouts d'habits de pompiers ou des stylos ou marches d'escalier ramasses dans les decombres des tours. Peut-etre que dans 50 ans pour les jeunes generations qui auront besoin de se rendre compte de ce qu'a pu etre ce drame cette visite aura un interet (en ecrivant ca je suis en train de penser a la visite de camps de concentration que je n'ai encore jamais faite et que je voudrais faire un jour). En tout cas aujourd'hui pour moi non, je n'ai aucune envie de voir ca. J'ai suffisamment vu d'images a la tele pour me faire une idee.
J'ai repere le site de loin, sans le chercher, parce que mon regard a ete attire par une espece de structure en metal blanc, assez semblable a un oiseau de loin. En fait, ca me fait un peu penser au grand condor des cites d'or ! Mais en blanc... La sculpture evoque l'image que nous avons tous vue, des structures metalliques qui restaient encore debout a la base des tours, apres leur ecroulement. Les decombres et les gravats s'accumulaient tout autour. J'ai donc tout de suite compris en l'apercevant de loin.
Et puis il y a aussi cette tour geante qui semble s'elever vers le ciel telle une fleche, lorsqu'on est a ses pieds, alors que son toit n'est pas pointu. La nouvelle tour de la liberte. Franchement au moment ou je me trouve a cet endroit, j'ai du mal a croire que ca fait deja presque 15 ans. J'ai l'impression que c'etait hier. Je me rappelle etre restee assise a regarder les gens se promener autour des fontaines. Et puis mon regard s'est pose sur ce policier assis sur le banc d'a cote. Et je me suis demande comment les gens qui ont vecu ca peuvent encore habiter et travailler ici. Il ne doit pas y avoir une journee sans qu'ils y pensent. C'est si recent, et ca a du etre tellement traumatisant.









La nouvelle tour de la liberte est toute en verre. Le soleil et un nuage se refletent dedans. C'est joli. Quand je m'eloigne et change d'angle, ce sont les facades d'autres batiments que j'apercois sur ses vitres. Beaucoup de batiments dans New York offrent ce spectacle magnifique de reflets. Je passerai beaucoup de temps a les admirer.
Je m'eloigne et tombe par hasard sur Broadway. Alors la voila, cette fameuse avenue ! New York, New York, papa je pense a toi... Est-ce que tu aurais aime cette ville ? Et toi, maman ?Dans les prolongements de l'avenue, les perspectives sont epoustouflantes et sans fin. Ca part vers l'infini. On dirait que ca ne s'arrete pas. N'ayant pas vraiment etudie le plan de la ville, je n'ai pas encore conscience de la longueur de cette avenue ! Elle traverse tout Mahnattan. Je me rendrais compte petit a petit que le systemem de classification des rues est tres simple aux Etats-Unis, en tout cas a New York. Et tres logique. C'est pratique, une rue porte le meme nom depuis son debut jusqu'a sa fin. Pas comme chez nous ou un boulevard perd son nom pour en changer 15 fois en cours de route simplement parce qu'il change de quartier. Non., Ici, tant qu'une rue ne trouve pas un mur ou un ocean devant elle, elle porte le meme nom, Ensuite, lorsqu'.on a pige ou commence la 1ere avenue et dans quel sens le plan se deploie, tout est super simple.

On sait automatiquement si on est en train de monter vers le nord ou de descencdre vers le sud. Idem pour les rues, et pour l'orientation est - ouest. Donc je suis arrivee en me disant que les americains ne s'etaient pas trop foules pour baptiser leurs rues, mais en fait c'est tres malin. Enfin c'est pas si bete en tout cas. Ce systeme entre si vite dans la tete que je me suprendrai bientot a penser "ok je suis au croisement de la 5eme (avenue) et de la 23eme (rue), c'est bon encore 30 rues a remonter".... Et me voila projetee dans ces films ou le flic demande ou s'est passe le crime, pour s'entendre repondre : a l'intersection de la 8eme et de la 63eme, chef ! Jusqu'ici, en regardant le film, je n'avais jamais reussi a comprendre en quoi cette reponse pouvait eclairer le chef sur l'endroit exact dont il etait question !
Bref, me voila sur Broadway. De grands magasins s'elevent de tous cotes, des restaurants partout (comme dans tout Mahnattan, ou tout le monde sort a toute heure des boutiques avec son dejeuner a emporter dans un sac en plastique ou en papier pour aller le grignoter sur un banc ou dans un parc).
Quel est donc ce dessin anime, ce film d'animation plus exactement, dans lequel il est question d'une petite maison toute heureuse d'etre construite au milieu d'autres petites maisons qui sont ses copines. Et puis la ville prospere, et les maisons copines sont peu a peu rasees pour faire place a la construction d'immenses buildings qui encerclent la petite maison, epargnee par les promoteurs jusque la. Peu a peu, la petite maison est si bien entouree qu'elle ne voit plus le ciel, et elle tousse a cause de la polution. Et elle est triste car ses copines petites maisons lui manquent. ... Je ne me souviens plus du titre de ce film d'animation, mais alors que je me promene dans New York je percute. C'est de New York qu'il etait question dans ce dessin anime ! Ca me parait evident, a force de decouvrir regulierement, coincees au milieu des grattes-ciel tous plus hauts les uns que les autres, de petites eglises ou d'anciennes petites maisons dont on se demande ce qui a permis qu'elles soient preservees. Le contraste est saisissant et incongru. Et pourtant je trouve que ces incongruites architecturales sont magnifiques et font vraiment le charme de New York. Cette ville me fascine. Mes yeux n'ont pas une seconde de repit. Partout ou je pose les yeux je m'emerveille.








Je leve les yeux au ciel et j'ai le sentiment que tous ces buildings tendent a se rejoindre tout la-haut dans les nuages. Par-dessus les toits des batiments les plus anciens, j'ai du mal a croire que ces cylindres sombres sont les reservoirs d'eau qui ont ete preserves. Ceux-la memes que les pompiers guides par Steeve Mac Queen (ou l'autre acteur avec lequel je le confondais toujours, gamine) font sauter a la fin de la Tour Infernale, pour eteindre le feu. Certaines enseignes du commencement de l'ere industrielle resistent a l'usure du temps sur les murs en briques, les noms des compagnies ou les slogans publicitaires s.etalent en gros sur les murs qui auraient tant a raconter sur l'histoire de New York. J'ai mis sur ma clef USB le film les Gangs de New York. Je le regarderai un soir sous la tente, sur la route de Montreal. Et ces escaliers uses et rouilles par lesquels les gangsters tentent toujours d'echapper a la police, ou sur lesquels les amants de West Side Story se comptaient fleurette, comme c'est plein de charme desuet ! Alors c'est vraiment comme ca, l'Amerique ? Je ne sais plus qui me dira que la ville a fait en sorte de conserver a Manhattan la vision que les touristes ont de New York a travers les films. Et bien en ce qui me concerne c'est reussi, je vois vraiment ce que j'ai toujours vu, depuis Starsky et Hutch (au fait, c'etait a New York ??) jusqu'aux films recents.
Mes pas me conduisent au croisement de Wall Street et de Broadway. En fait, je suis tombee sur Wall Street par hasard. Contournant une eglise par l'arriere, je suis arrivee devant son entree superbe et ai jete un coup d'oeil a l'interieur avant de me retourner et de lire le panneau indiquant le nom de la rue qui s'ouvrait a present en face de moi. Wall Street ! Qui demarre aux pieds d'une eglise ! Comme c'est drole, et finalement pas si incongru, dans cette ville ou les banques ont toutes leurs sieges dans des edifices si raffines et grandioses qu'on dirait autant de temples eleves a la gloire du dieu argent !
Si mes souvenirs sont bons, il y a en Toscane une ville, San Gimigniano, reputee pour ses nombreuses tours. Les etages s'elevaient en fonction de la richesse de leurs proprietaires. A New York, j'ai le sentiment d'etre au milieu d'un San Gimigniano puissance mille ! Les banques et grands potentats rivalisent de gigantisme et de magnificence dans la composition architecturale. Il faut voir ces colonnes grecques, ces arcades, ces statues, ces frises sculptees, ces dorures, ces defis architecturaux.... Moi qui n'attendais rien de cette ville, qui me disais "c'est un site a voir" mais qui ne comprenais pas l'engouement de mes amis et connaissances pour cette ville, me voila contaminee : je suis sous le charme et je passerai une semaine a m'en mettre plein la vue, emballee ! Allez je me l'avoue, j'avais pris les Etats-Unis et New-York en particulier de haut. Et bing, voila que non seulement la ville me plait mais en plus les gens sont sympas et detendus. Alors que je contemple un building, une jeune femme afro-americaine stoppe net devant moi et me prie de l'excuser mais il faut absolument qu'elle me dise qu'elle adore ma coupe de cheveux ! Allons bon... Pourtant elle m'a rien de special, ma coupe... En plus j'ai fait une couleur la veille de mon depart et comme toujours dans ce cas mes cheveux sont un peu plus secs que d'habitude, les premiers jours. J'ai ma coupe courte traditionnelle en epis dresses sur la tete et en plus balayes par le vent. Mais soit, merci madame, apres tout ca n'est pas desagreable et ca me fait rire qu'elle se soit arretee juste pour me dire ca ! Elle repart en me souhaitant une bonne journee et en me remerciant de lui avoir repondu !... Et dire que j'imaginais vaguement les americains arrogants... Evidemment je ne manquerai pas de demander a Hana, dans un echange de mails, de signaler a Siham qu'aux States ils aiment ma coiffure, eux ! Pas comme elle, qui n'etait jamais contente de ma tete....
Je decouvre Wall Street et ses vieux batiments, les enseignes des banques dont j'ai lu le nom notamment dans des livres tels que Ces financiers qui dirigent le monde, ou d'autres plus anciens encore. C'est tres etrange de constater que c'est bien du concret tout ca, ce ne sont pas que des fantasmes. Je revois aussi le papa qui travaille dans une banque dans Mary Poppins et je cherche sur quels escaliers et devant quelle banque la petite fille a depense deux pences pour nourrir les petits oiseaux.... mais tout compte fait, mary Poppins c'est Londres ou les Etats-Unis ? Voila que je ne sais plus !
Encore une fois, c'est vraiment l'enchevetrement des batiments de tous styles et de toutes epoques qui me fascine. Au milieu de la rue pietonne, des tables et chaises sont disposees. Je cherche la brasserie qui va avec, mais non, le mobilier est a la disposition des gens pour s'asseoir dix minutes, prendre son dejeuner, boire un cafe. Tres souvent je trouverai comme ca dans la ville des endroits qui invitent a faire une pause tranquillement et sans qu'il y ait un commerce a la clef. En meme temps, etant donne que les gens mangent a toute heure du jour et de la nuit, il faut bien qu'il y ait des endroits ou se poser avec son plat a emporter ou son sandwich. Je gouterai un hot dog pendant la semaine, en attendant l'heure de monter sur la terrasse du Rockfeller center. Ils ne sont pas aussi lourd que je m'y attendais car le pain est tres tendre. Par contre une demi heure apres, j'avais encore faim.
Le drapeau americain flotte partout. Il est presque aussi present dans la vilel que les yellow cab ! Je prends mille photos des escaliers de secours, des reflets dans les vitres, des buildings enchevetres, des gratte-ciels qui s'elevent haut, des rues dont on ne voit pas le bout. . Les immeubles sont si haut que je n'ai jamais assez de recul et ne sais pas dans quel sens cadrer. Chaque fois que j'arrive a un croisement, je decouvre de nouvelles perspectives qui filent la-bas au loin. Tiens, le Musee des indiens ! Ah mais oui c'est vrai, je suis au pays des indiens ici. Une semaine plus tard je prendrai la route sur les traces des hurons et des iroquois en remontant l'Hudson River.








J'ai fait un crochet vers le sud, et me voila bientot sur les rives de Manhattan, a Battery Park, ou les bateaux font la navette pour conduire les touristes a Ellis Island, Staten Island, et la statue de la liberte. Des hommes sandwiches se promenent le long des quais pour tenter de vendre des tours en helicoptere, en bateau, en jetski ou en petit voilier. Je contemple les files d'attente devant les embarcaderes. Bon. Il faudra que je me renseigne, j'ai cru voir qu'on pouvait prendre une navette gratuite pour Staten Island et s'approcher assez pres de la statue de la liberte. Je n'ai pas specialement envie de monter dessus, un passage a proximite me suffira. Quand a Ellis Island, je decide de ne pas faire la depense. A partir de demain je serai en auberge de jeunesse a 25 dollars la nuit, c'est tres cher pour moi deja, On va reduire les frais au maximum. Je ne compte pas claquer des sous pour les sites touristiques. Me promener un peu partout me suffira largement et me prendra deja bien du temps.
En attendant, je regarde de loin l'ile qui etait le passage oblige de tous les immigrants a une epoque. Que ressentaient-ils en apercevant de loin la statue de la liberte, puis en attendant de savoir s'ils pourraient poser un pied sur le territoire ou s'ils allaient repartir pour un voyage retour ?...
Je me remets en route et remonte la rive ouest. Puis je bifurque pour revenir vers Little Italy, China Town, refais un crochet pour atterir dans Tribeca. Greenwich, Chelsea. Tous ces noms que j'ai entendus a la tele ou lu dans des bouquins... Je passe par Union Square, Washingon square, ke marche des heures et j'ai un peu l'impression d'etre dans la tele realite. Enfin c'est pas exactement ca. C'est plutot que tout a coup, tout ce qui faisait partie de mon imaginaire a travers les series, les films, les livres surtout, tout ca prend corps. J'y suis. Ca me fait un effet super bizzare ce premier jour. Je tombe par hasard sur Mac Dougall Street et la prends bien sur en photo en pensant a David qui m'en avait parle. C'est qu'elle est bigrement bien situee et tres animee en plus, cette street dans Greenwich ! On y trouve entre autre le Cafe Wha dans lequel plus d'un artiste a commence sa carriere, comme Bob Dylan, Bruce Springsteen, Kool and the Gang, mais aussi Allen Ginsberg (encore ! Il me suit a la trace, celui-la...) ou Bill Cosby. En me baladant dans cette partie de Manhattan je retrouve un peu du style d'Amsterdam et j'aime ca. Greenwich est tres verdoyant, les arbres et les fleurs sont omnipresents dans ces ruelles ou s'elevent les marches d'escaliers de part et d'autre pour conduire a des demeurres toutes plus mignonnes les unes que les autres.
Au croisement de Christopher Street et de West 4th street, j'apercois la vitrine du Stonewall. Au-dessus de l'enseigne, une invitation en bleu et blanc sur le mur : "Come and celebrate where the pride began". Le Stonewall est en effet un lieu symbolique dans l'histoire de la revendication des droits pour les gays, trans et bisexuels. Il accueillait dans les annees 60 des homosexuels, bi et trans, qui subissaient une repression severe de la part de la police new yorkaise. Un soir de juin 1969 une enieme descente de police dans l'etablissement a mal tourne. Les gays et trans se sont alors mobilises et ont repondu a la violence par la violence, donnant lieu a plusieurs jours d'emeutes dans le quartier. Cet evenement est considere comme le point de depart du mouvement de revendication des droits pour ces populations discriminees. Un an plus tard, la premiere gay pride etait organisee a New York pour commemorer ces evenements. Au moment ou je passe devant le bar, il est trop tot pour aller boire un verre mais je decide de repasser dans la soiree. Un peu plus loin j'apercois le centre gay et lesbien qui a carrement pignon sur rue et je mesure les differences de mentalites entre Paris, le Maroc, les Etats-Unis. Enfin je dis les Etats-Unis mais un pere de famille me corrigera sur mes illusions au sujet des Etats-Unis le soir meme au comptoir du Stonewall. Il est vrai que les "States" sont un vaste pays et que tous les etats ne sont pas sur la meme longueur d'onde sur toutes les questions.








Et je continue a marcher. Je suis tellement fascinee que je ne sens pas la fatigue. Madison Square Garden, et bientot Times Square. Oula, mais dans quel monde ai-je debarque ?! Too much, d'un seul coup ! J'en ai pourtant eu des apercus a la television, j'aurais du m'y attendre, mais je ne l'ai pas vu venir. Deja Picadilly Circus me paraissait too much en ecrans geants animes et ultra lumineux, mais Londres joue dans la cour des petits comparee a ce que je vois. Les ecrans font la taille des batiments et se superposent, changent de couleur, s'animent sans arret, partout ou le regard se pose. Des visages vous regardent en gros plan, vous aguichent, des objets hi-tech sont exposes en taille XXXL sous leur aspect leur plus seduisant, meme les affiches de spectacle sont animees. Meme les M & M's vous font des clins d'oeil dans toutes les couleurs. Spiderman et Batman s'accrochent dans des tailles de geant sur des pans de murs. Ca scintille, c'est flashy, et de nuit ca vous happe encore plus. C'est a la fois fascinant et ahurissant. La 8eme avenue et Broadway se croisent a cet endroit precis, deversant des flots humains qui se croisent et s'entremelent, prennent des photos dans tous les sens, tendent l'oreille a tous les rabatteurs de spectacle de Broadway, s'engouffrent par les portes a tambours dans les buildings qui rejettent autant de personnes qu'ils en avalent a la seconde. Attention la il faut un peu de concentration, car tracer son chemin sans se faire marcher dessus ou sans se cogner dans son vis-a-vis demande un peu d'anticipation et de souplesse dans le changement de vitesse.




Heureusement que je ne suis pas la pour faire du shopping car je ne saurais pas ou donner de la tete ! En meme temps rien ne me tente vraiment. J"ai donc les yeux grands ouverts et je marche, je remonte vers Central Park - dont je suis encore bien loin. Je m"eloigne peu a peu et au bout d"une longue marche je debouche enfin sur Central Park. Mais le soleil commence a decliner, et l"air a se rafraichir. Je vais me poser dans l"herbe, non loin d"un terrain de base-ball ou deux equipes mixtes d"affrontent. Je cherche les ecureuils de Katherine Pancol.... Et je ne vois vraiment pas en quoi un ecureuil peut avoir l"air triste ! En tout cas moi ca y est je suis vannee. Mes pieds demandent grace. J"envoie un texto a Aurora, pour apprendre quelques minutes plus tard qu"en fait j"ai ma soiree. Bon, tant mieux. Ce parc a l"air immense. Pour ce soir je n"en verrai qu"une partie occupee par des sportifs (joueurs de base-ball, joggers, cyclistes), et clairsemee de rochers. Je me detends les jambes en lisant un peu.
Mais la nuit arrivant fatigue mes yeux. Je decide de prendre le metro pour rentrer et de manger un bout de pizza dans un tout petit resto de Brooklyn a cote de chez Aurora. Lorsque je rentre, Aurora n"est pas la. Je prends une douche et me glisse dans mon duvet sur le canape, vannee. Demain matin j"embarque toutes mes affaires et je vais m"installer a l"auberge de jeunesse. Je suis sur le point de m"endormir lorsqu"Aurora rentre accompagnee d"une amie mexicaine qui me salue tres gentiment. Ca contraste avec la tornade Aurora. Les filles sont fatiguees et ne trainent pas, Aurora installe un matelas dans sa chambre pour son amie et peu de temps apres c"est extinction des lumieres pour tout le monde.




Le lendemain, je me reveille aussi tot qu'Aurora, et suis donc prete a partir tres vite. Apres quelques mots echanges avec son amie qui est plus douce et convient donc mieux a mon temperament, je dis au revoir a tout le monde et entre dans le GPS les coordonnees de l'auberge de jeunesse ou j'ai reserve pour les nuits a venir. Je traverse une partie de Prospect park, tout calme a cette heure-ci, et salue les ecureuils au passage. Je ne vais pas tres loin, mais les avenues semblent toujours sans fin dans New York ! L'auberge est dans Brooklyn. Je passe devant de jolis monuments au passage. Circuler dans Brooklyn est vraiment sympa. Certaines rues sont classes, d'autres font un peu plus banlieue desafectee. Les routes sont tantot belles tantot defoncees. Il fait beau, j'aime me sentir libre a nouveau. J'arrive devant une maison qui ne paie pas de mine de l'exterieur. Pour un peu on passerait devant sans se douter que c'est l'auberge de jeunesse. J'entre, et suis recue par une jeune femme assez froide. Sa patronne, une autre jeune femme tout aussi seche, vadrouille entre la cuisine et la cour exterieure.
Sur le canape, une dame qui me parait avoir dans les soixante ans, toute petite, ses grands cheveux blonds decolores tombant sur ses epaules, etudie son telephone qui fait deux fois la largeur de sa main. Elle me salue d'une voix mi-chevrotante, mi-trainante, et se presente. Elle est actrice, parait-il. Elle est ici pour quelques jours, pour le boulot. Bon bon. I love the way you travel, girl - me dit-elle avec un sourire lointain. Merci madame.
Le lieu est convivial, et en voyant l'equipe de jeunes workaway qui bossent dans l'etablissement j'aurais l'impression pendant dix minutes d'avoir trouver un Priscilla new yorkais. Mais l'impression ne survivra pas a l'indifference que je ressens de la part du staff. Est-ce americain, cette facon de parler sechement ? Aujourd'hui je dirais New Yorkais, peut-etre, car depuis j'ai rencontre tant d'americains super sympas et chaleureux... Et meme a New York, finalement, j'ai eu des contacts plus conviviaux... Bon, c'est pas grave. Au moins suis-je tranquille ici. Je peux me faire a manger, j'ai un lit dans un dortoir en sous-sol sans fenetre. Je me cogne la tete au luminaire a chaque fois que je grimpe sur mon lit superpose, mais sinon ca va. J'attache le velo dehors, on me dit que ca ne craint rien. J'apprends aussi qu'entre le prix affiche sur internet, et de maniere generale, et le prix qu'on doit regler en realite il y a toujours une difference. Les prix annonces n'incluent jamais les taxes. On decouvre le montant des taxes au moment de payer. Du coup ma nuit a 30 dollars me fait mal aux dents et me deprime. Je vais depenser une fortune, ici... C'etait pas prevu, ca. 30 dollars la nuit, j'ai pas les moyens. Je n'hesite cependant pas a rester le temps qu'il faut car qui sait quand j'aurais l'occasion de revenir a New York ? Maintenant que je suis la, autant en profiter.
Il y a un ordinateur en libre service, je pourrais en profiter pour avancer un peu sur le blog. En attendant, j'ai hate de repartir a la decouverte de New York. J'ai encore tellement de choses a voir !












Je repars vers Manhattan et m'arrete a la station de metro Chambers pour partir cette fois dans la direction de la rive est. Je remonte vers la station de train, dont le hall est gigantesque et me donne l'occasion de voir pour la premiere fois des policiers americains habilles en marron et chapeau de cow-boy, qui s'harmonisent parfaitement avec le decor. Puis je sors de la gare et braque a droite toute pour atterrir en face du siege des Nations Unies. Ca fait tout drole de voir ce batiment en vrai. Alors c'est donc la que se reunissent les representants de tous les pays du monde ?... Le batiment est sobre, tout en verre, protege par un bataillon de drapeaux de tous les pays hisses en rang d'oignons le long de l'avenue.
Le quartier abrite de nombreux hotels et suites de luxe accueillant, j'imagine, les diplomates au plus pres des lieux de debats.
Je remonte ensuite vers le centre, et de rues en avenues, je finis pas me retrouver a nouveau a Tims Squares. Les affiches des spectacles me donnent envie. Je ne resiste pas a la tentation d'entrer dans le magasin dedie aux M&M'S, meme si je n'y achete rien. Je n'ai d'ailleurs absolument aucune frustration a ne pas avoir une valise a remplir de souvenirs en tous genres. Je ne suis pas la pour ca et mon budget ne me permet que de bouger d'un point A a un point B, de manger et dormir. Mes seuls souvenirs sont les photos, les impressions gravees dans ma memoire> Ce que j'achete dans tous les pays par contre, c'est l'ecusson a coudre du drapeau du pays. Pour le coudre sur mon sac a dos. Enfin pour etre honnete je devrais dire : pour l'envoyer a ma mere qui va le coudre sur mon sac a dos (merci maman !)
Je passe devant la boutique officielle des Yankees. J'ai promis a Siham de lui envoyer une casquette bleue des Etats-Unis. Je guette donc l'occasion. Mais je n'ai pas envie de lui acheter une caquette I love New York, du coup j'ai du mal a trouver. D'ailleurs tout est logote New York. Meme chez Roxy - car tout de meme je craque en voyant la boutique Roxy et j'entre, des fois qu'ils auraient un truc sympa a pas cher - tous les vetements portent New York en gros plan. Ca ne m'interesse pas. J'attends donc de trouver THE casquette pour Siham.
J'entre aussi dans deux vendeurs de DVD dans l'espoir de trouver Priscilla Queen of the Desert pour l'envoyer a Hana, mais je fais chou blanc.
La journee file vite, puisque j'ai passe la matinee a me rendre a l'auberge de jeunesse, a m'y installer. J'ai decide d'aller boire un verre au Stonewall Inn ce soir. A la tombee de la nuit, je retourne donc au croisement de Cristopher street et Stonewall place. Moi qui n'ai jamais mis les pieds seule dans un bar, j'y vais sans aucune hesitation. A l'entree, un jeune homme fume une cigarette, un sourire heureux aux levres. J'allume moi aussi une cigarette, et remarque qu'il lorgne l'affiche du bar d'a cote. "Jazz live music" annonce la publicite. Matt me dit que le musicien est tres doue. Ah oui ? Et bien pour ce soir j'ai d'autres projets mais je decide de revenir demain pour ecouter ca puisqu'il joue tous les soirs.
Matt n'est pas de New York, il est venu a l'occasion du mariage de son frere et semble heureux comme tout d'etre la. Il arbore ce genre de sourire beat contagieux, le sourire du type chouette avec qui on a envie d'etre heureux aussi. On discute un bon moment tous les deux. Je suis moi aussi dans une dynamique ultra positive du fait de ma fascination pour New York - a moins que ce ne soit l'effet de cette fameuse energie unique parait-il, que tout un chacun ressent dans cette ville. Quoi qu'il en soit, on se serre la main avec chaleur en se separant, et j'entre dans le Stonewall pour m'installer au comptoir (vraiment le truc que je ne fais jamais) et commander un rhum coca comme si j'etais une familiere du bar.
Il y a du monde mais pas trop. Des garcons et des filles, plus ou moins engages dans des conversations. La musique retro me plait. Les photos sur les murs rappellent les evenements de 69 mais aussi la gay pride qui a eu lieu cette annee. On peut acheter des tshirts Stonewall Inn, bien sur. Je revois le film que j'ai visionne a Priscilla sur les evenements de 69 et j'essaie d'imaginer les scenes du film dans ce bar. Un homme age, chauve et rond vient a cote de moi pour regler sa note. Alors que je lui adresse mon sourire avenant, celui que j'offre a tout le monde quand je suis sur mon petit nuage de bonheur, il me salue et, allez savoir pourquoi, entame la conversation en precisant qu'il accompagne son fils. Ah oui ? Le fiston est deja dehors apparemment. Ce brave pere de famille qui a eu besoin de se justifier sur sa presence m'emeut. Il me touche, parce qu'il est la, avec son fils dans ce bar homo, pour le soutenir suite aux discriminations dont celui-ci a recemment ete victime de la part de la police de sa ville natale, dans le Wisconsin. Ah bon ? Mais j'ai vu aux actualites que les Etats-Unis viennent de legaliser le mariage gay, pourtant ? - Oui mais le pays est grand et ca ne change rien, pour beaucoup de gens.
Je me raconte peut-etre une histoire, mais ce monsieur qui n'avait pas l'air tout a fait a l'aise ni a sa place dans ce bar semblait considerer pour autant que le plus important etait d'etre aux cotes de son enfant. Et ca m'a touchee, evidemment. On s'est salues, il a rejoint son fils dehors et moi je me suis tournee vers mon voisin de droite, un jeune homme qui buvait son cocktail seul au bar mais qui semblait bien connaitre les deux serveurs. Je lui ai demande s'il existait des cyber cafes dans le coin. Il a pris son telephone, l'a mis devant lui et lui a dit : "cyber close to me". Le telephone a cherche, bugge, Phil a recommence, et cette fois une adresse s'est affichee. Le temps qu'il trouve, on avait echange trois blagues avec Phil. Lui non plus n'est pas d'ici. Il est arrive il y a deux ans et compte rester environ cinq ans avant de bouger. Pour l'instant il aime cette vie, mais il sent que ca finira vite par le lasser. Il est professeur, mais lorsque vient mon tour de raconter un peu ce que je fais ici et qu'il m'entend dire que j'ai quitte mon travail pour realiser ce reve de voyage, je vois bien que son visage change de couleur et que ses yeux deviennent nostalgiques - sans pour autant perdre son sourire. Moi aussi j'aimerais tellement tout plaquer pour faire ce que j'aime. - Et tu aimes quoi ? Tu voudrais faire quoi ? - Bah, j'aime bien mon metier mais je ne m'epanouis pas, je sens que j'ai envie d'autre chose mais je ne sais pas vraiment quoi. Et nous voila partis a discuter de nos aspirations, de nos choix. Au passage, Phil nous commande deux autres cocktails. Nous sortons fumer tout en poursuivant notre discussion enflammee. On revient au comptoir et on continue. Il est adorable ce Phil. L'espace d'une seconde je realise que j'ai mis les pieds dans un bar toute seule pour la premiere fois de ma vie et qu'en deux secondes et demi j'ai adresse la parole a un type que je ne connaissais pas et hop je suis en train de passer une excellente soiree. Tu devrais ecrire un livre, me dit Phil, j'adorerais lire ton histoire ! Ah bon ? Bah pourtant elle n'a vraiment rien de speciale, mon histoire. Mais je comprends ce qu'il veut dire. Parce que fut un temps, je me nourrissais des histoires des autres pour entretenir ma flamme interieure et parvenir a trouver l'energie d'enclencher a mon tour les rouages. Je me reconnais dans l'enthousiasme de Phil. Il cherche, mais sa quete n'est pas triste ou pesante. Il trouvera, c'est juste une question de temps.
Lorsque nous nous separons Phil me fait promettre de lui evoyer par mail l'adresse du blog, il veut absolument suivre ma route. On descend prendre le metro tous les deux mais pas dans la meme direction. Il me serre affectueusement dans ses bras et je monte dans la rame de metro avec le sourire idiot de la fille pompette qui a passe une tres bonne soiree contre toute attente.
Je retrouve mon lit superpose dans la cave qui sert de dortoir a l'auberge de jeunesse et m'endors contente de savoir que je suis posee pour quelques jours mais avec l'idee qu'il va falloir que mon cerveau se mette en mode "route" tres vite. Car pour l'instant je n'ai pas la moindre idee du chemin que je vais prendre apres New York.





Je prends le temps de me reveiller tranquillement, ce qui n'est pas desagreable non plus (car tous les jours, sinon, je mets un reveil). Je me leve avec l'envie d'aller voir la statue de la liberte aujourd'hui.
Mais auparavant, je veux faire une machine, j'en ai grandement besoin ! Je subis d'abord, au petit dejeuner, la compagnie d'un couple de jeunes francais qui semblent tout droit debarques de Neuilly sur Seine.
Lui travaille ici en tant que workaway, et se montre ultra serviable pour me donner ses meilleurs conseils pour decouvrir les states. Sa copine vient de le rejoindre hier et va passer trois semaines avec lui. Il fera en sorte qu'elle integre l'equipe de l'auberge de sorte que son logement reviendra a rien du tout. Ils sont sympas, en fait, mais un peu Chouchou et Loulou. Lui a le sourire conquerant et l'assurance du jeune riche a la carriere toute tracee. Elle parle d'une petite voix trainante en lui ebouriffant les cheveux comme si elle flattait son caniche. Combien de fois le soir, alors que je suis sur l'ordi et qu'il est sur celui d'en face pendant qu'elle squatte le canape, j'aurai droit a la scene : "Tu fais quoi ?... - ben la je regarde un film. - Ah... baillement.... moi je crois que je vais aller me coucher.... (pas de reaction).... - (au bout de cinq minutes et suite a un nouveau baillement ostentatoire) Tu es fatiguee ma cherie, va te reposer si tu veux. - Oui je vais y aller.... Et toi tu fais quoi ? - Moi je vais finir de regarder le film, j'ai pas sommeil, la, mais si tu veux dormir vas-y. - Oui j'y vais..." Et ca se terminait invariablement au bout d'une demi heure par le depart de Chouchou pour la chambre pendant que Loulou restait plante devant l'ordi.
Bon bref je m'egare ! Je reunis donc mes affaires a laver dans mon sac a dos qui commence a avoir des trous partout, et pars a la laverie avec mon journal de bord a la main, histoire de rentabiliser le temps d'attente en avancant un peu pour raconter Priscilla car j'ai un retard enorme dans l'ecriture du blog.
L'employee de service m'ignore totalement, mais une afro-americaine d'une quarantaine d'annee vient a mon secours pour m'explique ou mettre les pieces et combien ca coute, et dans quel ordre faire les operations. J'ecris pendant que la machine tourne. Ah le bonheur d'avoir des vetements qui sentent le propre !! Je dis qui "qui sentent le propre", pas qui sont propres. Car a chaque fois que je ferai des machines, que ce soit a New York ou ailleurs, mes vetements sortiront avec une meilleure odeur mais les memes taches aux memes endroits, en un peu plus pale.
Pas grave ! Je suis contente, je prepare mon sac a dos a l'auberge de jeunesse et en route ! Hana, Siham, je vais voir la statue de la liberte, vous vous rendez compte ?!! Dans ma tete a ce moment-la je suis encore connectee a Priscilla et je ne cesse de penser a mes amis. Et puis il y a aussi cette valse des "et si" qui tourne a l'obsession, je le sens. Ma rencontre inattendue sur mes derniers jours a Marrakech m'a pas mal "retourne le cerveau", comme on dit. Les paroles echangees au moment de se dire au revoir m'ont laisse un gout de regret. Et si j'etais restee ce soir-la plutot que de rentrer a Priscilla ? Et si j'avais fait quelque chose pendant la premiere soiree, ou encore pendant la deuxieme... Et pourquoi n'ai-je meme pas demander un mail, un telephone, quelque chose pour rester en contact ?... Je sens que je suis perturbee et que ces questions et toutes les suppositions qui vont avec prennent de plus en plus de place dans mes pensees.
J'aime ce que je ressens. Ca deborde, ca m'envahit, je sens la lame de fond arriver. Je comprends alors qu'il faut que ca sorte, que j'agisse. Cette situation est une impasse. J'ai besoin de mettre un terme a la valse des "et si", je ne veux pas avoir de regrets. Ce qui est pour moi un excellent souvenir doit rester un excellent souvenir. Je vais donc faire ce qu'il faut pour trouver ses coordonnees et dire ce que je ressens - mon trouble a tout le moins, et mon envie de rester en contact. Je n'ai aucune hesitation sur ce choix, puisque je fonctionne comme ca : en tres negatif ou en tres positif, je ne sais pas contenir mes emotions. Il faut que ca sorte. Une fois que les mots sont poses, en general ca me calme, je peux repasser en mode "raisonnement". J'envoie donc des messages a Hana (qui est dans la confidence) et Mustapha (l'air de rien, avec lui, par contre !). Et j'attends avec impatience les reponses.
Perdue dans mes pensees, je retourne donc a Manhattan et sur la rive sud pour aller prendre le ferry gratuit pour Staten Island. De la musique attire mon attention. Sur le parvis du One Plaza, un groupe evolue dans le cadre d'un festival d'ete qui prend fin. J'adire la musique live ! Je reste donc jusqu'a la fin ecouter la chanteuse accompagnee de ses musiciens, sur des rythmes mi-country mi-jazz. C'est top, il fait beau et la musique me met de super humeur !
Lorsque le concert s'acheve, a 13h30, je me dirige vers l'embarcadere. J'avais peur que ce soit surpeule mais il y a suffisamment de navettes pour que la circulation soit fluide et la foule pas trop oppressante. Je monte dans la navette de 14h30 et vais prendre une position strategique sur le bord du bateau. Le ferry largue les amarres et s'eloigne du quai. Trop bien d'etre sur l'eau ! Une navette des gardes cotes se met tout de suite a nous escorter. Un GI Jo a les deux pieds plantes dans la coque de la navette, a l'avant, et les deux mains soudees sur une mitrailleuse pointee vers le ciel. La navette a beau jouer a saute mouton par-dessus les vagues que provoque le ferry, GI Jo reste superbement droit et je suis sure que sa coiffure ne bouge pas.




Nous sommes tous groupes sur les bords du ferry pour admirer la vue. Il fait tres beau, le soleil chauffe malgre l'amoncellement de nuages au-dessus de New York. A cote de moi, un monsieur en casquette et gros bras leve un pouce avec un sourire fier a l'attention de GI Jo et ca m'exaspere.
Le ferry s'approche de la statue de la liberte que nous prhotographions tous sous toutes ses coutures. C'est trop chouette de la voir de si pres. Monter dessus ne me branche pas plus que ca, d'ailleurs je ne crois pas qu'on puisse encore le faire, il me semble qu'on peut simplement monter sur ses pieds. Je suis donc toute a mon aise sur le ferry pour la contempler. Elle a de l'allure.... Par dessus tout je pense encore a toutes ces personnes qui arrivaient de loin par bateau et a ce que representait pour elles cette vision.
Le ferry accoste a Staten Island. Je descends et vais me promener sur la jetee. Au passage, je decouvre le stade des Yankees, dont on peut apercevoir un bout de pelouse a travers les grilles.









Je ne passe pas beaucoup de temps sur Staten Island. Juste assez pour rester un bon moment a admirer la vue sur Manhattan d'ici. Puis je reprends la navette dans le sens inverse et admire les jeux de reflets sur les grattes-ciel a l'approche de la ville. A la descente du bateau, je decide de remonter vers le centre par la promenade le long de la rive est, qui sera mon point de depart pour quitter New York dans quelques jours. Puis je retourne un peu plus vers le centre et file prendre le metro pour aller voir l'universite de Colombia, a Harlem.




A peine ai-je mis les pieds dans Harlem, en sortant du metro a la 15eme rue, le decor me semble un peu different. La population est a 90% noire, les murs des maisons decrepis le long de l'avenue, et les magasins bon marche et exotiques font leur apparition. Ca fait nettement moins touristique, d'un seul coup, et j'aime ca. Je bifurque sur la gauche et longe un parc avant de monter vers l'universite. Dans les rues parallelles, les maisons ont du cachet.
L'universite en a beaucoup egalement. Je me contente d'en faire le tour, je n'entre pas a l'interieur. Les batiments sont tres beaux. Comme pour la Sorbonne, ca me choque de voir des chapelles dans le corps de batiment mais bon. En tout cas c'est magnifique. En passant de l'autre cote, je m'aventure vers le monument a Grant. Une petite fete a lieu cet apres-midi et les trois gouttes de pluie qui vont tomber sur nos tetes tout a coup ne genent pas du tout les blacks (car il n'y a que des blacks) venus assister a un petit concert de jazz en live. Ils ont apporte leurs chaises pliantes, la plupart porte la casquette et / ou le gilet du trois pieces, et les regards sont tournes vers le saxo pendant que des grillades rotissent dans la petite camionnette installee pour l'occasion.








Je n'ose pas trop prendre de photos alors je prends les gens de dos en loose... Mais je reste un moment a ecouter la musique. J'adore ca, la musique live dans la rue, et les ambiances festives. Je me tiens un peu a l'ecart car j'ai le sentiment, sans doute a tort, d'etre arrivee dans une fete de quartier ou tout le monde se connait sauf moi.
Au bout d'un moment je repars, et pour parfaire les cliches je tombe dans un autre parc un peu plus loin sur des jeunes en train de jouer au basket. Je continue a pied et je marcherai longtemps, decouvrant de tres grandes allees qui reviennent vers le centre et exposent d'imposants buildings de caractere.








Regulierement je tombe sur des eglises. Je crois n'en avoir jamais vu autant et d'autant de confessions religeuses differentes qu'ici a New York, d'ailleurs ! Cette ville me fait l'effet d'etre un carrefour de toutes les religions. Je croise des juifs portant des toques et de longs manteaux comme je n'en ai jamais vus avant, en vrai. Ou des familles dont tous les representants du sexe femimin sont en jupes et coiffures a tresses nouees en chignon, comme un uniforme de je ne sais quelle confession. Les eglises portent des noms compliques, je ne sais pas toujours ce qu'il y a derriere. Il y en a a tous les coins de rue et de tous les styles. A cet effet, New York me donnera l'impression d'etre une ville extremement tolerante. Moi qui sors d'un pays ou on ne trouve que des mosquees, cette diversite fait du bien !
Je finis par reprendre le metro et sors dans Times Square a la tombee de la nuit. Le spectacle des illuminations de Times Square la nuit est impressionnant ! Je retrouverai le chemin du Stonewall pour aller finir la soiree dans le bar d'a cote pour y entendre du jazz en live dans un ambiance chaleureuse. Cette fois-ci, toute entiere captee par la performance des artistes, je ne discute avec personne ou si peu. Je savoure le plaisir d'etre la et d'etre en train d'ecouter du jazz a New York...
En rentrant le soir, j'ai la joie de voir qu'on m'a envoye les coordonnees que j'esperais.... Un mail. J'envoie un petit message.
Le lendemain, je me reveille avec l'envie d'aller pedaler vers le sud. Apres le petit dejeuner, je charge mon sac a dos et sors le velo, pour prendre la direction de Coney Island. La route est longue, le soleil chauffe. Je mets un temps fou a descendre les grandes avenues sans fin de Brooklyn en direction de la plage. Est-ce que toutes les rues sont aussi longues aux Etats-Unis ?? On n'en voit pas le bout.
Je m'arrete pour acheter des cookies et savourer un cafe sur un banc en face d'une bibliotheque. Les cookies sont moelleux et savoureux. Mais tout de meme, que c'est cher ! 4$ le paquet le moins cher... Plus tard j'en trouverai des moins chers dans les grands magasins Familly dollar. Les cafes font evidemment 5 fois la taille de ceux qu'on achete en France.
Encore des eglises et de petites congretations un peu partout. Mais d'ou sortent toutes ces confessions differentes ?? Jamais entendu parler de la plupart !
En pedalant je me fais des films sur la reponse que j'attends a mon mail. Je vais meme jusqu'a imaginer plein de changements dans mes plans. C'est fou comme la vague m'emmene loin.




Ces sentiments ne me causent pas le moindre probleme par rapport a la personne que j'aime a Paris. Ils cohabitent. Je me suis meme paye le luxe d'une petite pointe de jalousie la veille, en signalant que j'avais bien note la presence de plus en plus frequente d'une tierce personne dans son planning, ces derniers temps. D'ailleurs, curieusement, depuis mon arrivee sur le continent americain, je recois a nouveau des nouvelles plus frequentes de Paris. Ce qui me fait evidemment extremement plaisir et du bien. Pendant mon sejour marocain les echanges ont ete rares. Mais ce nouveau depart sur un nouveau continent a recree du lien. Je recevrai ce message a la veille de mon depart de New York : "J'aurais aime etre la, comme a Maureillas, pour assister a tes premiers coups de pedale sur ce continent". Je repondrai ; "J'aurais adore, meme si j'aurais prefere que tu viennes avec moi, en fait". Bref, je suis heureuse de recevoir plus de nouvelles, et je suis aussi dans mes films sur de nouveaux projets avec quelqu'un d'autre, si seulement je recevais la reponse attendue.
Et tout ca trotte dans ma tete pendant que je pedale vers Coney Island et ses demeurres ultra cossues. Je traverse un pont, et j'arrive bientot dans cette partie clame et aeree, constituee de grandes allees sur lesquelles se dressent des proprietes plus impressionnantes les unes que les autres. La mer apparait. C'est joli et agreable comme balade, mais je ne me dis pas forcement ; wahouuuu.
Lorsque j'arrive vers Brigthon beach, je suis super etonnee de plonger d'un seul coup dans un univers presque 100% russe, Ici tous les magasins portent des enseignes ecrites en russe. Mais alors toutes ! C'est quoi ce delire ? Ca sort d'ou ? Il y a un monde fou, la rue commercante est bondee. Je passe sous le metro aerien. La route debouche un peu plus loin sur la plage, et Luna Park. J'aurais bien fait un tour de grand 8 ou de grande roue.. mais bon, j'ai le velo. Et puis leurs maneges a eux ont l'air un peu plus secouant que les notres ! Je me contente de les regarder en sirotant un coca.








Je prends le train et le metro pour rentrer, car je ne veux pas etre en retard pour mon rendez-vous avec New York vu du ciel... J'ai craque hier soir et achete mon billet (30 dollar !) pour monter sur le Rockfeller center afin d'admirer le coucher de soleil sur la ville. Je dois y etre pour 19h30.
Je rentre donc a l'auberge de jeunesse, me change et repars vers Manhattan. Je sors au metro de la 42eme rue. En tournant dans les rues pour trouver l'entree du Rockfeller center, je tombe sur l'eglise de scientologie. Betement, je regarde alors autour de moi comme si jallais voir apparaitre Tom Cruise.... Par contre, dans son prolongement, mon regard se pose sur la publicite affichee en grand sur le theatre qui se trouve juste a cote : The story of how Peter became Pan. Cette association incongrue... ou pas... me fait sourire.
Je suis un peu en avance. Quand mon horaire arrive, j'entre et monte les escaliers. On valide mon ticket et je monte encore d'un cran vers les portes de securite. Lorsque mon sac a dos ressort du scanner, la femme policier me demande : "vous avez un couteau ? - Un quoi ? Un couteau ? Ah non. - Ah si, je crois que vous avez un couteau". Je fronce les sourcils, cherchant de quoi elle parle... et je tilte. Ah mais oui ! Mon canif suisse ! Je l'avais dans mon sac pour mon pique-nique de ce midi. Je le sors du sac. Un collegue de la femme policier, tres grand et baraque mais qui a l'air gentil, le regarde avec interet un petit moment, puis me le tend en me disant : bon ben soit vous le jetez, soit vous le laissez a quelqu'un en attendant de revenir, soit vous le rapportez a l'hotel. Ok... Je descends a la reception et reussis a echanger mon billet pour le meme horaire le lendemain. Quelle cretine ! Du coup je pars me promener dans Central Park, d'ou je pourrai aussi admirer les couleurs du coucher du soleil a travers les arbres et sur les facades des batiments.
Je reste un long moment a ecouter de la musique pres d'un resto celebre dans Central Park et dont ma memoire m'a pas retenu le nom...








Evidemment en rentrant a l'auberge je me precipite sur mes mails... et ne vois pas de reponse. Je decide alors de ne pas attendre et de dire ce que je ressens, en mode alea jacta est ! Je ne crois pas avoir deja fait ca, dans ma vie, ou juste une fois, il y a tres longtemps. Et je l'ai fait dans la meme intention. C'est a dire avec l'intuition tres forte de me heurter a un mur mais avec aussi le sentiment tres net que des lors que j'exprimerai ce que je ressens, 1) je n'aurais pas de regret a avoir, et 2) ca sortira de ma tete au lieu de tourner en boucle comme ca commence deja a le faire. J'ecris donc, et j'envoie. Et maintenant, je peux passer a autre chose.
Je ne vais pas dire que je n'attendais rien. Bien sur que j'attendais. J'ai attendu longtemps avant de cesser d'attendre. Mais je n'etais plus sous tension, et c'etait l'objectif principal.
Je n'ai pas non plus cherche a savoir ou a comprendre pourquoi il pourrait ne pas y avoir de reponse malgre ce que nous avions echange. Qui peut savoir pourquoi nous etions la, a ce moment-la, pourquoi nous avons tout de suite ete en connexion etroite, et ce que nous cherchions a cette periode precise ? Plutot que de me lancer dans des hyppotheses inutiles, j'ai conserve le souvenir d'un moment de magie. Encore aujourd'hui. Fin de l'histoire.
Le jour suivant, je suis partie pour decouvrir le parcours de la Highline, ancienne voie ferree transformee en promenade plantee, suspendue entre ciel et terre. Le depart se trouvant dans Chelsea, je suis descendue dans Tribeca pour remonter vers Chelsea car j'adore cette zone.




J'ai monte les marches conduisant a l'entree du passage et j'ai suivi toute la promenade, faisant de nombreux arrets pour ecrire. J'avais decide de passer une journee tranquille a mi-hauteur et dans la verdure. Bon, la Highline etant tout de meme ultra frequentee, je n'y ai pas trouve la quietude attendue mais j'ai vraiment aime ces perspectives et cet angle different.





La journee etant super belle, j'ai decide de retourner dans Central Park que j'avais encore a peine arpente. Je suis descendu au niveau de la 72eme rue, de maniere a passer voir la mosaique dedie a John Lennon, a cote du Strawberry Fields garden. De la, je suis remontee pour faire un grand tour dans le parc immense. Ici et la des artistes jouaient de la musique, sans perturber les joggers, cyclistes ou adeptes du roller. La journee etait magnifique pour les amoureux couches dans l'herbe ou pour solitaires venus bronzer, lire ou regarder les passants. J'ai croise deux corteges de mariage et assister de loin a la ceremonie de l'un d'eux. Ca m'amuse qu'ici on puisse se marier absolument ou on veut, dans son jardin, dans un parc. Il suffit d'appeler ses potes et de se donner rendez-vous dans l'endroit de son choix et hop, tout le monde debarque en grande tenue et ca a de l'allure.




J'ai adore voir les joueurs d'echec installes sur ces tables en pierre comportant le quadrillage necessaire. Certains coins du parc sont dedies a ce jeu. Les gens viennent, s'asseoient et jouent. Je trouverai ce principe a Montreal egalement, a Chicago, et dans d'autres villes encore. Les nord americains aiment les echecs !
Je suis restee longtemps aussi a regarder le spectacle propose par de jeunes blacks pres de l'imposante fontaine Bethesda. Franchement, en les regardant, je me suis dis que tout ce que j'avais vu en matiere de hip hop jusqu'ici c'etait vraiment de l'amateurisme par rapport a ce que j;avais sous les yeux ! Simplement phenomenal. Et realise avec aisance et humour, of course.
L'heure de mon rendez-vous avec le coucher de soleil sur New York approchait. Je suis revenue tranquillement vers le Rockefeller center, et suis entree a 19h15. L'ascenseur a mis a peine 15 secondes pour monter les 70 etages. Le plafond faisait defiler des etoiles et des images futuristes, histoire de nous mettre dans l'ambiance. Evidemment je n'etais pas seule en haut et parfois l'attitude de certains squatteurs des meilleures loges ou autres mal eleves qui vous marcheraient dessus pour prendre THE photo m'a un peu blasee, mais n'empeche, j'etais bien contente d'etre la. C'etait tout simplement magnifique. Je n'ai pas attendu le coucher du soleil parce que la centaine de personnes agglutinees depuis un moment du bon cote, doigt pret a appuyer sur le declencheur, m'a rebutee. Mais comme c'etait calme, et beau, et immense, la-haut... Central Park semblait gigantesque.. et il l'est, en fait.




Je suis rentree bien contente de ma journee ! En dehors de me communiquer les coordonnees que j'attendais avec impatience, Mustapha m'avait aussi signale que sa filel ainee, Oumeima, habite a New York depuis 6 mois, pour finir ses etudes. Par son intermediaire, j'ai pris contact avec Oumeima. Elle me repondra sur Facebook et on convient de se retrouver le lendemain soir, veille de mon depart de New York.
Le lendemain je passerai la journee a planifier un peu la suite de mon parcours, etudier les possibilites de campings et m'horrifier du tarif que je vois sur internet dans les campings prives. Ce jour-la curieusement la patronne de l'auberge se deride et me pose plein de questions gentiment car un voyage en velo la tenterait bien elle aussi...
Elle me donne meme un peu de vocabulaire pour pouvoir expliquer que mon pneu est creve, ou que j'ai besoin d'une nouvelle chambre a air, etc.
Je retrouve Oumeima devant la mosaique Imagine a 18h. C'est moi qui ai propose le lieu de rendez-vous, car Oumeima me dit qu'elle ne connait pas vraiment d'endroit ou aller se promener. Nous nous baladons dans le parc, et je decouvre une jeune fille absolument adorable et tres courageuse. Elle est toute jeune, 22 ans je crois. Ses parents sont divorces et c'est sa mere qui a fortement encourage Oumeima a venir faire ses etudes ici. La vie que decrit Oumeima me choque. Levee tres tot, elle demarre les cours a 7h, termine a 17h et enchaine alors avec un travail dans un restaurant ou elle ne finit qu'a minuit. Lorsque je lui demande si c'est facile de se faire des amis ici elle me repond donc tout naturellement que des amis, elle n'a pas le temps de s'en faire. Ce soir elle ne travaille pas car elle va demarrer demain un autre boulot, du coup on a pu se retrouver mais c'est exceptionnel. C'est la premiere fois en six mois qu'elle sort le soir. Je suis sideree. Je n'aurais pas ce courage !




Elle m'impressionne et me touche, cette petite jeune fille toute gentille et appliquee. Elle me demande si je ne veux pas rester a New York et se propose de m'aider a trouver du travail. Mais ce n'est pas dans mes plans. Nous quittons le parc et marchons longtemps, Nous passons un pont et decidons d'aller prendre le metro a un endroit ou ca nous arrange toutes les deux. Il est 23h. La soiree est passee super vite en sa compagnie...
Au moment d'entrer sur le quai du metro, ma carte de metro bip : plus de credit. Mince ! C'est bien le moment ! Et voila le metro qui arrive. Et les guichets sont surement en bas de l'autre cote de la rue, c'est a dire a au moins 5 minutes de marche. J'ai souvent peste contre le foutu systeme de metro new yorkais ! D'abord, il est vraiment coton de s'y retrouver dans leurs indications. Il existe moultes entrees et sorties qui ne donnent pas toutes au meme endroit, donc il est tres facile de se tromper d'entrer ou de sortie. Ensuite, lorsque par hasard on rate son arret, on ne peut pas toujours descendre a la station suivante et reprendre le metro dans le sens inverse.
Tres souvent si on s'est trompe il faut soit continuer bien plus loin pour trouver une station qui dispose d'un quai communiquant avec la rame qui voyage dans l'autre sens, soit sortir et repayer pour entrer sur le bon quai. C'est a s'en arracher les cheveux.
Ce soir-la, le metro arrive et je n'ai plus de credit sur ma carte. J'incite Oumeima a y aller et a monter dans la rame qui arrive, car elle se leve tot le lendemain matin (moi aussi mais c'est pas pareil). Elle hesite, refuse, puis son regard se pose sur une porte en metal entrouverte et donnant sur le quai. Elle me regarde, montre la porte et l'ouvre un peu plus en m'encourageant a passer. J'hesite une demi seconde, et franchis la porte sans trop y reflechir. Je sais que je suis en train de frauder. Je n'ai pas un sentiment coupable, j'agis sans trop reflechir a ce que je suis en train de faire, en somme.
Nous montons dans la rame qui vient de s'arreter. Et evidemment, au moment ou les portes commencent a se refermer, deux hommes empechent leur fermeture complete et nous interpellent. Je leve les yeux. Ils ont beau etre en civil - notamment l'un d'eux, le plus gros, qui est ridiculement habille en ado sortant du bahut avec son pantacourt et son sac a dos par-dessus son tshirt - je comprends tout de suite. Pas Oumeima. Je lui explique que nous devons sortir. Les deux hommes laissent partir le metro. Le deuxieme flic, pas le gros ado mais l'autre petit en jean, me dit de m'asseoir. Je m'execute sagement. Je suis on ne peut plus zen. Je me dis juste "zut je vais payer une amende". Mais en fait c'est plus grave que ca. Le gars me demande une piece d'identite et comprend que je suis etrangere, ce qui va jouer en ma faveur. Il m'explique alors qu'aux Etats-Unis la fraude est passible de 3 jours d'emprisonnement. Je laisse echapper un "Ah oui quand meme ?!" de stupeur. Oui madame, repond-il serieusement, mais je sens deja que c'est bon je n;aurai pas droit a la prison. Ceci dit je ne m'attendais pas a m'en tirer sans payer un dollar. Les gars me disent que c'est bon pour cette fois mais que je me le tienne pour dit... Je dis merci beaucoup messieur, presque la main sur le coeur, et retourne consoler Oumeima qui est sous le choc et se sent responsable. J'aurai toutes les peines du monde a lui faire entendre que je suis majeure et vaccinee et que c'est mon entiere responsabilite car je savais parfaitement ce que je faisais.
Nous prenons le metro, et ous separons un peu plus loin, chacune continuant son trajet de son cote. Nous echangeons encore des textos plus tard dans la nuit car elle se sent toujours coupable. Je lui repete que non... Adorable Oumeima. Son pere m'enverra un message plusieurs jours apres pour me demander si j'ai vu sa fille et comment elle va. Je lui repondrai qu'il a une fille absolument delicieuse et meritante, qui travaille enormement et n'a pas franchement le temps de se faire des amis...
Moi cette mesaventure ne m'a pas traumatisee. Pour l'heure, mon esprit est dorenavant tout accapare par le debut d'une nouvelle etape. Demain matin je quitte New York pour monter vers Montreal. Ca y est je me remets vraiment en route cette fois. Je suis un peu angoissee. Je boucle mes affaires le plus silencieusement possible dans le dortoir et vais me coucher en me demandant ce qui m'attend maintenant...

Ce qui m'attend en premier lieu au reveil, ce sont deux messages d'Oumeima qui se sent tres mal a l'aise vis a vis de moi pour ce qui s'est passe la veille. Je tente comme je peux de la rassurer, vraiment pour moi c'est deja oublie et encore une fois, je suis majeur et vaccinee et seule responsable de ma decision de frauder...
Réveillée à 7h (heureusement que j'ai choisi une musique toute douce - Zina, en l'occurrence - car je ne me suis pas réveillée instantanément !), je sors prendre ma douche vite fait puis monte toutes mes affaires dans la cour. Presque personne n'est levé, je suis tranquille et pour une fois je n'ai pas à attendre que la cuisine soit accessible pour me faire un café.
Je suis vite prête. Le mp3 s'est rechargé toute la nuit, et j'ai chargé sur le Gps le trajet pour Sleepy Hollow. Alors que je m'apprête à préparer le vélo, une mauvaise surprise m'attend dehors : la roue arrière est à plat ! Allons bon, quoi encore ?! Une vieille paire de chaussettes et un vieux calecon trainent sous le pedalier, et je remarque que ça sent mauvais. Quelqu'un a fait caca en bas de l'escalier d'à côté. Un clochard ? Qui se serait aussi amusé à percer mon pneu ? Bref. Je n'ai plus qu'à réparer.
Je vais chercher mes outils et décide de mettre ma chambre à air neuve. Il me faut 20 minutes pour réparer. Pendant mes préparatifs ma serviette de toilette a séché. Je finis mon café puis je charge. Heureusement l'auberge a une pompe à pied, du coup j'ai pu gonfler à bloc (contrairement à ma pompe classique).
À 9h je suis fin prête, et toute contente de partir ! Ciao tout l'monde ! En route !
Mon chemin prend la direction de Manhattan.
Que c'est bon d'être en route ! Je commence avec assurance puisque j'ai repéré le chemin hier. Mais arrivée près du pont je me trompe, perds les panneaux et tourne en rond. Une dame me remet dans la bonne direction et ça y est me voilà sur la rampe d'accès ! Le pont s'élance devant moi, enjambant le fleuve. Qu'il est beau ! Ça me ramène à ma joie du premier jour. Je pédale sur le pont de Brooklyn, la classe !
Je prends mon temps, je savoure la vue.
Un touriste peut-être tibétain me demande au passage : are you going to tibet ? Je réponds : Maybe ! Il me souhaite bon voyage.
Je redescends le pont et entre dans Manhattan. Je passe par la grande place du palais de justice et pars chercher sur la gauche la rive ouest. Voilà bientôt l'Hudson et la piste cyclable qui démarre. À côté de la piste des joggers. Je pédale avec plaisir le long du fleuve, bien contente de faire mes adieux à New York de cette manière.




Je ne me lasse pas de regarder derrière moi. Je pense tout à coup à Nunu, que j'ai mis dorénavant dans mon sac de guidon. Je décide de faire de Nunu la mascotte de mon voyage. Je le place sur mon vélo et le prends en photo au bord de l'Hudson, avec la nouvelle tour de la liberté en toile de fond.
Au fur et à mesure des intersections je me repère. J'ai dépassé Greenwich, je suis au niveau de Chelsea. 50ème str, au revoir Rockefeller center. 72e, je remonte Central park, bye bye John Lennon... Je reconnais bientôt la tour de l'église de l'université de Colombia, puis le point de vue des Highlines d'où j'ai pris des photos... Les bords de l'Hudson sont joliment aménagés. Les gens se promènent ou se dorent au soleil. J'arrive vraiment au nord de Manhattan. Je longe le Bronx sur sa rive ouest. Des gens jouent au tennis ou au basket-ball. La piste cyclable continuent et grimpent d'un coup vers le park Van Cortland.
Depuis un moment je ne me retourne plus. Droit devant ! Je ne sais pas combien de temps j'ai mis à sortir de New york mais c'est interminable. La piste cyclable contourne un golf. N'ayant pas repéré par où je devais passer, je roule vers des golfeurs. Un vieil homme élégant s'avance pour m'aider. Il m'indique la route et me demande where do I come from. France ! "oh, je suis très heureux de vous rencontrer aujourd'hui !" Je rigole et le remercie alors qu'il me souhaite bon voyage !
Me voilà sur la bonne route, celle qui s'élève dans la foret vers Yonkers. Au bout d'un moment j'aperçois, bien cachées par la foret, de superbes maisons. Ce qui est fou, c'est qu'elles sont toutes plus jolies les unes que les autres. Soit elles sont vraiment belles, soit elles ont un charme fou. Et toujours le drapeau américain ou les fanions, étoiles rouges - blanches et bleues, partout. J'ai envie de m'arrêter 1000 fois pour prendre des photos mais je continue à pedaler, il faut que je m'éloigne de New york. Je verrai ces maisons tout le long de mon chemin ce jour-là. Suis-je dans la grande banlieue riche ? J'ai une fois l'occasion de faire un petit crochet à l'entree d'un village. Je me sens presque chez Dysney. Tout est propre, bien décoré, bien rangé... C'est wisteria lane !! Les américains vivent dans des maisons gigantesques, trop mignonnes, avec des jardins 15 fois plus grands que les nôtres !! Enfin ces américains-là... Mais n'empêche, toute la journée je ne verrai que ça. Oublié les maisons à escaliers côte à côte, les tours à 350 étages !
Me voilà en train de faire des plans sur la comète, achetant une de ces vieilles bâtisses pleines de charme pour en faire une Priscilla américaine. Oh que je me vois bien assise dans mon rocking-chair à bascule, sur le perron de ma maison en bois. Oui j'aime ces balcons en bois à l'entrée, auxquels on accède par 4 ou 5 marches. Invariablement aménagés avec fauteuils tournés vers l'extérieur, fleurs, table,... Et drapeau bien sûr.
Mince alors je suis en train de m'imaginer vivre aux Etats-Unis ! Je revois un film que j'avais vu au cinéma et dont j'ai oublié le titre. Le couple partait en voyage et s'arrêtait un moment dans une de ces maisons. Comment ne pas en aimer le charme paisible ?... Je pédale et je me mets à rêver d'une réponse à un mail, et j'imagine une nouvelle vie dans une maison comme celles-ci... Quand mes rêves ne m'emmènent pas dans ce monde, ils me ramènent chez Priscilla, encore et toujours. Que font-ils ? Est-ce que ça va ? Hana ne répond pas à mes messages facebook, pourquoi ? Siham non plus, c'est bizarre... Morgane est en vacances, j'ai envie de lui envoyer un petit coucou.




Sur ma carte routière j'ai repéré un camping à Croton, au nord de Sleepy Hollow. J'avance, je dépasse Sleepy Hollow qui présente aussi une belle collection de jolies maisons cossues, et je file sur Croton. Il fait chaud, la route monte et descend. Cette première journée de vélo se passe plutôt super bien. Je n'ai aucune idée des kilomètres parcourus mais je suis contente quand J'arrive à la station balnéaire de Croton. Les bords de l'Hudson sont jolis, l'endroit est immense et super bien entretenu. Je m'arrete au bureau à l'entrée.
Le jeune homme à qui je dis que je n'ai pas réservé prend le temps de regarder sur son ordinateur s'il y a encore de la place. Je pousse un ouf de soulagement quand il me le confirme. Pourtant 15 minutes plus tard je constaterai qu'il n'y a qu'une tente sur l'espace réservé aux campeurs en tente... Le gars m'annonce que je payerai le lendemain en partant car le serveur est déjà éteint. Ok. By the way c'est combien ? 50$ me dit-il. Fifty dollars ?? Mes yeux s'arrondissent... My god ! Le gars réfléchit puis me dit d'attendre une seconde. Il tapote sur son ordi puis me dit : ok c'est bon je vous ai passée à 30$. Ah... Merci...
Mais n'empêche, je suis abasourdie... Je remonte sur le vélo avec le moral dans les chaussettes. Mais comment vais-je faire ?? Non à ce prix-là les Etats-Unis sont trop chers pour moi, ça va pas être possible... Je me fais un tas de reproches. Évidemment j'aurais dû me renseigner avant. Évidemment quand on ne prépare rien.. Et puis quelle idée d'atterrir à New York juste parce que le vol n'était pas cher, c'est complètement idiot ! Et je n'ai jamais eu l'idée de venir à New York en planifiant ce voyage, d'où m'est sortie l'idée de faire New york - Montréal ?? Bon remarque, c'est peut-être l'occasion de me lancer dans la demande d'hébergement auprès des gens, des églises, bref d'improviser ! C'est le moment de savoir ce que j'ai dans le ventre...
Je me pose toutes ces questions en arrivant sur le site réservé aux tentes. Entre temps j'ai découvert les plus gros camping - cars que j'aie jamais vus !! Des trucs monstrueux ! Des maisons sur roue... Impressionnants ! Il doit y avoir une animation au bord de l'eau car la musique hurle jusqu'à mes oreilles. Mais qu'est-ce que je fous dans un pays riche, trop riche pour moi ?...
J'aperçois le panneau de l'emplacement n°2. Mais c'est immense ! Toute cette place pour moi toute seule ?? En plus il n'y a personne, la seule tente est à plus de 150 mètres. J'ai deux tables et un barbecue en prime. Ah tiens au fait, je n'ai rien à manger... Enfin un demi paquet de pâtes (mais j'ai oublié de remplir ma bouteille de gaz), une dernière boite de foie gras, et un reste de cookies achetés à New york. Y a-t-il une superette dans le camping ? Je n'ai pas l'impression, et on est loin de la ville... Bon, chaque chose en son temps. J'installe la tente, ma corde pour faire sécher le linge, et j'attache le vélo. Puis je prends mes affaires pour aller me doucher. Je monte vers ce que j'ai cru être les sanitaires. Mais une fois arrivée je trouve porte close et rien n'indique que cette maison en bois soit une douche ou des toilettes. Bien bien bien... J'ai lu que tous les campings aux Usa n'ont pas forcément de douche... Ok..




Mais alors je paie 30$ pour quoi, là, en fait ?... En revenant vers ma tente je vois un jeune gars devant une grosse caisse en plastique aussi haute qu'une personne. Je lui demande s'il y a une bathroom ici. Il me dit oui et me montre la caisse. Ah d'accord, ces machins-là sont les sanitaires utilisés pour les festivals. Mais ça sont des toilettes, d'ailleurs son ami est dedans.
Bon. Je retourne sous ma tente pour me nettoyer avec des lingettes pour bébé. Je laisse la tente ouverte et me mets et petite culotte. J'entends des pas. Le gars de tout à l'heure se plante devant ma tente. How are you ? Euh, ben là je me lave, en fait, tu vois ? Un peu surprise par son sans gêne mais ne voulant pas montrer ma propre gêne, je lui réponds tranquillement. Ça va. Qu'est-ce que vous faites là ? - continue-t-il. Je campe ! Je voyage avec mon vélo et je me suis arrêtée pour passer la nuit ici. Son ami arrive et me salue. Ils me souhaitent bonne installation et welcome. Ouais ouais, ok thank you... Ils filent, je continue ma toilettes en me questionnant sur leur raison de venir ici me parler. D'où ils étaient ils pouvaient voir tout ce que j'avais sous la tente. Ça ne me plait pas. Mais ils n'ont pas l'air très malins. Je me suis à peine rhabillée que les revoilà. Sorry to disturb you but do you know who is in this other tent ? Quoi, dans l'autre tente ?? Bah non ! C'est quoi ces questions ? Je leur demande s'ils cherchent quelqu'un. Non, C'est juste pour savoir. Allons bon... Je sors de ma tente et leur demande à mon tour ce qu'ils font là. Ils sont venus pour le festival de musique équatorienne. Avec des amis. Ah bon c'est dont ça que j'entendais ? Bon et vos amis ils sont où ? Par là. On s'asseoit et on discute. Ils sont impressionnés par mon vélo. Mais comment j'ai fait pour l'amener ici ? C'est curieux comme tout le monde me demande ça ici ! Évidemment par avion, comment n'y pensent-ils pas tous seuls ? Je remarque que voyager en vélo n'est pas un hobby habituel ici. Voyager avec sa maison sur un énorme camion oui, avec 4 malheureuses sacoches et même pas de barbecue sur un vélo, non.
Ils veulent encore savoir si j'ai des enfants, pourquoi je voyage seule, si je n'ai pas peur de camper seule ici - no, why ? Should I be scared ? Ils haussent les épaules : non...
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Au bout d'un moment ils me serrent la main et me souhaitent une bonne soirée puis partent rejoindre leurs amis. Mouais. Je n'aime pas ça. Étaient-ils en repérage ? Je n'ai pas confiance et décide de ne pas quitter la tente ce soir. Je m'installe à une table et me mets à écrire. Ils m'ont confirmé qu'il n'y a qu'un stand de restauration à 15$ le plat, ici. Je choisis donc cette soirée pour m'offrir mon dernier pique nique de luxe au foie gras, accompagné de cookies !
La lumière du jour baisse. Ça m'ennuie tout de même de ne même pas aller voir le bord de l'Hudson river pour rester faire le guet devant ma tente ! Zut ! Je prends tous mes objets de valeur avec moi, attache un cadenas pourri à l'ouverture de la tente et pars en vélo au bord du fleuve.
Je ne regretterai pas. C'est mignon et paisible, je passe un bon moment. Puis je rentre à la tente et constate que tout va bien. J'écris encore un peu à la lumière de la lampe électrique, puis passe sur mon portable. Étant donné que je n'ai pas accès à mon blog ici, j'ai décidé d'écrire dans des mails à ma mère ce que je reporterai plus tard sur le blog, quand j'aurais à nouveau accès à un ordinateur de temps en temps. Je commence donc à raconter mon départ de New York. Mais la luminosité du téléphone dans le noir me fatigue... Je m'endors tôt, comme chaque nuit en camping !
Le lendemain je plie bagage et constate avec plaisir que mon vélo est toujours là. Je fixe la sonnette rouge qu'une guest de Priscilla m'a offerte et je remonte un des retroviseurs. Une fois prête je pars au bureau à l'entrée pour payer. Il y a de nouvelles têtes ce matin derrière le comptoir. Je donne mon nom. La femme ne me trouve pas dans l'ordi. Je lui montre mon nom sur mon passeport. Vous aviez réservé ? - non. Et repartez déjà ce matin ? - oui. Ok c'est bon filez !
Je ne suis pas sûre de comprendre... You are sure ? Vous avez 2 secondes pour disparaître - me repond-elle en souriant. J'attrape mon sac, mon passeport et sors en la remerciant !
Cool ! Voilà une journée qui commence bien ! Je télécharge le plan de route sur mon gps et appuie sur les pédales. Je branche mon mp3, et les premières notes de Religion viennent s'ajouter à ma bonne humeur. C'est vraiment une belle journée qui s'annonce ! Siham m'a envoyé un gentil petit message. Un peu court mais n'empêche, ça fait du bien. Hana, pourquoi ne reponds-tu pas ? Je sais que je dois faire attention à ne pas devenir addict aux contacts, c'est dangereux, ça peut jouer sur mon moral - comme cet autre mail que j'attends en vain.
Le hasard ou l'intuition faisant toujours bien les choses, depuis mon arrivée aux Etats-Unis je reçois tous les jours des messages de Paris. La personne que j'aime a-t-elle senti que j'en avais particulièrement besoin en ce moment ? Ou est-ce juste que les vacances lui donnent plus de temps pour ça ? En tout cas ça me fait beaucoup de bien !
Je retrouve ma route verdoyante montant vers le nord. Il fait beau et chaud. Tout de même au bout d'un moment je trouve que c'est monotone. Les maisons et les accès des petites villes sont si protégées du bord de la route que je ne vois que des arbres, de la foret et encore de la foret.
La 9D monte et descend sans arrêt. J'apprends à me méfier des pentes. Des que je m'engage dans une belle descente je peux être sûre de trouver une belle côte à la suite ! Alors que je pédale en trouvant le temps long, aux abords d'une petite ville, une biche tourne la tête vers moi. À moitié cachée dans les herbes hautes du bas-côté de droite, elle me regarde bien droit dans les yeux et réfléchit un peu avant de se décider à deguerpir ! Hop elle se retourne et bondit droit devant elle... C'est à dire dans le sens où je roule. Elle m'accompagne ainsi une cinquantaine de mètres, puis décide que ça va bien comme ça et d'un bond sur la droite elle disparait dans les fourrés. Je suis toute contente...
Mais décidemment à part mon plaisir de rouler retrouvé (sans compter ma fascination pour les jolies maisons que j'aperçois et le fait que le mouvement chasse ma mélancolie), cette route est bien monotone. Les arbres me cachent même l'Hudson river.




Sur le bord de la route, dans un paysage dégagé tout à coup, j'aperçois une église adventiste. Quelle différence avec les nôtres, si petites en comparaison ! Mais ici toutes les églises, de toutes les confessions, ont pignon sur rue !
Vers 15h, à l'intersection de ma route et d'une autre, je tombe sur une station essence qui fait aussi snack. Je m'arrête et m'offre un café. Au moment où je sors boire mon café dehors, je croise un randonneur sac au dos et bâton à la main. Il randonne sur l'appalachian trail. Il m'annonce de la pluie pour cet apres-midi peut-etre, demain surement...
Ma carte routière à grande échelle me rend optimiste sur ma progression. Je ne sais pas combien de kilomètres je roule mais en tout cas j'avance résolument vers le nord de la carte. Je depasse la hauteur de West Point. Est-ce que ce sont des militaires qui habitent ces grandes maisons cossues ?...
J'arrive en fin d'apres-midi à l'entrée de Poughkeepsie. Après tous les beaux villages que j'ai croisés jusqu'ici, j'éprouve un certain plaisir à découvrir une petite ville visiblement plus populaire. C'est tout de suite moins classe, mais c'est aussi plus vivant. Au lieu d'assister à des scènes dignes du Truman show, je vois des gens faire leurs courses dans des magasins aux vitrines d'une propreté douteuse, des maisons nettement moins proprettes mais avec un charme un peu grunge, des bars d'où sortent des motards tatoués de partout, des femmes promener les enfants dans la poussette.




Ça monte sévère pour aller vers le centre ville. Je n'ai vu aucun camping indiqué. Dans une montée, j'aperçois l'entrée d'un parc qui descend le long du fleuve. Un jeune black remonte en parlant avec quelqu'un au téléphone. Le coup d'oeil que j'ai jeté vers le parc m'a fait louper un coup de pédale, je n'ai plus assez de force pour continuer à rouler dans la montée. Le gars a raccroché et, pensant que j'hésitais, me dit en désignant le parc : c'est joli par ici. Oui ça a l'air, mais en fait il faut que je trouve un endroit pour dormir. Il n'y a pas de camping par ici ? - Ah non,... Je ne vois pas, non. - Bon, je pense que je vais aller frapper à la porte des églises.
Alors le jeune me suggère : vous pourriez aller demander au family partnership. Je n' ai pas la moindre idée de ce que c'est. J'imagine un genre d'association de quartier. Le jeune m'indique où ca se trouve sur mon gps. Ok c'est parti. Je le remercie et monte la côte, qui m'emmène directement dans Main street.
J'arrive bientôt au croisement que le jeune m'a indiqué. Je ne vois rien. Un black traverse la rue. Je lui demande s'il sait où se trouve le family partnership.
Il se tourne et me montre du doigt une porte en fer marron. C'est après cette porte - me dit il. Je traverse et file vers le portail ouvert d'un genre de terrain vague qui doit être un jardin, entourant un vaste bâtiment ressemblant à une école. Une vingtaine d'hommes et de femmes visiblement d'un bas niveau social (vêtements cheap, attitudes de marginaux), sont attroupés à une dix mètres de l'entrée. Vaguement inquiète de laisser mon vélo dehors sous leurs yeux, je pousse la porte et me retrouve dans un grand couloir. On dirait vraiment un bâtiment scolaire. Des indications partent dans tous les sens, vers les différentes branches du bâtiment. Soins dentaires, assistance sociale, sport, cours de langue,... Je commence à comprendre que je suis dans ce qu'on pourrait considérer comme un centre social. Les bureaux de la direction sont de l'autre côté. Je sors, contourne le bâtiment avec mon vélo et descends voir un gardien qui me voit arriver avec surprise. Un homme sort des bureaux à ce moment et s'arrête à la hauteur du gardien, tout aussi surpris. J'explique les circonstances qui m'ont conduite ici. Les deux hommes sont un peu décontenancés. Vous savez où vous êtes ? - je crois que c'est un centre social ? En fait, me dit le gardien, c'est un peu plus que cz mais en tout cas pour ce qui est de passer la nuit ici c'est possible mais uniquement au "shelter", c'est à dire le centre d'accueil des sans abris. Ok. L'autre homme, visiblement un fonctionnaire qui travaille dans les bureaux, écoute attentivement.




Depuis le début je sens ces deux hommes perplexes mais soucieux que je trouve une solution. Aucun ne me demandera pourquoi je ne cherche pas un hôtel.
"Si ça n'est pas un problème pour vous et pour les autres personnes hebergées, ça n'est pas non plus un problème pour moi" - leur dis-je. Ils sont d'accord. Le gardien m'envoie de l'autre côté - là d'où je viens - voir son collègue de sa part. L'autre homme commence à aller vers sa voiture mais me glisse : lock your values... Ok, message reçu.
Me revoilà de l'autre côté. La petite troupe a grossi et me me regarde avec curiosité. Le gardien est assis en train de discuter tranquillement avec un des accueillis. La population, y compris les gardiens, est black à 90%.
Tout aussi surpris que ses collègues, le gardien prend les choses en main. Il va s'occuper de moi. Les accueillis s'intéressent à moi. Ils sont curieux mais pas oppressants. Les questions commencent. Tu viens d'où ? Tu as amené ton vélo de France ?! Tu voyages seule ?! Ils discutent et se marrent. Je ne comprends pas tout. Mais sans être hyper à l'aise non plus (par rapport à mon statut de touriste au milieu d'eux), je sens de la bienveillance, voire du respect, et ne crains pas trop pour mes affaires. Je m'eloigne du vélo pour fumer à l'endroit autorisé. De là où je suis, j'ai l'oeil dessus. Un des gars, grand et costaud, s'approche et fait mine de toucher la sonnette. Les autres (et le gardien en premier lieu) l'interpellent tout de suite. Je n'ai même pas à intervenir. Il se tourne d'ailleurs vers moi et de loin s'excuse, me dit qu'il n'aurait pas dû, qu'il voulait juste voir le bruit que fait la sonnette. Quand je redescends vers le vélo je lui montre. On discute un peu, ça n'est déjà pas courant pour les américains visiblement de voyager en vélo, mais que je sois venue de France pour galerer sur les routes toute seule, alors là ça les épate. Et tu vas où ? Montréal ? Mais tu en as pour des centaines de miles !! En effet...
Nos conversations sont interrompues par le gardien qui se demande où on va laisser mon vélo pour la nuit. C'est que je n'ai pas encore compris qu'on ne dort pas ici. Ici, on s'enregistre puis on nous conduit en dehors de là ville. Le gardien se concerte avec un collègue du centre, celui qui fait signer les accueillis et donne les consignes. Ils me disent que je dois garer mon vélo ici, dehors, pour la nuit. Bon...
Au moment de commencer le recensement des présents pour ce soir, les gardiens me font passer en premier - ce qui me gène mais les gens ont tous l'air d'accord. Ils sont tous hyper prevenants. Une dame s'inquiète de ce que je vais faire de mon vélo. "Ne vous en faites pas on va me dire où le laisser". Apparemment il y a tout le temps des vols, et on dirait qu'ils veulent tous m'en préserver ! Je signe le papier que me tend un brave vieux bonhomme qui me signifie que j'ai le lit numéro 31. D'accord..
Puis le gardien m'accompagne dehors et surveille la manière dont j'attache mon vélo. On enlève tous les bagages et on transporte tout dans un minibus dans lequel les femmes montent au fur et à mesure qu'elles reviennent des inscriptions. Je monte aussi et m'asseois à côté d'une grosse femme noire qui pianote sur son téléphone, casque audio vissé sur les oreilles. En déplaçant son sac pour que je m'asseois, elle a bousculé la femme de devant qui le lui fait remarquer. Pas de réaction. L'autre se retourne et répète sèchement : je t'ai dit que tu m'as cogné la tête avec ton sac ! Ma voisine entend cette fois. Désolée, j'ai bougé mon sac pour qu'elle puisse s'asseoir ! Le silence revient dans le minibus après ces explications. On attend encore 10 minutes puis les gardiens viennent fermer les portes (les hommes sont dans un autre véhicule), et le vieux bonhomme qui m'a fait signer prend le volant. Nous voilà parties pour 10 minutes de voiture à travers de grandes allées aux belles maisons, pour sortir de la ville. On nous conduit dans un grand parc. Un gros bâtiment plutôt joli, en briques rouges, se trouve au milieu du parc - une petite foret. Waouuh ! C'est ça le foyer pour sans abris ? Ben dis donc on ne les traite pas comme de la merde ici ! Je récupère toutes mes affaires et les monte dans le bâtiment. J'ai 5 marches à monter. La porte d'entrée donne sur un long refectoire où des gens mangent déjà. Des portes sur la gauche conduisent aux dortoirs. On m'indique le mien. Il est déjà plein. J'ai un lit dans le coin le plus retiré - donc le moins exposé aux allers et venues. Ce sont des lits superposés. Je suis en haut. Les matelas sont recouverts d'un plastic. On a un drap housse à installer, et une chouette légère. J'installe la housse mais on me dit de venir vite manger. Bon. Je monte toutes mes sacoches et garde avec moi ma sacoche de guidon. Dans le refectoire le vieux bonhomme me repère et me conduit au chef du centre, un jeune black à lunettes. Celui-ci me propose de garder dans son bureau mes affaires de valeur. Ok, je pars chercher appareil photo, tablette, liseuse. Quand je reviens je les trouve en train de discuter de mon vélo. Ça ne leur plait pas qu'il soit resté en ville. Le chef demande à un des gars de prendre le minibus et d'aller le chercher. Ça me gêne de leur donner du boulot en plus, mais le chef insiste. John, mon chauffeur black, m'emmène chercher les clefs du minibus puis on sort et on monte en voiture. Au moment de partir, une des femmes s'approche, très embetée. Elle a oublié un de ses sacs dans le hall où il faut s'enregistrer. John la fait monter avec nous et démarre en trombe car le centre en ville est sur le point de fermer ! On fonce. Une des portes est fermées quand on arrive, mais l'accès par l'arrière est encore ouvert ! Je charge mon vélo. Frances, la femme qui est avec nous, revient avec son sac... Qui a été delesté de son portefeuille et des clefs de sa voiture ! John se montre super gentil avec elle. On discute tous les trois au retour. Frances lui demande s'il va vraiment partir (quitter le centre). John explique que tout dépend d'un appel qu'il attend anxieusement depuis ce matin. Son travail au centre d'accueil est un boulot d'appoint qui lui permet d'arrondir ses fins de mois. Son principal travail est chauffeur pour les bus scolaires. Mais sa compagnie va se séparer de 100 chauffeurs pour des raisons économiques. Des entretiens individuels doivent être programmés avec les potentiels candidats chanceux qui devraient rester. Il attend donc l'appel qui lui confirmera qu'il va avoir un entretien. Il pense avoir de bons atouts pour rester. Et puis il faut qu'il garde ce job, qui lui permet de vivre correctement avec son fils de 12 ans qu'il élève seul depuis son divorce. Avec ses problèmes de dos il ne peut pas conduire trop d'heures de suite mais avec les tournées scolaires c'est juste parfait pour lui.
Nous revoilà au centre. Je gare mon vélo dehors et entre. Presque tout le monde a mangé mais on m'apporte une assiette de pâtes au fromage, 3 bananes, un sandwich au beurre de cacahuète et confiture, et 3 barres de céréales ! Plus un jus de fruit ! C'est beaucoup trop mais on me dit de garder ce que je ne mange pas ce soir pour le lendemain.
Après le dîner je discute encore avec Erwin. On papote, puis il veut me donner des conseils sur l'itinéraire à suivre pour les prochains jours alors je deplie la carte. Il prend mon doigt pour me faire suivre la route sur la carte, et au fur et à mesure se penche de plus en plus vers moi. Je recule. Il comprend, s'excuse et se lève. Je vais me coucher, on se revoit demain au petit déjeuner ? - lui dis je pour ne pas le brusquer. Non je pars très tôt pour mon boulot, bonne nuit et bon voyage !
Je vais dans le dortoir. Plusieurs femmes dorment déjà. Je vais prendre une douche puis monte me coucher tout habillée car je n'ose pas me mettre en petite tenue devant ces femmes.
J'avoue que je trouve incroyable la manière dont j'ai été accueillie. Il était visiblement impensable que je passe la nuit dehors. Mais dormir et manger aux frais de l'état américain dans un centre censé aider les sans abris - alors que j'aurais pu aller à l'hôtel -, c'est tout de même un brin gênant. Évidemment je suis contente de ne rien dépenser mais j'ai le sentiment de profiter du système, pas forcément à juste titre.
Quoi qu'il en soit, je suis là. La responsable du dortoir m'appelle. Je dois venir avec ma pièce d'identité. Ah bon. Je descends. Le brave vieux bonhomme du début m'attend à une table pour remplir avec moi une liasse de papiers. Le formulaire d'engagement que doit remplir toute personne hebergée. Bon. Passées les informations d'état civil, les infos sur d'éventuelles maladies, commence un sketch dû au grand sérieux avec lequel le vieux fait son travail. "En admettant que vous resteriez finalement plus d'une nuit, seriez-vous d'accord pour rencontrer une assistante sociale pour étudier vos opportunités d'emploi ?"... Euh, oui ok ! "Bien. En admettant que vous restiez plus d'une nuit, seriez-vous d'accord pour être vaccinée contre le tetanos ?" Je suis déjà vaccinée. "En avez-vous la preuve ?" Oui mais il faut que je trouve le papier, il est dans une de mes sacoches. "Bien. Si vous pouviez le retrouver d'ici demain matin pour qu'on en fasse une copie ce serait parfait".
Et on continue à admettre que je reste à Poughkeepsie plus d'une nuit, et on remplit consciencieusement le formulaire ! À la fin il me fait signer puis me tapote le bras gentiment, tout content qu'on ait bien répondu à tout ! Je suis intérieurement morte de rire..
Enfin je vais me coucher. Je voulais écrire mais les lumières sont éteintes. Dodo !

Je me réveille à 5h20, juste avant que la responsable du dortoir ne vienne sonner le réveil pour tout le monde. C'est qu'il faut partir tôt ! Je remballe mes affaires et vais prendre un café comme tout le monde. Il pleut. Les responsables insistent pour que je prenne le ticket de bus auquel j'ai droit pour revenir en ville, mais je finis par réussir à leur faire comprendre que je vais partir en vélo ! Mais vous pouvez mettre le vélo dans le bus ! - ne vous inquiétez pas, je vais pedaler...
Je charge sous la pluie. Ça fait des mois que je n'avais pas sorti ma veste gore-tex ! Un des accueillis me regarde par la fenêtre. I love you girl ! I wish I could come with you... Je lui offre une cigarette, nous discutons à l'abri relatif d'un arbre, puis je dis au revoir et je monte sur mon vélo.
En route ! Frances arrive en voiture à ma hauteur. Un ami est venu la chercher avec sa voiture. Elle m'indique la direction à prendre, ma route est juste 100m plus bas vu qu'on nous a emmenés au nord de la ville. On se dit au revoir - ici les américains me souhaitent "a safe day" ou "a safe trip".
Je me lance sur la route pour mon étape du jour : Hudson city, ville d'artistes où j'espère trouver un hébergement pas cher. Très vite je suis trempée ! Il pleut des trombes d'eau pendant toute la matinée. Heureusement la route n'est pas trop dure. Je ne vois pas grand chose. Je fais très attention mais ça va, mes pneux ne glissent pas.
Vers 12h l'intensité de la pluie diminue. C'est quasiment terminé lorsque tout à coup je m'aperçois que ma roue arrière à crever. Génial ! Je degouline de partout, la réparation va être un vrai bonheur ! Évidemment il n'y a pas le moindre endroit où s'abriter. Je vais me mettre sous un arbre à l'entrée d'une propriété. J'inspecte le pneu coupable et ne vois rien. Je fixe une rustine sur le trou et regonfle après avoir attendu pour laisser sécher. Je suis assez fière de moi, je suis de plus en plus rapide dans les réparations. Un peu trop, sans doute, ce coup-ci. Je sens que je ne remets pas tout à fait bien la chambre à air. Mais je suis pressée d'en finir. Je gonfle autant que je peux, je recharge tout et c'est parti sous le soleil qui pointe son nez !




À peine 300m plus loin je passe devant un garage ouvert. Cool ! Je toque à la porte et demande si on peut regonfler mon pneu à bloc. Pas de problème ! Comme dit le gars, je n'aurais pas pu crever à un meilleur endroit ! Je le remercie vivement et repars toute guillerette. En plus ça descend !
Mais je n'ai pas fait 800m que j'entends très nettement "paf !..pfff...." à l'arrière ! Mince.. Je décide de faire demi tour pour retourner au garage. J'explique au gars surpris que j'ai dû manquer un truc, quelque chose est probablement resté dans le pneu. Je vais réparer à nouveau à côté de son garage.
Re-inspection et à nouveau je ne vois ni ne sens rien au niveau du pneu. Par contre la chambre à air était tordue sous le pneu. On regonfle à bloc, et je repars. Prudemment cette fois. Aux aguets..
Plus d'un kilométre plus loin, troisième crevaison. Bon. Il y a forcément un truc dans la roue, c'est sûr. Je suis au milieu de rien. je m'installe au bord de la route, heureusement peu fréquentée.
Cette fois-ci pas le choix, il faut que je trouve d'où vient le problème. Je scrupte le pneu dans ses moindres détails. Mon regard finit par être attiré par le trou qu'a provoqué la première crevaison en Espagne, à peine franchie la frontière. Depuis le début je me dis que je devrais faire quelque chose. Je prends mon canif et à l'aide de la petite lame je sonde l'ouverture. Bingo ! Je sens puis je vois quelque chose à l'intérieur. Je sors deux petits bouts de verre marron, bien logés dans le trou ! Je ne suis pas peu fière de moi sur ce coup-là ! Je me sens super fortiche de m'être debrouillée ! Encore un peu plus autonome. Bon évidemment j'aurais pu faire bien avant ce qu'il faut pour éviter ça. Mais bon. Pour l'instant j'ai trouvé toute seule d'où venait le problème et je vais pouvoir réparer puis repartir. Je chante de fierté et de bonheur !
Avant de refixer le pneu je colle plusieurs couches d'adhesif à l'intérieur du pneu, pour protéger un peu plus la chambre à air. Et voilà, je gonfle à mort et je repars.
Il fait super chaud. À la première station essence que je croise, je gonfle au max mon pneu arrière. Je roule tranquille, je sais que je ne risque plus de crevaison pour l'instant !
Un peu plus tard, à l'approche d'Hudson, je m'arrête prendre un café. Par la vitrine du general store j'aperçois un couple âgé qui déjeune. Je gare le vélo, vais aux toilettes, commande mon café et sors le boire dehors. Quelques instant plus tard le couple sort et la dame aux cheveux longs encore un peu blonds m'aborde : vous devez être une cycliste professionnelle ! - oullala non ! je vais lentement. Et aujourd'hui j'ai crevé 3 fois en une heure ! Elle me demande d'où je viens, où je vais, me raconte qu'elle a de la famille en Italie d'où sont originaires ses grands-parents - ah bah moi aussi ! Non ? Tu entends, chéri ? Oui oui il entend et acquiesce avec un gentil sourire. Je leur demande s'ils sont de Hudson, dans l'espoir qu'ils puissent m'indiquer un camping mais non, ils habitent plus loin. On continue à papoter puis ils s'en vont : it was nice to talk with you, have a safe trip ! Merci madame !




La route me conduit droit sur Hudson, ancienne ville fréquentée par la beat génération. Les premières maisons que je vois sont un rien delabrées mais elles ont du charme. J'arrive à côté d'une promenade fleurie qui surplombe le fleuve. C'est tout paisible.
Je prends la rue principale, à la recherche d'un plan pour dormir. Les boutiques se suivent, c'est tout calme, il n'y a pas grand monde dehors. Sur ma gauche j'aperçois un café au nom aguicheur : "The place to be". Je décide d'y entrer pour me connecter à internet. La patronne, une femme noir au regard pénétrant, discute avec un ami black moustachu d'une cinquantaine d'années. Je commande un coca et demande si je peux brancher mon téléphone. Pas de souci elle m'installe dans le coin où se trouve la prise.
Mes recherches pour trouver un camping étant vaines, je retourne voir la patronne. Elle interrompt sa conversation et réfléchit conjointement avec son ami sur l'existence de campings dans le coin. Attendez je vais appeler Jane, elle fait souvent du camping. Et la voilà qui decroche son téléphone et laisse un message à Jane qui ne répond pas.
Pendant qu'on attend que Jane rappelle, l'ami de la patronne réfléchit aussi et se propose d'appeler Maggy. Jane rappelle et confirme qu'il y a un camping pas loin mais ses indications ne sont pas assez précises. Qu'à cela ne tienne ! Un autre appel à Maggy nous donne la solution. Je dois aller au golf qui est à côté de l'aéroport. Je remercie chaleureusement pour les appels passés et la solution trouvée. Au moment de payer mon coca la patronne refuse. Cadeau ! Décidemment... Je remercie encore la cantonnade et reprends la route. D'après mon gps j'en ai pour 45mn. C'est parti. Mais au bout de 15mn j'entends le tonnerre gronder.. Mince, les nuages se sont amoncelés au-dessus d'Hudson en un clin d'oeil. Les premières gouttes arrivent. Je me gare le plus possible sous un petit fourré. Mais en un rien de temps c'est le déluge qui s'abat sur la ville et je suis à nouveau trempée. Il était dit que je passerai la journée mouillée !
Je tente un autre abri sous un gros arbre mais ca ne sert pas à grand chose.
J'attends tout de même que ça se calme un peu. Et puis je me remets en route. Je m'eloigne du centre et pars dans la campagne. On a saisi dans le gps les coordonnées d'un restaurant que je finis par trouver. Mais il est fermé. Alors que j'en fais le tour pour voir s'il y a quelqu'un, une voiture s'arrête et me klaxonne. Une femme m'interpelle depuis l'intérieur de la voiture : vous n'étiez pas par hasard dans le bar The place to be il y a une demi heure quand on m'a appelée ? - Si !! Je m'en doutais, je viens de dire à mon mari : ça c'est quelqu'un qui cherche le camping !
Elle me montre le chemin puis me souhaite bonne route. Je longe l'aéroport et finis par arriver au golf, qui est immense et s'en va par-delà la colline pour s'enfoncer dans la foret. Je fais le tour du bureau mais ne vois personne à l'intérieur. À 30m de là, une femme et deux hommes discutent devant une maison. Je vais leur demander s'ils savent où se trouvent les responsables. La femme va chercher son téléphone et appelle "John". En attendant qu'il arrive, on papote. Elle partage la maison avec les deux gars, chacun occupe un espace avec des entrées séparées. Elle a grandi ici et n'en est jamais partie, à tel point qu'elle ne peut pas me décrire la route d'ici à Montréal.
Mais elle se plait ici. Le paysage est beau, la vie est paisible.
John descend en voiture depuis la colline du golf. Il m'annonce le tarif : 10$. Cool. Je dois remonter le chemin par lequel il est arrivé, dérangeant au passage un troupeau de canards. Au sommet de la colline le chemin tourne à gauche et conduit à l'orée d'une forêt. Quatre campings-cars sont installés à demeurre sous les arbres. Une cabane accueille au milieu les sanitaires. Un homme barbu aux cheveux longs gris-blancs est sur le pas de sa porte lorsque je mets pied à terre. Il travaille pour le camping et le golf. Bill se montre extrêmement accueillant et prévenant. Je peux m'installer où je veux, il tire une immense rallonge jusqu'à ma tente pour que je puisse brancher mon téléphone, et me propose d'utiliser sa cuisine si j'ai besoin. Ma bouteille de gaz étant presque vide, je veux bien en effet faire cuire mes pâtes dans sa cuisine !
Je m'installe, vais prendre une douche et laisse sécher mes vêtements dans la cabane puisque je suis la seule femme du camping. Puis je sors mes pâtes et vais frapper à la porte du camping-car de Bill. Il regarde la télévision. Pendant que je cuisine, on discute. Il habite et travaille ici depuis 16 ans. Il vient du Texas. Son ex-femme, me dit-il, lui a tout volé au moment de la séparation. Il est venu vivre ici, est tombé sur ce coin qui lui a plu.




Il a aménagé le camping-car en mini appart et a construit une dépendance qui lui donne un salon en plus. La dépendance peut être fermée lorsque Bill a besoin de partir avec son camping-car. Par bonheur un de ses enfants vit près d'ici et Bill peut régulièrement voir sa petite fille dont il est raide dingue, et très fier. Il la suit dans tous ses déplacements pour ses matches de basket. Adolescente, elle a déjà un très bon niveau.
Bill est heureux ici. Il a tout ce qu'il lui faut et il voit souvent sa petite fille, qui lui a appris à envoyer des textos et qui le bombarde de messages toute la soirée.
Quand mes pâtes sont prêtes, je les mange dans son sofa, dans son nouveau salon en bordel mais en cours d'aménagement.
Je passe une très bonne soirée avec lui. Pour finir, il me convainc d'accepter qu'il me cuisine un vrai petit déjeuner le lendemain matin. Il adore cuisiner pour les autres. Rendez-vous est donc pris. Je vais me coucher en admirant la myriade d'étoiles qui brillent dans le noir.
Je ne dors pas très bien, comme souvent sous la tente, je me reveille et me rendors sans arrêt. J'entends qu'il pleut. Mes chaussures ne vont jamais sécher !
Le lendemain matin, alors que je reviens de la douche avec toutes mes affaires mises à sécher la veille toujours aussi trempée, Bill me souhaite le bon jour et me fait remarquer que j'ai eu de la chance cette nuit. Il me montre une grosse branche d'arbre qui a craqué et s'est affaissée dans la nuit, à 10 mètres de ma tente. Ni lui ni moi n'avons entendu quoi que ce soit.
Je sens la bonne odeur du bacon qui grille. Je me dépêche de ranger mes affaires puis je vais frapper à la porte de Bill.
Il est en cuisine et termine de faire revenir les petites pommes de terre. Ce n'est pas un petit déjeuner c'est un déjeuner ! Café, bacon, pommes de terre, oeuf ! J'en ai pour 2 jours !
Pendant qu'on mange je lui fais remarquer que très peu de gens fument ici (il est fumeur et fabrique ses propres cigarettes). Je trouve qu'ils ont de la chance de si peu sentir le tabac dans les rues, les parcs, etc. Bill me répond : on fume peut-être moins que les français mais on a des armes. Ah oui ? Pour preuve, il me montre les deux fusils qu'il a dans sa chambre. "J'ai appris les règles de sécurité à ma petite fille" - précise-t-il. Il m'explique aussi que lorsqu'il était petit il a grandi avec la culture de la chasse pour se nourrir. Encore aujourd'hui, s'il lui arrive de tuer un animal, il le mangera car il ne souhaite pas tuer pour tuer.


N'empeche, ca me fait tout de meme tout drole d'avoir deux fusils devant moi... Drole de pays...
L'heure du depart arrive. Bill me donne son adresse postale et me demande de lui donner des nouvelles. Je le remercie vivement et le salue de loin avant de disparaitre de ses yeux en descendant retrouver la route.
Pour mon plus grand plaisir, celle-ci commence a etre un peu plus sauvage et campagnarde que ce que j'ai vu jusqu'a present. je me sens un peu plus en nature. La piste part au milieu des champs et les proprietes se font plus rares. Les grandes fermes apparaissent. C'est plus vallonne egalement, je joue a saute-moutons mais en douceur, rien d'extenuant. Je m'eloigne pour un temps de l'Hudson et file a travers la campagne sur la 9H.
Les kilometres defilent, je m'etonne d'avancer aussi vite. Je ne pensais pas arriver a Albany ce soir mais au fil des heures ca devient tout a fait possible.

Alors que je sens la grande ville approcher, je pedale moins vite et chante a tue-tete sur la route - la voie cyclable est extra large et a l'approche d'Albany elle se transforme en piste cyclable a l'abri des voitures, passant au milieu des arbres le long du fleuve.
J'entre dans Albany en franchissant un grand pont. ses gratte-ciels, bien plus petits que ceux de New York bien sur, se regroupent en son centre comme pour toutes les grandes et moyennes villes que je verrai sur mon parcours.
Les grandes rues sont calmes, je ne sens pas la meme agitation qu'a New York et c'est plutot pas mal ! Je suis les indications pour tenter de trouver un centre d'infos touristiques. J'apercois au passage un grand classique dans l'amenagement des parcs : le banc sur lequel est sculpte un personnage. J'en verrai pleins dans d'autres villes. Parfois il s'agit d'un personnage connu mais pas toujours.
Je trouve le centre d'information touristique et demande a la dame quel serait l'hotel le moins cher, a moins qu'il y ait un camping dans le coin. Elle se plonge dans sa documentation et passe meme deux coups de fil pour moi. Le premier dans un hotel, mais bon c'est tout de meme 50 dollars. Le deuxieme a ses collegues de Waterford.













En effet sa soeur - qui est arrivee entre temps et travaille au meme endroit, s'est souvenue qu'il y a un site pour campeurs du cote de Waterford.
Waterford est une petite commune au nord d'Albany. Bon, il me faudra faire quelque chose comme 12 kms de plus, mais si je suis sure de trouver un coin pour planter la tente ca vaut le coup. Je suis un peu decue de ne pas pouvoir prendre le temps de me balader dans Albany mais tant pis !
Je remercie, et reprends la route. Je passe sur le vieux pont d'Albany et attrape la piste cyclable qui longe le fleuve jusqu'a Waterford. C'est long mais tres joli. Je prends le temps de m'arreter et de contempler le fleuve, les vieux ponts rouilles...
La petite ville de Waterford est un havre de paix. Les vieilles maisons s'appuient les unes contre les autres et respirent la tranquillite. Je tourne un long moment avant de comprendre ou je dois aller pour trouver le site en question. En fait, il ne s'agit pas d'un camping. En face de Peeble Islands, un bureau accueille les plaisanciers qui s'arretent en bateau. Le bureau est ouvert. Puis-je vous aider ? J'espere ! - dis-je a la benevole qui gere le bureau ce soir. Je suis a la recherche d'un endroit pour camper ce soir... La dame sourit et m'annonce que je peux bien sur planter ma tente ou bon me semble, sur le bord du fleuve, en face des bateaux amarres. C'est gratuit et elle me confie une clef pour avoir acces aux douches et toilettes du petit port. Incroyable ! J'ai du mal a cacher ma joie. L'endroit est super mignon, surtout avec le coucher de soleil qui s'annonce, super calme et securise. Je suis aux anges. Un si joli cadre pour pas un dollar. Et en moins de dix minutes a pieds je peux trouver dans la rue principale de ce qui est plus un village qu'une petite ville, restos et cafes avec wifi.
Je me depeche d'aller installer la tente face au fleuve avec vue sur le joli petit pont. Le soleil se couche. Je vais prendre une bonne douche chaude et remonte ensuite dans la rue principale pour m'installer dans un cafe d'ou j'ecris mon "journal de bord" sur mon telephone portable pour l'envoyer par mail a maman, histoire qu'elle le stocke pour me le renvoyer quand j'aurai retrouve un acces a un ordinateur pour le blog.
Je bois tranquillement une biere fruitee recommandee par un jeune client du bar - car ici tout le monde se parle et se souhaite une bonne soiree en entrant et en sortant. Les hauts-parleurs diffusent de la musique country et l'ecran geant retransmet en direct un match de base-ball que je suis entre deux phrases. Je me sens dans l'Amerique profonde et j'aime ca...
Je suis d'ailleurs tellement sous le charme de l'endroit que je decide d'y rester une journee de plus. Apres tout ! J'ai envie de retourner en velo a Albany que je n'ai pas eu le temps de voir. Et puis je prendrai aussi le temps d'ecrire, car je suis tres en retard dans le blog. Ma decision etant prise, je rentre tranquillement vers ma tente en regardant les etoiles briller dans ce ciel paisible. Il fait chaud, je marche en tongs et je porte mon sarrouel noir. L'idee d'avoir une journee tranquille demain me donne le sourire.








Je retourne dans le meme bar que la veille pour continuer a envoyer a maman la suite de mon journal. Ah j'aurais presque eu envie de rester encore un peu a cet endroit. Mais bon, il faut que j'avance. Les grands lacs m'attendent. Et puis j'ai dans l'idee de chercher du boulot en arrivant a Montreal, car le visa court pour les USA et je sens que tout va passer tres vite.
Le lendemain matin je boucle mes affaires et rends la clef au bureau, tenu cette fois par les policiers.
Alors que je range ma brosse a dent et remplis mes bouteilles d'eau, qui vois-je arriver avec un grand sourire ? Les deux soeurs d'hier soir ! "J'esperais que vous seriez encore la !" me dit la plus vive des deux (a gauche sur la photo). Je suis contente, c'est trop mignon ! On se souhaite encore tout plein de belles choses toutes les trois, et je pars avec un grand sourire aux levres de les avoir revues




Et je vais passer une journee absolument parfaite !
J'emporte un pique-nique, un livre, et je refais en velo le chemin inverse de celui emprunte la veille. Il fait un temps superbe, le soleil chauffe, je me sens toute legere sur le velo sans les sacoches !
En quittant Waterford par une autre rue, je tombe sur la maison d'Herman Melville, l'auteur de Moby Dick ! Un livre que j'avais aime lire, enfant.
Ca et la, des panneaux relatent des episodes historiques, rappelant soit l'esclavagisme soit les moeurs des indiens dans la region. J'arrive rapidement a Albany et me promene pour voir un peu le centre. Je retrouve le centre d'info touristique et passe remercier les deux soeurs en leur confirmant que Waterford est un super plan pour les voyageurs. Elles sont toutes contentes.
Je deguste mon pique-nique dans le parc en face de l'hotel de ville qui est magnifique. Je bouquine, j'ecris un long moment dans un parc... La journee s'ecoule tranquillement au soleil, avant que je reprenne la route de Waterford. Quelle sensation de bonheur tout simple ! Je lache le guidon me redresse et ouvre les bras pour attraper toute la chaleur du soleil et chanter mon plaisir d'etre ici. Jusqu'ici tout va bien, et j'ai hate de connaitre la suite.
Alors que je suis de retour pres de ma tente, deux dames agees passent pres de moi, en promenant leur petit chien. Elles passent dans un sens et disparaissent sous le pont.... puis reviennent plus tard a la fin de leur balade. Celle qui semble la plus agee mais egalement la plus dynamique m'adresse la parole, ma presence l'intrigue. Nous commencons a discuter. J'ai malheureusement oublie leurs prenoms, depuis le temps. Mais elles me plaisent bien, ces deux soeurs toutes en simplicite et en gentillesse. Celle qui me parle le moins semble avoir la maladie d'Alzheimer ou quelque chose du meme genre. Elle est la mais pas tout a fait. Nous discutons un bon moment, puis elles me souhaitent le meilleur et on se dit au revoir.

Et c'est parti pour l'etape du jour ! Grand beau soleil au programme, pour commencer ! Je roule vers Saratoga Springs et Glens falls. Ces noms me font rever. Pas forcement a juste titre, je m'en apercerai a mon grand regret, mais sur le moment ces noms-la me font rever.
Je fonce donc, pleine d'enthousiasme, direction - pour commencer - cette ville au nom etrange de Mechanicville.
Ce nom-la ne me faisait pas rever. C'etait une etape sur ma route, une etape ou je ne pensais meme pas m'arreter. Une etape de celles qui permettent de se dire : voila ca c'est fait, maintenant plus que X kilometres avant telle autre etape.
Comme dans la plupart des petites et moyennes villes des USA, une rue principale traverse la ville de part en part. Celle-ci etait un peu en pente descendante lorsque je l'ai empruntee. J'etais donc en train de filer cheveux aux vents sur cette pente, lorsqu'a la hauteur d'un feu rouge - qui en l'occurrence etait vert pour moi - j'apercois dans mon champs de vision un homme sur ma droite, qui tend quelque chose dans ma direction. Un coup d'oeil rapide m'apprend qu'il est en train de me prendre en photo ! Moi qui trouve que les americains sont hyper indifferents en general quand je passe sur la route, je tourne la tete et lui souris sans pour autant m'arreter (trop dur de prendre la decision de s'arreter quand on beneficie d'une pente descendante !)
Alors que je poursuis ma route, voici qu'une voiture s'arrete a ma hauteur a un autre feu rouge plus loin - cette fois-ci il etait rouge pour moi. Au volant, le conducteur se penche et m'interpelle par la fenetre ouverte : where are you going ? - To Montreal. - Oh really ? If you have the time, you are more than welcome to joign our breakfast - me dit Matthew, qui ajoute que justement il va rejoindre deux amis originaires du Quebec, pour un petit dejeuner.
Quelque chose dans le visage et l'enthousiasme de Matthew m'a tout de suite plu. Il etait tot, ca ne faisait pas deux heures que je roulais, j'avais de la route a faire, mais evidemment oui j'avais tout mon temps pour ce genre de rencontre ! Je n'ai meme pas hesite. Matthew m'a dit de le suivre, et j'ai roule derriere lui pendant 5 minutes avant qu'on s'arrete devant un resto.
Matthew a un sourire qui donne confiance, et qui respire la bienveillance. Il me plait tout de suite, cet homme dont les yeux petillent et dont la capacite d'emerveillement semble ne pas avoir de limite. En entrant dans le restaurant, il salue des connaissances et constate que ses amis ne sont pas encore la. Nous allons nous installer et signifions a la serveuse que nous attendons du monde.
Matthew est cycliste lui aussi, j'aurai l'occasion de decouvrir l'un de ses velos electriques un peu plus tard. Il a pas mal voyage, d'apres ce que je comprends, pas specialement en velo mais il a beaucoup bouge. Il me racontera plus tard son expedition a Quebec en velo, soutenu par son ami Jim qui le suivait en voiture. Jim ne tarde pas a arriver, d'ailleurs. Ainsi que Kevin, quelques minutes plus tard. A tous les deux, Matthew fait croire que je suis sa cousine francaise. Je comprendrai vite que ces trois la fonctionnent beaucoup a lvec l'humour et mon dieu que c'est bon ! D'ailleurs ca se voit sur leur visage, que ce sont de joyeux lurons. Ce que je ne comprendrai pas tout de suite, c'est qu'ils sont amis de longue date. Pour l'heure, on se presente, Matt s'enthousiasme de mon voyage alors j'en parle et leur explique que j'ai l'intention de trouver un job benevole, et de descendre, apres Montreal, par les chutes du Niagara vres Saint Paul pour aller voir une amie. Ils s'etonnent que je projette de me rendre dans le Minnesota en automne, cet etat etant repute le plus froid des Etats-Unis.


Matthew
Kevin
Jim
J'apprends egalement que les forets qui bordent les routes abritent des ours. Je serais toujours surprlse, tout au long de mon parcours, de voir comme les americains parlent des ours comme s'il s'agissait de croiser des lapins. Sans la moindre inquietude ! Moi ca me donne froid dans le dos rien que d'y penser !
Ca parle a batons rompus autour de la table et j'aime cette ambiance de vieux copains blagueurs. Pendant la conversation, Jim me demande si j'ai un GPS. Je me sers de celui de mon telephone portable, ca marche quand ca veut et pas trop bien quand je ne peux pas telecharger les plans a l'avance via internet mais je fais avec. Alors que nous attaquons nos petits dejeuners, l'air de rien Jin s'eclipse un moment. Lorsqu'il revient il depose une boite sur la table et la pousse vers moi. J'ouvre et decouvre un GPS ! Je refuse, mais il insiste en disant qu'il ne se sert pas de celui-ci.
Le fait est que le GPS me sera tres utile, par la suite !
J'apprends que Kevin est un tres bon musicien. Je lui demande si par hasard j'aurai la chance de trouver des festivals de country sur ma route car j'adore la country ! La saison des festivals est malheureusement terminee. Kevin me trouve tout de meme sur internet des calendriers signalant des concerts ou petits festivals ici ou la, mais tout ca me parait loin de ma route. Dommage !
En compagnie des trois comperes, je passe un super moment et n'ai pas une seconde le reflexe de regarder l'heure. Que c'est bon de rire comme ca ! Et tout simplement de sentir que j'ai affaire a de vrais gentils. Dans ces moments je suis plus heureuse que jamais d'etre partie sur les routes...
Vient tout de meme l'heure ou les assiettes sont vides et ou chacun doit retourner a ses occupations. Les hommes m'accompagnemt dehors. Ils soupesent le velo et s'etonnent du poids que je transporte. Pourtant j'ai tente de m'alleger le plus possible...




Nous echangeons nos adresses mails. Matt m'envoie la photo qu'il a prise de moi sur la route. Jim m'envoie un mail test pour s'assurer qu'il a les bonnes coordonnees. Puis nous nous quittons, Matt me montre le chemin pour reprendre la bonne direction vers Saratoga Springs. Je pars le coeur leger, tres heureuse de les avoir rencontres.
La route se deroule devant moi, je traverse quelques petites villes entre deux longs passages de foret. Je ne rencontre pas de difficultes particulieres et j'ai hate de voir arriver Saratoga Springs.
J'y arrive relativement tot, mais suis un tantinet decue. Je me retrouve dans une ville de courses equestres et de therapies balneaires, donc une ville riche et faite pour que de riches proprietaires viennent faire des achats couteux dans les boutiques de marque et les restaurants. J'avoue que derriere ce nom moi je metais des cowboys et des indiens, un viweux saloon et des chutes d'eau dans une vegetation sauvage. Pas tres realiste quand on voit les paysages que j'ai traverses jusqu'ici...
La rue principale et ses batiments pittoresques ne manque pas de charme, malgre tout, et je me regale de l'enthousiasme d'un groupe de musiciens qui s'eclatent sur du blues country avec tenues adequates. Apres avoir un peu flane, je repars, direction Glens Falls cette fois, en esperant que le charne de cette prochaine etape comblera mes attentes decues a Saratoga Springs.
Cote route, je me regale. Le paysage n'est pas forcement tres diversifie ni passionnant, mais j'aime ces grandes perspectives sur des routes qui s'etendent devant moi en rebondissant comme des serpentins qu'on aurait lance droit devant soi. Je me rejouis d'avance a l'idee de me trouver un coin tranquille pour dormir ce soir.
Glewns Falls ne me console pas de ma deception, au contraire c'est bien pire ! Rien de plus insignifiant que ces chutes encadrees par un decor tres industriel. On n'a absolument pas cherche a tire parti de cet element naturel, et je prends la photo plus pour me souvenir de mon depit que par besoin d'immortaliser le paysage.
Un peu plus loin, je decouvre que non seulement les chutes sont moches mais en plus le coin accueille une sorte de parc d'attraction s'etendant sur une tres grande surface, a grand renfort de montagnes russes et de resort. On doit venir passer ses week-ends icij'imagine, a claquer beaucoup d'argent puisqu'il n'y a rien d'autre que les hotels et les attractions dans le coin.




Un probleme se profile. Les proprietes et les resort se succedent, reduisant les possibilites de camping sauvage. Le soleil decline, je me mets en recherche active. A un carrefour j'avise une voiture de police. Le gars au volant me signale deux campings un peu plus loin sur ma route. Je finis pas arriver au premier. Des effigies d'indiens accueillent le badaud a l'entree. Pleine d'espoir je me presente a l'accueil... pour apprendre que le camping est complet ! Vu la taille ca me parait abherrant mais bon, la mort dans l'ame je reprends la route. Une bonne demi heure plus loin et a l'amorce du coucher de soleil, je tombe sur le deuxieme... et le meme verdict tombe ! Je le sens de plus en plus mal. J;ai eu beau faire les yeux doux au gars en me disant qu'il n'allait quand meme pas me laisser dormir sur la route (il est pas au courant, lui. qu'il y a des ours dans la foret ??), il restera sur sa position : "desole je n'ai pas le droit de vous prendre si le camping est complet. Si j'etais vous j'irais dans la foret". Ok...
Je repars en cherchant de plus belle des acces a la foret depuis la route mais tous les chemins qui s'enfoncent sur le cote sont prives ! Et tout a coup j'apercois sur la droite un camping qui ne m'avait pas ete indique. Renseignements pris, ils ont de la place. Je suis soulagee. Au moins aurai-je une douche ce soir. Il etait temps que je trouve, je vais avoir tout juste le temps de monter la tente avant qu'il fasse nuit. Par contre il m'en coute encore 20 dollars pour une malheureuse douche et un emplacement. Qu'est-ce que c'est cher tout de meme !
Comme d'hab, mon emplacement dispose d'un coin deja amenage pour faire un feu de bois. Je decide de tenter de faire ma cuisine au feu de bois ce soir. Apres la douche (les sanitaires sont super loin, c'est malin !), je ramasse du bois dans la foret autour de mon emplacement mais dans le noir je n'y vois rien, et je constate vite que le bois est humide. Resultalt : ma tentative de feu de joie est un vrai fiasco ! Je n'insiste pas et allume discretement mon rechaud pendant que mes voisins se rejouissent de lancer leurs grillades sur leurs superbes feux bien allumes !




Je me reveille avec le sourire. Aujourd'hui je devrais voir le Lac George ! J'ai hate de les voir, ces lacs du nord des USA et du sud du Canada. Ma tente est toute mouillee et je dois passer un mooment a bien secher le toit avant de le plier. Mais je ne tarrde pas a me remettre en route, apres m'etre douchee et avoir fait ma vaisselle de la veille.




31 octobre 2015
Oh oh, voila que ma memoire defaille. Forcement, a raconter deux mois plus tard des choses que je n'ai pas note scrupuleusement le jour meme, voici mon premier bug. Je suis arrivee au bord du Lac Georges dans la foulee de mon passage a Glens Falls. Les photos me le rappellent, et puis je me souviens m'etre etonnee de la rapidite avec lesquels les kilometres defilaient. Et c'est en arrivant au lac Georges que je suis tombee sur l espece de grande zone de parc d attraction. Bref. Tout y est mais ce n etait pas exctement la ou je l avais dit.
N empeche, je me suis quand meme levee de bonne humeur le lendemain !
Reprenons...
Ce matin-la je pars en visant une arrivee a Ticonderoga, sur une route qui va s eloigner du lac Georges. Et en effet c est parti pour une journee de montees et descentes dans un paysage de campagne et de foret. Sur ma carte routiere, je suis officiellement dans le parc national des Adirondacks, mais les montagnes - et les ours qui vont avec - sont sur ma gauche. J aurais la montagne en decor un bon moment, mais elle ne me menacera jamais veritablement et c est tant mieux pour mes cuisses - sans doute tant pis pour les jolies vues.
J ai le souvenir d une longue journee de velo dans le meme decor, assez monotone quoi que joli, jusqu a ce que je remarque tout la-bas la couleur du ciel. Je suis partie sous un grand ciel bleu, or voila que droit devant moi ca devient gris puis franchement gris sombre et noir. Je guette sur la route un eventuel abri, mais le temps passe et je ne vois rien. Un arbre ne suffira pas a me proteger de la douche, il me faut quelque chose en dur. Arrive enfin une maison sur le bord de la route. A cote de la maison, un grand hangar ouvert abrite des machines agricoles. Le long de la route, deux femmes et une petite fille s affairent autourd un stand qu elles ont dresse pour faire un vide grenier. Les deus femmes sont en train de rapatrier certains objets sous la bache car le vent les fait tomber. Le vent qui precede la tempete... J hesite a peine. Je m approche et demande a l une des femmes si je peux m abriter sous le toit du hangar le temps que la pluie qui s annonce passe. Aucun probleme, me repond-elle. A peine ai-je pris place sous le hangar que les premieres gouttes s abattent lourdement sur le sol. Les deux femmes continuent a rapatrier des affaires et font rentrer la petite, puis une des dames sort de la maison et me propose de venir attendre a l interieur, au chaud. Des que j entre dans le patio qui precede le salon, la petite fille vient me voir et commence a discuter avec moi, a me montrer ses dessins. Un gros matou vient s asseoir avec nous. Le mari arrive bientot, rentre des champs a cause de la pluie. Nous discutons les 20 minutes que dure l averse, ces gens sont tres sympas et la petite tres bavarde et rigolote. Puis nous constatons que la pluie s est arretee, je remercie vivement la maitresse de maison et repars bien contente.
Je vais rouler un bon moment avant que la pluie ne me rattrape a nouveau, et cette fois sans crier gare et assez violemment. Je mets ma veste impermeable, et tente de m abriter sous le toit d un cabanon abandonne. La pluie ne s arrete pas vraiment mais elle devient toute fine alors je me remets en route, limitant tout de meme les degats. La route defile malgre tout, je passe Ticonderonga et decide d aller un peu plus loin puisque j ai encore du temps devant moi. Je retrouve le lac Georges sur ma droite. La pluie cesse, mais je suis mouillee. Je suis en mode recherche d hebergement lorsque j apercois a l entree de la petite ville de Crown Point un panneau *camping*. Hop je tourne dans la direction indiquee, a droite. Je traverse la voie de chemin de fer - une voie unique, qui parcourt tout l etat de New York a Montreal. J arrive sur une espece de terrain public, en tout cas ca y ressemble. Un genre de grand cercle, avec des mobil homes et des camping cars installes en rond. Il y a un bureau, mais il est ferme. Un des cotes du cercle s ouvre sur le lac Champlain. Je fais le tour du cercle pour voir si je pourrais m installer quelque part. Je repere un coin mais ca m ennuie tout de meme de m installer sans rien demander. Je vois une dame sortir d un mobile home et la rejoins pour lui demander si elle sait a quelle heure viennent les gerants du camping. Elle m explique alors que le gerant habite dans la derniere caravane pres du lac, je peux aller frapper chez lui.
En polo les mains croisees sur son ventre rond alors qu il regarde la tele, Bob m apercoit par la moustiquaire. Il sort et m accueille avec bienveillance. Sa femme Madeleine vient aussi sur le perron et tous les deux s empressent de prendre soin de moi. On discute un bon moment tous les trois, puis avec Rob, un retraite installe dans le camping car d a cote et qui se vante avec un humour malicieux de venir passer ses journees a s occuper de son bateau pendant que sa femme, plus jeune que lui, doit encore travailler et ramene des sous a la maison. Bob et Madeleine me propose de dormir sur leur canape, mais je ne veux pas empieter sur leur espce prive car la caravane n est tout de meme pas si grande donc je les remercie chaleureusement mais deploie ma tente sur la pelouse devant chez eux - comme ca je peux la surveiller, me dit Bob pour etre rassurant.
Ils me disent de faire secher mes affaires sur les sieges de leur patio en exterieur protege de la pluie par un toit, et precise que je peux bien sur profiter du patio si je veux me detendre un peu. Bref, ils sont absolument adorables. Je paie les 10 dollars de camping a Bob et file prendre une douche chaude qui me redonne du peps.
Alors que je reviens de la douche et range mes affaires sous la tente, Madeleine vient me chercher pour m inviter a partager la pizza qui compose leur menu ce soir. Cool ! Je les rejoins donc dans leur caravane. Nous allons passer une soiree super sympa tous les trois, a discuter de leur famille dont je vois les photos sur le frigo, a parler de mon voyage et de leur vie a tous les deux. Ils sont d ici, se sont connus tres jeunes et sont aussi gentils l un que l autre. Vers 10h nous nous quittons apres qu ils m aient encore propose de rester dormir sur le canape. Ils me disent au revoir au cas ou on ne se croiserait pas le lendemain car ils vont se lever tot pour aller a l eglise.
J ai cru que Bob plaisantait quand il m a dit de ne pas etre surprise par les tremblements de terre, provoques par le train de marchandise qui passe regulierement y compris la nuit. Mais non il ne rigolait pas ! Plusieurs fois dans la nuit j ai senti vibrer sous mon matelas !
Au moins il n a pas plu, et si mes affaires ne sont pas ultra seches elles ne sont pas plus mouillees au reveil.
J ai fini de demonter la tente, pris ma douche et ai boucle mes sacoches lorsque, pil au bon moment, le pick-up rouge de Bob et Madeleine arrive et se gare devant moi. Ils sortent tous les deux de la voiture, un grand sourire aux levres. Ils sont habilles tout beaux !


On avait peur que vous soyez deja partie, me disent-ils. Je suis trop contente de les revoir, et les remercie encore pour leur gentillesse. Bob me tend la main, un billet de 10 dollars a la main. Je suis surprise. Ils sourient tous les deux et Bob me dit *c est pour vous remercier de nous avoir offert le plaisir de votre compagnie hier soir*... Je suis super touchee. Je refuse, bien sur, mais il insiste. Je les serre dans mes bras tous les deux et les prends en photo. Nous prierons pour vous - disent-ils avant que j appuie sur la pedale et me mette en route, faisant un signe de la main a Rob au passage, sorti lustrer son bateau.
La journee debute sous un ciel gris uniforme. Il ne fait pas froid, juste moche. Je quitte le lac pour le retrouver a Port Henry. Le charme agit toujours, j ai de jolies vues. Je dois faire quelques efforts sur cette piste qui monte et descend en lacets au bout de quelques kilometres, mais rien de bien penible, et la descente sur Essex se fait sous l apparition d un soleil qui rend les couleurs plus vives apres la pluie.
Je m offre un break a Essex dans un petit cafe sympa qui vend des cookies delicieux. Je viens de rejoindre une piste tres frequentee par les cyclistes, et on est dimanche. Un couple de cyclovoyageurs est installe a une table. Je repere leurs velos contre la rambarde du cafe.




Je les aborde et nous commencons a discuter avec de grands sourires. Ils font une balladed une semaine. On echange quelques banalites puis je vais m asseoir a une autre table... pour me rendre compte quelaues minutes plus tard qu ils sont en train de s engueuler. Enfin plus exactement lui passe des coups de fils aux campings, suite a un probleme de reservation, et elle peste et pousse de longs soupirs fatigues.
Je savoure mon coca frais et mon excellent cookie au soleil, puis je repars en direction du nord. Un peu plus loin des gens attendent de prendre le bac pour passer sur l autre rive du fleuve.
Ce soir-la, apres avoir bien pedale, je m arreterai au camping de Keeseville. Le nom m a attire. *La joie de vivre*. Le prix etait nettement moins interessant mais j ai cru m offrir pour une fois un camping sympa. Grosse erreur.
C est pas la joie de vivre, c est la deprime totale ce camping. Un champs de moustiques tellement voraces qu on peut a peine rester en dehors de sa tente, une piscine de 10m2 tres joliment grillagee, des sanitaires tout juste praticables. Meme l acces wifi est payant. Degoutee. Je fais vite cuire mes pates en dansant autour du rechaud pour eviter de me faire bouffer, je mange en quatrieme vitesse et me regufie sous la tente pour bouquiner jusqu a ce que je tombe de sommeil.




Je ne sais plus quand j ai decouvert le mail de Jim. Deux jours apres qu on se soit rencontres, je crois. Il m avait dit de verifier si je recevais bien ses mails. Des que j ai eu une connexion - c est a dire quand je suis sortie des Adirondacks - j ai donc consulte ma messagerie. Et j ai eu la surprise de decouvrir un mail de Jim, me parlant d un week-end au Quebec, le week-end du Labor Day. Ce week-end la, lui et ses amis - dont Matt et Kevin - ont coutume de se retrouver chaque annee au bord d un lac. Je ne sais pas si votre planinng vous le permettra, mais si vous pouvez nous rejoindre a cette occasion nous en serions ravis. Voila ce que je lis sur mon telephone portable. Et je suis aux anges. Oh comme j aimerais les revoir, ces trois-la ! Et comme c est gentil de m inviter comme ca, alors qu on n a passe qu une heure et demi ensemble a tout casser.
Je n ai aucune idee de l endroit ou se trouve ce lac, et j ai pour objectif de chercher un job au Quebec des que j arriverai a Montreal, donc je ne sais pas encore si je pourrais etre au rendez-vous, mais vraiment j aimerais beaucoup ca...
Ce matin-la quand je m elance sur la route je ne pense pas traverser la frontiere aujourd hui. Je ne sais pas ou je m arreterais mais je ne crois pas pouvoir atteindre la frontiere dans la journee.
Je commence par descendre allegrement sur la premiere partie du trajet pour retrouver le lac Champlain. Je ne verrai rien de Plattsburgh car il faut quitter la route et faire un detour pour entrer dans la ville et non, je n en ai pas envie. Bientot le lac apparait, borde de jolies proprietes. Certaines habitations ont des pontons qui descendent sur l eau, et prennent un bain de soleil su rleurs transats.




La journee est super belle, je roule bien et ne me sens pas pressee par le temps, je prends donc pas mal de pauses pour savourer les paysages. Et malgre ca, je vois que j approche de plus en plus de la frontiere. Il est 16h lorsque j entre dans Rouses, dont la rue principale est habillee de drapeaux americains joints a celui du Canada. Et voila. Je ne l´ai pas vue arriver mais voici deja la fin de cette premiere etape americaine ! Le paysage est tres plat ici, et encore plus desertique et sans reel interet mis a part la jolie petite ville de Rouses et sa promenade le long du lac. Je ne traine meme pas, je roule droit vers le poste frontiere, un peu stressee comme d´hab. Plus que le fait d´entrer au Canada, c´est surtout l´excitation d´etre sir proche de Montreal qui me booste. C´est idiot mais c´est comme ca. Ca fait longtemps que je voulais voir Montreal, et j´y suis presque ! Du moins, il faut deja patienter un bon moment dans la queue des vehicules qui veulent passer la frontiere...
